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Quels sont pour vous les trois livres de philo à lire pour un honnête homme ?


 
15.4 %
 273 votes
1.  "La république" de Platon
 
 
6.7 %
 119 votes
2.  "La métaphysique" d'Aristote
 
 
15.7 %
 279 votes
3.  "l'Ethique" de Spinoza
 
 
1.5 %
    27 votes
4.  "Essai de théodicée" de Leibniz
 
 
15.0 %
 266 votes
5.  "Critique de la raison pure" de Kant
 
 
17.8 %
 315 votes
6.  "Par delà le bien et le mal" de Nietzsche
 
 
5.9 %
 105 votes
7.  "L'évolution créatrice" de Bergson
 
 
6.4 %
 113 votes
8.  "Etre et temps" d'Heidegger
 
 
7.5 %
 133 votes
9.  "Qu'est-ce que la philosophie" de Gilles Deleuze
 
 
8.1 %
 144 votes
10.  "Moi, ma vie, mon oeuvre" de obiwan-kenobi
 

Total : 2656 votes (882 votes blancs)
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Auteur Sujet :

Philo @ HFR

n°15699036
rahsaan
Posté le 01-08-2008 à 00:01:12  profilanswer
 

Reprise du message précédent :
Hé oui, il y a plus de 5 ans qu'il devrait participer à ce topic !


---------------
Mon roman d'anticipation, L'I.A. qui m'aimait : https://tinyurl.com/mtz2p872 | Blog ciné/JV : http://cinecourt.over-blog.com
mood
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Posté le 01-08-2008 à 00:01:12  profilanswer
 

n°15711531
wips
Posté le 02-08-2008 à 09:25:42  profilanswer
 

En parlant de philo politique, j'ai pris Histoire de la philosophie politique de L.Strauss et J.Cropsey il y a quelques jours. Je ne l'ai pas encore lu, tout juste feuilleté, mais il a pas l'air mal et très clair, du moins si on s'en fie à l'intro (définition de la philo politique, de la physis, de la polis...).
Il y a notamment un chapitre sur Nietzsche d'une 20aine de pages.
Après, évidemment, il n'a pas pour vocation de remplacer la lecture des auteurs traités et je doute que la meilleure façon de procéder soit de le lire comme un roman. Enfin, perso, si je fais ça, il est probable qu'il ne m'en reste rien; je crois qu'il s'agit plutôt d'un bon outil de navigation.

n°15711642
crackingod​01
Posté le 02-08-2008 à 10:07:21  profilanswer
 

wips a écrit :

En parlant de philo politique, j'ai pris Histoire de la philosophie politique de L.Strauss et J.Cropsey il y a quelques jours. Je ne l'ai pas encore lu, tout juste feuilleté, mais il a pas l'air mal et très clair, du moins si on s'en fie à l'intro (définition de la philo politique, de la physis, de la polis...).
Il y a notamment un chapitre sur Nietzsche d'une 20aine de pages.
Après, évidemment, il n'a pas pour vocation de remplacer la lecture des auteurs traités et je doute que la meilleure façon de procéder soit de le lire comme un roman. Enfin, perso, si je fais ça, il est probable qu'il ne m'en reste rien; je crois qu'il s'agit plutôt d'un bon outil de navigation.


 
Tres bon bouquin, les articles ne sont pas que d'eux, et certains commencent a dater un peu, mais c'est une super intro je trouve, assez plaisante a lire.
Si tu t'interesse a la philo politique je te conseille:
http://www.amazon.com/History-Poli [...] 063121822X
http://www.amazon.com/History-Poli [...] 631186530/
http://www.amazon.com/History-Mode [...] 557861471/
 
Par contre c'est plus scolaire, mais assez complet

n°15712124
wips
Posté le 02-08-2008 à 12:11:46  profilanswer
 

Merci, je jetterai un coup d'oeil, si je les trouve en français  :ange:  
En fait, je navigue à vue sans vraiment savoir ce que je cherche si toutefois je cherche quelque chose. J'ai presque terminé (je l'ai oublié faut que je le récupère) "l'ère du vide" mentionné par foutre de et j'ai pris un bouquin de G.Châtelet que je voulais lire depuis 2 ans. Mais entre temps, je me suis dit que ce ne serait peut-être pas bête d'avoir une meilleure vue d'ensemble sur "nos théories", d'où ce livre. Quoiqu'il en soit, contente que tu confirmes qu'il est bon. ;)

n°15712581
nur
Posté le 02-08-2008 à 13:42:07  profilanswer
 

En surfant un peu je suis tombe sur ce site:
 
http://denis-collin.viabloga.com/n [...] -politique
 
 
On est en plein dans ce qui nous occupe en ce moment.
Le débat qui suit le texte est interessant.

n°15713124
alcyon36
Posté le 02-08-2008 à 14:59:08  profilanswer
 

ca date un peu... :D  (j'aime vraiment bien te takiner...)
En effet, ca a été une question assez importante pour le developpement francais de la reception de Nietzsche à partir des années 90...Je te renvoie encore aux travaus de Wotling, Constantidinès...Ne plus chercher à sauver Nietzsche contre lui-même, et justement étudier son projet politique le plus rigouresement possible...Et non Nietzsche n'est pas un démocrate, ni un humaniste...Après, je crois pas que les penseurs de 68 qui ont utilisé Nietzsche en aient fait un humaniste, un democrate...les lectures de Deleuze, Foucault sont très particulières, et à lire avec attention.
si tu trouves que cette question est au coeur de ce dont nous parlions, alors je constate, que tu commences à serieusement prendre en considération l'existence d'un projet politique chez Nietzsche...  :)

Message cité 1 fois
Message édité par alcyon36 le 02-08-2008 à 15:18:32

---------------
"la pensée de l'être est le souci porté à l'usage de la langue" Heidegger
n°15713395
nur
Posté le 02-08-2008 à 15:46:11  profilanswer
 

alcyon36 a écrit :

ca date un peu... :D  (j'aime vraiment bien te takiner...)
En effet, ca a été une question assez importante pour le developpement francais de la reception de Nietzsche à partir des années 90...Je te renvoie encore aux travaus de Wotling, Constantidinès...Ne plus chercher à sauver Nietzsche contre lui-même, et justement étudier son projet politique le plus rigouresement possible...Et non Nietzsche n'est pas un démocrate, ni un humaniste...Après, je crois pas que les penseurs de 68 qui ont utilisé Nietzsche en aient fait un humaniste, un democrate...les lectures de Deleuze, Foucault sont très particulières, et à lire avec attention.
si tu trouves que cette question est au coeur de ce dont nous parlions, alors je constate, que tu commences à serieusement prendre en considération l'existence d'un projet politique chez Nietzsche...  :)


Non, je ne suis toujours pas d'accord avec le terme de projet politique, mais je constate aussi que tout le monde n'a pas la meme idée sur ce qu'est un projet et ce qu'est une politique.
"Qui veut la fin veut les moyens" dit un proverbe,       ou sont les moyens ?
 
