CR RAF 2500 2025
J'ai mis le doigt dans l'engrenage de la longue distance
en 2015 avec quelques BRM, un gros saut en avant en 2016 avec le tour de France US Métro (motivé par l'aventure de Mika l'année précédente), un peu en stand by ensuite après avoir déménagé à la Réunion où c'était plus compliqué (mais où je me suis farci quelques chantiers mémorables en terme de ratio D+ / km, allant jusqu'à faire du 24h de vélo), puis le Paris-Brest-Paris 2019, le bikingman France 2022 (5ème), le bikingman AURA 2023 (11ème), la race across Suisse 500 2023 en duo (1ers en duo, 3èmes au scratch), le bikingman Corse 2024 en duo (loin au classement, le but était d'accompagner mon pote le mieux possible pour qu'il puisse finir)
L'idée était de passer au cap supérieur niveau distance pour 2025
, et donc d'aller naturellement sur la race across France et ses 2500 kms (qui en fait sont 2600 kms) : inscription faite dès l'ouverture, tant pis si cette année le parcours est moins montagneux
Les numéros de dossards (et donc l'ordre de départ) sont attribués selon l'ordre d'inscription, sachant que les anciens finishers du 2500 conservent leur ancien numéro (et donc partent en premiers). Je préfère partir le plus tôt possible sur ce type d'évènement : moins d'attente au départ, moins d'embouteillages aux premiers ravitos, moins de regroupements de cyclistes sur la route (drafting interdit, c'est chiant quand tu te retrouves à plusieurs en quelques mètres à devoir rouler au milieu de la route). Finalement je partirai juste avant 20h00, parmi les tous premiers nouveaux participants (le premier à 19h00, les derniers un peu après 21h00)
Départ de Dinan en Bretagne : c'est déjà un challenge pour venir de Grenoble
Je prends l'option voiture de location en aller simple pour ne pas me faire chier avec le train (on va dire que ça fait x2 niveau prix). Départ lundi matin de Grenoble, ils me filent une Hyundai i10 à la place d'un truc taille Clio ou 208, tant pis, c'est ça ou rien. Je repasse chez moi charger la voiture avec le vélo, les affaires, et les 2 drop bags (sacs de max 5 kgs et 20 l où on met ce que l'on veut, et qui seront à notre disposition aux bases de vie de Montastruc et Digne). Le trajet en voiture se fait finalement bien, la voiture est petite mais il y a le régulateur de vitesse et android auto : il y a juste à se laisser porter tranquillement
Arrivée à l'hôtel en fin de journée, repas sur place pour ne pas se prendre la tête, et dodo. Mardi matin réveil pas trop tard : je dois aller à St Malo rendre la voiture de location, puis 30 minutes de train pour revenir à Dinan. Là j'en profite pour faire un tour à pieds dans la ville, voir le lieu où viendra faire le chek in, faire quelques courses pour manger dans la journée et faire mes sandwichs pour la première nuit sur le vélo. Journée à l'hôtel à vérifier le matériel, les sacoches, les drop bags, puis repas à l'hôtel le soir pour faire au plus simple
Mercredi matin : je dois rendre la chambre à 11h, donc je prends mon temps. Le check in de la course est entre 10h et 16h. Au petit déjeuner c'est blindé de retraités, et puis vient s'assoir à côté de moi un gars dont l'allure ne trompe pas : lui aussi participe à la course. On discute un peu, il partage son expérience de sa participation de l'année dernière où il avait roulé très fort au début (+ de 30 km/h sur les 500 premiers kms) avant d'exploser en vol suite au manque de sommeil et une chute en s'endormant. Plus loin dans la salle de repas on voit Laurent Boursette, ancien double vainqueur de l'épreuve et figure du cyclisme longue distance
Je pars au check in avec tout mon bordel (2 drop bags + gros sac à dos avec les affaires pour l'arrivée) accroché sur les épaules. Sur place c'est bien organisé, je récupère mon kit avec dossard et stickers, je croise Maxime Prieur et le chauffe gentiment un peu "ah ! voilà un podiumable !", prépare mon vélo et passe au contrôle du matériel. Là l'attente va être très longue...
