Forum |  HardWare.fr | News | Articles | PC | S'identifier | S'inscrire | Shop Recherche
1558 connectés 

 


Quels sont pour vous les trois livres de philo à lire pour un honnête homme ?


 
15.4 %
 273 votes
1.  "La république" de Platon
 
 
6.7 %
 119 votes
2.  "La métaphysique" d'Aristote
 
 
15.7 %
 279 votes
3.  "l'Ethique" de Spinoza
 
 
1.5 %
    27 votes
4.  "Essai de théodicée" de Leibniz
 
 
15.0 %
 266 votes
5.  "Critique de la raison pure" de Kant
 
 
17.8 %
 315 votes
6.  "Par delà le bien et le mal" de Nietzsche
 
 
5.9 %
 105 votes
7.  "L'évolution créatrice" de Bergson
 
 
6.4 %
 113 votes
8.  "Etre et temps" d'Heidegger
 
 
7.5 %
 133 votes
9.  "Qu'est-ce que la philosophie" de Gilles Deleuze
 
 
8.1 %
 144 votes
10.  "Moi, ma vie, mon oeuvre" de obiwan-kenobi
 

Total : 2656 votes (882 votes blancs)
Sondage à 3 choix possibles.
Ce sondage est clos, vous ne pouvez plus voter
 Mot :   Pseudo :  
  Aller à la page :
 
 Page :   1  2  3  4  5  ..  211  212  213  ..  340  341  342  343  344  345
Auteur Sujet :

Philo @ HFR

n°14600581
rahsaan
Posté le 14-04-2008 à 17:49:35  profilanswer
 

Reprise du message précédent :
Etre digne de l'évènement, c'est un point crucial aussi.  
 
Si l'évènement est le surgissement d'une nouveauté imprévu, être digne de ce qui alors nous arrive suppose qu'on sache se rendre attentif à ce qui se passe au moment où cela se passe, et non pas avec du retard.  
 
Cela suppose aussi qu'on accepte cette nouveauté, sans la rejeter dans du déjà-connu, qu'on voit la nouveauté en tant que tel, et en quoi elle est unique (elle n'a jamais eu lieu, elle ne se reproduira pas).  
Cela suppose aussi un dépassement de soi vers cette nouveauté qui advient, qui nous saisit et nous requiert et enfin une humilité par rapport à un évènement dont la puissance est trop forte pour nous, donc un évènement qui nous dépasse.  
Cette dignité est autant faite d'orgueil (saisir ce qui advient) que d'humilité (ce qui advient nous dépasse). Etre digne, c'est alors être prêt à recevoir l'évènement, et à être reçu par lui.  
 
Ce serait l'image d'une lame de fond, qui vient d'où ne sait où, qui nous saisit d'un coup, nous emporte sur sa crête brusquement... et va ensuite rouler bien plus loin, là où sans doute nous n'irons jamais, quoi qu'à l'occasion de cet évènement nous ayons vu, d'un coup, bien plus loin que jamais.  
 
Peut-être qu'être digne de l'évènement, c'est aussi être visionnaire, en ce sens que le visionnaire saisit non l'avenir, mais le présent, la pointe du présent, ses possibilités les plus fortes.  
Le visionnaire voit le présent, littéralement, et c'est déjà beaucoup -et c'est seulement bien après lui qu'on s'aperçoit que c'est lui qui avait tout vu avant tout le monde, même si on alors l'impression qu'il avait anticipé sur l'avenir : ce n'est pas faux, mais il faut plutôt dire qu'il a vécu dans ce que Bergson appelle le "présent élargi". Présent gonflé du passé qui s'actualise en lui et donc gros de l'avenir qui est son virtuel.  
Le visionnaire voit l'évènement, il voit le présent élargi. La présence même de l'évènement. Il se rend présent à ce qui advient, il s'en rend digne. (L'astrologue, ou le futurologue, s'intéressant eux au "futur", peuvent tout au plus donner une vision parcellaire du présent, voire du tout juste passé, et ce serait déjà bien).

Message cité 1 fois
Message édité par rahsaan le 14-04-2008 à 17:58:07

---------------
Mon roman d'anticipation, L'I.A. qui m'aimait : https://tinyurl.com/mtz2p872 | Blog ciné/JV : http://cinecourt.over-blog.com
mood
Publicité
Posté le 14-04-2008 à 17:49:35  profilanswer
 

n°14601142
le vicaire
Posté le 14-04-2008 à 19:03:25  profilanswer
 

Sur la dignité, je viens de lire "De la dignité humaine" de Thomas de Koninck, à recommander fortement.
 
"Comme la bestialité est la déchéance, en l'homme de l'animalité, la bêtise est la déchéance, en l'homme de l'absence à soi de la bête, s'ignorant elle-même dans tous ses états" (Henri Maldiney)

n°14601545
pascal75
Posté le 14-04-2008 à 19:51:31  profilanswer
 

rahsaan a écrit :


Le visionnaire voit l'évènement, il voit le présent élargi. La présence même de l'évènement. Il se rend présent à ce qui advient, il s'en rend digne. (L'astrologue, ou le futurologue, s'intéressant eux au "futur", peuvent tout au plus donner une vision parcellaire du présent, voire du tout juste passé, et ce serait déjà bien).


 
http://www.almaleh.com/ecriture/signatures/escher.jpg
Rahsaan voyant qu'il se voit au présent  [:wanobi le vrai] ( :D )
 
Alcyon>> merci pour la référence, j'ai plusieurs fois cherché ou il était question de la honte d'être un homme dans "si c'est un homme", il y a bien des idées qui ressemblent mais pas la phrase précise. Merci de l'avoir trouvée.
Il y a comme ça une autre citation quasi mythique de Deleuze qui disait que les paysans du côté de Königsberg réglaient leurs montre sur l'heure de passage de la promenade quotidienne de Kant. Il citait "les derniers jours d'Emmanuel Kant" de Thomas de Quincey, et je n'y ai jamais lu cette anecdote...


