Difficile de passer après ces CR de dingues, sur des grosses course, mais allez, je me lance pour une première et un trail saucisson !
Belfotrail 2025: 56km 3200+ (58k 3500+ en réalité)
Préparation : Un Coup de Tête
Fin août, je décide de m'inscrire sur un coup de tête. J’avoue, un ami m’avait vendu la mèche quelques mois plus tôt : "C'est peut-être le plus beau des trails des Vosges, et en plus, il y a du comté aux ravitos !" Ça, ça m’a vendu du rêve.
Alors, je me lance dans une préparation sérieuse, incluant des séances de renforcement, mais bien sûr, après seulement deux séances, je laisse tomber. Qui aime souffrir ? Pas moi. Durant août, j’accumule le volume, mais pas tant de dénivelé. Pas évident de trouver une côte au-delà de 250 mètres. Comme d’habitude, lors des ascensions "longues", je risque d’être un peu dans le dur.
Une Grande Rando en guise de préparation et ses Déboires
Fin septembre, je me lance dans une grosse rando d'une semaine en autonomie, avec environ 50 km et 3000+ par jour. Mon sac pèse 13 kg, et je pars tout content, mais dès la première demi-journée, je réalise que ça ne va pas. Mon cœur s'emballe, et je termine la journée après 6h30 de marche, avec une moyenne de 159 bpm...
Après une nuit en refuge, je me sens un peu mieux, mais la douleur à ma malléole droite apparaît. J'arrive au refuge de la deuxième nuit, à 3200 m, en souffrance. Je sais alors que mon trek s'arrêtera plus tôt que prévu. Le matin du troisième jour, je choisis un parcours alternatif pour rejoindre une gare, tout en profitant de la belle météo et des magnifiques paysages des Grisons. [
] . Au final, après un peu plus de 100 km et environ 6000+ en 2 jours et demi mon calvaire prend fin. Ces maudites TX4 y sont pour quelque chose !
Montée de l'Anxiété
L’angoisse se met à grimper plus la course approche : Suis-je capable de courir ? Après une quinzaine de jours sans rien faire, je reprends une course légère en vacances et prends rendez-vous chez un ostéopathe. Selon lui, tout va bien. Du coup, dernière sortie de test à J-10 : 26 km et 1100+. Peu de douleur à la malléole, donc je regagne un peu d’espoir… Mais la semaine avant la course n’est pas géniale, un mal de tête persistant et une sensation de pression au cœur me basculent dans le doute.
Avant la Course : La Grande Préparation
Le grand jour approche ! J’embarque avec moi six doses de poudre ISO+ de Décathlon, des gels, et des pâtes de fruits. Ma stratégie : un gel et une pâte de fruit par heure.
Je me couche à 21h, le stress me tenaille, me demandant si je vais pouvoir prendre le départ. Finalement, je m’endors, mais je suis réveillé à 1h du matin par deux violents pincements au cœur. Mon stress grimpe encore et je me demande si c’est raisonnable de prendre le départ. Je parviens a me rendormir jusqu'au réveil a 4h20. Je m'enfile 4 gâteaux de riz industriel (d'habitude je prépare moi même, mais je n'ai pas eu le temps) et c'est parti pour une heure de route jusqu'à Giromagny.
Arrivé vers 6h du matin, la voiture affiche 3°, et je ne sais pas comment m’habiller. Je mets un manches longues en mérinos, ma veste, et le buff pour les 300 mètres me séparant du retrait de dossard. Je suis gelé et je claque des dents.
Le dossard est récupéré en 5 minutes (peu de monde, bonne organisation).
Je retourne à la voiture pour me préparer, ayant 40 bonnes minutes. Pour la première fois, je me crème avec le produit Décathlon que j'ai eu la brillante idée d'acheter en vitesse la veille, ayant bien sûr oublié le tube chez moi et décide finalement de partir en short et T-shirt.
6h50, il est temps de rejoindre la ligne de départ. En étant légèrement en retard, j'ai l’avantage de ne pas devoir attendre aux toilettes. Mais quelle surprise! C’est l'apocalypse! Les coureurs ont du mal à lire les grandes affiches qui indiquent d'actionner 2-3 fois la pompe de vidange…
À 6h55, je suis enfin sur la ligne, dans la deuxième grande moitié du peloton. J'enlève ma veste et allume ma frontale : c'est la première fois que je vais courir de nuit ! Le discours de l'organisation retentit, nous rappelant le parcours et nous conseillant de ne pas suivre Claire - Lapin DuDuracelle - Bannwarth, car le parcours est difficile et technique.
Départ - Chaumière (12 km, 950+)
À 7h, le départ est donné sous les chalumeaux, apportant un peu de chaleur dans l'effervescence de la foule (nous sommes environ 590 au départ).
