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Quels sont pour vous les trois livres de philo à lire pour un honnête homme ?


 
15.4 %
 273 votes
1.  "La république" de Platon
 
 
6.7 %
 119 votes
2.  "La métaphysique" d'Aristote
 
 
15.7 %
 279 votes
3.  "l'Ethique" de Spinoza
 
 
1.5 %
    27 votes
4.  "Essai de théodicée" de Leibniz
 
 
15.0 %
 266 votes
5.  "Critique de la raison pure" de Kant
 
 
17.8 %
 315 votes
6.  "Par delà le bien et le mal" de Nietzsche
 
 
5.9 %
 105 votes
7.  "L'évolution créatrice" de Bergson
 
 
6.4 %
 113 votes
8.  "Etre et temps" d'Heidegger
 
 
7.5 %
 133 votes
9.  "Qu'est-ce que la philosophie" de Gilles Deleuze
 
 
8.1 %
 144 votes
10.  "Moi, ma vie, mon oeuvre" de obiwan-kenobi
 

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Auteur Sujet :

Philo @ HFR

n°10810675
le vicaire
Posté le 03-03-2007 à 14:02:07  profilanswer
 

Reprise du message précédent :
Je pense que le rôle du philosophe est de s'inscrire dans le monde et qu'il peut/doit participer à sa conduite. Le lien entre action et pensée me paraît indissociable. Je sais bien qu'il y a des philosophes tellement philosophe que c'est le vertige de leur pensée qui les empêche de contempler l'immonde caverne qui s'agite à leurs pieds. C'est toute la différence avec la sagesse antique qui était d'abord pensée comme un mode de vie. « Jusqu’alors les Romains s’étaient contenter de pratiquer la vertu ; tout fut perdu quand ils commencèrent à l’étudier. » (Rousseau - Discours sur les sciences et les arts - Première partie).

mood
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Posté le 03-03-2007 à 14:02:07  profilanswer
 

n°10810678
rahsaan
Posté le 03-03-2007 à 14:02:26  profilanswer
 

phyllo a écrit :

Et vive la métaphysique !


 
Si la métaphysique est l'expression adéquate et précise de la dynamique même de la vie, oui.  :)


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Mon roman d'anticipation, L'I.A. qui m'aimait : https://tinyurl.com/mtz2p872 | Blog ciné/JV : http://cinecourt.over-blog.com
n°10810700
rahsaan
Posté le 03-03-2007 à 14:04:12  profilanswer
 

le vicaire a écrit :

Je pense que le rôle du philosophe est de s'inscrire dans le monde et qu'il peut/doit participer à sa conduite. Le lien entre action et pensée me paraît indissociable. Je sais bien qu'il y a des philosophes tellement philosophe que c'est le vertige de leur pensée qui les empêche de contempler l'immonde caverne qui s'agite à leurs pieds. C'est toute la différence avec la sagesse antique qui était d'abord pensée comme un mode de vie. « Jusqu’alors les Romains s’étaient contenter de pratiquer la vertu ; tout fut perdu quand ils commencèrent à l’étudier. » (Rousseau - Discours sur les sciences et les arts - Première partie).


 
Pour pratiquer la vertu, on a justement pas besoin de comités d'éthiques, puisque eux, justement, étudient la vertu et prétendent conseiller en ce domaine.  :o


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n°10810744
pascal75
Posté le 03-03-2007 à 14:08:10  profilanswer
 

Sartre à Boulogne-Billancourt, puisque ce semble être ton ultime référence, c'était quand même de la franche rigolade, rapport à l'inscription dans le monde. De ce point de vue, BHL et Finkelkraut sont ses dignes successeurs.


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n°10810818
rahsaan
Posté le 03-03-2007 à 14:16:18  profilanswer
 

Exiger comme ça, dans l'urgence, que le philosophe se presse de répondre aux besoins de l'opinion politique, des préocuppations du moment, c'est confondre la pensée avec de l'agitation brouillonne, avec l'empressement des journalistes à "faire l'actualité" et ce n'est bon ni pour la philosophie ni pour la politique.  
Mais cela appartient en propre à l'opinion de se passionner pour elle-même et de se croire en mesure de dire ce qu'il en est du rôle social de la philosophie.


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n°10810823
phyllo
scopus inornatus
Posté le 03-03-2007 à 14:16:54  profilanswer
 

rahsaan a écrit :

Si la métaphysique est l'expression adéquate et précise de la dynamique même de la vie, oui.  :)


 
Une vie séparée du monde tel qu'il va, de la société, des problèmes quotidiens, etc.
 
Est-ce encore la vie ?

n°10810866
rahsaan
Posté le 03-03-2007 à 14:21:12  profilanswer
 

phyllo a écrit :

Une vie séparée du monde tel qu'il va, de la société, des problèmes quotidiens, etc.
 
Est-ce encore la vie ?


 
Pour prendre deux exemples :  
 

  • Bergson, dans Les deux sources de la morale et de la religion, a su parfaitement montrer le lien entre la morale fermée, qui se caractérise par "le tout de l'obligation" (l'ensemble des choses qu'il faut faire au quotidien) avec l'élan même de la vie (l'objet propre de la métaphysique).


  • Heidegger, dans Etre et Temps, a su parfaitement faire le lien entre une analytique existentiale du Dasein dans sa quotidienneté, dans son monde commun, ordinaire et une analytique temporalo-existentiale montrant le Temps comme condition de possibilité de toute ouverture au monde, et par delà, comme horizon de l'Etre.  