---------------
GAFA  We are stardust Billion year old carbon We are golden
n°14609725
rahsaan
Posté le 15-04-2008 à 17:14:17  profilanswer
 

Hmmm, alors concernant le présent...  
Hé bien aujourd'hui, c'était la première épreuve de l'agreg. Dissertation générale.  
Sujet :  
"Pourquoi y a-t-il plusieurs philosophies ?"
 
Voilà, un bien beau sujet, très ouvert. :D
 
Demain, dissertation sur le thème de l'image.


---------------
Mon roman d'anticipation, L'I.A. qui m'aimait : https://tinyurl.com/mtz2p872 | Blog ciné/JV : http://cinecourt.over-blog.com
n°14609756
pascal75
Posté le 15-04-2008 à 17:17:22  profilanswer
 

J'espère que tu copnnais par coeur le premier chapitre de "matière et mémoire" :p (msn style)


---------------
GAFA  We are stardust Billion year old carbon We are golden
n°14609775
rahsaan
Posté le 15-04-2008 à 17:18:39  profilanswer
 

Oui, ça va, je connais assez bien. :)


---------------
Mon roman d'anticipation, L'I.A. qui m'aimait : https://tinyurl.com/mtz2p872 | Blog ciné/JV : http://cinecourt.over-blog.com
n°14609824
pascal75
Posté le 15-04-2008 à 17:23:26  profilanswer
 

Et la différence entre un cliché et une image :p


---------------
GAFA  We are stardust Billion year old carbon We are golden
n°14609838
pascal75
Posté le 15-04-2008 à 17:24:50  profilanswer
 

Tiens ça me vient en passant et je le dis abruptement, il me semble qu'une image est un tout, tandis qu'un cliché est une partie d'un ensemble :p


---------------
GAFA  We are stardust Billion year old carbon We are golden
n°14609909
rahsaan
Posté le 15-04-2008 à 17:33:36  profilanswer
 

pascal75 a écrit :

Et la différence entre un cliché et une image :p


 
J'ai le texte chez moi, dans un recueil sur l'image. ;)
 
L'image nous fait voir la pommité de la pomme, au contraire du cliché.  
Donc l'image fait voir l'heccéité de la chose, ou sa quiddité. :D
Ou encore le "to ti en einai", comme dirait Aristote : ce que la chose est et a dû être pour devenir ainsi qu'elle est. :o


Message édité par rahsaan le 15-04-2008 à 17:36:25

---------------
Mon roman d'anticipation, L'I.A. qui m'aimait : https://tinyurl.com/mtz2p872 | Blog ciné/JV : http://cinecourt.over-blog.com
n°14609947
pascal75
Posté le 15-04-2008 à 17:35:55  profilanswer
 

Le caractère pommesque de la pomme :o


---------------
GAFA  We are stardust Billion year old carbon We are golden
mood
Publicité
Posté le 15-04-2008 à 17:35:55  profilanswer
 

n°14609967
pascal75
Posté le 15-04-2008 à 17:38:00  profilanswer
 

(c'est de Cézanne, soit dit en passant)


---------------
GAFA  We are stardust Billion year old carbon We are golden
n°14609984
rahsaan
Posté le 15-04-2008 à 17:40:47  profilanswer
 

pascal75 a écrit :

Le caractère pommesque de la pomme :o


 
Voilà.  
La plénitude pommesque de la pomme.  
Alors que le cliché nous offre une pomme à manger, ou une tomate et toutes les connotations qui vont avec (la tomate va de pair avec l'Italie, la fraîcheur etc. cf. l'article de Barthes sur La rhétorique de l'image et son analyse de la publicité pour les pâtes Panzani). :o
L'image scientifique serait purement dénotative : elle serait à son objet ce que la définition de dictionnaire est à son mot. Elle dit ce que la chose est, indépendamment des connotations qu'on lui prête.  
 
Maintenant, l'image même, elle semble n'être ni dénotative ni connotative. Le caractère pommesque de la pomme, ce n'est pas une description scientifique de la pomme comme fruit, ni une tentative de vanter les mérites de la pomme pour la santé et la qualité appétissante de sa chair.  
Dans le tableau de la pomme, la pomme apparaît là, pleine et entière, étrange aussi ; elle n'est ni à manger ni à connaître. Elle a la chance d'exister pleinement grâce à la peinture. Elle célèbre la pommité de toutes les pommes du monde ! Elle se réjouit d'elle-même ! :D
 


---------------
Mon roman d'anticipation, L'I.A. qui m'aimait : https://tinyurl.com/mtz2p872 | Blog ciné/JV : http://cinecourt.over-blog.com
n°14610164
pascal75
Posté le 15-04-2008 à 18:00:24  profilanswer
 

Percer les clichés, c'est parce qu'on est assailli de tous les clichés qui occupe déjà notre tête, ou la toile pour un peintre (c'est Deleuze qui parle, "logique de la sensation" p. 57)Faire une image c'est une vraie guerre pour Deleuze, une véritable expérience dramatique que d'arriver à s'extirper des clichés.
Errata : le caractère pommesque de la pomme est une citation de LAwrence à propos de Cézanne, et pas de Cézanne.


---------------
GAFA  We are stardust Billion year old carbon We are golden
n°14611232
le vicaire
Posté le 15-04-2008 à 20:24:17  profilanswer
 

rahsaan a écrit :

Demain, dissertation sur le thème de l'image.


Une 'tite pensée pour Rahsaan. Que Socrate soit avec toi. ;)

n°14614071
foutre de
Posté le 16-04-2008 à 07:35:59  profilanswer
 

[:roi]

 

tous avec toi rahsaan !

