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Quels sont pour vous les trois livres de philo à lire pour un honnête homme ?


 
15.4 %
 273 votes
1.  "La république" de Platon
 
 
6.7 %
 119 votes
2.  "La métaphysique" d'Aristote
 
 
15.7 %
 279 votes
3.  "l'Ethique" de Spinoza
 
 
1.5 %
    27 votes
4.  "Essai de théodicée" de Leibniz
 
 
15.0 %
 266 votes
5.  "Critique de la raison pure" de Kant
 
 
17.8 %
 315 votes
6.  "Par delà le bien et le mal" de Nietzsche
 
 
5.9 %
 105 votes
7.  "L'évolution créatrice" de Bergson
 
 
6.4 %
 113 votes
8.  "Etre et temps" d'Heidegger
 
 
7.5 %
 133 votes
9.  "Qu'est-ce que la philosophie" de Gilles Deleuze
 
 
8.1 %
 144 votes
10.  "Moi, ma vie, mon oeuvre" de obiwan-kenobi
 

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Auteur Sujet :

Philo @ HFR

n°12706860
foutre de
Posté le 16-09-2007 à 22:00:25  profilanswer
 

Reprise du message précédent :

Baptiste R a écrit :

l'art réduit à un ornement décoratif chez Gallimard ou chez le Livre de poche ont fait de moi un intégriste des couvertures unies.


c'est surtout à la beauté intérieure que je suis sensible (papier ambré ou bleuté, parfum, grain, typo (ahhhh... garamond...), police de petite taille, marge large blanche, notes en bas de page, etc.)  :D
 
mais c'est vrai qu'un bon vieil épiméthée ocre avec rabats, je suis inconditionnel :love:


Message édité par foutre de le 16-09-2007 à 22:01:20

---------------
« Une force presque nulle est une force presque infinie dès lors qu'elle est rigoureusement étrangère au système qu'elle met en mouvement »
mood
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Posté le 16-09-2007 à 22:00:25  profilanswer
 

n°12707947
Baptiste R
Posté le 16-09-2007 à 22:58:35  profilanswer
 

Citation :

(ahhhh... garamond...)


Raah, lovely.
(Je n'ai pas d'amour particulier pour les Pléiade, mais quand j'en voie une avec son Garamond et sa petite ligature sexy, je suis pris de fourmillements.)

n°12708637
daniel_lev​rai
Semper eadem sed aliter
Posté le 17-09-2007 à 00:23:43  profilanswer
 

Baptiste R a écrit :

Citation :

Marcher, c'est une façon de participer au paysage et de s'y fondre, de devenir l'une de ses lignes (de fuite). Il y a une ivresse de la marche, à vaincre patiemment les résistances du corps et à l'entraîner dans un devenir-léger.  


Cela me fait penser que je préfère la marche urbaine à la randonnée. J'apprécie particulièrement de marcher dans une rue fréquentée, de m'y faufiler, d'y sinuer, de dompter cette masse changeante, c'est-à-dire d'aller plus vite qu'elle et de choisir, autant que faire se peut, ma trajectoire, contrairement à ceux qui se laissent emporter. Ce n'est ni de la marche ni de la course, ce n'est fait que d'accélérations subites et d'arrêts brutaux.
 
Add : et j'ai du mal avec les véhicules : dès que c'est plus gros qu'une trotinette, pour moi c'est une F1.


 
 
Pareil. "Mise en scène de la vie quotidienne" de Goffman. C'est fou ce qu'on apprend sur le simple fait de marcher en milieu urbain. Passionnant.


---------------
A pédant, pédant et demi. Qu'il s'avise de parler latin, j'y suis grec ; je l'extermine.
n°12708656
daniel_lev​rai
Semper eadem sed aliter
Posté le 17-09-2007 à 00:28:46  profilanswer
 

foutre de a écrit :

et je ne m'intéressais même pas à kant mais je voulais lire schopenhauer qui disait d'entrée "va réviser ton kant et repasse" ; alors comme je suis d'un naturel docile, je l'avais écouté. il me manquait évidemment un peu d'aristote...
et dire qu'on a pu affirmer que Nietzsche était le prolongement du criticisme ....


 
 
Bon sang, tu crois que Schopenauer n'a vraiment rien compris à Kant ou c'était un tour de passe-passe quand il mélange l'esthétique transcendantal avec le sensualisme de Berkeley?  


---------------
A pédant, pédant et demi. Qu'il s'avise de parler latin, j'y suis grec ; je l'extermine.
n°12709131
Ache
immatriculé-conception
Posté le 17-09-2007 à 02:40:48  profilanswer
 

foutre de a écrit :

Je crois que "péripapéticien" c'est la désignation la plus mystérieuse de cette relation de la philosophie à la marche. ça laisse songeur (cléodème, Eudèmes de Rhodes, denis d'halicarnasse et bien sûr Aristote).


/_!_\ Ma qué ça va aussi bien avec mathés, et les cent-pas (les marchants qui font etc.). Donc, la relation mystique épistémologique de toutes disciplines amoureuse (c'est à dire en mal d'amour, mal bai***) avec la marche. La loi carrez conserve la possibilité de tourner. /_!_\


---------------
Parcours étrange
n°12709661
Karousel
Posté le 17-09-2007 à 06:56:47  profilanswer
 

"Vouloir libère". Notre choix dépend d'une volonté, parmi toutes nos volontés. Il dépend d'un motif supérieur qui doit l'emporter sur les autres. "Vouloir, c'est commander en soi à quelque-chose qui obéit et dont on se croit obéi... Dans toute acte volontaire, il y a une pensée qui commande ; et qu'on ne croie pas pouvoir isoler cette pensée du "pouvoir" pour obtenir un précipité qui serait encore de la volonté." (Par delà le bien et le mal, I, 19)
 
« L'histoire des sentiments en vertu desquels nous rendons quelqu'un responsable, partant des sentiments dits moraux, parcourt les phases principales suivantes. D'abord on nomme des actions isolées bonnes ou mauvaises sans aucun égard à leurs motifs, mais exclusivement par les conséquences utiles ou fâcheuses qu'elles ont pour la communauté. Mais bientôt on oublie l'origine de ces désignations, et l'on s'imagine que les actions en soi, sans égard à leurs conséquences, enferment la qualité de « bonnes » ou de « mauvaises » : pratiquant la même erreur qui fait que la langue désigne la pierre comme dure, l'arbre comme vert - par conséquent en prenant la conséquence pour cause. Ensuite on reporte le fait d'être bon ou mauvais aux motifs, et l'on considère les actes en soi comme moralement ambigus. On va plus loin, et l'on donne l'attribut de bon ou de mauvais non plus au motif isolé, mais à l'être tout entier d'un homme, lequel produit le motif comme le terrain produit la plante. Ainsi l'on rend successivement l'homme responsable de son influence, puis de ses actes, puis de ses motifs, enfin de son être même. On découvre finalement que cet être lui-même ne peut être rendu responsable, étant une conséquence absolument nécessaire et formée des éléments et des influences d'objets passés et présents : partant, que l'homme n'est à rendre responsable de rien, ni de son être, ni de ses motifs, ni de ses actes, ni de son influence. On est ainsi amené à reconnaître que l'histoire des évaluations morales est aussi l'histoire d'une erreur, de l'erreur de la responsabilité : et cela, parce qu'elle repose sur l'erreur du libre arbitre. »
(" Le crépuscule des idoles " )
 
Quelqu'un peut-il m'expliquer ce qui m'apparaît comme une contradiction chez Nietzsche?

n°12709666
foutre de
Posté le 17-09-2007 à 06:59:50  profilanswer
 

daniel_levrai a écrit :

 


Bon sang, tu crois que Schopenauer n'a vraiment rien compris à Kant ou c'était un tour de passe-passe quand il mélange l'esthétique transcendantal avec le sensualisme de Berkeley?


non, il me semble que Schoppi a tout bien compris, enfin si j'en crois ce que j'ai compris moi de la "quadruple racine..." ; d'ailleurs il ne se donne pas la peine de reprendre kant. Il dit : allez lire Kant concernant la rationalité et le phénomène, il a tout bien circonscrit ; moi je vais m'occuper du noumène comme volonté (cest à dire comme chair inapparescente ajoute michel Henry).
En gros c'est chacun son truc. Après, moi, de berkeley je ne connais que l'impasse du solipsisme alors il y a peut-être des tours de passe-passe dont je suis la dupe

Message cité 2 fois
Message édité par foutre de le 17-09-2007 à 07:32:36

---------------
« Une force presque nulle est une force presque infinie dès lors qu'elle est rigoureusement étrangère au système qu'elle met en mouvement »
n°12709685
foutre de
Posté le 17-09-2007 à 07:30:50  profilanswer
 

>karousel :
je ne vois pas bien de contradiction : d'un côté Nietzsche pense un phénomène interne au Moi qu'il considère comme pluriel, peuplé de volontés diverses dont les forces se hiérarchisent ; de l'autre, un phénomène culturel d'interprétation des actes humains par le perspectivisme du groupe.
peux-tu nous dire plus précisément ce que tu perçois comme contradictoire ?