La compréhension du quotidien, du banal, ne s'oppose donc certainement pas aux plus hautes et plus intenses visées spéculatives mais les nourrit, et réciproquement.
Mais la philosophie, si elle se plonge dans l'étude du monde ordinaire, ne parle pas pour autant le langage de l'opinion.


Message édité par rahsaan le 03-03-2007 à 14:23:12

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n°10810893
phyllo
scopus inornatus
Posté le 03-03-2007 à 14:24:59  profilanswer
 

L'absence d'engagement politique du philosophe est un leurre.
 
Par moment, il est tout simplement impossible de ne pas s'engager. A l'heure où se pose une question grave, ne pas vouloir y répondre est une sorte de réponse, un engagement en soi.

Message cité 3 fois
Message édité par phyllo le 03-03-2007 à 14:25:21
n°10810915
neojousous
Posté le 03-03-2007 à 14:27:53  profilanswer
 

phyllo a écrit :

L'absence d'engagement politique du philosophe est un leurre.
 
Par moment, il est tout simplement impossible de ne pas s'engager. A l'heure où se pose une question grave, ne pas vouloir y répondre est une sorte de réponse, un engagement en soi.


 
+1

n°10810924
rahsaan
Posté le 03-03-2007 à 14:29:48  profilanswer
 

phyllo a écrit :

L'absence d'engagement politique du philosophe est un leurre.
 
Par moment, il est tout simplement impossible de ne pas s'engager. A l'heure où se pose une question grave, ne pas vouloir y répondre est une sorte de réponse, un engagement en soi.


 
En son fond, la philosophie est intrinséquement politique, oui.  
Mais qu'entends-tu par "politique" ? Par l'engagement dans un parti politique ?...


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Posté le 03-03-2007 à 14:29:48  profilanswer
 

n°10810931
pascal75
Posté le 03-03-2007 à 14:31:11  profilanswer
 

phyllo a écrit :

L'absence d'engagement politique du philosophe est un leurre.
 
Par moment, il est tout simplement impossible de ne pas s'engager. A l'heure où se pose une question grave, ne pas vouloir y répondre est une sorte de réponse, un engagement en soi.


Mais qu'un philosophe s'engage, ça il peut toujours le faire, et même souvent ("ultimi barbarorum !" ) mais ce n'est pas en tant que philosophe qu'il le fait, c'est en tant qu'élément conscient de la société.


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n°10810954
neojousous
Posté le 03-03-2007 à 14:34:09  profilanswer
 

Mouai, la définition du mot "philosophe" est trop floue, trop vague, trop polémique pour que la question "le philosophe doit-il s'engager ?" puisse obtenir une réponse claire. M'est avis, que comme bien souvent, on est tous à peu près d'accord, mais qu'on argumente pour mettre en exergue certains points dont on craint que les autres ne les appréhende pas.

n°10810959
rahsaan
Posté le 03-03-2007 à 14:34:46  profilanswer
 

neojousous a écrit :

Mouai, la définition du mot "philosophe" est trop floue, trop vague, trop polémique pour que la question "le philosophe doit-il s'engager ?" puisse obtenir une réponse claire. M'est avis, que comme bien souvent, on est tous à peu près d'accord, mais qu'on argumente pour mettre en exergue certains points dont on craint que les autres ne les appréhende pas.


 
Oui c'est bien possible. :D


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n°10811008
phyllo
scopus inornatus
Posté le 03-03-2007 à 14:42:16  profilanswer
 

pascal75 a écrit :

Mais qu'un philosophe s'engage, ça il peut toujours le faire, et même souvent ("ultimi barbarorum !" ) mais ce n'est pas en tant que philosophe qu'il le fait, c'est en tant qu'élément conscient de la société.


 
Si tu veux.
 
Malgré tout, essayer de dissoudre le fait qu'un philosophe soit justement ce que tu appelles un élément conscient de la société, c'est idéaliser la philosophie, envisager qu'elle puisse s'effectuer en absence d'implication politique.
 
Et j'entends par politique la 'vie de la cité' of course.

n°10811028
rahsaan
Posté le 03-03-2007 à 14:46:18  profilanswer
 

phyllo a écrit :

Et j'entends par politique la 'vie de la cité' of course.


 
Il y est toujours profondément lié, c'est certain.  
Mais justement, il tente de ne pas y être lié par des liens d'opinion mais par la raison. Ce qui rend son adhésion conflictuelle, évidemment.  
cf. l'anecdote sur Héraclite, qui préféra aller jouer aux osselets avec les enfants, pensant que cela valait bien la charge des affaires publiques.


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n°10811109
pascal75
Posté le 03-03-2007 à 15:00:25  profilanswer
 

phyllo a écrit :

Si tu veux.
 
Malgré tout, essayer de dissoudre le fait qu'un philosophe soit justement ce que tu appelles un élément conscient de la société, c'est idéaliser la philosophie, envisager qu'elle puisse s'effectuer en absence d'implication politique.
 
Et j'entends par politique la 'vie de la cité' of course.


Et bien justement, la philosophie a des implications politiques et surtout des conséquences, le "ultimi barbarorum" de Spinoza c'en est une belle ! Mais les philosophes n'ont aucune primauté ou supériorité sur le terrain de la politique, pas plus qu'un généticien lorsqu'il manifeste avec des sans-papiers, ou qu'un écrivain qui défend tel militaire. Ils sont tous légitimés à le faire, pas moins qu'un philospphe.


