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Quels sont pour vous les trois livres de philo à lire pour un honnête homme ?


 
15.4 %
 273 votes
1.  "La république" de Platon
 
 
6.7 %
 119 votes
2.  "La métaphysique" d'Aristote
 
 
15.7 %
 279 votes
3.  "l'Ethique" de Spinoza
 
 
1.5 %
    27 votes
4.  "Essai de théodicée" de Leibniz
 
 
15.0 %
 266 votes
5.  "Critique de la raison pure" de Kant
 
 
17.8 %
 315 votes
6.  "Par delà le bien et le mal" de Nietzsche
 
 
5.9 %
 105 votes
7.  "L'évolution créatrice" de Bergson
 
 
6.4 %
 113 votes
8.  "Etre et temps" d'Heidegger
 
 
7.5 %
 133 votes
9.  "Qu'est-ce que la philosophie" de Gilles Deleuze
 
 
8.1 %
 144 votes
10.  "Moi, ma vie, mon oeuvre" de obiwan-kenobi
 

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Auteur Sujet :

Philo @ HFR

n°11180833
foutre de
Posté le 13-04-2007 à 21:40:14  profilanswer
 

Reprise du message précédent :

neojousous a écrit :

Oké. J'aimerai bien connaître un peu le bouddhisme, et la pensée du dalaï lama. Quelqu'un connaitrait quelque chose qui puisse me servir d'introduction ?


 
 
il y a si ça te cause un livre de Borgès sur le bouddhisme en folio gall. Mais j'ignore si c'est ou non connecté avec le Dalaï lama.

mood
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Posté le 13-04-2007 à 21:40:14  profilanswer
 

n°11181084
foutre de
Posté le 13-04-2007 à 22:02:03  profilanswer
 

daniel_levrai a écrit :

Je cherche plutôt à réfuter l'argument de Benoît XVI... après le boulot bien sûr

 


Je ne suis pas versé dans l'épistémologie comme vous autres. Mais il me semble que nous manquons un pan du débat "créationnisme/évolutionnisme" si nous ne nous méfions pas des questions d'échelles. Le big-bang, qui n'est pas sans relevé du créationnisme accompli, ne contredit en rien l'évolutionnisme à l'échelle des espèces.
Il y a selon moi un problème d'échelle dans la lecture que l'on fait du calendrier de la genèse (les six jours + le repos...). Evidemment nous passons de questionnements épistémologiques à des problèmes d'exégèse des textes religieux. Un symbole relève-t-il des mêmes unités de mesure que celles de la sciences ? (parce que Derrida a toujours raison quand il s'agit de poser depuis une épistémè positive la question de l'origine, alors la bible finit toujours par raffler le dernier mot)
Je me demande alors :
Un pape peut-il procéder à une lecture littérale (positiviste ?) de la bible (et d'ailleurs jusqu'où descend-on "au pied de la lettre" ?) ? C'est comme s'il connectait deux paradigmes profondément hétérogènes.
Je ne peux m'ôter de l'esprit qu'il est toujours dans l'intérêt de l'Eglise de lancer des polémiques, de sorte à forcer des dialogues qui la font exister ne serait-ce que comme entité à réfuter. Benoît 16 a déjà donné dans ce genre de caprice retentissant à l'occasion de l'Islam.
Dire un truc très bête, en tout cas pas très réfléchi, basique, même au niveau théologique, mais qui demandera alentour bien des efforts de régulation qui animeront des forces humaines autour de l'Eglise (qui n'en ressort que toujours plus inévitable).
Je vois là surtout de la bonne stratégie jésuite...

 


Message édité par foutre de le 14-04-2007 à 09:49:15

---------------
« Une force presque nulle est une force presque infinie dès lors qu'elle est rigoureusement étrangère au système qu'elle met en mouvement »
n°11181632
daniel_lev​rai
Semper eadem sed aliter
Posté le 13-04-2007 à 22:50:13  profilanswer
 

Oui, tu as sans doute raison. Un théologien comme Benoit 16 ne peut pas ignorer le problème de l'induction en science. C'est tellement idiot comme raisonnement :" si je raisonne par induction, il y a toujours le cygne noir ou le poulet qui va se faire plumer, donc Adam et Eve existent."  
 
Ils sont malins ces cathos...

n°11183545
foutre de
Posté le 14-04-2007 à 09:46:25  profilanswer
 

daniel_levrai a écrit :

16 ne peut pas ignorer le problème de l'induction en science. C'est tellement idiot comme raisonnement


 
C'est idiot l'induction, disons que c'est toute forme de généralisation d'un cas qui pose problème.  
C'est l'essence logique des comportements judicatifs à caractères racistes, ou xénophobes :
 "Je passe de tel cas à son extension à un groupe humain." (c'est même une attitude basique de projection psychologique : je passe de tel comportement à une personnalité identifiée...)
Pourtant nous ne pouvons nier des conflits, des incompatibilités, entre champs de civilisations qui impliquent des lectures du réel différentes. Nous ne pouvons éviter de mettre à jour des sectorisations culturelles.
Il nous faut maintenir que les multitudes continuent de faire exploser, suinter, sourdre, les généralisations qui les décrivent dans le savoir.
 toutefois cela ne doit pas nous faire baisser les bras sur les observations : il y a un constat archéologique de variations des formes de squelettes, par datations géologiques ou 14-carboniques. Que la schématisation darwinienne soit à corriger, pourquoi pas, mais la disparition d'espèces reste valable (donc au minimum une évolution de la répartitions des acteurs) ; ainsi, que Hegel et la dialectique soient discutables, n'impliquent pas que nous ne constations plus de devenir, d'historicité etc.
On croit pouvoir étendre à l'observation la critique que l'on est autorisée à portée sur l'usage qui en a été fait (exemple du marxisme qui n'a pas invalidé le déterminisme social sous prétexte d'échec flagrant du léninisme)
mais je m'éloigne...
16 devrait se contenter de jouer du pop-rock à la guitare sur FRANCE INTER

n°11183616
crackingod​01
Posté le 14-04-2007 à 10:21:56  profilanswer
 

J'aimerais lire du Michel Foucault dont on arrete pas de me parler en cours.
Vous me conseillerez quoi de lui, qui est pas trop lourd a lire et qui me permettrait de m'initier a sa pensee?

n°11183785
pascal75
Posté le 14-04-2007 à 11:04:39  profilanswer
 

crackingod01 a écrit :

J'aimerais lire du Michel Foucault dont on arrete pas de me parler en cours.
Vous me conseillerez quoi de lui, qui est pas trop lourd a lire et qui me permettrait de m'initier a sa pensee?


Si tu arrives à mettre la main sur les quatre tomes de "dits et écrits" tu pourras y piocher de quoi te faire une bonne idée de la pensée de Foucault à travers des articles ou des conférences qu'il a données et qui sont réunis ici.


---------------
GAFA  We are stardust Billion year old carbon We are golden
n°11183812
foutre de
Posté le 14-04-2007 à 11:09:10  profilanswer
 

crackingod01 a écrit :

J'aimerais lire du Michel Foucault dont on arrete pas de me parler en cours.
Vous me conseillerez quoi de lui, qui est pas trop lourd a lire et qui me permettrait de m'initier a sa pensee?


 
Le mieux serait que tu ailles en bibliothèque ou en librairie pour feuilleter et voir ce qui te séduit personnellement, ce qui te donne envie.
C'est difficile d'évaluer ce que tu trouves "lourd". Dans les Dits et écrits tu trouveras des articles, donc du court, du succinct, sur une grande variété de thème dans l'ensemble de sa carrière ; mais en contrepartie tu auras des semi-démonstrations, des arguments moins développés et peut-être une compréhension plus hasardeuse.
 