---------------
« Une force presque nulle est une force presque infinie dès lors qu'elle est rigoureusement étrangère au système qu'elle met en mouvement »
n°12709721
foutre de
Posté le 17-09-2007 à 07:56:12  profilanswer
 

Ache a écrit :


/_!_\ Ma qué ça va aussi bien avec mathés, et les cent-pas (les marchants qui font etc.). Donc, la relation mystique épistémologique de toutes disciplines amoureuse (c'est à dire en mal d'amour, mal bai***) avec la marche. La loi carrez conserve la possibilité de tourner. /_!_\


mais ce que tu dis, outre cette histoire de superficie de l'habitat (ontologie heideggerienne ?), n'implique-t-il pas cette ambiguité d'un désir comme manque, de la discipline amoureuse comme adaptée à une transcendance ?
enfin je dis ça, c'est pas pour chipoter sur des détails (mais en même temps, comme le message est court...)


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« Une force presque nulle est une force presque infinie dès lors qu'elle est rigoureusement étrangère au système qu'elle met en mouvement »
n°12709899
le vicaire
Posté le 17-09-2007 à 09:25:15  profilanswer
 

foutre de a écrit :

oui, comme bien des nietschéens, je suis une tite bite... :whistle: (voyez Alcyon36 et ses problèmes de precox - "je te laisse te finir toute seule", etc..). C'est vrai que la ducati fait envie même si je suis plutôt GSXR...
enfin bon, moi je vieillis. Passée la trentaine, j'ai un peu arrêté les folies à Uppsala avec mon hayabusa, pour choisir plus de calme et de paix intérieure... c'est ça aussi la philosophie


 
oui je vois bien. Passé la quarantaine, la philosophie c'est même plus que ça en ce qui me concerne (sauf la politique avec laquelle je n'en ai pas tout à fait terminée).

mood
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Posté le 17-09-2007 à 09:25:15  profilanswer
 

n°12709942
rahsaan
Posté le 17-09-2007 à 09:39:41  profilanswer
 

daniel_levrai a écrit :


 
 
Pareil. "Mise en scène de la vie quotidienne" de Goffman. C'est fou ce qu'on apprend sur le simple fait de marcher en milieu urbain. Passionnant.


 
Un jour, on se promenait à Vincennes, Pascal75 et moi, et on regardait passer les joggeurs. Il m'avait fait cette remarque intéressante : quand les gens marchent, ils sont capables de dompter leur attitude, de se dissimuler, de se maîtriser. Mais quand ils courent, ce n'est plus possible et la foulée des coureurs en révèle beaucoup sur eux.  


---------------
Mon roman d'anticipation, L'I.A. qui m'aimait : https://tinyurl.com/mtz2p872 | Blog ciné/JV : http://cinecourt.over-blog.com
n°12709979
rahsaan
Posté le 17-09-2007 à 09:48:10  profilanswer
 

foutre de a écrit :

>karousel :
je ne vois pas bien de contradiction : d'un côté Nietzsche pense un phénomène interne au Moi qu'il considère comme pluriel, peuplé de volontés diverses dont les forces se hiérarchisent ; de l'autre, un phénomène culturel d'interprétation des actes humains par le perspectivisme du groupe.
peux-tu nous dire plus précisément ce que tu perçois comme contradictoire ?


 
Oui, c'est ça.  
Ce qui pourrait apparaître contradictoire, c'est que N. dit un coup qu'il y a une volonté qui s'impose, parmi une pluralité de vouloirs, de l'autre que l'homme n'est nullement responsable. Ya t-il donc oui ou non une volonté responsable en l'homme ? L'homme est-il capable de vouloir ?
 
En fait, il faut dire que le vouloir est d'abord multiple chez N. et que la prise de décision est bien un effet de hiérarchisation, au cours duquel une tendance volontaire l'emporte sur les autres et acquiert le sentiment de les avoir subordonnées. C'est une certaine organisation de la multiplicité qui s'affirme.
Voilà ce que dit le passage de PBM cité.  
 
Ensuite, cela ne signifie pas que ce jeu du vouloir puisse être tenu pour responsable de ce qu'il est. Il joue ce qu'il est, il tend à acquérir le maximum de sentiment de puissance, il ne fait pas de choix au sens strict, comme s'il était capable de ne pas vouloir et qu'il faisait le choix, plus ou moins responsable, de vouloir.  
N. tente donc de penser un vouloir sans libre-arbitre. Il n'y a pas de liberté de la volonté, mais en revanche, vouloir libère. Il faut penser un processus (ce qu'exprime mieux l'usage de verbes : vouloir, libérer...) et pas de substances (ce dont les substantifs donnent l'illusion : le libre-arbitre, la volonté etc.)


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Mon roman d'anticipation, L'I.A. qui m'aimait : https://tinyurl.com/mtz2p872 | Blog ciné/JV : http://cinecourt.over-blog.com
n°12710112
daniel_lev​rai
Semper eadem sed aliter
Posté le 17-09-2007 à 10:08:45  profilanswer
 

foutre de a écrit :


non, il me semble que Schoppi a tout bien compris,


 
 
En lisant la première partie de La Volonté..., j'ai saisi ce que j'avais déjà lu chez d'autres. Schopenauer ne comprend pas l'esthétique transcendantal comme a priori mais comme medium entre le sujet et la chose en soi!  Apparance et phénomène sont identiques pour schopenauer! Je t'assure que c'est troublant.  


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A pédant, pédant et demi. Qu'il s'avise de parler latin, j'y suis grec ; je l'extermine.
n°12710671
rahsaan
Posté le 17-09-2007 à 11:24:28  profilanswer
 

daniel_levrai a écrit :


 
 
En lisant la première partie de La Volonté..., j'ai saisi ce que j'avais déjà lu chez d'autres. Schopenauer ne comprend pas l'esthétique transcendantal comme a priori mais comme medium entre le sujet et la chose en soi!  Apparance et phénomène sont identiques pour schopenauer! Je t'assure que c'est troublant.  


 
Troublant, oui...
C'est vrai que Schopenhauer n'a, au bout du compte, presque rien repris de Kant, en dépit de ses déclarations d'admiration enflammée à l'auteur de la CriPure ("le plus grand philosophe depuis Platon" )
 
A la limite, on accorde à S. d'avoir retenu justement l'esthétique transcendantale, c'est à dire la distinction entre phénomène et chose en soi. A ceci près, et c'est crucial, que pour S. la chose en soi est connaissable, puisque c'est la volonté elle-même. Autant dire à ce niveau qu'il n'y a plus de traces de Kant chez l'auteur du Monde.... Il ne s'agit plus de constituer le système des facultés humaines et de leur limite, c'est à dire une anthropologie, mais de dénoncer le caractère absurde et mauvais de l'existence.
 