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n°10811123
rahsaan
Posté le 03-03-2007 à 15:03:21  profilanswer
 

pascal75 a écrit :

Et bien justement, la philosophie a des implications politiques et surtout des conséquences, le "ultimi barbarorum" de Spinoza c'en est une belle ! Mais les philosophes n'ont aucune primauté ou supériorité sur le terrain de la politique, pas plus qu'un généticien lorsqu'il manifeste avec des sans-papiers, ou qu'un écrivain qui défend tel militaire. Ils sont tous légitimés à le faire, pas moins qu'un philospphe.


 
A ce propos, on peut noter que Zola s'est engagé dans l'affaire Dreyfus alors qu'il avait toute l'épopée des Rougon-Macquart derrière lui et plus encore. C'était un écrivain accompli.  
De nos jours, c'est le contraire qui se produit : nombre d'intellectuels font du raffût moralisateur et ensuite, comptent sur ces coups médiatiques pour vendre leurs livres.

Message cité 1 fois
Message édité par rahsaan le 03-03-2007 à 15:03:37

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n°10811150
pascal75
Posté le 03-03-2007 à 15:07:59  profilanswer
 

rahsaan a écrit :

A ce propos, on peut noter que Zola s'est engagé dans l'affaire Dreyfus alors qu'il avait toute l'épopée des Rougon-Macquart derrière lui et plus encore. C'était un écrivain accompli.  
De nos jours, c'est le contraire qui se produit : nombre d'intellectuels font du raffût moralisateur et ensuite, comptent sur ces coups médiatiques pour vendre leurs livres.


Ce qui est à l'honneur de ce topic (gloire à nous :o ) c'est que les noms de BH..., de Finkel***, n'ont été que très peu cités ici :jap:


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n°10811279
neojousous
Posté le 03-03-2007 à 15:30:34  profilanswer
 

Ouai et quand ils sont cités c'est pas forcément à leur avantage :D

n°10811960
le vicaire
Posté le 03-03-2007 à 17:26:17  profilanswer
 

Je veux pas foutre le bordel mais ce que fait Onfray avec son "Université populaire" me paraît en soi une application très concrète de comment la philosophie peut réinvestir l'espace public.
 
Pour répondre à Rahsaan, la vertu dans l'Antiquité était pour partie dans la bouche des Romains (Empire) tout autant que dans leur mœurs (République). Je pense que tous les philosophes de l'Antiquité ont eu cette idée de changer le monde en se changeant d'abord soi-même et en enseignant de savoir. Je pointe le rapport au réel très présent dans la philosphie antique (mais pas seulement) et ce que je constate de nos jours (pas partout non plus). Et je crois que cet absence de rapport au réel nuit profondément à la philosophie.
 
Voici un petit extrait de ma synthèse du livre "Qu'est ce que la philosophie antique ?" ," de Pierre Hadot. Pour grande synthèse, je peux vous la mettre mais c'est genre deux fois un post de l'Antichrist.
 
« D’une manière générale, les philosophes n’ont jamais renoncé à l’espoir de changer la société, au moins par l’exemple de leur vie. Notre vision de l’histoire de la philosophie est faussée par des contingences historiques. Influences orientales : les Grecs furent impressionnés par le mode de vie des “gymnosophistes”, les “sages nus” de l’Inde.
 
Pour nous autres modernes, la notion d’école philosophique évoque l’idée d’une position doctrinale. Dans l’Antiquité, c’est en fonction du mode de vie qui est pratiqué dans l’école que le futur philosophe vient assister à des leçons.
 
Ecole stoïcienne de Zénon : on loue Zénon non pas pour ses théories mais pour l’éducation qu’il donne à la jeunesse pour le genre de vie qu’il mène pour l’accord entre sa vie et ses discours. «... Il enseigne la faim, et trouve des disciples. »
 
Les sceptiques développent d’ailleurs une argumentation pour montrer qu’il faut suspendre son jugement, refuser toute adhésion à tout dogme et trouver la tranquillité d’âme. Les cyniques pour leur part n’argumentent pas et ne donnent aucun enseignement. C’est leur vie même qui a, en elle-même, son sens et implique toute une doctrine.
 
La philosophie apparaît comme une thérapeutique des soucis, des angoisses et de la misère humaine provoquées, par les conventions et contraintes sociales pour les cyniques, par la recherche des faux plaisirs pour les épicuriens, par la recherche du plaisir et de l’intérêt égoïste pour les stoïciens et par les fausses opinions par les sceptiques. Tous reconnaissent avec Socrate que les hommes sont plongés dans la misère, l’angoisse et le mal parce qu’ils sont dans l’ignorance : le mal n’est pas dans les choses mais dans le jugement de valeur que les hommes portent sur les choses. Pour changer ses jugements, l’homme doit faire un choix radical : changer toute sa manière de penser et d’être. Épicurisme : recherche du plaisir qui motive toute l’activité humaine ; platonisme, aristotélisme, stoïcisme : l’amour du Bien est l’instinct primordial de l’être humain.
 