Mais si on dit que vouloir la fin de toute politique c'est une politique, alors la je suis d'accord.

n°15714961
alcyon36
Posté le 02-08-2008 à 19:50:55  profilanswer
 

nur a écrit :


Non, je ne suis toujours pas d'accord avec le terme de projet politique, mais je constate aussi que tout le monde n'a pas la meme idée sur ce qu'est un projet et ce qu'est une politique.
"Qui veut la fin veut les moyens" dit un proverbe,       ou sont les moyens ?
 
Mais si on dit que vouloir la fin de toute politique c'est une politique, alors la je suis d'accord.


le moyen: La domination en Europe de la doctrine de l'éternel retour;) et ce afin de pouvoir mettre en place une organisation sociale rigide sous forme de caste(reprise chez à Platon: les philosophes legislateurs qui ne gouverneent pas, les gardiens qui gouvernent et assurent l'executif et la classe des mediocres, artisans...), un esclavagisme rafiné, gestion et contrôle des mariages, naissances..., seule forme d'organisation qui soit en mesure de répondre au problème de la civilisation (Kultur), à savoir l'unité de "style" d'un peuple, soumission des instincts d'un peuple à une certaine discipline.:
"Le problème d'une civilisation rarement saisi correctement. Son but n'est pas le plus grand bonheur possible d'un peuple, non plus que le libre développement de tous ses talents; la civilisation se montre plutôt dans la juste proportion observée dans le développement de ces talents. [...] La civilisation d'un peuple se manifeste dans la discipline homogène imposée à ses instincts. " (FP, 19 [41])
L'advenue de l'Ubermensch comme "deccision" n'est possible qu'à ces conditions.

Message cité 1 fois
Message édité par alcyon36 le 02-08-2008 à 20:06:39

---------------
"la pensée de l'être est le souci porté à l'usage de la langue" Heidegger
n°15715059
nur
Posté le 02-08-2008 à 20:01:40  profilanswer
 

alcyon36 a écrit :


le moyen: La domination en Europe de la doctrine de l'éternel retour;)


Je vois pas trop la, l'éternel retour comme fatalité qu'il faut accepter et meme souhaiter ?
"Faire de sa vie une oeuvre d'art".
 
Mais la mise en oeuvre ?

n°15715171
alcyon36
Posté le 02-08-2008 à 20:12:20  profilanswer
 

nur a écrit :


Je vois pas trop la, l'éternel retour comme fatalité qu'il faut accepter et meme souhaiter ?
"Faire de sa vie une oeuvre d'art".
 
Mais la mise en oeuvre ?


Désolé, j'ai edité mon post...
Une question purement egocentrique, tu as lu mon post sur la politique de Nietzsche?
Dis moi, je connais vraiment tres peu Rousseau, mais pour toi en quoi est il plus "precis" que Nietzsche en ce qui concerne la "mise en oeuvre"?

Message cité 1 fois
Message édité par alcyon36 le 02-08-2008 à 20:19:34

---------------
"la pensée de l'être est le souci porté à l'usage de la langue" Heidegger
mood
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Posté le 02-08-2008 à 20:12:20  profilanswer
 

n°15715234
nur
Posté le 02-08-2008 à 20:23:48  profilanswer
 

alcyon36 a écrit :


Désolé, j'ai edité mon post...
Une question purement egocentrique, tu as lu mon post sur la politique de Nietzsche?


 
Je lis tes posts, oui. Il est possible que quelque chose m'est echappé toutefois.
 
Si je saisis bien tu dis que la grande politique de N. consiste a préparer l'avenement du surhumain, le(s) moyen(s) étant un systeme de castes ?  
Mais selon toi, le but n'est pas de transformer toute l'humanité mais seulement de ne pas contrarier le développement de ceux qui naissent (aléatoirement) en étant mieux réussis.?

Message cité 1 fois
Message édité par nur le 02-08-2008 à 20:24:18
n°15715590
alcyon36
Posté le 02-08-2008 à 21:07:00  profilanswer
 

nur a écrit :


 
Je lis tes posts, oui. Il est possible que quelque chose m'est echappé toutefois.
 
Si je saisis bien tu dis que la grande politique de N. consiste a préparer l'avenement du surhumain, le(s) moyen(s) étant un systeme de castes ?  
Mais selon toi, le but n'est pas de transformer toute l'humanité mais seulement de ne pas contrarier le développement de ceux qui naissent (aléatoirement) en étant mieux réussis.?


ba en fait, moi je le vois comme si il y avait 2 moments, mais ca me semble super schematique, donc comme toi je propose et puis on me corrigera...
Je vais eviter de parler du surhumain si tu le veux bien car ca risque de se compliquer un peu trop. Donc disons que le but c'est favoriser l'emergence d'un type d'homme plus noble. Le moyen c'est entre autres le systèeme de castes. En ce sens, le système de castes n'a en effet pas pour but de "transformer" toute l'humanité, mais seulement de favoriser la caste de legislateurs et celle des gouvernants, la grande majorité de la société étant fonction de ces castes supérieures. L'existence de la majorité, des médiocres n'a d'autre consistance que de travailler pour les nobles. Sans une telle organisation sociale, l'emergence de tels individus est rare et aléatoire, ici un Napoléon, là bas un César Borgia...Donc une telle oranisation de castes est censée permettre, de ne pas contrarier l'emmergence de tels individus. Mais qu'est ce à dire? Disons que le problème c'est que les faibles dès qu'ils en (aur)ont la possibilité, tenteront de prendre le pouvoir, d'imposer comme valant universellment la doctrine des droits egaux; St paul contre Rome, Luther contre la Ranaissance...Donc l'organisation rigide sous forme de caste doit permettre d'empecher les faibles de pouvoir être en mesure de prendre le pouvoir.  
Mais pour arriver à celà, il faut d'abord être en mesure de lutter contre le ressentiment, afin de pouvoir mettre en place une telle organisation sociale. Tel est le rôle de la doctrine de l'éternel retour, et ce qui suppose en effet une transformation del'humanité, ou plutôt de la qualité de la volonté de puissance.