Pour ce qui est des oeuvres, je connais moins bien la fin de la carrière de Foucault, ses cours au Collège de France (quequ'un d'autre que moi ici t'aidera peut-être mieux) :
 
Sa première période est consacrée à la médicalisation de la folie : "Histoire de la folie à l'âge classique" est un gros livre (tu peux préférer, dans le même parage, "Naissance de la clinique", qui est bien plus petit, mais moins beau...).
Ensuite il se consacre au langage, à la littérature, et dialogue avec la pensée dominante à cette époque, le Structuralisme : C'est pour ma part le livre que je te conseillerais si tu es au lycée car c'est celui où tu rencontreras le plus de cohérences avec ce qu'on t'a enseigné jusqu'ici (tu connecteras sans faire trois ans de Philosophie spé), c'est "Les Mots et les choses". Là il envisage les savoirs et la connaissance que nous savons de l'homme.
Tu peux enfin te porter vers "Surveiller et punir". Un ami à moi l'a lu lorsqu'il était en terminale et l'a trouvé à l'époque lumineux et accessible.
 
Ces deux derniers livres sont des best sellers (des tartes à la crèmes). Je te préciserai simplement que le style de Foucault y est virtuose, plein de charmes et que tu dois autant que possible essayer de t'en distancier pour ne pas être trop dupe. Par ailleurs certains éléments de jugements s'appuient sur une grande connaissance de l'histoire de la pensée, connaissance que tu n'as pas encore ; cette dimension historique est la grande force de la pensée foucaldienne. Alors sur certaines formules (je pense à la "fin de l'homme" qui conclut "Les Mots et les choses" ) il faudra suspendre ton jugement et moduler l'usage que tu peux en faire dans les copies.
 
En tout cas, je te souhaite ce grand plaisir qu'on ressent quand on fait connaissance avec une pensée (tu as bien de la chance héhé)
 
Pour les autres livres, j'espère que d'autres avis te viendront

n°11184446
europanale​x
Posté le 14-04-2007 à 12:48:24  profilanswer
 

Analecte a écrit :

S'appelera-t-il Europanali, le tier inclus ?

 

Oui, anali, europanali, aushmiddung ou valdinali... les choix sont vastes. Heureux de te voir passer par ici.
J'espère que ma présentation t'a convenu et que tu ne manqueras pas de l'enrichir de tes vues.
Ici semble règner une saine émulation et une vraie curiosité pour la vie de la pensée vivante. Tu as dû remarquer quelques francs lecteurs de Henry, lévinas, laruelle, serge,et autres deleuze.
Moi je ne serai pas ici en dialogue avec toi (nous avons d'autres voies), mais il me semble que tu pourrais y déposé quelques traces bibliographiques notables ; je pense particulièrement à Peter Sloterdijk, qui est quand même à promouvoir à l'échelle de la pensée européenne contemporaine (que dis-je? Mondiale.)

 

j'espère que l'envie t'en dira.

 

De mon côté, j'ai retrouvé un lien que je voulais ajouter aux deux autres. Il s'agit du dulpicata PDF d'un entretien entre jérôme Game, poète contemporains "wittgensteino-deleuzien" (non, je plaisante) et Stéphane Pihet, éditeur "deleuzo-merleau-pontyen", ayant lui aussi reçu des enseignements europanalytiques et possédant au catalogue du "Clou dans le Fer" une conférence de Valdinoci sur Georges Bataille des plus interessantes pour les lecteurs de cet auteur.

Message cité 1 fois
Message édité par europanalex le 14-04-2007 à 12:49:44
n°11184549
crackingod​01
Posté le 14-04-2007 à 13:02:47  profilanswer
 

foutre de a écrit :

Le mieux serait que tu ailles en bibliothèque ou en librairie pour feuilleter et voir ce qui te séduit personnellement, ce qui te donne envie.
C'est difficile d'évaluer ce que tu trouves "lourd". Dans les Dits et écrits tu trouveras des articles, donc du court, du succinct, sur une grande variété de thème dans l'ensemble de sa carrière ; mais en contrepartie tu auras des semi-démonstrations, des arguments moins développés et peut-être une compréhension plus hasardeuse.
 
Pour ce qui est des oeuvres, je connais moins bien la fin de la carrière de Foucault, ses cours au Collège de France (quequ'un d'autre que moi ici t'aidera peut-être mieux) :
 
Sa première période est consacrée à la médicalisation de la folie : "Histoire de la folie à l'âge classique" est un gros livre (tu peux préférer, dans le même parage, "Naissance de la clinique", qui est bien plus petit, mais moins beau...).
Ensuite il se consacre au langage, à la littérature, et dialogue avec la pensée dominante à cette époque, le Structuralisme : C'est pour ma part le livre que je te conseillerais si tu es au lycée car c'est celui où tu rencontreras le plus de cohérences avec ce qu'on t'a enseigné jusqu'ici (tu connecteras sans faire trois ans de Philosophie spé), c'est "Les Mots et les choses". Là il envisage les savoirs et la connaissance que nous savons de l'homme.
Tu peux enfin te porter vers "Surveiller et punir". Un ami à moi l'a lu lorsqu'il était en terminale et l'a trouvé à l'époque lumineux et accessible.
 
Ces deux derniers livres sont des best sellers (des tartes à la crèmes). Je te préciserai simplement que le style de Foucault y est virtuose, plein de charmes et que tu dois autant que possible essayer de t'en distancier pour ne pas être trop dupe. Par ailleurs certains éléments de jugements s'appuient sur une grande connaissance de l'histoire de la pensée, connaissance que tu n'as pas encore ; cette dimension historique est la grande force de la pensée foucaldienne. Alors sur certaines formules (je pense à la "fin de l'homme" qui conclut "Les Mots et les choses" ) il faudra suspendre ton jugement et moduler l'usage que tu peux en faire dans les copies.
 
En tout cas, je te souhaite ce grand plaisir qu'on ressent quand on fait connaissance avec une pensée (tu as bien de la chance héhé)
 
Pour les autres livres, j'espère que d'autres avis te viendront


 
Je pense que je vais regarder un peu ce qu'il y a dans dits et ecrits pour ensuite me lancer dans un livre complet.
Sinon "L'ordre du Discours" ca vaut le coup?
 
P.S: je suis pas en term, je suis a la fac et je fait de la philo politique, mais j'aime beaucoup lire sur d'autres themes philosophiques.

n°11184654
foutre de
Posté le 14-04-2007 à 13:19:04  profilanswer
 

crackingod01 a écrit :

Je pense que je vais regarder un peu ce qu'il y a dans dits et ecrits pour ensuite me lancer dans un livre complet.
Sinon "L'ordre du Discours" ca vaut le coup?


je ne connais pas. Je sais juste que ça reprend le contenu de sa leçon inaugurale au Collège de France (c'est plutôt gage de qualité, de généralité des perspectives et d'accessibilité pour le lecteur ; si c'est aussi bon qu'"Eloge de la philosophie" de Merleau-Ponty, tu peux y aller tête baissée)
 
Quelqu'un l'a lu?

mood
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Posté le 14-04-2007 à 13:19:04  profilanswer
 

n°11185914
foutre de
Posté le 14-04-2007 à 16:42:36  profilanswer
 

europanalex a écrit :

De mon côté, j'ai retrouvé un lien que je voulais ajouter aux deux autres. Il s'agit du dulpicata PDF d'un entretien entre jérôme Game, poète contemporains "wittgensteino-deleuzien" (non, je plaisante) et Stéphane Pihet, éditeur "deleuzo-merleau-pontyen", ayant lui aussi reçu des enseignements europanalytiques et possédant au catalogue du "Clou dans le Fer" une conférence de Valdinoci sur Georges Bataille des plus interessantes pour les lecteurs de cet auteur.


