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22/10/04 11:25 - Zèigboto
La conscience historique et la désaliénation
Si l'on recherche la libération, n'est-ce pas parce que depuis longtemps l'on se sent prisonnier de chaînes visibles et invisibles ? De quoi la conscience historique, fondement de la reconquête de soi doit-elle nous nous libérer ? D'où vient l'aliénation qui nous rend étrangers à nous-mêmes, à notre culture, à notre propre histoire, à nos propres valeurs ?
Pour répondre à ces séries de questions, nous allons partir du présent car ce qui, se passe sous nos yeux ressemble par endroits, à ce que nous avons connu dans le passé.
1) LA MONDIALISATION
Aujourd'hui, nous assistons à la mondialisation et à ce qu'on appelle le village planétaire. Ce phénomène qui a commencé à émerger dans les années 1980, dessine la nouvelle carte d'un univers devenu un. Malgré ces multiples contradictions, la planète semble offrir une image d'unité. Cette image, on la voit à l'uvre à travers des lois communes, des normes économiques communes, des normes juridiques communes et même des normes esthétiques communes, etc. Il y a la formation d'un capitalisme de marché mondial marqué par la libéralisation des marchés, la déréglementation de l'économie, la privatisation et la limitation de l'intervention de l'Etat.
Sur le plan des droits de l'Homme, il y a une protection accrue des peuples, des individus et des minorités. Les ligues des droits de l'Homme interviennent partout. Nul ne peut faire n'importe quoi au nom de la seule raison d'Etat. Il n'y a plus d'impunité. La moralisation et l'humanisation de la vie publique commencent à s'imposer par le détour des règles internationales. Ce qui caractérise la mondialisation, c'est un processus d'interrelation croissante sur le plan économique et une interpénétration constante sur le plan des relations sociales, politiques et culturelles dans le monde.
Mais la mondialisation a produit également son contraire. Si le développement des moyens de communication a rapproché les individus à travers Internet, le cellulaire, les fax et autres, il a également créé des réactions opposées. Au lieu de contribuer au renforcement des liens de l'humanité entre les peuples, elle a, à l'inverse, contribué à renforcer les identités nationales. Les problèmes identitaires ont surgi au cur de la mondialisation.
Différents peuples donnent comme réponse possible à la mondialisation un refus des modèles proposés. Ces modèles sont refusés car ils paraissent comme une imposition des valeurs américaines ou européennes. Ainsi a-t-on vu des pays arabes, des pays d'Amérique Latine, des pays d'Asie et aussi certains pays d'Afrique contester les effets nocifs de la mondialisation en se repliant sur leur identité nationale. Ces pays affirment qu'il est vital de ne pas se perdre car la mondialisation est en réalité un moyen efficace que le néolibéralisme américain et les Européens ont trouvé pour imposer sa vision du monde (la laïcité, l'absence de frontière, la parité), ses valeurs philosophiques ou esthétiques (l'individualisme, le matérialisme, le judéo-christianisme, la liberté absolue."
Ils invitent à reconnaître que la mondialisation est une nouvelle forme de colonisation ; une nouvelle manière d'aliéner les peuples. En effet, prenant l'exemple de la colonisation, ces pays qui refusent les excès de la mondialisation, sans toutefois rejeter en bloc, la civilisation occidentale, estiment que leurs cultures ne sont pas prises en compte, leurs langues sont ignorées au profit de l'anglais, leurs lois sont bafouées et la souveraineté nationale remise en cause. En somme, les peuples sont devenus étrangers à l'intérieur des Etats.
Quand on compare ces effets, on remarque que la mondialisation réalise la même mission que la colonisation.
