Hop, revue de la Reverso Grande Taille!
Un peu d'histoire
La Reverso est née en 1931, suite au problème existentiel rencontré par les officiers anglais basés aux Indes: ils cassaient régulièrement leurs verres de montres en jouant au polo. Foin d'idée pragmatique telle que laisser la montre au vestiaire, demande est faite de trouver une solution permettant de jouer au polo sans manquer de ponctualité à l'heure du thé. Jaeger s'y colle à la demande de leCoultre et invente la Reverso. L'ingénieux ingénieur Chauvot met au point un boîtier articulé qui permet de pivoter la montre à 180°, ainsi le dos de la montre est exposé, protégeant le verre.
Au fil des ans, la Reverso évoluera, grandira, mourra, renaîtra, passera au quartz, à la joaillerie et se verra dotée de toutes les complications possible ou presque, du quantième à la phase de lune, du mouvement GMT double face au boîtier carré, du chrono au gyrotourbillon. Il est à noter que le modèle originel est resté au catalogue sans grosses modifications, et l'ensemble des modèles gardera cette forte inspiration Art Déco devenue emblématique de la montre. En 2010, la gamme compte une grosse vingtaine de modèle (21 en incluant le gyrotourbillon, en admettant que celui-ci soit un modèle de série...), avec des mouvements quartz, automatiques ou manuels.
Le modèle présenté est la Reverso Grande Taille, référence 270.8.62 .
Le boîtier
Le boîtier est constitué de deux pièces:
- la partie fixe appelée brancard, attachée au bracelet,
- la partie mobile embarquant le mouvement, le boîtier proprement dit.
Le brancard mesure 42mm de haut hors tout (en incluant les cornes, donc) sur 26mm de large et 10mm d'épaisseur, dont 2 pour le fond. Il est constitué de trois parties: les cornes hautes et basses sont vissées sur le fond.
Les cornes sont intégralement polies, le fond est brossé au verso, bouchonné au recto (face cachée par le boîtier), les flancs sont polis pour correspondre aux cornes.
Le boîtier pour sa part mesure 31mm sur 26mm de large et 8mm d'épaisseur maximale (section légèrement ovale), la couronne, gravée, dépassant de 2 bons millimètres. Il est constitué d'au moins deux parties, les faces avant et arrière, il me semblait toutefois qu'il y a quatre pièces au total, je n'ai toutefois ni trouvé l'info, ni envie de jouer au Meccano... L'ensemble est intégralement poli. Au dessus et au dessous du cadran, trois fines rainures font le tour du boîtier, ce qui permet à la fois d'en habiller les extrémités, mais surtout d'intégrer au mieux la séparation entre brancard et boîtier.
L'articulation du boîtier est située sur la partie gauche de la montre, cadran vers soi: pour retourner le boîtier, il faut pousser du côté opposé à la couronne. Le boîtier est maintenu en place par son axe et deux billes de rappel qui assujettissent ce dernier sur le brancard en se plaçant dans deux encoches pratiquées dans la glissière de l'axe. Principe simple, quelque peu laborieux à expliquer sans illustration, et réellement intuitif à l'usage... Même si, ne jouant pas au polo, j'imagine que j'utiliserai fort peu cette caractéristique!
Les cornes, au dessin tombant, permettent d'intégrer le bracelet dans la continuité du brancard sans cassure visuelle.
Le bracelet en alligator, très souple, ne se "casse" pas au niveau des jointures entre les écailles, évitant l'effet facettes, et est taillé de manière à ce que la taille des écailles aille en diminuant vers la boucle. La finition est à mes yeux au delà de tout reproche, mais je prévois de l'amusement pour son remplacement hors JlC: dimensions 19x16...
La boucle déployante est de type papillon avec verrouillage à clips: pas de poussoirs, un simple point dur assure le maintien en position fermée. Affaire de goûts, après une rapide période d'adaptation, mettre ou enlever la montre ne me pose pas de souci particulier.