 
 
merci beaucoup pour ce lien. Discussion très intéressante (même si c'est écrit tout petit et en gris clair). cet éditeur ne semble pas avoir de site sur internet.
Sur le site http://tjournet.free.fr, il y a aussi quelques jolis textes ("c'est quand qu'on s'aime" notamment).
 
je suis assez intéressé par ce qu'on peut dire sur Sloterdijk que je ne connais que pour des interventions sur nietzsche et sur Heidegger. J'aimerais bien savoir si c'est sérieux ou juste people (ça polémique beaucoup).
 
En tout cas merci pour ton essai de biblio raisonnée de valdinoci ; ça donne une vision de continuité dans son travail ; on voit des étapes. C'est très utile. J'espère qu' Alcyon36 va revenir bientôt y jeter un coup d'oeil


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« Une force presque nulle est une force presque infinie dès lors qu'elle est rigoureusement étrangère au système qu'elle met en mouvement »
n°11186013
pascal75
Posté le 14-04-2007 à 17:03:22  profilanswer
 

http://idata.over-blog.com/0/32/21/73/blog231.jpg


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GAFA  We are stardust Billion year old carbon We are golden
n°11186022
pascal75
Posté le 14-04-2007 à 17:04:22  profilanswer
 

Spoiler :

http://idata.over-blog.com/0/32/21/73/blog232.jpg


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GAFA  We are stardust Billion year old carbon We are golden
n°11186082
Ache
immatriculé-conception
Posté le 14-04-2007 à 17:12:52  profilanswer
 

http://idata.over-blog.com/0/32/21/73/blog94.jpg
http://idata.over-blog.com/0/32/21/73/blog95.jpg


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Parcours étrange
n°11220514
rahsaan
Posté le 17-04-2007 à 22:32:01  profilanswer
 

rahsaan a écrit :

Spinoza, philosophe constructiviste ?


 
Je reprends ce post, car je m'aperçois que j'avais oublié de le finir. Je montrai que les démonstrations de l'Ethique permettaient de composer deux propositions, ou plus, de façon à obtenir une nouvelle proposition, construite à partir de celles déjà connues, mais qui soit plus que ces propositions, qui en soit en fait une synthèse.  
 
J'oubliais de dire ceci : il ne suffit pas de retrouver comment sont construites les démonstrations. On pourrait en plus voir quelles sont les propositions qui restent à construire à partir des propositions déjà existantes. Pourrait-on imaginer une Ethique virtuelle, déjà contenue dans les propositions ?  
En effet, les combinaisons sont en droit infinies. Bien sûr, en écrivant son livre, Spinoza ne prétendait pas embrasser l'entière connaissance de la nature, mais seulement ce qui pouvait nous conduire à la connaissance du Bien Suprême.  
Cependant, que resterait-il à découvrir en construisant d'autres propositions ? Spinoza, de son propre aveu, n'a pas cherché à tout dire. Mais dans ce cas, qu'est-ce qui peut découler de l'Ethique et qui n'a pas été écrit ?...  
 
Cependant, il faut se souvenir que cette construction ne résulte pas d'un jeu mécanique de combinaison mais aussi d'intuitions fondamentales découlant du troisième genre de connaissance.  
Pourrait-on écrire un livre VI à l'Ethique ? :D (ou bien est-ce un projet fou et illusoire, à la Bouvard et Pécuchet ? :D)

Message cité 1 fois
Message édité par rahsaan le 17-04-2007 à 23:03:00

---------------
Mon roman d'anticipation, L'I.A. qui m'aimait : https://tinyurl.com/mtz2p872 | Blog ciné/JV : http://cinecourt.over-blog.com
n°11221271
pascal75
Posté le 17-04-2007 à 23:33:13  profilanswer
 

rahsaan a écrit :

Mais dans ce cas, qu'est-ce qui peut découler de l'Ethique et qui n'a pas été écrit ?...  


Perso, je me demande encore quels attributs éternels existent en dehors de la pensée et de l'étendue, puisqu'il est question dans l'Ethique d'une infinité d'attributs qui constituent Dieu ?
Mais Spinoza comme philosophe constructiviste, ça me semble juste, l'Ethique formant une sorte de tableau de Mendeleiev des passions humaines et des attributs divins.

Message cité 1 fois
Message édité par pascal75 le 17-04-2007 à 23:36:13

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GAFA  We are stardust Billion year old carbon We are golden
n°11221322
Baptiste R
Posté le 17-04-2007 à 23:38:55  profilanswer
 

Perso, je me dis que la physique computationnelle aimerait encore plus les attributs de Spinoza que le dieu ratiocineur de Leibniz.
 
(Un livre VI introduisant un quatrième genre de connaissance, celle des quintessences fiduciaires et un livre VII préfigurant le septième sens de Saint Seya ?)
 
(A part ça, le dernier Astérix c'est en effet de la merde.)


Message édité par Baptiste R le 17-04-2007 à 23:40:39
n°11221362
rahsaan
Posté le 17-04-2007 à 23:43:19  profilanswer
 

pascal75 a écrit :

Perso, je me demande encore quels attributs éternels existent en dehors de la pensée et de l'étendue, puisqu'il est question dans l'Ethique d'une infinité d'attributs qui constituent Dieu ?
Mais Spinoza comme philosophe constructiviste, ça me semble juste, l'Ethique formant une sorte de tableau de Mendeleiev des passions humaines et des attributs divins.


 
A ce sujet, Marcel Conche, dans Présence de la nature*, objecte à Spinoza qu'on ne peut savoir si la Raison divine, telle que nous la connaissons, s'exprime aussi dans les autres attributs, en dehors de la pensée et de l'étendue. Autrement dit : Spinoza étend illégitimement le règne de la Raison au Tout de la Nature, alors que nous ne connaissons rien des autres expressions de la substance divine.
 
Cependant, puisque nous ne vivons que sous deux attributs, la Raison telle que nous pouvons l'exprimer nous suffit, par définition. Dès lors, il est vain de s'interroger sur ce qui est hors de notre portée, puisque l'esprit est l'idée du corps et rien d'autre. Si nous existions selon d'autres attributs, notre Raison en serait transformée. Elle serait certainement plus riche. Mais il est inutile d'y penser, nous ne pouvons même pas avoir un début d'idée de ce que sont les autres attributs. C'est bien pour cela que Spinoza n'en parle jamais.  
De plus, il ne faut pas oublier la dimension polémique de l'Ethique : si Spinoza nie toute action d'un attribut sur un autre, c'est pour rejeter toute subordination du corps à l'âme, et réciproquement.  
Marcel Conche, pour sa part, faisait cette "objection" dans le but de montrer l'infinie puissance créatrice ("poietique" ) de la Nature. La Nature telle que l'interprête Spinoza serait-elle encore trop anthropomorphique ?  
 