Je croise Jonas Verest, un suisse qui avait fait fort l'année dernière avant d'abandonner après des problèmes mécaniques, un des favoris pour cette année (et futur vainqueur
). Lors de la race across Suisse 2023 il était aussi en duo, et on avait passé 24h à se bagarrer pour gagner la catégorie, finissant de peu devant lui (ralenti par son équipier). Il me reconnait tout de suite et me demande si je suis toujours en duo. Il est très sympathique, on discute un peu, on parle matériel (il roule en mono 46x11-46 et moi en 44x10-44 : vrais savent
) et stratégie, je luis dis bien que moi je suis là pour apprendre sur la distance et qu'il ne me verra pas comme en Suisse
Je passe le reste de l'après midi sur un canapé trouvé dans un coin du bâtiment, au moins je suis bien installé. De temps en temps je vais faire un petit tour à pieds dans le bike parc pour regarder le setup des autres. Je croise Claire Bannwarth un peu en panique avec toutes ses affaires éparpillées, je discute avec elle pour la rassurer : elle début dans le vélo longue distance, mais vu ce qu'elle est capable de faire en course à pieds, je n'ai aucun doute sur le fait qu'elle finira
Petite discussion aussi Jean-Michel Bayle : très sympa, je le recroiserai au moment du départ et il aura un petit signe d'encouragement pour moi
Vient l'heure de la pasta party, du briefing d'avant course, et plus beaucoup de temps à attendre. J'en profite pour poser une grosse buche
confortablement installé dans les toilettes du bâtiment, 1h30 avant le départ c'est parfait
Le départ finit par arriver, je suis zen, pas stressé : je suis là pour découvrir la distance, je sais que je dois appliquer ce que je fais depuis des années sur un vélo
Je pars à bonne allure volontairement, l'idée est d'être dans le premier 1/4 du peloton au petit matin, mais sans me cramer non plus
On nous a annoncé des orages pour la nuit : la pluie arrive un peu avant minuit et ne nous lâchera pas jusqu'au petit matin, mais au moins pas d'orage
A un moment je me retrouve au milieu d'un groupe, c'est merdique à souhait car il faut s'écarter pour éviter le drafting, la route est mouillée et glissante, les lumières des autres vélos dérangent : dans une longue ligne droite je fais le gros con, je fous tout à droite et dans les prolongateurs j'accélère bien fort
mission réussie, je ne serai plus englué dans un paquet
Courant de la nuit je me fais doubler par Maxime qui encourage, je fais de même, il me dit "à plus tard", je réponds "il y a peu de chance". Et puis finalement je vois sa lumière au loin devant moi, je me rends compte qu'il n'y a pas une grosse différence de vitesse, et j'essaye de me caler sur son allure avec cette lumière rouge au loin. Arrivent quelques bosses, et finalement je le rattrape, on discute un peu sur la météo nocturne en étant content d'avoir évité le gros orage, puis il s'arrête pour un problème de lunettes avec la pluie et la buée
A la moitié de la nuit je claque ma canette de redbull embarquée dans une sacoche
ça fait du bien, mais pas de problème de sommeil. Je finirai la nuit sans soucis, le jour se lève mais putain le ciel est moche, on n'est pas près de voir le soleil
Au petit matin j'attends avec impatience la première boulangerie, mais c'est
pour moi avec rien d'ouvert, je m'arrête dans un bar pour prendre un café. Je finirai par trouver un Vival ouvert plus loin, mais ça aura été long
Vers 9h la pluie arrive, et c'est en mode machine à laver
, l'impression d'être à la Réunion mais avec de la pluie froide, c'est un rinçage intégral de ses morts
Dans l'après midi je serai obligé de m'arrêter pour frotter la chaine avec un chiffon et re-lubrifier
A partir de là le classement est plus ou moins établi, et hors gros arrêts pour dormir, mon classement oscillera autour de la 20ème place