---------------
"la pensée de l'être est le souci porté à l'usage de la langue" Heidegger
n°15716475
nur
Posté le 02-08-2008 à 22:31:53  profilanswer
 

Pour Rousseau, disons que les titres de ses oeuvres sont explicites:
"discours sur l'origine de l'inégalité parmis les hommes",   discours sur 'si le retablissement des sciences et des arts a contribué a epurer les moeurs" ,
"le contrat social", ecrits sur une constitution pour la corse et pour la pologne.
 
Il part du constat que les hommes naissent bons et heureux et que c'est la société qui les corrompt (déja il y a beaucoup a redire niveau psychologie), problème:
ce n'est qu'en société que les hommes peuvent donner leur pleine mesure, exploiter leur potentiel. Comme le retour a l'etat de nature est utopique il faut trouver un type de société qui cumule les avantages sans les inconvénients. ça c'est un projet politique.
Il a donc pour ambition d'améliorer l'homme par le biais de la société en misant beaucoup sur l'éducation  ( ça aussi c'est contestable, les grands hommes ont rarement une descendance).
Pour N., je vois déja une différence dans le fait qu'il ne s'interesse pas a l'humanité dans son ensemble mais a un certain type d'hommes élus.
La société ne viserait qu'a protéger-privillégier ce type d'homme. C'est nettement moins ambitieux niveau politique je trouve.

n°15719291
alcyon36
Posté le 03-08-2008 à 12:01:23  profilanswer
 

nur a écrit :

Pour Rousseau, disons que les titres de ses oeuvres sont explicites:
"discours sur l'origine de l'inégalité parmis les hommes",   discours sur 'si le retablissement des sciences et des arts a contribué a epurer les moeurs" ,
"le contrat social", ecrits sur une constitution pour la corse et pour la pologne.
 
Il part du constat que les hommes naissent bons et heureux et que c'est la société qui les corrompt (déja il y a beaucoup a redire niveau psychologie), problème:
ce n'est qu'en société que les hommes peuvent donner leur pleine mesure, exploiter leur potentiel. Comme le retour a l'etat de nature est utopique il faut trouver un type de société qui cumule les avantages sans les inconvénients. ça c'est un projet politique.
Il a donc pour ambition d'améliorer l'homme par le biais de la société en misant beaucoup sur l'éducation  ( ça aussi c'est contestable, les grands hommes ont rarement une descendance).
Pour N., je vois déja une différence dans le fait qu'il ne s'interesse pas a l'humanité dans son ensemble mais a un certain type d'hommes élus.
La société ne viserait qu'a protéger-privillégier ce type d'homme. C'est nettement moins ambitieux niveau politique je trouve.


Le titre des oeuvres, explicites ou pas, ne m'aide pas bcp à voir en quoi il est plus "precis" que Nietzsche quant à la "mise en oeuvre" de son projet politique...toujours aussi flou pour moi. Faut que tu m'expliques à défaut de proposer des passages en citation.
Sinon, je comprends pas vraiment sur quel critère tu peux affirmer que le projet politique de Nietzsche serait moins ambitieux que celui de Rousseau, le probleme de la majorité me semble plus un préjugé egalitariste qu'autre chose...Plutot qu'un manque d'ambition, je crois que Nietzsche est  réaliste sur cette question, comme tu le disais quand on veut la fin il faut vouloir les moyens, si on veut un type d'homme plus élevés, faut être capable de faire du reste de la societe, de la majorité une fonction de cette élite.


Message édité par alcyon36 le 03-08-2008 à 12:16:06

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"la pensée de l'être est le souci porté à l'usage de la langue" Heidegger
n°15719380
nur
Posté le 03-08-2008 à 12:17:07  profilanswer
 

J'ai peut etre tort, mais faut dire que j'ai du mal a prendre Nietzche au sérieux en ce qui concerne la politique.
Il était quand meme trés provocateur ( philosophie "a la dynamite" et "au marteau" ), espiègle,  vantard , voir menteur a l'occasion.
 
Il me semble juste plus ambitieux (meme si c'est peut etre utopique) d'élever l'humanité dans son ensemble que de se contenter de brider les faibles et de libérer les forts.
 
J'ai quand meme un peu honte, je dois l'avouer, de fairee de la philo a la bonne franquette alors qu'il y a d'habitude sur ce topic des personnes beaucoup plus qualifiées que moi pour faire de la bonne cuisine.

n°15719473
alcyon36
Posté le 03-08-2008 à 12:34:08  profilanswer
 

Je peux comprendre que tu ais du mal à le prendre au serieux, mais bon je te rassure je pense que Platon, Kant...peuvent être autant vantards, menteurs...Après faut quand meme prendre en compte la question de la strategie de lecriture que Nietzsche use afin de seduire et selectionner un certain type de lecteurs...
Pour la question de l'ambition, pour moi, mais ce n'etait pas explicite, elle n'a de sens que si elle n'est pas considérée comme utopique...enfin bon...
T'as pas à avoir honte, déjà à la difference de bcp de "lurkeurs", tu oses prendre la parole, et puis tu laches pas l'affaire. Ensuite à force de faire de la philo à la bonne franquette, je suis sur que tu finiras par nous concocter de tres bons petits plats...moi j'y travaille et je progresse petit à petit....;)  
Et pour Rousseau alors? en quoi est il pour toi plus precis ou concret ds la mise en oeuvre de son projet?


Message édité par alcyon36 le 03-08-2008 à 12:45:38

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"la pensée de l'être est le souci porté à l'usage de la langue" Heidegger
n°15720395
nur
Posté le 03-08-2008 à 14:44:23  profilanswer
 

Rousseau s'est beaucoup occupé de politique, c'est l'essentiel de son oeuvre philosophique a tel point que certains etats ont été jusqu'a lui réclamer une constitution.
Sa "morale" ne visait qu'a faire de bons citoyens.
Alors que Nietzche n'aurait probablement pas dit que "l'homme est un animal politique".
 