 
*Il y a de très bons articles dans ce livre d'ailleurs. Tu pourrais le mettre au premier post. :)


Message édité par rahsaan le 18-04-2007 à 00:00:52

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Mon roman d'anticipation, L'I.A. qui m'aimait : https://tinyurl.com/mtz2p872 | Blog ciné/JV : http://cinecourt.over-blog.com
n°11221495
pascal75
Posté le 17-04-2007 à 23:56:39  profilanswer
 

"Marcel Conche objecte à Spinoza". Encore un qui ne sera pas dans le premier post :D


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GAFA  We are stardust Billion year old carbon We are golden
n°11221515
rahsaan
Posté le 17-04-2007 à 23:58:37  profilanswer
 

pascal75 a écrit :

"Marcel Conche objecte à Spinoza". Encore un qui ne sera pas dans le premier post :D


 
Non mais attends, c'est juste deux lignes, hein. :D
Je regrette d'avoir présenté ce livre de façon si fâcheuse. :o
Il y a plusieurs articles très bons. M. Conche a pour références Montaigne, Pascal, Lucrèce, Héraclite, Heidegger, Nietzsche, Spinoza... C'est vraiment agréable à lire et en même temps, ce n'est pas un livre "facile". :)


Message édité par rahsaan le 17-04-2007 à 23:59:16

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Mon roman d'anticipation, L'I.A. qui m'aimait : https://tinyurl.com/mtz2p872 | Blog ciné/JV : http://cinecourt.over-blog.com
n°11221984
rahsaan
Posté le 18-04-2007 à 01:07:01  profilanswer
 

l'Antichrist a écrit :

[...]Or, dans la virtualité de la substance, dans l’épreuve qui consiste à posséder toutes les effectuations possibles, il n’y a pas de place pour le pas-encore ou pour l’avoir-à-être. La virtualité, c’est l’idée de l’idée, l’idée constamment en possession de soi, c’est-à-dire comme un éternel demeuré en soi, le pouvoir de se mettre à tout moment en œuvre. [...]Ainsi, la virtualité de la substance ne signifie pas la puissance en possession d’elle-même, attendant son accomplissement pour être effectif, mais que nous sommes actuellement et constamment en possession de toutes nos idées. Cette virtualité reste ce qu’elle est que nous accomplissions ou non les possibles. Autrement dit, l’effectuation ou la non-effectuation des virtualités de la substance ne lui apporte rien, ne vient aucunement la parfaire. La substance reste pleine actualité ontologique, comme Soi immuablement en possession de soi, contenant en ce sens toutes les effectuations passées, présentes ou à venir, c’est-à-dire les rendant possibles. L'Idée de la substance est une possibilité générale qui, dans son présent ontologique, porte en elle toutes les idées passées et à venir. Aucune effectuation de celles-ci ne saurait donc signifier un accomplissement de la substance, sa réalisation. C'est cette ambiguité dans l'usage du terme de « virtualité », c'est-à-dire comme non-être, comme puissance, qui méritait d'être clarifiée : aucune puissance ne peut concerner la « virtualité » de la substance toujours en acte. Si la substance est la possibilité que je suis, ce n'est pas en tant que cette possibilité contient du non-être mais en tant qu'elle se modalise constamment sans jamais altérer ou accomplir la substance elle-même.
 
C'est la substance toujours actuelle qui est la possibilité, en tant que forme, de devenir une idée effective toujours singulière. L'effectuation de l'idée n'est pas un contenu que le mode se donnerait, il est ce que le mode devient lui-même. Bref, l'épreuve immanente de la substance est celle d'une « virtualité » qui est toujours en même temps modalisée d'une manière ou d'une autre. Les modes finis sont une « virtualité » pure et universelle (mais ipséisée), en même temps toujours modalisée d'une manière singulière. C'est donc cette modalisation, toujours singulière et déterminée, qui s'éprouve comme accomplissement de la substance, non comme sa simple mise en œuvre mais comme son développement que nous sommes et dont nous ne pouvons jamais épuiser la pleine épreuve !  
 
PS : je viens d'éditer en prenant en compte le contenu de votre remarque juste en dessous.


 
>L'Antichrist : Voilà, j'ai enfin lu votre réponse à mon message sur Spinoza et le virtuel. :D
Je comprends que le virtuel chez Spinoza n'est pas le virtuel chez Aristote, en ceci qu'il ne manque pas à être, qu'il n'est sur ce qui n'est pas encore actuel. C'est un peu ce que j'essayais de dire en disant qu'il occupait une place éminente chez Spinoza. Mais je comprends mal ce que vous en dites.  
Je comprends mal votre usage des couples virtuel/possible et actuel/effectif.  
Faut que j'y réflechisse à tête reposée.  
Si je comprends bien, un mode peut être à la fois virtuel et effectif.  
 
Il n'y a pas de possible chez Spinoza, ça c'est assez clair (il me semble). Mais pour autant, cela ne signifie pas que certains mode non-existants ne sont pas "actuels". C'est plutôt qu'ils ne seraient pas "effectifs".  
Bon, je nage, là.  [:raggarod]


Message édité par rahsaan le 18-04-2007 à 01:09:54

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n°11228116
foutre de
Posté le 18-04-2007 à 17:34:04  profilanswer
 

ce que je lis de ce message me fait penser à certaines lectures que j'ai faites naguère de M. Henry, qui a beaucoup travaillé sur Spinoza, notamment pendant la période de virtuosité conceptuelle qui précède l'écriture de sa thèse.

 

Ce que ça m'évoque, c'est le vécu que nous avons de notre corps, pas en tant que corps objectif organique, mais en tant que chair éprouvée d'en-dedans, cet enracinement dont je ne peux me distinguer.
M. Henry parle une fois de la main de l'homme ; il dit qu'éprouver la main, ce n'est pas sentir des tendons, des articulations, des muscles : c'est éprouver les mille possibilités de gestes, éprouver, à même elles-mêmes, les puissances de cette main.
Ainsi l'homme est-il avant tout bain dans sa propre puissance, dans la virtualité de ce qu'il peut, potentiel d'acte. Cette potentialité n'est pas un projet, une idéalisation à prouver par sa réalisation, elle est la vie en tant que puissance, elle est l'épreuve effective (vécue hic et nunc) de mes potentialités.

 

Cette épreuve, que M.Henry rapporte à la nuit mystique de Maître Eckardt, est vertigineuse, elle est Angoisse, car, en tant que pure potentialité ressentie, elle est pente, entraînement à agir dans le risque des possibles : béance abyssale qui précède l'audace de faire.

 

Quand Rimbaud dit : "Des faibles se mettraient à penser sur la première lettre de l'alphabet, qui pourraient vite ruer dans la folie ! ", je crois qu'on peut le rapporter tout autant à la plus parcellaire appréhension d'une sensation corporelle : Notre main peut nous être expérience d'un abyme, il suffit de s'y attarder, d'une immensité de puissance.

 

Il y a là je crois des éléments d'approche de la substance en tant que puissance ne voulant pas son effectuation ("dans le monde, dans l'horizon de l'être...), car épreuve de la puissance en tant que telle, ne revoulant rien d'autre que cette potentialité propre qu'elle est en elle-même, volonté de volonté (en quelque sorte, si vous me permettez de confirmer ainsi la lecture que M.Henry fait de Nietzsche, mais à partir de descriptions Heideggeriennes).

 

je ne sais si cela t'avance, Raashan, mais ça peut compléter cette discussion sur la chair que nous avions entamée

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Message édité par foutre de le 18-04-2007 à 21:58:09

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« Une force presque nulle est une force presque infinie dès lors qu'elle est rigoureusement étrangère au système qu'elle met en mouvement »
n°11228556
Ache
immatriculé-conception
Posté le 18-04-2007 à 18:14:20  profilanswer
 

foutre de a écrit :

Ce que ça m'évoque, c'est le vécu que nous avons de notre corps, pas en tant que corps objectif organique, mais en tant que chair éprouvée d'en-dedans, cet enracinement dont je ne peux me distinguer.  
M. Henry parle une fois de la main de l'homme ; il dit qu'éprouver la main, ce n'est pas sentir des tendons, des articulations, des muscles : c'est éprouver les mille possibilités de gestes, éprouver, à même elles-mêmes, les puissances de cette main.
Ainsi l'homme est-il avant tout bain dans sa propre puissance, dans la virtualité de ce qu'il peut, potentiel d'acte. Cette potentialité n'est pas un projet, une idéalisation à prouver par sa réalisation, elle est la vie en tant que puissance, elle est l'épreuve effective (vécue hic et nunc) de mes potentialités.
[..]
Cette épreuve, que M.Henry rapporte à la nuit mystique de Maître Eckardt, est vertigineuse, elle est Angoisse, car, en tant que pure potentialité ressentie, elle est pente, entraînement à agir dans le risque des possibles : béance abyssale qui précède l'audace de faire.


