La grande région a désormais un président, Alain Rousset, sorti vainqueur des urnes le 13 décembre au soir, après une longue, très longue, campagne électorale, physiquement éprouvante pour les trois qualifiés du second tour.
 
La région n'a, en revanche, toujours pas de nom. Pas facile en vérité de trouver une identité qui satisfasse à la fois les Aquitains, les Limousins et les Picto-Charentais, désormais réunis au sein de la plus vaste région de France, avec ses 84 000 kilomètres carrés, ses 12 départements et ses 550 bornes séparant la commune la plus au sud de la commune la plus au nord...
 
 
Le nouvel hémicycle
 
183 conseillers
 
Bordeaux étant la capitale de la nouvelle région, c’est dans l’hémicycle de l’hôtel de région, rue François-de-Sourdis, que se dérouleront les séances plénières, dont la première le 4 janvier pour l’élection du président et de son exécutif. La majorité compte 107 sièges (89 pour les socialistes et apparentés, qui, hier, ont reconduit à leur tête le Landais Stéphane Delpeyrat, 18 pour les écologistes), la droite et le centre 47 sièges, le FN 29 sièges.
 
D'autant moins facile que, comme le rappelle l'historienne Anne-Marie Cocula, l'Aquitaine est davantage une création administrative qu'une réalité historique forgée par les siècles, au contraire de la Bretagne, de la Corse ou de l'Alsace.
« Avez-vous déjà rencontré quelqu'un qui vous déclare qu'il est aquitain ? Non, bien sûr. On vous dira : “Je suis basque, je suis béarnais, je suis périgourdin, je suis landais ou je suis bordelais…” » a-t-elle coutume de souligner.
 
 
Un logo provisoire
 
Alain Rousset n'a, de toute façon, pas le couteau sous la gorge pour baptiser la région XXL dont il sera le premier président, officiellement élu le 4 janvier 2016, à l'occasion de la première séance plénière avec les 183 conseillers régionaux élus. C'est en effet le 1er octobre 2016 que le Conseil d'État validera par décret le nouveau nom de la future région, qui sera proposé par la collectivité et qui débouchera sur la création d'un nouveau logo et d'un nouvel appareil graphique.
En attendant, celle-ci va conserver le nom provisoire qui lui a été attribué selon le bon vieil ordre alphabétique : Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes. L'agence de communication bordelaise Citron pressé a imaginé un logo provisoire (pour la somme de 6 400 euros) qui accompagnera jusqu'à l'automne 2016 les actions du nouveau Conseil régional ainsi que ses courriers. Un logo on ne peut plus simple et neutre : Région Aquitaine Limousin Poitou-Charentes, encadré par deux filets verticaux.
Pendant la campagne électorale, Alain Rousset et Virginie Calmels, les deux prétendants à la présidence, se sont bien gardés d'annoncer leur préférence pour l'un ou l'autre nom de baptême, se réfugiant derrière le « référendum » lancé sur Internet et les réseaux sociaux, comme l'avait d'ailleurs fait « Sud Ouest ».
« On a imposé cette région à nos concitoyens, cela mérite bien qu'on les consulte pour la nommer », a souvent dit Virginie Calmels.
Grande ou nouvelle…
À présent qu'Alain Rousset est élu, le suspense est franchement aussi épais qu'un fil à coudre. Si le nom de « Sud Ouest Atlantique » a toujours les faveurs des internautes, si Henri Emmanuelli a suggéré « la Californie française », le nouveau président du Conseil régional n'a, lui, jamais caché sa préférence pour une région s'appelant… Aquitaine, avec toutefois un adjectif devant, que ce soit « grande » ou « nouvelle ». Grande, la région a en effet peu de risques de rétrécir. Nouvelle, en revanche, pourrait sembler étrange au bout de quinze ou vingt ans d'existence.
Si, comme le préconise Anne-Marie Cocula, le nom de la région doit faciliter l'identification de ses habitants, une appellation à rallonges ou un sigle sont proscrits d'emblée. On imagine mal Alain Rousset commencer une allocution par « Chères Aélepéciennes, chers Aélepéciens… »
L'Aquitaine, grande ou nouvelle, a donc la grosse cote. D'autant plus que même les sociétés d'histoire du Limousin plaident en sa faveur, en se référant au duché d'Aliénor, dont les frontières étaient peu ou prou celles qu'a dessinées la réforme territoriale du gouvernement Valls.
Cela dit, si le nouveau nom de la région fait crépiter la Toile, ce ne sera certainement pas le principal souci d'Alain Rousset, qui, à peine élu, devra mettre en route les mécanismes du rapprochement, administratif, budgétaire et politique, des trois régions et ce sera une autre paire de manches
Pendant quelques mois, le Conseil régional va ainsi fonctionner avec les budgets précédemment votés dans les trois futures ex-régions. Le premier vrai budget régional sera présenté le 23 mai. Et lui, on sait d'ores et déjà qu'on pourra l'appeler costaud !