E-Mail très interessant reçu sur la site "OVNI-SCIENCES" écrit par Patrick Gross
"Quelques remarques sur l'article sur le paradoxe de Fermi.
Premièrement, sur de nombreux points l'article ne cite aucune opinion contraire, comme il est d'usage de le faire lorsqu'on n'est pas fondamentalement biaisé. Typiquement, deux références à consulter sont données, qui sont des textes de l'auteur de l'article lui-même.
>> "S'il existait dans notre vaste Univers d'autres civilisations technologiquement avancées, elles auraient déjà dû nous rendre visite plusieurs fois dans le passé. Or, aucune trace de leur passage n'a été repérée."
Voilà une affirmation qui est contestée par d'autres. Nul mention des arguments contraire n'est présenté ici.
>>"En ajoutant à cette constatation les arguments des biologistes, on construit une thèse qui penche en faveur de notre solitude cosmique."
Voilà encore une affirmation qui est contestée par d'autres. Nul mention des arguments contraire n'est présenté ici.
>>" ... Mais on ignore Presque tout des "débuts" de ce processus
>>(l'origine de la vie sur notre planète) et de son "aboutissement"
>>(l'origine de l'intelligence). Néanmoins, ces dernières années, les
>>recherches dans ce secteur ont relevé le rôle important joué par une
>>série de facteurs totalement imprévisibles. Sans Jupiter, qui a éjecté
>>vers l'extérieur du système solaire bon nombre d'astéroïdes menaçants,
>>nous ne serions peut-être pas là. Sans la Lune qui a stabilisé l'axe
>>de rotation et le climat de notre planète, nous n'existerions
>>probablement pas. Sans la collision relativement récente de la Terre
>>avec un astéroïde d'une dizaine de kilometers de diamètre, qui a
>>provoqué la disparition des dinosaures, les mammifères
n'auraient jamais pu s'émanciper et les hommes apparaître."
"les recherches" ?
L'auteur tombe ici dans un piège. Nous existons. Mais c'est juste parce qu'il pense que nous sommes seuls qu'il liste des "hasards extraordinaires" qui "autorisent" notre existence. Il donne des exemples récoltés ici et là de cette these, mais ne cite aucun argument contraire. "Les recherches ont révélé", dit-il, et cela doit nous suffire.
Mais prenez l'argument "sans la météorite qui a éliminé les dinausores l'homme ne serait pas là". Quel valeur a cet argument? On pourrait tout aussi bien suggérer que sans la meteorite, l'évolution aurait pu permettre à de lointains descendants des dinosaures d'évoluer vers une espèce intelligente. Croire que l'évolution doit aller vers l'homme où s'arrêter à l'homme me semble un summum d'aveuglement.
Prenez l'argument "sans Jupiter qui a éjecté vers l'extérieur du système solaire bon nombre d'astéroïdes menaçants, nous ne serions peut-être pas là." Où est-il montré que les systèmes extrasolaires n'auraient pas leur Jupiter remplissant le meme rôle, que seul le système solaire disposerait de son aspirateurs de météores? Nulle part.
Prenez l'argument "Sans la Lune qui a stabilisé l'axe de rotation de notre planète". A part pour Mars (et il existe une théorie pour l'expliquer), quelles autres planètes de notre systèmes solaires, meme sans lune, auraient un axe de rotation instable? Où sont les climates instables des autres planets, et en quoi cele serait une raison pertinente contre le développement de la vie?
>>"Jusqu'à présent, l'observation de l'univers ne nous a rien appris sur les formes de vie qui pourraient peupler le cosmos. Les sondes envoyées dans tout le système solaire n'ont signalé aucune espèce vivante dans notre voisinage proche."
Encore une affirmation donnée sans evocation des avis contraires. L'affirmation a peu de poids en soi, elle contient deux réserves importantes qui lui retire en fait tout poids veritable: "Jusqu'à présent" et "dans notre voisinage proche."