2) LA COLONISATION
La colonisation repose sur le préjugé selon lequel, en ce qui nous concerne, les Africains n'avaient pas d'histoire ni de civilisation. Il fallait nous apporter la lumière, nous socialiser, rendre humainement habitables ces espaces inorganisés et conduire par la culture occidentale, nos peuplades incultes, primitives et sauvages à une véritable civilisation. Une idéologie aux motivations multiples est ainsi créée pour justifier ces actions colonisatrices. Albert Sarraut qui dit ne point vouloir ruser avec les déterminations de la colonisation, écrit avec lucidité "Ne trichons pas. A quoi bon farder la vérité ? La colonisation, au début, n'a pas été un acte de civilisation, une volonté de civilisation." Mais quel est son vrai sens. ? Il précise cela : "Elle est un acte de force, de force intéressée. C'est un épisode du combat pour la vie, de la grande concurrence vitale
Les peuples qui recherchent dans les continents lointains des colonies et les appréhendent, ne songent d'abord qu'à eux-mêmes, ne travaillent que pour leur puissance, ne conquièrent que pour leur profit." En fin de compte, il nous apprend que "La colonisation, à ses origines, n'est qu'une entreprise d'intérêt personnel, unilatéral, égoïste, accomplie par le plus fort sur le plus faible. Telle est la réalité de l'histoire."
En dépit de ces précisions, voyons les justifications spécieuses ou séduisantes données à cette entreprise de dépersonnalisation et de déshumanisation.
2.1. Les motivations de la colonisation
2.1.2. Les motivations religieuses
Convaincus pour la plupart que la race blanche était envoyée par Dieu pour initier les indigènes à une culture noble, les Européens se donnent des " missions. S'appuyant sur la Bible, certains intellectuels européens ou certains religieux vont s'évertuer à démontrer que les Noirs descendants de Cham, étaient de ce fait maudits et vivaient dans une déchéance morale totale. Ils créent le mythe de la malédiction de Cham et attribuent aux Noirs d'Afrique la qualification d'enfants maudits de Cham comme une dénomination maléfique.
2.1.2. Les motivations idéologiques
Les Africains sont considérés comme des sous-hommes, des peuplades sans civilisation ni histoire, aux murs aussi sauvages qu'étranges, croupissant dans la nuit de l'ignorance. Il fallait les aider à quitter la brutalité de leurs murs et abandonner leurs curieuses coutumes. La colonisation est idéologiquement présentée comme un élan de civilisation qui se " propose de créer parmi les êtres et les choses, un état de progrès matériel et moral amplifiant les moyens du mieux-être universel. "
2.1.3. Les motivations économiques
L'Afrique est vue comme un réservoir de bras valides devant servir de mains d'uvre locales, fournir des matières premières et constituer un marché de choix pour la production industrielle européenne. Il fallait prospecter les possibilités de l'Afrique en plantations et mines, contrôler au besoin ses sources de production et disposer d'un débouché humain le plus vaste possible : "Au nom de droit de vivre et du bien commun de l'humanité, la colonisation, agent de civilisation, va prendre charge de la mise en valeur, de la mise en circulation des richesses que des possesseurs débiles détenaient sans profit pour eux-mêmes et pour tous."
Quelles sont les conséquences de ses pratiques de dépossession?
Pendant la colonisation, il y aura un traumatisme, des bouleversements, des révoltes, des revendications d'identités. La vie de l'Africain est bouleversée. Son être est ébranlé en son fondement.
2.1.4. Les conséquences économiques
Toutes les ressources naturelles sont tombées aux mains d'affairistes ou des sociétés de négoces qui organisent un pillage systématique des richesses. Les Etats africains financièrement pris à la gorge après les indépendances formelles, seront contraints d'être des éternels assistés. Il y a une propension à la consommation coûteuse des produits importés, l'extraversion des économies. On consomme ce qu'on ne produit pas et on produit ce qu'on ne consomme pas. La colonisation a été une véritable machine d'aliénation et d'avilissement. Même s'il y a eu des hôpitaux et des écoles, des routes et des chemins de fers, la science et la technologie modernes et efficaces, tout cela pèse peu, au regard du préjudice causé à l'Afrique.
2.1.5. Les conséquences idéologiques.
Le renforcement du racisme dont les racines sont situées dans le sol de la traite des Noirs et de l'esclavage. Le Noir est et reste, aux yeux de la majorité des Européens, un être primitif et inférieur, doué d'une mentalité primitive. Au moment de la colonisation, il subit une dénaturation : "Il n'est sûrement plus un alter ego du colonisateur. C'est à peine encore un être humain."
