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Quels sont pour vous les trois livres de philo à lire pour un honnête homme ?


 
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1.  "La république" de Platon
 
 
6.7 %
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2.  "La métaphysique" d'Aristote
 
 
15.7 %
 279 votes
3.  "l'Ethique" de Spinoza
 
 
1.5 %
    27 votes
4.  "Essai de théodicée" de Leibniz
 
 
15.0 %
 266 votes
5.  "Critique de la raison pure" de Kant
 
 
17.8 %
 315 votes
6.  "Par delà le bien et le mal" de Nietzsche
 
 
5.9 %
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7.  "L'évolution créatrice" de Bergson
 
 
6.4 %
 113 votes
8.  "Etre et temps" d'Heidegger
 
 
7.5 %
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9.  "Qu'est-ce que la philosophie" de Gilles Deleuze
 
 
8.1 %
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10.  "Moi, ma vie, mon oeuvre" de obiwan-kenobi
 

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Auteur Sujet :

Philo @ HFR

n°7626807
rahsaan
Posté le 09-02-2006 à 19:44:33  profilanswer
 

Reprise du message précédent :
A la fin de son article "Hegel et les lettres", Heidegger dit en effet que les Grecs sont pour nous objets d'insatisfaction, non pas au sens où c'est eux qui ne satisfont pas à nos exigences (ce que dit grosso modo Hegel), mais au sens où au contraire, c'est nous qui sommes encore en retrait sur eux : les Grecs ne sont pas derrière nous, mais devant nous. ;)
 
Fabriquer, expérimenter un concept, c'est libérer en l'homme la pensée, selon Deleuze, de la même manière que l'artiste libère en l'homme des percepts et des affects qui, en tant que telles, dépassent l'homme, expriment une intensité de vie trop grande pour l'homme seul. Ainsi (mais je ne sais pas si Deleuze accepterait d'aller jusque là), la honte, en tant que motif de la pensée, la honte qui emprisonne, amoindrit la vie en l'homme, est une incitation à libérer cette vie mutilée par la honte. Mais entre la honte et la pensée, l'homme est transitoire : un lieu de passage en qqe sorte ; car par la honte, l'homme est rabaissée en rabaissant la vie, mais par la pensée, il est confronté à une intensité d'exister qui le dépasse.  
 
Il me semble que Heidegger, et à sa suite Deleuze, ont voulu exprimer tous deux que pour penser, il fallait s'affranchir du règne de la technique, en tant qu'elle est domination inconditionnelle de l'étant Homme sur le tout de l'étant.  
Heidegger trouve à libérer la pensée de l'être (ou de l'évènement, sur la fin de sa vie) par l'attention à la poésie, en tant qu'elle exprime le mystère ultime que ce qui se donne dans la clarté du jour est soi-même retiré dans le voile de la nuit.  
Deleuze cherche à provoquer par le concept des lignes de fuite qui nous libèrent ces puissances par lesquelles le pouvoir peut exister ; le pouvoir est une sanction, une sentence de mort, un arrêt, mais ne peut exister qu'en étant une puissance emprisonnée, formée, stoppée -le langage du pouvoir est le mot d'ordre. Mais le philosophe ne communique pas des mots d'ordre. Il transmet des mots de passe qui libèrent la puissance d'exister au sein du pouvoir. Car le pouvoir ne rentre en possession de lui-même (de sa puissance) qu'en privant une autre puissance d'elle-même : à la lettre, le pouvoir est inadéquat, le pouvoir est honteux, l'homme d'Etat est ignoble.  
Libérer la puissance d'exister - libérer la pensée de l'Evènement : deux voies pour sortir de la pensée comme domination technique, comme pouvoir.  
A la limite, pour Deleuze, il n'y a que des virtualités dans l'existence et pour Heidegger, tout est Présence, épanouissement de l'être qui ne peut se donner que comme évanouissement.  ;)
 
Heidegger et Deleuze, précesseurs de la non-philosophie ? :D


Message édité par rahsaan le 09-02-2006 à 19:45:09
mood
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Posté le 09-02-2006 à 19:44:33  profilanswer
 

n°7626902
alcyon36
Posté le 09-02-2006 à 19:56:17  profilanswer
 

tres interessant, et je crois(sans rentrer dans le detail) etre tout à fait daccord avec toi. mais tout le probleme justement pour Laruelle, c'est de poser l'essence de lhomme comme inalineble par le monde...c'est une sorte de gnose non-religieurse (pour parodier gilles grelet).
Laruelle a ete profondement inluence par bcp de philodsophes,dont Deleuze zt Heidegger.
le pouvoir est une separation;)
 


---------------
"la pensée de l'être est le souci porté à l'usage de la langue" Heidegger
n°7626969
rahsaan
Posté le 09-02-2006 à 20:04:35  profilanswer
 

alcyon36 a écrit :

tres interessant, et je crois(sans rentrer dans le detail) etre tout à fait daccord avec toi. mais tout le probleme justement pour Laruelle, c'est de poser l'essence de lhomme comme inalineble par le monde...c'est une sorte de gnose non-religieurse (pour parodier gilles grelet).
Laruelle a ete profondement inluence par bcp de philodsophes,dont Deleuze zt Heidegger.
le pouvoir est une separation;)


 
Il est sûr que l'Homme n'est pas (plus) une fin en soi pour Heidegger et pour Deleuze, qui en cela, suivent en quelque sorte Nietzsche (et aussi Schopenhauer : la Volonté est l'en-soi du monde, de l'homme comme des autres êtres, et Hegel : l'Esprit est Totalité Absolue Infini), alors que l'Homme était l'horizon de tout le système kantien (la question "qu'est-ce que l'homme ?" synthétise les questions de la connaissance, du devoir et de l'espérance).  
Mais alors Laruelle n'est-il pas kantien justement ? -puisque pour Kant, la liberté de l'homme ne peut être tirée de l'expérience mais est essentiellement supra-sensible : et l'homme se perd -s'aliène si l'on veut, bien que le terme soit en tant que tel postérieur à Kant- s'il tâche de se déterminer par rapport à des motifs sensibles, naturels, toujours pathologiques selon Kant.  
 
Mais sans doute pas, puisque Kant est l'anthropologue par excellence, celui qui détermine l'ontologie comme anthropologie.  
 
