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Mais vous n'avez pas parlé du désir. Jai lu que Epictète disait que pour vivre heureux, il faut accepter les choses telles qu'elles doivent être.
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Chez Epictète, la philosophie est la connaissance du Moi. La connaissance du soi est un principe légitime pour conduire la vie, une vie conforme à l'homme. Il s'agit de la raison réfléchie parvenue à la pleine transparence d'elle-même. Le commencement de la philosophie est la prise de conscience de la faiblesse de la raison ce qui ne doit pas mener à désespérer de celle-ci (misologie...). La raison de cette faiblesse réside dans le gouvernement des idées non-réfléchies. Le stoïcisme marque la conscience aiguë du déchirement de l'individu. C'est en ce sens qu'il faut remplir une triple condition. Il faut d'abord comprendre le statut de l'opinion. Un passage du traité de Sénèque De la vie heureuse consiste à montrer que l'opinion de la multitude nous fait vivre non selon la raison mais selon l'image d'autrui. L'opinion est donc le règne de l'extérieur. La philosophie permet d'instaurer une intériorité véritable par rapport à soi. Il s'agit alors d'entrer en retraite en soi dans une partie non soumise à l'apparence, au regard d'un autre en soi qui est un autre que soi. Ce retrait permet la rencontre avec son principe directeur. Cette règle est possédée par les philosophes parce qu'ils possèdent une partie directrice posée de façon conforme à la nature. Le moi est du côté d'une raison raisonnable et rationnelle. C'est le critère de conformité à la nature : connaître la Nature universelle permet de fixer une finalité humaine. Enfin, sur le chemin de la philosophie on pense des degrés d'avancement puisque la philosophie est l'exercice de la sagesse. Cet exercice de la sagesse se scinde en trois sujets d'exercices. Le premier consiste à régler le désir en l'homme puisque les passions naissent de désirs inassouvis qui éloignent du véritable moi. Le deuxième consiste à posséder un usage correct de la volonté en rendant nos tendances conformes à la nature. Le troisième consiste à acquérir une fermeté de jugement qui sépare les représentations fantasmatiques et les représentations objectives.
Cette triple condition de réalisation de la philosophie est conforme aux trois activités de l'âme. Cette dernière reçoit des images qui proviennent du corps et elle développe alors un discours intérieur : l'assentiment. Le désir et l'impulsion dérivent de l'assentiment : on désire ou on agit parce qu'on tient un discours qui vise à satisfaire son désir ou à réaliser l'action. La philosophie en tant qu'elle est l'exercice de la sagesse se conforme aux trois activités de l'âme. Les trois domaines d'exercices permettent de solidifier l'âme. Le premier domaine consiste pour l'âme à reprendre chaque représentation pour qu'aucune subjectivité ne vienne s'ajouter à la réalité. Le deuxième domaine, celui des désirs et des aversions, vise au renoncement des désirs afin de ne plus désirer que le Bien moral. Le troisième domaine. celui de l'impulsion à l'action, est celui des actions convenables c'est-à-dire les actions qui portent sur des choses qui ne dépendent pas de nous (la politique ou la santé par exemple) mais qui sont conformes à l'essence humaine.
