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Comment atteindre les 2000 points ? OK, ça représente un sacré bond depuis ma cote actuelle de 1700 mais pourquoi ne pas viser haut ? J’ai déjà écrit certaines choses dans un autre topic, mais ceci est une tentative d’y mettre un peu plus de structure. J’espère que je pourrais m’y tenir :
I Analyse l’échiquier à chaque coup en utilisant le système suivant : 1. Regarde l’échiquier d’un regard neuf en laissant de côté pour le moment tes plans, attentes et supputations concernant la position que tu avais lors de ton dernier coup. Pose-toi les questions suivantes :
a) Y a-t-il une de tes pièces qui est non-défendue ou « qui tient en l’air » ?
b) A son prochain coup, ton adversaire peut-il créer un clouage ou exploiter un clouage déjà existant ?
c) Peut-il prendre en fourchette l’une de tes pièces (attention aux fourchettes de pion et de cavalier, difficiles à repérer) ?
d) Dispose-t-il d’une attaque à la découverte ou d’une attaque double ?
e) Dispose-t-il d’échecs potentiels, et si oui, comment les contrer ?
2. Une fois cette liste passée en revue, que menace son dernier coup ?
3. Passant ensuite à ce que tu peux faire à ton tour, parcours la liste a-e pour déterminer si tu peux gagner du matériel, placer une combinaison ou gagner une forte initiative. Maintenant, demande-toi quelle menace est la plus forte ? Si la sienne est plus forte, il faut trouver le coup qui y réponde au mieux ou qui contre cette menace. Le coup idéal, si tu dois défendre, devrait créer lui-même une menace ou quelque autre complication.
4. Quoi qu’il en soit, écris les coups candidats et, les passant chacun en revue une fois et une fois seulement, exécute-les sur l’analyse board. Observe la postition qui en résulte et, que tu attaques, contre-attaques ou défendes, garde ceci en tête : a) Quelle est la réponse la plus probable à ma menace, mon sacrifice, ma prise, mon échec ou coup défensif ?
b) Mon coup expose-t-il l’une des pièces précédemment défendues à une capture, ou mon roi à un échec auquel je ne puisse répondre ?
c) Affaiblit-il dangereusement ma position ?
d) L’adversaire a-t-il du contre-jeu ?
5. Si plusieurs coups sont impliqués dans une séquence, étudie chaque coup sur analyse board en reprenant chacune des étapes du paragraphe 4. Considère les variantes une fois seulement. Utilise un arbre pour garder le fil et conclue chaque variante par une évaluation brève, concise et sincère.
6. Si aucune suite de coups, menace ou combinaison forçante n’existe, recherche des coups tranquilles visant à améliorer ta position et/ou affaiblissant ou paralysant ton adversaire. Les coups candidats devraient réaliser un ou plusieurs des objectifs suivants :
a) augmenter ton contrôle du centre
b) augmenter la pression sur le secteur de l’échiquier que tu es en train d’attaquer
b) créer ou augmenter la pression sur une faiblesse dans la position de ton adversaire
c) ouvrir des lignes pour tes pièces
d) augmenter la mobilité ou l’activité des tes pièces les moins actives
e) restreindre la mobilité des pièces de ton adversaire
f) créer des cases fortes d’où tes pièces pourront exercer une pression et d’où elles ne pourront pas facilement être chassées
g) créer des avant-postes (protégés) dans le camp de ton adversaire
h) améliorer ta structure de pions avec l’idée de créer les conditions des objectifs sus-mentionnés et/ou d’obtenir un pion passé
i) garde à l’esprit que le milieu de jeu peut à tout moment basculer dans la finale. Si cela avait lieu maintenant, serait-ce décisif ? Si oui, et en ta faveur, efforce-toi d’échanger en vue de passer en finale. Si non, évite ce genre d’échange et soit essaie d’améliorer tes perspectives de finale soit mise tout sur le milieu de jeu.
j) à chaque fois qu’un échange de pièces est offert ou possible, demande-toi à qui profite l’échange ? Quelle pièce est la plus active ? L’une des pièces joue-t-elle un rôle-clé dans l’attaque ou la défense ? Si c’est un C, dispose-t-il d’un avant-poste valable qu’il pourra occuper ? Si c’est un F, est-ce le «bon » ou le « mauvais » F.
II Joue régulièrement pour rester afuté mais sans excès, qui conduirait à ton amollissement. Evite de jouer trop de blitz.
III Analyse et annote les parties jouées sur Chessatwork une fois terminées à l’aide des notes prises pendant la partie. Compare tes variantes analysées et tes évaluations avec les coups effectivement réalisés pendant la partie. Qu’est-ce que tu n’as pas vu et pourquoi ? Tes évaluations étaient-elles exactes ? Après avoir fait l’analyse initiale à l’ancienne mode, entre la partie dans un logiciel d’échecs pour voir ce que tu as raté et obtenir des évaluations objectives que tu peux comparer avec les tiennes.
