Comment je me situe par rapport à tout cela ?
Comme il se doit, je commencerais par la fin ! " ...j'estime qu'il est un devoir de situer Nietzsche dans l'histoire des philosophies puis de se situer ensuite par rapport à lui et, partant de là, d'évaluer le rôle de l'art dans la conception qu'on peut avoir de sa propre philosophie et de l'humain." Dans le cadre dune critique généalogique de la philosophie dont lobjet serait le langage, en tant quil inscrit en lui les évaluations dominantes, on peut dire, en effet, que le langage philosophique est souvent un instrument doccultation de lexpérience esthétique dont il est pourtant issu. Comme philologie, la philosophie doit commencer par une lecture des rapports de forces qui sont à loeuvre dans les jugements de valeur. Il sagit de montrer comment les différentes forces qui sont à lorigine de ces jugements se sont produites - au sens théâtral - et quel était le conflit dintérêt qui les opposait. Comme le disait Foucault, la philosophie doit dabord rendre compte de lémergence des jugements de valeur, de lentrée en scène des forces, de leur irruption, du bond par lequel elles sautent de la coulisse sur le théâtre (en se servant de létymologie, il est possible, comme je lai fait, dexhiber les conditions du surgissement dun sens...). Ainsi, on philosophe en oubliant que le langage est la traduction métaphorique dans la sphère apollinienne (lapparence) de la musique dionysiaque, cest-à-dire de la mélodie originelle des affects. Le langage philosophique a pour destin tragique de sarracher à son origine purement sensible. Mais cela se paie par la réduction du particulier à lidentique, du divers à lun. Le concept pourrait ainsi sappelé dans un langage platonicien (un comble !) le " sépulcre des intuitions ".
Ce que Nietzsche appelle la " pensée réactive " na donc pas dabord un sens politique ou social mais métaphysique : la peur de " lautre ", à lorigine du troupeau humain, est dabord la peur du nouveau, du déstabilisant, du contradictoire. La logique, la réduction à des cas identiques, cette schématisation, est une invention qui permet de sapproprier imaginairement le réel, de fuir dans la fiction ses contradictions déconcertantes en se mettant à labri didentités stables et rassurantes. Cest pourquoi, la rupture avec la pensée traditionnelle - conçue sur le mode de ladaequatio rei et intellectus, et visant par là à établir une théorie de la vérité (comme représentation de la nature en soi de la vérité) - est indissociable dune rupture avec la syntaxe dans laquelle sest exposée cette pensée. La mise en question de la pensée traditionnelle est inséparablement mise en question des champs lexicaux, syntaxiques et sémantiques où cette pensée sest déposée, " sédimentée ". Doù le mot de Nietzsche craignant, dans Le Crépuscule des idoles, " que nous ne puissions nous débarrasser de Dieu, parce que nous croyons encore à la grammaire " (cf. Gallimard, 1974, p. 78). Les catégories logiques et les concepts se sont logé au plus profond de notre manière de parler, donc déterminent notre manière de penser. On ne pense quen terme de sujet, de verbe, dattribut... Ainsi, lorsque Descartes décide de " ne comprendre rien de plus en [ses] jugements, que ce qui se présenterait si clairement et si distinctement à [son] esprit [quil neût] aucune occasion de le mettre en doute ", il reste prisonnier de la grammaire, cest-à-dire de lui-même, comme le montre sa " certitude " (la découverte du principe universel du vrai) du cogito. Vous-même, lorsque vous dites que " ...contrairement à Platon, les mystiques enfoncent les fondations de leur philosophie dans la réalité (...) et non dans l'idée ", vous oubliez quil y a une dialectique (une danse à deux !) entre le " réel " et " lidée ". Précisons ce point en nous arrêtant un instant chez Descartes.