Sinon j'aime pas les bons petits plats, ils sont souvent indigestes et puis ils ramollissent. :o  
Mais toi tu t'y connais pour cuisiner ton homme!  :)

n°15720899
alcyon36
Posté le 03-08-2008 à 15:53:36  profilanswer
 

Ok, donc la politique comme art constitutionnel... déjà ca me parle plus, mais pour moi ca vaut à peu près l'organisation en castes. Je sais pas pour Nietzsche, mais juste au passage pour celui qui a prononcé cette phrase, il ne s'agissait pas de dire que l'homme vit en société, en communauté, bref que c'est un animal social, mais bien qu'il est un animal dont le droit de nature consiste à vivre dans une forme particulière d'organisation de la vie en commun, à savoir la polis: liberté et civilisation. Chez les grecs, le problème politique depuis Herodote se pose dans les termes du meilleur regime, mais jamais n'est posé la question des formes politiques (tribu, polis, empire...) la reponse, allant pour eux, de soi.


Message édité par alcyon36 le 03-08-2008 à 16:46:26

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"la pensée de l'être est le souci porté à l'usage de la langue" Heidegger
n°15721198
foutre de
Posté le 03-08-2008 à 16:32:41  profilanswer
 

nur a écrit :

je me permettrai une petite critique:
 
A vous lire dans ce topic, je ne vois personne qui philosophe vraiment (ou meme essaye), rien que des commentaires, des interprétations de vos lectures.
Vous avez peur de vous avancer seuls dans l'obscurité ?


 
mais toi, là, tu commentes aussi, mais tu ne commentes même pas les classiques : tu commentes les posts d'un topic HFR ; c'est ça que tu appelles avancer seul dans l'obscurité ?  :D  


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« Une force presque nulle est une force presque infinie dès lors qu'elle est rigoureusement étrangère au système qu'elle met en mouvement »
n°15721231
foutre de
Posté le 03-08-2008 à 16:38:17  profilanswer
 

alcyon36 a écrit :

FOUTRE: Merci pr ta médecine, elle remplit de "joie" deux de mes potes;)


la pensée philosophique a cette possibilité d'être une thérapeutique. désolé de t'avoir refilé des remèdes qui t'apaisent mal. toujours difficile d'appliquer la pensée qui convient à l'organisme échu...  [:- mr white -]  


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« Une force presque nulle est une force presque infinie dès lors qu'elle est rigoureusement étrangère au système qu'elle met en mouvement »
n°15721677
foutre de
Posté le 03-08-2008 à 17:35:13  profilanswer
 

le vicaire a écrit :

Je viens de terminer "La barbarie" de Michel Henry. ... ça m'a presque réconcilier avec la phénoménologie. Forte charge contre ce qui destitue la vie ... Mais qu'on se rassure on a inventé le Prozac qui va avec... Et en parlant d'opium, mais je ne suis pas assez spécialiste de Henry, n'est-ce pas un livre qui en appelle à la religion ? Ou en tout cas à de nouvelles formes de "sacré" (art, éthique, religion) C'est aussi cette dernière phrase du livre qui m'intrigue : "Le monde peut-il être encore sauvé par quelques uns ?"

 
le vicaire a écrit :

Descartes ? non j'ai pas trouvé au contraire même. ...
. Je trouve que Henry réhabilite Descartes ...

 
le vicaire a écrit :


Ma foi pour ce qui est de mon expérience, il me semble par exemple que l'éthique et la médecine chez les Grecs sont synonymes. Je vois comment des soignants sont confrontés à des problèmes qui les dépassent largement. Le problème étant que ces gens n'ont pas d'appui théorique dans leur pratique et n'ont jamais été formés à une approche de la médecine autre que par la science et particulièrement la technique. C'est particulièrement vrai dans les soins palliatifs où face à la mort, un tuyau ne sert plus à grand chose.

 

Très bonne lecture même si je fais partie de ceux qui pensent que "les petits essais" de Henry ne sont pas ce qu'il a fait de meilleur.
Je serais assez curieux de savoir quelle rupture avec la phéno a précédé cette réconciliation .... quelles en furent les causes ? parce que ça veut quand même dire évacuer sartre, ricoeur, merleau, levinas, heidegger ... ?

 

par ailleurs, je ne crois pas que le problème que soulève pour toi l'éthique relève "d'appuis théoriques". C'est une question d'éducation et donc de civilisation, pas de formation professionnelle. Si la rue voulait entendre parler de la mort plutôt que du dernier i-pod, l'université en parlerait aussi, plutôt que du dernier scanner à tubes...

 

Enfin pour ce qui concerne l'appel à la religion, au sacré, c'est encore un point commun avec Nietzsche : penser la vie et son augmentation ne va pas sans penser le sacré et le saisissement humain par le mystère d'être qui nous bouleverse (enfin... "quelques uns" ).
Chez Henry, ça va de pair avec une pensée de la chair à travers le mystère chrétien. Il oppose assez vite (je me souviens d'une émission sur France Culture) le corps grec et la chair de l'incarnation. Il a laissé un commentaire phénoménologique de l'évangile de Jean qui est très puissant...
Il faut dire que phéno et pensée du sacré vont de paire depuis longtemps ; pas un hasard si c'est un père Franciscain, Van Breda, qui a sauvé les manuscrits de Husserl...