Arrivée au cp1 à Quelaines, je ne pensais pas y arriver aussi vite. Je mange, mets le matériel électrique à recharger, pose une buche
et vais me poser dans un lit de camp en demandant à un bénévole de me réveiller dans 3 heures. C'est ma première erreur
sur cette course : ce cp est trop proche du départ, il y a trop de monde, il est tout petit : le bruit est infernal et c'est impossible de dormir, sur les 3 heures dans le lit je n'ai du dormir qu'une heure
Avant d'arriver au cp je discutais avec un participant expérimenté, lui faisait le choix de continuer une cinquantaine de kms pour un airbnb
Au réveil j'ai la mauvaise surprise d'avoir un sms de l'organisation : je n'ai pas fait assez d'arrêts pour la tranche de 36 heures en cours (4h minimum d'arrêt obligatoire). Je viens pourtant de passer 4 heures au cp, dont 3 heures dans un lit
Je vais voir le responsable du cp et lui explique, lui montre mon gps où j'avais mis des champs de données "temps écoulé, temps roulé, temps de pause". Il fait une photo et envoie tout ça à l'équipe technique mais pas de réponse précise si ce n'est "ne t'inquiète pas". Moi ça me pré-occupe, car se faire disqualifier pour un truc comme ça, ça serait très con
Je repars sur la route : belle nuit avec la pleine lune, belles routes, j'enquille les kms dans les prolongateurs et ça défile. 1 heure de sommeil en 2 nuits mais ça passe bien. Je pense toujours à ce problème de temps d'arrêt, vérifie, et vois que ça n'a toujours pas bougé malgré quelques arrêts depuis que je suis reparti. Vers 3 heures du matin, dans un village, je vois un banc et décide de m'arrêter pour régler ce problème et pédaler l'esprit dégagé de cette pensée négative
Je pose le vélo contre un mur, je téléphone au numéro de suivi h24, et lui demande de vérifier : au bout d'un moment il me confirme que ça y est la balise gps enregistre le temps d'arrêt
J'attendrai comme un con sur le banc pendant un trentaine de minutes... Pendant ce temps je vois qu'il y a 3 participants qui dorment dans le village
Peu de temps avant de repartir j'entends le clac spécifique d'une chaussure vélo qui clipse : il y en a un qui vient de se réveiller juste à côté. En partant je vois un sas de banque, il devait être là. Je finis par le rattraper (David, ancien participant bien classé), on discute, il était bien dans le sas. On finit la nuit ensemble à discuter (sans drafting of course) puis il s'arrête et je continue
En fin de matinée j'arrive vers Argenton sur Creuse où Wade m'attends, ça fait du bien à la tête de voir quelqu'un qu'on connait et de discuter
même si avec mon état de fatigue qui commence à être bien avancé, ma discussion ne doit pas être très claire
Je m'arrête pour manger un sandwich, puis à la sortie d'Argenton nos routes se séparent.
Là commencent 50 kms de saloperies
: routes qui ne font que monter et descendre avec des % parfois débiles, 35 degrés, du gravier, du goudron fondu... C'est la chasse aux cimetières pour remplir les bidons et s'arroser au maximum
Je finis par retrouver David, on roule ensemble jusqu'à Bourganeuf où j'avais réservé un airbnb. Il me dit que j'ai fait une erreur et il avait raison. Lui continue de rouler. Je m'arrête à 16h45 alors qu'au départ j'avais un doute sur ma capacité à arriver là avant 22h. J'ai fait 950 kms en 45 heures
Le gite est tenu par 2 anglais très gentils, qui sont surpris quand je leur dis que je souhaite prendre le petit déjeuner à minuit
Ils me font un plateau avec de quoi manger au petit dej, c'est nickel. Pour le soir j'avais acheté juste avant de quoi faire. Buche
, douche, repas, dodo : je n'arrive pas à dormir, la tête est encore à fond dans la course
et la route à côté est bruyante. Vers 22 heures j'entends des bruits de chaussures vélo, un autre participant (Julien) a choisi de faire étape ici, je verrai son vélo dans le garage au moment de repartir.