Le cadran
Le cadran est abrité derrière un saphir semble-t-il traité antireflet sur sa face extérieure (à vérifier, j'ai pu observer un très léger reflet irisé caractéristique en jouant avec une forte lumière directe...)
L'ensemble du cadran est argenté, les trois aiguilles sont bleuies. La petite seconde se trouve à 6h. Son sous-cadran est à deux niveaux: le tour porte les index, chiffres arabes pour les dizaines et simple marque pour les repères 5-15-25-35-45-55, le centre est en renfoncement. L'ensemble du sous cadran est mat mais présente une finition plus lisse que le cadre du cadran principal. Ce cadre porte les douze chiffres arabes marquant les heures. La finition est matte, dépolie, on pourrait croire à un très léger brossage vertical. A l'intérieur de ce cadre, un liseré est présent pour le chemin de fer simple (soixante marques noires, les index principaux étant plus larges), même finition que le cadre, mais séparé de celui-ci par une fine rainure. Le centre du cadran est rehaussé d'un guillochage accrochant la lumière et offrant plusieurs rendus selon celle-ci: illusion d'un fond brossé horizontalement en faible lumière, "côtes de Genêve" en éclairage direct de face, et cette impression d'un fond distant en éclairage latéral.
Ce dernier effet est assez difficile à décrire. Vous connaissez ces trompe-l'oeil qui vous font croire à un dessin sur deux plans, ou ces portraits qui vous suivent? Ici, les "vagues" semblent se mouvoir sur un plan plusieurs millimètres derrière le cadran. Associé aux jeux de lumières si particuliers des aiguilles bleuies, c'est assez hypnotisant, surtout en se focalisant sur le cadre lisse situé au dessus de l'axe principal et sur lequel est écrite la marque. Le logo symétrique JL placé au dessus est hélas peu lisible et vient légèrement troubler l'effet d'optique.
Le mouvement
Le mouvement est le calibre JlC 822 sur lequel peu d'informations sont disponibles:
Dimensions 17,2 x 22,6mm, épaisseur 2,94mm
Remontage manuel, 21 rubis, 21600A/h, réserve de marche annoncée 45h (48h20 mesurées sur le premier cycle)
Petite seconde à 6h, pas de stop-seconde.
Photo: t-munenori
JlC réalise un contrôle qualité complet de la montre (et pas seulement du mouvement) d'une durée totale de 1000 heures au cours duquel le mouvement est ajusté dans 5 positions et, je cite "à des niveaux de température et de pression variés". En bref, aucune comparaison directe avec la certification COSC possible, vraisemblablement à dessein.
Le premier relevé effectué fait état d'une perte de 2 secondes par 24h, reste à voir si le mouvement a encore besoin de se rôder après ses 1000h de test.
Au poignet
La Reverso est une montre typée, au style intemporel (ou suranné, selon les goûts) et qui sert de symbole, avec d'autres modèles, à la marque Jaeger-leCoultre. Son allure Art Déco lui donne une allure chic mais simple, sans esbroufe ni clinquant. Passé les premières heures d'amusement avec l'articulation, on se prend à jouer avec l'éclairage du cadran pour en admirer toutes les subtilités, puis on détaille la finition de la boîte et ses lignes épurées. L'ensemble est léger, les cornes tombantes, même si les pompes sont haut perchées, assurent un bon placement sur le poignet et la boucle symétrique évite que la montre tourne sur le poignet (cas des BD de bracelets métal et Omega mono-brin). On ne "sent" pas la montre, ses dimensions et sa forme lui permettent de se glisser sans coup férir sous les manches de chemises les plus ajustées, dommage, on ne peut plus l'y admirer. Assez de propos dithyrambiques, je suis sous le charme donc partial...
Place aux photos, toujours aussi pourries conceptuelles!!!
Et pour finir, spéciale dédicace aux HS bagnole, un Lebkuchen à qui identifie la "GT" ci-dessous:
/taggrevue
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Oublie trop souvent qu'entre avoir des principes et être un sale con la ligne est très fine.