L’Ukraine est prête à accepter une zone démilitarisée dans le Donbass, une concession majeure pour mettre fin à la guerre
Le négociateur ukrainien Mykhaïlo Podoliak dit au « Monde » que cette zone imposerait un recul des forces ukrainiennes et russes des deux côtés de la ligne de front. Le président ukrainien a déclaré, jeudi, que toute cession de ces régions devrait être validée soit par une « élection », soit par un « référendum ».
 
Cette zone démilitarisée imposerait, dans l’esprit de Kiev, un recul des forces ukrainiennes et russes des deux côtés de la ligne de front actuelle, dans le Donbass. Cette région stratégique, bassin minier que convoite la Russie depuis 2014, pourrait basculer sous la supervision d’une force internationale, incluant les Etats-Unis.

« Si nous sommes contraints de le faire, nous le ferons avec une détermination sans faille : nous brûlerons tout à une distance de 300 kilomètres et mettrons le feu à tout à une distance de 900 kilomètres. C'est un signal clair », a déclaré l'ancien commandant de l'Eurocorps, Jarosław Gromadziński, à propos d'une possible frappe de représailles sur la région de Kaliningrad.

The European Union has agreed to indefinitely immobilise the assets of the Russian Central Bank, a central element of the reparations loan to Ukraine, still under intense negotiations ahead of a make-or-break summit next week.

Aujourd'hui (11 décembre 2025), Mark Rutte n'a pas prononcé de discours politique devant les alliés de l'OTAN à Berlin. Il a lancé un avertissement stratégique à l'Occident. Il s'agissait de la déclaration la plus claire et la plus explicite d'un secrétaire général de l'OTAN depuis des décennies : les États-Unis ne peuvent plus être considérés comme un garant stable et prévisible de la sécurité européenne. Il ne l'a pas dit ouvertement, mais chaque phrase de son discours porte cette implication structurelle. Le sens profond est simple : l'Europe est contrainte d'entamer son premier véritable cycle de réarmement, afin de se rétablir (UE + Royaume-Uni) comme une puissance de premier plan, depuis la Guerre froide. Ce processus se mesure désormais en années, et non plus en décennies. Voici ce que Rutte a laissé entendre.  
 
1. Les services de renseignement de l'OTAN et les ministères européens de la Défense estiment désormais à un niveau élevé la probabilité d'une attaque russe sur le sol de l'OTAN dans les cinq prochaines années. Il ne s'agit pas d'une exagération. Cette estimation classifiée est largement diffusée au sein de plusieurs ministères européens de la Défense. Rutte a choisi de la rendre publique car l'opinion publique européenne n'est pas encore pleinement consciente de la menace. Il a averti que la Russie a reconstitué une économie de guerre. Elle déploie des milliers de drones par mois, augmente sa production de missiles et opère en état de mobilisation générale. La Russie perd en moyenne 1 200 soldats par jour et continue d'accroître sa production et son recrutement. Le message de Rutte est clair : un État prêt à sacrifier un million de vies peut détruire des frontières.  
 
2. La Chine est le pilier qui permet à la Russie de poursuivre sa guerre. Rutte a ouvertement désigné la Chine comme le principal fournisseur de composants, d'électronique, de machines-outils, de propergols et de soutien industriel indispensables à la guerre russe. Quatre-vingts pour cent des pièces critiques des missiles et drones russes sont d'origine chinoise. C’est la première fois qu’un dirigeant de l’OTAN de son envergure qualifie le système russo-chinois de réseau unifié de soutien à la guerre. Cela marque un tournant majeur. L’OTAN perçoit l’axe russo-chinois non pas comme un partenariat économique, mais comme une menace stratégique commune.  
 
3. L’Europe comprend qu’elle doit se réarmer sans présumer de la fiabilité des États-Unis. Rutte n’a jamais dit « on ne peut pas compter sur l’Amérique », mais il s’en est approché au plus près, compte tenu des limites du discours diplomatique. Il a cité les systèmes de défense aérienne ukrainiens qui dépendent des livraisons américaines de missiles PURL. Il a exhorté chaque parlement européen à accepter une augmentation des dépenses de défense et des conditions de mobilisation permanente. C’est le fond de la pensée qui est désormais exprimé ouvertement. L’Europe se prépare à l’éventualité que les États-Unis soient politiquement paralysés ou stratégiquement absents au moment de la décision.  
 
