Je n'ai pas du tout le temps de réfléchir en ce moment. J'ai tout juste le temps de copier. Comme j'avais rédigé la suite de mes réflexions du 30/7 et que cette suite me paraît bien dans le sujet du big bang, je la copie ci-dessous. Si certains veulent réagir à ce message, qu'ils ne s'étonnent pas si je tarde à répondre à leurs réactions...
Il y a des degrés de réalité, il y a des degrés dans la qualité des choses. Ce qui est abstrait, virtuel a moins de réalité quune chose qui existe, se situe dans lespace et dans le temps , et sy déplace sans cesser dêtre elle-même. Ce qui est organisé comme le sont par exemple les atomes, les molécules ou les être vivants nous paraît dune qualité supérieure à ce qui ne lest pas, tient de linforme et du chaos.
Il ne me paraît pas admissible quune chose puisse gagner à la fois et simultanément en réalité et en qualité sans recevoir laide dune puissance extérieure à elle-même. Mais il me paraît concevable que le déclic du commencement se produise si le gain de réalité saccompagne dune perte de qualité, et si la perte est la pure cause du gain. Le commencement mapparaît comme une chute de lordre vers le désordre. Les physiciens diraient quil instaure le règne de lentropie. Mais cette chute est une naissance. Le désordre actualise le virtuel, enclot labstrait de lordre dans son existence. Si loin quon décompose le réel, on ny peut distinguer une réalité : particule, rayonnement, « corde », qui nobéisse à des lois. Mais la formulation dont on se sert (« une chose qui obéit à des lois ») montre quon reconnaît un minimum dexistence à cette chose, quon ne la confond pas avec un pur élément de représentation dune réalité abstraite. Mais en obéissant à des lois, la chose témoigne dans le même temps quelle « appartient » au cristal des limbes, quelle contribue à le représenter.
Il est facile de manier les mots quand on ne se représente pas les choses. Comment quoi que ce soit qui existe pourrait-il « appartenir » au cristal des limbes qui, par sa définition même, nexiste pas ? Le lecteur est bien en droit de se poser la question et, si je ny répond pas, de cesser de me suivre. Il est temps den revenir, modestement, au bricolage.
Et à mon berlingot, ce tétraèdre régulier que jimaginais représenté sur un plan. On se souvient peut-être quayant admis lexistence dinstants de durée constante : t, jhésitais entre deux hypothèses.
Dans la première, les points sur le plan occuperaient pendant toute la durée t une position fixe, dessinant un des six losanges représentatifs. Ils changeraient de position linstant suivant.
Dans la seconde, les points évolueraient de façon continue et constante. Cela nécessiterait dinstaurer une nouvelle unité, celle de la vitesse. On pourrait alors dire que toute position remarquable des points se retrouve à intervalles réguliers.
Entre ces deux hypothèses, je navais pas tranché. Le problème étant alors pour moi de présenter un mode de pensée un peu délicat, je voulais éviter ce qui aurait été, en loccurrence, une digression. Mais maintenant que je touche au réel, il me faut penser plus fermement.
Lidée de points mobiles se rapprochait pour moi de lidée de particules mobiles et jétais tenté den faire des éléments premiers de représentation pour la raison que les particules apparaissent communément comme les premiers éléments matériels. Or des éléments de représentation, directement issus de labstrait, ne peuvent avoir le statut et les propriétés des choses existantes. Même si les physiciens ne conçoivent pas toujours très bien la forme que prend lexistence des particules, le seul fait quils admettent quelles peuvent sannihiler nous oblige à penser quelles existent bel et bien.
Plutôt que comme des points je préférerais donc voir les éléments premiers comme des figures géométriques. Je ne considérerais plus que mon tétraèdre est représenté sur ma feuille par des points mais par des losanges.