Comme tu le dis, c'est très possible que S. confonde phénomène (c'est à dire représentation de la chose au travers du double filtre de l'entendement et de la sensibilité) et apparence (image imparfaite, illusoire, de la chose). Chez Kant, le phénomène n'est pas pensé comme un moindre être, puisqu'il est élaboré par la spontanéité et la réceptivité du sujet. C'était bien reconnaître l'activité du sujet dans la construction de toute connaissance, contre les théories dogmatiques précédentes, qui n'interrogeaient pas les conditions de possibilité de l'expérience en général, mais les tenaient pour acquises.  
 
Chez Schopenhauer, le problème est au fond radicalement différent. Il veut montrer que le voile de l'illusion nous masque le caractère indésirable de l'existence. Que le vouloir ne se reproduit qu'à condition de tromper les volontés particulières que nous sommes. Mais puisque le fond de notre être est le vouloir, nous ne sommes rien d'autre qu'une partie de ce fond absurde, violent et cruel. La difficulté tient au mystère de l'individuation : à la fois l'individuation atteint son plus haut degré en l'homme (chaque être humain est unique) mais en même temps, l'individu n'est qu'une émanation du tout.  
L'individu n'accepte donc de participer au tout de ce qui est qu'en se trompant sur sa nature. Le désir est illusoire. Il croit agir pour lui-même, mais la sexualité lui démontre qu'il n'a de sens que pour un vouloir qui lui-même est dénué de sens. D'où la conclusion du livre IV : renoncer au vouloir, s'éteindre, et reconnaître le néant des choses de ce monde etc. Comme l'a dit Rosset, Schopenhauer est bien, avant Sartre et Camus, un philosophe de l'absurde.
 
A la limite, la lecture de Kant n'est en rien utile à la compréhension de Schopenhauer et peut même occasionner des confusions ou des contre-sens.

Message cité 1 fois
Message édité par rahsaan le 17-09-2007 à 11:25:14

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n°12710881
rahsaan
Posté le 17-09-2007 à 11:48:41  profilanswer
 

foutre de a écrit :

Après, moi, de berkeley je ne connais que l'impasse du solipsisme alors il y a peut-être des tours de passe-passe dont je suis la dupe


 
Avant, je pensais la même chose que toi, d'après les on-dit sur Berkeley.  
B. nie l'existence de qualités premières des choses, indépendantes de la perception que l'on en a (qualités qui étaient en gros, chez Descartes ou Locke, les propriétés géométriques). Déjà, Malebranche, dans un des derniers livres de la Recherche de la vérité, dit que la nature n'est pas géométrique. Dieu nous a donné l'entendement, qui nous permet de connaître une approximation suffisante des choses, à condition d'oublier les quelques imperfections qui les empêchent de correspondre exactement à nos modèles. Il est donc utile de faire usage d'entendement, pour éviter l'erreur ; mais il ne faut pas non plus, comme Descartes ou Spinoza, trop lui accorder, car il n'y a pas de formes géométriques parfaites dans la nature ; en musique, un léger décalage par rapport à l'harmonie fait tout le charme du morceau etc. (1)  
 
Berkeley va plus loin, et dit que tout ce qui est se réduit à ce qui peut être perçu. C'est la célèbre formule : esse est percipi. Être, c'est être perçu.  
Cela pourrait signifier, à première vue, que rien n'existe que ce qui est perçu actuellement. L'idéalisme subjectif n'est donc pas loin, qui culmine dans le solipsisme. La pièce où je suis n'existe que pour autant que je la perçois ; mais, qui sait, dès que j'en sors, peut-être qu'elle n'existe plus. Et dès que je détourne les yeux du mur, peut-être disparaît-il et réapparaît-il quand je me retourne...  
Ce n'est pourtant pas ce que dit Berkeley. Non, il dit que lorsque nous pensons à une chose qui n'est pas là, devant nous, nous y pensons comme si elle était devant nous, comme si nous la percevions. De même pour quelque chose qui n'existe pas, nous ne pouvons la concevoir que comme une chose actuellement perçue.  
Être, c'est être perçu, signifie que nous ne pouvons nous représenter quoi que ce soit que comme si nous le percevions. Si j'imagine un lieu où je suis passé, je l'imagine comme je le percevais quand je m'y trouvais. Si je pense à l'idée du cercle, je pense à un cercle perçu.  
 
 
C'est vrai que Schopenhauer reprend cette idée. Le monde est ce que je perçois. Le monde est mon monde, ma représentation. Mais il y a une objectivité du monde comme volonté, objectivité qui précède en droit toute subjectivité, puisque le sujet est un phénomène du vouloir. Qu'il n'y ait de monde que pour moi m'enferme dans le solipsisme, c'est vrai. Schopenhauer dit qu'il est impossible de sortir de soi, qu'on échappe pas à soi-même, aux limites de son être (sauf, comme on sait, à la fin du livre IV, avec la pitié).
Je suis à la fois un individu, entier et limité, et une émanation du vouloir. Le sujet ne se conserve qu'à se maintenir dans les bornes de ses représentations. Mais la progression du Monde... dénonce peu à peu ces représentations comme des illusions procurées par la volonté pour se perpétuer. Comme le montre le livre II, le monde est bien une finalité sans fin, mais dans un sens qui n'est guère kantien : les sciences de la nature nous montrent que tous les phénomènes, des plus rudimentaires (magnétisme, attraction...) aux plus organisés (le vivant) sont parfaitement structurés et semblent tendre vers une fin. Mais il n'y a que la forme d'une fin qui se manifeste, et aucune fin réelle. A l'inverse de Leibnitz, Schopenhauer peut dire que chaque chose a un sens, mais que le tout est absurde.  
 
Lorsque l'individu abandonne ses représentations, il déchire le voile des illusions, mais il ne contemple pas une volonté supérieure, mais seulement un monde sombre, panique, absurde. En quelque sorte, le solipsisme se retourne : l'individu est seul au monde, et le monde lui-même est seul, comme un "calme bloc ici-bas chu d'un désastre obscur" (Mallarmé).


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n°12710970
Baptiste R
Posté le 17-09-2007 à 11:58:43  profilanswer
 

Moi ch'uis un peu rugueux, j'en suis resté à Hegel via Henry : "Le réel est phénomène [...] Il n'y a pas lieu, en effet, de mettre d'un coté la connaissance humaine et, de l'autre, l'essence que cette connaissance cherche à appréhender, ni de poser par suite le problème critique d'une déformation possible, voire nécessaire, de l'essence par une connaissance qui ne peut la toucher qu'en la modifiant, si le fait d'être connu n'est pas un prédicat qui se surajoute de l'extérieur au réel mais constitue au contraire son essence même."
Bon, pour certains c'est précisement le problème (par exemple un vieux moustachu germano-amerloque). Mais toute l'histoire du savoir est l'histoire de problèmes qui sont soudain considérées comme solutions et de solutions qui deviennent des problèmes, alors bon. Par exemple, puisque je parle de Henry, mossieur dit que le mouvement est connu de lui-même (parce que l'ego est corps, je me promène donc je suis, toussa). Comme pied de nez on fait difficilement mieux.
 
 
 

Citation :

mais ce que tu dis, outre cette histoire de superficie de l'habitat (ontologie heideggerienne ?), n'implique-t-il pas cette ambiguité d'un désir comme manque, de la discipline amoureuse comme adaptée à une transcendance ?
enfin je dis ça, c'est pas pour chipoter sur des détails (mais en même temps, comme le message est court...)


Dommage que ma Phéno de la perception 2.0 par Barbaras (Le Désir et la distance :D) se soit auto-dafée pour rejoindre le paradis des livres (si elle s'est gourrée et se retrouve au paradis des papier-peints, bien fait pour sa gueule), il dit de jolies choses sur le désir comme manque de soi.