2.1.6. Les conséquences religieuses
Il y a une nette rupture avec le monde traditionnel. Les religions africaines sont diabolisées et abandonnées au profit du christianisme et de l'islam ou au profit, en général, des religions et spiritualités étrangères. A force de se l'entendre répéter, certains Africains ont fini par croire qu'ils étaient sans religion, qu'ils avaient été maudits de toute éternité par Dieu et qu'ils étaient mauvais. Bouleversé en son fondement même, l'Africain se situe entre plusieurs pratiques religieuses. Tantôt il résout son problème d'écartèlement par un syncrétisme religieux ( Harrisme, Papa Nouveau, Christianisme céleste, etc.), tantôt il se convertit totalement aux religions étrangères tout en ayant un sens de rejet de sa propre culture.
3) L'ALIÉNATION
Au sortir de la colonisation, l'Africain est aliéné. L'aliénation devient une conséquence de la colonisation car après cette période, l'Africain a intériorisé cette vision négative de soi. Il se sous-estime; il ne croit plus en lui; il ne croit plus en rien. Comme dirait Nietzsche, il connaît le nihilisme avec ses différentes nuances de nihilismes relatifs, absolus, désespérés, etc. Il subit une aliénation culturelle. Quelles sont les marques de cette aliénation ?
Être aliéné, c'est être étranger à soi, à son univers, à sa société. Or le propre de la colonisation, c'est justement de contribuer à couper le colonisé de sa société, de sa langue, de sa culture, puisque la langue, la culture et les valeurs du colon sont considérées comme des éléments supérieurs et devant être popularisés. Dans l'aliénation, nous faisons l'expérience de la contradiction; nous travaillons pour vivre ou pour survivre, sans amour et sans joie. Par cette servitude, nous sommes étrangers aux autres, étrangers à notre culture que nous ignorons. Nous sommes condamnés à vivre toujours loin de nous; nous nous éprouvons étrangers, c'est-à-dire que nous ne sommes pas chez nous dans notre société et souvent dans notre vie. Au bout du compte, nous n'avons plus confiance en nous; nous sommes notre propre ennemi car bien souvent nous nous détestons: "
l'amour du colonisateur est sous-tendu d'un complexe de sentiments qui vont de la honte à la haine de soi."
Mais cette manière de se sentir en insécurité ontologique et historique (ou ontique) n'a pas pris fin avec la colonisation visible. Une autre forme de colonisation invisible et sans doute plus pernicieuse a continué après les indépendances. Non seulement, nos gouvernants ont continué le système colonial en faisant, il est vrai, de timides réformes (comme dans l'enseignement par exemple par la création de nouveaux programmes scolaires plus adaptés), mais les indépendances ont quelquefois signifié le remplacement du colon par le colonisé. Les Africains ou de manière spécifique, en ce qui concerne la Côte d'Ivoire, des Ivoiriens après avoir pris la place laissée vacante par les colons, ont continué les méthodes d'avilissement, de dénigrement des valeurs culturelles nationales. Ils sont devenus les persécuteurs de leurs propres frères et surs.
Des élites solidement reliées à la métropole coloniale ont organisé la production économique interne, les habitudes de consommation en fonction des intérêts de leurs anciens maîtres. En somme, l'aliénation a changé de forme sans changer fondamentalement de contenu. Citons quelques exemples dans certains domaines : la médecine est restée une médecine de riches et de citadins, oublieuse de la pharmacopée traditionnelle pourtant nécessité vitale pour environ 80% de la population ; les programmes scolaires comme ceux de la philosophie ont ignoré les auteurs africains, et la philosophie africaine attend encore de nos jours la constitution de ses auteurs classiques ; les noms de nos rues sont pour l'essentiel ceux de nos anciens bourreaux ; l'architecture et les matériaux de construction sont sans relation avec le climat et l'environnement ; l'économie est demeurée une économie de rente dans laquelle nous exportons nos matières premières; le pacte colonial persiste par le refus de créer des voies de communications entre les Etats voisins ; les grandes villes se développent au détriment de la campagne. Autant de faits qui rappellent que notre responsabilité n'est pas à nier dans l'aliénation que nous connaissons ou que nous avons connue. Nous avons contribué à remplacer la colonisation par le néocolonialisme et l'impérialisme.
