Je fais mes CR comme mes courses : lentement
mais j'ai qu'une parole, alors voici donc le CR de mon dépucelage de trail...
Ce pas très plat pays…qu’est le mieeeeeeeeeeeeeeeen. (Jacques Brèle)
Hahaha
Je ris, je ris parce que je vous ai joué un bien sale tour. En effet, je vous ai dit que je vous ferai un compte rendu de mon fameux trail du mont de Musièges(74), que ça fait des semaines que j’en parle à tout le monde, mais en fait, c’était un autre que j’ai fait, hé oui, le légendaire trail du VAL des USSES.
Alors pourquoi vous avoir menti me direz vous ? Aurais-je fais un peu comme Georges Lucas tournant en loucedé l’ Empire Strike Back en faisant croire qu’il tournait en fait un innocent et insipide Blue Harvest ?
D’un autre coté, difficile de faire croire aux papparazzi que tu n’es pas en train de tourner la suite du dernier carton ciné planétaire en date mais que tu te lances plutôt dans une petite comédie romantique populaire qui se passerait comme de par hasard et vu les décors sur une planète lointaine très lointaine, et dont les rôles clés seraient tenu par en AT/AT de 28 mètres de haut et des snowspeeders enragés. Même en admettant que Carrie Fisher, Harrison Ford et Kiki le wookie (qui jouait Chewbacca à l’époque et qu’on a revu par la suite dans le film bigfoot) sont venus là juste pour faire de la figuration. C'est un peu gros.
Bon en fait, le truc c’est que c’était pas voulu et j’ai bien failli me faire feinter moi-même, mais tout ça c’est la faute des organisateurs, on pourrait presque se dire qu’il y a tromperie sur la marchandise vu que sur tous les panneaux qui égayaient les environs, c’était bien annoncé en gras et en gros « CE SAMEDI 24 avril, grrrrand trail du Mont de Musiège. »
fig 1 - chuis quand même pas fou !
A ce point du récit, je me dois de faire une petit digression (déjà, hé oui) et répondre à quelques questions qui vous viennent sans doute. Où est Musièges ? Qui es-tu ? Quel est ton projet ? Qui vous invite ? Qui t’invite ?
Alors d’abord un peu de topographie...
En Haute-Savoie, entre Annecy et Genève, surplombant fièrement le Val des Usses (ah, un début de piste peut-être) se situe un petit mont à la con, le fier Mont de Musièges, qui culmine à 701m au dessus du village éponyme et qui représente le tout premier contrefort des Alpes, tandis que son voisin le mont Vuache est quand à lui le premier contrefort du Jura. On peut donc légitimement dire que les Musiègeois sont complètement à coté de la plaque
tectonique qui sépare Alpes et Jura. (faire une pause dans le texte, le temps que les rires s’estompent, clin d’œil appuyé au public (oui, je prevois de faire de ce CR un spectacle aussi et pourquoi pas une comédie musicale si le succès est au rendez-vous (et j’adore ouvrir des parenthèses dans les parenthèses)))) Oui, j’ai fermé la parenthèse une fois de trop, bref.
Le trou béant laissé entre les deux monts est vulgairement appelle la faille majeure du Vuache, ça tombe bien parce que c’est celle dans laquelle je vais faillir majoritairement aussi mais on va y venir. Il y a parfois des séismes dans le coin et un peu moins souvent des trails.
Pour les pieux, notez que Musièges signifie, parait-il, Mont Jesus, cherchez pas à vous friter avec les etymologistes, pouvez pas test, mais c’est pas déconnant quand on y réfléchit parce que ça fait bien un peu l’effet d’un genre de gros calvaire pour arriver en haut mais ça aussi on va en reparler un peu plus tard tu penses bien. Donc ouais c’est un genre de Golgotha haut-savoyard mais sans goldorak par contre (mais avec les corno-fulgure, plus communément appelé gels énergétiques effet coup de corne dans le cul)
Vous noterez dans wiki qu’il n’y a aucune personnalité notable habitant ou ayant habité à Musièges, ce qui constitue en soi un fait notable.
Mont de Musièges vu d'en haut
Bon, tout cela n’explique pas pourquoi y’a eu glissement sémantique entre Trail du mont de musièges (TMM pour les intimes) et Trail du Val des Usses (TVU). L’explication est chiante donc la voici : c’est surtout qu’en fait c’est deux trails en un
.