>"La toute nouvelle discipline baptisée exobiologie n'est pas encore parvenue à justifier son nom."
Pareil.
>>"Si les projets futurs (comme l'interféromètre spatial Darwin de l'ESA ; voir C&E de mars 2000) nous révèlent la présence d'une forme de vie sur l'une de planets extrasolaires, il est à parier qu'il s'agira d'espèces microscopiques, comme celles qui ont régné sur Terre pendant la majeure partie de son histoire. Mais qu'en est-il de l'existence et de la découverte de formes évoluées de vie intelligente, voire de civilisations technologiquement avancées ?"
Qui niera que des formes de vies extraterrestres simples soient probablement plus abondantes que les formes évoluées? Mais qu'est-ce que cela vaut en ce qui concerne l'existence de formes évoluées?
>>"Depuis quarante ans déjà, les hommes écoutent le ciel dans
>>différentes
fréquences radio."
Non, juste dans la fréquence hydrogène.
>>"Sans succès. Aucun signal extraterrestre n'a été détecté - un
résultat guère surprenant vu l'ampleur de la tâche. Il faudrait fournir un effort bien plus important pour pouvoir tirer une conclusion statistiquement significative. Même si l'on parvenait à ausculter les cent milliards d'étoiles de notre galaxie sur dix milliards de canaux radio durant un à deux siècles, quelle conclusion pourrions-nous tirer de l'absence d'un signal artificiel ? Tout simplement qu'aucune de ces civilisations hypothétiques n'émet actuellement en radio dans notre direction. Un résultat qui ne nous permet pas de trancher sur leur possible existence."
L'auteur a au moins fait grâce au projet SETI de ce qu'un résultat negative ne peut pas être acquis si vite...
>"En parallèle, il existe un fait d'observation qui a été totalement passé sous silence : nous n'avons pas trouvé sur Terre la moindre trace d'une civilization extraterrestre."
Totalement passé sous silence?
Pas la moindre trace?
>"La fin des années 1940 fut marquée par la première vague, notamment aux États-Unis, de rapports sur les supposes soucoupes volantes et autres objets volants non identifiés (Ovnis)."
Pas la moindre trace?
>"Lors d'une visite au laboratoire militaire de Los Alamos, en 1950, le physicien italien Enrico Fermi (prix Nobel de physique) engagea une discussion sur ce sujet avec ses collègues, notamment avec Edward Teller, le futur père de la bombe H américaine. Très vite, les scientifiques tombèrent d'accord : l'origine extraterrestre des Ovnis était improbable. La discussion se déplaça alors vers les voyages intersidéraux et l'existence d'hypothétiques extraterrestres. "Mais où sont-ils ?" demanda soudain Fermi à ses interlocuteurs.
L'auteur se trompe.
Ce n'est pas comme cela que s'est déroulé la discussion.
Les participants n'ont absolument pas declare que l'origine extraterrestres des OVNIS était improbable, PUIS discuté des voyages intersidéraux.
En réalité, ils ont discuté des voyages intersidéraux, et Fermi a declaré que nous franchirions la "barrière" de la vitesse de la lumière dans les 20 ans (!). A ce moment l'idée a surgie naturellement: les extraterrestres, qui DOIVENT exister (principe de banalité, base du paradoxe de Fermi) devraient non pas juste avoir quelques engines de temps en temps dans notre ciel, mais devraient occupé chaque coin de rue de nos villes depuis longtemps (formulation correcte du paradoxe de Fermi).
Ce n'est donc pas parce que selon je ne sais quel a priori les scientifiques dans cette discussion auraient trouvé évident que les OVNIS ne sont pas extraterrestres. C'est parce que Fermi a (mentalement) calculé qu'ils devraient être PARTOUT chez nous, qu'ils ont estimé que les OVNIS ne sont probablement pas extraterrestres. Le raisonnement s'est articulé différemment de celui que veut nous présenter l'auteur. (Ce raisonnement a des objections que je ne rappelerai pas ici.)