 

le jury à tes pieds


Message édité par foutre de le 16-04-2008 à 07:36:21

---------------
« Une force presque nulle est une force presque infinie dès lors qu'elle est rigoureusement étrangère au système qu'elle met en mouvement »
n°14614080
crackingod​01
Posté le 16-04-2008 à 07:44:39  profilanswer
 

rahsaan a écrit :

Hmmm, alors concernant le présent...  
Hé bien aujourd'hui, c'était la première épreuve de l'agreg. Dissertation générale.  
Sujet :  
"Pourquoi y a-t-il plusieurs philosophies ?"
 
Voilà, un bien beau sujet, très ouvert. :D
 
Demain, dissertation sur le thème de l'image.


 
Bonne chance Rahsaan  :jap:

n°14614541
wips
Posté le 16-04-2008 à 09:58:07  profilanswer
 

Pas mieux que les messages précédents ;)

n°14618341
rahsaan
Posté le 16-04-2008 à 16:38:49  profilanswer
 

Merci à tous.  [:rahsaan]  
 
Sujet du jour :  
"Peut-on dire d'une image qu'elle parle ?" :o
 
Demain : texte d'Aristote ou de Pascal.


---------------
Mon roman d'anticipation, L'I.A. qui m'aimait : https://tinyurl.com/mtz2p872 | Blog ciné/JV : http://cinecourt.over-blog.com
n°14624538
foutre de
Posté le 17-04-2008 à 07:24:03  profilanswer
 

a-t-on pu dire que ce sujet t'a parlé ?


---------------
« Une force presque nulle est une force presque infinie dès lors qu'elle est rigoureusement étrangère au système qu'elle met en mouvement »
n°14628319
rahsaan
Posté le 17-04-2008 à 15:46:45  profilanswer
 

Oui, oui, ça va... :o :D
 
Aujourd'hui :  
Texte de Pascal, extrait de la Préface sur le Traité du Vide.


---------------
Mon roman d'anticipation, L'I.A. qui m'aimait : https://tinyurl.com/mtz2p872 | Blog ciné/JV : http://cinecourt.over-blog.com
n°14633127
crackingod​01
Posté le 18-04-2008 à 00:51:04  profilanswer
 

Tu le sent bien cette annee rahsaan? :)

n°14633554
foutre de
Posté le 18-04-2008 à 06:55:37  profilanswer
 

de la sensation que nous procure une année...


---------------
« Une force presque nulle est une force presque infinie dès lors qu'elle est rigoureusement étrangère au système qu'elle met en mouvement »
n°14633896
rahsaan
Posté le 18-04-2008 à 09:42:32  profilanswer
 

>Crackingod01 : Pas trop mal, oui, mais il  y a si peu de place que la moindre erreur ne pardonne pas. Le niveau va être très haut cette année, donc les correcteurs vont tailler à vif pour éliminer du candidat. :D


---------------
Mon roman d'anticipation, L'I.A. qui m'aimait : https://tinyurl.com/mtz2p872 | Blog ciné/JV : http://cinecourt.over-blog.com
n°14633970
rahsaan
Posté le 18-04-2008 à 09:54:57  profilanswer
 

rahsaan a écrit :

Dans le tableau de la pomme, la pomme apparaît là, pleine et entière, étrange aussi ; elle n'est ni à manger ni à connaître. Elle a la chance d'exister pleinement grâce à la peinture. Elle célèbre la pommité de toutes les pommes du monde ! Elle se réjouit d'elle-même ! :D
 


 
Elle se réjouit d'elle-même et nous montre ce que c'est que d'être une pomme. Ne nous sommes-nous jamais sentis aussi pommus que devant les pommes de Cézanne ? Est-ce que ce n'est pas devant son tableau que nous découvrons la pommitude, la rondeur, la couleur, l'épaisseur de la peau et ses irrégularités, leur insoutenable légereté et combien elles sont des natures vivantes ?
Si Céazanne réussit à nous faire sentir cela, alors il aura réussi à peindre des pommes, et c'est déjà pas si mal.


Message édité par rahsaan le 18-04-2008 à 09:55:25

---------------
Mon roman d'anticipation, L'I.A. qui m'aimait : https://tinyurl.com/mtz2p872 | Blog ciné/JV : http://cinecourt.over-blog.com
n°14637947
benny chac​on
Posté le 18-04-2008 à 17:19:40  profilanswer
 

Salut !
J'ai une disserte de philo à faire pour la rentrée et pour embellir un brin la chose , j'aurai bien aimé que les plus calés d'entre vous me donnent quelques liens ou références s'ils le voulaient bien !
Alors voilà le sujet est le suivant " le temps libre est-il le temps de la liberté? "
J'ai donc coupé cela en 3 axes , en gros ça donne :
1 / Le travail aliène donc oui
2 / Le temps libre est instrumenté par les utilitaristes et capitalistes blabla donc non
3 / Dans la mesure où le travail permet de se libérer de la misère humaine et de prendre conscience de certaines choses ... .... alors le travail peut être un moment de liberté .
 
Donc pour enrober la chose , je vais parler de Durkheim , Kant et d'autres et j'aurai aimé savoir s'ils y avaient d'autres auteurs qui auraient traité du travail et quels étaient ces oeuvres ?  
Si vous avez le lien de wikipedia qui met en ligne certains bouquins , c'est wikiquelque chose ... voilà ca serait cool , merci ! ;)

n°14639098
alcyon36
Posté le 18-04-2008 à 20:04:14  profilanswer
 

aller, juste pour tinviter à reflechir et enrichir ta notion de temps-libre...chez les anciens, le terme scholè, qui a donné chez nous l'école, signifiat le loisir...les hommes libres etant ceux qui pouvaient etudier.
D'où chez Ciceron dans le De officiis: "Notre loisir (otium en latin, je crois) est constitué par le défaut d'occupation mais non pas par le repos de l'étude."
 