Mais je ne comprends pas l'expression : "le Réel est forclos à la pensée qu'il détermine". Je crois sentir que c'est là le centre même de cette non-philosophie, mais je n'arrive pas à atteindre l'oeil du cyclone. ;)


Message édité par rahsaan le 09-02-2006 à 20:05:00
n°7626975
l'Antichri​st
Posté le 09-02-2006 à 20:05:25  profilanswer
 

alcyon36 a écrit :

Voici un petit commentaire, pour ceux qui veulent  
 
 
« la philosophie est faite pour l’homme, non pas l’homme pour la philosophie »
 
 
 
La philosophie en tant qu’elle est ontologie,loin de se confondre avec la politique, en constitue pourtant une sorte de condition de possibilite (auto-reversible). La politique, c'est-à-dire les agencements ou dispositifs (c’est selon) qui determinent les rapports entre identite et apprtenances, en ce qu’elle suppose toujours une determination de l’Homme en son essence_ toujours deja divisé dans une appartenance au Monde, dans un être-au-Monde_  en relation avec le Monde, repose sur une certaine economie de la pensee.
 
Dans la Theologie politique, Karl Schmitt (on connaît son passé) en se referant à la Republique de Bodin, voit da ns la decision de la situation exceptionnelle (et surtout de ce qu’est la situation exceptionnelle cf art16 de notre constitution) l’essence de la souverainete. La sociologie de la decision contemporaine a battu en breche cette idee, mais elle peut surement servir à mettre en exergues, non pas le fonctionnement d’un Etat , mais bien plutôt le Geste de la philosophie.
Qu’est ce que la non-philosophie ? C’est la discipline qui decrit, selon la rigueur identitaire de l’Un, du Reel ou de l’Homme-en-personne… l’identite de La philosophie, à savoir ce que les non-philosophes appellent la « Decision philosophique ».
Deleuze ecrit, que « le premier caractere du concept, c’est d’operer un decoupage des choses inedit. ». Pour Deleuze, le probleme qui se pose dans la philosophie ne doit jamais être evaluer à l’aune du vrai ou du faux, mais par rapport à son interet, à sa nouveaute, à la dose d’intempestivite qu’elle inocule au systeme pour le faire fuir. Ce « decoupage des choses inedit », quel que puisse être son potentiel de subversion, est lie à la vision de Nietzsche ; le philosophe est legislateur, il est causa prima… « il cree des valeurs nouvelles sur des tables nouvelles ». Le but n’est pas avoir un nouveau monde, où les nouvelles valeurs et les nouvelles tables d’aujourd’hui seront les valeurs établies de demain !!! La philosophie est par essence politique, en un sens, à la fois fasciste et delirant sur des lignes de fuites revolutionnaires… ce qui compte pour la philosophie ce n’est pas l’histoire et ses effectuations, « mais l’evenement en tant qu’il depasse sa propre effectuation, c’est le devenir comme substance du concept » (Deleuze) :
 
« Les revolutions, parlons en ! Je veux parler des revolutions qu’on peut encore montrer parce qu’elles vous servent, parce qu’elles vous ont toujours servies… ces revolutions qui sont de l’histoire, parce que les histoires ca vous amuse, avant de vous interesser. Et quand ca vous interesse, on vous dit qu’il est trop tard,qu’il en vient une autre. Lorsque quelque chose inedit vous choque, et vous gene, vous vous arrangez la veille, toujours la veille, pour retenir une place dans un palace d’exiles, entoure du prestige des deracines…les racines profondes de ce pays,c’est vous parait il, et quand on vous transbahute d’un desordre de la rue comme vous dites, à un ordre nouveau, vous vous faites greffer au retour… et on vous salut!!!» (Leo Ferre in Il n’y a plus rien)
 
La question du devenir revolutionnaire a son impotance, car comme le souligne justement Deleuze, poser le probleme de la revolution dans l’histoire, c’est empecher toute possibilite de revolution… des qu’on se demande qu’elle peut etre l’avenir d’une revolution c’est deja la fin, on le connaît lavenir de toutes revolutions, c’est la Trahison. Le 11 septembre, c’est la trahison de toute revolution, comme toujours, une ligne de fuite revolutionnaire qui finit ligne de mort…pour autant cela n’elude pas la question du devenir révolutionnaire de ces hommes. Le philosophe créer des concepts… mais qu’est ce que créer ? c’est resister.
 
Le philosophes est ce createur de valeurs ou de concepte, il pretend determiner ce qui merite l’interet de « l’homme ordinaire ». A la lettre, le philosophe se pose comme ce qui constitue l’irreductible dignite de l’homme en son essence. On peut dire, à la limite, que pour un philosophe il existe une necessite d’entree en philosophie, pour etre un homme en tant que tel.
 
La philosophie, et ses dépendances que sont les sciences humaines, pretendent toujours determiner l’essence de l’homme comme relation au Monde, aux Autorités, c'est-à-dire l’Histoire, la Langue, le Sexe, la Societe… toujours ces melanges dont on a parler, mixtes onto-logiques ou anthropo-logiques, au bout du compte toujours la meme identite onto-noologique. On pense toujours l’essence de l’Homme celui qui parle, celui qui desir, celui qui subit et créer l’histoire… toujours la meme economies de la pensee que soustend toues politiques, le melange de l’essence de l’homme et de ses appartenances au Monde. Pour le philosophe l’homme est toujours aliene en son essence par le monde, le philosophe se veut le heros de l’humanite de l’homme, il veut toujours porter et supporter la plus haute responsabilite.Aussi il pretend à determiner le Reel par la pensee et agir dessus grace à ce systeme de reflet sans miroir.  
Les non-philosophes postulent que l’essence de l’Homme n’est pas au Monde, l’essence de l’homme, ou le Reel-Un (c’est la meme chose selon l’unitaxe des non-philosophes) est immanence radicale, identite radicalement forclose aux Autorites, à l’histoire, la langue…au Monde, en ce que la « decision philosophique » en constitue la forme, comme pensee-monde.
Les philosophes pretendent determiner le Reel et agir dessus, toujours la meme dualite amphibologique entre theorie et pratique…les non-philosophes pose le Reel-Un comme forclos à la pensee qu’il determine, sans que celle-ci le determine en retour, de ce fait il n’est plus question d’agir sur ce Reel, mais au contraire d’agir sur la pensee, de produire une nouvelle economie de pensee, qui cesse de rapporter l’immanence à l’etre, mais selon le Reel-Un. L’œuvre des non-philosophes est la production, non pas d’une docte ignorance mais d’un  savoir indocte, qui consiste à cloner les enoncés philosophiques eet tout plein de suffisance  au « Tout-philosophaple », de reduir la philosophie comme un materiau, qu’il traiter selon les theoremes qui sont tires de la radicale forclusion au Monde,à l’Etre,à La philosophie... du Reel-Un, considere comme axiome.
 A la lettre le Reel n’(est) pas, il n’existe pas… le Reel-Un ou essence de l’Homme dans son immanence radicale (à) soi, peut etre dit Un-en-Un.  
 
 
« ne faites pas comme les philosophes… osez inventer la philosophie ! »


 
Intéressant mais tout cela n'ajoute rien à la connaissance que nous avons déjà de Deleuze.
 