Oui. Souvent je considère que les énoncés de la phénoménologie matérielle à propos du corps sont une collection de truismes profonds. C'est vraiment cela, avoir une main.. Toutefois, je m'interroge sur que faire de ces descriptions. 'Que faire', au sens quasi ingéniérique, c'est à dire, que dit ce dire de la structure de l'affectivité qu'il prétend décrire. Comment re-saisir les structures de l'affectivité, intégralement (d'où le quasi ingéniérique). Si la réponse est que précisément cette interrogation veut rapatrier 'l'en-dedans nocturne dans l'extériorité et l'horizon du monde', et que donc l'affectivité (le pathos) serait ainsi niés et contredits, alors il y a un sérieux problème (qui est une angoisse).


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Parcours étrange
n°11228994
foutre de
Posté le 18-04-2007 à 18:57:29  profilanswer
 

Ache a écrit :

Oui. Souvent je considère que les énoncés de la phénoménologie matérielle à propos du corps sont une collection de truismes profonds. C'est vraiment cela, avoir une main.. Toutefois, je m'interroge sur que faire de ces descriptions.
Si la réponse est que précisément cette interrogation veut rapatrier 'l'en-dedans nocturne dans l'extériorité et l'horizon du monde', et que donc l'affectivité (le pathos) serait ainsi niés et contredits, alors il y a un sérieux problème (qui est une angoisse).

 

C'est vrai qu'il y a de sérieux problèmes truismiques et tautologiques avec les formulations de certaines phénoménologies. Pour ma part, je pense que c'est un effet spécifique des formulations de l'immanence. mais je suis encore à fouiller là

 

quant au "que faire de ça", je ne crois pas qu'il s'agisse de faire passer le pathos dans le domaine de l'objectivité ; on ne sait pas rapatrier un effondrement de l'objectivité dans l'objectivité, parce qu'on ne prend pas de distance scientifique par rapport à cette substance, sinon en en perdant de nouveau l'expérience.

 

Je crois que ces énoncés nous renvoient à une épreuve qui est négligée, c'est une sorte d'appel au réveil qui a de nombreux retentissements. Par exemple la censure pudique dans notre vie sociale fait disparaître les organes génitaux du champ de nos perceptions pendant des heures. c'est non négligeable. deleuze insistait déjà depuis nietzsche sur comment le corps est soumis à des enjeux politiques qui le couvrent, le nient, l'instrumentalisent.
Je crois que le truisme phénoménologie nous fait sortir de notre habitat culturel pour nous rendre à ce que nous sommes possiblement, qui est aussi une forme de solitude (parce que notre pyché est bâti d'identifications culturelles), mais où curieusement certains perçoivent un fondement charnel de l'intersubjectivité, d'une vie en commun, sans médiation par un stade du miroir (qui pour nous est toujours un stade de France du miroir, bâti culturel du moi oblige).
Si nos organes disparaissent, partiellement, temporairement, ce sont des puissances qui disparaissent; donc des possibilités de faire qui s'ouvrent chaque fois que nous retournons au truisme de l'ipséité.
D'une façon, le truisme élargit la puissance, les possibilités, de répondre à la question "que faire ?", mais n'y répond pas ; cependant il empêche peut-être en même temps la Culture de répondre à notre place à cette question (d'où frémissement d'angoisse) ; il nous ouvre peut-être la possibilité d'autres valeurs que celles culturellement transmises, donc d'autres actes, donc d'inventer.
Mais cette expérience d'inventer "outre-culturellement" n'est peut-être donnée méthodiquement qu'au philosophe ; c'est pourquoi Nietzsche préfère réserver ses énoncés plutôt que les distribuer démocratiquement. sortir de la culture, fût-ce pour inventer, reste dangereux : sans soutien psychique, gaine psycho-sociale, la folie guette.

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Message édité par foutre de le 18-04-2007 à 22:02:19

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« Une force presque nulle est une force presque infinie dès lors qu'elle est rigoureusement étrangère au système qu'elle met en mouvement »
n°11229524
Baptiste R
Posté le 18-04-2007 à 19:53:48  profilanswer
 

Citation :


M. Henry parle une fois de la main de l'homme ; il dit qu'éprouver la main, ce n'est pas sentir des tendons, des articulations, des muscles : c'est éprouver les mille possibilités de gestes, éprouver, à même elles-mêmes, les puissances de cette main.


Mais entre les différentes manières de dire la main et plus généralement le corps, entre cette manière-ci et cette manière-là, n'y a-t-il pas une fausse opposition ? Muscles et tendons sont faits pour la motricité, ils sont la motricité. Par conséquent, un anatomiste sensible et intelligent qui les décrirait ne dit-il pas la main qui fond sur l'objet, se retire, brasse, sinue et s'arc-boute, ne dit-il pas tout cela aussi bien qu'un autre ? Ou plutôt, parce qu'il ne s'agit pas de concurrence, ne dit-il pas au fond la même chose ?

n°11229691
Ache
immatriculé-conception
Posté le 18-04-2007 à 20:10:03  profilanswer
 

Baptiste R a écrit :

Mais entre les différentes manières de dire la main et plus généralement le corps, entre cette manière-ci et cette manière-là, n'y a-t-il pas une fausse opposition ?


Ten points jackpot index!


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Parcours étrange
n°11229772
rahsaan
Posté le 18-04-2007 à 20:20:37  profilanswer
 

foutre de a écrit :

Il y a là je crois des éléments d'approche de la substance en tant que puissance ne voulant pas son effectuation ("dans le monde, dans l'horizon de l'être...), car épreuve de la puissance en tant que telle, ne revoulant rien d'autre que cette potentialité propre qu'elle est en elle-même, volonté de volonté (en quelque sorte, si vous me permettez de confirmer ainsi la lecture que M.Henry fait de Nietzsche, à partir des descriptions Heideggeriennes).
 
je ne sais si cela t'avance, Raashan, mais ça peut compléter cette discussion sur la chair que nous avions entamé


 
Je ne sais pas bien ; j'ai croisé ce thème de la main touchante / touchée lors de ma maîtrise sur Husserl. Peut-être même que c'est un lieu commun, à force, ce ressenti/ressentant de la chair.  
Merci de poursuivre d'autres discussions, en tous cas. :) Le thème de la phéno matérielle m'intéresse, à lire, mais pour ma part, je ne me sens pas intéressé à écrire dessus.  
Avec le thème de l' intersubjectivité chez Husserl, je suis arrivé à une impasse, qui est certainement l'impasse de Husserl même (du moins, en un sens, j'espère :D).  
Pour sortir de cette impasse, il faut renverser le problème, comme le fait Heidegger et partir de l'um-welt directement, du monde en commun au sens duquel la subjectivité authentique est un mode d'exception, pas un point de départ (celui de l'ego transcendantal).  
 

foutre de a écrit :

D'une façon, le truisme élargit la puissance, les possibilités, de répondre à la question "que faire ?", mais n'y répond pas ; cependant il empêche peut-être en même temps la Culture de répondre à notre place à cette question (d'où frémissement d'angoisse) ; il nous ouvre peut-être la possibilité d'autres valeurs que celles culturellement transmises, donc d'autres actes, donc d'inventer.
Mais cette expérience d'inventer "outre-culturellement" n'est peut-être donnée méthodiquement qu'au philosophe ; c'est pourquoi Nietzsche préfère réserver ses énoncés plutôt que les distribuer démocratiquement. sortir de la culture, fût-ce pour inventer, reste dangereux : sans soutien psychique, gaine psycho-sociale, la folie guette.