Quand on fait la petite boucle de 7.8 km, c’est le TMM mais quand on fait la grande de 22,4km, c’est le TVU, même si le petit s’inscrit dans le grand. Voilà, on mourra moins con ou pas. Bon, moi je m’en fous, je voulais faire la grande dès le début, donc ça change rien en ce qui me concerne. A noter dans vos petiots carnets que le TVU est nommé « Trail court du Val des Usses ». court…22.4 km, ben voyons, en plus d’être goitreux les hauts savoyard ont de l’humour, qu’on se le tienne pour dit.
Avant d’aller plus loin dans le CR, je me dois de vous dire que je suis un « localz » dans le jargon localz. J’habite à environ 5 bornes de là et si je ne suis pas goitreux moi-même, je le suis d’abord de cœur car je cours assez souvent dans le coin, mais l’aventure ne m’a pas empêché de découvrir des lieux, des chemins et des muscles dont j’ignorais totalement l’existence chez moi.
Commençons maintenant le déroulement de cette folle équipée.
Musièges 7h30
Je suis le premier sur place, j’ai pas pu m’inscrire en ligne donc je me pointe largement en avance craignant les milliers de sportifs venant également s’inscrire le jour même. Je suis tellement en avance que rien n’est prêt, les gens de l’organisation commencent à peine à monter le chapiteau de la buvette alors que c’est quand même le truc central de l’événement quoi, c’est dire.
A noter que le temps est plutôt humide et couvert, il a plu toute la nuit. Vu que c’est ma première course du genre, je ne sais pas trop comment vont se passer les ravitaillements et ce qu’il convient de prendre comme équipement. Dans le doute, j’ai pris ma ceinture porte bidon et mon camelback. En bon hfrien moyen, je me dis que je vais regarder comment s’équipe la majorité des présents : Je mettrai la même chose qu’eux et ensuite je me moquerai de ceux qui ne sont pas dans la norme.
Les inscriptions ouvrent, je suis le premier ! Hourra ! Ce sera là mon meilleur classement de la compétition. Durant tout le reste de l’épreuve je ne ferai plus ensuite que perdre des places au général.
Je repars avec mon dossard et commence alors la longue attente du départ (à 9h). Je regarde donc comment les gens s’équipent, j’étais parti par défaut avec le camelback, je vois que la majorité des présents ont des bidons, je psychote et vais me changer, vide mon camelback dans mes gourdes et reviens avec ma ceinture pour constater qu’il y a maintenant une majorité de gens avec camelback. Putain !!! Faut savoir ce que vous voulez les gars ! c’est pas professionnel, ça, j’ai pas que ça a foutre. Bref, je retourne donc à la voiture pour changer à nouveau de système d’hydratation en renversant au passage la moitié d’une gourde a coté de l’ouverture du camelback sur ma déclaration d’impôt qui traine dans ma bagnole, je sais pas pourquoi. Ça me fait penser que je dois faire ma déclaration. Ce CR va devoir attendre.
[2j plus tard irl]
Quand on est au frais réel, est ce qu’on peut-on déduire les gels énergétiques en tant que repas de midi ?
Bon, je reviens avec le camelback pour m’apercevoir finalement que plein de gens n’ont aucun système d’hydratation. Je leur fais des bras d’honneur à la cantonade, il me regarde avec incrédulité. De toute façon, je me dis que pour un premier, faut jouer la carte de la sécurité, 12 litres de flotte sur le dos, c’est un mal nécessaire, et on est jamais trop prudent, une éruption solaire et hop, c’est tout de suite quelques secondes de plus par km à cause de la soif.
Un officiel (sous entendu, un gars avec un t-shirt de l’association et du foin dans les cheveux) vient me dire « hé, c’est-y donc qu' c’est à toi le scenic sur la grille de départ ? (ha oui, c’est champêtre hein, on est pas à Paris là) bah faut l’enlever, parce qu’ça va gener pour eul’départ de la course, hein, vindieu ». Je lui dis que c’est pas ma voiture. « bah oui mais bon, on va pas pouvoir faire le départ, hein, si a qu’elle rest’eulà »
Je lui réponds vraiment que je suis navré et que je compatis à sa douleur organisatoire, mais que cette voiture n’est toujours pas devenu la vienne dans l’intervalle de temps entre ses deux remarques et que je ne peux donc toujours rien faire pour lui. « Bah oui mais bon » conclura t-il de manière fort à propos.
