Lettre ouverte au PDG
A propos des agissements de son n-1
(Ou Scandale à la cogip)
Nous sommes un collectif de cadres supérieurs de différentes unités de la cogip et de la sous cogip du corps des agents de Direction et de l’Inspection, attachés à l’institution et au service public. C’est à ce titre que nous souhaitons exprimer ouvertement nos préoccupations en attirant votre attention sur les agissements de JPL, à l’origine de graves dysfonctionnements au sein de cette institution.
Son mandat s’achève à la fin de 2011, grâce au ciel et surtout à la loi de 1993, qui limite le mandat des N-1à 6 ans et fixe une limite d’âge à 65 ans.
Pourquoi avoir attendu aussi longtemps pour cette démarche ? Très simplement pour deux raisons : d’une part nous avons les uns et les autres tenté à plusieurs reprises et par divers canaux – hiérarchies, DGRH, syndicats, représentant élue du personnel au XXXXX médecine du travail, etc.,- d’alerter la directionde la cogip sur ces graves dysfonctionnements et sur les manquements condamnables du n-1 à la morale, à la déontologie, tout simplement au droit, hélas sans succès. Ces signaux, pourtant très clairs et explicites, sont restés sans écho. Hors quelques ilots de résistance dans les unités les plus ouvertes sur l’extérieur il règne une sorte d’omerta, teintée d’indifférence molle ou de connivence. La situation n’a fait hélas qu’empirer au cours du temps. Ce qui dans n’importe quelle entreprise ou institution aurait donné lieu à une enquête, vraisemblablement un rappel à l’ordre, à des sanctions administratives, sans doute à des procès pour harcèlement, a été ici délibérément ignoré ou étouffé.
Le cynisme le dispute à l’hypocrisie : d’un côté, on table sur le fait qu’un cadre supérieur attaquant son institution a toute chance de sacrifier son avenir professionnel, quelle que soit l’issue d’un éventuel recours. De l’autre côté, tout en faisant la sourde oreille à ces messages d’alerte, la cogip se félicite publiquement, sur son site, d’actions « exemplaires » pour prévenir les risques psycho-sociaux ! Le comble de la fourberie administrative a été atteint avec l’inscription du « bien-être au travail » parmi les priorités « stratégiques » de l’institution célébrées par vous-même à la convention des cadres supérieurs de la cogipdu 6 décembre dernier.
La deuxième raison est que ces manquements s’accusent au fur et à mesure qu’approche la date du départ du second n-1. JPL dépasse toujours plus les bornes et personne ne sait plus situer ses limites.
Quels sont ces agissements ? Il s’agit, en résumant, d’un abus de pouvoir permanent. Pour fixer les idées, il est utile de les regrouper sous trois rubriques distinctes : manipulation, harcèlement, abus de biens sociaux(ou publics). En voici quelques illustrations.
Manipulation (1): purement technique et pouvant laisser deviner le nom de la cogip en question je retire ce paragraphe
Manipulation(2) : détournement d’audit d’une direction, en convoquant à plusieurs reprises, à l’insu des commanditaires et au mépris de toutes les règles de déontologie, les inspecteurs chargés de cet audit pour orienter leurs conclusions afin d’aboutir à un rapport à charge contre un responsable pris pour cible, ou ses équipes, l’objectif étant de disposer d’un moyen de pression visant à les déstabiliser;
Manipulation(3) : vilipender et dénigrer les agents jugés contrariants ou résistants (auprès de leurs troupes, de l’extérieur, du PDG sans doute) pour justifier leur mise à l’écart complète ou partielle et favoriser les collaborateurs jugés les plus flexibles, surtout quand ils peuvent lui être utiles, (comme c’est le cas de votre propre chef de cabinet, totalement phagocyté). Le personnage étant de nature versatile, les positions restent précaires et la « bourse » aux collaborateurs extrêmement volatile : tel chef de service, qualifié un temps de génie, est le mois qui suit trainé plus bas que terre, car il aura manifesté un désaccord inconvenant, ou même par pur caprice. Ces manœuvres et règlements de compte se font toujours par personne ou procédure interposées, jamais en direct. Il faut le dire, JPL n’est ni franc ni courageux.