>"La phrase "Où sont-ils ?", attribuée à Fermi ..."
La phrase exacte est "Où sont-ils tous?" ("Where is everybody?" )
Comme tout paradoxe, il repose sur l'invalidité de l'une (au moins) des hypothèses de son énoncé. Celui de Fermi peut être formulé de la manière suivante :
1) Notre civilisation n'est pas la seule civilisation technologique dans la Galaxie.
2) Notre civilisation est "moyenne" à tout point de vue. En particulier, elle n'est pas la première à apparaître dans la Galaxie, ni la plus avancée sur le plan technologique, ni la seule à vouloir explorer le cosmos et communiquer avec d'autres civilisations.
3) Les voyages intersidéraux ne sont pas trop difficiles pour une civilization légèrement plus avancée que la nôtre. Certaines d'entre elles ont dû maîtriser ce type de voyages et ont déjà entrepris un programme de colonization galactique.
4) La colonisation galactique constitue une entreprise relativement rapide. Elle peut s'achever en (beaucoup) moins d'un milliard d'années ce qui ne représente qu'une faible fraction de l'âge de la Voie lactée.
Si les hypothèses (1) à (4) sont valables, la conclusion "Ils devraient être ici" s'impose.
Ou plutôt: si les propositions (1) à (4) sont valables - et il n'y a pas la moindre raison de penser le contraire - , alors ils SONT ici, et nous ne les voyons pas bien. Ce n'est pas "ils ne sont donc pas là" mais "Où sont-ils tous?"
>"Les conclusions pessimistes de Hart..."
Sa conclusion ne peut pas en être une, parce qu'elle n'est pas une solution du paradoxe. Elle ne résoud le paradoxe qu'en le supprimant: "Puisque je ne vois pas les ET, c'est que les propositions "(1) à (4) ne peuvent pas être toutes vraies." Le problème est justement que (1) à (4) n'ont pas d'objections intrinsèques sensées.
Des solutions au paradoxe qui ne remittent pas en cause (1) à (4) existent pourtant, et l'auteur n'en fait nulle mention.
Il liste quelques "mauvaises" solutions:
>"Selon certains, les extraterrestres ne s'intéresseraient
ni aux voyages spatiaux, ni à l'expansion dans la Galaxie. Leur civilisation se serait rapidement tournée vers des valeurs spirituelles (contemplation, méditation etc.), ou encore elle aurait adopté la "croissance zéro" chère aux écologistes, ce qui aurait empêché la colonisation spatiale. D'autres, comme Fermi, pensent que la longévité d'une civilisation technologique serait trop courte. Son anéantissement surviendrait avant qu'elle ne maîtrise les voyages intersidéraux, probablement peu de temps après la découverte des secrets de l'atome."
Mais il se trompe alors:
>"Ces arguments sociologiques réfutent donc les hypothèses (2) et (3)."
Non, ils ne les réfutent pas, parce que dans une bonne formulation du paradoxe, on dit: CERTAINES extraterrestres ont pu se détruire trop tôt, CERTAINES peuvent n'avoir aucun intérêt pour l'exploration, mais cela ne peut pas être le cas de TOUTES. Si AU MOINS UNE ne s'est pas autodétruit, ou a un intérêt pour l'exploration, alors elle l'a fait.
Il donne lui-même cette refutation de sa refutation plus bas:
>"Au moins une de ces sociétés hypothétiques aurait pu échapper à
l'anéantissement, s'intéresser à l'espace, maîtriser les voyages interstellaires, entreprendre un programme de colonisation galactique et arriver jusqu'ici."
Il cite ensuite une bonne solution:
>"D'autres arguments sociologiques, généralement connus comme "l'hypothèse du zoo (ou de la quarantaine) cosmique" nourrissent la controverse. L'astronome américain John Ball a lancé l'idée en 1973 que les extraterrestres seraient déjà arrives dans notre système solaire, dans un passé récent ou lointain. Mais ils se borneraient à nous observer de loin, pour diverses raisons : ils nous considéreraient trop "primitifs", ils ne voudraient pas interférer avec notre développement ou, dernière hypothèse, ils craindraient nos armes atomiques (!).