Message édité par Baptiste R le 17-09-2007 à 12:19:54
n°12711087
daniel_lev​rai
Semper eadem sed aliter
Posté le 17-09-2007 à 12:21:02  profilanswer
 

Vous connaissiez Wikisource???  :ouch: J'ai trouvé Le monde comme volonté et la CRP en faisant une simple recherche google!!!  
 
 
http://fr.wikisource.org/wiki/Le_M [...] n_-_I%2C_1


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A pédant, pédant et demi. Qu'il s'avise de parler latin, j'y suis grec ; je l'extermine.
n°12711130
Baptiste R
Posté le 17-09-2007 à 12:31:04  profilanswer
 

http://img443.imageshack.us/img443/3968/papefe8.jpg
 
 
Moi il y a quelques jours : "on ne connaît pas assez les ressources Internet, c'est dommage."   :whistle:


Message édité par Baptiste R le 17-09-2007 à 12:32:00
n°12711291
neojousous
Posté le 17-09-2007 à 12:55:03  profilanswer
 

Je connaissais, ça peut être utile pour lire des passages. Après je me vois mal lire un bouquin sur un écran de pc.

n°12711361
daniel_lev​rai
Semper eadem sed aliter
Posté le 17-09-2007 à 13:06:09  profilanswer
 

ça passe très bien en fait, la fonction ctrl F permet de vite trouver ce qu'on cherche. C'est beaucoup plus facile à utiliser qu'un livre.


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A pédant, pédant et demi. Qu'il s'avise de parler latin, j'y suis grec ; je l'extermine.
n°12711402
rahsaan
Posté le 17-09-2007 à 13:11:03  profilanswer
 

daniel_levrai a écrit :

ça passe très bien en fait, la fonction ctrl F permet de vite trouver ce qu'on cherche. C'est beaucoup plus facile à utiliser qu'un livre.


 
Oui, c'est excellent pour une recherche ponctuelle, comme trouver une référence précise. Mais pas pour une lecture suivie.


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Mon roman d'anticipation, L'I.A. qui m'aimait : https://tinyurl.com/mtz2p872 | Blog ciné/JV : http://cinecourt.over-blog.com
n°12711470
daniel_lev​rai
Semper eadem sed aliter
Posté le 17-09-2007 à 13:20:23  profilanswer
 

rahsaan a écrit :


 
Oui, c'est excellent pour une recherche ponctuelle, comme trouver une référence précise. Mais pas pour une lecture suivie.


 
 
Justement, je vais essayer de trouver dans le commerce ces fameux livres électroniques. J'aimerais vraiment essayer.
 
 
Bopn, j'ai trouvé ce que je cherchais :  
 
"Il est évident, sans pousser plus loin la démonstration, que le sens profond des deux doctrines est exactement le môme : toutes deux tiennent le monde sensible pour une apparence qui en soi est sans valeur et n'a de signification, de réalité cachée, qu'en vertu de ce qui s'exprime par lui (les Idées pour Platon, la chose en soi pour Kant) ; d'ailleurs, cette réalité ainsi exprimée, la seule réalité, n'a, d'après les deux doctrines, rien de commun avec les formes de l'expérience phénoménale, même les plus générales et les plus essentielles. Kant, pour se débarrasser de ces formes, les a explicitement réduites à des termes abstraits.et il a franchement détaché de la chose en soi le temps, l'espace, la causalité, ne les considérant que comme de simples formes de l'expérience phénoménale. ( c'est moi qui souligne)"
[...]
"Pour rapprocher mieux encore la formule de Kant et celle de Platon, on pourrait également dire : temps, espace et causalité ne sont que cette loi de notre intellect, en vertu de laquelle l'être, à proprement parler unique, qui constitue chaque espèce, se manifeste à nous comme une multitude d'êtres analogues, qui renaissent et qui périssent sans cesse dans une succession éternelle. Saisir les choses par le moyen et dans les limites de cette loi constitue l'aper-ception immanente ; les saisir au contraire en parfaite connaissance de cause constitue l'aperception transcendentale.Or, par la critique de la raison pure nous arrivons à concevoir l'aperception transcen-dentale, mais nous ne la concevons qu'm abstracto ; pourtant elle peut aussi se produire en nous intuitivement. "
 
Schopenhauer, A., "Le Monde comme volonté et comme représentation", F. Alcan, Paris, 1909-1913

Message cité 1 fois
Message édité par daniel_levrai le 17-09-2007 à 13:24:29

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A pédant, pédant et demi. Qu'il s'avise de parler latin, j'y suis grec ; je l'extermine.
n°12711518
sylvva
Posté le 17-09-2007 à 13:27:53  profilanswer
 

Karousel a écrit :


 
Quelqu'un peut-il m'expliquer ce qui m'apparaît comme une contradiction chez Nietzsche?


 
la contradiction que tu perçois est probablement celle-ci :
il y a volonté / il n'y a pas de libre arbitre
 
" Notre choix dépend d'une volonté, parmi toutes nos volontés."
Versus
 
"On est ainsi amené à reconnaître que l'histoire des évaluations morales est aussi l'histoire d'une erreur, de l'erreur de la responsabilité : et cela, parce qu'elle repose sur l'erreur du libre arbitre. »
 
oui, il y a contradiction, mais N. ne s'embarrasse pas de cela
( quoique, je ne le connais pas très bien, peut-être qu'il montre quelque part la non-contradiction)
 
dans le contexte présent, il y a ceci :  
 
la doctrine chrétienne soutient que le Mal s'explique par le choix fait originellement  
à bon escient par l'homme ( il a donc le libre arbitre ), et qui lui vaut damnation définitive,
 
face à cela, N. il affirme qu'il n'y a pas de libre arbitre, mais juste une volonté parmi d'autres, qui l'a emporté sur celles-ci comme venant probablement d'un principe supérieur
 
on voit ici que cette idée de volonté est un argument que N. utilise pour détruire la doctrine, comme erreur qui empêche l'homme d'agir librement, de laisser s'exprimer sa volonté, le vouant à la passivité et à la répentance, ce qui est négation de l'homme,
or, une fois qu'il l'a évacué le religieux, N. se trouvera en face de la vie comme absurde, car sans but ( "nihilisme passif" de Schopenhauer, dit-il ) et préconisera  
la venue d'un Surhomme ( "nihilisme actif" ) qui brisera cette condition car étant  
d'une race forte
 
beaucoup de bruit pour pas grand-chose,  face au chaos il brandit un voeu pieux,
preuve que danser sur le bord de l'abîme ne tient pas longtemps
 
 

n°12711594
rahsaan
Posté le 17-09-2007 à 13:39:27  profilanswer
 

daniel_levrai a écrit :


"Il est évident, sans pousser plus loin la démonstration, que le sens profond des deux doctrines est exactement le môme : toutes deux tiennent le monde sensible pour une apparence qui en soi est sans valeur et n'a de signification, de réalité cachée, qu'en vertu de ce qui s'exprime par lui (les Idées pour Platon, la chose en soi pour Kant) ; d'ailleurs, cette réalité ainsi exprimée, la seule réalité, n'a, d'après les deux doctrines, rien de commun avec les formes de l'expérience phénoménale, même les plus générales et les plus essentielles. Kant, pour se débarrasser de ces formes, les a explicitement réduites à des termes abstraits.et il a franchement détaché de la chose en soi le temps, l'espace, la causalité, ne les considérant que comme de simples formes de l'expérience phénoménale. ( c'est moi qui souligne)"
[...]
"Pour rapprocher mieux encore la formule de Kant et celle de Platon, on pourrait également dire : temps, espace et causalité ne sont que cette loi de notre intellect, en vertu de laquelle l'être, à proprement parler unique, qui constitue chaque espèce, se manifeste à nous comme une multitude d'êtres analogues, qui renaissent et qui périssent sans cesse dans une succession éternelle. Saisir les choses par le moyen et dans les limites de cette loi constitue l'aper-ception immanente ; les saisir au contraire en parfaite connaissance de cause constitue l'aperception transcendentale.Or, par la critique de la raison pure nous arrivons à concevoir l'aperception transcen-dentale, mais nous ne la concevons qu'm abstracto ; pourtant elle peut aussi se produire en nous intuitivement. "
 
Schopenhauer, A., "Le Monde comme volonté et comme représentation", F. Alcan, Paris, 1909-1913


 
Oui, ces deux passages sont très bons pour voir comment Schopenhauer a schopenhauerisé Platon et Kant, en leur prêtant une thèse qui est d'abord la sienne (le caractère illusoire du monde de la représentation) et que Nietzsche reprendra telle quelle pour critiquer ceux qui dénigrent ce monde ici-bas (dénigrement qu'il attribue à Platon et Kant, entre autres, mais qui est en fait de Schopenhauer).  
 