Losange mobile dont les diagonales varieraient périodiquement et aléatoirement de longueur entre deux grandeurs limites ou succession aléatoire de losanges fixes ? Le problème est que je nai distingué mes losanges quen distinguant leurs sommets et que jai en réalité six fois le même losange. Oublions cela, admettons que le cristal des limbes puisse être représenté de façon optimale par n figures réellement distinctes ou par une seule figure passant périodiquement, continûment et aléatoirement par n déformations. Des deux solutions la première est a priori la plus simple, la mieux concevable et donc la plus satisfaisante. Mais, me direz-vous, sil y a bien toujours le hasard à lorigine puisque lordre de succession des figures est aléatoire, il ny plus le mouvement continu. La question de lorigine du mouvement que je règle dans la première hypothèse revient dans la seconde. Il faut choisir. Jai choisi. Le mouvement, du moins le mouvement continu, nexiste pas à lorigine.
Si, à lorigine, le mouvement continu nexiste pas, le temps continu nexiste pas non plus. Il y a une discontinuité première du temps. En létat actuel des connaissances, la physique ne semble pas sy opposer. Ce quelle appelle le temps de Planck, un instant dune durée de 10 puissance -41 seconde, est un intervalle de temps en deçà duquel toute observation semble interdite. Cet instant est très court. Le nombre de fois quil est contenu dans une seconde est 10 puissance 30 fois supérieur au nombre de secondes contenues dans lâge de lunivers. Cest dans le cadre de cet instant que la théorie des supercordes place les éléments premiers, des êtres à une seule dimension 10 puissance -33 centimètres. A partir de ces objets, de leurs variétés, de leurs propriétés, la théorie prétend résoudre tous les problèmes de la physique contemporaine.
Je nai pas cette ambition. Ce qui mimporte seulement est de parvenir à penser un peu le contenu de cette phrase que je suis conduit à écrire : « lunivers physique est la représentation du cristal des limbes dans un espace à trois dimensions ». Si je vois un peu de sens à ce contenu, cela me suffira, quels que soient les fossés nouveaux qui se présenteront à mon esprit. Je ne manquerai pas de les enjamber pour penser la suite. On nest pas métaphysicien si on ignore la désinvolture.
Sur ce plan-là je crois bien commencer en voyant au premier instant lunivers comme un cube. Je lui donne -pourquoi pas ? - un centimètre de côté. Ce cube a des compartiments, chacun ayant ses coordonnées dans un repère à trois axes. Chaque compartiment, cubique, mesure 10 puissance-33 centimètre de côté.
Mon cube a 10 puissance 99 compartiments. Cest un grand nombre. Le cristal des limbes est défini dans un espace à Nd dimensions. Nd est un grand nombre aussi. Je nen dirai pas plus.
Je suppose que, pour être représenté, le cristal des limbes peut se décomposer en un certain nombre déléments de figuration de natures variées. Le nombre de ces natures est un petit nombre, disons entre 4 et 99. Appelons-le nf. Je suppose que, dans le cristal des limbes, les éléments dune même nature existent en Nd exemplaires, un par dimension de lespace où il a théoriquement réalité.
Dans mon cube, à linstant un, chaque compartiment est occupé par un élément de figuration. Le nombre déléments de figuration est nf x Nd. La représentation optimale du cristal des limbes dans mon cube impliquerait seulement, mais nécessairement, que le nombre nf densembles de Nd éléments semblables soit conservé. Cela posé, la distribution des éléments dans les compartiments est totalement aléatoire.
Que se passerait-il à linstant deux, 10 -41 seconde après le premier ?
Il est temps maintenant de dire, de façon imagée et très naïve, comment je conçois la représentation du cristal des limbes dans un espace à trois dimensions.
Je commence par ajouter la dimension de temps à lespace, ce qui lui en fait quatre, mais je suppose qua priori illimité dans trois de ses dimensions, il est réduit pour la quatrième à lépaisseur du mur de Planck.
Je considère que le cristal des limbes peut être décomposé en fn figures de représentation distinctes quadridimensionelles et que la présence de ces fn figures en un nombre semblable A et très grand dexemplaires dans lespace que je viens dévoquer constitue une représentation optimale du cristal des limbes dans cet espace-là.
Bien sûr, tout comme vous, lecteur, je ne puis imaginer ni des figures, ni un espace à quatre dimensions. Jen parlerais donc comme sil en avait trois.
Chacune des fn figures prendrait la forme dun polyèdre solide. Pour être distinctes, toutes pourraient avoir cependant des éléments communs. Elles devraient avoir au moins toutes cette propriété que leur plus petite arête coïncide avec leur hauteur et ait pour exacte mesure lépaisseur du mur de Planck.
