Forum |  HardWare.fr | News | Articles | PC | S'identifier | S'inscrire | Shop Recherche
3071 connectés 

 


Quels sont pour vous les trois livres de philo à lire pour un honnête homme ?


 
15.4 %
 273 votes
1.  "La république" de Platon
 
 
6.7 %
 119 votes
2.  "La métaphysique" d'Aristote
 
 
15.7 %
 279 votes
3.  "l'Ethique" de Spinoza
 
 
1.5 %
    27 votes
4.  "Essai de théodicée" de Leibniz
 
 
15.0 %
 266 votes
5.  "Critique de la raison pure" de Kant
 
 
17.8 %
 315 votes
6.  "Par delà le bien et le mal" de Nietzsche
 
 
5.9 %
 105 votes
7.  "L'évolution créatrice" de Bergson
 
 
6.4 %
 113 votes
8.  "Etre et temps" d'Heidegger
 
 
7.5 %
 133 votes
9.  "Qu'est-ce que la philosophie" de Gilles Deleuze
 
 
8.1 %
 144 votes
10.  "Moi, ma vie, mon oeuvre" de obiwan-kenobi
 

Total : 2656 votes (882 votes blancs)
Sondage à 3 choix possibles.
Ce sondage est clos, vous ne pouvez plus voter
 Mot :   Pseudo :  
  Aller à la page :
 
 Page :   1  2  3  4  5  ..  65  66  67  ..  340  341  342  343  344  345
Auteur Sujet :

Philo @ HFR

n°9056780
neojousous
Posté le 28-07-2006 à 13:26:18  profilanswer
 

Reprise du message précédent :

rahsaan a écrit :

>neo : Très bien pour les citations de Spinoza. :)
 
Durée et simultanéité, où les thèses d'Einstein sont discutées, n'est qu'un ouvrage de Bergson, et peut-être pas le plus convaincant.  
Certaines thèses de l'Evolution créatrice ont peut-être vieilli (on ne parle plus d'instinct en biologie de nos jours) mais il demeure un penseur extrêmement puissant. Matière et mémoire est un livre difficile d'accès, quoiqu'il n'ait pas pris une ride, tandis que La pensée et le mouvant est très abordable. :)


 
D'accord, tu peux expliquer en quelques phrases, les thèses qu'il défend dans chacun de ces ouvrages ?

mood
Publicité
Posté le 28-07-2006 à 13:26:18  profilanswer
 

n°9056844
Profil sup​primé
Posté le 28-07-2006 à 13:32:13  answer
 

rahsaan a écrit :

Hé bien c'est qu'il y a quelque chose dans la vie ou dans la philo que tu n'as pas encore compris et le jour où tu auras compris, tu verras que la philo ne parle que de notre monde. ;)
Qui plus est, comment peux-tu, à ce moment-là, prendre la philo pour un cas pratique de ta vie ??  :??:


 
 
Ce que j'ai compris dans ma vie , je crois que c un peu comme Spinoza que dans la vie , il y a une source d'amour quotidienne dans chaque personne et dans chaque chose ...

n°9056853
rahsaan
Posté le 28-07-2006 à 13:33:26  profilanswer
 

neojousous a écrit :

D'accord, tu peux expliquer en quelques phrases, les thèses qu'il défend dans chacun de ces ouvrages ?


 
Tu me lances un défi, gamin ? :o
 
:D
 
Dans Matière et mémoire, Bergson montre que la mémoire est à l'interaction de la matière et de l'esprit, du cérébral et du mental. Il montre que le cerveau n'est pas d'abord un organe de représentation du monde, mais un organe qui prépare notre action sur les choses. Le monde est l'ensemble de toutes les images-mouvements et parmi ces images, certaines sont singulières pour moi en ce qu'elles sont mon corps. Et vivre, c'est imprimer et recevoir des mouvements. Quand je regarde les choses, je ne cherche pas en général à les contempler, mais à préparer mon action sur elle, c'est à dire à anticiper sur les mouvements que je vais leur imprimer. Le cerveau est ainsi défini comme l'organe de l'attention à la vie.  
 
Dans l'Evolution créatrice, Bergson montre comment l'élan vital progresse de la vie la plus simple et la plus inconsciente à la vie la plus riche, la plus complexe, la plus intense et la plus consciente. Il intègre à sa philosophie l'évolutionnisme biologique et en fait un thème de compréhension philosophique.  
 
La pensée et le mouvant est un recueil de textes de méthodes, parmi lesquels celui appelé Le possible et le réel, le plus célèbre et que j'ai utilisé dans mon texte ci-dessus, où est dénoncé l'illusion de la notion de possible. D'autres textes montrent que la métaphysique n'a pas pour but de nous faire comprendre les essences éternelles, immobiles et dernières du monde, mais d'épouser le mouvement continu, changeant de notre vie, c'est à dire la durée même que nous sommes.
 
Na.  :p


---------------
Mon roman d'anticipation, L'I.A. qui m'aimait : https://tinyurl.com/mtz2p872 | Blog ciné/JV : http://cinecourt.over-blog.com
n°9056906
neojousous
Posté le 28-07-2006 à 13:41:02  profilanswer
 

Merci m'sieur !
 
Quand tu dis de la mémoire qu'elle est "à l'interaction de la matière et de l'esprit, du cérébral et du mental", cela signifie que Bergson avait une vision dualiste ? D'un côté la matière, de l'autre l'esprit ? Ou que la mémoire était un processus permettant à l'esprit d'émerger de la matière ?

n°9056962
hephaestos
Sanctis Recorda, Sanctis deus.
Posté le 28-07-2006 à 13:45:55  profilanswer
 

Le dualisme de propriétés est un fait qu'il faut expliquer : on perçoit le monde matériel à travers notre esprit.
 
Certains l'expliquent par un dualisme de substance (Descartes). D'autres y voient un leurre compatible avec un monde matériel composé d'une seule substance. Bergson en faisait partie, il me semble.


Message édité par hephaestos le 28-07-2006 à 13:46:28
n°9057332
rahsaan
Posté le 28-07-2006 à 14:14:26  profilanswer
 

neojousous a écrit :

Merci m'sieur !
 
Quand tu dis de la mémoire qu'elle est "à l'interaction de la matière et de l'esprit, du cérébral et du mental", cela signifie que Bergson avait une vision dualiste ? D'un côté la matière, de l'autre l'esprit ? Ou que la mémoire était un processus permettant à l'esprit d'émerger de la matière ?