IV Après avoir terminé ton analyse, joue au moins une partie de maître qui suit la même ligne (aussi loin que possible) que celle jouée dans ta partie. Choisis une partie où la couleur que tu avais soit a gagné, soit a fait nul. Joue-la en imaginant que tu es ce joueur, en cachant ses coups et en décidant pour toi-même quels seraient tes coups. Essaie de comprendre pourquoi le coup joué est plus fort que celui que tu as choisi. Si le temps le permet, joue une autre partie dans la même ligne où ta couleur perd. Cette fois, essaie seulement de déterminer pourquoi le joueur perdant a perdu.
V Analyse la phase d’ouverture de tes parties en blitz et seulement la phase d’ouverture. Cela n’a pas de sens de dépenser une heure sur une partie jouée en cinq minutes. Cela a un sens, en revanche, de suivre la partie jusqu’au point où elle quitte la théorie et de déterminer si le coup non-théorique était mauvais, pourquoi il était mauvais, ou s’il était correct mais simplement jamais joué. Regarde un peu plus loin dans cette ligne avec un livre d’ouvertures ou une banque de données afin d’étendre ta connaissance de cette variante. Si le temps le permet, joue rapidement (en cinq minutes environ) quelques parties de maître jouant cette ligne.
Cette fois, tu ne tenteras pas de trouver les meilleurs coups ni le pourquoi, mais principalement de gagner un feeling du cours de la partie. Quels genres de tactiques furent utilisées, quelles structures de pions ? Sur quelle aile de l’échiquier était concentré chaque camp ? Ont-ils roqués du même côté ou du côté opposé ? Quels genres de coup de pions sur les flancs ont été joués ? Comment les joueurs ont-ils occupé ou contrôlé le centre ? Y a-t-il eu des marées de pions ou les pièces ont-elles été jouées ? Y a-t-il eu une attaque de minorité ? une attaque de mat ? Quel était le plan général pour chaque camp ; peux-tu localiser des coups ou suites de coups thématiques visant à réaliser ce plan ? Faire tout ça améliorera ta compréhension de l’ouverture et t’aidera à éviter des situations où tu te retrouves bloqué en te demandant quoi faire, ou simplement, de choisir des plans et des coups qui sont en désaccord avec le thème de l’ouverture.
VI Garde contenance sous la mitraille. Rappelle-toi : ce n’est qu’un jeu, tu n’es ni Kasparov, ni Tal, ni Capablanca. Ce n’est pas le fait de gagner ou perdre qui importe mais ce que tu investis dans le jeu et quelle leçon tu en retires.
VII Etends ta connaissance des éléments cruciaux du jeu, la tactique, les finales, la stratégie, les ouvertures, en consultant les grands livres de la littérature échiquéenne. Et souviens-toi que les échecs sont un jeu qui se joue avec tous ses éléments formant un tout, et non pas séparément ; par conséquent, les parties complètement et correctement annotées ne doivent pas être négligées si l’on veut comprendre l’interaction des éléments. A cette fin, mon plan de lecture initial (phase 1) est le suivant : a. Chess Tactics for the Tournament Alburt
b. Mon Système Nimzovitch
c. Capablanca’s best Chess Endings Chernev
Les deux premiers sont à lire parallèlement. Pour le troisième, une collection de 60 parties, tu liras et étudieras une partie par jour, ce qui donc te prendra deux mois. Tu finiras les deux premiers beaucoup plus tôt, et tu les remplaceras par un livre de même « calibre» (tactique et stratégie, alternativement). Tu n’étudieras les ouvertures que de la façon mentionnée plus haut. Tu n’étudieras les finales que lorsque tu auras atteint des finales similaires dans tes propres parties. Cette liste de lecture n’est encore qu’une esquisse, non pas pour les livres les plus essentiels mais les plus appropriés. J’ai une bibliothèque d’environ 25 livres et il est possible que je trouve quelque chose de plus efficace pour les débutants.
Quoi qu’il en soit, je conviens que c’est un long post. Mais on ne construit pas de maison sans plan, et en ce qui me concerne, je suis plus motivé à m’autodiscipliner pour travailler à quelque chose si je couche sur le papier les moyens détaillés pour y arriver au lieu de gâcher simplement un noble objectif. Et probablement encore plus motivé si je le partage publiquement. Une chose à se rappeler, pour quiconque voudrait relever le gant et tenter une approche similaire : d’après mes gains de cote passés, je sais que même en travaillant dur, ça peut durer des mois avant que les choses commencent à « prendre » et que les résultats apparaissent. En fait, paradoxalement, votre cote peut même descendre et rester basse pendant un certain temps avant qu’elle ne commence à monter.
Voilà, c’est tout. Je serais heureux que quelqu’un prenne réellement le temps de lire tout ce truc et le commente.
© Scandium
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