Je considérerai ensuite que parler de la position de chaque figure dans lespace qui la contient est pertinent. Je nimagine pas mieux pour le reste que de me figurer mon espace comme un large et mince tiroir à cases identiques, chaque case contenant un solide. Ce tiroir serait le premier instant. Les Nf ensembles de A solides seraient distribués aléatoirement dans les cases. Pour linstant suivant, je devrais considérer le même tiroir avec les mêmes cases. Je devrais considérer que le repère des cases est le même et que chacune se place exactement au-dessous de celle dont la position dans lespace supérieur est semblablement définie. Alors je supposerais que si je connais la figure placée dans la case supérieure, je ne pourrais connaître a priori celle placée dans la case inférieure. Je pourrais dire seulement a priori quelle nest pas la même et quelle a fn-1 chances dêtre telle figure précise.
Dans cette façon de voir les choses, chaque grand nombre déléments distincts est statistiquement conservé. Peut-être pas à lunité près, mais ça ne me gêne pas. Le cristal des limbes est toujours représenté de façon optimale. Et pour la multitude dinstants qui suivent, il en va de même. Lunivers existe éternellement -il ny a pas de raison que ça sarrête- avec à chaque instant une physionomie totalement nouvelle et une composition toujours identique. Le problème, cest que dans cet univers-là, il ny pas dévolution, il ny a pas de matière, il ny a pas dexistence.
Il faut donc imaginer autre chose. Pas pour le premier instant. Vous me direz dailleurs : pourquoi concevoir un premier instant ? Evidemment pour un univers éternel comme celui quon vient dévoquer, cest stupide. Mais pas pour un univers en évolution. Il ny a pas lieu dailleurs dimaginer une physionomie particulière à ce premier instant. Il devrait ressembler à un instant quelconque dunivers sans évolution. Mais le second instant, lui, devrait en différer.
Pour que cela se produise, je ne vois guère quun moyen. Cest quil existe dun instant à lautre, ou plus exactement dun instant vers lautre un principe dinduction. Si je reprends limage des cases superposées, ce principe pourrait signifier que la figure qui se trouve dans la case supérieure pourrait induire la nature de celle qui se trouve dans la case inférieure.
Supposons linduction automatique. La figure seconde serait soit la même, soit une figure complémentaire de la première. Si cest la même, lunivers à linstant 2 serait le même que lunivers à linstant 1, et ainsi de suite. On aurait un univers caillou éternellement figé, inintéressant. Si cest une complémentaire, la réciproque se produirait à linstant 3 et on aurait une sorte dunivers horloge sans plus dintérêt.
Pour imaginer comment ce principe dinduction pourrait sexercer de façon intéressante, il faudrait tâcher den concevoir lorigine. Je ne la vois nulle part ailleurs que dans le cristal des limbes. Les éléments de figuration décomposeraient, je lai admis, la structure de ce cristal. Cela veut dire, naturellement que dabord ils la composent. Dans un univers aux dimensions innombrables où le cristal des limbes serait fixement représenté, chaque élément serait contigu à lensemble des autres. Dans un univers à trois dimensions, cela nest pas vrai, chaque élément a un environnement immédiat réduit, il est plus ou moins éloigné des autres. Mais localement les éléments peuvent être disposés dans un ordre qui par rapport à la composition du cristal des limbes est significatif. A partir dun certain niveau détendue (un niveau critique), cet ordre local induirait un autre ordre local qui pourrait être sa réplication, son complément, son prolongement
En dehors de mes présupposés métaphysiques, on aura reconnu là le principe dinduction qui prévaut dans le fonctionnement des chromosomes où telle région de lADN est pourvue dun pouvoir dinduction précis.
Intellectuellement, il ne me paraît pas scandaleux dadmettre que ce principe dinduction quon sait fonctionner non seulement chez tous les êtres vivants mais aussi dans la soupe prébiotiques où les filaments dADN étaient encore en liberté nait pas été inventé un beau matin par la nature mais existe à lorigine de la matière elle-même. Lapparent hiatus qui existe entre le monde de linerte et le monde de lanimé, entre les lois de la matière et la logique du vivant ma toujours indisposé. Quon mentende bien, il ne sagit pour moi de dire que la matière est pourvue de conscience ou même dintelligence. Je ne vois pas pourquoi je méchinerai à trouver le principe de lévolution si ce quon peut a priori considérer comme son but était réalisé dès le départ. Mais dire que les principes dont lapplication devient visible à un certain stade de lévolution nexistaient pas avant même si cétait à un autre niveau ne me paraît pas juste.