Rashaan: bon jespere que cette fois c la bonne, sinon faudra envisager de te bannir du topic....;)
au fait monsieur, on a completement oublié(enfin en tt cas moi, j'ai completement zappé) de se recontacter pr le Nietzsche de Constantidinès, jsuis en vacance la semaine prochaine, dc si tu vx...


Message édité par alcyon36 le 18-04-2008 à 20:06:31

---------------
"la pensée de l'être est le souci porté à l'usage de la langue" Heidegger
n°14640224
rahsaan
Posté le 18-04-2008 à 22:38:51  profilanswer
 

>A36 : ah non, c'est moi qui ai complétement oublié de te rappeler... Ecoute, c'est pas urgent, de toute façon. On s'en recause. ;) Merci à toi. :)


---------------
Mon roman d'anticipation, L'I.A. qui m'aimait : https://tinyurl.com/mtz2p872 | Blog ciné/JV : http://cinecourt.over-blog.com
n°14640805
rahsaan
Posté le 19-04-2008 à 00:16:07  profilanswer
 

benny chacon a écrit :

Salut !
J'ai une disserte de philo à faire pour la rentrée et pour embellir un brin la chose , j'aurai bien aimé que les plus calés d'entre vous me donnent quelques liens ou références s'ils le voulaient bien !
Alors voilà le sujet est le suivant " le temps libre est-il le temps de la liberté? "
J'ai donc coupé cela en 3 axes , en gros ça donne :
1 / Le travail aliène donc oui
2 / Le temps libre est instrumenté par les utilitaristes et capitalistes blabla donc non
3 / Dans la mesure où le travail permet de se libérer de la misère humaine et de prendre conscience de certaines choses ... .... alors le travail peut être un moment de liberté .
 
Donc pour enrober la chose , je vais parler de Durkheim , Kant et d'autres et j'aurai aimé savoir s'ils y avaient d'autres auteurs qui auraient traité du travail et quels étaient ces oeuvres ?  
Si vous avez le lien de wikipedia qui met en ligne certains bouquins , c'est wikiquelque chose ... voilà ca serait cool , merci ! ;)


 
Comme plan pour ta disserte, je verrais bien qqch comme ça, avec en tête l'idée qu'on va démontrer une chose paradoxale : c'est que le temps libre n'est pas le temps de la liberté. Thèse bizarre, à première vue, parce qu'on semble alors dire qu'on n'est pas libre quand on a du temps libre... :heink:  
 
1) Le temps libre est à l'évidence le temps de la liberté. Le travail est une contrainte : il nous prend du temps et des forces. C'est un temps qui s'oppose au temps du loisir. Le temps libre est bien le temps où l'on peut faire ce qui nous plaît, c'est le temps de la liberté. On y est libre de s'occuper comme on le désire, alors qu'au travail, il faut occuper son temps selon des impératifs qui nous sont imposés et produire un effort répétitif, pénible. On ne peut pas être libre sans disposer de temps de loisir, où l'on dispose librement de son temps, de ses facultés...  
--> Ce ne peut pas être seulement un temps passif, où l'on se repose pour refaire ses forces avant de repartir travailler. C'est un temps qui a sa propre activité, qui a une valeur en soi. L'homme libre est celui qui sait occuper ses loisirs. (Sur ce sujet, voir le terme grec de scholè ; et otium/neg-otium, chez Cicéron, à partir de la référence donnée par Alcyon36).  
 
2) Travailler, c'est pourtant travailler à construire sa vie ; c'est avoir des responsabilités, un but, avoir une mission et s'y consacrer, c'est participer à l'effort commun de la société et en retirer les bénéfices. Le travail est donc non moins le temps de la liberté. La liberté ne peut pas être envisagée que de manière négative comme absence de contrainte. La liberté suppose aussi la contrainte. Par contraste, le temps du loisir ne serait-il pas un temps mort ? Voir cette page http://jdepetris.free.fr/load/tpslib.html pour la défense de cette idée, dans le cadre de la société des loisirs de masse. "Il est fort possible que cette production industrielle de temps mort finisse par rendre plus désirable le temps de travail en comparaison. — Au moins y fait-on quelque chose. Il n'est pas exclu que des gens se mettent à désirer travailler plus. Ils pourraient y trouver plus de distraction, plus de « raisons d'être », un sentiment d'utilité, d'identité bien plus réel qu'à des occupations aussi passives qu'anonymes." Le temps libre serait bien un temps mort, un temps perdu en distractions futiles. On y serait en fait soumis à ses caprices, ses hésitations, à ses tentatives futiles d'essayer de faire quelque chose de sa vie alors qu'on y perd surtout son temps. N'assimilons donc pas trop vite exigence de plus de temps libre et exigence de liberté. Ne devenons pas esclaves de notre désir de temps libre, esclaves de l'envie de loisirs.
 
3) Ce n'est pas nécessairement en obtenant plus de temps libre (RTT etc. ) qu'on devient plus libre ; sans quoi on risque de céder sur les conditions de temps de travail (nombre d'heures et conditions de ce travail) en échange de l'octroi de plus de temps libre. Mais céder sur le travail, accepter le durcissement de l'exploitation par le travail, c'est du même coup céder sur les loisirs, qui deviennent obligatoires, soumis au bon vouloir des employeurs. Le temps de loisir devient alors une continuation du temps de travail. Il est ainsi dangereux d'opposer trop vite temps de loisir et temps de travail, et de ramener le temps de la liberté au seul temps du loisir. (Là-dessus, il doit y avoir des choses chez Hannah Arendt).  
 
Conclusion : Ne laissons pas à la division moderne temps de travail/temps libre le soin de nous dicter quel est notre temps de liberté. Le temps de la liberté, c'est tout le temps ! Dans la contrainte du travail comme dans le sérieux du loisir. Si le travail n'est plus un temps de liberté, alors le temps libre ne le sera plus non plus. On ne peut pas être libre de temps en temps, quand on nous dit qu'on a l'autorisation de l'être -temporairement. La liberté ne se reçoit pas, elle s'exige et elle se construit, en permanence.