Pour Deleuze, comme pour Nietzsche, penser c’est "inventer des nouvelles possibilités de vie", de nouvelles façons de penser et de sentir. La pensée est novatrice, intempestive, inactuelle. La philosophie est vivante car elle est avant tout création de concepts. La philosophie ne reçoit plus ses problèmes des autres champs d’études ; désormais, elle est autonome et, quand elle importe des concepts ou des problématiques d’autres champs d’étude, elle les retravaille, les crée tout court. La philosophie existe comme une remise en question des choses car créer, c’est résister. De fait, la philosophie n’a pas à se poser le problème de son commencement ou de sa fin. Elle ne se manifeste pas comme l’avènement de la Raison : il n’y a pas "la" raison, mais des processus de rationalisation, divers selon les époques et les stratégies.
 
Si penser, c’est créer, alors ce ne peut être fonder, et dès lors la "vérité" n’existe plus en soi mais comme valeur de la pensée. La vérité comme valeur c’est "ce vers quoi la pensée se tourne". Ce qui se donne pour vrai participe en dernier lieu d’une invention, d’une création. Ce qui est créé, ce n’est pas telle vérité (proposition ou jugement), mais ce qui permet à cette vérité d’apparaître comme vérité ; c’est cela un "concept" au sens large que la philosophie crée. Le concept est donc quelque chose qui appartient aux conditions ultimes qui se tiennent derrière ou dans nos vérités, ce n’est pas quelque chose d'abstrait ni une proposition. La pensée est une expérimentation, et la philosophie est liée au paradoxe : La "Vérité" vaudrait une fois pour toutes ; elle est donc en dehors des processus mobiles, ab-straite, c'est à dire morte car figée. Il faut considérer l’arrière-plan sur lequel se développe la pensée et que Deleuze appelle "l’image de la pensée". L’image de la pensée est synonyme de manière de penser ; se sont les réquisits fondamentaux (pré-philosophiques) que la pensée implique dans son existence à une époque donnée. Le "vrai" n’est pas l’élément de la pensée, c’est un universel abstrait coupé "des forces réelles qui font la pensée". Ce thème est repris et nommé "plan de consistance" ou "d’immanence" : ce plan n’est pas un concept, sinon il y aurait un concept supérieur, "concept des concepts", une sorte d’universel. Ce plan est une totalité "ouverte" et, tandis que les concepts sont "créés", le plan est "dressé". Tout en étant présupposé comme un "sol absolu", le plan ne préexiste pas à la création conceptuelle. Ce plan est fluide, dynamique, il oriente la pensée (cf. image de la mer). Ce plan est objet d’une pré-compréhension intuitive, non conceptuelle, et donc la philosophie dépens d’une intuition, qui suppose des moyens comme le rêve, l’ivresse, l’excès... Le plan d’immanence récuse la séparation être/pensée, car la pensée est volonté (au sens kantien de faculté qui crée l’objet de ses représentations), "puissance", et donc n’est pas une proposition ou un jugement, ces dernières supposant des données, une réalité préalable. Pour que l’interprétation de l’être soit réellement infinie, il faut affirmer l’identité de l’être et de la pensée. C’est par une même position (ou "interprétation" ) que se distribue la pensée (ou sens) et la réalité (ou être). Penser, c’est "inventer de nouvelles possibilités de vie", c'est à dire de nouvelles manières de sentir/penser, car vivre est, pour nous, penser. C’est la vie (non biologique) qui permet de juger de la "vérité" de nos discours.
 
Mais si la pensée ne "fonde" pas le vrai, comment peut-elle éviter l’arbitraire ? L’être ou le devenir sont impensable, et la philosophie doit les affronter avec les moyens du bord, précaires ; les concepts doivent sans cesse se renouveler pour suivre les changements de l’être. La philosophie est une aventure, qui quitte le sol des certitudes, et affronte le chaos sur des radeaux qui sont des "plateaux". Toute pensée (art, science, philosophie) affrontent le chaos mais avec des moyens différents. L’image de la pensée n’est pas l’autre de la Raison, mais une autre forme de rationalité, celle du sens, de l’événement, qui relève d’une autre logique. Il n’y a ni fondement, ni essence, ni sujet transcendantal, mais des "raisons", des processus divers de rationalisations. Foucault développe une théorie similaire dans sa notion des "régimes de vérité" : la vérité n’est pas tel contenu propositionnel, évidence ou factualité, mais les règles implicites, les critères, qui, à chaque époque, permettent de "tenir pour vrai". cf. Foucault, Vérité et pouvoir, L’Arc, n°70 : "La vérité n’est pas hors pouvoir ni sans pouvoir... La vérité est de ce monde ; elle y est produite par de multiples contraintes... Chaque société a son régime de vérité, sa "politique générale" de la vérité... Il y a un combat "pour la vérité", ou du moins "autour de la vérité" – étant entendu encore une fois que par "vérité" je ne veux pas dire "l’ensemble des choses vraies qu’il y a à découvrir ou à faire accepter", mais "l’ensemble des règles selon lesquelles on démêle le vrai du faux et on attache au vrai des effets spécifiques du pouvoir". cf. Ordre du discours, p. 16. La philosophie de Nietzsche comme celle de Deleuze et Foucault n’est pas une philosophie du vrai mais de la véridiction (du dire vrai). Ce n’est pas un scepticisme mais la reconnaissance de "pratique communes", variant selon les époques.
 
