CR Millevaches 2017
Le froid c'est pas cool. Mais à moo on oublie tout
Jeudi je démarre de chez moi pour rejoindre le désastre en baskets et Crea ce tor aux Millevaches-pour-fragiles, a.k.a. le non-Authentic. Vu le CR de l'Authentic, heureusement qu'on s'est contenté de celle-ci
Départ prévu 9h00. Mais je ne suis pas du matin, j'avais encore un joint de colonne de direction à installer, une broutilles expédiée en deux petites heures puis tous les bagages à installer, une sinécure d'une heure, finalement je partirai à 13h00 le ventre vide, on verra bien sur place
Je suis le fidèle Tomtom Rider en mode rapide en direction de Reims; un peu moins d'une heure après je m'arrête à Wanlin pour avaler enfin quelque chose depuis le matin à l'exception de kilomètres (le vol-au-vent c'est bon).
Petite halte à la frontière pour le sanglier Woinic, dans un brouillard glacial à 3°c. La Katoche ronronne comme il faut, et son thermomètre au tdb sera l'objet d'une attention soutenue pendant les 5 jours de l'épopée
A Reims, confirmation que la Katoche n'est pas à l'aise en ville, je cale presque à chaque feu quand il faut redémarrer Mais je fais l'emplette d'une merveilleuse peau de mouton made in Vietnam, je peux enfin rider comme un trve kudacier ricain. Franchement c'est de la balle ce truc, ça devrait être d'origine
Alors que je furète dans les rayons: "La personne avec la MOTO NOIRE ET ORANGE KTM IMMATRICULEE EN GELBIQUE M-HFR-990 est priée de déplacer son véhicule"
Difficile de passer inaperçu avec le stuff moto, le casque etc. alors qu'il n'y a pas une moto qui roule dans tout Reims
Bref. Je fous le camp de cette ville: GPS en "rapide" vers Epernay (si je le mets en sinueux il va m'envoyer sur le périph ou dans une zone industrielle pour le plaisir de tournicoter ). A Epernay je repasse en sinueux vers mon étape choisie: Villechétive. Ce bled a l'avantage d'être pile à mi-parcours ET d'être entouré de forêts (car j'ai l'intention de camper ).
La t° est remontée à 7°c en redescendant en Champagne par rapport aux Ardennes; par comparaison j'ai presque chaud.
On va pas se le cacher: la Champagne concurrence lourdement la Picardie dans le segment routes chiantes à moto. Des looooongues lignes droites, un rond-point, une looooongue ligne droite, un autre rond-point (ou une ZAC), etc. Mais ça a le mérite d'être plutôt roulant, pratique quand le jour est tombé à 16h et qu'il me reste 250 bornes Il pleut depuis 2 heures, j'ai les gants et les bottes trempées
Entre 2 rond-points, du coin de l'oeil je vois une silhouette penchée sur un 2-roues. je m'arrête ou pas? 1) oui, je perds potentiellement 1h à l'aider mais j'ai fait une BA. 2) je fais mine de rien, je continue à rouler en le laissant tout seul dans le caca. Va pour 1) (car je suis chevaleresque ). Le gars pousse son scooter dans le noir depuis 1 km, j'ai rien compris à son histoire de bougie qui a pris l'essence mais bref je sors une sangle, attachée à la base de son guidon et à mon support de valises. On n'a pas fait 50 mètres que le gars m'appelle en panique: même à 10 km/h ça le déséquilibre et il a failli se vautrer. Je ne vois pas d'autre moyen de le remorquer (à part le pousser d'un pied, mais vu son bidet, la nuit noire et ma moo chargée comme une 205 chez Netto le lendemain de paie du RSA, c'est la catastrophe assurée, donc je me garde de lui proposer). Au final il va continuer à pousser et moi à rouler J'ai donc dans mon GPS l'adresse du Foyer des jeunes travailleurs de Fère-Champenoise qui n'aura servi à rien: cher scooteriste, j'espère que tu t'en es sorti et que tu n'as pas fini sous un camion. C'était lol mais de la route m'attend et mes gants sont mouillés.
Dans le coin un bled s'appelle Trécon et ça m'a fait rire
Avec encore 100 bornes (1h30), le froid, la faim et la fatigue, mon roadtrip commence à tourner à la Retraite avancée inverse tactique de Russie de 1812. Et mes gants sont mouillés.