La démarche habituelle de la pensée consistait à remonter aux principes généraux, logiques ou métaphysiques, à partir desquels telle question pouvait être résolue. Dans l’épicurisme, méthode déductive qui part des principes pour aller aux conséquences de ces principes. Concentration sur l’essentiel, le noyau systématique qui garde l’intuition de la totalité (courte sentence) plus persuasif à valeur psychagogique, cad destiné à produire un effet sur l’âme de l’auditeur.
 
Alors que le platonisme et l’aristotélisme sont réservés à une élite qui a du “loisir” pour étudier, rechercher et contempler, l’épicurisme et le stoïcisme s’adressent à tous les hommes ou femmes libres ou esclaves, riches ou pauvres. Quiconque met en pratique le mode de vie épicurien ou stoïcien est considéré comme philosophe. Esprit missionnaire et populaire tout comme dans le cynisme. »


Message édité par le vicaire le 08-09-2007 à 09:43:43
n°10813664
rahsaan
Posté le 03-03-2007 à 21:25:02  profilanswer
 

>Le Vicaire : je trouve ta synthèse bien faite et l'idée que dans l'Antiquité, la philosophie n'était jamais seulement théorique mais était toujours aussi une école de vie, une ascèse (une pratique), est juste. :)  
Mais il y a une différence entre proposer une école de vie (stoïcienne, cynique, épicurienne) qui s'organise selon des valeurs propres... et participer à des comités d'éthique, dans lesquels il s'agit d'aboutir à un consensus, donc pas du tout à l'affirmation de normes originales de vie, mais établir le pouvoir de gens "compétents" et "experts", en fixant des normes et des interdits.  
 
Bien sûr, d'une certaine façon, les écoles grecques se réclamaient chacune de la vraie sagesse et refusaient l'enseignement des autres, donc elles se voulaient "expertes" en sagesse. Etymologiquement, l'expert, c'est celui qui connaît les limites (peiras).  
Mais peut-on être stoïcien ajd, ou épicurien, c'est à dire adhérer à l'école du Portique ou à celle du Jardin, comme si le travail de 2000 ans de philosophie n'avait pas eu lieu et n'avait créé une tradition qu'on ne peut ignorer ?
Comment inventer, au 21e siècle, une philosophie qui soit aussi une école de vie ?...


Message édité par rahsaan le 03-03-2007 à 21:26:29

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n°10817111
le vicaire
Posté le 04-03-2007 à 09:44:10  profilanswer
 

Il n'empêche qu'un comité d'éthique peut aussi déboucher sur des choses très concrètes. Par exemple, désolé d'être encore dans le vécu, on m'a proposé de faire partie d'un comité d'éthique dans un hôpital public. Je n'ai pas encore donné de réponse mais j'y réfléchis. Ce comité d'éthique, qui n'est pas composé que de praticiens hospitaliers, a réuni et sensibilisé son personnel sur les rapports malades/patients, notamment pour l'accompagnement des personnes "en fin de vie". Une charte éthique a été éditée à laquelle tout le monde doit se référer parce qu'elle a été consentie. Un autre exemple, travaillant dans la presse, de plus en plus de journaux s'interrogent sur les comportements en matière de déontologie et travaillent en se référant à des chartes éthiques également. Je pense que ce sont aussi des applications concrètes et directes de la philosophie pratique dans lesquelles les philosophes ont entièrement leur place. Et il me semble que la réflexion qui a conduit à l'élaboration de ces textes ont des applications très concrètes dans la vie quotidienne.
 
En ce qui concerne la philosophie comme exercice préparatoire à la sagesse dans l'Antiquité, je ne pense pas que le modèle soit transposable aujourd'hui. Cependant, nous avons cet héritage fabuleux qu'il nous faut préserver et sans doute encore interroger. Depuis, tu as raison, de l'eau a coulé sous les ponts... Les Grecs faisaient de la philosophie et fondaient une école. Aujourd'hui on a fait l'école et on sort petit à petit la philosophie de l'école (voir le nombre de poste capes).  
 
D'autre part, l'influence des médias est maintenant considérable que ce soit la télévison, ou internet. C'est bien pour cela que les philosophes ne doivent pas abandonner leur rôle de médiateur de la pensée (l'Eros du Banquet) car que vous la chassiez par la porte elle revient toujours par la fenêtre. Les hommes finissent toujours par s'interroger et ressentent tous le besoin de le faire.  
 
C'est parce qu'il y a eu coupure entre la "polis" grecque et les modes de vie "campagnards" que les écoles antiques ont été fondées, comme pour retrouver quelque chose qui s'était perdue à jamais. Et plus les villes se sont amplifiées en Etat plus les hommes se sont sentis dépossédés d'eux-mêmes et plus les systèmes philosophiques sont devenus complexes. Conséquence : la coupure avec le réel s'est tout autant amplifiée. Si la  "polis" est à l'origine de la philosophie, il faut dire qu'elle n'était réellement possible que dans de petites cité (Athènes devait faire 40 000 habitant an IV et Ve siècle) et finalement sur une période assez courte de l'histoire.
 