Mais voyons sa refutation:
>" au moins un de ces peuples aurait dû transgresser le "tabou" consistant à éviter tout contact avec le nôtre."
Dans la solution du zoo, les OVNIS sont précisément ces quelques peoples qui passent la main dans la cloture du zoo en dépit de l'interdiction des gardiens, parce les incidents arrivent, meme dans les meilleurs zoo.
>"dans ce cas, nous serions "atypiques", seuls à vouloir
communiquer avec d'autres civilisations."
La seule civilisation atypique dans l'affaire, c'est celle (ou la fLédération de qulques-unes) qui a colonisé la galaxie en premier et installé les zoos.
>"La situation serait peut-être différente s'il existait une théorie
>démontrant pourquoi toutes les civilisations doivent se
comporter de cette manière."
Dans la solution du zoo, il n'est justement pas nécessaire de démontrer que toutes les civilizations extraterrestres doivent se comporter de la meme manière (postulat douteux en effet).
>"Il est également difficile d'accepter l'argument
"physique" évoqué en 1950 par Enrico Fermi lors de sa discussion avec Teller. Selon lui, les voyages intersidéraux seraient tout simplement impossibles."
Non, erreur, il avait au contraire dit que la barrière de la vitesse de la lumière sera franchi dans les 20 ans...
>"Évidemment, on peut rejeter purement et simplement l'hypothèse (1) du paradoxe de Fermi selon les suggestions de Hart et de Tipler. Notre civilisation serait la première civilisation technologique apparue dans la Galaxie."
Non, c'est oiseux. La base du paradoxe est qu'il serait extraordinaire au plus haut point que ce soit justement nous qui soyons les plus avancés. Ici, l'auteur a perdu le "fil du raisonnement" du paradoxe.
>"Cela s'accorde avec notre compréhension actuelle de la théorie de l'évolution qui souligne l'improbabilité du chemin évolutif menant jusqu'au niveau de l'intelligence."
Non, comme expliqué plus haut.
>"Or, parmi les partisans de l'existence de l'ETI, on rencontre surtout
>des
astronomes. Les biologistes, eux, sont soit neutres, soit ouvertement hostiles."
>"Déjà en 1905, dans son livre La place de l'homme dans la nature, le co-fondateur de la théorie de l'évolution Alfred Wallace remarqua que l'homme résultait d'une série d'événements uniques et imprévisibles dans la longue chaîne de l'évolution. La probabilité que cette même série d'événements se produise ailleurs, même dans des environnements semblables à celui de la Terre, est infime. Cet argument s'applique aussi à toute forme de vie intelligente. C'est l'avis de biologistes contemporains de renom, comme Georges Gaylord Simpson et Ernst Mayr."
Quid des exobiologistes? Sont-ils "hostiles?"
>"L'existence de vie intelligente ailleurs dans l'univers est aujourd'hui plus controversée que jamais (2). Les arguments des deux côtés ("Il est improbable que nous soyons seuls dans ce vaste cosmos" et "Où sont-ils ?" ) sont de nature statistique. Leur valeur est extrêmement faible, parce qu'on ne peut faire de la statistique sur la base d'un seul cas connu : le nôtre."
Non. Nous sommes dans la galaxie, et nous sommes banals. Il seait extraordinaire au plus haut point que nous soyons les seuls ou les premiers. C'est le postulat de départ. Ce n'est pas un argument statistique, c'est l'argument de banalité. Pourquoi parmi toutes les étoiles de la galaxie n'y aurait-il que la notre avec une planète portent une vie intelligente, alors que les "briques de base" sont les mêmes partout? Ce serait vraiment trop extraordinaire.
>"Le paradoxe de Fermi donne un argument fort aux adversaires de l'ETI."
Non, il donne un argument fort à la thèse du zoo.
Patrick Gross"