On ne pense donc pas en commençant, mais au milieu, dans une immanence pure. Le multiple est pensée avec l’idée du rhizome, qui est un milieu, qui "pousse" ses déploiements à partir de n’importe lequel de ses points (contre l’arborescence). Ce qui compte est l’hétérogenèse, un mode de développement qui opère sans qu’il y ait division d’une unité antérieure. L’absence de fondement permet de penser la création de concepts comme expérimentation, comme agencement. La philosophie de Deleuze est avant tout une théorie des multiplicités (événements, singularités, plateaux, rhizomes…) et une théorie de l’image de la pensée (dénonciation des obstacles qui défigurent la pensée comme création de concepts, et corrélativement ouverture sur un "penser autrement" ), et ces deux aspects n’ont de sens que par rapport à l’immanence. Cette pensée refuse l’originaire du fondement, car un être immanent, qui réside absolument en soi-même, ne peut qu’être à chaque instant "principe" et "point de départ" de son devenir. Mais cette "centration", ce repli sur soi, n’est pas un foyer stable qui couronnerait l’ensemble, car ce serait sortir de l’immanence. Le plan de l’immanence ne peut être ramené à un sujet, et l’identité est un entrecroisement de lignes de force, et les multiples dimensions sont "plates". Tout est fait de forces/rapports de forces ou de flux/lignes, car toute force trace une ligne, soit de déploiement et de transformation (ligne de fuite), soit de repos et de stabilisation (strate, segment). La généalogie devient alors cartographie, étude des lignes : "c’est pourquoi chaque chose a sa géographie, sa cartographie, son diagramme". L’être dans son immanence est à penser comme ce qui est "entre" ou au "milieu" de toutes les lignes d’expansion ; "les choses et les pensées poussent ou grandissent par le milieu, et c’est là qu’il faut s’installer". "Toutes les multiplicités sont plates en tant qu’elles remplissent, occupent toutes leurs dimensions : on parlera donc d’un plan de consistance des multiplicités, bien que ce "plan" soit à dimensions croissantes suivant le nombre de connexions qui s’établissent sur lui". "Une telle multiplicité ne varie pas ses dimensions sans changer de nature en elle-même et se métamorphoser. A l’opposé d’une structure qui se défini par un ensemble de points et de positions". La multiplicité est faite de lignes de transformation qui la font changer de nature. Le rhizome "n’est pas fait d’unités, mais de dimensions, ou plutôt de directions mouvantes". Il est composé de "plateaux", soit des espaces de variation continue d’intensités non aimantées par une fin extérieure, et ces plateaux eux-mêmes poussent par le milieu. Ce n’est plus l’être qui est en jeu mais le "et", qui n’est pas une simple relation mais l’essence même de la relation. Cette nature conjonctive est pensée à partir de la notion d’agencement, qui est l’unité réelle minimale. C’est une unité de co-fonctionnement qui conjoint des termes ou des lignes essentiellement hétérogènes. Un agencement peut être divisé selon deux axes :
 
– Selon l’axe contenu/expression, un agencement comprend dans son hétérogénéité aussi bien des états de chose (des agencements d’effectuation) que des énoncés (agencements d’énonciation), des mots que des choses.
 
– Selon la nature des mouvements dont sont animées les lignes qui les composent, et qui ne cessent de coexister (ils sont pris l’un dans l’autre) et de s’opposer : lignes de déterritorialisation (des lignes de fuite, qui comme variations intensives ou moléculaires échappent aux codifications binaires propres à l’autre type de lignes) et des lignes de reterritorialisation, de codification (arrêt du mouvement et répartition des termes fixés dans des oppositions duelles, soit toutes les formes de strates ou segments qui mettent en jeu des dualismes).
 
La positivité comme création n’est pas toujours (mais c’est le plus fréquent) du côté des seules lignes de fuite, qui ont leur danger. Les lignes de fuite s’engendrent en défaisant les dualismes propres au premier type de lignes. Il peut y avoir un troisième type de lignes, entre deux lignes segmentaires (rigidement fixées dans leur opposition), créatrices, qui poussent par le milieu et qui construisent le plan d’immanence. Mais elle ne sont créatrices que dans leur usage, car c’est au milieu que surviennent les dangers que la cartographie doit repérer.
 
L’équivalent temporel du milieu est une sorte de présent permanent, c’est l’être de l’intempestif, il est l’actuel de tous les temps en tant qu’inassignable. Il fait partie du devenir même. Le milieu implique une spatialité spécifique qui n’est pas un centre, et une temporalité spécifique. Entrer dans un devenir, c’est sortir de l’histoire, c’est cela un événement, en tant qu’il est distinct de son effectuation. Le devenir comme événement est "entre", mais n’est pas l’échange entre deux termes : il est "entre" comme une ligne de fuite.
 
L’abstrait ne devient extérieur et supérieur au plan d’immanence que grâce à sa connection à une opération de généralisation/unification. Ce qui est séparé peut rester à titre de "coupure" dans le plan. Pour qu’il y ait transcendance, il faut qu’il y ait une verticalité, qui procède à l’unification. Cette dernière est en "survol" par rapport à ce divers. Mais cette opération de survol ne peut donner de l’universel que dans la mesure où elle s’immobilise. Sans l’abstraction, il n’y aurait pas de fixation. Il faut l’abstraction, pour une fixation, et une unification (généralisation) pour qu’il y ait de la transcendance.
 
Le concept deleuzien comme variation intensive n’est pas un universel, car l’universel n’appartient pas au plan d’immanence mais est dans une dimension superposée et distincte. Soit n les dimensions du plan, l’universel est n + Un, et le multiple et l’immanence est n - Un. Le concept deleuzien est une multiplicité. C’est un continuum de variations (un plateau ou une multiplicité). Les connections qu’opère l’être sont nécessaires pour en dégager le concept ; les questions ne sont pas "qu’est-ce que ?", mais "dans quel cas, où, comment... ?". On comprend cela avec le Cogito cartésien : soit les concepts de doute/pensée/être, ce sont des flux ou plateaux, des variations intensives car douter peut avoir des sens différents : doute sensible, scientifique, obsessionnel, métaphysique... De même pour "Penser" : sentir, imaginer, conceptualiser... en sont ses degrés. Ces variations peuvent entrer en rapport de voisinage, et leur permettre de passer de l’une à l’autre : je doute = je pense = je suis.
 
Le concept est ce qui connecte de telles lignes de variation (plateaux) suivant leur compatibilité propres. L’espace consistant de co-variation ou de co-fonctionnement, c’est le concept ou le rhizome. Il n’y a pas de rapports de compréhension (genre) ou d’extension (espèces) dans le concept, il n’y a que des rapports d’ordination, et les composantes du concept ne sont pas des constantes/variables mais de pures et simples variations ordonnées selon leur voisinage. Pourquoi cette théorie du concept comme différenciant, une liaison de singularités intensives groupées de manière consistante, et non l’identité fixe d’un ensemble de déterminations abstraites et universelles ? Parce que l’être est devenir (Héraclite), variation infinie des déterminations. Tout change selon des degrés de vitesse différents, tout est affaire de lenteur/vitesse. La montagne le plus immobile a des vitesses de changement. Il n’y a que des flux dans les choses et dans la pensée elle-même, car ces deux dimensions ne sont pas séparables. Un plateau, un concept, se forge dans un plan à deux faces, plan de consistance ou d’immanence, qui comprend d’un côté la pensée et de l’autre l’être. Dans les concepts philosophiques, la chose est créée en étant construite, dans un même geste de position/indication. Tant qu’un concept arrive à tenir des déterminations qui le composent à titre de variables, il a une consistance qui fait sa force, c'est à dire sa vérité. Les choses sont de telles lignes à démêler, et donc le concept doit exprimer ces lignes de force et de tension, les circonstances ou les limites de variation. Le concept se rapporte donc à des "événements" (rencontres, croisements de lignes...) et non à une essence.
 