 
Bergson ne travaille pas tant sur l'opposition vie / matière, cérébral / mental, dynamique / inerte, que sur l'émergence de l'un à partir de l'autre.  
La vie sort de la matière inerte, parce qu'elle est un élan dynamique qui travaille la matière pour se réaliser de plus en plus pleinement.  
Bergson dit par exemple dans Matière et mémoire (surnommé M&M par les spécialistes  :lol: ) qu'il y a plus dans l'état mental que dans l'état cérébral.  
C'est un enjeu important des recherches en neurologie.  
Changeux dit qu'avec une caméra à positon, on peut étudier l'état cérébral d'une personne. D'où ensuite le projet de pouvoir déduire des observations cérébrales l'état mental de la personne.  
ex : "cette aire neuronale est activée et pas celle-là, donc il est triste."
 
Mais pour Bergson, l'état mental, quoiqu'inacessible à l'observation scientifique, est plus riche que l'état cérébral. Donc on ne peut pas déduire entièrement ce que ressens la personne de l'aire cérébrale mise en jeu.  
 
Dans le livre de dialogue entre Changeux et Ricoeur, déjà mentionné dans ce topic (La Nature et la règle), les deux auteurs en viennent à parler de la célèbre "nuit de feu" de Pascal : expérience mystique de l'auteur des Pensées, de rencontre fusionnelle avec l'amour infini de l'esprit divin.  
Pascal en conserva la trace en écrivant un texte qu'il cousut dans la doublure de son vêtement :  
"Joie, joie, joie, pleurs de joie.  
[...]  
Renonciation totale et douce.
Soumission totale à Jésus-Christ et à mon directeur.
Éternellement en joie pour un jour d'exercice sur la terre [...]"
 
Et Changeux, en bon scientifique, commente ce texte admirable en disant que Pascal devait, cette nuit-là, avoir certaines aires cérébrales drôlement actives, d'où des hallucinations de feu et de lumière !
D'où une réponse acerbe de Ricoeur : le Mémorial de Pascal, c'est quand même autre chose et plus qu'une histoire d'aires cérébrales !
 
Et Bergson, qui a étudié les mystiques (comme incarnations du pur élan de vie dans toute sa splendeur, toute son intensité) serait d'accord avec Ricoeur.  
 
 


---------------
Mon roman d'anticipation, L'I.A. qui m'aimait : https://tinyurl.com/mtz2p872 | Blog ciné/JV : http://cinecourt.over-blog.com
n°9057473
neojousous
Posté le 28-07-2006 à 14:23:52  profilanswer
 

Ce que tu décris (Changeux) est la thèse du physicalisme fort : la théorie de l'identité. J'avoue qu'elle me séduit pas mal (mais actuellement elle est peu défendue). J'hésite entre elle et le fonctionnalisme (plus à la mode actuellement : l'état de tristesse n'est pas l'activation de tel neurone, mais l'état logique, l'état causal implémenté par ce neurone par rapport aux autres neurones).
 
Donc chez Bergson il y a un élément mystique que l'on peut appeler "élan dynamique" ou "énergie vitaliste" ? Si c'est le cas, ça me gène un peu. J'ai du mal avec toutes les philosophies ayant un élément mystique. Même si il ya des pépites à trouver, ça gache un peu l'ensemble.

n°9057517
oceandepoe​sie75
Posté le 28-07-2006 à 14:26:51  profilanswer
 

Il y a un livre qui parle un peu de cela que je n'ai pas lu mais qui m'interesse vraiment. Ca rejoint le dialogue Changeux-Ricoeur, c'est Spinoza avait raison: joie et tristesse, le cerveau des émotions de A-R Damasio.

n°9057566
rahsaan
Posté le 28-07-2006 à 14:29:24  profilanswer
 

oceandepoesie75 a écrit :

Il y a un livre qui parle un peu de cela que je n'ai pas lu mais qui m'interesse vraiment. Ca rejoint le dialogue Changeux-Ricoeur, c'est Spinoza avait raison: joie et tristesse, le cerveau des émotions de A-R Damasio.


 
Ah oui, très bien. :)
 
Tiens, je vais faire mon Neojousous : tu peux nous résumer en 4-5 lignes la thèse de ce livre steuplé ?  :o


---------------
Mon roman d'anticipation, L'I.A. qui m'aimait : https://tinyurl.com/mtz2p872 | Blog ciné/JV : http://cinecourt.over-blog.com
n°9057594
neojousous
Posté le 28-07-2006 à 14:31:00  profilanswer
 

Bah quoi euh... ça aide un petit peu avant de mettre les pieds dans le vif du sujet non ?
Et puis c'est toujours bon pour le vernis culturel :D

mood
Publicité
Posté le 28-07-2006 à 14:31:00  profilanswer
 

n°9057681
rahsaan
Posté le 28-07-2006 à 14:37:14  profilanswer
 

neojousous a écrit :

Donc chez Bergson il y a un élément mystique que l'on peut appeler "élan dynamique" ou "énergie vitaliste" ? Si c'est le cas, ça me gène un peu. J'ai du mal avec toutes les philosophies ayant un élément mystique. Même si il ya des pépites à trouver, ça gache un peu l'ensemble.


 
Oui, tout à fait, le mysticisme est pour Bergson la manifestation la plus haute qui soit de l'élan vital.  
Mystique qui, selon notre auteur, demeure contemplative dans l'hindouisme par ex. , où il s'agit d'un abandon du monde, d'une perte dans l'impermanence et le néant.  
Mais mystique qui trouve son plein accomplissement dans la mystique chrétienne, car elle est alors mystique dynamique. La démocratie est selon Bergson le produit de cet élan de liberté, d'amour qui nous porte vers la réalisation de l'humanité pleine et entière.  
 