Au final je dors peut-être 3 ou 4 heures, c'est peu pour le temps d'arrêt cumulé de la soirée, et ça commence à faire très peu pour 3 nuits
Au moment de repartir je vérifie la météo, je savais qu'il y avait de l'orage annoncé pour la nuit, c'est confirmé, et au moment où je sors du gite j'entends le tonnerre
: osef, faudra bien faire avec. Au final je passerai à côté de l'orage, j'aurais 2 rinçages mais j'ai évité le pire
Je double un gars à 2h du matin, lui n'a pas encore fait sa nuit, il me dit que sa femme lui a réservé un hôtel avec plateaux repas du soir et du matin qui l'attendent. Là j'ai compris comment il fallait faire pour ce type d'épreuve : tu roules sans réfléchir et tu laisses quelqu'un à distance gérer tes hébergements
tellement plus facile et efficace (mais on touche à la limite du "sans assistance"...). Dans un village je vois l'hôtel en question : putain j'aurais bien mieux fait de m'arrêter là
On est enfin dans la partie du parcours où il commence à y avoir du D+, mais ça roule bien dans les prolongateurs encore, et au bord du lac de Vassivière je vois un vélo qui brille sarace au bord de la route, avec plein de stickhers réfléchissants, appuyé contre un van... gros doute, mais je continue ma route. Plus tard à un cp j'entendrai un participant dire à un autre qu'un gars de fait suivre par un van... super le concept d'autonomie
La première boulangerie du matin se fait attendre mais ça en valait la peine, à Objat, gros choix et grosse qualité
Il y avait déjà un participant en train de ravitailler, un autre arrivera juste après moi.
C'est la journée qui descend à Montastruc, on va traverser le Lot et le Tarn-et-Garonne, passant juste à côté de là où j'ai grandi. Je connais les routes pour y rouler encore de temps en temps, je sais que la zone entre les 2 départements est très cassante
Arrêt ravito à Souillac à la "bicycleta ravito", un gîte dédié aux cyclistes qui est pile sur la trace et était en accord avec l'organisation pour nous recevoir. Belle adresse et 2 personnes sympas, je mange très bien pour 12 euros, et je note l'adresse pour y repasser faire étape en cyclotouriste
Je repars, direction donc la partie 46/82, on se retrouve à 3 sur un tronçon en descente, une biche et ses 2 petits traversent juste devant nous, mais un des petits fait 1/2 tour : un gars derrière moi le percute, bambi gueule comme un nourrisson, mais au final pas de casse pour personne, c'est pas passé loin
Crevaison à l'avant pour moi, giclée de liquide préventif
ça se rebouche, se débouche, se rebouche... ça fera comme ça jusqu'à l'arrivée, je me contenterai de refaire la pression de temps en temps
Le gars en question qui a percuté bambi (Romain, un grenoblois qui en était je crois à sa 5ème participation) a son gps bloqué, il roulait avec l'autre (Ghislain) pour avoir la trace jusqu'au prochain cp
, puis il roule avec moi car j'allais un peu plus vite. Au cp quelqu'un arrivera à lui débloquer le garmin.