De savoir comment ce principe dinduction fonctionnerait précisément, jabandonne ce soin au lecteur. Il nest pas nécessaire en tout cas de laisser courir son imagination bien loin pour concevoir quelle complexité combinatoire il pourrait très tôt engendrer. Dans les chromosomes, lalternance particulière de quatre bases peut dessiner lhomme. Le nombre déléments de figuration distincts doit être au moins de quatre
Cependant il ne faut pas vouloir non plus quà lorigine cette complexité soit trop grande. Il ne faut pas que les régions étendues jusquau seuil critique où elles acquièrent un pouvoir dinduction soient trop larges et trop complexement ordonnées, puisque à lorigine, elles ne peuvent apparaître que par hasard. Si lon veut quil y ait dès les premiers instants un nombre très grand de quarks, il faut leur donner des chances dapparaître. Cependant il y a de la marge. Il ny a pas moins de 10 puissance 41 instants de Planck dans la première seconde. On peut penser que le nombre de divisions de lespace où un élément figure nest pas inférieur à ce chiffre. Voilà une loterie où lon peut se permettre de jouer les yeux fermés un assez grand numéro.
Il est à craindre quentre le principe qui réglerait la composition du microcosme et lunivers quobservent nos yeux de géants nous ne puissions jamais faire la jonction. Nous sommes beaucoup plus près du macrocosme que du microcosme. Lunivers pourrait atteindre lâge de cent milliards dannées. Pour un centenaire, ce nest jamais quun milliard de fois le sien. Mais il faudrait plusieurs lignes pour écrire les milliards de milliards de fois que la vie de ce vieil homme a contenu dinstants de Planck.
Le compartimentage de lespace-temps, la discontinuité du mouvement, la structure fine des particules premières sélaborant à partir dune combinatoire, la chaîne dinduction qui serait à la base de la longueur donde des rayonnements et qui pourrait se raccourcir pour constituer les particules, beaucoup de paradoxes de la théorie quantique dont on conteste le réalisme et quon lie aux conditions de nos observations, tout cela, si jamais cétait vérité, risque encore longtemps dêtre invérifiable. Toutes les notions qui impliquent celle de quantité, particulièrement les notions de masse, de température, dénergie ne pourraient non plus se retrouver dans cette vision métaphysique de linfime. A moins délaborer des constructions intellectuelles extrêmement complexes comme celle par exemple qui soutient la théorie des « supercordes ».
Au niveau dignorance et dincompétence où je me situe, je nai plus quà faire toute confiance aux physiciens pour cela. Cest tout juste si je me contenterai de leur indiquer une piste, celle dune redéfinition de lénergie. En parlant de pouvoir dinduction, cest nécessairement dénergie que je parle. Et la première notion que jen ai, cest celle de la cause directe dun travail : la transformation dun événement aléatoire dans telle région de lespace temps de Planck en un événement déterminé, lapparition dun élément de figuration précis au lieu dun quelconque. Mais cette première notion-là est corrigée par une seconde, celle dun quantum dinduction qui équivaudrait au quantum dénergie de la théorie quantique. Ce pouvoir dinduction ne pourrait sexercer dun instant vers lautre que si, dans une étendue minimum de lespace, les éléments présents à un instant donné étaient disposés dans un ordre minimum. Etendue minimum, nombre minimum déléments présents dans cette étendue, ordre minimum de leur disposition, voilà ce qui déterminerait le quantum dun pouvoir dinduction ou, au sens précis que la physique donne à ce terme, dun potentiel dénergie. Il y aurait toujours un moyen de considérer lénergie indépendamment de la qualité de lordre quelle produirait comme une réalité seulement quantifiable : nombre dévénements aléatoires transformés à chaque instant en événements certains, soit dans létendue instantanée de lespace : énergie totale, soit dans une partie de cette étendue : énergie locale