Cette déformation opérée par le philosophe de Francfort est tout à fait visible, lorsqu'il parle, dans ta seconde citation, de la multitude d'êtres renaissant éternellement, ou qu'il fait appel, en plus d'une conception transcendantale, à une intuition (celle du vouloir), que Kant refuserait.  
Il y a chez S. une doctrine des Idées, inspirée selon lui de Platon, qui sont conçues comme des degrés d'objectivation de la volonté dans la représentation.  
Mais si fort que S. ait admiré Kant ou Platon, il ne leur doit presque rien. De même peut-il largement citer les grands auteurs classiques (Montaigne, Shakespeare...), sa philosophie est vraiment "19e siècle" et le meilleur de ce qu'il a écrit ne doit qu'assez peu aux grandes thèses sur l'homme et le monde. cf. à ce sujet le volume de Rosset sur Schopenhauer.  
Nietzsche lui a, c'est célèbre, reproché de n'être pas vraiment pessimiste. Et la critique biographique note que le prêcheur du renoncement aux instincts a largement festoyé quand il est devenu célèbre.  
Schopenhauer serait ainsi un bon exemple d'auteur s'étant largement mépris sur lui-même. Mais nul comme l'illusion ne nous donne le sentiment d'être lucide et seul un aveugle croit avoir tout vu et tout dit.


Message édité par rahsaan le 17-09-2007 à 13:51:40

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n°12711639
daniel_lev​rai
Semper eadem sed aliter
Posté le 17-09-2007 à 13:44:18  profilanswer
 

Ce que j'adore avec Rahsaan, c'est que je n'ai pas besoin d'expliciter ma pensée. Je cite et il pige :d


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A pédant, pédant et demi. Qu'il s'avise de parler latin, j'y suis grec ; je l'extermine.
n°12711678
rahsaan
Posté le 17-09-2007 à 13:48:24  profilanswer
 

daniel_levrai a écrit :

Ce que j'adore avec Rahsaan, c'est que je n'ai pas besoin d'expliciter ma pensée. Je cite et il pige :d


 
C'est du jeu en équipe.  
On court, tu me fais la passe sur l'aile en envoyant la citation. J'aplatis l'essai en ajoutant un commentaire. Puis Alcyon36 envoie la référence exacte à Nietzsche entre les poteaux.  
Et le public se lève comme un seul homme.  :lol:  


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n°12712763
rahsaan
Posté le 17-09-2007 à 15:31:17  profilanswer
 

Foutre de m'ayant offert le séminaire de Lacan sur la jouissance appelé, de façon appropriée, Encore, j'en ai déjà lu le début. Cette lecture m'a bien bien plus, donc je vous en donne un petit compte-rendu. Pas de tout, seulement du chapitre III, intitulé La fonction de l'écrit (et un peu du IV). Chapitre fulgurant, très dense, aussi inquiétant qu'amusant et qui, pour l'occasion, et pour celui qui m'a offert le livre, pourrait s'appeler, littéralement, Lacan et le foutre.  :D  
Je n'ai pas, dans cette présentation, d'autre ambition que de produire une paraphrase acceptable du chapitre, agrémentée de quelques références.  
 
 
La fonction de l'écrit
 
Partons d'une question simple : qu'est-ce que c'est, cette fonction de l'écrit ?
 
Lacan dit que (Jacques a dit ?) l'écrit n'est pas le signifiant. Le signifiant est de l'ordre de la linguistique. Saussure a pu dire de ce signifiant qu'il n'avait aucun rapport avec le signifié. Par exemple, les syllabes "boeuf" n'ont aucun rapport avec l'animal "boeuf". Du son à la chose, il n'y a pas de lien nécessaire. Saussure dit alors qu'il y a un lien arbitraire entre signifiant et signifié. Au contraire de ce que Platon cherchait à établir dans le Cratyle, en disant que c'était merveilleux, quand même, que le mot "cheval" parle si bien du cheval !
 
Mais, dit Lacan, l'écrit n'est pas du même registre que le signifiant (p40). Par là, ce qui est en jeu est de préciser le statut du discours analytique. Celui-ci est "ce mode de rapport nouveau fondé seulement dans ce qui fonctionne comme parole, et ce, dans quelque chose qu'on peut définir comme un champ." (p39)
Fonction et champ de la parole et du langage.  
 
Etant donné l'originalité du discours analytique, la notion de lien arbitraire du signifiant et du signifié ne peut pas convenir à Lacan. Les discours scientifiques doivent supposer que le discours tenu, ou le discours étudié, a pour référence un objet extra-discursif. C'est seulement à partir de là que Saussure peut dire que le lien entre les deux est arbitraire, quoi qu'il puisse y avoir référence.  
Précisément, c'est la référence en tant que telle que Lacan refuse. Le discours analytique ne se rapporte pas à une réalité pré-discursive. Autrement dit, le discours analytique n'a pas à faire référence à un au-delà du discours. Dit ainsi, c'est ni plus ni moins que du Hegel, de par ce refus d'un hors-discours.  
Lacan, comme le philosophe de Berlin, refuse donc que l'analyse soit une conception du monde, ce que Hegel nommait Weltanschaaung ("vision du monde" ). Seul le discours philosophique a besoin de poser l'existence d'un monde. Mais le langage "s'avère un champ beaucoup plus riche de ressources que d'être simplement celui où s'est inscrit, au cours des temps, le discours philosophique" (p42).  
Lacan égratigne ici Heidegger, et sa conception du logos comme langage provenant de l'être ou portant sur lui. Heidegger aurait joué sur l'importance de la copule "être", sans qu'il soit vrai que ce mot de liaison ait un usage dans toute langue. Plus encore, le langage sur l'être dérive, selon Lacan, du signifiant maître, c'est à dire d'un impératif, d'un commandement qui attend d'être obéi.  
 
Lacan joue sur le mot et dit que c'est le signifiant "m'être". Il faut donc considérer comme mythique l'idée d'une réalité pré-discursive. C'est plutôt toute réalité qui se fonde sur un discours. Discours tenu par des hommes, donc des vivants. Mais si le vivant est celui qui se reproduit, son discours ne peut pas concerner seulement la vie, mais aussi la mort. Ou précisément l'union des deux, à savoir la sexualité. Le discours n'est ni seulement de la vie, ni seulement de la mort.  
 
Que dit ce discours dont parle le discours analytique ? Réponse de Lacan : "On y parle de foutre - verbe anglais to fuck - et on y dit que ça ne va pas." Ce propos est celui du discours courant, celui de la vie de tous les jours : les gens pensent au sexe et au fait que le monde ne tourne pas rond, que rien ne va.  
C'est une des origines des troubles névrotiques : ne pas pouvoir satisfaire les insatiables pulsions sexuelles, et sentir que le monde ne va pas comme nous le désirerions. Autrement dit, de sentir que le réel heurte nos désirs de paix, d'harmonie, de repos et de plénitude. C'est ce que disait Freud dans le Malaise dans la culture.
Nous rêverions tous d'être comme des Robinson sur notre île, jouissant d'une vie cosmique pleine et entière, sous le grand cycle du soleil et des étoiles, une existence toute de santé, de plaisir et de satisfaction sexuelle... Mais voilà, il faut gagner sa vie, il pleut, les transports sont bondés, séduire une femme n'est pas facile, la réalité est triviale... Arriver à nous faire renoncer à nos fantasmes, à nos désirs délirants, parvenir à nous faire accepter le réel, tel serait, me semble-t-il, le but de la cure psychanalytique.  
 