J'arrive au cp où les 2 présidents toulousains m'attendent
On discute, je fais le nécessaire pour le matériel avec en plus le drop bag, je traite une "pascal20ite aiguë qui commence à pousser"
, je me douche, vêtement propres pour aller dormir (pas en tenue de vélo, c'est quand même plus confortable). Cette fois le dortoir est très bien : salle moderne et bien isolée, on est peu nombreux. J'ai prévu de rester 4 heures dans le lit de camp, mais au bout de 2 heures je suis réveillé, j'ai l'impression d'avoir bien dormi
Grosse grosse erreur, ça va se payer cher pour la journée de dimanche. Je repars donc au milieu de la nuit avec comme objectif d'aller jusqu'à Clermont Ferrand, mais rapidement je me rends compte que je n'avance pas
Au bout de 2 heures je fais un arrêt d'urgence dans un chemin forestier pour un totoz impromptu
, ça pourrait être pire car de nuit dans un coin comme ça au moins on est tranquille. Je repars mais ça ne va pas beaucoup plus vite, et rapidement je me fais rattraper par le sommeil, un véritable coup de massue et c'est impossible de continuer
On est dans un coin que je connais un peu, je passe y rouler parfois, je sais qu'il n'y a quasi rien pour s'abriter. Je vois un monument aux morts avec un dalle en béton, je tente ma chance en me posant dessus : je me fais attaquer dans la seconde par des moustiques
Je repars, pas longtemps, je suis complètement assommé par le sommeil : je vois un chemin agricole sur le côté, avec de l'herbe, je m'allonge et mets 20 minutes au réveil
Ça fait un bien fout, ça sonne, je remets 20 minutes parce qu'au final je ne suis pas si mal installé que ça allongé dans l'herbe. 40 minutes de sommeil qui font vraiment du bien
Je repars, le problème du sommeil est réglé, mais les jambes ne tournent pas bien, la journée va être longue
On entre dans l'Aveyron, le ciel est de plus en plus moche : ça finira par arriver, gros rinçage pendant une partie de la matinée
Première boulangerie du matin (et la seule en fait, c'est plutôt isolé ici
), je croise un participant qui va abandonner : en passant sur un nid de poule son Cannondale super 6 a cassé entre la tige de selle et les haubans
Matinée sous la pluie, pas de jambes, et retour de totoz
... je tourne la tête à droite à gauche dans 2 villages pour trouver des toilettes, rien. Je sors le smartphone pour chercher, il m'en indique au prochain village : délivrance, des toilettes bien grandes pour rentrer avec le vélo, du papier, du savon, je prends bien mon temps pour être certain d'avoir tout vidé.
J'en profite pour réfléchir et me rends compte que ce serait débile de chercher à rejoindre Clermont Ferrand avec ce niveau physique et mental (faible à ce moment), et décide que je finirai la journée à l'hôtel à Aurillac, juste avant d'attaquer le Pas de Peyrol. Je finis mal cette journée, pas de jambes et le mental dans le fossé, s'arrêter était la bonne décision
A l'hôtel on me dit qu'hier soir d'autres participants s'étaient arrêtés aussi. On est dimanche après midi, pas le top pour ravitailler, je vois un tacos ouvert à côté de l'hôtel, je me remplis le ventre avant de dormir
Gros arrêt entre 17h et minuit, mais c'était la meilleure décision, je repars sur de bien meilleures dispositions, avec des jambes et un mental neufs
Ascension du Pas de Peyrol, je rattrape Patrick, encore un ancien participant, qui venait de dormir au bord de la route. On discute, lui est sur une stratégie avec arrêts cours à l'arrache.
J'arrive en haut de l'ascension, dans le brouillard, belle descente, je suis motivé. Le jour se lève plus tard, je suis dans un paysage superbe, entouré de monts verts, de vaches, c'est chouette
Arrêts boulangerie puis supérette du matin pour refaire les stocks, je rattrape un participant, Julien, qui reconnait mon vélo : c'était lui l'autre cycliste dans le premier airbnb. On discute, on se sépare puis se retrouve plusieurs fois dans la journée.