 
Je suis assez d'accord avec tes propos ; je les trouve même très intéressants ; cependant je ne sais pas si le truisme est une bonne voie de sortie de la Culture.  
Je suis quand même intéressé par cette direction : sortir de la Culture. Pas pour constituer une contre-culture, qui n'est jamais qu'une autre Culture qui veut prendre la place de celle qui domine.  
Oui, cette sortie est bien un acte, un acte inventif, créateur. Une ligne de fuite, comme dirait l'autre, avec ses dangers, celui de s'effondrer dans un trou noir. Mais si nous tentons, alors c'est l'inouïe, l'inconnu, l'au-delà de l'horizon qui nous attend. :)

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Message édité par rahsaan le 18-04-2007 à 20:22:45

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Mon roman d'anticipation, L'I.A. qui m'aimait : https://tinyurl.com/mtz2p872 | Blog ciné/JV : http://cinecourt.over-blog.com
n°11229998
foutre de
Posté le 18-04-2007 à 20:41:40  profilanswer
 

Baptiste R a écrit :

Citation :


M. Henry parle une fois de la main de l'homme ; il dit qu'éprouver la main, ce n'est pas sentir des tendons, des articulations, des muscles : c'est éprouver les mille possibilités de gestes, éprouver, à même elles-mêmes, les puissances de cette main.


Mais entre les différentes manières de dire la main et plus généralement le corps, entre cette manière-ci et cette manière-là, n'y a-t-il pas une fausse opposition ? Muscles et tendons sont faits pour la motricité, ils sont la motricité. Par conséquent, un anatomiste sensible et intelligent qui les décrirait ne dit-il pas la main qui fond sur l'objet, se retire, brasse, sinue et s'arc-boute, ne dit-il pas tout cela aussi bien qu'un autre ? Ou plutôt, parce qu'il ne s'agit pas de concurrence, ne dit-il pas au fond la même chose ?


 
 
c'est amusant que tu sois allé chercher une main dessinée par Hogarth (Burne, de son prénom - oui, ça existe...), qui est justement un grand représentant de l'académisme anatomique en dessin, il n'y a donc en effet aucune opposition (voir, le dessin anatomique, taschen) ni avec l'anatomie médicale ni avec da Vinci : Hogarth origine son art chez Vésale
quitte a opposer des mains graphiques, mieux aurait valu proposer celles-là qui viennent de la préhistoire ou, plus délicates, celle-là, voire celle-là. L'opposition aurait été plus fondée et plus concrète (et puis Henry a écrit un livre sur K, ce qui n'est pas négligeable).
 
Il y a bien à distinguer la main mesurée, décrite, verbalisée, et la main vécue, agie, éprouvée, expérimentée, animée. Il ne s'agirait pas de concurrence en effet (parce qu'il ne s'agit pas de la même chose, mais bien de domaines hétérogènes du savoir, fondés sur des épitémè différentes), si une des deux approches ne règnait pas de façon délétère et dictatoriale sur la vie humaine en europe, sur la législation et la compréhension de l'homme depuis le 17 ème.
(pas arrondissement, siècle)
et c'est vrai, la médecine est certainement la science la plus proche de cette praxis, en ce qu'il lui incombe de transformer des mesures en chemin vers la santé
 
enfin, tout ça, c'est depuis Husserl qu'on nous l'impose... qu'en est-il de cette "crise"? n'est-elle pas le reste d'un fantasme de la fin du 19ème (porte de pantin, au-delà des buttes-Chaumont), sur la décadence, la mortalité des civilisations, spengler-bourget-nietzsche... + l'anti-scientisme heideggerien... ?
Demandons-le nous...
 
(car henry a baigné là dedans comme sa main dans un gant...)


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« Une force presque nulle est une force presque infinie dès lors qu'elle est rigoureusement étrangère au système qu'elle met en mouvement »
n°11230057
foutre de
Posté le 18-04-2007 à 20:46:21  profilanswer
 

rahsaan a écrit :


Je suis assez d'accord avec tes propos ; je les trouve même très intéressants ; cependant je ne sais pas si le truisme est une bonne voie de sortie de la Culture.  
Je suis quand même intéressé par cette direction : sortir de la Culture. Pas pour constituer une contre-culture, qui n'est jamais qu'une autre Culture qui veut prendre la place de celle qui domine.  
Oui, cette sortie est bien un acte, un acte inventif, créateur. Une ligne de fuite, comme dirait l'autre, avec ses dangers, celui de s'effondrer dans un trou noir. Mais si nous tentons, alors c'est l'inouïe, l'inconnu, l'au-delà de l'horizon qui nous attend. :)


le truisme est une bonne voie pour rentrer en soi... c'est déjà pas mal  :D


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« Une force presque nulle est une force presque infinie dès lors qu'elle est rigoureusement étrangère au système qu'elle met en mouvement »
n°11231765
foutre de
Posté le 18-04-2007 à 22:48:25  profilanswer
 

j'ajoute ce lien qui me fascine de profusion. pour ceux qui aiment lire et qui seront content de trouver cette disponibilité


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« Une force presque nulle est une force presque infinie dès lors qu'elle est rigoureusement étrangère au système qu'elle met en mouvement »
n°11232607
rahsaan
Posté le 18-04-2007 à 23:51:07  profilanswer
 


 
Oui, excellente page, les classiques des sciences sociales. :)  
 
Si seulement j'avais lu 10% de ce qui s'y trouve.  [:maestro]

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Message édité par rahsaan le 18-04-2007 à 23:51:17

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n°11233915
foutre de
Posté le 19-04-2007 à 08:46:03  profilanswer
 

rahsaan a écrit :


Si seulement j'avais lu 10% de ce qui s'y trouve.  [:maestro]


 
 
bah, c'est comme une bibliothèque universitaire. l'important c'est de trouver ce qu'on cherche au moment où on est prêt à le lire[:arkrom]

Message cité 1 fois
Message édité par foutre de le 19-04-2007 à 10:34:47

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« Une force presque nulle est une force presque infinie dès lors qu'elle est rigoureusement étrangère au système qu'elle met en mouvement »
n°11234009
rahsaan
Posté le 19-04-2007 à 09:13:07  profilanswer
 

foutre de a écrit :

bah, c'est comme une bibliothèque universitaire. l'important c'est de trouver ce qu'on cherche au moment où on est prêt à le lire[:arkrom]


 
Voilà on va le dire comme ça.  :D ( [:raggarod] )


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n°11241909
foutre de
Posté le 19-04-2007 à 20:13:02  profilanswer
 

Ache a écrit :

Oui. Souvent je considère que les énoncés de la phénoménologie matérielle à propos du corps sont une collection de truismes profonds. [...] Toutefois, je m'interroge sur que faire de ces descriptions. [...] que dit ce dire de la structure de l'affectivité qu'il prétend décrire. [...]. Si la réponse est que précisément cette interrogation veut rapatrier 'l'en-dedans nocturne dans l'extériorité et l'horizon du monde', et que donc l'affectivité (le pathos) serait ainsi niés et contredits, alors il y a un sérieux problème [...].