L'histoire finit quand même bien car quelques minutes après le possesseur du scenic est identifié et vient déplacer le véhicule gênant, c’était celui du Quinquin à la Lucette, celle qu’habite en dessous du moulin au père Dupanloup, celui qui a une patte folle, l’autre c’est celui qui est mort à la guerre.
Ça va, vous êtes dans l’ambiance ? C’est fluff, hein ?
Musiège 08h45
Sur les 200 partants (je vous ai bien eu avec mes milliers, haha), 120 précisément sont là pour la grande boucle, la boucle des grands et des qui ont pas froids aux yeux. Nous partons donc en premier. Départ prévu à 9h, entre temps, le speaker (y’a un speaker !) nous fait la présentation orale du parcours et nous présente les quelques vedettes locales de la discipline, ainsi plein de noms s’égrennent dont j’ai jamais entendu parler des Thierry, des Mathieu, des Loïc, des Nadia, des Sophie et même un Sacha, c'est ouf, et apparemment c’est des tout bons parce que les mecs et les nanas on entend qu’ils ont fait des tas de courses dans des tas de grosse montagnes, ils ont fait des trails, des courses d'orientation (c'est des courses pour savoir quel métier tu vas faire), des courses de désorientation, des triathlons, des contre la montre, des criterium, des stylos et même des feutres, où qu’ils arrivent toujours à des bonnes places genre dans les 10, ou dans les 5, ou dans le 1 parce que vraiment c’est des tout bons. Bref, y’a du beau linge. Je regarde un peu autour de moi, et c’est vrai que les gens ont plutôt l’air affutés. Je rentre le ventre.
On sent que le trail est un peu un truc de spécialiste et de connaisseurs, c’est pas vraiment la course de monsieur tout le monde, et ils ont tous l'air de se connaitre, des tas de clubs, d'équipes...
Impressionné, je décide de revoir mes ambitions à la baisse (finir dans la première moitié au niveau temps passe à finir tout court). J’en profite pour aller changer de système d’hydratation et je repasse à la ceinture porte- bidons.
Musièges 09h00
C’est pas le départ, y’a un peu de retard. C’est bon calmez vous, on est pas aux pièces.
Musièges 09h05
On demande aux concurrents de se masser devant la mairie, chacun empoigne qui sa montre transformers au poignet qui son smartphone porté en brassard tel un nazi technologique. Le départ est donné, c’est un concert de bip et de « début de parcours » mélodieux avec la voix française téléchargeable de Brigitte ou Marc.
Ça part vite pour un petit km de descente en direction de Serrasson, on descend au fond du Val des Usses (d’où le nom du trail ! (!) ((!)) ). Le premier de la course a à peine fait 300 m qu’il en a déjà 600 d’avance sur moi ce qui m’étonne quand même vachement. Mais j’ai pas le temps de réfléchir à l’illogisme du truc car vraiment ca part très très vite devant. Pas d’effet peloton, nous voilà étirez en une longue file jusqu’en bas de la pente, nous traversons la departementale et nous retrouvons direct dans le gras de l’autre coté de la route courant le long de la berge des Usses. Nous arrivons bientôt au niveau du…pont Eiffel, pont Eiffel messieurs dames qui a été construit, tenez vous bien, LA MEME ANNEE QUE LA TOUR EIFFEL par l’entreprise du même nom. Prend ça dans ta gueule la capitale. Ce trail n’a rien à envier au marathon de Paris, qu’on se le dise.
Bon, sans rire, quand tu vois la gueule de l’ouvrage, tu te dis qu’ils ont du envoyer que les stagiaires et les apprentis pour le faire, genre les punis quoi « Ouvrier Joubert, vous avez encore égaré une enclume ? Et bien pas de Tour sur le champs de Mars pour vous cette année, vous irez chez les crétins des alpes à…merde c’est comment déjà? Ah voilà ! Frangy ! c’est pour construire un pauvre pont de merde au dessus d’un ruisseau qui pue, ça vous fera les pieds ! »
Enfin, pas trop le temps de penser au pauvre Joubert, en traversant le pont pour atteindre l’autre coté des Usses, Un tapis de 20 centimètre d’épais de boue bien grasse nous attend, et ça continue de l’autre coté…c’est tellement surréaliste comme gros tas de fanges que je me dis que l’orga a du faire exprès d’en ramener…on attaque maintenant la montée des bois.