30 bornes plus loin, je passe devant "Chambres bar restaurant" et à Anglure je jette l'éponge pour la nuit (Anglure, engelure, lol ). Surtout que je n'ai vu aucun terrain propice au camping dans les derniers kilomètres, je sais pas où j'aurais pu me mettre de manière discrète
L'accorte aubergiste et son mari (qui porte un iroquois du plus bel effet) pendent mes frusques trempées dans la chaufferie, demain tout sera sec
Passons l'infâme repas (oeuf béchamel et omelette aux patates) Demain le petit dej sera tout aussi triste, surtout que mes gants sont toujours mouillés ainsi que mes bottes
Départ bien triste sous la flotte, pour changer Mais comme destination je peux enfin mettre "Meymac", le rdv des Millevaches! Mon étape raccourcie d'hier rallonge d'autant celle d'ajd, mais ça va d'aller comme on dit chez moi
Si je me souviens bien, j'ai pris le mode rapide jusque Nevers, et ensuite en mode sinueux J'ai un souvenir flou de cette journée, il y a eu beaucoup de km et peu de choses à voir
Je suis passé par la jolie forêt de Brienon, et le moulin de Migé, merci le carnet de notes
Je mange dans un routier à Prémery (c'est généralement une bonne adresse pour le midi: en prenant le menu du jour, on est servi vite, c'est bon et les prix sont raisonnables).
Après Montluçon, la route devient bien fap-fap, le paysage se vallonne gentiment comme le sein d'une jeune fille en fleur bourgeonne sous la main
Un interlude pour rappeler que mes gants refusent de sécher; toute la journée je réfléchis à un moyen de les faire sécher. Ca sert à rien mais ça occupe l'esprit
18h30. Alors que j'aborde les premiers lacets du Plateau des Millevaches, apparaissent les premières traces de neige et de verglas. Même à pied ça glisse comme un pet sur une toile cirée Les poignées chauffantes sont à 75% mais suffisent à peine à réchauffer mes mains dans leurs étuis d'eau mouillée.
A partir de là, les 30 derniers km vont être trèèèès lents; je refuse de prendre le moindre risque: ça serait trop con de se vautrer à quelques pas du campement
Au détour d'un virage c'est la délivrance: les feux du bivouac apparaissent au loin c'est super joli mais compliqué à prendre en photo.
C'est à 19h30 que je béquille dans le bivouac, ivre de fatigue mais content d'être arrivé. J'ai du mal à réfléchir pour retrouver Nono, encore plus pour faire connaissance avec nos nouveaux potes de feu de camp, et après une soirée de picole/viandaille au bord du feu, c'est dans un double sac de couchage que je m'abrutis enfin dans le sommeil
Bon, les Millevaches c'est quoi à mes yeux: t'as plein de mecs et de filles ( ) arrivé.e.s à moto avec leur tente, leur bouffe et des boissons, qui vont s'occuper toute la journée à lutter contre le froid. Vu les conditions, je vois pas trop l'intérêt d'aller rouler en tout cas. Certains sont partis se ravitailler à l'Inter de Meymac (15 km) qui fait son CA annuel en un seul WE.
Sur place, ça rigole, ça frissonne, ça picole, ça fait des ronds dans la neige et ça s'autocongratule entre vrais motards à la dure
Il y a énormément de sidecars (en même temps la neige et la boue c'est leur seule occasion de briller, les pauvres) et étonnamment on trouve tous les types de motos: des routières, des trails, des roadsters, quelques enduros, 1 ou 2 scooters, ... Des flambants neuves, des vieux machins, des semi-épaves, des sides couverts d'autocollants de toutes les concentres imaginables... Des bricolages pour l'occasion ou des voyageuses optimisées au poil de cul. J'ai vu très peu de sportivo-sportives par contre. Des gros ou très gros cubes, et des mobylettes de 50 kg.
Maca, j'ai même vu une Voxan, la photo t'est dédicacée
Dans la nuit de vendredi il a fait -5°c parait-il; il faut croire que des esprits malades se sont levés en pleine nuit pour vérifier s'ils pissaient encore liquide
Samedi on a eu du léger positif (3°c). Il a fait clair toute la journée, c'était bien sympa pour faire le tour du camp, papoter à gauche et à droite, et Gabin j'ai même retrouvé les deux Nordistes que tu as secourus à Paris (ils étaient 3, et effectivement le mec fait bien ses 130 kg ). Je leur ai passé le bonjour. Le mec se bûche avec sa BMW à deux pas de l'Atelier du Roule-Toujours, il aurait pas pu mieux tomber!!
Nono va faire des ronds dans la neige avec sa DR650RS: le fumier ça a l'air marrant en fait , et effectivement je prends sa tondeuse pour mongoliser un chouia Avec une corde autour du pneu ar on a suffisamment de grip pour s'amuser.
Dommage que mon neiman soit gelé sinon j'aurais tenté avec la grosse vache Avec les E07 ça pouvait très bien marcher?
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Une vidéo du campement: https://www.facebook.com/lesmilleva [...] 614674708/
Je fais connaissance avec quelques autres Adventuristes qui me filent plein de conseils pour optimiser la Katoche C'est précieux. On se reverra p-ê sur le forum katoche...
