Le vent d’hiver souffle en avril sur les plaines argentines, mornes et désolées (hihi). Il faut dire que l’affrontement avec la couronne anglaise, la fameuse guerre des Malouines, avait laissé le pays exsangue l’année précédente.  Toute l’arrière-garde de la glorieuse armée avait été balayée, désossée comme le sera Ali Williams par un fameux caramel de Sébastien Chabal en juin 2007. Pauvre Ali Williams avec sa mâchoire brisée, relégué au rang d'un coupeur d’oranges pendant le Tri Nations, alors que l’homme des cavernes ricanait sous sa barbe, jonglant d’un doigt avec le ballon ovoïde, heureux de n’avoir point fait le voyage à vide. Parfois c’est ballot* la vie. Certains seront condamnés à aspirer de la purée de mortadelle avec une paille, tandis que d’autres saligauds de rastaquouères s’éclateront en discothèque sur le dernier mix de MC Berd*, une reprise très dansante de l’hymne gay In The Navy*.
 
Mais revenons en Argentine, si  le lecteur me le permet. Cette année-là, les argentins ne claironnaient plus avec leurs Super-Etendard et autres Exocet vendus par la France. Quand Margaret s’énerve, c’est tout l’empire britannique qui contre-attaque. Il parait même que Manuel Bocero, le pilote d’un Mirage abattu aurait eu cette délicieuse pensée avant de s’abîmer en plein océan : j'ai jamais vu la mer mais il paraît qu'une fois qu'on y est, elle est bonne.  
 
Pendant l'année qui suivit cette terrible guerre il faisait un froid de canard, la neige abondait mais d’aucun pour s’adonner aux joies du ski. Sans remonte-pente, il aurait fallu gravir la montage à dos d’âne avec tout son matériel. Arrivé à la cime, chausser ses longs rossignols, faire la descente dans la poudreuse, prendre 20 minutes de plaisir… puis remonter chercher ce foutu âne, bien trop con pour retrouver le chemin du pâturage. Autant rester bien au chaud avec sa petite femme et faire Tchouk-tchouk nougat sous la couette !  
C'est d'ailleurs ce que faisait parfois ce sympathique couple argentin dont nous allons vous narrer sous peu les palpitantes aventures quotidiennes.
 
- Tac-tac* l’horloge battait la cadence tandis que Carlota (le personnage principal de la nouvelle, excusez du peu !) épluchait un légume, puisqu’il le faut bien, dans sa petite cahute au bord du lac Upsala. Pour situer, comment dire…vous connaissez le lac de Paladru ? Bein, c’est presque le même, en plus patagonique, sa mère. Elle préparait une bonne soupe pour son mari qui était atteint d’une étrange affliction, que le shaman du coin appelait poétiquement « le mal d’aurore* ». Comment vous peindre la chose avec élégance ? Ce mal le prenait au petit jour, quand il sortait du lit, un chaos intestinal* lui remuait les entrailles, après des semaines où il avait été constipey* comme un rat auquel Chabal aurait oublié de retirer le scotch après usage (NDLR : s’il pouvait s’agir d’un rat d’opéra, cela m'arrangerait).  
Heureusement pour le pauvre homme, sa femme suivait à la lettre les prescriptions shamaniques. Principalement, une soupe spéciale très complète : de la bave de Krapaud* (abondante aujourd’hui), un peu du venin extrait de l’abdomen de la guèpe* en lui titillant le dard, sans oublier les patates et les carottes pour le goût. Mais parfois Augusto ne pouvait avaler qu’un simple thé au jasmin.  
 
Ce matin-là, il enfila ses pantoufles d’un geste plus résolu que d’habitude.
- Wah j’ai bien dormi ! Déjà réveillée ?
- Oui, tu sais je voulais vite finir ta soupe et me remettre à mon étude sur l’harmonisation de la gamme majeure en triades appliquée à la flûte à bec.
Il soupira
- Toujours ce fichu rêve de devenir célèbre ?
-  Et toi dans ta jeunesse tu voulais bien devenir roadie n’est-ce pas ? Maintenant tu n’as plus aucune ambition, regarde-toi… Moi au moins je pourrais être quelqu’un si tu me laissais aller à ce concours de talent à Dax.
- Tu as tort, Dax* c’est rien qu’un bled en France avec son festival de la saucisse. Jamais tu perceras…
- A propos de percer, c’est quoi ce trou dans le rideau de douche ?
- Oh, ça… tu sais… tiens… passe-moi donc mon bol, dit-il d’un air embarrassé afin de s’épargner de lourds salamalecs
- Et pendant que j’y pense, nos vaches n’ont presque pas donné de lait cette semaine. Mon cœur (elle disait "mon cœur" à son mari comme elle disait "mon chien" à son chien qui était un dogue argentin, contrairement à son mari), va falloir se serrer la ceinture. Oublie l’aileron chromé pour ta Xantia, maintenant le tunning c'est au-dessus de nos moyens...  
Machinalement elle lui tendit un bol vermillon empli d'une soupe genre ragoût peu ragoûtant.
- T’as pas plus gros ? Ou plus petit ? Rétorqua-t-il en jaugeant le bol d’un air méprisant
- La prochaine fois c’est tintin ! Fit-elle exaspérée en remplaçant le bol incriminé par un joli bol en faïence opaline, ni trop gros ni trop petit.
-  Merci Mona* lui répondit-il sans trop y penser
- Mona ? Mona ??!! Mona c’est qui cette traînée encore ? Demanda-t-elle, visiblement prise d’une bouffée de chaleur intempestive*
- Heu non c’est rien, j’admirais ton sourire et je pensais au fameux tableau du Louvre.  
- Celui de Mona Soyoc, la nièce de Mona Lisa ?
- Voilà, c’est ça, tu es si belle qu’on dirait Mona Soyoc
 
Il soupira discrètement car il avait échappé de justesse aux furies de sa femme. Il avait très fort risqué de se faire pincer, mais pas qu'un peu, très fort, fort formidable comme cette nouvelle.
 
 
* Aucune ressemblance avec des forumeurs existant ou ayant existé n'a été maltraitée

Aucune ressemblance avec des forumeurs existants ou ayant existé n'a été maltraitée