Le concept ne peut éviter l’unité : il est l’unité de multiples déterminations. L’unité, le commun, n’est pas un universel, mais une mise en commun, une connection de variables. C’est une unité de co-fonctionnement, de co-variation ayant une consistance. Mais comment cette consistance a-t-elle son unité ? Cette unité se fait par un parcours transversal des composantes (traits qui composent le concept). Il y a quelque chose qui passe de a à b, qui est une zone ab où les deux termes ne sont plus distincts. Le point conceptuel ne cesse de parcourir ses composantes, mais ce parcours est un survol. Ce survol est incessant, et sans lui il n’y aurait pas d’unité du concept. Le concept est une ritournelle. Cette vitesse de survol doit être "infinie", non seulement pour que le parcours soit incessant, mais aussi pour que l’unité du point conceptuel se donne comme point. Le concept doit être co-présent sans distance à toutes ses composantes ou variations. Les éléments du plan (les traits diagrammatiques) ou les traits intensifs du concept ont en commun la vitesse infinie. Entre ses déterminations et le concept, il ne peut y avoir de distance (pas de "représentation" ). L’unité deleuzienne n’est qu’une vitesse, infinie, interne au multiple, et qui n’implique aucune dimension supplémentaire. Le concept deleuzien est un tout qui totalise ses composantes, mais il coordonne des singularités, des traits intensifs, et non des abstractions (concept comme ensemble de singularités).
 
La transcendance est toujours un repos, elle arrête le mouvement. La création de concepts ne peut avoir lieu sans que soit dressé un plan d’immanence, comme image de la pensée et "milieu" de la connexion des variations intensives, les multiplicités peuplant toujours un plan d’immanence. Mais la grande tentation est d’attribuer l’immanence à quelque chose (Matière ou Esprit par ex.). Rapporter le plan d’immanence à un fondement entraîne la constitution de grands transcendantaux. Le plan d’immanence s’instaure comme un crible sur le chaos.
 
Comment se fait-il qu’il y ait pluralité des plans d’immanence, et en même temps un seul plan ? Il est unique puisqu’il est "variation pure". Le plan d’immanence est feuilleté, car chaque plan a sa manière à lui de faire de l’immanence. Chaque plan particulier ne retient ou prélève du chaos que les traits (diagrammatiques ou d’orientation, et qui cartographient l’image de la pensée) qu’il peut plier ensemble, mais il ne peut tous les retenir sans devenir l’infini du chaos. On ne peut penser qu’en ralentissant ou sélectionnant quelques déterminations que la pensée peut plier, lier et stabiliser ensembles. Mais, avec ce ralentissement, nous réintroduisons de la transcendance, nous nous rendons prisonniers d’un horizon relatif, et l’immanence est toujours à recommencer pour les êtres lents que nous sommes. La philosophie n’est pas de l’ordre de l’avant/après, elle n’a pas d’histoire, elle est devenir, coexistence de plans et non succession de systèmes.
 
On a donc chez Deleuze :
 
– un héraclitéisme des flux, et c’est un mobilisme des singularités, des intensités. Les formes et les structures ne sont que des dépôts momentanés et superficiels.
 
– un pluralisme des différences, comme différences de vie et de pensée. Mais c’est un pluralisme différencié, puisque ces différences dans les modes d’existence ne sont pas indifférentes mais se différencient, en sens et en valeur, selon leur teneur en vie, en inventivité et en création.
 
– L’immanence est celle de la vie elle-même, et c’est au sein de cette vie que se déploient les diverses formes de pensée.


Message édité par l'Antichrist le 09-02-2006 à 20:13:59
n°7626988
rahsaan
Posté le 09-02-2006 à 20:07:46  profilanswer
 

Bravo Alcyon, tu as réussi à déchaîner le torrent de l'Antichrist. :D Bravo en tous les cas pour cette fabuleuse explication ! :D


Message édité par rahsaan le 09-02-2006 à 20:16:52
n°7627052
Ache
immatriculé-conception
Posté le 09-02-2006 à 20:16:26  profilanswer
 

alcyon36 a écrit :

... mais tout le probleme justement [...], c'est de poser l'essence de lhomme comme inalineble par le monde...c'est une sorte de gnose non-religieurse.


Avec de l'enthousiasme et dans un élan rassembleur, le voeu que tu formules est quasi-exactement celui de la phénoménologie matérielle (que je commence à voir partout) : il y a une immanence radicale, il y a un savoir absolu qui n'est ni à déterminer ni à déduire mais il est "simplement" à lire, et cette épreuve à lire constitue l'élan originaire qui permettra, et seulement alors, de rendre l'Homme visible au monde, c'est à dire extériorisé. De plus, cette formule de "gnose non-religieuse" me plaît beaucoup ! Bien sûr, dans la phénoménologie matérielle, il est question d'un certain absolu inavouable à notre modernité, mais je ne le vois pas comme étant l'essentiel... Bref, comme Rahsaan, ce que tu présentes m'intéresse aussi, mais c'est comme si nous (moi-même) le savions déjà ! Et là tu me diras que c'est cela même la philosophie !!
 


---------------
Parcours étrange
n°7627064
Baptiste R
Posté le 09-02-2006 à 20:17:22  profilanswer
 

Citation :

le philosophe est legislateur, il est causa prima…


C'est assez fort comme termes... le combat de Deleuze dans les pas de Spinoza pour abattre le dieu législateur et démiurge ne serait qu'un coup d'état pour s'installer sur le trône ? Je n'aurais jamais pensé rencontrer quelqu'un trouvant la pensée de Deleuze encore par trop transcendante. :)
 
 

Citation :

« il cree des valeurs nouvelles sur des tables nouvelles ». Le but n’est pas avoir un nouveau monde, où les nouvelles valeurs et les nouvelles tables d’aujourd’hui seront les valeurs établies de demain !!! La philosophie est par essence politique, en un sens, à la fois fasciste et delirant sur des lignes de fuites revolutionnaires… ce qui compte pour la philosophie ce n’est pas l’histoire et ses effectuations, « mais l’evenement en tant qu’il depasse sa propre effectuation, c’est le devenir comme substance du concept » (Deleuze) :
 
« Les revolutions, parlons en ! Je veux parler des revolutions qu’on peut encore montrer parce qu’elles vous servent, parce qu’elles vous ont toujours servies… ces revolutions qui sont de l’histoire, parce que les histoires ca vous amuse, avant de vous interesser. Et quand ca vous interesse, on vous dit qu’il est trop tard,qu’il en vient une autre. Lorsque quelque chose inedit vous choque, et vous gene, vous vous arrangez la veille, toujours la veille, pour retenir une place dans un palace d’exiles, entoure du prestige des deracines…les racines profondes de ce pays,c’est vous parait il, et quand on vous transbahute d’un desordre de la rue comme vous dites, à un ordre nouveau, vous vous faites greffer au retour… et on vous salut!!!» (Leo Ferre in Il n’y a plus rien)


J'avoue avoir du mal à te suivre (donc pardonne-moi si ma réponse est à coté de la plaque. Reproches-tu à Deleuze et à d'autres d'être des idéologues ? Rien n'est plus éloigné du projet de Deleuze ; son devenir révolutionnaire "pour un peuple qui n'est pas encore", c'est pas fournir des idées pret-à-porter aux masses et aux tyrans, voyons ! Comme dirait Ferré, "dans dix mille ans !"
 