Il est grand temps de revenir dans la caverne, c'est la fonction du philosophe d'interpeller, d'interroger et d'enseigner jusqu'à ce que (rêvons un peu) le prochain président de la République nous disent :
 
« Nous cultivons le beau avec simplicité et nous philosophons sans manquer de fermeté. » (Périclès)

n°10817230
daniel_lev​rai
Semper eadem sed aliter
Posté le 04-03-2007 à 10:42:43  profilanswer
 

Le jour où un président du pays où je réside me sort une foutaise pareille, je fais mes valises et je décampe sur la champs. :d

n°10817294
le vicaire
Posté le 04-03-2007 à 11:02:55  profilanswer
 

daniel_levrai a écrit :

Le jour où un président du pays où je réside me sort une foutaise pareille, je fais mes valises et je décampe sur la champs. :d


 
ouais t'as raison va faire un tour chez Poutine, ils cherchent des philosophes pour repeupler la Tchétchénie :lol:  :lol:  

n°10817312
pascal75
Posté le 04-03-2007 à 11:11:44  profilanswer
 

daniel_levrai a écrit :

Le jour où un président du pays où je réside me sort une foutaise pareille, je fais mes valises et je décampe sur la champs. :d


Si tu pouvais t'abstenir de ce genre de propos définitif, désobligeant et qui n'apporte rien, ce serait pas plus mal ;)


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n°10817376
neojousous
Posté le 04-03-2007 à 11:33:29  profilanswer
 

Est-ce qu'il existe actuellement des gens vivant comme les cyniques le faisaient ?

n°10817426
alcyon36
Posté le 04-03-2007 à 11:47:55  profilanswer
 

vivi, moi par exemple...;)
et je peux te dire que c'est pas facil de faire tenir mon pc dans mon amphore...lol


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"la pensée de l'être est le souci porté à l'usage de la langue" Heidegger
n°10817776
le vicaire
Posté le 04-03-2007 à 12:56:33  profilanswer
 

neojousous a écrit :

Est-ce qu'il existe actuellement des gens vivant comme les cyniques le faisaient ?


Je ne sais pas mais il y a des aspirations qui vont dans ce sens. Pierre Hadot, mais je n'en sais pas plus (c'est un de mes professeurs de Reims qui me l'a dit et le connaît), a un mode de vie philosophique conforme à ce qu'il décrit.

n°10818037
daniel_lev​rai
Semper eadem sed aliter
Posté le 04-03-2007 à 13:43:32  profilanswer
 

pascal75 a écrit :

Si tu pouvais t'abstenir de ce genre de propos définitif, désobligeant et qui n'apporte rien, ce serait pas plus mal ;)


 
 
Tu es aussi courtois que bon en philosophie à ce que je vois :)
 
Je sais qu'il existe un fantasme du philosophe-roi tout platonisant qui du haut du monde des Idées répandrait le Bien et la Vertu aux habitants de la cité. Je suis persuadé que c'est exactement ce qu'il faut éviter. Dès lors qu'un pouvoir pense pouvoir donner une loi de vérité sur la population, leur expliquer le sens des choses et la voie à prendre pour mener leur vie, il s'expose au totalitarisme. En quoi la philosophie pourrait-elle dire et apprendre aux gens ce qu'ils doivent faire ou ne pas faire ? La philosophie est avant tout désinteressé et ne devrait jamais se préoccuper des débats politiques. L'exemple de Rahsaan sur Heraclite, l'inventeur du mot philosophie, signifie surtout que la philosophie est l'affaire d'une minorité et que les Ephesiens n'ont pas la complexion d'esprit pour y voir une quelconque utilité.  
Je suis dubitatif quant aux comités d'éthique. Il ne s'agit pas de philosophie, loin s'en faut. Il s'agit avant tout d'une nouvelle casuistique où l'on argumente le pro sed contra pour chaque cas d'espèce en accumulant une jurisprudence permettant de distribuer le permis et l'absolument intolérable.  
 
J'aimerais donner l'avis de Deleuze sur votre débat sur l'utilité de la philosophie. A quoi sert la philosophie ? A rien, ou alors à nuire aux gens qui posent cette question agressive et bête.


Message édité par daniel_levrai le 04-03-2007 à 14:04:18

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A pédant, pédant et demi. Qu'il s'avise de parler latin, j'y suis grec ; je l'extermine.
n°10818075
alcyon36
Posté le 04-03-2007 à 13:49:48  profilanswer
 

pascal75 a écrit :

Si tu pouvais t'abstenir de ce genre de propos définitif, désobligeant et qui n'apporte rien, ce serait pas plus mal ;)


 
 si ya plus moyen de faire des blagues pourries... et qui n'apportent rien, c pas tres folichon :lol:  
dejà si tu vx que daniel levrai arrete de faire des jugement definitif...ca mal lair mal barré dapres ce que je lis;)...et puis c pas si desobligeant je pense que Pericles s'en remettra... :lol: (je pense pas que le vicaire etait particulierement visé)

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Message édité par alcyon36 le 04-03-2007 à 13:50:20

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"la pensée de l'être est le souci porté à l'usage de la langue" Heidegger
n°10818140
daniel_lev​rai
Semper eadem sed aliter
Posté le 04-03-2007 à 13:58:59  profilanswer
 

alcyon36 a écrit :

si ya plus moyen de faire des blagues pourries... et qui n'apportent rien, c pas tres folichon :lol:  
dejà si tu vx que daniel levrai arrete de faire des jugement definitif...ca mal lair mal barré dapres ce que je lis;)...et puis c pas si desobligeant je pense que Pericles s'en remettra... :lol: (je pense pas que le vicaire etait particulierement visé)


 
 
Mais non, 75 est persuadé qu'il a reconstruit le pendant cybernétique du 2 Magots au 18ème siècle.  :sleep:  

n°10819089
neojousous
Posté le 04-03-2007 à 17:20:28  profilanswer
 

Vous avez quoi contre les comités éthique ? ça me surprend un peu de votre part...

n°10820702
le vicaire
Posté le 04-03-2007 à 20:25:45  profilanswer
 

Les philosophes ont à voir avec l'éthique avec le comité c'est moins sûr. Les comités d'éthique c'est très bien si les conditions de leur exercice sont soumis aux principes de liberté de la discussion et de l'indépendance de leur fonctionnement. On peut très bien créer des comités d'éthique pour piloter ou servir un groupe d'intérêt.  
 