Je suis dans les 20 ou 30 derniers de la course. Tout le monde se met à marcher dans la montée, difficile de faire autrement de toute façon, on ne peut pas doubler vu comment le chemin est étroit et surtout, c’est gras et ça glisse. Je commence à regretter de pas avoir acheté une paire « trail ». Mes runnings n’ont pas une super accroche…
Bon, vu que je suis quand même venu pour courir en montée, ça me saoule de devoir marcher. J’essaye quand même dès que je peux de doubler quand c’est possible, je me force à avoir une allure trottinante mais sans jamais cesser de courir, je ne veux pas marcher. Ça me réussit pas trop mal. Et J’arrive à doubler une petite dizaine de coureurs dans la montée. Arrivé sur un plateau, je check mes pulses, je suis largement au dessus de mon habitudes, mais pas essouflé, je continue comme ça, je me concentre sur le premier boule qui vient, un joli boule bien moulé appartenant à une nana (pas fait exprès) et je focalise dessus « mon vieux faman, ce boule est ta carotte, ton graal, ta bouée de sauvetage, tu ne le quittes pas des yeux, sauf peut etre pour un boule mieux foutu » mais celui là est déjà pas mal et surtout la nana estampillé Trail club de Jeun-Saizou court à un rythme qui me convient. Je décide de l’appeler Jean-Jean dans ma tête histoire de rompre un peu la glace et donc je me mets à suivre Jean-jean comme un bon toutou. Je vois qu’en plus de son cameltoe, elle a un camelback. Replongé dans un abime de doute, j’en profite pour aller changer mon système d’hydratation et reprendre mon camelback.
Nous passons les 2 km suivants sur un chemin plat et très roulant. C’est pas terrible de suivre Jean-jean en fait vu qu’elle a une petit foulée et surtout elle semble avoir du mal à stabiliser sa vitesse, elle ralentit et accélère. Ça me fatigue un peu. Quelques mètres devant, un gars court avec des batons dans la main.
J’en ai vu au départ qui avaient des bâtons de marche. Lol, la triche hyper voyante. Surtout qu’en plus il s’en sert même pas, il les a juste en main et ça à l’air de bien le faire chier. Comme j’ai envie de me marrer et de voir s’il se décide à rester ridicule toute la course, je décide que c’est mon nouveau Jean-Jean et je le suis. Non sans avoir fait mes adieux au boule de l’ancien jean-jean, un crève cœur.
Jean-Jean, lui, est régulier, on arrive ensemble au niveau du musée du fromage (authentique), on traverse un autre pont par-dessus les Usses pour revenir sur nos pas mais donc de l’autre coté du court d’eau ce coup-ci (faites un effort, merde, c’est pas compliqué) on remonte ainsi à travers le bourg de…tindindin….FRANGY. Frangy la belle, Frangy la glorieuse, Frangy la vaniteuse, Frangy splendeur d’occident. Autant de qualificatif qu’on ne lui connait pas. D’ailleurs, j’imagine que chacun de vous connait la fameuse galette à la frangipane, qui charme nos palais à l’épiphanie et bien figurez qu’elle n’a pas du tout été inventée à Frangy. Rien à voir. C’est fou, non ? Moi, j’ai toujours cru que si.
Quand on y pense, c’est bon la frangipane, je comprends même pas pourquoi ils se font chier à mettre de la pate autour. Ils pourraient la vendre comme ça au kilo ce serait aussi bien, même sans fève, rien à foutre. Juste en paquet au kilo. Pouce vert si tu aimes la frangipane.
Bon alors là attention, parce que jusqu’ici, on a fait a peu près quoi, 5 km sur les 22 ? Autant dire que c’est de la rigolade, va falloir devenir pieu car on attaque direct depuis l’église de Frangy le chemin de Saint Jacques de Compostelle qui monte vers Chaumont. 4 km de montée et première vraie difficulté du parcours qui en compte 3.