Citation :


Le 11 septembre, c’est la trahison de toute revolution


Je ne vois pas en quoi, pourrais-tu développer ?
 
 

Citation :


Le philosophes est ce createur de valeurs ou de concepte, il pretend determiner ce qui merite l’interet de « l’homme ordinaire ». A la lettre, le philosophe se pose comme ce qui constitue l’irreductible dignite de l’homme en son essence. On peut dire, à la limite, que pour un philosophe il existe une necessite d’entree en philosophie, pour etre un homme en tant que tel.


Deleuze (à supposer que ce passage de ton message y réfère toujours) dit pourtant clairement qu'il n'y a pas de prééminence de la philosophie sur l'art et la science.
Et tu emploies indifférement "valeur ou concept", rapprochement qui est tout de même assez fort ! Les valeurs, ça regarde chacun de nous, les concepts ça regarde les philosophes !
 
 

Citation :


La philosophie, et ses dépendances que sont les sciences humaines, pretendent toujours determiner l’essence de l’homme comme relation au Monde, aux Autorités, c'est-à-dire l’Histoire, la Langue, le Sexe, la Societe… toujours ces melanges dont on a parler, mixtes onto-logiques ou anthropo-logiques, au bout du compte toujours la meme identite onto-noologique. On pense toujours l’essence de l’Homme celui qui parle, celui qui desir, celui qui subit et créer l’histoire…


Ben oui, quoi d'autre ? (Quoique parler d'essence soit un peu... bref) Si on zappe l'histoire, la langue, le sexe et la société, je me demande bien qu'est-ce qui reste à penser.
 

Citation :

Pour le philosophe l’homme est toujours aliene en son essence par le monde,


Si tu entends simplement que sa condition limite l'Homme, ok, mais chez la plupart des philosophes c'est un point de départ pour leur petite cuisine. Tout le monde n'est pas Léopardi, quoi.
 
Plus globalement, je trouve que ton exposé gagnerait à développer ses points cruciaux. Tu répètes que le réel est forclos, et que la pensée ne peut le déterminer et qu'il faut fonder une nouvelle économie de la pensée. Mais qu'entends-tu par là ? Si je t'interprete de la façon la plus radicale (Deleuze dirait peut-être la plus malveillante :)), la pensée est impossible si le réel est forclos. N'importe quelle pensée. Comment penser sans agir le réel ? Tu proposes une immanence si totale qu'elle se confonde avec le réel ? Mais la pensée c'est précisement se décaler du réel, discriminer "moi/le monde" (ce qui ne veut pas dire qu'ils soient chacun de leur coté... hein !). Comme dirait Lévinas, le mal c'est s'en tenir à l'Etre, prendre l'Etre pour seule légitimité !
Voilà, j'ai peut-être fait une lecture très caricaturale de tes messages, mais c'est important les idiots.
 
 
 
Au fait Rahsaan, à propos de ton analyse de la honte chez Deleuze, sais-tu qu'il n'en parle pas seulement dans son Abécédaire mais aussi dans Qu'est-ce que la philosophie ? (il insiste aussi sur ce terme dans son texte La grandeur d'Arafat - je ne sais pas si c'est très fréquent chez Deleuze).
Et tant que j'y suis, Lévinas fait une analyse de l'insomnie dans de l'Existence à l'existant.
Voilà, je signale ça à tout hasard. :)

n°7627115
rahsaan
Posté le 09-02-2006 à 20:23:12  profilanswer
 

Baptiste R a écrit :

Au fait Rahsaan, à propos de ton analyse de la honte chez Deleuze, sais-tu qu'il n'en parle pas seulement dans son Abécédaire mais aussi dans Qu'est-ce que la philosophie ? (il insiste aussi sur ce terme dans son texte La grandeur d'Arafat - je ne sais pas si c'est très fréquent chez Deleuze).
Et tant que j'y suis, Lévinas fait une analyse de l'insomnie dans de l'Existence à l'existant.
Voilà, je signale ça à tout hasard. :)


 
Ah oui ? Merci pour ces deux références. :)
C'est marrant tiens, le livre de Levinas, je l'ai chez moi : j'ai dû l'ouvrir ya 4-5 ans (je me souviens qu'il y parle de la paresse notamment) mais j'irai revoir ce qu'il dit de l'insomnie. :)

n°7627124
alcyon36
Posté le 09-02-2006 à 20:24:21  profilanswer
 

je viens de prendre une petite douche et je retrouve bcp de questions  à ma porte;)


---------------
"la pensée de l'être est le souci porté à l'usage de la langue" Heidegger
n°7627131
rahsaan
Posté le 09-02-2006 à 20:25:19  profilanswer
 

Ache a écrit :

Bref, comme Rahsaan, ce que tu présentes m'intéresse aussi, mais c'est comme si nous (moi-même) le savions déjà ! Et là tu me diras que c'est cela même la philosophie !!


 
Ca m'a fait un peu la même impression. Méfiance toutefois : rappelons-nous Bergson qui disait que l'esprit fait tout ce qu'il peut pour ramener l'inédit à du déjà-connu avant d'admettre enfin, péniblement, l'advenue de la nouveauté. ;) Donc il y a sans doute dans cette non-philosophie des choses qui ne sont ni chez Deleuze ni chez Heidegger, quoique ça y ressemble beaucoup à première vue.

mood
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Posté le 09-02-2006 à 20:25:19  profilanswer
 

n°7627134
Baptiste R
Posté le 09-02-2006 à 20:25:31  profilanswer
 

Citation :

c'est de poser l'essence de lhomme comme inalineble par le monde...c'est une sorte de gnose non-religieurse.