Extrait d'un cours rendu sur la philosophie morale britannique de Monique Canto-Sperber (PUF)
 
IV - La critique des théories morales
 
1 - L’éthique de la vertu
Les théories de la vertu sont aujourd’hui parmi les plus établies des théories éthiques (Peter Geach, Philippa Foot). Le caractère moral doit être le premier objet de toute évaluation éthique. L’exercice de la vertu est la part essentielle de la vie heureuse que chacun peut désirer et que chacun désire comme sa fin ultime d’où une opposition à l’impératif kantien. Ce qui est premier dans l’utilitarisme est l’obligation de produire le plus grand bonheur. Pour Philippa Foot, l’obligation morale ne peut être catégorique puisqu’elle est toujours fondée dans les besoins. Elisabeth Anscombe recommande au philosophe de mettre de nouveau au centre des théories morales la notion de vertu en rattachant celle-ci aux besoins et désirs humains.  
 
Alasdair MacIntyre opère un retour à l’aristotélisme afin de retrouver une forme de cohérence pour inscrire la moralité dans une conception téléologique du bien humain. Pour les défenseurs de l’éthique de la vertu et naturaliste, il est possible de définir un concept de bien humain conçu à partir d’une notion plus ou moins stable de nature humaine. Si un objet est bon, ce n’est pas parce que nous le déclarons tel, mais parce que nous découvrons en lui certaines qualités ou propriétés qui semblent plus à même que d’autres de satisfaire les besoins et désirs qu’éprouvent les êtres humains.
 
Peu de représentants de l’éthique de la vertu se sont efforcés de préciser de quelles façons l’agent moral est, au moment où il agit, maître de son caractère moral. Après plus de deux décennies d’existence, l’éthique de la vertu a contribué à restituer une image plus complexe de l’agent moral, doté d’une capacité rationnelle mais aussi d’un caractère, de sentiments et d’habitudes. Mais elle ne semble pas encore être parvenue à montrer que le caractère moral puisse être, indépendamment de la considération des actions, l’objet premier d’évaluation.
 
2 - La vie morale
Selon Stuart Hampshire, les conflits forment l’essence même de la moralité et aucune réflexion, aucune solution rationnelle, ne permet de penser qu’ils seront jamais résolus. La réflexion nous éloigne des pratiques concrètes qui confèrent un sens aux termes (courage, lâcheté...). Bernard Williams conteste la valeur absolue de l’idéal dominant de la réflexion éthique qu’il appelle “moralité”. Retour à la pensée antique avec le souci de reprendre la façon dont la moralité s’inscrit dans la vie individuelle. Notre compréhension du langage est de l’ordre d’une reproduction de pratiques. Savoir quel rôle les théories morales peuvent jouer dans la conduite de la vie individuelle et dans la résolution de questions éthiques concrètes devient une question aiguë.  
 
 
V - Développement de l’éthique appliquée
A partir des années 60, l’examen de cas concrets donne naissance à l’éthique appliquée. Les problèmes éthiques sont l’affaire de tous et, les philosophes qui s’en occupent ne font qu’appliquer une théorie (Cheryl Noble). Cependant, l’ambition du philosophe serait de produire un accord fondé sur des considérations rationnelles et des principes d’action à peu près unanimement reconnus. La philosophie morale a une fonction régulatrice. Une des tâches à venir sera pour les philosophes de définir des principes d’intelligibilité permettant d’éclairer des questions difficiles.

n°10821214
rahsaan
Posté le 04-03-2007 à 21:32:28  profilanswer
 

le vicaire a écrit :

Après plus de deux décennies d’existence, l’éthique de la vertu a contribué à restituer une image plus complexe de l’agent moral, doté d’une capacité rationnelle mais aussi d’un caractère, de sentiments et d’habitudes.


 
Ils ont juste mis un peu de temps à comprendre qu'on est pas des machines ni de purs êtres de raisons.  [:prodigy]  
 
 

le vicaire a écrit :

Mais elle ne semble pas encore être parvenue à montrer que le caractère moral puisse être, indépendamment de la considération des actions, l’objet premier d’évaluation.


 
D'ici 20-30 ans, ils vont bien parvenir à quelques résultats dans ce domaine.  [:prodigy]  
 

le vicaire a écrit :

Une des tâches à venir sera pour les philosophes de définir des principes d’intelligibilité permettant d’éclairer des questions difficiles.


 
Contrairement aux philosophes qui, depuis 2500 ans, passaient leur temps à embrouiller des questions déjà résolues.  [:prodigy]  
...
 
Je me moque méchamment mais j'ai l'impression que, sous couvert de discussions et de débats, on ne fait que retrouver de vieilles lunes de la philosophie morale.
 
