Reprise du message précédent :

L'idée dans la vie, il me semble (après ce très bon Côtes du Rhône), c'est de faire en sorte de ne pas être triste afin de ne pas diminuer ta capacité d'agir. Or, mon expérience sur ce point est que les gens qui se plaignent d'être tristes n'ont de cesse d'essayer d'infliger à leurs interlocuteurs cette tristesse. C'est pour ça que je m'en méfie (je dis pas que c'est ton cas puisque tu poses simplement la question).
Quand tu dis "vouloir être fort c'est vouloir se consoler", on dirait qu'on nait naturellement dans les tourments de l'affliction et dans la tristesse. Non. Ceux qui sont tristes c'est qu'ils le veulent bien. La vie est dure et impitoyable pour tout le monde, de ce point de vue on est tous égaux et ceux qui ont vraiment souffert sont, s'ils ont suffisamment de vie en eux, devenus particulièrement forts et gais, et ils savent que la tristesse est à fuir. Ils n'ont pas à être consolés, c'est eux qui rendent plus forts les autres.

Pour moi etre fort c'est etre triste et cependant ne pas baisser les bras. Celui qui ne ressent pas la tristesse est indifférent ( D'ailleurs la clé  de hokuto shingen "ken le survivant" c'est la tristesse  a la tienne étienne )
Mais je suis d'accord qu'il ne faut pas exprimer sa tristesse , il faut la garder pour soi.

 
pourtant, on dit généralement que raconter à un autre ses problèmes [et donc la cause de sa tristesse] soulage...
 
N'est ce pas pire de tout laisser fermenter en soi ?

La tristesse c'est à fuir à mon avis, ça veut pas dire se fermer les yeux sur la réalité ni être béat et content de soi à tout moment. Ca veut dire savoir faire le choix entre ce qui t'empêche d'agir (la tristesse) et ce qui te permet, malgré tout, de continuer.

ça soulage certaines personnes, ça donne l'impression a d'autres de salir/trahir/avilir leur histoire.

Mais il est pas question de laisser feermenter quoi que ce soit, il est plutôt bienvenu de faire en sorte de pas chopper le microbe de la tristesse qui t'afflige.

La tristesse n'empeche pas d'agir. On peut etre triste sans etre faible. Celui qui est incapable de tristese est incapable de ressentir la pitié (a mon avis)

Ah si, quand t'es triste tu te morfonds, t'es capable de rien. Mais je te disais que le contraire de la tristesse c'est pas l'insouciance, et la pitié dont tu parles, quand elle prend son origine dans la tristesse elle devient charité méprisante et quand elle prend son origine dans la vie elle est le sens de la justice.

Tiens au fait, on l'a pas vu depuis longteps Nur, je me demandece qu'il aurait à dire sur ce topic

La tristesse n'empeche pas le sentiment du devoir.
Le contraire de la tristesse = l'indifférence (pour moi)
 
Pour la partie en gras je ne peux vraiment pas etre d'accord
: il ne peut pas y avoir de mépris dans la tristesse.
Peut etre ,cependant,peut-on faire une différence entre pitié et compassion.

Qu'il repose en paix

 
Le sujet n'est sujet que parce qu'il s'éprouve lui-même passionnellement. La vie ne cesse pas un seul instant d'être affective. Même dans la faiblesse le vie est encore passion souffrant seulement de s'être vidée de sa propre passion. La vie tente alors de se fuir, de s'étourdir, de s'oublier, bref de se nier en se divisant en elle-même. Mais cet état de malaise de la vie provient en fait du sentiment qu'il n'y a pas de passion en nous. Car la passion n'est pas un état psychologique dont les débordements anarchiques devraient être maîtrisés pour permettre la vie. Impossible de se passer de la passion sans que la vie ne soit modifiée en profondeur : nous ne manquons jamais " des " passions (que nous vivons comme de gentils divertissements nous donnant le sentiment d'exister) mais de la vie elle-même parce que nous ne la vivons que de manière superficielle. A côté de la Passion sans motif (la compassion), toutes les petites passions ne sont que des étincelles fugitives et non le grand feu, le feu intérieur de l'âme qu'est la Passion. Or, le feu intérieur de l'âme est aussi sa clarté. La Passion n'éteint pas l'intelligence elle l'éveille. Le voir de l'intelligence est lui-même passion.

Pas mal !!! (en plus c'est court )

 
   
C'te troll !  

 
...Ou Nietzsche contre Socrate.
 