Chez lui, en effet, le gênant, cest lunité de lesprit que cet esprit impose au réel (dans mon post sur Hegel pluriel, javais déjà proposé cette vision). Il y a un rapport spéculaire de lobjet et du sujet mais le sujet identique à lui-même, un, impose cette unité à un réel plus complexe. Dans cette relation se construit un objet : limage spéculaire du sujet. La méthode cartésienne est stérile dans le sens où elle subsume la pluralité du réel en confondant tous les contenus. La question de la méthode est donc la question de la réflexion des contenus réels sur eux-mêmes. La méthode du réel ou la méthode de la pensée, cest la réflexivité même de la logique du réel. Cest une méthode qui est la pensée réelle des contenus réels en exercice. Penser le réel, cest le produire en le pensant (Spinoza, Hegel). Or, penser le réel cest le réel qui se pense quand je le pense (Spinoza). Ce nest pas un sujet qui pose une méthode, non cest le réel qui se pense lui-même : cest lidée de lidée. Plus je creuse le réel, plus ma méthode est adéquate. Ainsi, les fécondités des méthodes sont liées à des domaines du réel. Il y a des domaines qui appellent les méthodes (Bachelard). On perd alors lunité vaine et stérile du savoir et lunité de lesprit. Car il ne faut pas confondre la question de la vérité et la question de sa connaissance. Si lon peut parler de multiplicité des domaines du savoir, il ne faut pas confondre cela avec la question de la vérité : le rationalisme, cest lidée quil y a de la vérité mais aussi que mon esprit peut y accéder. La vérité est alors en elle-même éternelle et universelle. On peut penser quil y a de lêtre. Si la relation illumine lêtre, alors penser, cest penser des relations, donc le réel est relation, et lêtre est relation. La relation nest pas la relation entre les êtres mais lêtre est la relation. Lêtre se constitue dans et par sa relation. Il sagit de produire la pensée mais aussi de ne plus penser en termes atomistiques mais en termes de relations. Pour Spinoza la relation cest le réel. Si je pense par relation, cest que le réel est relation. Au contraire, lapproche cartésienne avale le réel dans une relation spéculaire dans laquelle je ne conçois que moi-même. Autrement dit, il y a chez lui un principe de " recognition ". En ce sens, le " sujet " est un mode d'exister fondamental, consistant à s'identifier. Lidentité ici nest pas la coïncidence avec soi mais un processus didentification. Comme connaissance, le sujet ne sort de lui-même vers le connu que pour se retrouver en lui-même en cette extériorité : connaître, cest reconnaître, et reconnaître cest sy reconnaître. Le mode dêtre propre au sujet est donc la familiarité, limpossibilité de létranger, de létrangeté. Dans la connaissance, le sujet ne se libère pas de son identité. Mais connaître, ce nest pas reconnaître. Est-ce que la vache qui reconnaît lherbe, cest de la connaissance ? Définitivement non ! Pour penser, il faut que quelque chose nous force à penser. La pensée commence avec la violence du réel qui nous force à penser. Sinon, la pensée ne fera que se reconnaître elle-même et, en fait, ne fait que reconnaître les valeurs établies. Depuis Platon on est devant un problème de la pensée qui réduit lacte de connaître à lacte de reconnaître. Pourtant, il y a dans le réel des choses qui me dérangent. La construction mentale qui mamène à croire que la pensée a son identité propre et que cest de ce point de vue que sexprime une nature droite de la pensée, nest quune méthode. Pour citer Deleuze, il sagit là dun obstacle épistémologique et moral de la pensée du réel. Doù la mauvaise volonté de Nietzsche : il sagit de casser le consensus de la pensée et donc de faire preuve dintempestivité. On naccepte plus les présupposés du discours : cest la mauvaise volonté de penser. Il ny a de pensées que violentes, qui déchirent la clôture de la pensée. Le cogito, cest la clôture par excellence. Lillusion fondamentale de Descartes fût de croire, tout en lélaborant, à une topologie des concepts, à un code en secret partagé par chaque membre de la Société des amis de la sagesse, de sorte quil serait possible, et surtout légitime, dadmettre, dun air entendu, de quoi il retourne sous les termes de " sujet ", d" objet ", d" existence ", etc..., et daffirmer, par exemple, quil ny a " jamais eu personne dassez stupide pour avoir eu besoin dapprendre ce que cest que lexistence avant de pouvoir conclure et affirmer quil existe " (cf. La Recherche de la vérité par la lumière naturelle). Au contraire, il faut rencontrer ce que va faire la violence ; il faut penser une pensée qui va penser contre son image. La vérité est dangereuse et inacceptable : elle nous force à penser autrement. Or, le cogito, ne fait que reconnaître une vérité qui se soumet à des valeurs établies. Doù une critique morale du cogito au profit de lintempestivité de la pensée. Une pensée qui ne fait de mal à personne, ce nest pas de la philosophie. La question de la recognition est donc importante : Spinoza y pense justement parce que sa pensée est dangereuse. La pensée ne senseigne pas ("...Nietzsche empêche trop souvent les nietzschéens de penser " ) mais se rencontre dans la violence du réel.