Les indépendances ont abouti à de nouvelles formes d'aliénation politiques et économiques. La réalité du pouvoir économique et politique échappe encore à nos dirigeants actuels dont la plupart, placés par les anciens maîtres, défendent leurs intérêts au détriment de ceux du peuple.
Sans méconnaître les louables efforts de changements avec l'introduction d'auteurs africains en littérature et l'étude de l'histoire géographie et de la géographie ivoiriennes ; sans fermer les yeux sur la transformation des produits locaux par des industries nationales ; sans sous-estimer la variété des émissions radiotélévisées, il faut admettre que trop de films et de produits de consommation qui auraient pu être fabriqués localement, sont encore importés, accentuant l'exode rural, la dépersonnalisation, le culte de l'argent et la criminalité.
Dans le domaine alimentaire par exemple, alors que dans la période immédiate des indépendances formelles, l'Afrique s'autosuffisait et même était exportatrice de denrées alimentaires, de céréales notamment, aujourd'hui la famine et la malnutrition règnent partout. Les importations de produits alimentaires de première nécessité (riz, lait, sucre, etc.,) sont devenues choses courantes. S'il en est ainsi, c'est parce que partout en Afrique, l'agriculture de subsistance a été négligée au profit de cultures de traite( café, cacao, coton, arachide, etc. ) nécessaires à l'approvisionnement des industries agroalimentaires occidentales.
Il y a donc nécessité pour nous de remettre les choses à l'endroit si nous voulons vivre auprès de nous dans une attitude propice au développement et à notre propre épanouissement.
C'est en remettant en cause ce qui nous aliène, c'est en faisant le procès de ce qui nous maintient hors de nous que nous réussirons à vivre vraiment chez nous, chacun auprès de soi. C'est en prenant conscience de l'assassinat de leurs civilisations que les Africains réussiront à sauver ce qui peut leur permettre d'être à leur tour créateurs et inventifs. Prendre conscience des redoutables instruments de conditionnements psychologiques tendant d'une part à uniformiser les pensées et les comportements puis à déraciner moralement et culturellement peuples et individus africains et ivoiriens telles sont les orientations d'une libération culturelle.
Dans cette optique, un auteur comme Cheikh Anta Diop me paraît proposer d'excellents moyens de reconquête de soi. Il nous donne les recettes qui vont nous rendre créateurs et inventifs. Il nous fournit les mécanismes du développement fondé sur l'identité culturelle. Son concept de conscience historique nous procure les méthodes d'une renaissance africaine.
4) LA CONSCIENCE HISTORIQUE ET LA RENAISSANCE AFRICAINE
4.1. L'essence de la conscience historique.
Selon Cheikh Anta Diop, la conscience historique est composée de trois facteurs qui sont le facteur historique, le facteur linguistique et le facteur psychologique. Ces trois facteurs mis ensemble, créent chez l'individu ou chez un peuple, sa personnalité ou son identité culturelle. Le facteur historique est le ciment culturel qui fait d'une population un peuple ; le facteur linguistique montre l'importance de la langue en tant que dénominateur commun de la culture ; enfin le facteur psychologique peut être considéré comme le tempérament national ou l'esprit du peuple appréhendé en partie de façon qualitative dans la littérature, la poésie, les épopées etc.
Ces trois facteurs engendrent la conscience historique c'est-à-dire le sentiment de constituer un peuple ayant une identité culturelle et visant un même but. Cette conscience se donne ainsi pour mission de bien connaître et de vivre sa véritable histoire, puis de transmettre la mémoire des faits à sa descendance. Il faut donc un enseignement conséquent et des méthodes pédagogiques appropriées : "Compte tenu de l'état de l'Afrique
l'écolier africain doit travailler deux fois plus que son homologue des autres pays : une première fois pour apprendre sur soi, sur son passé, sa culture, sa civilisation, ses langues, et une seconde fois pour s'ouvrir au monde, connaître la pensée universelle, les langues internationales, la culture des autres, pour être en mesure de comprendre, afin de le maîtriser, l'univers qui est le sien. "Ces types d'écoliers désaliénés par une vision moderne ne seront-ils pas finalement ceux qui rendront possible la renaissance africaine ?