J'arrive au cp de Clermont Ferrand, le meilleur pour les ravitos
ils nous font mêmes des sandwichs à emporter. Je pose encore un totoz
des familles, je repars, avec pour objectif Le Puy En Velay, où j'ai repéré un hôtel pas loin de la trace. La route est longue mais ça avance pas trop mal, dans l'après midi je veux faire la réservation pour l'hôtel :
, plus de place disponible, je dois me rabattre sur un autre qui oblige à faire 10 kms de plus. Et une fois arrivé sur place pas de distributeurs de bouffe comme indiqué sur la fiche de l'hôtel, obligé de me faire 2 x 20 minutes à pieds avec les cales spd-sl pour aller à un carrefour city. Bref, un arrêt de merde pas du tout efficient
Départ un peu après minuit, objectif Digne. Au bout d'un heure je double un participant : Patrick doublé hier
On rigole : 2 stratégies bien différentes, mais chronos proches. Il me laisser filer. Je roule bien, les jambes sont bonnes. Un peu plus loin je vois un lumière derrière moi... bordel il sort d'où celui-là pour me rattraper ? ça lui prend du temps pour me rejoindre, et j'entends "hey mais tu roules fort pour un 2500, je suis sur le 1000 moi, parti 6ème !" Ça me mets un petit coup de boost au moral
Ascension du Gerbier de Jonc en nocturne, ça se passe bien, puis arrive une zone avec des petites montées et des descentes interminables pour rejoindre le Rhône. Il y a du vent,
revient faire des siennes, je cherche un spot pour régler ça, je ne trouve pas : je n'avance pas et voit des participants du 1000 passer bien plus vite [:xqwzts]
Une fois arriver dans la vallée, dans un village nommé Crottes (véridique, il y a la photo sur le strava
), je vois un truc qui ressemble à des toilettes publiques, je tente ma chance... des bons vieux wc à la turque avec des murs sur lesquels tu n'oses pas mettre les mains... mais quand il faut y aller, faut y aller, même en chaussures spd-sl
Au moins c'est dans un coin "caché" et je peux laisser mon vélo tranquillement dehors pendant ce temps.
A partir de là je croise plein de participants du 1000, ça fait du bien au moral de voir d'autres cyclistes
et je croise même un gars que je connais, qui avait fait le bikingman France 2022 en même temps que moi. Le paysage est beau, il fait très chaud, multiples arrêts pour boire, je kiffe la route, j'en oublie de manger [:no_code]
Rappel à l'ordre avec un
des familles qui arrive au sprint, cette fois je regarde direct sur le smartphone et trouve mon bonheur dans un village pas loin, un truc spacieux pour y rentrer le vélo, avec même un chauffage pour l'hiver
On approche de la montagne de Lure, toujours sous la canicule, je fais l'arrêt bidon au bon moment, mais je me rends compte que niveau bouffe c'est la misère, et ça ne manque pas : hypoglycémie dans la longue montée, qui en devient interminable [:double deuce] Je m'arrête pour m'assoir, un gars passe et m'encourage, du coup je me remets en selle. Je fouille une enième fois dans la sacoche et trouve un fond de paquet de bonbons ! Je mange tout d'un coup, et juste après la playlist m'envoie un morceau que j'écoutais cet hiver quand je mettais la misère sur le home trainer : allez go, je vais finir les 4 derniers kms en mode pma
Je me fous la misère, je lance du "shut up legs"
et je rattrape le gars au sommet, mission accomplie pour passer cette difficulté, je fais la descente tranquille et en bas dans le village j'achète à manger [:yoda_57]
Ensuite direction Digne, avec encore un ravito bouffe sur la route. Arrivé au cp de Digne, je fais ma routine
, douche, manger, changement des vêtements et matériel avec le drop bag, mais on est installé à l'arrache dehors sans lumière, et j'oublierai de refaire le stock de pâtes de fruits dans la sacoche [:fatal error haha]
Je vais dormir sous un grand chapiteau, la température est fraiche donc agréable pour dormir, ça se passe pas trop mal pour 3-4 heures de sommeil malgré quelques boulets qui rentrent avec les chaussures de route ou laissent leur téléphone sonner [:fenix_man]
Je remange et vois avec l'organisation car ma balise gps continue de déconner et ne se recharge plus, finalement ils me la changent. Arrêt cp pas efficace pour moi, j'ai encore perdu beaucoup de temps comme aux autres cp. Départ au petit matin sans savoir si j'arriverai jusqu'à Mandelieu en une seule fois, on verra bien en route [:fl4me]
Ça démarre direct par une ascension, c'est bon, passage de col et descente vers Sisteron : la route est recouverte de gravier, j'y vais en prenant beaucoup de précautions. On part vers le lac de Serre Ponçon, s'en suivent des montées pas trop franches mais assez pénibles pour moi, on n'en voit pas le bout, mais je trace et attrape les rares ravitos disponibles sans trop s'éloigner de la trace (j'avais bien étudié cette partie là) [:akilae]
On arrive vers Jausiers, ça fait du bien au moral car je connais ces routes, et ça annonce la Bonette, qui annonce la fin [:wark0]
Arrivé au cp de Jausiers c'est désert, il y a juste les 2 premiers du 1000 kms qui sont en train de finir de manger, je décide que cette fois je vais faire vite et expédie rapidement le ravito avant de partir sur la Bonette.