Manipulation(4) : modifier les organigrammes et périmètres de compétences à son avantage, sous les prétextes les plus divers. Un exemple est le siphonage d’une part des compétences de l’ex-secrétariat général de la Commission bancaire, placé (par précaution) en 2006 sous la responsabilité de JPR (n-1 à égalité avec JPL), en faisant muter à la tête d’une direction placée auprès de lui un transfuge avec son portefeuille d’activité (y compris ses participations aux réunions internationales). Au passage, JPL a ainsi évincé JPR du comité de pilotage important dans la cogipLe tour a été joué au nez et à la barbe de tous, y compris d’un JPR médusé, sans doute partagé entre la résignation et l’admiration devant le culot qu’il n’a jamais eu. L’hommage de la modestie à l’arrogance ?
Harcèlement (1) : le bannissement ! et oui ; le mot n’est pas trop fort lorsqu’un directeur peut être purement et simplement interdit de toutes réunions où sont traités les sujets de sa compétence, son nom soigneusement exclu des listes de destinataires de messages, parce qu’il a un jour, par exemple, contesté une attitude totalement contraire à la déontologie. Une forme moins extrême, mais hélas plus fréquente est la marginalisation de tel ou tel cadre en charge de sujets sur lesquels JPL souhaite avoir la totale mainmise. Cela consiste à orienter soigneusement l’information, gérer de façon très exclusive et sélective les invitations aux réunions, ou retenir un cercle restreint d’affidés après ces réunions pour en rectifier les conclusions et en réorienter les suites (cf. plus haut: la manipulation).
Harcèlement (2) : l’humiliation publique et le « saut à l’élastique ». Un avatar particulièrement pervers du sadisme administratif ; un des divertissements favoris de JPL. Il convoque en réunion, de façon discrétionnaire, plusieurs dizaines d’agents, pas nécessairement contributeurs aux dossiers du jour mais constituant un public aussi large que potentiellement courtisan, puis passe au grill un de leur responsable en le mitraillant de questions improbables et le plus souvent sans lien direct avec le sujet. Le plaisir sadique consiste à le déstabiliser devant ses troupes, en se réservant le beau rôle et en mettant de son côté les rieurs serviles. On a vu des agents décomposés et même en pleurs sortir de ces pénibles séances en ayant perdu pour longtemps l’estime d’eux-mêmes et de leur institution.
Harcèlement (3) : la zizanie (forme la plus subtile). Un autre plaisir de JPL est en effet de dresser les uns contre les autres les agents, les services, les directions, etc. Il use de tous les artifices à l’usage des grands pervers : allocation clientéliste des dossiers et des commandes, sans cohérence avec les attributions et les compétences réelles; attribution discrétionnaire de récompenses (« sucettes »), sous forme de représentations, de belles missions ; dévoiement de toutes les procédures de coopération, dédoublement de postes par nomination de cadres soumis à une concurrence artificielle et ayant toute chance de virer à l’aigre. Et pendant ce temps-là, JPR psalmodie sur l’air de la « transversalité ».
L’abus de biens sociaux(ou le conflit d’intérêt, la qualification est parfois difficile). La liste serait ici très longue. Il y a bien sûr, bien au-delà des nécessités de service, la mobilisation intensive et permanente des ressources en expertise à des fins personnelles (préparation de cours, interventions diverses jamais précisées), bien sûr toujours « prioritaires »; l’exigence de disposer de deux voitures de fonctions (et d’autant de chauffeurs), et en particulier une C6 « présidentielle » dont l’équipement pléthorique est un des motifs favoris d’amusement du service automobile. Mais JPL a innové aussi sur les frais de mission : il est le premier et le seul à négliger l’implant interne et à passer par son agence extérieure personnelle pour organiser ses missions en toute opacité, en grillant toutes les règles et procédures en vigueur. Voyages en première (où et avec qui ? c’est bien le mystère !). On évoque aussi un usage intempestif et incontrôlé de la carte de crédit d’entreprise.