4.2. Désaliénation et renaissance africaine.
La conscience historique joue un rôle primordial dans la création de la personnalité d'un peuple ou d'un individu. D'ailleurs c'est pour avoir compris cela que toute colonisation vise en priorité la négation de l'identité culturelle. La conscience historique des Africains devrait se tourner vers une connaissance véritable de leur passé en vue de tirer des leçons positives pour le présent, mais surtout en vue de se souvenir des hauts faits historiques et des grandeurs passées.
Certains aspects de la négritude furent à la base de la désaliénation des consciences pendant la période coloniale et même immédiatement après les indépendances. Si on retient de la négritude, le combat pour la dignité des Nègres, la reconnaissance de la part nègre dans la civilisation universelle, alors on peut dire que la Négritude a contribué à la libération de l'Africain.
En dehors de ces mouvements de rappropriation par le Noir de son essence d'homme, on peut citer les mouvements religieux et toutes les théologies qui veulent que le Christ ou Mahomet jettent un regard particulier sur la misère des Africains. Ces mouvements syncrétistes se présentent comme des formes de désaliénation des consciences religieuses africaines. Selon eux, le christianisme initial ou l'islam original ne tiennent pas compte de la souffrance particulière du Noir : ils font perdre au Noir sa liberté et sa dignité. Il faut donc que la religion musulmane (par exemple pour les Mourrides au Sénégal) ou la religion chrétienne (pour le Harrisme ou Papa Nouveau par exemple) changent leur façon de percevoir le Noir.
Ils proposent ainsi une adaptation de ces religions aux réalités sociales, philosophiques et politiques de l'Afrique. Au sein du catholicisme africain, le concept de l'inculturation vise justement cette désaliénation des consciences puisqu'elle considère que la foi du chrétien doit se vivre sans renier ses traditions fondamentales et positives. La renaissance de l'Afrique passe, selon eux, par la prise en main par le Noir de son propre destin religieux, économique et politique.
Aujourd'hui, il y a en Côte d'Ivoire, une idéologie comme l'ivoirité qui pourrait consister un instrument de désaliénation. D'ailleurs dans sa forme primitive, Niangoran Porquet, le créateur de la version culturelle, en faisait la part culturelle des Ivoiriens à la construction des valeurs africaines devant contribuer au développement de l'Afrique. Même dans sa version politique proposée par le président Henri Konan Bédié, on pourrait retrouver des éléments positifs de désaliénation.
En effet, l'ivoirité, en créant l'amour de la nation ivoirienne, devra mettre fin à la dépendance économique, politique et culturelle. Elle oblige les Ivoiriens à se libérer des liens de leurs tribus, de leurs religions pour se penser en priorité en Ivoiriens. Elle propose une symbiose harmonieuse et distincte de nos traditions locales dans un monde moderne. Cela aboutit non seulement au métissage culturel, propice à la désaliénation, mais à la création d'une société moderne soudée par des valeurs communes. Dans ce cas, être désaliéné, pour l'Ivoirien armé de l'ivoirité, c'est aimer sa culture, connaître son pays et ses lois. Malheureusement, une approche négative et excessivement polémique de l'ivoirité a tué ses éléments positifs, nobles et fédérateurs. N'est-il pas temps de revenir aux aspects unificateurs de l'ivoirité afin que la Côte d'Ivoire nouvelle renaisse de ses cendres.
La conscience historique, c'est-à-dire ce sentiment d'appartenir à un passé puissant et fort est le propre de l'esprit libéré. Seul cet esprit est créateur de civilisations car il enfante de nouvelles utopies. La nation qui renonce à cette conviction, renonce à l'existence et vit par procuration. C'est de façon quotidienne qu'il faut mener ce combat de libération des esprits.
Pour affirmer sa propre identité et devenir inventif, il faut d'abord acquérir la confiance en soi, être satisfait de ce qu'on est. Cette idée est aussi valable pour les peuples et les cultures
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