Ce qui te gêne, c'est qu'il y aurait une énergie mystique "cachée" en nous. Mais ce n'est pas ce que dit Bergson.  
Dors et déjà on peut dire que la science n'a de toute façon pas à prendre compte de tels phénomènes.  
Mais Bergson n'est pas l'apologue de la religion en ce que, comme le dénonce Lucrèce, elle terrorise les hommes en les soumettant à la superstition.  
Le problème de l'élan vital c'est tout autant celui d'une dynamique qui s'incarne dans une matière inerte et la transforme de l'intérieur que d'une matière statique qui devient dynamique.  
La mystique décuple et révèle les virtualités (encore elles) à l'oeuvre dans cette vie. Il ne s'agit pas d'atteindre un autre monde mais de bouleverser celui-ci.  
Cet élément mystique n'a pas à être pris en compte dans la recherche scientifique. Mais Bergson, tout en montrant que sciences et métaphysique doivent collaborer, refuse de réduire toute connaissance à la connaissance scientifique. Il s'agit seulement de défendre les droits et les pouvoirs de la philosophie en montrant qu'elle est autonome.  ;)


---------------
Mon roman d'anticipation, L'I.A. qui m'aimait : https://tinyurl.com/mtz2p872 | Blog ciné/JV : http://cinecourt.over-blog.com
n°9058396
Profil sup​primé
Posté le 28-07-2006 à 15:26:52  answer
 

Et pour moi ? :'(

n°9058655
neojousous
Posté le 28-07-2006 à 15:41:58  profilanswer
 

Mouai, pour moi c'est de la connerie, désolé si je vous choque.
C'est pas parceque le mystique échappe à la science, qu'il faut le postuler. On s'en passe très bien, je vois pas l'intérêt de rentrer dans de tels délires, sauf sous une perspective poétique, imaginative, créatrice.
L'autonomie de la philosophie me donne envie de dire qu'une chose : vivement la mort du philosophe.

Message cité 1 fois
Message édité par neojousous le 28-07-2006 à 15:45:33
n°9058676
rahsaan
Posté le 28-07-2006 à 15:43:06  profilanswer
 


 
C'est pas spinoziste de pleurer. :o
 
 
 
Chaque être est conatus, c'est à dire tendance à perséverer dans son être et à accroître sa puissance.  
Spinoza appelle désir cette persévérance et appétit ce désir en tant que j'en ai conscience.  
 
La joie est le passage à une perfection plus grande, c-à-d une augmentation de mon conatus.  
La tristesse est au contraire un amoindrissement de ma puissance d'être.  
 
L'amour est alors défini comme la joie qu'accompagne l'idée d'une cause extérieure : amour pour une chose qui me cause de la joie.  
Au contraire, la haine est la tristesse qu'accompagne l'idée d'une cause extérieure. Je hais ce qui m'affaiblit.  
 
Or quand j'éprouve de l'amour, c'est que Dieu est affecté de l'idée d'amour.  
Ce qui ne signifie pas que je suis Dieu, car je ne suis qu'une affection de la substance divine. La substance divine comprend une infinité de modes et je ne suis qu'un seul de ces modes (et j'exprime mon essence sous deux attributs, la pensée et l'étendue).  
 
Or Dieu produit les choses comme il les conçoit et réciproquement. Mais comme Dieu est absolument et infiniment parfait, il ne peut passer passer à une perfection plus grande, ni plus petite. Donc il n'éprouve ni joie ni tristesse.  
En revanche, Spinoza peut dire, en Ethique V, que Dieu s'aime lui-même d'un amour infini, ce qui resterait à expliquer.  
Mais pour finir de te répondre, chaque personne peut être créatrice de joie, donc d'amour pour soi et les autres, car Dieu lui-même est amour infini.  ;)  


---------------
Mon roman d'anticipation, L'I.A. qui m'aimait : https://tinyurl.com/mtz2p872 | Blog ciné/JV : http://cinecourt.over-blog.com
n°9058765
Profil sup​primé
Posté le 28-07-2006 à 15:47:52  answer
 
n°9058805
rahsaan
Posté le 28-07-2006 à 15:49:55  profilanswer
 

neojousous a écrit :

Mouai, pour moi c'est de la connerie, désolé si je vous choque.
C'est pas parceque le mystique échappe à la science, qu'il faut le postuler. On s'en passe très bien, je vois pas l'intérêt de rentrer dans de tel délire, sauf sous une perspective poétique, imaginative, créatrice.
L'autonomie de la philosophie me donne envie de dire qu'une chose : vivement la mort du philosophe.


 
 [:maestro]  
La science moderne existe depuis 4 siècles. La philosophie depuis 2500 ans. Alors philosophera bien qui philosophera le dernier. :D
 
Et la science fonde sa légitimité sur ce postulat que la vérité est bonne à connaître. Ce qui n'est pas une proposition scientifique mais un choix moral, un choix axiologique.  
Connaître rationnellement des phénomènes, c'est passionnant, mais il y a d'autres choses dans la vie. Et le scientifique est bien confronté à un moment ou à un autre à des questions métaphysiques, notamment de déterminer quelle est la validité de son savoir, s'il touche à l'essence ultime de la Nature ou à une apparence phénoménale, si son mode de connaître est le seul possible etc.  
 
Comme le dit Pierre Duhem, citant Pascal : "Nous avons une impuissance de prouver invincible à tout le Dogmatisme ; nous avons une idée de la vérité invincible à tout le Pyrrhonisme." ;)

Message cité 2 fois
Message édité par rahsaan le 28-07-2006 à 15:52:38

---------------
Mon roman d'anticipation, L'I.A. qui m'aimait : https://tinyurl.com/mtz2p872 | Blog ciné/JV : http://cinecourt.over-blog.com
n°9058837
rahsaan
Posté le 28-07-2006 à 15:51:12  profilanswer
 


 
C'est Dieu qui est ultimement source d'amour.  
Produire de la joie, c'est vivre sous le commandement de la Raison.


---------------
Mon roman d'anticipation, L'I.A. qui m'aimait : https://tinyurl.com/mtz2p872 | Blog ciné/JV : http://cinecourt.over-blog.com
n°9058876
Profil sup​primé
Posté le 28-07-2006 à 15:53:28  answer
 

rahsaan a écrit :

C'est Dieu qui est ultimement source d'amour.  
Produire de la joie, c'est vivre sous le commandement de la Raison.


 
 
Mais ce que je viens de dire c un peu Spinoiste , non ?

n°9058893
rahsaan
Posté le 28-07-2006 à 15:54:16  profilanswer
 


 
Oui. :)
Mais je t'expliquais en tâchant de rendre plus précisément ce que dit Spinoza.