C'est marrant cette référence à la gnose, parce que la non-philosophie parait en être tout l'inverse. Le gnosticisme, c'est un déchéance de l'Homme de Dieu vers un réel physique essentiellement mauvais, inadéquat. Leur mysticisme est donc une remontée vers l'Esprit, alors que la non-philosophie, si je comprend bien, est un refus de toute idéologie, de tout système surplombant pour "descendre" au plus près de l'Etre.

n°7627136
rahsaan
Posté le 09-02-2006 à 20:25:53  profilanswer
 

alcyon36 a écrit :

je viens de prendre une petite douche et je retrouve bcp de questions  à ma porte;)


 
Une non-douche près de ta non-porte ?  :o
Aaaah, j'ai compris, Laruelle est disciple de Mallarmé, ok. :D


Message édité par rahsaan le 09-02-2006 à 20:26:39
n°7627147
l'Antichri​st
Posté le 09-02-2006 à 20:26:51  profilanswer
 

Citation :

Tu proposes une immanence si totale qu'elle se confonde avec le réel ? Mais la pensée c'est précisement se décaler du réel, discriminer "moi/le monde" (ce qui ne veut pas dire qu'ils soient chacun de leur coté... hein !). Comme dirait Lévinas, le mal c'est s'en tenir à l'Etre, prendre l'Etre pour seule légitimité !


 
Non !!! Quant à Lévinas, relisez le...

n°7627155
rahsaan
Posté le 09-02-2006 à 20:27:55  profilanswer
 

l'Antichrist a écrit :

Citation :

Tu proposes une immanence si totale qu'elle se confonde avec le réel ? Mais la pensée c'est précisement se décaler du réel, discriminer "moi/le monde" (ce qui ne veut pas dire qu'ils soient chacun de leur coté... hein !). Comme dirait Lévinas, le mal c'est s'en tenir à l'Etre, prendre l'Etre pour seule légitimité !


 
Non !!! Quant à Lévinas, relisez le...


 
Penser, ce serait plutôt "décaler le réel", d'ailleurs. [:aloy]


Message édité par rahsaan le 09-02-2006 à 20:28:06
n°7627176
Baptiste R
Posté le 09-02-2006 à 20:30:57  profilanswer
 

l'Antichrist a écrit :

Citation :

Tu proposes une immanence si totale qu'elle se confonde avec le réel ? Mais la pensée c'est précisement se décaler du réel, discriminer "moi/le monde" (ce qui ne veut pas dire qu'ils soient chacun de leur coté... hein !). Comme dirait Lévinas, le mal c'est s'en tenir à l'Etre, prendre l'Etre pour seule légitimité !


 
Non !!! Quant à Lévinas, relisez le...


Et voilà...
J'ai failli virer mon message, j'aurais du le faire.

Message cité 1 fois
Message édité par Baptiste R le 09-02-2006 à 20:31:39
n°7627185
rahsaan
Posté le 09-02-2006 à 20:31:57  profilanswer
 

Baptiste R a écrit :

Et voilà...
Je voulais virer mon message, j'aurais du le faire.


 
Hé bah wé, mais trop tard : l'Antichrist t'attendait au tournant. [:spamafote]
 :D

n°7627243
alcyon36
Posté le 09-02-2006 à 20:40:25  profilanswer
 

antichrist non plus tu ne m'apprends rien sur Deleuze... je ne parlais de Deleuze que comme cause occasionnale, comme symptome de la decision philosophique, qui est auto-position et auto-donation. le Reel est pour Laruelle le donné-sans-donnation.
Deleuze est il ideologue? qu'entendez vous par ideologie?
je ne pense pas que ce soit  Deleuze le probleme.C'est comme tous les 5ans on nous sort une etude pour nous montrer comment Heidegger a introduit le fascisme en philosophie... mais Heidegger ne fait que symptome à la philosophie, tout au plus.


---------------
"la pensée de l'être est le souci porté à l'usage de la langue" Heidegger
n°7627286
alcyon36
Posté le 09-02-2006 à 20:47:05  profilanswer
 

la philosophie n'est peut etre pas superieur selon Deleuze à la science et l'art, mais par les concepts, c'est elle qui à le pouvoir de rendre compte de l'indiscernabilite, des rencontres!!! de l'occursus comme dirait Spinoza.
et la transmission de la philosophie se fait aussi entre elite, le philosophe est aristocrate, il ramasse la fleche envoyer du passe par un de ses predecesseurs pour l'envoyer autre part... la philosophie pour Deleuze meme si elle suppose une lecture non-philosophique (qu'elle determine comme autre-que-la-philosophie) evolue de cimes en cimes.


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"la pensée de l'être est le souci porté à l'usage de la langue" Heidegger
n°7627293
alcyon36
Posté le 09-02-2006 à 20:48:34  profilanswer
 

la philosophie n'est peut etre pas superieur selon Deleuze à la science et l'art, mais par les concepts, c'est elle qui à le pouvoir de rendre compte de l'indiscernabilite, des rencontres!!! de l'occursus comme dirait Spinoza.
et la transmission de la philosophie se fait aussi entre elite, le philosophe est aristocrate, il ramasse la fleche envoyer du passe par un de ses predecesseurs pour l'envoyer autre part... la philosophie pour Deleuze meme si elle suppose une lecture non-philosophique (qu'elle determine comme autre-que-la-philosophie) evolue de cimes en cimes.


---------------
"la pensée de l'être est le souci porté à l'usage de la langue" Heidegger
n°7627313
rahsaan
Posté le 09-02-2006 à 20:51:47  profilanswer
 

Elle est donc deux fois plus forte.  :o

n°7627315
rahsaan
Posté le 09-02-2006 à 20:51:58  profilanswer
 

Elle est donc deux fois plus forte.  :o

n°7627438
alcyon36
Posté le 09-02-2006 à 21:10:44  profilanswer
 

et deux fois plus cremeux


---------------
"la pensée de l'être est le souci porté à l'usage de la langue" Heidegger
n°7627447
alcyon36
Posté le 09-02-2006 à 21:11:12  profilanswer
 

et deux fois plus cremeux


---------------
"la pensée de l'être est le souci porté à l'usage de la langue" Heidegger
n°7627457
rahsaan
Posté le 09-02-2006 à 21:12:08  profilanswer
 

alcyon36 a écrit :

et deux fois plus cremeux


 
Voilà. :o
 
A part ça, tes exposés m'ont donné envie de m'intéresser à cette non-philosophie. ;) J'étais déjà tombé sur un site parlant de Laruelle... peut-être par ton biais, si tu es déjà venu en parler ici ?  :??:

n°7627466
alcyon36
Posté le 09-02-2006 à 21:12:58  profilanswer
 

non c'est la premiere fois pour moi sur ce forum, je suis encore une jeune pucelle;)


---------------
"la pensée de l'être est le souci porté à l'usage de la langue" Heidegger
n°7627472
rahsaan
Posté le 09-02-2006 à 21:13:46  profilanswer
 

alcyon36 a écrit :

non c'est la premiere fois pour moi sur ce forum, je suis encore une jeune pucelle;)


 
Mwarf, t'as eu droit à une remontrance de l'Antichrist : t'as passé le bizuthage, tu fais partie de l'école maintenant. :D

n°7627479
alcyon36
Posté le 09-02-2006 à 21:14:49  profilanswer
 

je te conseille de lire "la biographie de l'homme ordinaire" et "les principes de la non-philosophie"
il fait aussi une tres bonne lecture des contemporains dans "les philosophies de la difference"


---------------
"la pensée de l'être est le souci porté à l'usage de la langue" Heidegger
n°7627487
alcyon36
Posté le 09-02-2006 à 21:16:13  profilanswer
 

j'ai vu, enfin ce qu'il disait sur Deleuze ne me derange pas, suffit de le lire.


