La crise du 'subprime' fait des ravages en Europe.
 
(Cercle Finance) - La menace d'un Krach boursier plane aujourd'hui sur les marchés financiers du monde entier. La crise des prêts hypothécaires à risque, dit du ' subprime ', semble avoir déclenché une véritable crise de confiance des investisseurs. En effet, les opérateurs restent insensibles aux discours d'apaisement. Nouveau signe d'inquiétudes, la Banque centrale européenne (BCE) a de nouveau injecté des liquidités sur les marchés monétaires ce matin, pour la deuxième fois en deux jours, La Banque du Japon avait fait de même un peu plus tôt. La réserve fédérale américaine avait également utilisé cet instrument pour combattre la crise.  
 
Ainsi, au lendemain d'un jeudi particulièrement noir, les indices européens sont repartis à la baisse ce vendredi. La Bourse de Paris abandonne 3,1% à la mi-séance et repasse ainsi sous le seuil des 5.500 points à 5450 points et retrouve ses niveaux du mois de mars alors que le Dow Jones a connu hier sa pire séance depuis plus de quatre ans.
 
Londres et Francfort affichent eux des replis respectifs de 2,8% et 1,6%. La Bourse Amsterdam lâche même 3,4%.  
 
Hier, le Dow Jones avait dégringolé de 2,8%, signant sa plus forte baisse quotidienne en plus de quatre ans, tandis que le Nasdaq lâchait 2,2% sur une nouvelle vague d'inquiétudes liées au marché des prêts hypothécaires US.
 
Les marchés asiatiques ont également été touché de plein fouet aujourd'hui. Au Japon, le Nikkei 225 a abandonné 2.37% à 16764.09 points. Ce sont bien les valeurs financières ainsi que les promoteurs immobiliers qui ont affaibli les indices.
 
Hier, BNP Paribas a mis le feu aux poudres et relancé les menaces d'une contagion de la crise des prêts hypothécaires à haut risque américains en annonçant le gel de 3 de ses fonds. Ces craintes ont ensuite été relayées outre atlantiques par les rumeurs d'une faillite d'un fonds géré par la banque américaine Goldman Sachs et investi sur le marché du ' subprime '.
 
Selon le Wall Street Journal, la SEC (Securities and Exchange Commission), l'autorité américaine des marchés, serait en train d'inspecter les livres de comptes des grandes firmes de Wall Street, telles que Goldman Sachs et Merrill Lynch, afin de s'assurer qu'elles ne dissimulent pas des pertes liées à la crise du marché 'subprime'.
 
Les discours se voulant rassurant des différents établissements financiers ne semblent plus convaincre les investisseurs.  
Avant d'annoncer le gel de trois de ses fonds, BNP Paribas avait fait part la semaine précédente de sa faible exposition aux marchés des prêts hypothécaires à risque. En France, Natixis et Dexia lui avait emboîter le pas en début de semaine. La Fed s'était également voulue rassurante ce mardi.  
 
Les investisseurs, échaudés par ces déclarations, restent donc insensibles aux propos tenus hier par Georges Bush ou par son secrétaire au Trésor sur les grandes chaînes américaines.
Sur le front des valeurs, ce sont bien les valeurs bancaires qui plombent les indices.  
BNP Paribas rechute de 5,7%, après avoir déjà abandonné 3,4% suite à son avertissement sur trois fonds exposés au secteur hypothécaire américain.
Dexia signe la plus forte baisse et abandonne 6,9% suivi de Société Générale qui cède 6,6%. Crédit Agricole et Axa figurent également parmi les plus fortes baisse de l'indice phare de la place de Paris.  
 
Le rouge l'emporte sur les autres secteurs et même ADP, qui avait d'abord su profiter de sa solide publication semestrielle (chiffre d'affaires en hausse de 9% à 1,08 milliard d'euros) évolue dans le rouge, cédant un peu plus de 3% à 79,6 euros.
 
Les investisseurs seront attentifs, plus tard dans la journée, à la publication des prix américains à l'importation.

Matières premières : premières victimes collatérales ?
À l'exception notable du pétrole, les commodities avaient jusqu'à présent remarquablement bien tenu face à la déferlante qui s'est abattue depuis la mi-juillet sur les marchés financiers mondiaux en général et les apprentis sorciers de l'effet de levier en particulier.
 
Et d'ailleurs, force était de relativiser la baisse des cours du brut dans la mesure ou celui-ci avait établi un nouveau plus haut historique le 1er août ! Rappelons en outre que, même après sa récente déconvenue, le Brent progresse encore d'une quinzaine de pourcents depuis le début de l'année.
 
Il n'en demeure pas moins que l'on a senti hier les commodities fléchir sur leurs – sains et solides – appuis. Alors, simple repli tactique en ordre serré ou signe avant-coureur d'une débâcle hugolienne ?
 
En réalité, les matières premières ne peuvent totalement s'affranchir des vicissitudes des marchés financiers, particulièrement quand le délétère l'y dispute au pathétique (il serait assez ironique que l'explosion de la pyramide de dette greespanienne soit provoquée par une remise en cause de la raison d'être même des placements monétaires (un placement supposé sans risque et totalement liquide...).
 
De manière plus terre à terre, les spéculateurs de tout poil sont aujourd'hui assujettis à une double contrainte :
1. diminuer leur risque (en clair, leur effet de levier)
2. compenser leurs pertes en prenant des profits là où il en reste (en clair, limiter la casse)
 
Le mouvement actuel est donc éminemment instructif : les commodities dont les cours se replient sont clairement celles sur lesquelles la spéculation est actuellement la plus présente (or, argent, produits pétroliers, nickel, cacao, maïs, plomb...) ; quant à celles qui montent ou ne baissent guère (plus ou moins toutes les autres...), il n'est pas besoin d'avoir fait Polytechnique pour comprendre que d'éventuels replis constitueraient des opportunités d'achat quasiment inespérées pour le long terme.