ZaZ59 a écrit :
On s’en ballec de Trump. On est Français, nous. Quel soutien btw ? On fait juste remarquer que l’on nous a annoncé la fin du monde et en fait y’a R. Idem en Italie ![[:scipion8:3] [:scipion8:3]](https://forum-images.hardware.fr/images/perso/3/scipion8.gif) Edit : Assez surpris de ta (la fin) réponse ; tu n’étais pas vraiment la cible / il me semble que tu disais que de toute façon que ca soit pierre, paul ou jacques ca reste le Congrès qui fait le Kfé ? ![[:scipion8:2] [:scipion8:2]](https://forum-images.hardware.fr/images/perso/2/scipion8.gif)
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Si, j'étais ciblé par la remarque de Cisko, mais peu importe.
Sur le fond, HS partiel, mais bien distinguer 2 tendances clairement opposées au sein de l'extrême-droite, dans tous les pays (l'une ou l'autre tendance étant plus ou moins influente). Je schématise et je simplifie :
1) la tendance "nationaliste", anti-immigration : cible de choix = les immigrés ; se présente comme "de droite", avec des valeurs conservatrices traditionnelles (famille, travail, patrie) ; typiquement pro-PME, pro-agriculteurs, anti-taxes ; souvent pro-business ; souvent pro-Israël (le "judéo-christianisme" ) ; sociologiquement, surtout des classes moyennes, des petits commerçants, des ouvriers, des employés
2) la tendance "anti-système" : cible de choix = les "élites", les "capitalistes", les juifs, les franc-maçons etc ; se présente comme "ni de gauche ni de droite" ; très vulnérable aux narratifs complotistes, sur tous les sujets (Dolchstoßlegende, COVID, Ukraine) ; souvent anti-business (le "système" ) ; toujours anti-Israël ; sociologiquement, des individus en déclassement social, des chômeurs, des RSA
(Je généralise et je simplifie délibérément.)
Exemples de la tendance 1 : dans les années 90, la droite dure classique type Pasqua ; aujourd'hui, Bardella, et, avec une cible sociologique plus CSP+, Zemmour ou Maréchal ; en Italie, Gianfranco Fini / Alleanza Nazionale puis Meloni / Fratelli d'Italia ; en Allemagne, l'aile droite de la CDU-CSU.
Exemples de la tendance 2 : Marine Le Pen ; en Italie, Salvini / la Lega ; en Allemagne, le NSDAP et maintenant l'AfD.
On retrouve l'opposition de ces 2 tendances dans les groupes au Parlement européen, où l'extrême-droite se répartit entre 3 groupes, du plus "respectable" (les Conservateurs et Réformistes européens, avec FdI/Meloni, le PiS polonais, Identité-Libertés/Maréchal), au moins "respectable" (l'Europe des nations souveraines, avec l'AfD), avec entre les 2 les partis qui essaient de concilier les 2 tendances (Patriotes pour l'Europe = le RN, Orban/Fidesz, la Lega, Vox en Espagne, PVV aux Pays-Bas, FPO en Autriche).
L'extrême-droite "raisonnable" qui aspire à accéder un jour au pouvoir (Meloni, Bardella) évite comme la peste les dingues de la tendance anti-système et complotiste. Voir par exemple les relations tendues entre RN et AfD.
Ces 2 tendances opposées s'affrontent ou s'allient au fil des décennies, dans chaque pays. L'extrême-droite est typiquement puissante quand un leader charismatique arrive à concilier les 2 tendances. C'est le cas avec Trump aux USA, qui donne du grain à moudre à la fois aux nationalistes avec l'ICE et ses mesures anti-immigration et aux anti-systèmes avec son positionnement anti-européen et ses narratifs complotistes. Mais on voit bien qu'il mécontente une partie de sa base complotiste avec son soutien à Israël, l'intervention en Iran, la question des visas H-1B, l'affaire Epstein etc.
Bien sûr, une fois l'extrême-droite au pouvoir, la réalité (économique, sociale, constitutionnelle) dicte sa loi et c'est une politique de droite qui s'impose, au grand mécontentement de la tendance 2. Et quand c'est la tendance 2 qui exceptionnellement s'impose (ce qui nécessite des circonstances politiques / économiques exceptionnelles), c'est la catastrophe (1933-1945).
Du point de vue de la bourse, hors de toute considération politique ou morale, il n'y a pas de problème particulier avec la tendance 1 de l'extrême-droite. On tape sur les immigrés pour gagner les élections, puis on continue à les faire venir une fois au pouvoir parce que la natalité est trop faible et on a besoin de main-d'oeuvre bon marché. Les intérêts continuent à composer, la bourse continue à avancer, il n'y a aucun souci (sur ce plan).
S'agissant des tariffs Trump, c'est juste une énième résurrection (certainement pas la dernière) d'une idée économique fausse : l'idée d'une économie autarcique qui satisferait tous ses besoins à l'intérieur de ses frontières, au besoin en changeant le périmètre du Lebensraum, que ce soit aux Sudètes, au Donbass ou au Venezuela (dont Trump prétend qu'il a volé le pétrole américain), et qui ferait payer cher aux autres pays l'accès à ce marché. Alors même qu'aucune économie au monde ne bénéficie de la liberté des échanges autant que les USA. Toutes les tentatives précédentes de protectionnisme aux USA ont échoué rapidement - simplement parce que ce n'est pas dans l'intérêt des USA.
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Ce blog sur la bourse et l'économie est sensationnel : https://scipion8.substack.com/