Ce truc des chemins de Saint Jacky du compost là, c’est un peu comme les chapeaux de Napoléon, on dirait que chaque bled de France à le sien, à croire que ce Saint Jacques du sofitel, c’était un peu la google car de son époque, mais n’empêche respect il devait avoir des putains de mollets parce que la montée (que chez nous on appelle aussi la Margande), ben elle est sévère. Mais je tiens bon, je cours, je refuse de marcher comme bon nombre que je vois devant moi. Ce qui est bizarre d’ailleurs parce que plusieurs m’ont doublés ou m’ont tenus aisément en respect sur le plat mais dans la montée, que pouic, je les décroche ou les rattrape. Je pense que je dose mal mes efforts entre montées et plat (ou alors c’est eux, et pi d’abord on va dire que c’est eux, d’autant que s’ils veulent dire le contraire z’ont qu’à faire un CR ici, non mais)
Même la première Jean-Jean que j’avais quand même un peu posée dans les bois a réussi à revenir quasi à ma hauteur, mais elle cale de nouveau dans la montée, butant sur mes talons, je l’entend même rageusement dire « tain mais il s’arrête pas en monté ! » la classe ! Mais rassurez vous mesdames les féminazis, la morale est sauve car elle finira par me doubler en trombe d’Eustache 10 km plus loin.
Bon, la montée est d’abord virile puis un peu plus douce en arrivant à Chaumont. Là bas, j’y passe souvent, j’y ai mes repères, j’urine sur chaque pierre, chaque souche pour marquer mon territoire et faire peur aux autres concurrents.
Ce n’est pas très efficace.
Premier ravito à 9 km au centre du petit (et fort joli) village médiéval de Chaumont (mais évitez l’auberge communal, c’était mieux avant) dominée par les ruines d’un vieux château de l’ère fin Targaryen début Barathéon, à vue de nez, mais je suis pas très fort en histoire.
Au ravito, la cheftaine des raisins secs me dit « c’est fou, vous n’êtes même pas essoufflé », je ne sais pas si ça veut dire « bouge ton cul, gros sac, on voit bien que t’en fous pas une là » ou « c’est fou, vous n’êtes même pas essoufflé », je ne répond rien parce qu’en vrai je suis vachement essoufflé et que j’arrive pas à parler. J’arrive quand même à chiper un abricot sec et 2 carreaux de chocolat, j’en profite pour changer de système d’hydratation, vu qu’elle m’a mis le doute.
La première montée s’est finalement bien passée, j’ai des jambes et du souffle, ça va bien, on attaque direct par une grosse descente bien glissante et casse gueule, dans laquelle je me ferais doubler par 3 ou 4 gusses, avec un peu plus d’expérience de ce genre de terrain et des chaussures adaptées, j’aurai sans doute fais mieux. Avec des skis aussi, ou un bon parachute.
Donc là on descend cette fois tout au fond du fond du bassin du Fornant. Vous vous rappelez la faille dont je vous ai parlé, on est dans la rivière qui passe au fond de la gorge, donc c’est une vrai gorge vu que la rivière fait une belle cascade d’une 20aine de mètre, qu’il y a au fond ce qu’on appelle des marmites, et d’ailleurs, on n’a pas d’autre choix que de marcher dans le lit de la rivière à un moment en sautant de caillou en caillou. C’est assez fun mais j’ai peur d’y laisser une cheville. On attaque ensuite un petit sentier à flanc de roche (je crois qu’il y a dans le coin des grottes préhistoriques mais honnêtement on est pas là pour peigner le mammouth, les jean-jean du neanderthal devront atteindre une prochaine fois que je passe dans le coin) et on surplombe un chouette a pic au desus de la rivière, 10 ou 15 mètre à vue de nez sur une corniche large comme la bite à uxcool.
En temps normal, et vu mon vertige, j’y mettrais pas un pied, mais bon, là dans l’euphorie, je fais pas gaffe, c’est même plutôt plaisant et distrayant. J’ai d’ailleurs vite le temps de regretter la vue parce qu’on attaque la deuxième saloperie du parcours, la montée vers la route de Musièges depuis le fond de la gorge. C’est donc un sale chemin emprunté à l’occasion par quelques sangliers, tout en terre et en plein sous-bois. Rajoutez que la terre est détrempée et gluante, que 80 gros connards sont passés par là quelques minutes avant vous et on enlevé tout ce qui constituait une accroche au sol et vous voilà en train d’escalader une espèce de mont ventoux en gelatine armé d’une paire d’espadrille. Un enfer. Impossible de courir là dedans, je suis pas spiderman non plus. Certains passages se gravissent à 4 pattes, je m’accroche à ce que je peux, racines, feuilles, brindilles, cornes d’escargot (c’est costaud un escargot mais pas tant que ça), la montée me semble longue, même si elle doit pas faire plus d’un km, mais je pense qu’il me faut bien ¼ d’h pour en venir à bout. Arrivé en haut, un petit replat avec un photographe, je veux faire le barbot, je me mets à courir dans les 10 derniers mètres d’ascension avant d’arriver sur la route
Fatale erreur.