Message cité 1 fois
Message édité par rahsaan le 19-04-2008 à 00:29:57

---------------
Mon roman d'anticipation, L'I.A. qui m'aimait : https://tinyurl.com/mtz2p872 | Blog ciné/JV : http://cinecourt.over-blog.com
n°14640960
rahsaan
Posté le 19-04-2008 à 00:49:14  profilanswer
 

Je repensais à ce que m'avait dit Pascal75, une fois... :o  
Dans un de ses cours, Deleuze aurait dit qu'à la limite, il n'y a pas besoin de 3e genre de connaissance chez Spinoza.  
 
[Rappel très bref : on distingue chez Spinoza 3 genres de connaissance.  
Connaissance du 1er genre, par imagination, qui ne nous fait saisir que l'effet des choses sur nous, et pas leur cause réelle. C'est donc une fausse connaissance, par idées inadéquates.
Connaissance du 2e genre, par les notions communes, universelles, qui nous fait saisir la cause de l'effet et produit des idées adéquates.
Connaissance du 3e genre, par intuition de certaines puissances divines singulières. Connaissance la plus haute pour Spinoza, qui nous fait contempler directement l'essence divine par laquelle Dieu s'aime d'un amour infini et où j'éprouve la plus grande joie, le bien suprême.]  
 
Pourquoi faudrait-il, si Deleuze l'a bien affirmé, se passer du 3e genre de connaissance, alors qu'il est le plus haut ?...
J'ai trouvé cette phrase assez intrigante, parce qu'elle semble dire que le 2e genre de connaissance suffit, la connaissance des lois universelles de la nature, indépendamment de l'intuition (mystique) de l'essence divine.  
On pourrait croire que c'est ce que D. a voulu dire, dans la suite d'une critique de toute transcendance.  
Mais ça ne va pas, car pour D. , Spinoza est le philosophe de l'immanence.  
La substance est immanente à tous ses modes. Spinoza pense le plan d'immanence pure.  
 
Alors, en admettant que D. a bien dit cela, je crois qu'il ne l'a pas dit pour qu'on se contente du 2e genre de connaissance, au contraire.  
J'ai trouvé un indice très probant en revoyant l'article U comme Un de l'ABCDaire.
Claire Parnet lui dit en gros que l'Un, c'est l'universel, ce dont s'occupe la philosophie depuis Platon. La philosophie vise l'universel.  
Et là, D. répond que pas du tout : l'être, l'un, tout ça ce sont des bêtises. La philosophie ne s'occupe nullement d'universaux.  

  • Universaux de contemplation, comme chez Platon (on contemple les Idées) ?...  Mais personne n'y croit, ça fait rire tout le monde, le philosophe qui contemple...
  • Universaux de réflexion, comme chez Kant (réflexion sur l'usage et les limites de nos facultés) ? Mais non, le philosophe n'est pas là pour réfléchir à la place des autres, chaque discipline le fait très bien par elle-même. Les mathématiciens n'ont pas attendu le philosophe pour réfléchir aux mathématiques.  
  • Universaux de communication, comme chez Habermas ? Mais non, le philosophe ne crée pas des signes universels d'un accord entre "sujets raisonnables". Le philosophe ne crée pas du consensus.  


Le philosophe s'intéresse non à l'universel, mais au singulier. Même le scientifique étudie certaines singularités dans la nature. Ex: le point de congélation, point remarquable où un liquide devient solide. Que cette singularité s'universalise, très bien, mais ce n'est pas le problème. Le scientifique, le philosophe s'occupent de singularités.  
Penser, c'est, à la lettre, penser au niveau n-1, c'est soustraire l'un. Retirer l'universel. Ne pas assujettir la multiplicité à l'unité, retomber dans l'opposition de l'un et du multiple. La multiplicité échappe à cette opposition.  
 
Donc à mon avis, ça doit être ça : il n'y a pas besoin de 3e genre de connaissance chez Spinoza, parce qu'en réalité, c'est le 2e qui est inutile. Le philosophe n'est pas là pour parler de l'universel, mais des singularités, par des questions spécifiques qui découlent de problèmes spécifiques, précis.  
Donc il n'y a qu'un seul genre de connaissance, celui par singularité, qui nous fait découvrir certaines puissances singulières. (Ce serait là l'ébauche d'une philosophie de la nature, envisagée par D. à la fin de sa vie, mais qu'il n'a pu écrire -il évoque l'idée dans une interview).  
 
Bon, je ne sais pas si je ne pousse pas un peu loin, à partir d'une seule petite phrase. Mais ce que je rapporte à propos de n-1, j'en suis sûr. Pour Deleuze, il n'y a pas à passer par le 2e genre de connaissance. On n'obtient pas le singulier par synthèse du particulier et de l'universel. Le concept créé par le philosophe est singulier.

Message cité 2 fois
Message édité par rahsaan le 19-04-2008 à 00:55:07

---------------
Mon roman d'anticipation, L'I.A. qui m'aimait : https://tinyurl.com/mtz2p872 | Blog ciné/JV : http://cinecourt.over-blog.com
n°14641236
alcyon36
Posté le 19-04-2008 à 01:55:55  profilanswer
 

rahsaan a écrit :


Bon, je ne sais pas si je ne pousse pas un peu loin, à partir d'une seule petite phrase. Mais ce que je rapporte à propos de n-1, j'en suis sûr. Pour Deleuze, il n'y a pas à passer par le 2e genre de connaissance. On n'obtient pas le singulier par synthèse du particulier et de l'universel. Le concept créé par le philosophe est singulier.


 
bon, pour Spinaza peux pas te dire, puis faut dire que le Spinoza de Deleuze peut parfois sembler etraange, voir monstrueux...anomal;  Avant le spinoza crucifié de Qph?,  il y a le Spinoza de DR qui certas à la difference de Scot arrive à faire de l'univocité un objet d'affirmation, mais qui sans la doctrine de L'ERM de Nietzsche n'effectue pas reelement cette univocité(DR, p59) mais surtout à la derniere page:
 

