_OttO_ a écrit :
Mais non.
Concernant les rapports OTAN-Ukraine:
1. NON les US ne décident pas seuls des adhésions, il faut l'unanimité des membres de l'alliance (donc per se chaque membre a un droit de veto sur toute nouvelle candidature à l'adhésion)
2. en 2008, allemands et français avaient opposé leur veto à la candidature ukrainienne
3. en 2010, l'Ukraine avait inscrit la neutralité dans sa loi fondamentale, s'empêchant elle-même d'être à nouveau candidate à l'adhésion OTAN
4. en 2014, l'annexion russe de la Crimée et l'appui russe au séparatisme dans le Donbass ont crée un conflit frontalier Russie-Ukraine virtuellement sans fin qui, à lui seul, empêche la validation par l'alliance d'une nouvelle candidature ukrainienne, puisque l'intégration à l'OTAN implique en premier lieu d'être en paix totale avec ses voisins directs, tous les membres OTAN et tous les membres UE
5. politiquement, c'est la Russie qui depuis 2014 pousse de facto l'Ukraine dans les bras de l'OTAN en ayant rompu ses engagements juridiques écrits sur l'indépendance et l'intégrité territoriale ukrainiennes (protocole de Budapest, 1994; l'Ukraine n'a aucune raison de renoncer à sa souveraineté sur la Crimée à défaut d'une auto-détermination réalisée dans les règles) et en ayant placé son voisin dans l'urgence sécuritaire permanente à raison de son appui aux séparatistes du Donbass (appui direct en matériels et... en hommes qui commencent dès la fin du printemps 2014, pour un état de guerre permanent entre Russie et Ukraine de facto depuis lors). Et si c'est bien la Russie qui force par ses agissements contre l'Ukraine le retour de la question d'une adhésion, reste qu'en l'état elle ne peut toujours pas être acceptée pour la raison sus-mentionnée.
Concernant les rapports UE-Ukraine:
1. 1er mars 1998, un accord de coopération et de partenariat dans le cadre de la politique UE de voisinage orientale est signé entre l'Ukraine et l'UE, lequel vise dès le départ l'extension des partenariats politiques, commerciaux et économiques dans les relations bilatérales.
A noter que la Russie avait signé... le même type d'accord avec l'UE le 1er décembre 1997, en abandonnant très vite, avec l'arrivée au pouvoir... de Poutine en 1999, la mise en pratique des convergences juridiques, politiques et normatives au profit de sa propre stratégie "de bloc" et d'alliances alternatives aux occidentaux (d'où le nom respect d'une bordée d'engagements bilatéraux, notamment sécuritaires dans le Caucase et en Ukraine, puis finalement le non respect complet des engagements en matière de démocratie, d'Etat de Droit et de Droits de l'Homme)
2. en mars 2009, l'UE et l'Ukraine signe un accord spécifique d'investissements européens dans l'infrastructure gazière ukrainienne afin de réduire les risques de rupture d'approvisionnements de gaz russe transitant à 80% par son territoire, comme cela s'était produit de manière répétée entre 2005 et 2009 d'abord à cause... du chantage russe sur les prix du gaz livrés à l'Ukraine pour la forcer à retrouver un alignement pro-russe (erreur d'appréciation des européens qui, à l'époque, n'ont pas vraiment compris la stratégie énergétique agressive russe et se sont imaginé pouvoir y palier par de simples investissements directs)
Inutile de préciser que Poutine a pris cela pour une "provocation".
3. début 2012, un accord de libre échange et de partenariat politique UE-Ukraine, dans le prolongement de l'accord de 1998 et négocié depuis 2007, est finalisé mais sa ratification est momentanément suspendue par les membres UE à raison de non respect d'engagements juridiques du gouvernement ukrainien de l'époque, en particulier sur l'incarcération opportuniste de deux opposants politiques (motifs pénaux valides mais rupture d'égalité manifeste devant la loi)
A noter que cet accord de libre échange a été porté autant par les pro-occidentaux ukrainiens que par les présumés pro-russes ukrainiens, notamment en la personne de Ianoukovytch lui-même qui, dès 2006, comme Premier Ministre ukrainien pousse officiellement non seulement à un rapprochement commercial de l'UE mais également une candidature à l'intégration dans l'UE, sa seule concession aux intérêts russes se manifestant dans son opposition à l'intégration de l'Ukraine dans l'OTAN. Ce que, précisément, allemands et français entérineront eux-mêmes deux ans plus tard par leur veto définitif à la candidature ukrainienne.
4. courant 2013, l'accord de libre échange est en phase de ratification, et la signature finale est prévue au sommet de Vilnius les 28 et 29 novembre.
Sous pression personnelle, politique et financière de Poutine (dont une dette, amenant le pays proche de la cessation de paiement, artificiellement gonflée par l'inflation du prix du gaz russe organisé par Poutine depuis 2005 en représailles du rapprochement de l'UE), Ianoukovytch Président de l'Ukraine depuis 2010 refuse de signer. Et provoque ainsi le déclenchement de l'Euromaïdan.
5. après annexion russe de la Crimée, déclenchement russe du séparatisme dans le Donbass et destitution de Ianoukovytch l'accord UE-Ukraine est finalement signé en mars sur l'aspect politique par le gouvernement provisoire ukrainien, et en juin sur l'aspect commercial et économique par le nouveau Président Porochenko.
Les seules implications US dans tout ça, ont été:
1. la volonté d'intégrer l'Ukraine dans l'OTAN depuis les années 90, c'est exact, mais qu'à aucun moment ils ne pouvaient faire aboutir seuls et qui, donc, a été écartée en 2008 par l'Allemagne et la France
2. un softpower pour le moins très agressif lors de l'Euromaïdan, qui a d'ailleurs largement parasité la diplomatie européenne
3. depuis 2016, un accord de fournitures, de formations et de coopération militaire communs à TOUS les membres de l'OTAN au profit de l'Ukraine pour l'aider à se défendre des agressions russes initiée en 2014
4. un nouvel appui à l'intégration de l'Ukraine dans l'OTAN, mais cette fois de facto crédibilisée exclusivement par les atteintes russes à la souveraineté et l'intégrité territoriale de son voisin
Laquelle n'est par ailleurs toujours pas réalisable juridiquement, puisque l'Ukraine est embarquée contre son gré dans un conflit lourd et vraisemblablement de très long terme avec la Russie.
Il faudrait que
- l'Ukraine renonce à sa souveraineté sur la Crimée
- l'Ukraine renonce probablement à sa souveraineté sur les deux oblast du Donbass, maintenant, et peut-être plus encore si Poutine l'agresse à nouveau pour des revendications territoriales russes potentiellement bien plus larges
- l'Ukraine entérine tous ses renoncements par un traité avec la Russie (sic!)
OU
- que les membres OTAN à l'unanimité renoncent à leur principe fondateur d'être en paix pour intégrer l'alliance.
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