Les passions sont la volonté (de se perpétuer pour Schopenhauer , de puissance ou d'affirmation pour Nietzsche)
Socrate voulait maitriser les passions qu'il jugeait comme perturbateur de la raison, seule capable de mener a la vertu.
Alors que Nietzsche en faisait le moteur , le chemin qui ménerait un jour au surhomme.
A noter que pour lui, la différence entre les hommes ne fera que s'accentuer au fil du temps avec a son apogée:
D'un coté l'homme grégaire (l'homme du troupeau), lénifié,uniformisé,passif.
et de l'autre le surhomme qui émergera de l'homme solitaire, affirmatif, noble.
La pensée de l'éternel retour provoque également un clivage certain entre ces 2 catégories:
- d'un coté la vie ne vaut pas la peine d'etre vécue puiqu'elle se renouvelle a l'identique eternellement
- de l'autre, il faut au contraire se réjouir de cet eternel recommencement et faire en sorte que chaque instanct vaille la peine d'etre revivre a l'identique ("faire de sa vie une oeuvre d'art", "Carpe diem", cela me rappelle un topic d'Atman sur le mythe de sisyphe)
 
 

P75 = Nur  ?  

 
  Euh non. Pas à ma connaissance.  

Non c'est pas moi. D'ailleurs il a dit qu'il ne reviendrait plus, on peut le regretter. Nur, si tu nous lit, fait nous un signe    
 
Une petite citation : " Mais comment se pourrait-il, si le salut était là à notre portée et qu'on pût le trouver sans grande peine, qu'il fut négligé par presque tous ? Mais tout ce qui est précieux est aussi difficile que rare".

 
Et Atman ? Il est parti aussi ?  

Le mythe de Sisyphe de Camus. Je viens de le lire attentivement, et c'est vraiment très beau.
C'est magnifiquement maîtrisé et serein dans l'expression, et parcouru d'un élan puissant dans la démonstration.  
Le rapprochement entre Sisyphe et Oedipe autour du thème de l'hybris est splendide, tout comme le portrait final de la condition humaine.    

OK, je rajoute.
Moi je recommande les Aphorismes de Franz Kafka, assez proche par certains aspects de ceux de Nietzsche. C'est aux éditions Joseph K. (sic)

 
 
la généalogie de la morale ne traite en aucun de la raison du plus fort.

Allez up, quoi !    
 
Je ne connaissais pas Bergson, mais j'avais l'intuition que si je le lisais j'aimerais :  
 
Je viens de lire Les deux sources de la morale et de la religion, j'ai adoré !        
 
Ca traite de la vie, de la société et de la morale, c'est précis, c'est clair, on suit la pensée à l'oeuvre dans son épanouissement : quel grand écrivain !

Il a d'ailleurs beaucoup écrit sur l'intuition si je ne m'abuse.
"L'évolution créatrice" c'est de lui ?

 
Wouaip !  
J'avais fait exprès pour l'intuition.  

Heureusement qu'il se trouve quelqu'un pour relever toute ta subtilité, ça aurait été dommage qu'elle se perde dans le désert

 
   
Merci.    
   
 
Et toi, quoi de neuf ?

Je suis dans le Tao en ce moment.

Si je jette un coup d'oeil a ma bibliothèque =>
 
Platon - Le Banquet
Nietzsche - La naissance de la tragédie

Il manque dans le premier post  
John Rawls - Théorie de la justice

Court mais auteurs incontournables.
La naissance de la tragédie c'est presque imbuvable, un écrit de jeunesse sur la philologie.

 
  Tu n'aimes pas ?
 

 
Tu l'as lu ?  
Moi je n'en ai pas le courage. Spa un peu ennuyeux ?    

Pas trop ,son style s'est fantastiquement amélioré par la suite je trouve.

 
Ca c'est indéniable. Surtout à partir de Par Delà Bien & Mal. La différence est nettement visible si on compare les livres 1 à 4 du Gai Savoir, avec le 5e, rajouté par la suite.  

  J'ai commencé la philosophie en lisant cet ouvrage la .

Je recommande aussi le Principe de Cruauté de Clément Rosset. Il est réellement génial celui-là. Et puis quelle langue : précise, vive, suggestive, très construite, agréable, elle paraît tellement facile. Et philosophiquement, c'est très très fort, sur la bêtise, la méchanceté et la folie.  Rosset a bouleversé à jamais ma manière de voir le monde.  

J'avais mis "l'anti-nature" de Rosset. Ca vaut le principe de cruauté, non ?

pas vraiment , je suis en train et j'aime bien oui

Wé, mais comme Rahsaan, j'ai l'impression que c'est pas un bouquin qui donne envie. Tu l'as lu ?

l'etre et le néan chez Sartre aussi , enfin c'est un peu particulier mais bon