On débute par un kilomètre de bitume avec un faux plat montant. Il faut un peu slalomer et éviter les collisions avec les gugusses qui évitent eux-même toutes sortes d'obstacles (lampadaires, voitures garées, signaleurs, papy et mamy ...) Plus loin des bâtons de LED remplace le tapis rouge (ce n'est pas le même budget que les arches de l'UTMB mais c'est sympa) puis on arrive sur un chemin qui commence a monter plus fort (environ 20%). Ça bouchonne un peu, je ne suis que quelques secondes à l’arrêt mais il faut marcher. Les concurrents commencent à sortir les bâtons alors qu'on est en peloton, pas top. A 10cm prêt, je me fais embrocher un testicule
Après cette 1ere courte montée, ça redescend, heureusement pas trop technique: c'est ma 1ere expérience de course à la frontale. On attaque la 1ere vrai ascension qui nous mènera au Weissgut, la première partie monte plutôt fort (20%) mais j'ai un bon rythme. Je dépasse régulièrement et j’apprécie ces petites loupiotes plus haut qui serpentent dans les lacets.
Le jour commence a se lever peu avant le Weissgut, nous sortons de la forêt et arrivons sur les crêtes. C'est beau, mais ça souffle.
Nous restons sur les crêtes pour une succession de petite montées et descente pour rejoindre les pistes de ski de la station du Ballon d'Alsace.
En bas d'une piste je vois un gant Leki, et quasi en haut un mec en train de redescendre, pas de bol, il va faire du rab de D+ lui.
On redescend finalement de l'autre coté toujours sur une piste de ski pour arriver au 1er ravito. Je n'ai bu que la moitié de mes 2 flasques que je transvase dans 1 seule flasque et rempli l'autre d'eau, prend un bon gros verre de coca, me gave d'orange et de comté (les pruneaux me faisaient de l’œil mais j'ai préféré éviter)
Classement : 72ᵉ en 1h33, à 18 minutes de la tête.
Chaumière 1 - Saint Maurice sur Moselle (19 km, 1000+)
Direct après le ravito, ça part immédiatement dans une grosse descente, raide (30-35 %) et technique (pierres, racines, passage avec main courante…). Le ton est donné. Je descends plutôt bien. Cette descente est courte et remonte quasi aussi raide. Les écarts commencent à se faire. À ma grande surprise, je me sens bien, sûrement grâce à un départ prudent (forcé par les bouchons). J’adopte la stratégie suivante : j’accélère sans courir pour rattraper le groupe devant (personne ne suit derrière) et reste en queue de groupe pour récupérer.
Nouvelle descente vers le lac d'Alfeld : c'est encore pentu, avec beaucoup de pierres et des feuilles mortes. Bref, je vais moins vite que prévu car je n'ai pas eu l'occasion de m'entraîner sur des descentes aussi techniques.
Une fois au lac, il y a peut-être 400 m de plat pour relancer et dérouler la foulée. Ça fait du bien d'avoir un rythme "normal".
Mais ensuite, on attaque une nouvelle grosse ascension, que je pense être le fameux sentier de l’If, le gros morceau du parcours. Mais non, c’est la montée vers le Ballon d'Alsace. Cette montée se fait en 2-3 paliers. Je garde un bon rythme, utilisant la même stratégie qu'auparavant. Au final, un seul concurrent me dépasse vers la fin de la montée.
Arrivé au sommet, ça souffle. Certains s'arrêtent pour enfiler une couche, mais moi, je continue et plonge dans la longue descente, tantôt raide et technique, tantôt un peu plus roulante. En fin de descente, je me fais dépasser par l'une des premières féminines. Je ne comprends pas, elle m'avait déjà dépassé dans les premiers hectomètres de la descente.
Nous arrivons au village, et je suis à sec en boisson. Lors de ces 2 km de bitume, je me fais dépasser par le gars qui m'avait passé en fin de montée. Je me pose des questions : ai-je fais une Obelisque et couper le parcours? Ai-je raté le ravito, vu que ça me paraît long ? Au final, je lui demande et il m'informe qu'il reste 400m (au final, ce sera plutôt 1 km).
Au ravito, je commence à sentir la fatigue. Alerte noob du trail : je galère à ouvrir mes flasques vides. Le bénévole m'apprend qu'il faut les gonfler pour les ouvrir facilement. Effectivement, j'ai appris quelque chose ! Je recharge avec mes poudres, bois du coca , prends des oranges et du comté (bizarrement, soit ce n'était pas du comté, soit j'ai perdu le goût, car je le trouve franchement pas bon).
Je suis un peu découragé. J’arrive 5 minutes au ravito avant une féminine, et elle repart avant moi car elle a son assistance : c'est pas du jeu ça !
Classement : 38ème en 3h52, à 46 minutes de la tête.
Saint Maurice sur Moselle - Chaumière 2 (10 km, 900+)
On repart en montée, cette fois-ci sur le vrai sentier de l'If, le plus gros morceau, mais je ne vais le comprendre qu’en grimpant . 500 m de D+ en 2,5 km.