Très longue ascension, il y a la fatigue, mais je la connais par coeur. Je me fais doubler pas un gars qui m'encourage, l'année dernière il avait fait le 300 kms. Un peu avant le col je me fais doubler par un camion de location de l'organisation qui transporte le matériel, les gars s'arrêtent pour m'encourager et prendre des photos
Arrive la partie finale qui monte à la cime, et c'est quand même un morceau costaud, surtout avec la fatigue accumulée. Mais "shut up legs" et je repense à l'année dernière où j'y étais passé en singlespeed 42x19, et ça passe
Au sommet je retrouve le gars qui m'avait doublé, on discute, il me prend en photo, et me tient le vélo pendant que je refais la pression du pneu avant pour être plus serein dans la descente [:captain flam]
Descente sans encombre, je fais un arrêt ravito à St Etienne de Tinée car je sais qu'ensuite ça va être compliqué jusqu'à la fin, car je me dis que oui je vais aller au bout s'en m'arrêter. Passage boulangerie, il n'y a plus grand chose car d'autres y sont passés avant, je mange et remplis les sacoches, et j'aurai du prendre plus de choses [:fatal error haha]
C'est parti pour l'interminable descente de la vallée de la Tinée avec le vent de face, c'est un peu chiant
Ça bifurque vers l'intérieur des terres pour finir, une série de montées et descentes pas trop chiantes, avant un long faux plat montant hyper chiant [:haha matin]
Ensuite c'est parti pour une longue, très longue montée, qui va durer un partie de la nuit : 0 visibilité, tu as l'impression que ça ne s'arrête jamais car aucun repère
C'est le bon moment pour faire la 2ème hypoglycémie, je n'ai plus rien à manger, j'aurais 3 bonnes heures à faire comme ça pour finir, ça sera à une allure d'escargot [:haha fail]
J'arrive enfin au sommet du col de Blaine, mais c'est loin d'être fini et maintenant c'est le sommeil qui me rattrape, je mets la musique à fond et chante à vois haute pour essayer de rester éveillé : manque de lucidité, une petite sieste de 15 minutes dans l'herbe aurait été tellement plus efficace [:yoskeletone]
Restent 2 taquets à passer, au radar entre hypoglycémie et le sommeil, et j’aperçois Mandelieu tout en bas, ça y est, je vais le faire [:petrus jar]
Je descends tranquillement pour profiter de l'instant, envie de le faire durer un peu, ce moment où tu savoures la réussite de plusieurs mois de préparation [:sebxoii]
J'arrive à la ligne d'arrivée vers 5h, et là, personne... Manzanini et un autre gars de l’organisation arrivent en vitesse, j'ai du les sortir de leur sieste [:rofl]
Je termine en 7 jours et 9 heures, bien en-dessous de l'objectif de 8 jours calculé en fonction de ce que j'avais fait jusqu'à présent [:clooney2]
J'ai une moyenne roulée de 21.9 km/h, exactement le même que Maxime Prieur qui fait 10 ème (je n'ai pas trouvé le strava des autres pour vérifier)
J'étais là pour apprendre, j'ai appris plein de choses, je suis sûr que les moins de 7 jours étaient faisables en partant avec cet objectif en tête et évitant les grosses erreurs.
Très content au final, 25ème au général, 2ème dans ma catégorie d'âge derrière un expert de la discipline.