 

Baptiste R a écrit :


Mais entre les différentes manières de dire la main et plus généralement le corps, entre cette manière-ci et cette manière-là, n'y a-t-il pas une fausse opposition ? Muscles et tendons sont faits pour la motricité, ils sont la motricité. Par conséquent, un anatomiste sensible et intelligent qui les décrirait ne dit-il pas la main qui fond sur l'objet, se retire, brasse, sinue et s'arc-boute, ne dit-il pas tout cela aussi bien qu'un autre ? Ou plutôt, parce qu'il ne s'agit pas de concurrence, ne dit-il pas au fond la même chose ?


 
devant le silence qui règne, je relis jusqu'à l'hypnose vos messages. Je vois bien que ce qu'il en ressort, c'est un problème de langage, d'écriture, avant tout autre problématique.
On sait que Henry ne problématise pas le langage, qui reste un outil quelconque (c'est sa façon à lui de dénier les aspects du structuralisme envahissant de son époque)
Je ne peux accréditer que l'anatomiste dise la même chose : la cartographie n'est pas la dérive dans le paysage ; quand on regarde une carte (anatomique ou autre), on oublie souvent que seul l'arpenteur s'est promené (et celui qui dissèque, ne s'est pas auto-dissèqué, et n'a donc pas référé son voyage à un vécu esthésiologique -  vésale qd même a bien profité des condamnés à mort ; et ça marche encore comme ça aujourd'hui pour l'imagerie médicale).
 
on se souvient peur-être de cette parabole :
un homme demande à un sage combien de temps il lui faudra pour rejoindre telle ville. Le sage lui répond : "marche". L'autre s'agace, repose sa question, reçoit la même réponse. il finit par s'éloigner. le sage alors lui dit de loin : "cinq heures et demi !".
il ne voulait que voir à quelle allure marchait l'homme pour pouvoir lui donner un réponse adaptée.
(fin de la parabole)
 
ceci pour nous remettre en mémoire qu'à une époque on ne mesurait pas les distances en m (USI) mais en lieue, unité de mesure très susceptible de variations qui tenait compte des difficultés du chemin.
 
J'essaie de ne pas faire de l'europanalyse une asiathéorie à la delausse qui aurait réponse à tout, mais pour bien des questions soulevés par les prédecesseurs, il faut bien avouer que les successeurs ont déjà proposé des débuts de réponses.
valdinoci évoque parfois le problème de la transformation du monde en portulan par Mercator (encore en période de copernicisation du monde), de son écrasement dans la représentation scientifique (mesurée soit, sur des normes communes soit, permettant mathématiquement des prévisions d'évènements soit -et encore, les théories du chaos ont bien mis à mal les modélisations classiques à causalités linéaires), écrasement du monde, dis-je, dans la représentaion scientifique la plus... "plate" (of course).
il s'agit bien d'un problème de représentation, cette pensée par représentation que deleuze s'évertue à mettre à mal.
Et de représentation par le langage en particulier.
la difficulté de lecture dont j'ai parlée déjà à propos de l'europanalyse, tient en l'occurence à la tentive d'un nouvel usage du langage.
disons que depuis les théories du langage d'après hegel, depuis la représentaion comme prise de distance, dire c'est toujours être à distance : et c'est la question que vous posez à M. Henry : "à quoi bon ?" puisque ça "revient au même".
Valdinoci propose, comme spécificité de la pensée mystique sur la pensée philosophique, de ne plus penser (ni écrire) par concept (ou plutôt par souci conceptuel). déjà, chez heidegger, autour de la poésie, on sent ce glissement vers un autre usage de la langue.
valdinoci propose lui de s'éloigner de toute conceptualisation, qui maintient le partès extra partès, la différ(a)nce (pour en évoquer un autre qui l'a bien défoncé aussi au côté de Deleuze, le langage de l'épistémè post-hégélienne), pour travailler une écriture qu'il nomme "endo-ceptive". autant dire une écriture qui maintienne une immanence constante (un en-dedans) du discours à l'objet, bref un usage du langage qui implique du lecteur une immersion dans l'expérience décrite.
c'est pourquoi, peut-être, doit-on ne jamais écarter lisant M. Henry la dimension d'Appel qui règne dans son écriture : appel à la praxis.  
pour moi c'est cela qui ne revient pas au même : ces écritures phénoménologiques maintiennent une immersion dans les "choses-mêmes", ce que Fr. Laruelle appelle un « cercle d'affection réciproque, de mise à l'épreuve du discours par son objet, de l'objet par son discours » dans Nietzsche contre heidegger  
C'est pourquoi il y a une probité, peut-être moins éclatante que celle de Vésale lorsqu'il publie son magnifique ouvrage, chez ces auteurs, qui est celle de se faire le propre cobaye de ses descriptions, d'y être pris, de ne pas faire subir la fouille à un cadavre profané de condamné à mort (n'oublions pas qu'on n'enterrait pas n'importe qui en terres chrétiennes à l'époque, à commencer par les acteurs (le cas Molière par exemple))
c'est peut-être une dimension éthique du langage, un autre ethos qui distingue henry de l'anatomiste, qui fait qu'un progrès indéniable des représentations n'est pas nécessairement un progrès existenciel (tial?), qui fait que les tendons ne sont pas la motricité parce que les organes ne sont pas le corps.
 
Je sais que ce n'est pas nécessairement plus clair, et ramener un auteur dont vous n'avez pas lu les recherches n'avance certainement pas les choses.
disons que dire implique une normalisation verbale de la représentation du réel. le dire de Henry ne me semble pas impliquer une normalisation (une culture) qui a la même valeur que la normalisation (la culture) sur base
de mathesis universalis parce que cette culture qui fait de tout un objet a fait de l'homme européen un homme bien étrange ces derniers siècles, qui croit peut-être ne plus être de monde tant il prétend le dominer (la problématique écologique pourrait bien se jouer ici aussi)

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Message édité par foutre de le 19-04-2007 à 21:37:22

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« Une force presque nulle est une force presque infinie dès lors qu'elle est rigoureusement étrangère au système qu'elle met en mouvement »
n°11244365
rahsaan
Posté le 19-04-2007 à 23:47:10  profilanswer
 

Mais le danger d'une pensée qui se veut mystique, n'est-ce pas de tomber dans ce que Hegel appelle "la nuit de l'indifférencié", d'être dans l'intuition, l'immédiateté et, en fait, l'impossibilité de dire quoi que ce soit ? Si tu abolis toute distance, tu abolis aussi le langage et donc, en grande partie, la pensée (au moins philosophique).

Message cité 1 fois
Message édité par rahsaan le 19-04-2007 à 23:47:35

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Mon roman d'anticipation, L'I.A. qui m'aimait : https://tinyurl.com/mtz2p872 | Blog ciné/JV : http://cinecourt.over-blog.com
n°11245524
Ache
immatriculé-conception
Posté le 20-04-2007 à 06:06:06  profilanswer
 

foutre de a écrit :

Devant le silence qui règne,


C'est un silence positif. Et je salue les rares fréquenteurs de 'l'affectivité' et al. qui soient prêts à échanger quelque peu.
 

foutre de a écrit :

[..] et c'est la question que vous posez à M. Henry : "à quoi bon ?" puisque ça "revient au même".


La question n'est pas à quoi bon, car il y a du bon. La question est comment arriver à l'identité entre le dire de l'immanence et la structure de l'affectivité. Sans détour : l'exigence de cette identité, c'est pour moi une manière déguisée de parler du 'problème corps-esprit'. C'est un fait qui ne cessera jamais de m'étonner, et qui est l'inconséquence -autre que fantasmatique- au sujet de cette problématique quand elle est annoncée scientifiquement, au sens de 'est scientifique ce qui est reconstructible'. Or, l'affectivité, l'immanence, etc. etc., ce sont des mots qui réfèrent à un certain corpus de recherche, et cette recherche, c'est 'qu'est-ce que l'affectivité', et donc, 'comment dois-je m'y prendre pour faire qu'un corps soit une affectivité'. Je ne vois pas, si ce n'est par paresse, pourquoi on ne traduirait pas ainsi le souci de l'immanence, car donner l'affectivité c'est comprendre l'affectivité. [et il est remarquable de noter les degrés de liberté du langage phénoménologique]    
 
Maintenant, le mérite du discours phénoménologique est de dire que ce problème est un problème méthodologique. C'est à dire, que sa résorption sera toujours à faire soi-même, et que le chemin vers soi est un chemin par soi. Mais si on se borne à dire la chose ainsi, on ressemblera étrangement à de l'asianthéorie, ce qu'on ne peut admettre. Il nous faut donc une manière pour rappeler que le chemin vers soi par soi n'est pas une métaphore, mais tout ce qu'il y a de plus littéral, c'est à dire, c'est si 'endoceptif' qu'en réalité cela devient une reconstruction. Or une reconstruction, c'est physique, d'où : quelle est la structure de l'affectivité.
 
