perrout a écrit :
Et du coup, tu ne couperas pas au CR! Comment s'est passee la gestion ? (bouffe, hydratation, fatigue, matos...)
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Bon d'accord
Voici donc un (long ) retour sur mon tour du golfe du Morbihan.
D’abord l’Ultramarin c’est quoi ? c’est comme l’UTMB et sa série de courses, mais sans le dénivelé. On peut donc s’inscrire sur un 36km ou 56km ou 87km ou 177km (voire même une marche nordique de 29km). Comme ailleurs, c’est une affaire qui marche bien et donc régulièrement une nouvelle distance apparaît dans la liste. Cette année c’était le 36km.
Je m’étais donc inscrit et beaucoup préparé pour le 177 km, ayant déjà participé au 87km il y a quelques années.
Ma préparation a consisté en des sorties régulières de 10 à 15 km, 4 à 5 fois par semaine et au moins une sortie longue de 20 km le WE, jusqu’à fin Avril. Pendant cette période l’objectif était d’avoir au minimum en moyenne 70km par semaine.
A partir d’Avril/Mai, j’ai commencé à courir moins régulièrement en semaine, mais à augmenter globalement les distances des sorties. J’en suis alors arrivé à un peu plus de 100 km par semaine.
Et malheureusement après ma plus longue sortie, vers fin Mai / début Juin je me suis pris ce que je pense être une tendinite du moyen fessier (d’après une consultation « internet »).
Bref ça m’a bien calmé, j’ai considérablement décru le kilométrage pendant une semaine et repris la semaine suivante pour un dernier test (un peu douloureux mais supportable) mi Juin. Suite à ça j’ai complètement coupé jusqu’au départ de l’épreuve le 27 Juin. Les deux dernières semaines ont été bien longues, et stressantes, l’inquiétude au sujet de cette douleur me trottant dans la tête en permanence.
Finalement nous (un peu plus de 800 partants) voilà le jour J, à 17h00 sous l’arche de départ en train d’entamer notre tour du golfe.
Mon équipement se compose de:
- une paire de Saucony Kinvara (à corriger pour une prochaine fois, elles prennent trop facilement les grains de sable et petits cailloux des pistes, sinon OK)
- short Asics + caleçon decath (OK, aucun frottement)
- t-shirt Craft (OK, aucun frottement et passe bien aux T° qu’on a connu)
- un sac camelbak 1,5l (le plus petit avec la toute petite pochette dans laquelle j’avais mis une partie du matos obligatoire, ce sac assez léger était là pour remplir les conditions du règlement, il a au mieux été rempli de 0,5l d’eau)
- une ceinture porte bidon Raidlight + pochette (avec le reste du matos obligatoire de la bouffe et une bouteille powerade de 0,5l de eau/malto au départ puis eau seulement, je les trouve super pratiques celles-ci).
- une veste coupe vent légère dans la ceinture (à corriger pour une prochaine fois, j’aurai du partir directement avec une veste imperméable).
- NOK à gogo
Donc au final je n’ai jamais eu plus de 1l d’hydratation sur moi, ça allait bien compte tenu des T° et de l'espacement entre ravitos, tout au plus de 20 km.
Niveau bouffe, je tourne au pain d’épice Gerblé en sachet, powerbar et barre isostar + ravitos de la course
On pouvait déposer un sac transporté à mi-parcours. Le mien comprenait :
- veste imperméable
- Paire de Saucony Peregrine (pas utilisées finalement)
- batons Black Diamond alu
- T-shirt rechange
- Bouffe et hydratation
- NOK
Je pense être parti un peu vite, bien que j'ai pensé à freiner, la route allait être longue.
Je me suis rendu compte assez rapidement que je n’étais pas dans un super bon jour, « pas trop de jambes », j’ai eu vite mal aux mollets et aux cuisses. Je m’étais pourtant bien (trop ?) reposé les deux semaines précédentes. Mais j’ai pensé que ça s’améliorerait peut être sur la durée, la seule chose qui comptait étant de croiser les doigts pour ne pas avoir mal (cette foutue tendinite… qui bien heureusement ne montrera pas le bout du nez sauf un peu, vers la fin quand tout faisait mal de toute manière).