Citation :

"Il manquait seulement au spinozisme, pour que l'univoque devient objet d'affirmation pure, de faire tourner la substance autour des modes, c a dire de réaliser l'univocité comme répétition dans l'eternel retour." (je souligne)


Il est quand même marant avec son "seulement"...plus vraiment la même chse. Apres je connais pas assez Spinoza ds le texte, mais il me semblait que le Salut, la beatitude ou comme on veut...la liberté au sens de Spinoza n'etait atteignable qu'avec le 3eme genre de connaissance (c'est une question pr me renseigner, non pas pour invalider ta tentative de comprendre pourquoi Deleuze a pu tenir un tel propos).
 
 
Pour ce que j'ai souligné de ton post, oui tout à fait...c'est le projet qu'il tente de mettre en oeuvre dans tout DR... la question d'une philo de la difference, qui puisse penser la difference sans la reduire à une difference seulement conceptuelle, soumise au regne de l'identité dans la representation...et la reponse de D avec le theme complexe de l'Idée et de sa differenc/tiation.
 
 
Benny Chacon et Rashaan:

Citation :

Ce ne peut pas être seulement un temps passif, où l'on se repose pour refaire ses forces avant de repartir travailler. C'est un temps qui a sa propre activité, qui a une valeur en soi. L'homme libre est celui qui sait occuper ses loisirs. (Sur ce sujet, voir le terme grec de scholè ; et otium/neg-otium, chez Cicéron, à partir de la référence donnée par Alcyon36).


alors oui oui, mais non...;) d'accord, pour bien distinguer le temps-libre ayant une valeur par lui-même, d'un temps de repos subordonné au rythme du travail.  
Mais chez les anciens ce temps de loisir/etude on ne peut pas le prendre dans le sens d'un "savoir occuper son temps-libre", c'est pas juste qu'il vaut mieux etudier que de se mettre mal dans un bar. Il faut comprendre ce temps en rapport avec la peideia, l'educatio comme itineraire menant de l'inhumain à l'humain..."Le chef d'peuvre des Grecs fut l'homme" (Jaeger, "paideia, la philosophie de l'homme grec" ). Donc ce temps de loisir/etudes est bien compris ultimement comme temps même de la possibilité de quelquechose comme la liberté.
 


---------------
"la pensée de l'être est le souci porté à l'usage de la langue" Heidegger
n°14641977
foutre de
Posté le 19-04-2008 à 11:36:17  profilanswer
 

rahsaan a écrit :

La liberté ne se reçoit pas, elle s'exige et elle se construit, en permanence.


soit elle s'exige mais pas des autres, de soi.


---------------
« Une force presque nulle est une force presque infinie dès lors qu'elle est rigoureusement étrangère au système qu'elle met en mouvement »
n°14642852
rahsaan
Posté le 19-04-2008 à 14:03:27  profilanswer
 

foutre de a écrit :


soit elle s'exige mais pas des autres, de soi.


 
La liberté comme maîtrise de soi, oui... Mais comme le disait (contre Montesquieu) un penseur de la Révolution*, les citoyens n'attendent pas de l'Etat qu'il leur attribue généreusement quelques droits, mais ils exigent que la liberté soit au principe de l'action politique.  
Je pense que ce serait une grave erreur de dire (je ne dis pas que toi tu le dis) que tant qu'on reste maître de nous-mêmes, stoïquement, on s'en fiche qu'il y ait des libertés publiques puisque même l'esclave dans les chaînes peut encore être libre...  
 
*j'ai oublié son nom, il est cité par Deleuze dans Instinct et institution.


Message édité par rahsaan le 19-04-2008 à 14:07:28

---------------
Mon roman d'anticipation, L'I.A. qui m'aimait : https://tinyurl.com/mtz2p872 | Blog ciné/JV : http://cinecourt.over-blog.com
n°14644559
foutre de
Posté le 19-04-2008 à 18:44:02  profilanswer
 

oui, mais je ne parlais pas si explicitement de maîtrise de soi. je cherchais juste à éviter l'écueil de réclamer sa liberté aux autres. c'est à soi-même qu'il faut demander d'être libre, commencer par là, avant de réclamer que la liberté vienne d'ailleurs. une sorte de refus de s'asservir à ses propres représentations : il y a des tas de fantasmatiques qui réclament qu'on leur laisse toutes vannes ouvertes, qui ne sont pas des libertés pour autant... un peu comme l'épanouissement consumériste : plus de pouvoir d'achat pour être libre d'acheter ce que le goût du jour nous dicte


Message édité par foutre de le 19-04-2008 à 18:44:26

---------------
« Une force presque nulle est une force presque infinie dès lors qu'elle est rigoureusement étrangère au système qu'elle met en mouvement »
n°14644737
le vicaire
Posté le 19-04-2008 à 19:13:25  profilanswer
 

L'époque est à l'individu et on pense la liberté sur ce mode. Je crois que Rahsaan replace bien le sujet sur cet appauvrissement de la liberté qui ne serait que celle de l'individu. Comment penser la liberté aujourd'hui alors que les désirs sont libres eux mêmes ? C'est la force du libéralisme économique d'avoir libéré les désirs mais c'est en même temps sa faiblesse car cette liberté ne prend réellement sens que dans un espace commun qui doit être capable de s'organiser donc de légiférer. Or, une fois réduit à lui-même l'individu ne sait plus trop quoi faire de sa liberté à part consommer. Comment admettre les lois après ? Comment gouverner ? Qui commande ? Cette liberté n'en est pas une parce que la volonté des individus ne consent pas à un principe supérieur qui serait intérêt de l'ensemble des volontés.

n°14648284
l'Antichri​st
Posté le 20-04-2008 à 10:48:43  profilanswer
 

rahsaan a écrit :

Je repensais à ce que m'avait dit Pascal75, une fois... :o  
Dans un de ses cours, Deleuze aurait dit qu'à la limite, il n'y a pas besoin de 3e genre de connaissance chez Spinoza.  
 