Il s'agit donc en premier lieu de discipliner l'assentiment. La discipline de l'assentiment consiste à n'accepter en soi que des représentations non-contaminées par des jugements de valeur subjectifs. C'est le sens de ce texte d'Epictète :
" Mon fils est mort. Qu'est-il arrivé ? Mon fils est mort. Rien de plus ? Rien. Le vaisseau a péri en mer. Qu'est-il arrivé ? Le vaisseau a péri. Il a été mené en prison. Qu'est-il arrivé ? Il a été mené en prison. Chacun ajoute spontanément : « Il est malheureux. " (cf. Entretiens, III, 8, 5)
Il faut donc tenter de n'inclure en soi que des représentations adéquates à la réalité. L'ignorant est tourné vers le monde, s'en afflige ou s'en inquiète : il est dans l'extériorité. Celle-ci est la marque de son ignorance dans la mesure où, en elles-mêmes, les choses ne sont ni bonnes ni mauvaises. C'est dans la mesure où l'on veut le monde tel qu'il est, et non tel qu'on voudrait qu'il soit, que l'on peut s'accorder avec lui. Les choses du Monde " suivent leur cours " : cette nécessité doit être comprise afin de ne pas être troublé ou affecté. Si les hommes sont troublés par les jugements sur les événements et non par les événements eux-mêmes, alors une voie s'ouvre pour atteindre la véritable liberté. Si les choses du monde extérieur n'ont pas d'influence sur le principe directeur alors la paix de l'âme est acquise. C'est donc par sa décision que l'âme est dans la vérité. Toute la discipline de l'assentiment est donc engagée dans cette vision puisque le stoïcisme vise à l'éradication des jugements de valeur subjectifs qui dénaturent la représentation, et ne la définissent nullement. Ainsi Epictète explique-t-il :
" Ce qui trouble les hommes, ce ne sont pas les choses, mais les jugements relatifs aux choses ; ainsi la mort n'est rien d'effrayant, car Socrate lui aussi l'aurait dans ce cas trouvée telle ; mais que l'on juge la mort effrayante, voilà bien l'effrayant. Lors donc que nous sommes contrariés, troublés ou affligée, n'en incriminons jamais autrui mais nous-mêmes, c'est-à-dire nos propres jugements. " (cf. Manuel, V)
Le véritable moi réside donc dans le principe directeur. Comme les murailles d'une ville, le principe directeur protège mon être tout entier. Il me protège dans la mesure où, en dernier ressort, il choisit de donner ou de refuser son assentiment.
La discipline du désir est celle sur laquelle porte de façon extrêmement intense le travail spirituel et les exercices stoïciens. La discipline du désir est même essentielle dans la mesure où elle consiste dans la maîtrise des passions. Il s'agit du terme d'exercice le plus important en ce sens que :
" (...) la passion naît toujours lorsqu'un penchant manque son but ou lorsque nous nous heurtons à un objet d'aversion. C'est ce qui amène troubles, désordres, infortune, malchance, ce qui produit les deuils, les gémissements, la haine, ce qui fait les envieux et les jaloux, tout ce qui nous rend incapables d'entendre raison. " (cf. Entretiens, III, 2)
La passion draine donc dans son sillage tout ce qui nous éloigne de notre véritable humanité. La discipline du désir tente la gageure de la maîtrise de nos passions dans la mesure où elle a pour tâche d'inclure les désirs humains dans le cadre de la Nature Universelle. Il s'agit de ne pas accepter le diktat des passions irraisonnées : il faut donc désirer ce que veut la Nature Universelle. La volonté stoïcienne est de placer l'homme au sein du Grand Tout. La cohérence est le maître-mot des Stoïciens : la discipline du désir montre cela parce que l'existence humaine doit se calquer sur la cohérence parfaitement organisée de l'Univers. C'est dans ce rapport que les Stoïciens apportent une innovation majeure dans l'histoire de la philosophie et rompent nettement avec Platon. Le courant stoïcien ne cherche pas à définir la vie dans son essence spirituelle c'est-à-dire en la pensant opposée à la corruptibilité et à la corruption corporelle :
" Au contraire, dans le Stoïcisme, le monde est un, et l'astronomie fait partie de la " physique " : les astres n'ont plus le privilège d'être éternels et incorruptibles ; ils suivent la même évolution que l'ensemble du monde, selon le rythme d'expansion et concentration alternées. Et le Logos divin, seul proprement éternel, reste immanent et corporel. Il gouverne de l'intérieur, comme le principe hégémonique en nous, le développement d'un organisme dont il maintient la cohésion et l'harmonie. Mettre sa raison en accord avec la Raison qui anime la nature universelle ne se borne donc pas à saisir intellectuellement une parenté : c'est la vivre. " (cf. G. Rodis-Lewis, La morale stoïcienne, p.28, PUF, 1972)
Toute l'intention stoïcienne n'est certes pas originale. Les Stoïciens ne sont pas les premiers à penser un ordre prédéterminé et le poids d'un destin qui pèse sur les épaules des hommes. Le Destin règne sur le monde tout est déjà joué, tout est joué d'avance. En ce sens, la problématique du macrocosme et du microcosme est extrêmement importante dans le stoïcisme.