Il sagit donc de parler un langage qui soit ouvertement lécho de la volonté de puissance qui lanime. Lorsque vous critiquez, je cite, " un enseignement historique fait de dates, d'évènements, de noms, en somme : de mots... ", vous vous opposez à cette sorte de volonté de puissance qui , chez les prêtres-philosophes (" ...on dit la messe en citant Saint Emmanuel, Saint Jean-Jacques, Saint René et Saint Thomas... " ) prétend imposer à tous les valeurs de léternité et de la pérennité et refuse le monde sensible (linfra-humain). En véhiculant ses préjugés métaphysiques, le langage permet au maître de dominer le groupe en contrôlant ce qui sera dit (le langage instrument de pouvoir) ! Doù la glorification, chez Nietzsche et ses disciples, de la volonté de puissance comme négation de la volonté de conservation : il sagit daller au devant de la folie et de la mort, en recherchant la déchirure tragique, la tension extrême entre le plus bas (la " bête ", linfra-humain) et le plus haut (le surhumain). Autrement dit, le mode spécifique de " présence discursive " du langage est celui dune " présence-absence ", de sorte que la réflexion sur le langage est en jeu dans des configurations de concepts qui apparemment nexposent pas une telle réflexion mais que celle-ci habite de façon cryptée et diffuse, en les faisant travailler, comme on le dit dune pièce de bois. En philosophie, le sens excède toujours la signification. Car il ny a langage précisément que là où le mot et la chose ne peuvent coïncider : de même que Hegel montrait comment, dans le chapitre " Force et Entendement " de la Phénoménologie de lEsprit, les concepts unilatéraux, propres à lentendement séparateur, laissaient échapper la dimension de vie et de mobilité des phénomènes quils sont censés exprimer, de même il faut insister ici sur le langage comme sur la conscience rigoureuse de la non-identité entre le concept et les objets auxquels, du fait de sa généralité, il se rapporte par subsomption, restant ainsi comme à la surface de ce quil voudrait saisir, com-prendre (doù, chez Nietzsche, la valeur du style aphoristique). Le " plus " de la langue philosophique nest pas dans ce que vous appelez la " lumière " mystique, sorte daura cristallisant une indistinction immédiate du mot et de la chose et transformant nécessairement le langage en un " jargon " qui revêt chaque mot dune signification quasi-magique, dun pathos singulier. Tout au contraire, la langue dit plus que ce quelle signifie dans lenchaînement même de ses phrases, du fait de lécart, du jeu irréductible logé entre le mot et la chose, et dont la dialectique nest autre que le concept lui-même. En dautres termes, lexcédent inhérent au langage ne définit aucun lieu mythique abritant, tel un Saint Graal, le Sens auquel on pourrait rapporter, comme à un étalon du penser, chacune de nos significations. Il sagit bien plutôt de soupçonner ce que la dialectique a à charge de mettre en pleine lumière : que le langage ne saurait manifester la pensée sans, du même coup, la trahir. Doù une sorte de présence " en creux " du sens, pris dans les " plis " du texte, à la fois constitutif de la pensée à loeuvre et masqué par elle. Cest ainsi que jinterprète votre " ...la raison est un processus qui rationalise et qu'il n'est donc pas judicieux de condamner l'irrationnel parce qu'on s'ôte alors de grandes possibilités de compréhension. "
