Bon et bien voilà, à la demande générale de mouss_diouf
Je bossais à l'époque pour une base de raft, il y a bien longtemps, et un beau jour, on voit arriver sur notre base une armée de scout, je dirais dans les 80 champions du schamallow fondu qui débarquent, le gros des troupes dans un bus et le reste dipersés dans 3 autres véhicules.
Sur ce le grand chef, le seul gothique de la bande, se pointe à l'accueuil accompagné de sa garde rapprochée, verte comme un green anglais, il est difficile de distinguer le chef du soldat de base, à peine 2 printemps de plus sans doute...
Voilà qu'ils nous expliquent la raison de leur venue: Ils ont décidé de descendre la rivière mais hélas, ils ne la connaissent pas, ils demandent donc l'aide de dieu et de la notre pour se sortir de ce mauvais pas. Leur objectif, descendre 50 bornes en quelques jours. Ce qu'ils ne savent pas encore: il n'y arriveront pas.
Alors voilà, on évalue leur besoin, combien de moniteurs, la logique voudrait qu'il y en ait au moins 6 sur ce type de parcours et là on voit très vite de pointer une conception très particulière de la sécurité et surtout une gestion du butin de guerre très auvergnate dans l'esprit.
Non, ces messieurs les scouts ne voulaient pas sécuriser leur groupe, ils voulaient juste connaitre les passages délicats, c'est qui à la limite aurait pu se comprendre, sauf qu'on a fini par leur demander s'ils avaient leur propre matos.
Et là ils ont répondu oui, ce à quoi on a répondu, "et il est où ?"
"Dans le bus" et il ont ouvert les soutes
Des rondins de bois, très longs et pas très épais et surtout totalement inégaux, c'est simple, aucun n'étais droit, pas pratique pour faire des ... radeaux.
Il avaient l'air vraiment très sûrs d'eux, n'importe quel parent les voyant leur aurait confié leurs marmots tant leur organisation sans faille semblait inébranlable
Et pis là, nous, comme des personnes un peu vieux jeu face à cette horde de djeuns, on commet le tort de leur demander où était le reste des équipements, le bois était certes impresionnant, mais il devait y avoir le reste.
Et là on nous sort des gilets qui a vue de nez avaient au moins 20 ans, des gilets à plastron, qui n'étaient plus du tout conforme à la réglementation en vigueur, règlementation qui est devenue encore plus sévère depuis soit dit en passant.
On leur fait, "les gilets, ils ne sont pas conformes" et là ça a commencé à coincer...
Je passe donc l'épisode de la prise de tête, les pagaies, il n'y en a pas non plus, elles seront contruites, il n'y a pas de casque de protection, pas de moniteur, ils n'ont pas encore les chambres à air, etc, etc...
On menace de ne pas venir car conditions de sécurité déplorables, puis on arrive à un accord écrit, qui finit par dédouaner les deux moniteurs de toute responsabilité face au groupe, leur rôle n'étant là qu'en tant que guide de rivière.
Quelques jours passent, les radeaux sont construits, on va les voir, il y en a 6, c'est une catastrophe, ils sont difformes, les chambres à air sont de tailles différentes, les pagaies maisons sont risibles, le video gag se met tranquillement en place.
Leurs embarcations auraient pu convenir sur du classe 1 à 2, mais le soucis, c'est qu'ils sont une douzaine dessus, et que la taille du radeau n'est pas du tout adaptée à la morphologie de la rivière...
C'est le départ, les 6 radeaux de la méduse sont prêt au départ, ça piaille de tous les côtés, ça chante fort, nos marins d'eau douce ont visiblement une patate d'enfer, il vont en avoir besoin...
Le premier kilomètre très calme se passe sans soucis, même si on voit déjà quelques signes sympathiques, comme ces embarcations de près d'une tonne qui dérivent sans qu'ils n'y ait aucune action humaine concrète pour arriver à un début de navigation; Non, le scoutisme choisira cette fois la voie du destin, celle où l'on s'en remet au divin, advienne que pourra.
Puis le premier passage en classe 3 arrive, léger dénivellé, bras de retrécissant, bonne prise de vitesse, pas mal de blocs en travers, au milieu et à gauche, avec deux rappels, juste là où même le courant.
On leur conseille donc d'utiliser la grande plage à droite pour débarquer et porter leur portails en bois, pour que personne ne se fasse mal.
Et là renégo interminable. Le jeune chef des scout ne cède pas, c'est sa grande force, un applomb incroyable, il nous garanti que les radeaux vont passer sans soucis.
Et là arrive ce qui devait arriver et en même temps la fin de mon histoire, coup double
Le premier radeau prend de la vitesse, très grosse inertie car très lourd, il est projeté sur le mur de gauche, tape assez fort, un son impressionnant, pivote, et paf, le bloc, second choc, stoppé net, deux scouts à l'eau vont se mettre dans le rappel, le radeau se met en cravate: Il est en appuis sur le bloc, et la force de l'eau le plaque de sorte qu'il ne puisse plus bouger, les scouts encore à bord comment à rire jaune, un ou deux commencent à flipper en gueulant, ils s'agrippent comme ils peuvent, quand le radeau vacille encore il s'incline encore ce qui propulse un ou deux scouts à l'eau, certains nageront une bonne centaine de mètres avant de pouvoir regagner la rive, mais revenons plutôt sur le premier radeau, qui se redresse encore, et là... Le second radeau arrive
Même précision de pilotage que le premier, le coup de la toupie, prise de vitesse, et BAM ! coincé en cravate sur le premier radeau, encore quelques scouts éjectés, puis on entend des énormes "PAM", ce sont les chambres à air de camion qui explosent une par une sous la pression. Puis le 3e radeau arrive
Oui, vous lisez bien, la moitié de la flotte scout a été décimée en quelques minutes seulement, une defaite dont la marine scoute se souviendra longtemps, à commencer par ceux qui ont eu la trouille de leur vie, qui se sont explosé les jambes, jenoux, chevilles, qui ont bu un peu beaucoup(de flotte
) , une véritable hécatombe, étrangement à la fin, plus personne ne chantait.