---------------
"la pensée de l'être est le souci porté à l'usage de la langue" Heidegger
n°7627488
rahsaan
Posté le 09-02-2006 à 21:16:27  profilanswer
 

Pas trop le temps en ce moment. Mais j'ai trouvé qqes sites qui en parlent. Je m'en contenterai pour l'instant, pour avoir une première approche. ;)

n°7627489
alcyon36
Posté le 09-02-2006 à 21:16:34  profilanswer
 

«  le non-philosophe ne se veut pas un para-prêtre, un peri-scientifique, ou un pseudo-artiste. En ce sens, son travail ne consiste pas à parler du Reel comme s’il operait la synthese de la culture.Pretend-il pour autant parler du Reel pur en dehors de toute surdetermination ?  Le Reel pur est un fantasme philosophique de phenomenologue. Le seul Reel qui soit d’experience immanente estle Reel qu’est chaque-Un. Les Identites sont donc toujours surdeterminees. Mais alors que la philosophie pratique la surdetermination comme fantasme interpretatif, la non-philosophie concoit la surdetermination comme un effet normal de la pratique de description, non comme son sens fondateur. Par exemple, les lois du mouvement de Kepler sont evidemment surdeterminees mathematiquement. Kepler n’en a pas moins extrait leur contenu reel. Les lois de Kepler ne constituent donc pas un melange de reel et d’interpretation. Il s’agit pour lui de proceder à une operation mathematique afin de decrire adequatement un contenu reel extrait des phenomenes naturels, et non pas un contenu fantasmique decide. En d’autre termes, la non-philosophie considere, sans naivete mais comme toute science, que la description ne compose pas le contenu. La philosophie bien sûr ne peut admettre une proposition aussi simplement modeste. » JL.Rannou


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"la pensée de l'être est le souci porté à l'usage de la langue" Heidegger
n°7627506
alcyon36
Posté le 09-02-2006 à 21:18:01  profilanswer
 

si ta pas lu Deleuze ou Nietzsche commence par les lire, c'est quand meme plus fondamental que Laruelle ;)


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"la pensée de l'être est le souci porté à l'usage de la langue" Heidegger
n°7627513
rahsaan
Posté le 09-02-2006 à 21:18:35  profilanswer
 

Que la description en compose pas le contenu, c'est ça que ça veut dire : le Réel est forclos à la pensée ?

n°7627516
alcyon36
Posté le 09-02-2006 à 21:19:29  profilanswer
 

en un sens axiomatique, oui


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"la pensée de l'être est le souci porté à l'usage de la langue" Heidegger
n°7627517
rahsaan
Posté le 09-02-2006 à 21:19:34  profilanswer
 

alcyon36 a écrit :

si ta pas lu Deleuze ou Nietzsche commence par les lire, c'est quand meme plus fondamental que Laruelle ;)


 
Si, si, je les ai lus, pas d'inquiétude. :D

n°7627524
alcyon36
Posté le 09-02-2006 à 21:20:46  profilanswer
 

on ne sait jamais, bcp de gens se contente de la lecture de commentaires...;)  


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"la pensée de l'être est le souci porté à l'usage de la langue" Heidegger
n°7627534
rahsaan
Posté le 09-02-2006 à 21:22:13  profilanswer
 

alcyon36 a écrit :

en un sens axiomatique, oui


 
Mais comment savoir que le Réel est absolument hors de la pensée ? C'est déjà atteindre qqch du Réel.

n°7627572
alcyon36
Posté le 09-02-2006 à 21:27:59  profilanswer
 

c pour ca que j'ai dit axiomatique, le Reel est le premier terme de l'axiomatique. il n'est pas question de savoir si le Reel est forclos, la non-philosophie le pose comme forclos et en tire les consequences pour la pensee à l'occasion d'ennoncés philosophiques.Mais il est aussi forclos à la non-philosophie, il est forclos à toute pensee. Si tu veux savoir si il est forclos, tu vas encore faire un melanfe amphibologique entre l'indecidable et la decision....


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"la pensée de l'être est le souci porté à l'usage de la langue" Heidegger
n°7627582
alcyon36
Posté le 09-02-2006 à 21:29:39  profilanswer
 

desole pour les nombreuses fautes qui ne sont parfois pas du tout des fautes de frappes, mais comme maintenant j'ecris sous l'effet de certaines drogues...so, soyez indulgent


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"la pensée de l'être est le souci porté à l'usage de la langue" Heidegger
n°7627597
rahsaan
Posté le 09-02-2006 à 21:31:27  profilanswer
 

alcyon36 a écrit :

c pour ca que j'ai dit axiomatique, le Reel est le premier terme de l'axiomatique. il n'est pas question de savoir si le Reel est forclos, la non-philosophie le pose comme forclos et en tire les consequences pour la pensee à l'occasion d'ennoncés philosophiques.Mais il est aussi forclos à la non-philosophie, il est forclos à toute pensee. Si tu veux savoir si il est forclos, tu vas encore faire un melanfe amphibologique entre l'indecidable et la decision....


 
Ouhlala, faudra que j'y repense à tête reposée.  :ouch:  :D

n°7627605
rahsaan
Posté le 09-02-2006 à 21:32:33  profilanswer
 

alterthon a écrit :

Bref, la non-philosophie est à la philosophie ce que l'apophatisme est à la théologie...


 
Comme disait Balzac : le canari est au pélican ce que la courtisane est à la maîtresse de maison.  
 
[:ddr555]
 
EDIT
Plus sérieusement, en matière d'apophatisme, de théologie négative, Saint-Augustin disait déjà que toute approche de Dieu, toute similitude de ma pensée avec Lui se paye par une dissimilitude encore plus grande.  ;)


Message édité par rahsaan le 09-02-2006 à 21:33:53
n°7627613
alcyon36
Posté le 09-02-2006 à 21:33:09  profilanswer
 

je viens de la relire... j'ai mal au crane!!!
la non-philosophie demain j'arrete, c'est pas bon pour mes petites meninges;)


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"la pensée de l'être est le souci porté à l'usage de la langue" Heidegger
mood
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