 

Message cité 1 fois
Message édité par foutre de le 03-08-2008 à 20:23:55

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« Une force presque nulle est une force presque infinie dès lors qu'elle est rigoureusement étrangère au système qu'elle met en mouvement »
n°15723553
rahsaan
Posté le 03-08-2008 à 22:15:30  profilanswer
 

Je viens de lire une partie de Nietzsche et l'ombre de Dieu, de Didier Frank (merci Alcyon36 ;) )
 
Le début m'avait fait peur, avec cette reprise du thème heideggerien du nihilisme comme domination inconditionnelle de la Technique sur le monde. Je craignais une lecture strictement heideggerienne de N.
Mais le livre développe de très nombreuses analyses très complexes, techniques, précises, et enthousiastes à plusieurs moments, en particulier sur le corps et l'organisme, en partie avec l'aide des analyses de W. Muller-Lauter (qui ont été reprises dans Physiologie de la volonté de puissance). Dans la perspective de mon mémoire de M2, je me suis intéressé à ces analyses et à celles sur la mémoire et la conscience : celles-ci supposent une réduction du chaos de la perception à de l'identique, du stable, du durable. Cette faculté de l'esprit à simplifier le monde permet une utilisation technique des choses, considérées comme des outils au service de nos organes (ici, et cela m'intéresse, on retrouve des analyses proches de celles de Bergson). La métaphysique, qui recherche l'être, le durable, le substantiel, est encore au service de ce besoin vital de maîtrise, et le règne de la technique est l'achèvement de cette métaphysique, une fois qu'est évacuée la recherche d'un "monde-vrai" (caché derrière les apparences) mais que demeure la volonté de dominer l'étant.  
N. transforme profondément l'activité de la connaissance, en la "décrochant" de ces exigences vitales élèmentaires, pour la rattacher au jeu de la volonté de puissance, qui ne cherche pas à préserver l'organisme mais à l'amener à se dépasser, à intensifier son activité. Frank montre bien comment N. échappe par avance aux exigences de la phéno en termes de réductions à l'ego transcendantal : il insiste moins sur ce point que B. Stiegler dans Nietzsche et la critique de la chair, mais il le fait de façon non moins définitive.  
 
La doctrine de l'éternel retour, qui amène à une rédemption de la mémoire, de tout ce qui est et a été, permet de sortir du nihilisme engendré par le besoin d'un monde vrai, en faisant en sorte que, désormais, ce soit le corps qui philosophe.


Message édité par rahsaan le 03-08-2008 à 22:41:18

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Mon roman d'anticipation, L'I.A. qui m'aimait : https://tinyurl.com/mtz2p872 | Blog ciné/JV : http://cinecourt.over-blog.com
n°15724583
alcyon36
Posté le 04-08-2008 à 00:24:30  profilanswer
 

oui, j'ai failli te repondre pour ecarter tes craintes, mais me suis dit que tu ferais au moin l'effort de depasser l'introduction...si il commence par Heidegger, c'est que la question du rapport de Nietzsche avec le "depassement" de la metaphysique est une question heidegerienne...après l'intro Franck se fait vraiment plus plaisir.
Pour cette question de la memoire, je te signale que Stiegler critique l'interpetation que Franck donne de la memoire et de son rapport à la doctrine du retour, mais bon vu que t'as lu son livre tu dois ten souvenir...
en tout cas ravi que ce bouquin puisse quelque peu te servir, ou même t'interesser...l'inverse m'aurait quelque peu attrister je dois te l'avouer;)


Message édité par alcyon36 le 04-08-2008 à 02:39:33

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"la pensée de l'être est le souci porté à l'usage de la langue" Heidegger
n°15724695
neojousous
Posté le 04-08-2008 à 00:42:27  profilanswer
 

C'est marrant j'ai lu un passage du livre de Didier Franck sur ce sujet. Sinon dans le Gai Savoir, §109 : "Si vous savez qu'il n'y a pas de buts, vous savez aussi qu'il n'y a pas de hasard : car c'est seulement au côté d'un monde de buts que le terme de "hasard" a un sens. Gardons nous de dire que la mort est le contraire de la vie. Le vivant n'est qu'un genre du mort, et un genre très rare." Cela rappelle Bergson, et son traitement de la négativité (chaos, néant, hasard).
 
Sinon pour l'identité, tjs le Gai Savoir, §110 : "L'intellect n'a, durant d'immenses périodes, produit que des erreurs [...]. Ces articles de fois érronés [...] sont par exemple ceux-ci : le fait qu'il existe des choses durables, qu'il existe des choses identiques, qu'il existe  des choses, des matières, des corps, qu'une chose est comme elle apparait, que notre vouloir est libre, que ce qui est bon pour moi est aussi bon en soi et pour soi".
 
GS 111 : "Mais le penchant prédominant à traiter le semblable comme de l'identique, penchant illogique - car il n'y a en soi rien d'identique - a le premier créé tous les fondements de la logique."

n°15725503
alcyon36
Posté le 04-08-2008 à 02:43:42  profilanswer
 

Franck nous avait fait un tres beau cours sur l'aphorisme 109 du GS, en parallele avec la lecture qu'en proposait Heidegger. Vais essayer de remettre la main sur mes notes (meme pas sur den avoir prises), mais toutes facon ca reprenait les idées de son commentaire.


Message édité par alcyon36 le 04-08-2008 à 04:37:07

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"la pensée de l'être est le souci porté à l'usage de la langue" Heidegger
n°15725884
rahsaan
Posté le 04-08-2008 à 09:14:50  profilanswer
 

Comment est-ce que Stiegler critique Frank sur la question de la mémoire ? Je ne m'en souviens plus... :D


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Mon roman d'anticipation, L'I.A. qui m'aimait : https://tinyurl.com/mtz2p872 | Blog ciné/JV : http://cinecourt.over-blog.com
n°15737400
alcyon36
Posté le 05-08-2008 à 11:15:57  profilanswer
 

"Si le Retour est une incorporation et si cette incorporation intensifie les possibilités ouvertes par la memoire, il nous semble alors discutable de réduire la mémoire à une simple faculté réactive, qui serait surmontée par le corps actif du Retour.(P;154/ elle renvoie à la page 382 du livre de Franck)


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"la pensée de l'être est le souci porté à l'usage de la langue" Heidegger
n°15740686
foutre de
Posté le 05-08-2008 à 16:37:51  profilanswer
 

les possibilités ouvertes par la mémoire ?


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« Une force presque nulle est une force presque infinie dès lors qu'elle est rigoureusement étrangère au système qu'elle met en mouvement »
n°15755970
rahsaan
Posté le 06-08-2008 à 22:48:41  profilanswer
 

Je viens de finir Plotin ou la simplicité du regard, de Pierre Hadot.  
 