[Rappel très bref : on distingue chez Spinoza 3 genres de connaissance.  
Connaissance du 1er genre, par imagination, qui ne nous fait saisir que l'effet des choses sur nous, et pas leur cause réelle. C'est donc une fausse connaissance, par idées inadéquates.
Connaissance du 2e genre, par les notions communes, universelles, qui nous fait saisir la cause de l'effet et produit des idées adéquates.
Connaissance du 3e genre, par intuition de certaines puissances divines singulières. Connaissance la plus haute pour Spinoza, qui nous fait contempler directement l'essence divine par laquelle Dieu s'aime d'un amour infini et où j'éprouve la plus grande joie, le bien suprême.]  
 
Pourquoi faudrait-il, si Deleuze l'a bien affirmé, se passer du 3e genre de connaissance, alors qu'il est le plus haut ?...
J'ai trouvé cette phrase assez intrigante, parce qu'elle semble dire que le 2e genre de connaissance suffit, la connaissance des lois universelles de la nature, indépendamment de l'intuition (mystique) de l'essence divine.  
On pourrait croire que c'est ce que D. a voulu dire, dans la suite d'une critique de toute transcendance.  
Mais ça ne va pas, car pour D. , Spinoza est le philosophe de l'immanence.  
La substance est immanente à tous ses modes. Spinoza pense le plan d'immanence pure.  
 
Alors, en admettant que D. a bien dit cela, je crois qu'il ne l'a pas dit pour qu'on se contente du 2e genre de connaissance, au contraire.  
J'ai trouvé un indice très probant en revoyant l'article U comme Un de l'ABCDaire.
Claire Parnet lui dit en gros que l'Un, c'est l'universel, ce dont s'occupe la philosophie depuis Platon. La philosophie vise l'universel.  
Et là, D. répond que pas du tout : l'être, l'un, tout ça ce sont des bêtises. La philosophie ne s'occupe nullement d'universaux.  

  • Universaux de contemplation, comme chez Platon (on contemple les Idées) ?...  Mais personne n'y croit, ça fait rire tout le monde, le philosophe qui contemple...
  • Universaux de réflexion, comme chez Kant (réflexion sur l'usage et les limites de nos facultés) ? Mais non, le philosophe n'est pas là pour réfléchir à la place des autres, chaque discipline le fait très bien par elle-même. Les mathématiciens n'ont pas attendu le philosophe pour réfléchir aux mathématiques.  
  • Universaux de communication, comme chez Habermas ? Mais non, le philosophe ne crée pas des signes universels d'un accord entre "sujets raisonnables". Le philosophe ne crée pas du consensus.  


Le philosophe s'intéresse non à l'universel, mais au singulier. Même le scientifique étudie certaines singularités dans la nature. Ex: le point de congélation, point remarquable où un liquide devient solide. Que cette singularité s'universalise, très bien, mais ce n'est pas le problème. Le scientifique, le philosophe s'occupent de singularités.  
Penser, c'est, à la lettre, penser au niveau n-1, c'est soustraire l'un. Retirer l'universel. Ne pas assujettir la multiplicité à l'unité, retomber dans l'opposition de l'un et du multiple. La multiplicité échappe à cette opposition.  
 
Donc à mon avis, ça doit être ça : il n'y a pas besoin de 3e genre de connaissance chez Spinoza, parce qu'en réalité, c'est le 2e qui est inutile. Le philosophe n'est pas là pour parler de l'universel, mais des singularités, par des questions spécifiques qui découlent de problèmes spécifiques, précis.  
Donc il n'y a qu'un seul genre de connaissance, celui par singularité, qui nous fait découvrir certaines puissances singulières. (Ce serait là l'ébauche d'une philosophie de la nature, envisagée par D. à la fin de sa vie, mais qu'il n'a pu écrire -il évoque l'idée dans une interview).  
 
Bon, je ne sais pas si je ne pousse pas un peu loin, à partir d'une seule petite phrase. Mais ce que je rapporte à propos de n-1, j'en suis sûr. Pour Deleuze, il n'y a pas à passer par le 2e genre de connaissance. On n'obtient pas le singulier par synthèse du particulier et de l'universel. Le concept créé par le philosophe est singulier.