2 sinistres douleurs viennent illico me vriller les adducteurs, des ébauches de crampes se précisent. Ainsi c’est donc là où ça fait mal les trails…je parcours péniblement 100 mètres sur la route pourtant plate en essayant de m’étirer, comme j‘avais fait au marathon d’Annecy, mais là, ça passe pas. Je m’arrête dégouté. Je m’étire, je m’hydrate, je laisse passer une ou deux minutes, puis je répare en trottinant. Plusieurs jean-jean en ont profité pour me doubler, dont la Jean-Jean du début…et j’arrive même pas à lui voir le boule, je suis déception.
Bon, je reprends la route et la douleur semble se calmer un peu, je suis pas essoufflé, j’ai encore de la patate mais cette alerte dans les jambes m’a fait flipper. J’essaye d’avoir une foulée décontractée un peu comme Aldo Macione, voyez. Mine de rien, on a fait largement plus de la moitié et finalement, je le sens pas trop mal. Les 2 premières difficultés sont derrières moi, n’en reste donc plus qu’une.
On se tape quand meme un bon raidillon de 4-500 m de long taillé dans un genre d’ancien lit de rivière que même un motard cross voudrait pas y mettre les crampons, mais là, je connais le coin. Pas que ça m’aide à aller plus vite mais c’est surtout que je sais où le supplice va s’arreter. Quelques familles venues se promener dans le coin nous encouragent gentiment, j’entends du coin de l’œil (essayez, c’est pas évident) un enfant prognate demandez à sa maman « pourquoi ils courent les gens, maman ? »
Mais parce qu’on est con, mon ptit, parce qu’on est con ! me dis-je en moi-même. Faut etre con pour courir alors qu’on est même pas pressé et qu’il y a rien qui nous poursuit.
Bon, les 2/3 de la course sont avalés et finalement, ça va pas si mal. On attaque une descente à travers champs qui contourne l’essentiel du mont de Musièges, je comprends que la dernière ascension va être la plus terrible, vu ce qui reste de km, l’orga a décidée de nous emmener tout au sommet. Un jean-jean quelques mètres devant moi; je mets mes pieds dans ses foulées durant la descente. Il me sent derrière lui (l’odeur ou mon souffle de buffle asmathique, je ne sais pas) et décide d’entamer la conversation mais avec les vibrations du terrain, le vent, et du fait qu’il me tourne le dos, je comprends rien à ce qui dit, du coup, ça donne à peu près ça dans le genre conversation à la con et comme j’ai pas le cœur à decevoir les gens :
- MFfff Ahm Biglkuba Glumheuuuu iimbl ?
- Quoi ?
- MFfff Ahm Biglkuba Glumheuuuu iimbl la descente ?
- Heu…OUAIS !
- Ah ! Mais tu Ahum Bagleui beuha ?
- Ben….ouais ?
- Glium beck hahaha !
- Ouais, clair, haha !
La prochain fois, on s’enverra des sms, ce sera plus simple.
Bon, la descente se finit, on arrive dans la dernière section, un long plat ascendant (oui j’invente des termes techniques de trail et je vous merde) qui précède enfin la montée finale. Nous sommes au km 17 ou 18, environ. Quelque chose entre entre 0 et 22.4 km, quoi.
Ça commence à monter, pas tellement sec mais bon, ça grimpe et j’ai du mal à tenir, je me fais doubler par 2 ou 3 gars dont un vieux UN VIEUX §§§. Franchement, si vous voulez tester votre ego, faites du trail les gars. J’avais des envies d’accompagnement à la fin de vie, mais il allait trop vite. Enfin, c’est surtout moi qui vais trop lentement je crois, les jambes commencent à être lourdes. Pas vraiment de crampes, mais juste les muscles qui commencent à ne plus trop vouloir soulever mes cannes.
Surtout que là, l’orga s’est pas fait chier, y’a normalement un chemin pour t’emmener jusqu’au sommet du mont, c’est un gentil chemin familial tu vois, tout en lacet et montée gentillette, mais le designer du truc, il s’est dit que c’était trop compliqué, que le plus simple, c’est de tracer tout droit du bas vers le haut et on s’en fout s’il y a des passages verticaux ou même en déclivité négative (oui, j’invente des termes techniques d’escalade et je vous merde), si on prend assez d’élan en bas, ça passe.