Très beau livre, qui présente les thèmes essentiels de la philosophie de Plotin et en dresse un portrait à partir de ce que son disciple Porphyre a écrit dans sa Vie de Plotin. Cette double approche permet à P. Hadot de montrer comment Plotin pouvait à la fois aspirer á l'Un et au Bien qui se trouvent au-delà de la sensibilité et dont la contemplation nous dévoile des merveilles de beauté, tout en sachant vivre dans le quotidien le plus ordinaire.


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Mon roman d'anticipation, L'I.A. qui m'aimait : https://tinyurl.com/mtz2p872 | Blog ciné/JV : http://cinecourt.over-blog.com
n°15757891
foutre de
Posté le 07-08-2008 à 09:06:57  profilanswer
 

le dernier livre de laruelle tente justement d'expliquer combien l'epekeina plotinienne est la forme philosophique la plus proche de ce qu'il essaie de mettre en évidence avec la non-philosophie, même si elle continue de projeter l'Un au-delà en plaçant l'homme dans la dimension de l'Être, alors que l'Un non philosophique est "en-homme" et que c'est l'Être qui est aux marges


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« Une force presque nulle est une force presque infinie dès lors qu'elle est rigoureusement étrangère au système qu'elle met en mouvement »
n°15760635
foutre de
Posté le 07-08-2008 à 13:48:22  profilanswer
 

Pour être plus précis, Laruelle identifie dans la philosophie deux façons que les philosophes ont de rendre le réel transcendant à l'homme : la transcendance en "méta" (la plus courante, celle que nous connaissons sous bien des formes) et la transcendance en "epekeina" (celle de l'Un plotinien, la plus raffinée, qu'il retrouve aussi chez Maître eckhart sous la forme de la distinction entre Dieu et la Déité).

 

Déjà en cours,  à l'oral, Laruelle rendait hommage à l'épekeina, même s'il continuait de reprocher au plotinisme de donner encore à l'homme un chemin à faire vers le réel, fût-ce chemin hors de l'être ; alors que lui Laruelle, le réel il se le donne d'emblée, sans séparation, en l'homme, sans le monnayer initiatiquement (parce que l'initiation, la réconciliation avec l'un, l'homme le paie toujours sous la forme d'un tribu au logos des philosophes...)


Message édité par foutre de le 07-08-2008 à 16:08:35

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« Une force presque nulle est une force presque infinie dès lors qu'elle est rigoureusement étrangère au système qu'elle met en mouvement »
n°15767482
rahsaan
Posté le 07-08-2008 à 23:12:49  profilanswer
 

La philosophie de Plotin est à tous points de vue fascinante : c'est Platon sans la politique et bien plus mystique. Hadot dit que l'amour platonicien est masculin, viril : on contemple le Beau, pour former une belle cité, de belles lois et de beaux citoyens.
L'amour plotinien serait plus "féminin" : plus doux, plus en retrait, plus contemplatif.  
 
C'est vrai qu'il y a un chemin à faire vers l'Etre pour Plotin, et même au-delà de lui, vers l'Un, mais on ne peut même pas dire que l'Un transcenderait encore l'Etre. Simplement, l'Un est encore plus simple, donc entièrement indicible, et immediatement en l'homme -donc peut-être bien hors-logos.
 
Plotin, le premier non-philosophe ? :D


Message édité par rahsaan le 07-08-2008 à 23:15:09

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Mon roman d'anticipation, L'I.A. qui m'aimait : https://tinyurl.com/mtz2p872 | Blog ciné/JV : http://cinecourt.over-blog.com
n°15769688
foutre de
Posté le 08-08-2008 à 08:45:44  profilanswer
 

oui, pour l'Un non thétique (de) soi :D, Laruelle a du mal à se trouver des prédécesseurs dans la tradition historique ; parmi les rares promus : Plotin, les Gnostiques condamnés par l'Eglise (voir les textes d'Irénée de Lyon), Marx...
(mais évidemment il y a aussi Nietzsche, Husserl, le Heidegger du retrait de l'Être, mais trop compromis avec le Différentialisme pour ne pas passer illico à la trape de la Détermination en dernière instance)
 
Ces dernières années Laruelle insiste sur la pauvreté de l'Un, qui n'est que le minimum requis pour qu'une science axiomatique puisse voir le jour.


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« Une force presque nulle est une force presque infinie dès lors qu'elle est rigoureusement étrangère au système qu'elle met en mouvement »
n°15770004
nebuleuse ​d'orion
Posté le 08-08-2008 à 09:49:25  profilanswer
 

Bonjour tout le monde
je suis heureuse de trouver un topic d'amoureux de la sagesse...
Pour ma part, je suis déjà en poste et je pense m'atteler au concours de l'agrégation ; je sais qu'il est déjà bien tard, on est presque mi aout, pour m'y mettre... de nombreux chamboulements dans ma vie personnelle.. bref ;  
donc voila, j'essaie de retrouver mes méthodes de travail mais ce n'est pas facile, car lire pour soi, prendre le temps, c'est une chose, cravacher pour les concours en est une autre ;  
y a-t-il d'autres internaut dans mon cas? ou qui l'ont été? qui auraient des conseils (surtout concrets pour l'organisation) peut être...
 
Je connais assez platon et j'ai hate de l'approfondir, je pense commencer par "le naturel philosophe" de dixsaut qui semble assez incontournable, axé sur la naissance et contingence de la philosophie : quesiton du philosophe, du désir de philosopher, et de la philosophie.  
 

n°15772744
l'Antichri​st
Posté le 08-08-2008 à 14:09:25  profilanswer
 

rahsaan a écrit :

Je ne crois pas qu'il y ait d'ambiguïté chez Nietzsche.  
Si vous voulez vous en convaincre, je vous conseille de lire ses dernières lettres, jusqu'aux fameux billets de folie écrits à Turin début janvier 1889. (cf. Dernières Lettres, Rivages poche, 1989) Son projet politique y apparaît en pleine lumière, dans toute sa force et son originalité. Simplement, il ne fait pas de philosophie politique sans changer le sens même de ce qu'on appelle politique, et qu'il appelle, lui, "grande politique" et qui signifie, dans son langage, l'organisation de conditions de vie propres à faire émerger des individus d'exceptions, des hommes synthétiques, totaux (par opposition au travailleur fragmentaire du monde moderne), qui soient capables, après coup, de justifier tout le devenir humain (que l'on puisse dire : l'histoire humaine avait pour but d'aboutir au surhumain).
Si N. ne se préoccupe plus de savoir quelle forme de gouvernement est le plus légitime (aristocratie ? démocratie ?...), c'est qu'il lui semble que, d'une part, le règne des "idées modernes" est inéluctable : que ce soient le libéralisme, le nationalisme, la démocratie ou le socialisme, toutes ces idées lui paraissent symptômes de fatigue, d'aplatissement de l'homme par le règne de la foule.  
"Le prince Bismarck n'a jamais pensé à l'empire -il n'est, avec tous ses instincts, qu'un instrument de la maison Hohenzollern ! et dire que cette provocation des peuples à l'égoïsme est perçue et enseignée en Europe comme de la grande politique, presque comme un devoir !" (fin décembre 1888)"
 