4. L’ampleur de la guerre qu’il décrit n’est pas rhétorique : « Mobilisation massive », « Millions de personnes déplacées », « Pertes extraordinaires », « Des destructions qui toucheront chaque foyer ». Il ne s’agit pas de clivages politiques, mais de conséquences pour la défense civile, à l’échelle de la population.Les dirigeants de l'OTAN n'emploient ce langage que pour préparer leurs opinions publiques à des changements structurels : conscription, reconversion industrielle, service obligatoire dans les industries de défense ou taxation en temps de guerre. Rutte décrit une Europe qui doit réapprendre à se comporter comme un continent en guerre.  
 
5. L'avertissement ne concerne pas uniquement l'Ukraine. La thèse centrale est que la défaite de l'Ukraine déclencherait la période la plus dangereuse en Europe depuis 1939. Une victoire russe amènerait un État militaire militarisé directement aux frontières de l'OTAN. Rutte affirme à l'Europe que le prix du soutien à l'Ukraine aujourd'hui est faible comparé au prix de la défense de la Pologne ou des pays baltes demain.  
 
6. La charge émotionnelle est délibérée. « Écoutez les sirènes. » « Des corps extraits des décombres. » « Des gens qui ne se réveilleront pas demain. » Il ne s'agit pas d'émotion. C'est de la manipulation politique. Les opinions publiques européennes sont rassurantes. Elles se sentent protégées. Rutte tente de réduire la distance psychologique entre Kharkiv et Berlin. Il oblige son auditoire à imaginer le coût de l'inaction avant que la réalité ne le fasse pour lui.  
 
7. Un fossé stratégique flagrant s'est creusé entre la politique américaine et la réalité de l'OTAN. Le discours de Rutte révèle un fossé grandissant au sein de l'alliance occidentale. L'OTAN perçoit désormais la Russie et la Chine comme un système stratégique fusionné menant une longue guerre contre l'ordre européen. Les États-Unis n'ont pas encore intégré ce changement. Washington continue de traiter la Russie comme un acteur révisionniste régional et la Chine comme un concurrent mondial à gérer, plutôt que comme un cobelligérant actif dans le plus grand conflit terrestre en Europe depuis 1945. Cette situation crée un dangereux décalage stratégique. L'Europe voit un adversaire commun alimentant une machine de guerre unique. Le sytème politique amséricain reste divisé et souvent distrait, une faction s'obstinant à réduire le soutien à l'Ukraine et une autre tendant à compartimenter Pékin et Moscou. Il en résulte une alliance qui ne partage plus une vision commune de la menace. L'avertissement de Rutte implique que l'Europe ne peut se permettre d'attendre que les États-Unis résolvent leurs problèmes internes, car le système russo-chinois fonctionne déjà comme une machine d'agression unifiée.  
 
 
Le discours de l'OTAN n'est pas celui des communications habituelles de l'OTAN. Il s'agit du discours des dirigeants en période de préparation à la mobilisation. La dernière fois qu'une haute personnalité transatlantique a décrit l'avenir de l'Europe en ces termes, c'était pendant la guerre de Corée en 1950. Le tableau de la menace est désormais clair. La guerre est aux portes de l'Europe. On ne peut plus tenir les États-Unis pour acquis. La Chine garantit la survie de la Russie. L'Ukraine sert de zone tampon, maintenant le front hors du territoire de l'OTAN. Et la possibilité d'éviter un conflit plus large s'amenuise. (Source : Transcription officielle de l'OTAN ; Reuters ; ABC News ; Anadolu Ajansi ; Stars and Stripes ; The Guardian)ou une taxation en temps de guerre. Rutte décrit une Europe qui doit réapprendre le comportement d'un continent en guerre.