Je me sens tout de suite dans le dur. Heureusement, je reçois quelques encouragements sur ma montre (Madame : "Top 40, bravo !" ) . Ça me redonne du courage.
Je fais un effort pour rattraper un coureur devant moi, restant un moment derrière lui.
Lui : "Tu dis si tu veux passer."
Moi : "Non non, ça va."
Lui : "Tu es sûr ?"
Moi : "Non, je suis à fond, je reste dans l'aspiration."
Lui : "Ahah, tu as raison !" (le moral a l'air toujours présent)
Je commence à vraiment souffrir, et progressivement, il s'éloigne. J'essaie de maintenir un rythme dans ce moment difficile (13'/km). J'arrive finalement au sommet, le Ballon de Servance, mais je me sens cuit. D'ailleurs a partir de la, j'ai beaucoup moins de souvenir du parcours.
Après une descente et une nouvelle montée, nous arrivons de l'autre côté du Grand Ballon.
Une petite portion là-haut où nous rejoignons le parcours du Girotrail (36 km) pour descendre vers la station de ski et le 3ème et dernier ravito.
Ce ravito est bien organisé, car nous (les Belfortrail) et les Girotrail sommes séparés (pas de mélange entre torchons et serviettes ! ). Comme dans les autres ravitos, je recharge avec mes poudres, du coca et des oranges.
Classement : 37ème en 5h32, à 1h13 de la tête.
Chaumière 2 - Giromagny (17 km, 650+)
Ayant fait un arrêt plus court au ravitaillement, je repars avec mon "pacer" de la montée du sentier de l'If. L'après-ravitaillement commence par une grosse descente technique , et je sens que mon estomac plein de coca n'est pas très à l'aise. Je rote et je pète, mais tout finit par passer. Je descends bien et laisse mon "pacer" derrière.
Vers le km 45, il me rattrape avec un autre coureur (un Swiss Peaker). Ils discutent, mais moi, je m’accroche en silence. La Lapin DuDuracel nous dépasse avec une telle aisance. Quand ça chauffe, elle galope encore plus vite.
Dans l'avant dernière montée, mon "pacer" me lâche à nouveau.
La descente suivante est encore technique, mais je rattrape Lapin DuDuracel. Je l'entends hurler et jurer tous les 3-4 pas. Elle souffre la pauvre ! Une fois le bitume sous nos pieds, elle reprend de l'avance. Je vois mon "pacer" devant et fais l’effort pour le rattraper. Je me cale a nouveau derrière lui et m'accroche. Je suis au rupteur.
Le mont jean - cette dernière montée - est une vacherie alors que nous sommes juste a coté de Giromagny (merci les organisateurs). Devant nous Lapin DuDuracel se trompe et rate l'embranchement. Mon collègue lui gueule qu'elle s'est trompé et elle se retrouve juste derrière moi pour la partie finale de la montée.
Peut avant le sommet, un signaleur nous sort:
Lui: "dans 100m ça tourne et vous êtes sur un faut plat. Allez attaquez vous, faut de la bagarre"
Moi: "Non, je ne vais pas le dépasser. Il m'a tracté toute la journée, quoiqu'il arrive il terminera devant moi !"
Mon "pacer" me check la main au sommet et me dit que voila, c'est fini, plus que 3 petit kilomètres pour en finir. Je suis soulagé et commence la descente tranquillement. Lui prend un peut d'avance.
C'est là que je regarde la montre: 7h15. Bordel il y a moyen de descendre sous les 7h30. Je lâche les chevaux , et rattrape rapidement mon "compagnon". Il se sent obliger d’accélérer, je le colle au basques.
Ça va vite malgré la forte pente, les virages et les pierres.
Nous sortons de la forêt, et je vois 300m devant un concurrent. Je pousse plus fort et me met cote a cote de mon compagnon, il accélère (j'ai toujours en tête de ne pas le dépasser, mais je suis content qu'il pousse fort aussi, ça fait un semblant de baston).
Finalement dans le dernier km, nous dépassons ce concurrent et finissons tout de même a moins de 4'/km et je relâche légèrement dans la dernière ligne droite.
Lui s’effondre à l'arrivée en me lâchant un "t'es un enfoiré"
Je me sens un peu mal de lui avoir mis la pression sur la fin, mais grâce a ça nous finissons tous les 2 sous les 7h30 en gagnant une place
Classement final : 32ème en 7h28, à 1h34 du vainqueur.
Bilan
- magnifique parcours, mais très technique
- une bonne orga, un bon balisage
- j'ai beaucoup aimé que les différentes courses soient sur des parcours distinct
- la crème anti-frotements ça aide. Le seul endroit (le bas du haut) où je n'en ai pas mis a été complètement brûlé
- performance inespéré pour moi.
- j'ai des difficulté à reprendre la course après avoir marcher (quand la pente se radouci
- il faut vraiment que je fasse du renforcement
- ça m'a donné envie d'aller plus loin
- merci aux courageux qui seront arrivé jusqu'a la fin du CR
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