Donc on monte comme ça pendant 20 bonnes mn et je me dis que ça va se calmer, mais ça se calme pas, ça monte toujours. Je croise des staffeux à foin dans les cheveux, leur regard plein de compassion ne me dit rien qui vaille. Je bave « c’est encore long ? », la réponse qu’ils me font me dit encore moins des trucs qui vailleraient : « Allez, courage ! »
Je pleure…surtout mes adducteurs en fait, c’est de plus en plus dur, je cesse de courir (ce que j’appelais courir en tout cas, mais ça devait surtout faire penser à paraplégique recouvrant l’usage de ces jambes après un terrible accident.
A ce niveau, une image vaut mieux qu’un long discours :
Voici l’image usuelle du mont qu’à tout un chacun :
Voici comment je le vois à mi-montée avec 19 km dans les pattes :
Et en prime, voilà à quoi je ressemble quand je vois ce qu’il me reste encore à faire.
Je me mets à marcher, des crampes commencent à me vriller les cuisses, succession de pierriers, de montée type « escalier » entre les racines des arbres. Je dois m’arrêter régulièrement pour reposer mes jambes, on monte comme ça sur encore 2 ou 300 mètres, le dernier bout est un enfer, il faut tirer sur les branches d’arbre pour s’aider à monter…et enfin, on débouche sur le chemin qui mène au sommet, plus que 50 m à faire sur du gravier...et on arrive au dernier ravito, tout au sommet.
On me propose à boire, je demande plutôot une paire de jambe de rechange mais ils ont pas, évidemment ils ont pas, orga de merde…bon, je me prends 2 verres de coca et j’attaque enfin l’ultime descente : 3 km jusqu’au village de ZiègeMu (étrange, la douleur me fait aimer la culture hip-hop)
Conscient d’avoir fait le plus dur, je laisse aller dans la descente, trottinant tel un cabri, c’est fini, mais mes jambes sont vraiment flinguée, je dois m’arrêter régulièrement pour cause de crises de crampes qui viennent dès que je force un tout petit peu trop…
Mais il fait enfin beau, le soleil est là et la descente est finalement cool, je profite, je sais que je vais finir donc je prends mon temps, avec même un passage façon « belle des champs » dans un superbe pré surplombant le village. Si vous avez la musique royal canin dans vos têtes, c’est le moment de la jouer tandis que vous m’imaginez courant au ralenti. (« ouais ben courant tout court, donc ! »/proof) Le dernier km passe tranquille, on remonte par le parking, les premiers sont déjà arrivés il y a plus d’une heure et se sont déjà changés, habillés, mangés (ils se sont mangés ??? oh mon dieu)
Certains sont déjà même en pyjama et près à aller dormir pour les plus moqueurs d’entre eux (faut pas déconner, c’est à peine midi). Ça me fout un tel coup au moral que je file changer de système d’hydratation (et je suis donc : En camelback(1) ou en ceinture porte bidons(2) ? envoie ta réponse au 6 13 13 et gagne un bidon usagé)
Je franchis la ligne et mon temps tombe, par terre : 2h39 mn soit pile 1h de plus que le premier de l’épreuve. Alors, certes, résultats de merde, je sais plus qui ici (ou sur le topic triahtlon) parlait des pdm, ceux qui sont là pour faire des perf de merde, ou truc du genre, ben voilà une perf de merde dont je suis quand même finalement bien fier, j’ai fait mon premier trail et c’était quand même un super pied, malgré la douleur et la fatigue dans la dernière montée, j’ai vraiment apprécié chaque moment. En finissant, j’avais qu’une envie c’était d’en refaire un autre et ça tombe bien parce que courant octobre va se dérouler la première d’un nouveau trail localz encore plus localz vu que ce sera le trail du Vuache donc, encore plus près de chez ouam, j’aurai qu’à me baisser…ce coup-ci c’est sûr, je vais tous les pourrir.
En attendant, prochaine étape sportive : le tri de Genève le 20 juillet
Et pour la petite histoire, après l’arrivée, je reconnais un gars avec qui j’étais au bahut en terminal. Je discute, il me remet, et il me dit qu’il fait parti de l’orga et c’est lui qui a dessiné le parcours. « ha ben comme quoi, t’as pas changé vieille pute » que je lui dis « t’es toujours resté ce bon vieil enculé que t’étais à l’époque » puis je m’enfuis en claudiquant.
Bisous les traileux