N. veut, de façon machiavélienne, tirer partie de cet état de fait pour imposer sa propre "politique". Seulement, celle-ci n'exige pas une prise de possession de l'État (révolution de type marxiste) mais consiste exactement, et c'est très surprenant, en une transfiguration de l'existence.  
"Je crois sincérement possible de mettre de l'ordre dans toute cette absurdité européenne par une sorte d'éclat de rire historique, sans avoir besoin de faire couler une seule goutte de sang. Autrement dit : le Journal des Débats suffit." (1er janvier)
 
Le changement que N. veut est d'ordre strictement esthétique. Il s'agit de changer, d'un coup, notre regard sur le monde, de mettre à mort le ressentiment ("Je viens de faire fusiller tous les antisémites", 4 janvier) et tout ce qui nous retient de jouer pleinement le jeu de la volonté de puissance ("On me raconte qu'un certain bouffon divin en a fini ces jours-ci avec les dithyrambes de Dionysos...", 3 janvier)
 
N. aurait voulu que la seule lecture de ses derniers livres plonge l'humanité dans un état de convulsion qui provoque une rupture définitive avec le sens du devenir jusqu'ici adopté. N. jette alors ses derniers masques et rejoue en quelque sorte toute sa philosophie en l'espace de quelques lettres, en se présentant comme un Christ dionysiaque qui apporterait enfin la bonne nouvelle (l'Evangile).
A Cosima Wagner : "Cette brève, tu dois la rendre publique à l'humanité, depuis Bayreuth, avec l'épigraphe :  
La bonne nouvelle."
(3 janvier)
 
Il faudrait pour N. que la seule lecture de ces lettres accomplisse dans le cœur des hommes ce qui aurait été le véritable message de Jésus : que Dieu est bel et bien sur terre, qu'il n'y a plus rien à attendre ni à espérer, que le message d'amour universel est déjà réalisé. Dès lors, plus besoin d'Eglise ni d'attente du jugement dernier.  
 
"Le monde est transfiguré car Dieu est sur la terre. Ne voyez-vous pas comme tous les cieux se réjouissent ? Je viens juste de prendre possession de ma propriété, je jette le pape en prison et je fais fusiller Wilhelm, Bismarck et Stöcker.  
Le Crucifié."
(3 janvier)
 
Les figures de Dionysos et du Crucifié se confondent finalement, en un jeu de renvoi par miroir infini : Dionysos n'est jamais que le Christ qui aurait pleinement accepté la souffrance inhérente à toute vie, et ne l'aurait pas condamné. Comme l'a montré Slavoz Zizek (dans La marionnette et le nain), c'est bien une question esthétique, comme si le portrait de Dionysos n'était jamais que celui du Christ, mais sous un éclairage légèrement différent, mais qui change tout. C'est ce changement de regard sur le monde que N. veut provoquer.  
Les images du bouffon, du satyre, des grandes fêtes et bacchanales de la vie représentent cette transfiguration du regard et nous ramènent à la source de toute la pensée de Nietzsche, cet instinct qu'il nomme Dionysos et qui est pour lui la force de transformation de notre regard et de nos sentiments sur les choses.
La philosophie peut alors laisser place à l'hymne, au chant dithyrambique.  

"Chante-moi un chant nouveau : le monde est transfiguré et tous les cieux se réjouissent.  
Le Crucifié."
(5 janvier)


 
Soit, mais je dirais de façon plus nuancée et plus critique que cette notion "d’organisation" de la volonté de puissance est pour le moins ambiguë dans le cadre d’une philosophie de la nature chez Nietzsche et réclame une analyse plus fine que celle que vous nous proposez là !
 
D’abord, en parlant "des individus d’exceptions" à-propos des hommes concernés par sa "grande politique" ou encore en suggérant une mutation brusque ("un changement de regard" ), une prise de conscience instantanée ("d’un coup" ) en ces hommes, vous confondez, comme beaucoup, la figure de "l’homme supérieur", de "l’esprit libre" ou encore du "génie" (issue de sa lecture de Schopenhauer) avec l’image religieuse du Surhumain, symbole (ou rêve ?) d’une unité accomplie, achèvement de l’incorporation tant attendue, fusion amoureuse avec la nature qui prendra la forme d’un "hyper-organisme" redevenu enfant tel Zarathoustra redescendant parmi les hommes.
 
Bien sûr, Nietzsche sait que le Surhumain ne peut advenir que là où les hommes sont assemblés, mieux forment une totalité organique, c’est-à-dire ne sont pas le produit (externe) d’une organisation issue d’une aspiration à la puissance conservatrice de la vie, d’un désir subjectif où se loge le besoin de créer un monde calculable, pratique, bref le terme d’un mouvement mécanique causé, l’effet temporel ou la conséquence logique de conditions fixes préexistantes. Le Surhumain est le Devenir lui-même, c’est-à-dire le processus relationnel sans sujet isomorphe à tout devenir, "l’absolue instantanéité de la volonté de puissance" (cf. Fragments posthumes, XI, 40), la puissance éternelle de devenir, où s’engendre de façon immanente toute succession temporelle, physique et psychologique, comme toute différence, c'est-à-dire le devenir actuel. Nietzsche pense fondamentalement une coordination ontogénétique sans sujet (synthèse verticale et processus inclusif des forces), une totalité vivante univoque produisant éternellement dans le cercle équivoque les différences comme autant de degrés de puissance, d'incorporations du flux externe à des poches d'intériorité, à des organisations hiérarchiques totalisatrices (mémorisation de la vie dans la civilisation), à des formes d'organisation ou d'affirmation partielle de l'onde de puissance.
 