---------------
Mon roman d'anticipation, L'I.A. qui m'aimait : https://tinyurl.com/mtz2p872 | Blog ciné/JV : http://cinecourt.over-blog.com
n°9058910
Profil sup​primé
Posté le 28-07-2006 à 15:55:26  answer
 

rahsaan a écrit :

Oui. :)
Mais je t'expliquais en tâchant de rendre plus précisément ce que dit Spinoza.


 
 
Merchi . Je relira cela au calme parce que j'ai du mal la :/

n°9059121
neojousous
Posté le 28-07-2006 à 16:08:12  profilanswer
 

rahsaan a écrit :

[:maestro]  
La science moderne existe depuis 4 siècles. La philosophie depuis 2500 ans. Alors philosophera bien qui philosophera le dernier. :D
 
Et la science fonde sa légitimité sur ce postulat que la vérité est bonne à connaître. Ce qui n'est pas une proposition scientifique mais un choix moral, un choix axiologique.  
Connaître rationnellement des phénomènes, c'est passionnant, mais il y a d'autres choses dans la vie. Et le scientifique est bien confronté à un moment ou à un autre à des questions métaphysiques, notamment de déterminer quelle est la validité de son savoir, s'il touche à l'essence ultime de la Nature ou à une apparence phénoménale, si son mode de connaître est le seul possible etc.  
 
Comme le dit Pierre Duhem, citant Pascal : "Nous avons une impuissance de prouver invincible à tout le Dogmatisme ; nous avons une idée de la vérité invincible à tout le Pyrrhonisme." ;)


 
Je trouve ça dommage, voir idiot de comparer science et philosophie, genre qui est né le premier, qui a créé qui, etc... C'est évident que la philosophie est à l'origine de tout. Mais actuellement, la philo stagne, elle est dépassée par les sciences qu'elle a enfanté, incapable de suivre, et elle se réfugie dans des conneries style "la science ne pense pas", ou dans le mystique. C'est tellement plus facile d'ignorer les enseignements de la sciences, que de les utiliser pour développer de nouvelles philosophies.
Quand j'espère la mort du philosophe, j'espère la mort du philosophe malade, aigri, perdu dans son coin à ressasser les heures de gloire passé, ignoré de tous. En d'autres termes j'attend avec impatience le déploiement de nouveaux philosophes en accord avec leur époque, qui ayant à la fois une connaissance de l'histoire de la philosophie, aient également une connaissance du monde dans lequel ils vivent. On aura beau dire, la meilleure source de connaissance, c'est les sciences. Je pense en particulier à la sociologie, la psychologie, la physique et la biologie. C'est bien beau tous les systèmes philosophiques se contredisant mais cela a beau être logiquement possible, cela est contraire à l'enseignement des sciences.
J'espère qu'un jour les philosophes auront obligatoirement une formation scientifique.
 
EDIT : et c'est totalement faux que "Et la science fonde sa légitimité sur ce postulat que la vérité est bonne à connaître. ". La science n'est pas fondé sur un postulat axiologique, mais sur un postulat méthodologique. Elle donne une méthode permettant d'obtenir de l'information. Elle ne stipule aucunement que cette information est bonne ou mauvaise. Elle ne stipule pas ce qu'est une théorie ou un modèle scientifique, elle les construit point barre. Et ignorer les enseignements de ces modèles, tout en sachant les relativiser et connaissant leurs limites, est bien dommage.

Message cité 2 fois
Message édité par neojousous le 28-07-2006 à 16:17:04
n°9059132
Profil sup​primé
Posté le 28-07-2006 à 16:08:59  answer
 

Mais la philo est une science ?

n°9059334
rahsaan
Posté le 28-07-2006 à 16:26:07  profilanswer
 

neojousous a écrit :

On aura beau dire, la meilleure source de connaissance, c'est les sciences. Je pense en particulier à la sociologie, la psychologie, la physique et la biologie.


 
Heidegger dit exactement le contraire.  
La réalité de ce que nous sommes, à savoir le Dasein, n'est pas accessible aux sciences ; et la philosophie constitue quelque chose d'ultime et d'absolu, qui ne peut, au bout du compte, que compter sur soi et pas sur d'autres domaines.  
 
Ce qui n'enlève rien à l'obligation de connaître les sciences de son temps, oui, mais aussi les techniques, les arts, la morale, la religion, la politique... Seulement la philosophie, loin d'être une sorte de collage de tous ses domaines, en un patchwork bizarre et sans unité, s'intéresse à l'unité fondamentale, réelle, au sein de laquelle ces différents domaines se déploient.  
 
La philosophie n'est jamais, somme toute, que l'intelligence du réel selon ce qu'il est et selon ce qu'il devient.  
On n'a pu dire aussi qu'elle était la science des problèmes résolus (Canguilhem), ou encore l'éducation de l'adulte, et en donner mille autres définitions, toutes valables.  
Quoiqu'il en soit, l'activité philosophique, qui est la pensée par concept, a sa propre validité, irréductible à l'activité scientifique.  
 

neojousous a écrit :

EDIT : et c'est totalement faux que "Et la science fonde sa légitimité sur ce postulat que la vérité est bonne à connaître. ". La science n'est pas fondé sur un postulat axiologique, mais sur un postulat méthodologique. Elle donne une méthode permettant d'obtenir de l'information. Elle ne stipule aucunement que cette information est bonne ou mauvaise. Elle ne stipule pas ce qu'est une théorie ou un modèle scientifique, elle les construit point barre. Et ignorer les enseignements de ces modèles, tout en sachant les relativiser et connaissant leurs limites, est bien dommage.


 
Je rapportais des propos de Jacques Monod, au début de Le hasard et la nécessité.
 
Et tes propos m'amènent à poser une série de questions :  
- Le scientifique, construisant des modèles, ne doit-il pas s'interroger sur leur nature, sur leur validité ?... sans quoi la science reste vide d'âme et rien ne prouve que ses modèles valent mieux qu'un modèle astrologique (ce que je ne pense pas, hein).  
- Si on ignore si cette information est bonne ou mauvaise, pourquoi la rechercher ? pourquoi la préférer à une autre ?... Au moins l'astrologie nous dit que ses informations sont bonnes pour notre vie quotidienne !  
 
Enfin, un postulat méthodologique est toujours aussi axiologique : "il faut suivre une bonne méthode afin de trouver." Aucune pratique, scientifique ou autre, ne peut exister sans reposer sur un postulat axiologique, conscient ou non. Pas de pratique humaine possible sans un minimum de conscience accompagnant cette pratique. Le scientifique n'est pas une machine programmée pour fabriquer des modèles et des informations.