 
Le mot d'ordre
 
Ce sera un des points de départ de la révolte de Deleuze/Guattari : la psychanalyse est une machine de pouvoir, qui fonctionne en complicité avec l'ordre du capitalisme, transmettant ses mots d'ordre, ses normes et nous assujetissant à ses exigences.  
Déjà, Freud disait : qu'est-ce que la réalité, sinon ce que tout le monde dit ?  
Si tout le monde dit quelque chose, il faut bien que ce soit vrai, non ?... Si bien que changer ce que tout le monde dit, ce qu'On dit, c'est changer la réalité même... Lorsque nous écoutons, ce que nous entendons, ce n'est pas tant, dit Lacan (p45), le signifié que le signifiant. Le signifié est la chose désignée ("ouvre la porte" ) tandis que le signifiant est l'ordre lui-même ("je te donne un ordre, celui d'ouvrir la porte" ). Nous ne prêtons généralement attention qu'au signifié, à l'ordre donné (qu'on prendre éventuellement pour une vérité), et pas au signifiant, au fait qu'un ordre soit donné et que cela constitue le fond même du langage : donner des ordres, faire obéir autrui. Quand Platon dit : le sensible participe des Idées, ce n'est pas une "vérité", mais un ordre : écoutez ce que moi, Platon, je vous dis.  
Deleuze/Guattari reprennent cette critique, dans Mille Plateaux, chapitre Les postulats de la linguistique : le langage ne transmet pas des informations, mais des mots d'ordre. Quand la maîtresse instruit les élèves, elle ne les informe pas, elle transmet des ordres.  
 
 
Le discours courant
 
Donc le discours courant ne parle que de sexe et du monde qui ne tourne pas rond. Lacan parle alors de disque ourcourant, pour mettre au jour ce refrain qui tourne, qui tourne, mais tourne en rond. Il s'agit là d'une opération de rupture de la chaîne signifiante. C'est un de ces jeux de mots qui ont rendu Lacan célèbre. Mais il importe d'en voir la portée. Lacan veut nous délivrer du refrain de ce disque rayé, et ne pas essayer de le réparer. L'analyse ne va pas montrer que le discours courant se trompe en disant que le monde ne tourne pas rond. Au contraire, il ne va pas assez loin : il croit encore que le monde tourne, même mal.  
"Ça tourne, ça tourne, très exactement pour rien." Une grande partie de notre vie se passe à dire que la vie en collectivité ne va pas bien. Que ça ne tourne pas rond. Si je comprends bien, d'une part le discours courant reconnaît cela, mais pour en faire aussitôt le reproche.  
 
La réponse de Lacan au disque-courcourant ne sera donc pas d'en redresser la signification pour retrouver un monde vrai. Il s'acharnera plutôt à en ruiner les prétentions, en répondant deux choses, dont il faudra penser l'unité :  
1) Le monde ne tourne pas du tout, il tombe.  
2) On s'acharne à penser au sexe, mais il n'y pas de rapport sexuel.
 
Alors, comment penser cette unité des deux réponses, que le monde tombe et qu'il n'y a pas de rapport sexuel ? Si l'on en revient au postulat de Lacan, qu'il n'y a pas de réalité pré-discursive, alors on verra ni le monde ni le rapport sexuel ne peuvent s'écrire. Si "ça" ne s'écrit pas, "ça" n'existe pas. (A ce sujet, peut-être que l'oeuvre du marquis de Sade est la meilleure preuve qu'il n'y a pas de rapport sexuel. On prouverait qu'il n'y a dans ses livres pas un seul coït, et qu'il a passé sa vie à explorer ce mystère. Ses personnages ne copulent pas, mais ils obéissent frénétiquement au signifiant-maître, celui qui crie : "jouis !". Peut-être que le passage de Sade à Kant est celui-ci : le passage du désir de l'objet petit-a à l'acte éthique. )
 
La linguistique s'intéresse à ce qui est écrit, elle lit l'écrit. Elle prête attention au signifié. Mais l'analyse n'est pas la linguistique. Elle dit le signifiant, elle l'écrit. Elle n'est pas une conception du monde, un discours sur le monde. Ce qui s'écrit n'est pas ce qui se lit.
L'écrit se soutient d'un discours, mais (p48) "le rapport sexuel, vous ne pourrez jamais l'écrire".  
 
 
Le monde ne tourne pas
 
C'est au chapitre IV que Lacan dit qu'on a toujours supposé que le monde tournait. La conception astronomique de Ptolémée place la terre immobile au centre du monde, avec les astres qui tournent autour d'elle, sur des cercles concentriques. Puis Copernic a accompli sa célèbre révolution, en posant que c'est le soleil qui est immobile et la terre qui tourne. Mais là encore, que Copernic ait dit qu'il en allait vraiment ainsi, ou qu'il ne l'ait dit que pour simplificer les calculs astronomiques (position d'Osciander, qui fonde la théorie instrumentaliste de la science), Copernic a continué à dire que ça tournait. Kepler a au contraire insisté sur la forme elliptique des orbites planétaires, en sorte que grâce à lui, "ça" ne tourne plus si rond.  
Lacan souhaite juste rappeler pour sa part que les planètes ne tournent pas, mais qu'elles ne font que tomber. La rotation n'est qu'une chute rectiligne à laquelle s'ajoute le mouvement d'attraction d'un autre corps, autrement dit la composition de deux chutes.  
Le monde ne tourne pas, il tombe. Voilà qui doit finir de rayer le disque-ourcourant, ruiner ses plaintes en lui montrant que ses reproches ne sont pas justifiées : inutile de se plaindre que la vie ne va pas bien, si elle n'est pas "faite" pour aller bien. La vie est une chute ralentie.  
 
L'homme, la femme, la jouissance, ne sont pas des "réalités", ce sont des signifiants. Il n'y a donc pas de Femme, mais le signifiant femme, ou le signifiant homme, qui nous ordonnent de jouir en ayant des rapports sexuels.  
"L'homme et la femme sont opposés et complémentaires, ils sont faits pour s'unir, afin que leur différence provoque une union d'où sortira un être entièrement nouveau, fruit de leur amour." C'est un discours qui tient (1), mais justement, il ne tient à rien, qu'à l'effet du signifiant. Lacan cherche juste à dissiper cet effet du "m'être", à rayer le disque.  
 
Accepter de voir se déliter nos significations habituelles, obsessives, c'est se défaire de la culpabilité infligée par le signifiant. Provoquer la chute (le lapsus) de la chaîne signifiante, c'est nous délivrer des impératifs de la jouissance en la réduisant à ses effets de signe. Et par là, réduire ce qu'on croit être l'accès à l'être à l'accès à l'amour.  
 
 
(1) Souvenons-nous que Foucault, Histoire de la sexualité I, ch1, a dit aussi que le discours de Marcuse et Cie. sur la répression de la sexualité était un discours qui tenait bien, mais d'abord pour le profit de ceux qui le tiennent...)
 
 
PS
 
Il y a un film, La vie de David Gale, dans lequel le héros, joué par Kevin Spacey, est professeur d'université aux Etats-Unis. On le voit au début donner un cours sur Lacan, qui explique très clairement la notion d'objet petit-a et l'enjeu éthique de la psychanalyse.  
Le héros lui-même met d'ailleurs ses actes en concordance avec ses principes, renonçant à la jouissance de l'objet petit-a (l'alcool et les femmes) pour s'engager éthiquement, contre la peine de mort.

Message cité 2 fois
Message édité par rahsaan le 20-09-2007 à 08:41:44

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n°12714476
neojousous
Posté le 17-09-2007 à 18:24:52  profilanswer
 

Nietzsche et le problème de la civilisation
 
La métaphore philologique
 
Patrick Wotling dans son livre Nietzsche et le problème de la civilisation nous explique que l'une des difficultés inhérentes à la lecture de Nietzsche est son écriture métaphorique. Il utilise et mêle constamment diverses métaphores tel que la physiologie, la médecine, la digestion, ou encore le déguisement. Mais la métaphore fondamentale est celle de la philologie. Elle est fondamentale, notamment parceque c'est celle qui permet d'exprimer la méthode de Nietzsche, sa manière de générer sa pensée. La métaphore philologique consiste à tout traiter en terme de textes, et d'interprétation de ces textes. La réalité est traité comme un texte, à laquelle il est possible d'apporter diverses interprétations. Ainsi, il est possible de parler de texte de la réalité, ou de texte de la culture (dont les diverses sections de ce texte sont les religions, les sciences, les arts, etc...). La philologie est pensée dès lors comme l'art de bien lire, ou en d'autres termes d'interpréter correctement.

