L'Iran veut voir les Etats-Unis jugés pour les crimes de Saddam Hussein
   
TEHERAN (AFP) - 19/12/2003 11h38 - Les Etats-Unis, qui ont soutenu le régime de Saddam Hussein, doivent être jugés pour les crimes commis par l'ancien dictateur, a déclaré l'ancien président iranien Ali Akbar Hachémi Rafsandjani, lors de la prière du vendredi à Téhéran diffusée en directe par la radio d'Etat.
 
"Nous n'aurions pas aimé que Saddam Hussein soit châtié par les Américains car les Etats-Unis doivent eux-mêmes être jugés pour les crimes de Saddam. Depuis le jour où le régime baassiste a commencé le combat contre les musulmans et les chiites, les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et les autres puissances oppressives se sont rangés derrière Saddam Hussein", a affirmé M. Rafsandjani.
 
"Ils sont complices de tous les crimes commis par Saddam (...) La guerre menée contre l'Iran a commencé avec leur soutien et lorsqu'ils ont vu que Saddam Hussein ne pouvait plus résister (face à l'armée iranienne), ils sont entrés en guerre et ont attaqué nos plateformes pétrolières, nos bateaux et nos avions", a ajouté M. Rafsandjani, qui dirige le Conseil de discernement du régime, la plus haute instance d'arbitrage du pays.
 
"Ils présentent Saddam comme un criminel de guerre pour les attaques chimiques contre Halabja (ville kurde irakienne) mais il faut demander qui a fourni ces armes chimiques à Saddam Hussein", a-t-il poursuivi.
 
Téhéran accuse régulièrement les pays occidentaux d'avoir fourni à l'Irak des armes chimiques.
 
Selon lui, les Etats-Unis sont présents dans la région du Proche-Orient et du Golfe pour combattre et éliminer "leurs propres enfants illégitimes", c'est-à-dire les talibans, Al-Qaïda où les baassistes, "qui ont été créés et renforcés par les Américains eux-mêmes".
 
"Nous ne pouvons pas être contents que des criminels comme Saddam soient châtiés par les Etats-Unis, mais nous sommes contents que de tels criminels soient punis par la volonté de Dieu", a expliqué M. Rafsandjani.
 
"Les Américains doivent savoir qu'un jour la main puissante d'Allah les prendra à la gorge" pour leurs crimes, a-t-il dit.
 
Ces derniers jours, de nombreux dirigeants iraniens se sont réjouis de la capture de Saddam Hussein.
 
Le porte-parole du gouvernement iranien a annoncé lundi que Téhéran préparait une plainte devant une juridiction internationale contre l'ancien président irakien.
 

Rumsfeld à Bagdad en 1984 malgré l'usage d'ADM par l'Irak
AFP | 19.12.03 | 21h50  
 
 
Donald Rumsfeld, aujourd'hui secrétaire à la Defense, s'était rendu à Bagdad en 1984 pour assurer l'Irak que la déclaration américaine dénonçant l'emploi d'armes chimiques par les Irakiens n'entraverait pas les relations entre les deux pays, selon un document confidentiel américain publié vendredi.Envoyé du président Ronald Reagan pour le Proche-Orient, M. Rumsfeld avait pour instruction de dire à Tarek Aziz, alors ministre irakien des Affaires étrangères, qu'une déclaration américaine dénonçant l'utilisation par Bagdad d'armes chimiques dans sa guerre contre l'Iran, ne devait pas affecter le désir de l'administration "d'améliorer les relations bilatérales", selon ce document récemment déclassifié.Cette condamnation avait été faite, quelques jours avant la visite de M. Rumsfeld, par le département d'Etat.Ces informations, dévoilées vendredi par le Washington Post, interviennent alors que le débat sur la présence d'armes de destruction massive en Irak continue à agiter l'opinion publique américaine, leur présence supposée ayant été l'argument esentiel avancé par les Etats-Unis pour justifier le lancement de la guerre contre l'Irak en mars.En mars 1984, M. Rumsfeld rencontra M. Aziz pendant 90 minutes, après une visite en décembre 1983, date à laquelle le responsable américain avait été chargé de persuader l'Irak de renouer ses relations diplomatiques avec les Etats-Unis.Selon ce document, un télégramme envoyé à M. Rumsfeld, alors émissaire de l'ex-président Ronald Reagan pour le Proche-Orient, par le secrétaire d'Etat de l'époque George Shultz, l'émissaire a effectué une visite secrète en 1983 à Bagdad au cours de laquelle il avait rencontré Saddam Hussien et Tarek Aziz, ministre irakien des Affaires étrangères.Le document déclassifié est un télégramme envoyé à M. Rumsfeld par George Shultz, alors secrétaire d'Etat. Ce dernier y indiquait avoir tenté, avec le secrétaire-adjoint à la Défense Lawrence Eaglebeurger, d'assurer au sous-secrétaire d'Etat irakien pour les affaires extérieures, Ismet Kittani, qu'ils souhaitaient que les relations avec Bagdad restent au beau fixe.Appuyant l'Irak dans sa guerre contre l'Iran, Washington et Bagdad avaient établi des relations diplomatiques en 1984.Interrogé sur ce voyage de décembre 1983 à Bagdad, Rumsfeld a récemment affirmé devant la presse avoir mis en garde Saddam Hussein contre l'utilisations d'armes chimiques, une affirmation fausse, écrit le Post sur la base des documents diplomatiques déclassifiés.Interrogé pour expliquer ces contradictions, le porte-parole du Pentagone Larry Di Rita a répondu au Post: "le secrétaire a dit ce qu'il a dit, et je m'en tiens là".