Message cité 1 fois
Message édité par rahsaan le 28-07-2006 à 16:30:01

---------------
Mon roman d'anticipation, L'I.A. qui m'aimait : https://tinyurl.com/mtz2p872 | Blog ciné/JV : http://cinecourt.over-blog.com
n°9059442
neojousous
Posté le 28-07-2006 à 16:37:02  profilanswer
 

rahsaan a écrit :

Heidegger dit exactement le contraire.  
La réalité de ce que nous sommes, à savoir le Dasein, n'est pas accessible aux sciences ; et la philosophie constitue quelque chose d'ultime et d'absolu, qui ne peut, au bout du compte, que compter sur soi et pas sur d'autres domaines.  
 
Ce qui n'enlève rien à l'obligation de connaître les sciences de son temps, oui, mais aussi les techniques, les arts, la morale, la religion, la politique... Seulement la philosophie, loin d'être une sorte de collage de tous ses domaines, en un patchwork bizarre et sans unité, s'intéresse à l'unité fondamentale, réelle, au sein de laquelle ces différents domaines se déploient.  
 
La philosophie n'est jamais, somme toute, que l'intelligence du réel selon ce qu'il est et selon ce qu'il devient.  
On n'a pu dire aussi qu'elle était la science des problèmes résolus (Canguilhem), ou encore l'éducation de l'adulte, et en donner mille autres définitions, toutes valables.  
Quoiqu'il en soit, l'activité philosophique, qui est la pensée par concept, a sa propre validité, irréductible à l'activité scientifique.  
 
 
 
Je rapportais des propos de Jacques Monod, au début de Le hasard et la nécessité.
 
Et tes propos m'amènent à poser une série de questions :  
- Le scientifique, construisant des modèles, ne doit-il pas s'interroger sur leur nature, sur leur validité ?... sans quoi la science reste vide d'âme et rien ne prouve que ses modèles valent mieux qu'un modèle astrologique (ce que je ne pense pas, hein).  
- Si on ignore si cette information est bonne ou mauvaise, pourquoi la rechercher ? pourquoi la préférer à une autre ?... Au moins l'astrologie nous dit que ses informations sont bonnes pour notre vie quotidienne !
 
Enfin, un postulat méthodologique est toujours aussi axiologique : "il faut suivre une bonne méthode afin de trouver." Aucune pratique, scientifique ou autre, ne peut exister sans reposer sur un postulat axiologique, conscient ou non. Pas de pratique humaine possible sans un minimum de conscience accompagnant cette pratique. Le scientifique n'est pas une machine programmée pour fabriquer des modèles et des informations.


 
C'est précisément l'un des rôles du philosophe que de répondre à ces questions, qui ne peut se passer d'être en partie philosophe des sciences. Tout cela c'est le rôle du philosophe, donc inutile d'avoir peur, on aura toujours besoin de philosophes. Mais de philosophes compétents.
 
EDIT : et pour Heidegger deux possibilités : soit on considère qu'il a atteint un summum de métaphysique. Soit on considère, qu'il a fait la métaphysique la plus creuse qu'on puisse trouver. J'opte pour la 2eme interprétation.
 
EDIT 2 : pour se mettre d'accord, on pourrait définir le rôle du philosophe de la manière à Deleuze, comme la production de concepts. Mais pour cela, les concepts doivent êtres produits en fonction des problèmes soulevé par le paradigme dans lequel vit le philosophe. Et ce paradigme est modelé par les sciences, au moins partiellement.

Message cité 1 fois
Message édité par neojousous le 28-07-2006 à 16:43:23
n°9059543
rahsaan
Posté le 28-07-2006 à 16:43:14  profilanswer
 

neojousous a écrit :

C'est précisément l'un des rôles du philosophe, qui ne peut se passer d'être en partie philosophe des sciences. Tout cela c'est le rôle du philosophe, donc inutile d'avoir peur, on aura toujours besoin de philosophes. Mais de philosophes compétents.


 
Marrant, d'habitude les scientifiques sont outrés quand le philosophe prétend se poser là comme indispensable à une réflexion sur les sciences ! :D
 
Je ne pense pas que le rôle du philosophe soit, essentiellement, d'être une réflexion sur les pratiques scientifiques ni même sur les pratiques humaines. La philosophie n'est pas plus contemplation que réflexion, dit Deleuze : elle est création de concepts.  
Sans doute que les sciences ont besoin de grands chercheurs éclairés, comme Jacob, Monod ou bien d'autres, qui sachent rendre compte de leur pratique et éclairer les buts et les enjeux de la science.  
 
Toutefois, ce n'est pas le besoin de réfléchir sur les sciences qui justifient le besoin de philosophie.  
Pour autant que la philosophie doive être un besoin, et qu'il soit nécessaire d'en justifier l'existence.
 

neojousous a écrit :

EDIT : et pour Heidegger deux possibilités : soit on considère qu'il a atteint un summum de métaphysique. Soit on considère, qu'il a fait la métaphysique la plus creuse qu'on puisse trouver. J'opte pour la 2eme interprétation.


 
Je ne t'étonnerai certainement pas en disant que j'opte pour la 1ere ! :D
Ce qui ne signifie pas que Heidegger prétende qu'on doive se passer des sciences, ça non !  
Il traite longuement de Von Uexkull par exemple, dans les Concepts fondamentaux de la métaphysique. Mais l'éthologie lui sert à poser une question philosophique : quelle est le mode d'être au monde de l'animal par rapport à l'homme ?
 

neojousous a écrit :

EDIT 2 : pour se mettre d'accord, on pourrait définir le rôle du philosophe de la manière à Deleuze, comme la production de concepts. Mais pour cela, les concepts doivent êtres produits en fonction des problèmes soulevé par le paradigme dans lequel vit le philosophe. Et ce paradigme est modelé par les sciences, au moins partiellement.


 
En effet. :)
Mais connaitrions tous les aspects d'un paradigme donné (artistiques, religieux, scientifiques...) que nous n'aurions pas encore fait un pas en philosophie.