Cela signifie que la vérité nest pas au bout du chemin, mais elle est le chemin lui-même. Elle nest pas un au-delà du langage, mais limpulsion animant toute forme de langage. " Cest toujours à contrecur que jai demandé mon chemin, jy ai toujours répugné. Je préfère interroger les chemins eux-mêmes, et les essayer. Essayer et interroger, cest ma façon davancer... " (cf. Ainsi parlait Zarathoustra, " de lesprit de lourdeur ", 2). Les chemins dont parle Zarathoustra sont les vérités propres à chaque type de penseur, leur discours, leur pratique du langage. Et la polémique est la confrontation avec ces penseurs, qui teste la validité de leur pensée. Elle est lépine dorsale dune philosophie à coups de marteau. Se confronter à lhistoire de la philosophie nest donc pas tant " Conter l'histoire... " que se confronter à lautre de sa propre pensée qui sans lui nexisterait pas. Certes, lhistoire ne doit pas rester un simple rappel du passé par la mémoire, le souvenir. Le souvenir est une représentation isolée, froide, fixe, morte. Il est pour nous du positif. Se remémorer la vie passée, cest lobjectiver cest-à-dire la tuer. En elle nous ne rencontrons pas notre âme et cest pourquoi nous nous intéressons à ces résidus comme à des fossiles étranges, des curiosités. Nous les tenons pour des pièces de collection, des meubles de musée et nous nous amusons à les décrire, les cataloguer, les étiqueter, les rangers dans des casiers, les manipuler de temps en temps. Or, depuis Hegel, nous savons que le retour du passé doit être la source dune vie nouvelle. Les oeuvres du passé ne sont pas périmées. Non seulement les philosophies ne se réduisent pas à un catalogue de souvenirs morts mais encore notre esprit peut sinstaller en elles, sy nourrir, y respirer, y vivre. A lobjectivation des images-souvenirs, il faut opposer laliénation du présent, de limmédiat, dans lassimilation de létranger. Lhistoire de la philosophie est donc essentielle parce que grâce à elle nous rompons avec lesprit de notre époque, nous nous séparons de nous-mêmes, nous nous aliénons en cherchant à intérioriser le passé pour en faire la matière première dune nouvelle production. En tant que philosophe, nous devons retrouver linstinct " dagression " ! La polémique est une expression libre de la volonté de puissance. Or, chercher un adversaire à sa mesure, comme la toujours fait Nietzsche, cest chercher la mesure de sa propre force pour la maîtriser. Linstinct sauvage peut alors se transformer en une forme belle : le grand style : " Un mot sur mon art du style en général. Communiquer par des signes - y compris par le tempo de ces signes - un état, ou la tension interne dune passion, tel est le sens de tout style : et si lon songe que la diversité des états intérieurs est chez moi exceptionnelle, il y a donc chez moi beaucoup de possibilités de styles - lart styliste le plus versatile quhomme ait jamais maîtrisé. " (cf. Ecce Homo, " Pourquoi jécris de si bons livres ", p. 281).
Ainsi, vous avez raison den appeler au " langage des amoureux " ! La première qualité de lécrivain de grand style est la richesse intérieure, le feu de la passion. Le grand style doit faire vivre la " mélodie originelle des affects ". La vie et lécriture sont liées. Lécriture doit être comme un souffle (cf. Par delà bien et mal) ou, mieux encore, comme le rythme de la musique (cf. Le Cas Wagner). Lécriture amoureuse doit être la musique dun amour passion, sauvage et sans larme. Bref, il faut laisser parler Dionysos à lintérieur même du langage philosophique. Cependant, si le grand style procède de livresse dionysiaque, le philosophe la maîtrise et aboutit finalement au calme apollinien. Comme tout langage : un langage dionysiaque, expression immédiate des passions, est un non-sens. Mais alors que lesprit réactif à loeuvre dans le langage commun refoule le dionysiaque, le grand style laccepte et le sublime : " Il faut avoir un chaos en soi pour donner naissance à une étoile qui danse ". Pour Nietzsche, laphorisme était lexemple le plus aboutit de cette sublimation de grand style mais cela peut être vrai pour nimporte quel type de discours : " Maîtriser le chaos que lon est : contraindre son chaos a devenir forme ; devenir nécessité dans la forme : devenir logique, simple, non équivoque, mathématique ; devenir loi - cest là la grande ambition. " (cf. Fragments posthumes, Tome XIV, p. 48).