Le thème de la Providence engendre une réflexion sur les rapports qu'entretiennent l'individu et le Tout. Quelle attitude adopter face aux décrets du Destin ? Cette question hante Sénèque :
" Les désirs sont nos maîtres et la durée de notre vie est arrêtée dès la première heure de notre naissance (...) Il y a longtemps que toutes nos joies et toutes nos larmes sont décrétées, et, si grande que puisse être la diversité apparente des existences individuelles, tout se ramène à un principe unique : éphémères, nous sommes voués à l'éphémère. " (cf. De la providence, V, 7)
Le nerf de la discipline du désir est donc double. D'une part, il faut accepter l'ensemble des causes et des effets de l'univers et comprendre que le monde n'est pas une suite de hasards, mais de résultats. L'enchaînement des causes produit l'enchaînement des effets. D'autre part, il faut vouloir l'événement tel qu'il est, sans l'interpréter, c'est-à-dire dans sa singularité spatio-temporelle. La discipline de l'assentiment et la discipline du désir sont donc liées dans l'approche du monde. Cette liaison a pour finalité de vouloir l'événement (discipline du désir) tel qu'il est (discipline de l'assentiment). De la naît une double attitude : à la fois on réunit toutes les causes physiques dans l'unicité d'un présent cosmique mais aussi on veut l'événement pur dans son effectuation présente la plus limitée. Le travail du microcosme vis-à-vis du macrocosme est donc double : accepter la totalité et vouloir l'événement dans sa singularité.
La discipline du désir permet la prise de conscience du moi par lui-même. Ce point infime de l'univers fait ainsi exploser le cadre limité et borné de son individualité. Le moi est auto-transfiguré quand il s'élève à la connaissance de l'ordre de l'univers. Sa raison, dans le cadre de la moralité, épouse alors parfaitement l'ordre universel. C'est par ce biais que l'homme atteint la liberté et peut s'approprier le rang qu'il lui revient. Ainsi Epictète écrit-il :
" Ne sais-tu pas quelle partie intime de l'univers tu es ? Je parle du corps ; car, par la raison, tu n'es pas inférieur aux dieux ni moins grand qu'eux ; la grandeur de la raison ne s'estime pas à la taille ou à la hauteur, mais aux jugements. " (cf. Entretiens, I, 12, 26)
Par la raison, nous pouvons accéder à la liberté morale. Celle-ci est la marque de la prise de conscience du fait que l'homme est une parcelle du tissu cosmique. Ma liberté est partiale, partielle et restreinte : la prise de conscience de ma place dans le Tout me fait accéder aux dimensions du cosmos. Je deviens principe de liberté au moment où j'accepte le Destin. Il n'y a cependant pas contradiction parce que le processus accepte un double mouvement. D'une part, le moi n'est qu'une minuscule partie de l'Univers. Le moi est déterminé par le Destin : la partie est déterminée par le Tout. Marc-Aurèle insiste souvent sur ce point :
" Souviens-toi de l'ensemble de la réalité, dont tu as une toute petite part, de l'ensemble du temps dont un court intervalle, un moment, t'a été réservé, du destin, en songeant quelle y est ta part. " (cf. Pensées, V, 24)
D'autre part, le moi a une valeur absolue en tant que conscience morale. Quand j'effectue un acte moral, ma liberté est absolue. C'est en ce sens que le microcosme peut faire exploser ses cadres limitatifs pour accéder aux dimensions cosmiques du macrocosme. Mon existence limitée spatio-temporellement s'élève alors à l'ordre de l'Univers. On peut alors voir que cette élévation n'est pas une envolée mystique parce qu'elle est liée au domaine de l'action, au domaine de la moralité. Accéder aux dimensions de l'Univers n'est possible que si on a dompté le désir c'est-à-dire si on veut que ce qui arrive, arrive comme cela arrive. Mais alors, comment faire pour que cette discipline du désir n'entrave pas le développement de notre impulsion à agir ? Nous devons nous rendre à l'action parce que l'impulsion active (hormé) est une fonction du principe directeur : celle précisément qui rend l'action possible parce qu'elle est liée au domaine du mouvement engendré par les représentations. Ne faut-il pas alors discipliner notre impulsion à agir puisque, si nous ne le faisions pas, nous ne pourrions discipliner le désir lui-même. Puisque le stoïcisme fait intervenir une nouvelle fonction du principe directeur (le désir, orexis), n'en arrivent-ils pas à redéfinir la discipline de l'impulsion ? Autrement dit, comment articuler la discipline du désir, ne vouloir que ce qui arrive, et l'impulsion qui pousse à l'action c'est-à-dire une forme d'engagement dans le monde ?