Message cité 2 fois
Message édité par rahsaan le 28-07-2006 à 16:46:29

---------------
Mon roman d'anticipation, L'I.A. qui m'aimait : https://tinyurl.com/mtz2p872 | Blog ciné/JV : http://cinecourt.over-blog.com
n°9059586
hephaestos
Sanctis Recorda, Sanctis deus.
Posté le 28-07-2006 à 16:45:50  profilanswer
 

rahsaan a écrit :


Et la science fonde sa légitimité sur ce postulat que la vérité est bonne à connaître.


 
 
Comme dirait Spinoza, l'idée d'une chose vraie ne peut pas être mauvaise en tant qu'elle est vraie.
 
Par ailleurs, ta remarque est fausse. La science ne postule pas qu'elle est bonne, et les scientifiques sont pour la plupart (hum) conscients que la vérité peut être mauvaise (non pas en tant qu'elle est vraie, mais pour d'autres raisons éventuellement).

n°9059634
rahsaan
Posté le 28-07-2006 à 16:49:02  profilanswer
 

hephaestos a écrit :

Par ailleurs, ta remarque est fausse. La science ne postule pas qu'elle est bonne, et les scientifiques sont pour la plupart (hum) conscients que la vérité peut être mauvaise (non pas en tant qu'elle est vraie, mais pour d'autres raisons éventuellement).


 
Dans quels cas par ex ?  
Et dans ces cas, la science devrait-elle se faire un devoir de mentir ? :o
 
On peut imaginer le cas d'un vulcanologue qui sait qu'une éruption va se produire. Il sait pertinemment qu'avertir la population est inutile, car on ne pourrait déménager tout le monde et cela créérait un mouvement de panique généralisé.  
Bon, mais ne va t-il pas au moins avertir sa famille ?  
- Chérie, si on partait en WE, la semaine prochaine ? [:prodigy]... Oui, avec les enfants... Et puis ta mère aussi. Oui oui je t'assure !... Et puis nos cousins, nos grandes tantes, les voisins...


---------------
Mon roman d'anticipation, L'I.A. qui m'aimait : https://tinyurl.com/mtz2p872 | Blog ciné/JV : http://cinecourt.over-blog.com
n°9059658
rahsaan
Posté le 28-07-2006 à 16:50:27  profilanswer
 

rahsaan a écrit :

En effet. :)
Mais connaitrions tous les aspects d'un paradigme donné (artistiques, religieux, scientifiques...) que nous n'aurions pas encore fait un pas en philosophie.


 
Ou plutôt : c'est déjà faire de la philosophie que d'interroger ces domaines en tant que tels, et dans leur articulation.


---------------
Mon roman d'anticipation, L'I.A. qui m'aimait : https://tinyurl.com/mtz2p872 | Blog ciné/JV : http://cinecourt.over-blog.com
n°9059661
neojousous
Posté le 28-07-2006 à 16:50:37  profilanswer
 

rahsaan a écrit :

Marrant, d'habitude les scientifiques sont outrés quand le philosophe prétend se poser là comme indispensable à une réflexion sur les sciences ! :D


 
 
Bah je fais pas l'apologie des scientifiques hein... ils ont leurs défauts. Je fais l'apologie des philosophes ayant des connaissances scientifiques, et donc en somme des philosophes qui sont des scientifiques.
 

rahsaan a écrit :


Je ne pense pas que le rôle du philosophe soit, essentiellement, d'être une réflexion sur les pratiques scientifiques ni même sur les pratiques humaines. La philosophie n'est pas plus contemplation que réflexion, dit Deleuze : elle est création de concepts.  
Sans doute que les sciences ont besoin de grands chercheurs éclairés, comme Jacob, Monod ou bien d'autres, qui sachent rendre compte de leur pratique et éclairer les buts et les enjeux de la science.  


 
Je pense que c'est l'un des rôle du philosophe, mais pas son unique rôle en effet.
Si un certain philosophe avait ignoré la révolution copernicienne, je ne pense pas que sa philosophie aurait été la même. Sans la relativité, Bergson n'aurait pas produit la même philosophie (bon je parle juste de sa conception du temps  là, le reste je connais pas).
Pour Deleuze, bah c'est ce que je viens de dire lol, j'avais raison de dire qu'on serait peut-être d'accord à ce niveau.
 

rahsaan a écrit :


Toutefois, ce n'est pas le besoin de réfléchir sur les sciences qui justifient le besoin de philosophie.  
Pour autant que la philosophie doive être un besoin, et qu'il soit nécessaire d'en justifier l'existence.


 
Je pense que la philosophie se justifierait plutôt pour des raisons psychologiques, je dirai  même pathologiques si je voulais foutre un peu plus la zone. :D
 
 

n°9059705
hephaestos
Sanctis Recorda, Sanctis deus.
Posté le 28-07-2006 à 16:54:05  profilanswer
 

rahsaan a écrit :

Dans quels cas par ex ?  
Et dans ces cas, la science devrait-elle se faire un devoir de mentir ? :o
 
On peut imaginer le cas d'un vulcanologue qui sait qu'une éruption va se produire. Il sait pertinemment qu'avertir la population est inutile, car on ne pourrait déménager tout le monde et cela créérait un mouvement de panique généralisé.  
Bon, mais ne va t-il pas au moins avertir sa famille ?  
- Chérie, si on partait en WE, la semaine prochaine ? [:prodigy]... Oui, avec les enfants... Et puis ta mère aussi. Oui oui je t'assure !... Et puis nos cousins, nos grandes tantes, les voisins...


Ce cas là, par exemple. Ici, c'est plutôt du journalisme que de la science, mais enfin...
 
Il y a des choses plus fondamentales. Expliquer aux hommes qu'ils peuvent être tels qu'ils sont sans âme ni rien qui soit immatériel, que leur vie est cohérente sans rien aprés la mort, qu'à aucun moment Dieu n'est nécessaire ni même utile pour comprendre et expliquer le monde. Ca, c'est un travail de scientifique, et c'est dangereux. Je me garde bien souvent de dire ce que j'en pense, et préfère me réfugier dans le mensonge du 'chacun sa vérité', parce qu'en l'occurence, la vérité est source de conflit.
 
Par ailleurs, ce genre de connaissance peut être mauvaise même pour moi, j'aurais peut-être été plus heureux en ayant la conviction que j'irai ailleurs aprés ma mort, en fonction de mon mérite. Mais là, bien entendu, je ne peux pas décider de ce que je veux savoir avant de l'apprendre...