 
Non, votre interprétation ne tient pas ! Vous n’y êtes pas parce que vous commettez plusieurs erreurs, la plus grave concernant la suppression de l’être, de l’un, de l’universel au profit d’une autonomie du singulier, du différent, de l’apparence (c’est du moins ce que laisse entendre votre message). Je constate aussi, sinon une erreur, du moins une confusion, à propos des « universaux », entre « connaissance du premier genre » et « connaissance du second genre », ce qui vous masque la grandeur de ce mode de connaissance qui, faut-il le rappeler, est condition de notre liberté effective... Radicalisons. Est-il même possible de nous en émanciper lorsqu’on sait que la pensée ne peut rien pour la vie, sinon la perdre : si ce que dit la philosophie était au commencement, si l’épreuve du monde s’est toujours déjà accomplie lorsque la philosophie la prend pour thème de son discours (et c’est d’ailleurs à cette condition que tout savoir devient seulement possible), si la pensée est impuissante à égaler sa propre découverte, si donc elle n’est pas le lieu de la vérité, alors cette pensée n’est en tant que telle que la régression au niveau du second genre de connaissance, en tant qu’auto-objectivation de la vie dans le savoir de la philosophie, c’est-à-dire dans l’auto-explicitation de la vie transcendantale de la subjectivité absolue ! Si donc il est possible de « parler » de « connaissance du troisième genre », c’est uniquement parce que celle-ci se comprend exclusivement à partir de la vie (elle n’est pas un texte mort), comme praxis philosophique : la béatitude chez Spinoza n’est pas la pensée elle-même, mais ce que libère la pensée et qui s’accomplit par la vie elle-même, et d’abord sous sa modalité « essentielle » comme pensée, ce qui signifie que jamais le singulier (l’apparence) n’est autonome, ne s’affranchit de l’être, ne rompt le fil de l’être. Dans le procès de la vie, le singulier est une tenue de l’être, se tient dans l’être. La philosophie englobe les deux faces du problème, l’Un et la diffraction de l’Un. Bref, contrairement aux propos de Deleuze, nous pourrions parler ici de platonisme « accentué » : si l’être luit dans le singulier, c’est parce que le singulier se tient en lui. Le singulier n’est pas une déchéance de l’être, mais un sommet de l’être. L’être ne se soumet pas à l’apparence, mais est la conversion de l’apparence en lui, son propre déploiement et dépliement dans l’apparence. La connaissance du second genre, comme auto-explicitation de l’Un, sauve de la résignation tragique et du pessimisme parce que l’apparence se tient dans la manifestation de l’être. Dans l’apparence, le phénomène qui éparpille l’être est justifié comme moment d’un jeu de l’être avec lui-même, le devenir qui défigurait l’Un échappe à son tour au non-sens par l’éternisation du transitoire. Comme disait Nietzsche, il n’y a de phénomènes que dans l’apparence : c’est dans la vision extatique que le monde se révèle comme phénomène… Bref, il serait bon, avant d’en arriver là, de rappeler quelques fondamentaux à propos de Spinoza pour éviter le genre de dérive que je dénonce ici…
 
A très vite...


Message édité par l'Antichrist le 20-04-2008 à 11:54:45
n°14648556
rahsaan
Posté le 20-04-2008 à 11:46:11  profilanswer
 

Bon, oui, d'accord, très bien... "Le singulier n'est pas une déchéance de l'être, mais un sommet de l'être." Entendu.  
Sauf que Deleuze dit (mais je ne dis pas qu'il est spinoziste en le disant) que l'Un, l'Etre, ce sont des abstractions vides et que ce n'est pas l'affaire du philosophe.  
Pour comprendre cela, on peut faire le lien avec la philosophie de la technique de Simondon, et la question du spécialiste, de l'expert, que Simondon revalorise. Deleuze, j'ai l'impression, transpose cette philosophie de la technique au philosophe lui-même, spécialiste de certaines questions, créateur de certains concepts bien spécifiques. D'où le lien qu'il fait entre singularités et multiplicités.  
Et ce qui semble nous éloigner de Spinoza (la question de la technique) nous y ramène en fait complètement car la technique, en tant qu'elle accroît ma puissance d'agir, déploie des virtualités d'existences.
On n'est donc assez loin de propos sur l'extase du phénomène dans l'apparence.


Message édité par rahsaan le 20-04-2008 à 11:55:52

---------------
Mon roman d'anticipation, L'I.A. qui m'aimait : https://tinyurl.com/mtz2p872 | Blog ciné/JV : http://cinecourt.over-blog.com
n°14648560
rahsaan
Posté le 20-04-2008 à 11:47:06  profilanswer
 

A propos, j'avais promis un cours sur la Nation. Je suis désolé, je l'ai égaré. Peut-être que je vais bientôt le retrouver, j'espère !  
Si vraiment il est perdu, je taperai un résumé, avec ce dont je me souviens. ;)


Message édité par rahsaan le 20-04-2008 à 11:51:43

---------------
Mon roman d'anticipation, L'I.A. qui m'aimait : https://tinyurl.com/mtz2p872 | Blog ciné/JV : http://cinecourt.over-blog.com
n°14668972
foutre de
Posté le 22-04-2008 à 16:57:14  profilanswer
 

et les résultats de tes écrits c'est pour quand ?


---------------
« Une force presque nulle est une force presque infinie dès lors qu'elle est rigoureusement étrangère au système qu'elle met en mouvement »
n°14669033
rahsaan
Posté le 22-04-2008 à 17:04:11  profilanswer
 

Début juin pour l'agreg, mi-juin pour le Capes.


---------------
Mon roman d'anticipation, L'I.A. qui m'aimait : https://tinyurl.com/mtz2p872 | Blog ciné/JV : http://cinecourt.over-blog.com
n°14670678
foutre de
Posté le 22-04-2008 à 20:26:51  profilanswer
 

comment tu as organisé ta préparation et tes révisions cette année ?


---------------
« Une force presque nulle est une force presque infinie dès lors qu'elle est rigoureusement étrangère au système qu'elle met en mouvement »
n°14671098
phyllo
scopus inornatus
Posté le 22-04-2008 à 21:08:03  profilanswer
 

Je peux répondre :
 
Il a fait que trainer sur hfr et bavasser de tout et de rien avec l'antichrist...
 
Ha, elles sont belles les révisions de l'élève Rahsaan.

mood
Publicité
Posté le   profilanswer
 

 Page :   1  2  3  4  5  ..  211  212  213  ..  340  341  342  343  344  345

Aller à :
Ajouter une réponse
 

Sujets relatifs
La Philo du Jour : le Désespoir ?????Où es-tu ? Dans ton e-cul ! Premier FAI Grolandais !
Recherche un titre, une chanson, une musique - Lire le premier post!Paiment via Visa Premier en £ -> Charges ?
Les bons s'en vont en premier et en plus ils ne se reproduisent pasLivres sur alapage
la chine lance son premier homme dans l'espacePhilo : Que vaut une preuve contre un préjugé ?? quelques idées ???
[Philo] Corrigés du bac 
Plus de sujets relatifs à : Philo @ HFR


Copyright © 1997-2025 Groupe LDLC (Signaler un contenu illicite / Données personnelles)