La logique de la discipline du désir est celle du consentement et de l'acceptation. Mais le monde appelle à l'action. L'homme agit parce que le principe d'action est au coeur de son essence. Or, l'homme est pris dans le tissu des relations humaines. L'action ne peut se développer que si elle est liée à un individu qui agit et à une sphère particulière d'action. L'homme agit parce que, comme les animaux, le principe spontané de sa nature est la conservation. Le développement humain est un processus qui débute par la sensation et qui est relayée par la raison. Agir, au sens fort du terme, c'est agir rationnellement, c'est agir selon la raison. La sphère de l'action humaine est la société : les actions des hommes n'ont de sens que dans le cadre social. L'action a toute sa valeur si elle s'applique à la société des hommes : l'activité familiale ou l'activité politique sont liées au tissu social. De là naissent les lois et les devoirs que doivent suivre les hommes. De la discipline du désir à la discipline de l'action, le champ de la raison se rétrécit : on passe de la contemplation de la raison universelle à la vie selon la raison humaine, la seconde étant une étincelle de la première.
L'homme est projeté dans le monde : il ne peut donc faire autrement qu'agir. Mais comment ? Cette question se divise en deux interrogations : d'abord, que faire concrètement ? Ensuite, comment agir si tout est indifférent ? Le seul bien est le bien moral. Ce n'est donc pas sur lui que porte la discipline de l'action puisque celle-ci porte sur la richesse, la gloire, la santé, bref sur tout ce qui ne dépend pas de nous. Ces choses nous sont indifférentes dans la mesure où elles dépendent du Destin. Mais alors, à quoi bon agir si tout est décidé par le Destin ? Tout simplement, à quoi bon agir ? Cette question ne se pose pas dans la mesure où nous ne pouvons pas faire autrement qu'agir. Nous savons que le seul bien est le bien moral mais il n'empêche que notre condition d'homme nous impose l'action comme elle nous impose le sommeil ou la respiration. Il est conforme à notre nature de participer à la vie sociale : on se rappelle que Marc-Aurèle était empereur. Nous assistons à la conciliation du stoïcisme et de la vie sociale. Le stoïcien n'est pas un être hors de la société ou un ermite qui se désintéresse de la vie des hommes. Il connaît la valeur de la vie sociale et sait adapter son attitude aux circonstances de la vie.
Quelle est l'orientation à suivre dans la vie ? Telle est précisément la question à laquelle répond des " actions appropriées " ou " actions convenables " (les kathékonta). Ces actions ne sont pas morales dans la mesure où elles ont une double face : elles dépendent de nous d'un certain côté mais ne dépendent pas de nous d'un autre côté. Pourtant, notre condition d'homme impose un code de conduite pratique. Tout ce qui n'est pas dans la sphère du bien moral est indifférent. Le stoïcien doit-il se marier, avoir des enfants ou s'insérer dans la vie politique ? Qu'indique la raison sur ce point délicat ? La raison reconnaît des actions naturelles à l'homme, naturelles en tant qu'elles sont conformes à la volonté de la nature. Ces actions idoines à la nature sont donc des devoirs. Ainsi peut-on comprendre les conseils que Sénèque délivre aux hommes jetés dans l'action. Il faut donc se rendre utile à la cité :
" Que dans les maisons particulières, aux spectacles, à table, il se montre honnête compagnon, fidèle ami, convive tempérant. Ne peut-il plus remplir ses devoirs de citoyen ? Il lui reste ses devoirs d'homme. »
Le progressant n'est pas encore sage : il est loin de la certitude absolue dans toutes les circonstances de la vie. Bien souvent, il doit vivre dans le vraisemblable. De la même façon que Descartes, qui n'a pas encore fondé la métaphysique dans son projet de fondation de la science, est conduit à ériger une morale provisoire, les Stoïciens doivent eux aussi vivre dans le probable c'est-à-dire dans le souci de la vie quotidienne.