Message cité 1 fois
Message édité par hephaestos le 28-07-2006 à 17:03:51
n°9059789
hephaestos
Sanctis Recorda, Sanctis deus.
Posté le 28-07-2006 à 17:00:24  profilanswer
 

Outre la violence provocatrice des propos de Néojoujous, je suis entièrement d'accord avec lui sur le fait que la philosophie ne peut pas ignorer la science.
 
Savoir ce qu'on sait, c'est l'enseignement premier de la science, et on ne peut pas être philosophe sans se poser la question, et y répondre honnêtement. Il y a malheureusement 'un certain nombre' de philosophes qui ne saisissent pas la portée du "je ne suis sur que d'une chose, etc.". Je suis convaincu que la science (celle qui est enseignée à l'école, la laborieuse, où on met les mains dans le camboui) est le chemin le plus direct vers l'acceptation de son ignorance.

n°9059806
neojousous
Posté le 28-07-2006 à 17:01:34  profilanswer
 

hephaestos a écrit :

Comme dirait Spinoza, l'idée d'une chose vraie ne peut pas être mauvaise en tant qu'elle est vraie.
 
Par ailleurs, ta remarque est fausse. La science ne postule pas qu'elle est bonne, et les scientifiques sont pour la plupart (hum) conscients que la vérité peut être mauvaise (non pas en tant qu'elle est vraie, mais pour d'autres raisons éventuellement).


 
 
Je prendrais un exemple. Je suis actuellement en train de lire la correspondance du physicien Richard Feynman. On y trouve un certains nombre d'échanges à propos de la guerre froide et de la course à l'armement (les physiciens travaillent à l'époque sur le développement des armes atomiques).
Feynman répond à un scientifique qui lui a fait part de sa peur vis à vis de l'évolution du developpement de la physique la chose suivante : bon j'arrive pas à retrouver la lettre en question.   :??: En gros il répondait, que si ses collègues n'étaient pas inquiets, ils ne fallaient pas que cela l'epeche d'accroitre sa connaissance. Et que lui, si cela l'inquiètait, il devait s'informer, et militer pour ses idées.
Tout cela pour dire, que le scientifique à une responsabilité envers la société, mais simplement lorsqu'il sort de son labo. Il peut continuer à faire des sciences sans s'intéresser à ce qui se passe en dehors de son labo, simplement pour le plaisir d'apprendre, de manière purement égoïste (c'est pas très cool, mais c'est possible, et il y en a).

n°9059829
rahsaan
Posté le 28-07-2006 à 17:03:03  profilanswer
 

hephaestos a écrit :

Il y a des choses plus fondamentales. Expliquer aux hommes qu'ils peuvent être tels qu'ils sont sans âme ni rien qui soit immatériel, que leur vie est cohérente sans rien aprés la mort, qu'à aucun moment Dieu n'est nécessaire ni même utile pour comprendre et expliquer le monde. Ca, c'est un travail de scientifique, et c'est dangereux. Je me garde bien souvent de dire ce que j'en pense, et préfère me réfugier dans le mensonge du 'chacun sa vérité', parce qu'en l'occurence, la vérité est source de conflit.


 
C'est résumer en quelques lignes l'essentiel de la philosophie de Lucrèce, en tous cas. :D
Toutefois, j'estime au contraire que quelqu'un qui sait quelque chose a le devoir de le dire et n'a pas le droit de le garder pour lui, comme un privilège jaloux. La vérité est de l'ordre de l'universel, pas de la propriété privée.  
 
Mais entre reconnaître la vérité, parvenir à se l'avouer et oser la dire, il y a une grosse marge...  [:prodigy] On en est tous là.

Message cité 2 fois
Message édité par rahsaan le 28-07-2006 à 17:04:06

---------------
Mon roman d'anticipation, L'I.A. qui m'aimait : https://tinyurl.com/mtz2p872 | Blog ciné/JV : http://cinecourt.over-blog.com
n°9059831
neojousous
Posté le 28-07-2006 à 17:03:18  profilanswer
 

rahsaan a écrit :

Ou plutôt : c'est déjà faire de la philosophie que d'interroger ces domaines en tant que tels, et dans leur articulation.


 
Je suis d'accord. Je ne nie pas qu'un philosophe (ou une personne qui philosophe à ses heures perdues) n'a pas une spécificité. Tant qu'elle est en accord avec les connaissances de son époque ça me va.

n°9059881
neojousous
Posté le 28-07-2006 à 17:07:54  profilanswer
 

rahsaan a écrit :

C'est résumer en quelques lignes l'essentiel de la philosophie de Lucrèce, en tous cas. :D
Toutefois, j'estime au contraire que quelqu'un qui sait quelque chose a le devoir de le dire et n'a pas le droit de le garder pour lui, comme un privilège jaloux. La vérité est de l'ordre de l'universel, pas de la propriété privée.  
 
Mais entre reconnaître la vérité, parvenir à se l'avouer et oser la dire, il y a une grosse marge...  [:prodigy] On en est tous là.


 
Bien polémique ce que tu dis Raahsan. Je partage l'avis d'Hephaestos sur ce point. Et je ne sais pas si dire la vérité est toujours bien. Un exemple : quand un proche meurt. C'est douloureux pour tout l'entourage, et beaucoup "croise les doigts", espère que le défunt est dans un autre monde. Toi t'es là, un peu dans la misère, tu sais que c'est finit, que la personne est morte, point barre. Est-ce que tu dois convaincre les autres qu'ils sont dans l'erreur et qu'ils doivent cesser d'espérer ? Je crois que dans ce cas là, la bonne décision est de se taire.

n°9059958
rahsaan
Posté le 28-07-2006 à 17:14:04  profilanswer
 

neojousous a écrit :

Bien polémique ce que tu dis Raahsan. Je partage l'avis d'Hephaestos sur ce point. Et je ne sais pas si dire la vérité est toujours bien. Un exemple : quand un proche meurt. C'est douloureux pour tout l'entourage, et beaucoup "croise les doigts", espère que le défunt est dans un autre monde. Toi t'es là, un peu dans la misère, tu sais que c'est finit, que la personne est morte, point barre. Est-ce que tu dois convaincre les autres qu'ils sont dans l'erreur et qu'ils doivent cesser d'espérer ? Je crois que dans ce cas là, la bonne décision est de se taire.