Un perspectivisme méthodologique

 
Nietzsche identifie la réalité à l'apparence, s'opposant au dualisme métaphysique séparant un monde vrai, en soi, du monde de l'apparence. Ainsi, au lexique de la profondeur, il substitue la métaphore de la superficialité, identifiant l'apparence à l'épiderme, et non pas à un voile dissimulant l'essence profonde de la réalité. C'est en cela que Nietzsche célèbre les Grecs préplatoniciens, qui s'arrêtaient à l'apparence, non par manque de réflexion, mais par profondeur. A noter que ce refus d'un en-soi n'est pas une thèse métaphysique, mais une thèse méthodologique : agir d'une autre manière que ce refus d'un en-soi serait ce que Nietzsche appelle un "manque de philologie" : évoquer un "en-soi" reviendrait à confondre le texte et l'interprétation. Parler d'un "en-soi" c'est déjà une lecture orientée du texte de la réalité. Cela signifie que pour Nietzsche, les métaphysciens travaillent sur un texte de la réalité corrompu, falsifié. Pour bien comprendre cela, il faut noter que de la métaphore philologique découle un perspectivisme : penser le texte de la réalité nécessite une interprétation, or il existe une infinité d'interprétations possibles. Jusqu'à présent, l'interprétation qui a dominé est l'explication, interprétation teintée d'idéalisme car présupposant la notion de vérité. Cette explication correspond au mode de communication du discours. Si le discours communique un sens organisé transcendant l'ordre linguistique, le texte de Nietzsche au contraire cherche à générer du sens à l'aide d'un réseau métaphorique, pour éviter le piège des présupposés du discours (le dualisme vrai/faux). Dans ce cas, l'interprétation de l'explication ne satisfait pas Nietzsche. Va-t-il privilégier une interprétation, ou rester dans un relativisme des interprétations ? Il va privilégier une interprétation, qui n'est pas celle de l'explication, cette interprétation aura le statut d'hypothèse, il s'agit de la volonté de puissance.
 
Un critère de hiérarchisation des interprétations
 
Le fait qu'une infinité d'interprétations soit possible ne signifie pas que toutes les interprétations se valent. Quel critère choisir alors ? Cela ne peut être le critère de vérité puisque le concept de vérité est récusé par Nietzsche comme une pathologie idéaliste. Nietzsche va se laisser guider par un principe méthodologique : le principe d'économie. A pouvoir d'explication égal sera privilégié l'interprétation du texte de la réalité la plus simple. Il est dès lors possible de considérer Humain trop humain, Aurore, et le Gai Savoir comme des travaux préparatoires visant à déterminer cette interprétation la plus simple possible. Il s'agit d'un premier mouvement : du texte de la réalité passer à l'interprétation. Un second mouvement doit suivre, vérifier que l'interprétation de la volonté de puissance permet une lecture efficace du texte de la réalité.
 
L'interprétation de la volonté de puissance
 
Dans le paragraphe 36 de PBM, Nietzsche formule son hypothèse de le volonté de puissance conformément à ses exigences méthodologiques. La volonté de puissance est caractérisé de deux manières différentes, comme rapport de forces, différentielle de forces, et comme rapport d'instincts, de pulsions. En somme, la volonté de puissance est un rapport de tendance cherchant à s'accomplir, à se réaliser. En observant le domaine organique, l'ordre des phénomènes de la vie, Nietzsche observe ces rapports de tendance cherchant à se surpasser : "Partout où j'ai trouvé du vivant, j'ai trouvé de la volonté de puissance" (APZ,II,De la domination de soi). Suivant sa méthode s'appuyant sur le principe d'économie, il pose alors la question : peut-on appliquer ces rapports de force, de pulsion, au monde inorganique ? Peut-on eténdre le modèle caractérisant le monde organique au monde inorganique ? Nietzsche va s'employer à montrer que oui, que la volonté de puissance est une hypothèse permettant de rendre compte de la totalité du texte de la réalité.
 
Le propos de Nietzsche n'est toutefois pas scientifique au sens strict du terme. Il ne s'agit pas seulement de mieux connaître la réalité, car un tel désir de connaissance appartiendrait encore à cette volonté de vérité inconditionelle, critiquée dès le début de PBM (§1 et suivants). Or à quoi bon la connaissance ? Le but de Nietzsche, lorsqu'il nous montre que le monde est volonté de puissance et rien d'autre, n'est pas de trouver une interprêtation plus "vraie" (comme s'il découvrait une vérité cachée derrière les apparences), mais une interprêtation qui, nous mettant face au devenir et à sa multiplicité, nous séduise et nous encourage à mieux jouer le jeu de la volonté de puissance, c'est à dire à intensifier notre sentiment de la vie.
 
(le dernier paragraphe est de rahsaan, c'est une reprise d'un post de mon blog)


Message édité par neojousous le 17-09-2007 à 18:27:55
n°12715449
rahsaan
Posté le 17-09-2007 à 20:04:07  profilanswer
 

Ce que j'avais préféré dans ce livre, c'était un passage assez discret, mais tout à fait étonnant, celui qui va le plus loin dans l'étude de N. : celui sur les lignes isomorphiques de pensées. N. rapproche par exemple le pyrrhonisme et le bouddhisme dans leur attitude de retrait complet par rapport à la vie : ils deviennent comme incapables de réaction au monde, car ils s'efforcent d'en être profondément détaché.  
Ainsi, des doctrines en apparence sans rapport peuvent trouver des liens à partir de l'analyse nietzschéenne. Ce qui encouragerait à prolonger ces lignes, à un travail de comparaison et de rapprochement entre formes de vie, une véritable analytique de la volonté de puissance. :)
 
Je parie que quelqu'un sur ce forum va nous sortir la bonne référence  :lol:  (c'était vers les 3/4 du livre, à la fin d'une partie, pour autant que je me souvienne).  


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n°12718808
pascal75
Posté le 17-09-2007 à 23:23:29  profilanswer
 

Première page mise à jour. Va falloir trouver une manière d'ordonner les posts, je ne sais pas laquelle...


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GAFA  We are stardust Billion year old carbon We are golden
n°12719611
foutre de
Posté le 18-09-2007 à 00:51:22  profilanswer
 

bon je passe trop tard pour dire autre chose que : oui, je connais wikisource et : on pourrait classé la première page par chronologie historique des livres évoqués.
je repasse demain, à moins que je ne laisse encore aller comme ce soir (mon ascèse fout le camp)


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« Une force presque nulle est une force presque infinie dès lors qu'elle est rigoureusement étrangère au système qu'elle met en mouvement »
n°12721929
rahsaan
Posté le 18-09-2007 à 12:06:58  profilanswer
 

A mon avis, mieux vaut laisser les posts par ordre chronologique, tout simplement, pour suivre l'ordre du topic.


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n°12729378
foutre de
Posté le 18-09-2007 à 23:17:26  profilanswer
 

rahsaan a écrit :

(Jacques a dit ?)


l'autorité absolue tient à peu de chose...
 