Vivre, c'est avant tout vivre dans l'incertitude c'est-à-dire sans savoir si l'action parviendra à sa fin. Nous pouvons avoir l'intention de bien faire et pourtant, le Destin peut faire en sorte que notre action ne parvienne pas à la conformité d'avec notre intention. Nous pouvons avoir l'intention de réaliser une action convenable mais la matière de celle-ci peut nous échapper : je peux blesser quelqu'un que je veux aider parce que des circonstances peuvent contaminer la réalisation de l'action : au tir à l'arc, ma bonne visée ne peut empêcher le vent de déplacer la trajectoire de nia flèche. La question primitive revient toujours : comment s'orienter dans l'indifférence de la vie ? Quel est le critère nécessaire, suffisant et fiable qui permet d'éclairer l'action autant que faire se peut ? Un seul signe permet d'éviter l'irrésolution, c'est-à-dire l'inaction contraire à notre impulsion naturelle à agir : l'intention morale.
Notre volonté d'agir pour réaliser le bien moral engage toute notre humanité. Ainsi est-il déjà essentiel de vouloir être vertueux, et cela constitue un grand pas vers la vertu que de vouloir être vertueux. Par et dans les actions indifférentes ce processus trouve son champ réduit d'application. Il ne faut pas être indifférent face aux actions indifférentes : il faut avoir l'intention qu'elles atteignent un préférable en vue de la satisfaction de la communauté des hommes. Ce serait le revers du sophisme paresseux dénoncé par les Stoïciens (rien ne sert de vouloir être vertueux parce que le Destin l'a déjà décidé pour nous) et qui consisterait ici à se délester de rechercher le préférable sous prétexte que le Destin, au final, réalisera comme bon lui semblera la matérialité de l'action. Affirmer cela serait oublier que si la matérialité de l'action ne dépend pas de nous, notre intention de bien faire ne dépend que de nous.
De là naît sa force : rien ni personne ne peut nous empêcher de vouloir faire le bien, de le vouloir véritablement c'est-à-dire de tout mettre en oeuvre pour la réussite de l'action. Si tout ce qui est en notre pouvoir a été mis en oeuvre et que l'action échoue, alors l'occasion se présente à nous de pratiquer un autre exercice : l'acceptation active et joyeuse du Destin. L'action est donc parfaite " en son genre " si elle est conduite par une intention bonne. La volonté bonne colore donc toute action de la moralité même si le résultat n'est pas conforme à l'intention. Si nous avons une intention bonne, notre devoir d'homme est assuré : nous avons fait ce qui dépend de nous. Si le Destin en décide autrement, notre raison doit l'accepter joyeusement en comprenant la Raison universelle. Peu nous importe la matérialité de l'action : elle est la meilleure possible puisque nous vivons dans la meilleur des inondes possibles et le seul qui existe effectivement : La Providence assure l'ordre harmonieux du Tout. Nous avons donc affaire à un système de double englobement : l'intention bonne englobe toutes les actions et les teinte de moralité ; dans le même temps, toutes les actions sont englobées dans la volonté de la Providence. L'intention bonne est donc un îlot de liberté dans l'océan du déterminisme universel. L'intention bonne de l'homme s'identifie alors à l'intention bonne du Destin. Si la matière de l'action est en adéquation avec l'intention, alors l'acte vertueux l'est véritablement puisqu'il répond à une bonne intention. En ce sens l'action est vertueuse et pas seulement conforme à la vertu. Par contre, si la matière de l'action n'est pas en adéquation avec l'intention bonne, alors l'occasion est offerte d'accepter joyeusement l'harmonie du Tout.
L'intention bonne permet de faire en sorte que les actions que nous faisons soient véritablement nôtres et permet ainsi de se conformer à la raison, à notre partie maîtresse et ensuite à la raison universelle.
Message édité par l'Antichrist le 29-10-2004 à 08:44:52