 
Comment peux-tu prétendre en savoir plus qu'eux sur l'au-delà, puisque par définition, ce qu'il y a après la mort est absolument inacessible ici-bas ? :D Tu n'as pas du tout les moyens de prouver que tu as plus raison qu'eux. C'est une simple question d'acte de foi (ou d'incroyance).  
 
D'accord, je charrie, mais c'est pas ça que je voulais dire, quand je disais que quand on connait la vérité, il ne faut pas la cacher.  
Il y a une différence entre expliquer le monde (et se passer de références superstitieuses) et le vivre (vivre un deuil par ex. )
 
Je sais pas si vous voyez ce que je veux dire, mais moi je dois partir et je suis déjà en retard ! :D
Alors, merci à tous pour cette aprem philo et à bientôt !  :D


Message édité par rahsaan le 28-07-2006 à 17:14:42

---------------
Mon roman d'anticipation, L'I.A. qui m'aimait : https://tinyurl.com/mtz2p872 | Blog ciné/JV : http://cinecourt.over-blog.com
n°9060112
docmaboul
Posté le 28-07-2006 à 17:31:00  profilanswer
 

neojousous a écrit :

Je trouve ça dommage, voir idiot de comparer science et philosophie, genre qui est né le premier, qui a créé qui, etc... C'est évident que la philosophie est à l'origine de tout. Mais actuellement, la philo stagne, elle est dépassée par les sciences qu'elle a enfanté, incapable de suivre, et elle se réfugie dans des conneries style "la science ne pense pas", ou dans le mystique.


 
J'aimerais bien savoir ce qui vous pose problème avec la mystique et en quoi ce serait une "connerie".

n°9060751
hephaestos
Sanctis Recorda, Sanctis deus.
Posté le 28-07-2006 à 19:07:11  profilanswer
 

rahsaan a écrit :

C'est résumer en quelques lignes l'essentiel de la philosophie de Lucrèce, en tous cas. :D
Toutefois, j'estime au contraire que quelqu'un qui sait quelque chose a le devoir de le dire et n'a pas le droit de le garder pour lui, comme un privilège jaloux. La vérité est de l'ordre de l'universel, pas de la propriété privée.  
 
Mais entre reconnaître la vérité, parvenir à se l'avouer et oser la dire, il y a une grosse marge...  [:prodigy] On en est tous là.


 
Je n'ose pas croire que tu estimes que la vérité est toujours bonne. Ou alors, il faut m'expliquer...

n°9060760
hephaestos
Sanctis Recorda, Sanctis deus.
Posté le 28-07-2006 à 19:10:45  profilanswer
 

Ceci étant dit, je crois qu'ils sont rares les cas où il est évidemment bon de cacher la vérité. Le plus souvent, il me semble plus raisonable de dire ce qu'on peut, par défaut, car la vérité c'est Dieu, c'est Spinoza qui le dit :jap: (je vous préviens, maintenant que j'ai lu Spinoza et étant donné qu'il va se passer du temps avant que je lise autre chose de pertinent ici, je suis un fervent spinoziste jusqu'à nouvel ordre... c'est toujours plus classe que Pratchett ou Dawkins sur un topic philo...).


Message édité par hephaestos le 28-07-2006 à 19:10:52
n°9062965
rahsaan
Posté le 28-07-2006 à 23:02:48  profilanswer
 

Je t'en prie, si tu veux parler de Dawkins et du gêne égoïste, c'est permis hein ! :D
 
Pour ce qui concerne la vérité, l'exemple du deuil ne me paraît pas pertinent par rapport à ce que je voulais dire -mais que j'ai dit bien trop vite.  
D'abord, je le redis, de quel droit aller dire à quelqu'un qui a perdu un proche : "Arrêtez de croire qu'il est au ciel, en réalité il n'est plus rien du tout, il est MORT !"
Pourquoi ? tout simplement parce que, par définition, la croyance religieuse est au-delà de toute réfutation possible. C'est bien ce qui lui interdit d'être scientifique, dirait Popper.  
 
Quoiqu'il en soit, ce n'est pas ça que je voulais dire.  
Je voulais dire qu'il y a bien des cas où l'on sait ce qu'il en est de la vérité, mais où l'on produit des efforts dérisoires pour s'en protéger, car cette vérité est par trop perturbante pour nos certitudes établies.  
Il y a aussi le cas, plus grave, où l'on se ment par intérêt -par ex. un laboratoire pharmaceutique qui vous jure ses grands dieux qu'un médicament est fiable alors qu'il sait pertinemment qu'il n'a pas été testé suffisamment, mais qu'il va rapporter gros.  
C'est peut-être le cas le plus odieux, le mensonge éhonté, cynique et intéressé.  
 
Alors oui, dans ces cas-là, celui qui sait ne doit pas se taire, soit pour instruire ceux qui ne savent pas, soit pour dénoncer ceux qui savent mais qui mentent parce que cela les arrange.  
 
Donc non, la vérité n'est pas toujours bonne, ce serait du fanatisme de dire le contraire, mais ce n'est pas si souvent qu'elle est mauvaise.  


---------------
Mon roman d'anticipation, L'I.A. qui m'aimait : https://tinyurl.com/mtz2p872 | Blog ciné/JV : http://cinecourt.over-blog.com
n°9063001
hephaestos
Sanctis Recorda, Sanctis deus.
Posté le 28-07-2006 à 23:07:35  profilanswer
 

Le placébo, ça c'est une bonne raison de mentir. Mes enfants, je leur ments pour les guérir, ça me semble valable.

mood
Publicité
Posté le   profilanswer
 

 Page :   1  2  3  4  5  ..  65  66  67  ..  340  341  342  343  344  345

Aller à :
Ajouter une réponse
 

Sujets relatifs
La Philo du Jour : le Désespoir ?????Où es-tu ? Dans ton e-cul ! Premier FAI Grolandais !
Recherche un titre, une chanson, une musique - Lire le premier post!Paiment via Visa Premier en £ -> Charges ?
Les bons s'en vont en premier et en plus ils ne se reproduisent pasLivres sur alapage
la chine lance son premier homme dans l'espacePhilo : Que vaut une preuve contre un préjugé ?? quelques idées ???
[Philo] Corrigés du bac 
Plus de sujets relatifs à : Philo @ HFR


Copyright © 1997-2025 Groupe LDLC (Signaler un contenu illicite / Données personnelles)