 
 
 

rahsaan a écrit :


 Seul le discours philosophique a besoin de poser l'existence d'un monde.  


c'est intéressant parce que c'est exactement le même reproche que fait laruelle, formulé autrement et qu'il désigne comme "décision philosophique".
D'ailleurs lacan est avec Marx, un des rares penseurs que laruelle désigne comme ses prédecesseurs quant à la rigueur théorique (et fichte aussi). Moulinier, l'auteur du site historique que l'on sait, a d'ailleurs consacré une grande partie de son travail à la "non-psychanalyse"
 
 
 
 
 

rahsaan a écrit :

Lacan égratigne ici Heidegger,


lacan n'a pas fait qu'égratigné heidegger. la légende raconte que quand heidegger est venu en france au début des années 70, c'était lacan qui lui servait de chauffeur. On raconte que heidegger était effrayé de la façon de conduire de jacques qui poussait sa 4L ou sas 2Chevaux à fond dans les rues.
on imagine Heidegger blanc comme un linge, près à vomir, et lacan complétement hystérique dérapant sur le pavé en citant goethe...
:lol:
 
 
 

rahsaan a écrit :

son discours ne peut pas concerner seulement la vie, mais aussi la mort. Ou précisément l'union des deux, à savoir la sexualité. Le discours n'est ni seulement de la vie, ni seulement de la mort.


ce lien vie-mort = sexualité, lacan le tient de main direct de Georges Bataille (et de son mauvais livre sur l'érotisme). Il faut savoir que lacan avait épousé en secondes noces une des femmes de georges bataille... on se voyait donc souvent
 

rahsaan a écrit :

Que dit ce discours dont parle le discours analytique ? Réponse de Lacan : "On y parle de foutre - verbe anglais to fuck - et on y dit que ça ne va pas."


d'où mon nom : fuck of (merci de m'éclairer sur ma propre étymologie) :lol:
 
 
 
 

rahsaan a écrit :


Le mot d'ordre
 
...
 
Deleuze/Guattari reprennent cette critique, dans Mille Plateaux, chapitre Les postulats de la linguistique : le langage ne transmet pas des informations, mais des mots d'ordre. Quand la maîtresse instruit les élèves, elle ne les informe pas, elle transmet des ordres.


Lacan est aussi le premier psychanalyste anti-oedipien.
 
mais cette vision de l'enseignement comme mot d'ordre ne peut apparaître que quand il y a désamour de ce qui est transmis, désamour qui rend artificielle la valeur, la rend arbitraire et comme un forçage. cette vision n'est possible que qd une civilisation ne s'aime plus, qd ses enseignants ne savent plus s'éprendre de ce qu'ils transmettent.
 
Il y a une très bonne série de poèmes de Olivier Cadiot dans son recueil "l'Art poetic" qui utilise des exercices d'école. on sent alors quelle influence de civilisation, de moeurs, de valeur, le moindre exemple de grammaire nous injecte en profondeur, mais l'air de rien.
 
Barthes avait appuyé une de ses leçons sur l'idée que la grammaire était d'essence fasciste. mais c'est spécifique de qui refuse de prendre sur soi sa civilisation... et en profite pour culpabiliser tout le monde (et fait son beurre sur cette culpabilité post traumatique d'après guerre)
 
 
à suivre....


---------------
« Une force presque nulle est une force presque infinie dès lors qu'elle est rigoureusement étrangère au système qu'elle met en mouvement »
n°12729393
sylvva
Posté le 18-09-2007 à 23:18:20  profilanswer
 


ah ah encore des pavés...
 
tout ce beau monde est bel et bien dépassé
 
chacun plaide pour sa chaumière,  
et invente le monde qui lui convient:  
N. contre le christianisme,  
Lacan pour le christianisme,  
Schoppi sort du paradigme parce qu'il a découvert simplement le bouddhisme
 
marre de ces vieilleries et de leur chassé-croisé

n°12729462
sylvva
Posté le 18-09-2007 à 23:23:11  profilanswer
 


ajoutessentiel :
 
" Seul le discours philosophique a besoin de poser l'existence d'un monde telle qu'envisagée au bon gré de tel ou tel philosophe"   ;)

n°12729569
sylvva
Posté le 18-09-2007 à 23:28:49  profilanswer
 

ce lien vie-mort = sexualité, lacan le tient de main direct de Georges Bataille  
 
pas besoin, il avait déjà mis la main sur la Bible  ;)
 
 ( la sexualité est le péché qui a vallu à l'homme la Mort )

Message cité 1 fois
Message édité par sylvva le 18-09-2007 à 23:30:31
n°12729845
sylvva
Posté le 18-09-2007 à 23:45:24  profilanswer
 


 
- "Lacan anti-oedipien. "
 
évidemment, puisqu'il est chrétien,  
son but est d'affirmer le christianisme
 
- "Deleuze/Guattari reprennent cette critique, dans Mille Plateaux,  
chapitre Les postulats de la linguistique : le langage ne transmet pas des informations,  
mais des mots d'ordre"
 
évidemment, leur but est de détruire les conventions sociales qui marginalisent certains
 
quand on plaide pour sa chaumière on fait feu de tout bois,
sauf que ce n'est pas de la philo

n°12729890
daniel_lev​rai
Semper eadem sed aliter
Posté le 18-09-2007 à 23:48:33  profilanswer
 


Citation :

lacan n'a pas fait qu'égratigné heidegger. la légende raconte que quand heidegger est venu en france au début des années 70, c'était lacan qui lui servait de chauffeur. On raconte que heidegger était effrayé de la façon de conduire de jacques qui poussait sa 4L ou sas 2Chevaux à fond dans les rues.
on imagine Heidegger blanc comme un linge, près à vomir, et lacan complétement hystérique dérapant sur le pavé en citant goethe...
:lol:


 
Normal, Lacan était le pote de Beaufret. Il disait de la philosophie d'Heiddeger qu'il était à une certaine époque la pensée "la plus altière" qui soit...  
 
 

Citation :

Lacan est aussi le premier psychanalyste anti-oedipien.


 
 
Je me demande si ça un sens de dire ça.

Message cité 1 fois
Message édité par daniel_levrai le 18-09-2007 à 23:51:41

---------------
A pédant, pédant et demi. Qu'il s'avise de parler latin, j'y suis grec ; je l'extermine.
n°12729913
daniel_lev​rai
Semper eadem sed aliter
Posté le 18-09-2007 à 23:50:15  profilanswer
 

sylvva a écrit :


ah ah encore des pavés...

 

tout ce beau monde est bel et bien dépassé

 

chacun plaide pour sa chaumière,
et invente le monde qui lui convient:  
N. contre le christianisme,
Lacan pour le christianisme,
Schoppi sort du paradigme parce qu'il a découvert simplement le bouddhisme

 

marre de ces vieilleries et de leur chassé-croisé


Je ne te suis pas et c'est tout simplement aussi lapidaire que facile et faux.

Message cité 2 fois
Message édité par daniel_levrai le 18-09-2007 à 23:54:29

---------------
A pédant, pédant et demi. Qu'il s'avise de parler latin, j'y suis grec ; je l'extermine.
n°12730337
foutre de
Posté le 19-09-2007 à 00:22:24  profilanswer
 

daniel_levrai a écrit :

 
Citation :

Lacan est aussi le premier psychanalyste anti-oedipien.

 


Je me demande si ça un sens de dire ça.


oui, bien sûr que ça a un sens. à bien des égard, lacan a été en rupture avec le monde psychanalytique. la structure infantile dominée par l'oedipe a été identifiée comme problématique par les praticiens eux-mêmes notamment quant au développement de la psyché féminine. On peut lire le très intéressant livre de Julia kristeva, Soleil Noir, qui s'intéresse à l'émergence de la symbolisation précoce chez les privées de phallus... à l'occasion d'une méditation sur la mélancolie


Message édité par foutre de le 19-09-2007 à 00:23:02

---------------
« Une force presque nulle est une force presque infinie dès lors qu'elle est rigoureusement étrangère au système qu'elle met en mouvement »
n°12730721
sylvva
Posté le 19-09-2007 à 01:03:48  profilanswer
 

daniel_levrai a écrit :


Je ne te suis pas et c'est tout simplement aussi lapidaire que facile et faux.


 
bien,  
essaie d'imaginer, ne fut-ce qu'une seconde, ce que ça donne quand on met bout à bout tout ce que l'homme, depuis qu'il existe sur cette terra, a écrit
 
il n'y a pas de plus lapidaire pour prendre la mesure du chaos de la pensée

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