En fait, ce qui m'inquiète, c'est l'idée que la philo pourrait fournir des idées unanimement acceptables en matière d'éthique. C'est la question d'un possible consensus qui me paraît une grave régression.  
La philo n'est pas un bréviaire de morale laïque à l'usage du bon peuple.  
 
C'est sans doute la question du bio-pouvoir qui se pose ici, avec ces législations sur la bio-éthique : celle d'un pouvoir sur le vivant, tel que défini par Michel Foucault (cf. La Volonté de savoir).  
 
L'enjeu de la philosophie est alors, au contraire, de nous permettre d'échapper à ces nouvelles procédures de normalisation, d'affirmer ses propres normes de vie contre les puissances sociales qui agissent sur les individus. On comprend alors que dans le tome III de l'Histoire de la sexualité, Foucault retrouve les écoles antiques qui permettaient d'affirmer des modes de vie plus libres et sains, en partie à l'écart de la Cité.

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Message édité par rahsaan le 04-03-2007 à 21:42:04

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Mon roman d'anticipation, L'I.A. qui m'aimait : https://tinyurl.com/mtz2p872 | Blog ciné/JV : http://cinecourt.over-blog.com
n°10821583
neojousous
Posté le 04-03-2007 à 22:16:14  profilanswer
 

Tu fumes de plus en plus Rahsaan... :D

n°10821637
Magicpanda
Pushing the envelope
Posté le 04-03-2007 à 22:22:20  profilanswer
 

Deux bon articles dans le chronicart de Mars :
 
 
>> LES 7 PECHES CAPITAUX DE LA PHILOSOPHIE : Professeur de philosophie depuis dix ans, Stéphane Barbier dresse une critique de toutes les idées reçues véhiculées par sa discipline. Contre la propagation des préjugés, il propose à Chronic'art un inventaire dérangeant.
 
> YVES MICHAUD : Philosophe, Yves Michaud évoque dans son dernier essai les incivismes à la française et ouvre quelques voies nouvelles pour y remédier. Loin de toutes les étiquettes et grilles de lecture idéologiques, entretien avec un commentateur éclairé de l'actualité politique, sociale, artistique et scientifique de l'Hexagone.
+ Biblio express


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" Quel est le but du capital ? Le but du capital c'est produire pour le capital. L'objectif, lui, est illimité. L'objectif du capital c'est produire pour produire." - Deleuze || André Gorz - Vers la société libérée
n°10821722
rahsaan
Posté le 04-03-2007 à 22:30:19  profilanswer
 

neojousous a écrit :

Tu fumes de plus en plus Rahsaan... :D


 
Qu'est-ce que tu veux dire ? :o


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Mon roman d'anticipation, L'I.A. qui m'aimait : https://tinyurl.com/mtz2p872 | Blog ciné/JV : http://cinecourt.over-blog.com
n°10821868
alcyon36
Posté le 04-03-2007 à 22:41:45  profilanswer
 

rahsaan a écrit :

Qu'est-ce que tu veux dire ? :o


 :lol:  
rien de mechant, c ton smiley qui fume...
d'ailleurs suis assez d'accord avec toi, perso ca me gene pas en soi les conseils d'ethique...Mais aucun rapport avec la philo...faut aussi lire les cours de foucault au coollege de france sur le biopouvoir...;)


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"la pensée de l'être est le souci porté à l'usage de la langue" Heidegger
n°10821926
alcyon36
Posté le 04-03-2007 à 22:46:29  profilanswer
 

Mais elle ne semble pas encore être parvenue à montrer que le caractère moral puisse être, indépendamment de la considération des actions, l’objet premier d’évaluation.
 

rahsaan a écrit :

D'ici 20-30 ans, ils vont bien parvenir à quelques résultats dans ce domaine.  [:prodigy] .


 
 :lol:  :lol:  
celle la est vraiment tres bonne en effet
heureux que canto sperber ne fasse plus de seminaire à ehess cette annee... :D

Message cité 1 fois
Message édité par alcyon36 le 04-03-2007 à 22:50:37

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"la pensée de l'être est le souci porté à l'usage de la langue" Heidegger
n°10822387
rahsaan
Posté le 04-03-2007 à 23:16:23  profilanswer
 

Oui le smiley  [:prodigy], je l'emploie pour les remarques et les vannes de gros blasé de la vie.  :lol:  
 

alcyon36 a écrit :


 :lol:  :lol:  
celle la est vraiment tres bonne en effet


 
Indépendamment de la moquerie, aussi facile que jouissive, il y avait quelque chose de sérieux derrière ces piques : c'est que ces différents courants de philo anglo-saxonne m'étonnent par leur capacité à s'émerveiller de leur découverte, sans paraître se rendre compte qu'ils redisent ce qui est une évidence depuis 2000 ans.  
Ce qui peut nous rappeler un sketch de Raymond Devos :  

Citation :

Je viens de lire sur un mur une chose étonnante.
Quelqu'un avait écrit:
<<Jésus revient.>>
C'était en toutes lettres:
<<Jésus revient.>>
Vous vous rendez compte
Jésus!
C'est important!
Jésus!
C'est le ciel!
Et les gens passaient à côté... indifférents:
 - Tiens! Jésus revient?
Il y a même qui faisaient des réflexions désobligeantes:
 - Eh bien, il a mis du temps!
Et, poutant, si c'était vrai?
Si Jésus revenait?
Ce serait merveilleux!


 
...
 