On attend Creator toute la journée, d'abord avec curiosité puis avec inquiétude quand les heures passent Il finit par arriver vers 18h00 je crois? Glacé jusqu'aux os mais la banane dans le casque avec sa Ténéré chérie
Les gar.e.s avec qui on partage le feu lui font bien accueil, et la soirée commence avec la mise en commun de ce que chacun a apporté. Du chocolat et du péket au cuberdon pour moi, pâté en croûte pour Crea, de la bière pour nono, le jambon d'Aoste des mecs d'en face, du fromage d'un peu tout le monde, qui finit en fondue au fromage générale arrosée de vin de noix, etc. bref que du bon.
Mais il fait vraiment trop froid, bordel Le thermomètre repasse en négatif; les 1300 participants sont tous serrés autour de leur feu. C'est la fin des victuailles qui sonne la fin des réjouissances, et chacun rejoindra sa tente repu et bien fatigué.
Pendant la soirée on a reçu les prévisions météo du lendemain: une pluie verglaçante est pressentie pour 11h00 D'un côté c'est chiant de l'autre ça pourrait être pire, ça donne le temps de quitter les lieux avant que ça tombe. Naïfs que nous étions
Dimanche 07h00 dring dring. Ce bruit? ET OUAIS MEC C'EST LA PLUIE J'essaie d'abord la tactique du "c'est juste passager, dans une heure c'est passé". Ma tactique échoue lamentablement quand les rafales glacées heurtent de plus belle ma toile de tente. Je sens ma santé mentale crouler progressivement sous les coups de boutoir de Mère Nature: rouler une journée de plus avec des gants trempés et froids?
Le démontage des tentes/sanglage du barda se fait sous les bourrasques d'eau froide, c'est très amusant. D'ailleurs Nono devra recommencer, avec les mains gelées c'est pas évident de faire du bon travail
La Ténéré démarre du premier coup, et Crea se barre comme un prince, il a hâte d'aller mourir dans un fossé du Massif central j'imagine.
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Les nostalgiques des embouteillages seraient ravis, l'entrée du bivouac est devenu un goulet à motards pressés d'avancer mais bloqués par leurs semblables. Bison Gelé n'avait pas prévu ce coup-là.
J'ai trouvé plus lent encore que Microminus pour faire ses bagages Nono fait la navette entre le feu et le rangement de son stuff, et je remarque que les arrêts "feu" se multiplient Perso mon rangement se passe sans souci et je finis par l'attendre à l'Abreuvoir, la tente-bar à l'entrée du camp. 30 minutes après: toujours pas de nouvelles, je retourne voir et sa tente est encore debout Mille excuses pour les noms d'oiseaux qui ont volé mais j'avais vraiment froid à ce moment et je voulais prendre le départ ASAP
La Katoche démarre du premier coup après quasi 36 heures de t° négatives et les E07 m'arrachent sans problème à la boue/neige du campement. Running D et moi voguons de conserve sur 30 km jusqu'à la Dé Neuf Nonante pour une photo de circonstance avant de se séparer.
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Ce fut une journée difficile au début: gants et bottes re-mouillés après moins d'une heure de flotte (moins que jeudi/vendredi comême), et une météo inconnue pour les prochains 800 km
Revenus dans les 300-400 m d'altitude, la t° est remontée dans les 7-8°c et il pleut beaucoup moins que craint. J'enquille les km à bonne allure, en mode sinueux vers Villechétive. Cette fois je profite bien mieux de la moo et des paysages
Dimanche je ferai tout le trajet en mode sinueux, le pied! A midi c'est un pique-nique léger à Cérilly (Le naturaliste François Péron (1775-1810) y est né et décédé).
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Peu avant 18h00 j'arrive à Villechétive; je traverse des bois et je repère plusieurs chemins de traverse où je pourrais aller m'abimer pour camper à l'abri des regards. L'un d'entre eux m'accueillera pour la nuit.
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Aujourd'hui lundi, j'ai refait presque à l'identique le chemin aller à travers la Champagne puis le Namurois, et pour la première fois depuis 5 jours j'ai droit à des gants complètement secs pour rouler
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Le GPS me fait entrer en Gelbique par Couvin, puis par des routes complètement défoncées que j'aurais prises 30 km/h moins vite en Versys ( eviv MTK) puis par des routes tortueuses que je n'avais jamais vues à même pas 10 km de ma maison
A défaut de #pullmoche, j'ai un @chapeaumoche
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Vive la moto, vive KTM et vivement qu'il fasse meilleur pour continuer à rouler Bisous à mes deux compagnons de galère.
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You're gonna need a bigger ziptie.