Enfin, si la problématique essentielle est une problématique de la méthode, alors il ne faut pas exclure qu'une théorie du corps, c'est identiquement une théorie de l'art, et que le progrès existentiel se tire par un geste esthétique, et que le geste esthétique 'à la chose-même', c'est faire le corps.  
 

foutre de a écrit :

[..] propose [..], de ne plus penser (ni écrire) par concept (ou plutôt par souci conceptuel).

 
Je propose de ne plus écrire du tout. Car il est permis d'espérer à plus littéral que le langage. :-)

Message cité 2 fois
Message édité par Ache le 20-04-2007 à 13:57:08

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Parcours étrange
n°11246428
rahsaan
Posté le 20-04-2007 à 10:34:48  profilanswer
 

>Ache : je suis allé lire ton post sur la Reconstruction. http://strangepaths.com/forum/viewtopic.php?t=15
Intéressant, je crois comprendre mieux tes directions de recherches, maintenant. Articuler un projet qui inclue les recherches en sciences de l'esprit, en phéno, avec l'appui de la CAO, si je comprends bien.  
 
...
 
En parcourant le forum, je tombe sur le message d'un certain Baptiste R, qui raconte avoir dit à un certain M. Lacan (psychanalyste de son état) la phrase suivante : «Ce qui limite le vrai, ce n’est pas le faux, c’est l’insignifiant ».
Ce qui me paraît tout à fait intéressant. Peut-être pourrait-on préciser que c'est l'insignifiant qui se prend pour de l'important, autrement dit la bêtise.  
Je me permets de reproduire ici la carte donnée par Baptiste R. :D
 
http://strangepaths.com/forum/images/pimages/cartedusenscliche4.jpg
 

Citation :

J'aimerais vous faire part d'une découverte : à la fin de Prédire n'est pas expliquer (Flammarion, Champs), René Thom développe une "carte du sens", inspirée de celle de Tendre. J'ignore quelle peut être l'utilité et la fécondité de cette allégorie mais sa force suggestive et synoptique me parait admirable, aussi je vous la livre telle quelle.

 
 
Elle me fascine cette carte.  
On voit que, verticalement, elle est organisée entre le bas -->insignifiance et le haut --> signifiance ; horizontalement, de la gauche --> le faux à la droite --> le vrai.  
 
Je trouve amusant de placer du côté du faux signifiant les métaphores prud'hommesques, c'est à dire les images poétiques de mirlitons, des clichés éculés, comme "la prairie, tapis vert" ou autres lieux communs sur la sagesse du hibou ou l'âge immémorial des collines. Les collines prud'hommesques justement. :D
Il est bienvenu aussi de mettre le pic du paradoxe au plus haut point du signifiant, mais strictement au milieu du vrai et du faux. De même, mettre l'absurde juste à gauche, légérément dans le faux mais pas trop.  
Il est flatteur pour la poésie qu'elle se trouve dans la zone du vrai, car chacun sait que les poètes sont des menteurs. :D
Par contre, on peut s'étonner de la situation du massif de la Réalité. A la limite, il aurait fallu qu'il soit tout le paysage ; qu'il contienne aussi bien l'absurde que les bas-fonds de l'ambiguité, les métaphores ou les tautologies.
En revanche, il était bon de placer l'Absurdité, le Paradoxe, la Poésie (et ses figures) "au-dessus du réel" -même si, de ces hauteurs immaculées, la seule chose qu'on puisse faire, c'est contempler et s'interroger sur cette réalité ; ce qui est le cas d'ailleurs de l'Absurde, du Paradoxe et de la Poésie, qui nous font douter du sens ordinaire des choses et ainsi mettent en question le signifiant.  
En revanche, je comprends mal pourquoi la biologie est en bas à gauche : au plus vrai mais au plus proche de l'insignifiant. Et pourquoi les sciences humaines sont-elles dans le signifiant faux ?
J'aime beaucoup l'idée du torrent des sciences expérimentales (espérons qu'il ne nous mène pas droit à la mer de l'insignifiance ! :D), la rampe de la logique (qui mène au temple des maths) ainsi que le piedmont du mythe qui, dans la zone du vraie, se prolonge par la terrasse du phénomène variable.  :lol: De même, la Forteresse de la Tautologie, par définition imprenable, mais fermée sur elle-même.  
Oui, cette géographie du sens est excellent. :D Elle montre bien comment un domaine peut être signifiant sans être vrai. Quelque chose peut faire sens en étant "faux".
Je dirais que le seul oubli est celui d'un Col de l'Humour, que l'on pourrait situer juste au pied du Pic du Paradoxe. :D
 
Mais lisez le commentaire de Baptiste R, bien plus détaillé que le mien :  
http://strangepaths.com/forum/viewtopic.php?t=41

Message cité 1 fois
Message édité par rahsaan le 20-04-2007 à 10:45:17

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n°11246680
rahsaan
Posté le 20-04-2007 à 11:01:19  profilanswer
 

J'ai modifié la Carte en y ajoutant le Col de l'Humour et la Brèche de l'Ironie. :o
 
http://altabtv.free.fr/images/cartesens.jpg


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n°11246758
phyllo
scopus inornatus
Posté le 20-04-2007 à 11:09:31  profilanswer
 

Personnellement, je trouve la forteresse de la tautologie placée bien bas.
 
Par exemple, a implique b donc non b implique non a est tautologique. Est-ce pour autant non-sensique ?
 
Dans son introduction à la logique, l'auteur place souvent (toujours ?) le préfixe 'tauto' entre parenthèses juste avant le mot 'logique' lorsqu'il décrit une relation logique. Cela m'avait surpris à l'époque. Mais il faut bien reconnaitre que dans le fait qu'il y ait plusieurs manières d'écrire la même chose, c'est bien du sens qui surgit.

n°11246886
rahsaan
Posté le 20-04-2007 à 11:18:53  profilanswer
 

Je me dis qu'il faudrait peut-être ne pas mettre la Brèche de l'Ironie dans le Massif de la Poésie. Plutôt au-desus de la Crête de l'Oxymore...
Si vous avez des suggestions. :o


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n°11247298
rahsaan
Posté le 20-04-2007 à 11:52:52  profilanswer
 

phyllo a écrit :

Personnellement, je trouve la forteresse de la tautologie placée bien bas.
 
Par exemple, a implique b donc non b implique non a est tautologique. Est-ce pour autant non-sensique ?
 
Dans son introduction à la logique, l'auteur place souvent (toujours ?) le préfixe 'tauto' entre parenthèses juste avant le mot 'logique' lorsqu'il décrit une relation logique. Cela m'avait surpris à l'époque. Mais il faut bien reconnaitre que dans le fait qu'il y ait plusieurs manières d'écrire la même chose, c'est bien du sens qui surgit.


 
Clément Rosset a écrit un livre, Le démon de la tautologie. Il y distingue les différentes sortes de tautologies et figures de pensées approchant (comme le pléonasme ou les lapalissades) et en vient à une interrogation sur le principe d'identité ("A=A" ) puis conclut sur le caractère "idiot" du réel, la seule formule valide pour le décrire étant : "A est A".  
La forme de pensée tautologique est porteuse de sens.


Message édité par rahsaan le 20-04-2007 à 11:56:59

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