Surtout, le film enferme le spectateur et l'empêche de voir plus loin que son nez, pour le mettre au même niveau que le personnage de Michael Douglas. Si tu prends le parti de dire que ce genre de truc existe réellement, il a des centaines d'occasion de faire foirer le truc; mais il est trop égoïste pour s'ouvrir aux autres et à ce genre de possibilité, et c'est pour lui donner ce faux sentiment d'ouverture d'esprit que le personnage de Deborah Kara Unger (enfin, le personnage du personnage, tu vois c'que j'veux dire) existe, parce qu'il pense avoir fait un pas dans cette direction, qui lui "prouve" que c'est réel. C'est la personnification d'un biais de confirmation.
En mettant le spectateur au niveau de Von Horton, c'est l'empêcher de voir les ficelles des marionnettes, et surtout de ne pas penser que ce sont des marionnettes. Et c'est pour ça que certaines choses paraissent bien improbables: parce que si on est manipulables comme lui, notre jugement lutte contre cette idée de la réalité, contrairement à lui. Et c'est en ça que le film est très malin: il ne développe pas (enfin, si, mais peu) son personnage principal au sein de son histoire, mais au sein de sa relation avec le spectateur... Comme pour un tour de magie: le spectateur est sous-entendu comme le plus malin des deux ("je sais qu'il y a un truc" ), mais c'est bien le magicien qui gagne à la fin. Et comme en magie, c'est de la pure manipulation, et ce n'est pas le final Z qui compte (même si c'est ce que le spectateur retient), mais le tour complet, l'expérience de A à Y, qui est complexe mais invisible. Le magicien du film, c'est CRS, et l’expérience c'est le film.