Tout cela relève bien d’un gigantesque abus de pouvoir. Il y a une dimension surréaliste dans ces dysfonctionnements majeurs, que tout le monde connaît dans le microcosme ( mais aussi à l’extérieur de la cogip, car JPL a toujours sévi de la même façon dans les différentes affectations de sa longue carrière), mais que nul ne semble pouvoir ou vouloir refreiner. Il y a aussi du père Ubu chez cet homme à l’égo hypertrophié, qui se fait donner du « Monsieur le PDG », qui affiche un mépris incommensurable pour la plupart de ses interlocuteurs ou ses collaborateurs passés et présents, qui est intimement convaincu de figurer parmi les rares cerveaux aptes à comprendre notre monde en crise, qui manifeste de nettes tendances paranoïaques (persuadé qu’on cherche continûment à lui cacher l’information alors qu’il se garde bien de rendre compte de sa participation à des instances où il représente plusieurs institutions, comme le machin, par exemple).
JPL semble égaré par la vision d’un pouvoir plus réel que virtuel dont il joue jusqu’à l’absurde ; sans doute aussi frustré par sa mise à l’écart des principales sphères d’influence de Bercy, parachuté à la cogip à la grâce d’appuis politiques soigneusement ménagés (l’homme sait flatter les forts comme s’acharner sur les faibles) ; maximisant sans scrupules les avantages d’une fonction le faisant bénéficier d’une impunité quasi-totale, grâce à un statut qui a perdu toute justification mais lui garantit un mandat à durée fixe. Cette combinaison, déjà dangereuse en temps normal, est explosive dans le cas d’un individu fragile à forte tendance caractérielle. JPL, c’est aussi le « Victor ou les enfants au pouvoir » de Vitrac, alliant la violence des enfants à la duplicité des adultes. Sa gestion totalement personnalisée et immature de la préparation du grand sommet international, du point de vue notamment de ses relations avec la DGTrésor de Bercy, restera dans les annales du dysfonctionnement administratif.
Quel a été l’apport de JPL ? Sans doute une certaine ouverture intellectuelle, liée à une curiosité toujours en éveil. Mais, au-delà du brio de surface, susceptible d’épater quelques esprits influençables dont l’horizon et l’envergure sont restées pour l’essentiel confinées au siège de la cogip, il s’est révélé en définitive un esprit plus brouillon que réellement brillant, trop attaché à paraître pour espérer convaincre ; quelques intuitions sans suite, peu de convictions ; des positions aussi instables sur les sujets importants que tranchées sur les sujets futiles. Il n’y a pas de « doctrine » JPL, alors que son prédécesseur, XXXX, très attaché aux activités de l’ex-CoCogip, avait été précurseur en matière macro-prudentielle, avait su identifier les points de fragilité du système de surveillance et de régulation (dangers liés au principe de la fair value combiné à une valorisation marked to market, procyclicité des exigences en capital des banques, etc..), avait préconisé des réformes cohérentes, les avait défendu avec courage et obstination. Mais peut-on être un régulateur crédible ou un superviseur fiable en s’autorisant de tels écarts de conduite ?
Vous pourriez croire, Monsieur le PDG, que cette lettre a été écrite sous le coup de la colère et que tout cela est très exagéré. Hélas, non. Le constat est froid, au plus près de la réalité, sans doute même en dessous de la vérité. Il rassemble des informations issues de tous vos services, mais aussi de l’extérieur et il serait risqué de les ignorer. En effet, soit vous n’aviez pas une vision claire de la situation, ce qui au passage dénoterait un grave dysfonctionnement administratif, et vous l’aurez désormais. Soit vous étiez informé et vous avez laissé faire, sans doute mal conseillé. Quelle que soit l’hypothèse à retenir, vous ne pouvez plus laisser faire. La politique de l’autruche n’est pas ou plus de mise. Au-delà du risque de réputation, la cogip et co-cogip ne peuvent plus accomplir leurs missions de service public dans des conditions aussi contraires à la morale et à l’efficacité ; il est urgent de protéger vos agents des atteintes graves dont certains sont aujourd’hui victimes du fait des agissements de votre n-1. la cogip et co-cogip sont en risques: risque opérationnel, risque juridique, risque de réputation.
Vous seul, Monsieur le PDG, avez la capacité d’intervenir pour rétablir les conditions de fonctionnement normales de l’institution et lui permettre de remplir sereinement et efficacement toutes ses missions de service public, au nom de l’intérêt collectif.
Très respectueusement à vous
Le collectif JPL (Jamais Plus L)