Entrer en philosophie, cest donc comme entrer en esthétique. Comme pour lartiste, le philosophe nest pas celui qui tient un discours mais celui qui inspire, qui propage de la force, qui propage des états esthétique : la connaissance philosophique cest du vertige (une désorientation radicale), qui nest pas une lucidité supérieure (" clarté ", " lumière " ) comme vous le dites mais, au contraire, le choc par lequel les mots sont rendus à lopacité que lidéologie de lidentité croyait pouvoir dissoudre. La naissance à la pensée philosophique qui donne le vertige est la manifestation " en surface ", dun mouvement plus profond, " souterrain " : une dialectique qui ne se nourrit plus que de sa propre dynamique. Tel est fondamentalement le phénomène tragique de lacte de philosopher : la dialectique est vertige devant louvert, labsolument Autre, bref Dieu ! Car après la mort du Dieu moral (le Dieu kantien de limpératif catégorique) quel retour de Dieu (" comme un retour de flamme " ) risque de nous détruire (à tout le moins nous brûler) lorsque le divin va prendre un autre visage ? Comment le sacré, le saint, le divin vont-ils nous jaillir à la figure ? Relisons les quelques pages qui précèdent la section consacrée au Savoir Absolu dans la Phénoménologie de lEsprit, où Hegel démontre que lathée et le religieux sont du côté de la bribe et de limage et sont donc du même côté sans la savoir. Le plus athée des athées accorde une existence à Dieu en disant quil nexiste pas, ne serait-ce quen le nommant (au moment de la négation). Cest pourquoi Pascal disait préférer les athées aux faux croyants inquiétants (qui comme Descartes sont " inutiles et vains " ) qui ne considèrent pas Dieu " sensible au coeur " mais qui veulent démontrer son existence. Ce qui fait deux les pires des athées ! La parole de Nietzsche nest-elle pas, au contraire, celle du Christ, celle du médiateur entre Dieu et lhomme ? Le saint ou le sacré ou le divin nest-ce pas Nietzsche lui-même, cest-à-dire le Philosophe ? Philosopher, souvrir au vertige de labsolument indéterminé, cest être le crucifié, " fondre " pour laisser le divin passer en soi. Déchirer le " voile " comme vous dites, cest se retrouver vis-à-vis, sans médiation, devant locéan du divin, cest-à-dire devant " locéan infini de substance ". Doù la " folie " quil faut mettre en relation avec lextrême tension de lesprit. Une fois de plus, je ne peux être quen désaccord avec votre interprétation de la liberté : " Je pense que pour s'en sortir, il faut se faire son propre conditionnement ou, si cela peut être plus explicite, son propre lavage de cerveau permanent afin d'atteindre une spiritualité féconde et créatrice, c'est-à-dire afin de perpétuellement s'engendrer soi-même. " Si lacte de philosopher doit être lexpression dun amor fati (amour du destin : affirmation totale du destin : si je dis oui pleinement à un instant alors je dois vouloir tout ce qui a précédé et tout ce qui a suivi. Je trouve en un instant une adhésion entière à mon existence) celui-ci finit par se renverser dans un ego fatum (si je suis un fatum, cest-à-dire une parole ou un destin, alors le " je " peut disparaître). La parole doit prendre le pas sur lidentité personnelle ! Votre mystique implique une dépersonnalisation, une négation de celui qui saisie une telle rupture, qui en elle même est porteuse de folie. La véritable folie, cest laltérité qui vous met au tombeau !
Message édité par l'Antichrist le 10-05-2004 à 18:27:50