J'ai du attendre jusqu'à vendredi soir pour récupérer le drop bag de Digne, ça a été long à zoner entre le dortoir, la coin repas, et le monoprix d'à côté pour ravitailler (je n'avais pas réservé le logement à l'arrivée, ne sachant pas quelles dates choisir). Samedi matin j'ai foutu le gros de mes affaires dans un carton que j'ai déposé dans un relais colis, ça faisait ça de moins à trimballer ensuite dans le train pour remonter jusqu'à Grenoble où je suis arrivé tard samedi soir.
Je pense que je reviendrai sur cette course, pas l'année prochaine car d'une année sur l'autre j'aime bien changer, mais peut-être en 2027, en appliquant tous les enseignements tirés en 2025 [:captain flam]
Au niveau matos : pas grand chose à redire, j'avais pris une powerbank 20000 qui ne m'a pas servie, abandonnée au cp de Digne, la prochaine fois ça sera la mini powerbank avec accus 18650 qui servent pour la frontale. Il me faut adapter un 3ème porte bidon pour y mettre la trousse à outils et libérer de la place dans les sacoches pour plus de nourriture. J'étais en cales spd-sl et ça aurait pu le faire si tout avait été ok, mais l'épisode de marche au Puy En Velay m'a bien saoulé, j'ai déjà acheté une paire spd qui devrait être plus confortable que celles que j'avais jusqu'à présent (même semelle et même chaussant que la spd-sl que je viens d'utiliser). Optimiser tout le bordel électronique et les câbles usb aussi, ça prend de la place et c'est chiant de devoir chercher le bon câble (usb type c is the solution)
Au niveau sommeil : je sais maintenant que sur un enchainement de plusieurs jours, je dois viser des arrêts avec 4 ou 5 heures allongé dans un lit (pour que musculairement ça reparte bien le lendemain), si possible 4 ou 5 heures aussi à dormir, et réduire au maximum le temps perdu avant et après.
Au niveau bouffe : peu importe ce que tu bouffes, du moment que tu bouffes... et aux arrêts ravitos, toujours prendre plus que ce que tu penses que tu vas manger. Les problèmes de
qui peuvent en découler, de toutes façons ça m'arrive quasiment à chaque épreuve longue durée, le principal c'est de savoir les gérer en trouvant où s'arrêter et de ne pas se focaliser sur ça, cette année j'ai encore fait plein d'arrêts
mais ça m'a moins miné le moral qu'il y a 2 ans.
Au niveau physique : j'avais fait du volume de kms et D+ depuis décembre, un peu de course à pieds l'hiver, un 400 kms fin mars avec roulage nocturne dans le froid (ça a été une très bonne répétition pour tester le matériel), une coupure du vélo début mai avec une semaine de rando à pieds, du vélo plus léger ensuite jusqu'au départ. J'ai l'impression d'avoir eu des bonnes jambes tout le long sauf pendant les hypoglycémies et les
, je pense refaire plus ou moins pareil l'année prochaine, avec un peu plus de course à pieds.
Je vais faire un bike fitting aussi cet automne, ça reste un point sur lequel il y a forcément à optimiser alors que pour le reste j'ai déjà bien monté les curseurs pour mon niveau.
Au niveau mental : partir serein, appliquer la méthode Leblacher "un problème = une serrure, pour chaque serrure il y a une clé" pour ne pas se laisser submerger par les problèmes et les pensées négatives. Partir sans objectif de classement c'est bien, ça évite de regarder ce que font les autres, et tu te concentres sur la gestion de ton aventure.
Dans le futur, un jour peut-être la Transcontinental Race
Pour ça il me faudra avant aller faire des aventures dans des contrées un peu plus sauvages que la France
(en 2023 j'ai fait 10 jours de bikepacking en Afrique du Sud, c'est déjà un bon début pour se sortir les doigts de son petit confort
)
https://www.strava.com/activities/14845394384/
/désolé pour les fautes d’orthographe oubliées en route
edit : putain de sarace, il y a une limitation avec les smileys 
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"C'est un asile de fous, pas un asile de cons … Faudrait construire des asiles de cons, mais, vous imaginez un peu la taille des bâtiments !"