Après environ 40km j’ai commencé à me sentir « barbouillé » aussi . Je m’arrêterai donc 3 fois aux toilettes pendant la descente vers Locmariaquer. En dehors de ça, les souvenirs sont vite devenus assez vagues, je note quand même :
- Tartinage de Nok tout les 40 à 50 km environ
- Passage dans la mer, eau jusqu’aux cuisses (j’ai pris le temps de déchausser)
- Bagad, odeurs de barbecue
- la nuit qui tombe doucement, la frontale, j’adore ce moment
- Auray et les passants, les bars, les restaus
- De longs chemins ennuyeux pour descendre jusqu'à Locmariacquer durant la nuit .
Enfin arrivé à mi-parcours, c’est la traversée en Zodiac qui nous attend . Pause de 10/15 minutes dans le bateau, c’est chouette et reposant.
Débarquement à Port Navalo, et là c’est la misère : une très grosse averse nous tombe dessus. Mon coupe vent ne sert pas à grand-chose. Je "fonce" vers la salle d’Arzon, à qq km de là où m’attendent un bon ravitaillement, mon sac avec ma veste imperméable et un t-shirt bien sec. Je prends bien mon temps, mange des pâtes / jambon blanc / pain / riz au lait (gros gavage, j’ai faim, tout passe bien et je n’ai plus de problèmes intestinaux).
Je finis quand même par repartir, avec mes bâtons aussi. Jusqu’ici j’avais réussi à trottiner correctement, mais là les jambes ne veulent plus rien entendre. Je crois que la tête a aussi lâché le morceau. Un petit calcul : il me reste 80 km à faire, en marchant à 5 km/h ça fait 16h soit avant la tombée de la nuit ce samedi soir. Ce sera donc le nouvel objectif. Pendant ce temps le jour se lève sur une des plus belles parties du parcours, entre Arzon et Port Nèze.
Je vous ferai grâce du détail de la suite des événements. Ça consistera en une longue marche, agrémentée d’arrêts plus ou moins longs aux ravitaillements. Les 20 derniers km seront très difficiles mentalement (grosse lassitude, un peu dégoûté de ne pas avoir pu courir plus longtemps après tout ces long mois d’entrainement) et physiquement aussi (les pieds commencent à chauffer malgré la NOK, le dos fait mal, les jambes font mal, etc…).
Je finirai quand même par atteindre cette fichue ligne, avec beaucoup d’émotion et de fierté d’avoir fait le tour et aussi une petite pointe de déception (un bon moteur pour y retourner un jour qui sait).
Voilà, j’ai fait des erreurs (citées avant) mais je suis content de :
- Ne pas avoir perdu de vue l’objectif principal (finir) dans la difficulté (un jour un peu « sans » malgré tout)
- Avoir déposé les bâtons dans le sac de ravitaillement, sans eux pas certain que j’aurai fini, ils m’ont beaucoup aidé sur ces longs km de marche.
- Mon alimentation et hydratation, je ne sais pas pourquoi j’ai eu des ennuis intestinaux sur la première partie de course, peut être le stress.
Je reste sans réponse sur mon manque de jus/jambes ce WE. Je m’étais (à priori) bien préparé. J’ai fait des sorties longues où je m'étais sentie bien mieux. Peut être que l’inquiétude de voir resurgir la tendinite du moyen fessier m’a bouffé toute mon énergie les jours précédents le départ ? Peut être une préparation pas si bonne que ça. ? Autre ?
Voilà, je crois franchement qu’il n’y a pas besoin d’avoir une condition parfaite pour terminer cette épreuve. C’est plat (1000m d+ à priori), les ravitaillements sont très réguliers, les barrières horaires très larges.
(j'ai vu ce que je crois être de nombreux marcheurs au départ, il faut qu'ils aient le morale mais c'est tout à fait faisable)
En revanche comme pour toutes ces longues épreuves, il faut s’être bien préparé mentalement, être motivé, savoir s’adapter, bien s’alimenter et éviter les conneries (le coup de la veste pour gagner qq grammes, ça aurait pu me coûter chère: j'ai entendu parler de qq bonnes hypothermies pendant la nuit).