"La philosophie morale a des applications pratiques. Vous vous rendez compte ! L'impératif catégorique, c'est le ciel ! Et si c'était vrai ? Si les gens avaient AUSSI des sentiments ?..."  
 
Ce que je veux dire, c'est que l'usage du mot "concret" est agaçant. "La philo morale, c'est concret, ça te parle de toi." D'accord. Mais la philosophie spéculative de Hegel, elle parle de qui ? De l'Esprit. Et l'Esprit c'est qui ? Hé bien l'Esprit c'est nous ! :o
Autrement dit : la notion de "concret" est inepte.  
Il n'y a en réalité pas une proposition philosophique qui ne soit toujours aussi "concrête", si abstraite qu'elle paraisse dans sa formulation.  
 
Quand Epictète nous dit : "fais la distinction entre ce qui dépend de toi et ce qui n'en dépend pas", est-ce abstrait ?... Oui, parce qu'il ne parle pas d'objets particuliers mais il dit : les jugements, les sentiments, les opinions [dépendent de nous], donc il parle d'objets généraux.  
Pourtant, dès qu'on saisis le sens réel de cet impératif, on en voit bien le caractère concret : cesser de vouloir agir sur des choses sur lesquelles nous n'avons pas de prise réelle. Autrement dit : se changer soi-même plutôt que l'ordre du monde.  
Dès lors, "on est dans le concret".  
 
Donc je ne vois pas de quel droit les discours anglo-saxons sur l'éthique se prévalent d'une quelconque "concrêtude" qui aurait manqué avant eux.  
 
Et là, j'ai pris l'exemple d'une proposition en soi morale, que l'on trouve dans le Manuel d'Epictète.
 
Mais prenons une proposition qui soit le plus spéculatif possible : "Il y a identité de l'Identité et de la Différence".  
On aura reconnu une phrase de Hegel. Et on se dira : "hum, pas très concret.  [:prodigy] Bien spéculative cette phrase, bien continentale en somme.  [:prodigy] "
 
Seulement, il faudrait dire au contraire : il n'y pas une proposition philosophique, si spéculative soit-elle, qui n'ait des conséquences concrêtes, pourvu qu'elle soit bien comprise.
Et même : si vous ne voyez pas les conséquences "pratiques" d'une proposition, vous ne l'avez pas bien comprise. Vous l'avez comprise à moitié : vous ne la comprenez que comme un énoncé "théorique", pure appréhension du ciel des idées. Vous ne voyez pas ce qu'elle va changer dans votre vie.  
En l'occurrence, la phrase de Hegel sur l'identité de l'identité et de la différence est une tentative de sortie de la philosophie d'entendement et de ses faux problèmes. Problèmes qui proviennent de distinctions figée. Il faut donc retrouver une pensée fluide, qui épouse le mouvement même de l'Esprit. Hegel pensera ainsi l'Identité spéculative des différences (identité du Sujet et de la Substance se faisant Sujet de son propre devenir) et montrera simultanément qu'une chose n'est identique à elle-même que pour autant qu'elle diffère d'une autre (elle est non seulement elle-même, mais la négation de tout ce qu'elle n'est pas. A = A, mais surtout : A != -A, donc toute chose, en tant qu'elle est posée, est travaillée par ce qu'elle nie en se posant. Toute détermination est une négation, dit Spinoza).  
Ainsi, Hegel nous invite à un véritable changement de regard sur les choses, pratique qui a un sens déjà phénoménologique.  
 
Tout ceci pour dire qu'il faut refuser de croire qu'il y aurait des "philosophies" plus "concrêtes" que d'autres. Le cours que nous propose Le Vicaire semble d'ailleurs montré que ces philosophies de l'agir morale travaillent en grande partie à "doser" Aristote avec Kant et de l'utilitarisme, dans des proportions variables selon les auteurs. Mais que gagne t-on à dire que, désormais, on fait de l'éthique appliquée ? Comment croire que les auteurs "classiques" n'ont pas écrit pour qu'on puisse réfléchir à des cas concrêts ?...
 
Que des gens s'inspirant de Kant, Aristote, Stuart Mill etc. veulent s'engager dans des comités d'éthique et que la philo nourrisse leur pratique, très bien. Mais il n'y pas de science des cas particuliers... ni des généralités. Que la philo nourrisse des débats, ok. Mais la philosophie n'est pas une pratique du débat.  
Bref, je reste dubitatif et je me demande ce qu'il y a de neuf sous le soleil. [:spamafote]

Message cité 2 fois
Message édité par rahsaan le 04-03-2007 à 23:21:43

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Mon roman d'anticipation, L'I.A. qui m'aimait : https://tinyurl.com/mtz2p872 | Blog ciné/JV : http://cinecourt.over-blog.com
n°10822475
alcyon36
Posté le 04-03-2007 à 23:21:27  profilanswer
 

rahsaan a écrit :


 
Indépendamment de la moquerie, aussi facile que jouissive, il y avait quelque chose de sérieux derrière ces piques : c'est que ces différents courants de philo anglo-saxonne m'étonnent par leur capacité à s'émerveiller de leur découverte, sans paraître se rendre compte qu'ils redisent ce qui est une évidence depuis 2000 ans.  


 
justement pr ca que je la trouvais tres drole...parceque pertinente! :D


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"la pensée de l'être est le souci porté à l'usage de la langue" Heidegger
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