Disons-le autrement. Si l’image du Surhomme a une dimension "politique" évidente, ça n'est pas parce que la question politique, intégrée d’emblée au problème général de la possibilité même du devenir, supposerait nécessairement des règles de vie, c’est-à-dire des commandements destinés à empêcher que les forces naturelles – typiquement la puissance imaginante et créatrice immanente au dynamisme de la vie et antérieure à son interprétation /dénaturation théologico/morale - ne compromettent l’ordre du groupe, sa stabilité, qui va de pair avec une connaissance organique falsificatrice du devenir, avec une représentation simplification/logicisation, formée pour les besoins pratiques de la vie, ce qui, il faut le remarquer, ne contredit en rien l’idée, mille fois répétée, que le surhomme n’est pas l’individualiste forcené, l’atome grégaire de la civilisation occidentale accomplissant le nihilisme, ni le socialiste contemporain qui ne vit que par le groupe dont il fait partie, puisque dans les deux cas l’individu reste une réalité antérieure et inférieure au groupe.
 
Cette dimension politique s'explique au contraire parce que le refus de penser la volonté de puissance sous le règne des lois (de toute nature, que se soit sous la forme d’un Dieu donnant des lois à la nature, elles-mêmes criterium de nos conduites, ou celle d’un sujet transcendantal et législateur) suppose une conception du devenir comme relation de forces internes à chaque corps organisé, vivant, y compris institutionnel et social (puisque tout complexe de forces est un corps), sans aucune causalité, ni physique ni psychologique (ramener la complexité du devenir à une succession temporelle ou à un enchaînement logique de conditions), qui pourrait faire croire que le devenir est extérieur à lui-même. C’est le corps qui pense puisque "les pensées sont des forces" (cf. fragments posthumes, X, 26) et ce corps, re-naturalisé par le génie créateur de Dionysos le Crucifié, alias Nietzsche, corps individuel et collectif (l’identification finale de Nietzsche avec Dionysos ou le Crucifié, signale l’inversion de la Passion christique, des valeurs traditionnelles du christianisme, c’est-à-dire l’incarnation d'une histoire universelle dans sa propre individualité, la dissolution de l'individualité dans la nature universelle et dionysiaque), est postérieur et supérieur au groupe auquel il est depuis longtemps (sinon depuis toujours) incorporé. Hors de tout légalisme théologico/moral, il existe pourtant une nécessité à l’oeuvre en chaque corps vivant, celle qui jaillit justement du mouvement interne de la puissance et que le génie créateur (esthétique et éthique) expérimente sous la forme de la "maîtrise de soi" (cf. Le gai savoir, §. 159) : "Le bon plaisir est supérieure à la loi morale... ce sont des hommes sans devoir, du moins c’est ce que pensent les imbéciles, c’est ce que laissent croire les apparences." (cf. Idem, §. 226) L’esprit libre est l’artiste de la vie, instrument des deux instincts fondamentaux du monde que sont Apollon et Dionysos. L’artiste invente ses propres règles qui maîtriseront ses désirs, la mesure apollinienne organisant l’ivresse dionysiaque : "Nous sommes des hommes de devoir, nous aussi ! Parfois il est vrai nous dansons dans nos chaînes ou parmi nos épées" (Idem). Pour nourrir la raison, il faut retourner à la terre : "J’aime ceux qui ne sont pas réduits à chercher au-delà des étoiles une raison de décliner... mais qui au contraire se sacrifient à la terre... J’aime celui qui ouvre et invente pour construire au surhomme sa maison et préparer la terre, les bêtes et les plantes... J’aime celui qui est d’esprit libre et de cœur libre ainsi sa tête n’est qu’entraille pour son coeur mais son coeur le pousse au déclin. J’aime tous ceux qui sont comme des pesantes gouttes tombant une à une du sombre nuage suspendu au-dessus des hommes : ils annoncent que l’éclair vient. Voyez, je suis un annonciateur de l’éclair mais cet éclair a nom surhomme."
 
Bref, il est clair qu’il faut une attention particulière pour recevoir le message nietzschéen, une écoute intuitive, une intimité instinctive. La raison doit se taire, mais un moment seulement, pour qu’après cette descente dans l’abîme profond de la vie, jaillissent des nouvelles perspectives, de nouveaux espoirs. Après la mort de Dieu, renaît un nouvel homme, un surhomme.
 
Ainsi, il n’y a pas, il ne peut y avoir une politique chez Nietzsche, au sens d’une organisation, d’une maîtrise du social, parce que, comme on l’aura compris, l’image du surhomme est une simple direction, la visée indéterminée et indéterminable d’une continuation du jeu de la vie : "d’autres oiseaux voleront plus loin ! Cette idée, cette foi qui est la nôtre vole avec eux à l’envi vers les lointains et les hauteurs…" (cf. Aurore, dernier §, "Nous autres argonautes de l’esprit" ).
 
Il y a donc bien une "grande politique" chez Nietzsche si l’on prend soin de comprendre l’adjectif dans son sens vital, comme l’annonce d’un individualisme sain (le corps du philosophe médecin doit posséder la "grande santé", c’est-à-dire vivre la Passion profane, comme le corps social doit incorporer la "grande politique" par l’élucidation de tous les types de pensée, de tous les types de vie) sans rapport avec l’atomisme moderne (l’individu, produit d’une idéologie, qui a restreint son horizon aux frontières de sa brève existence, l’individu narcissique qui a rompu le lien avec les traditions culturelles et déchaîne ses désirs dans un univers sans passé et sans avenir), qui n’en est que la monstrueuse caricature.
 
Votre message se concentre sur ce qui constitue seulement les deux conditions de cet individualisme : 1) le lien avec le passé culturel, c’est-à-dire avec les hasards de l’histoire qui ont vu surgir les germes de cet individualisme, ces fameuses "exceptions" dont vous parlez, expressions singulières de la volonté de puissance, dont la probabilité d’apparition et de développement, au sein même de la décadence et du nivellement, est toujours (plus ?) réduite, mais dont la menace pour la puissance collective de l’Etat, symbole de la force uniformisante qui s’accroît aussi d’elle-même à travers l’histoire (les empires, les grandes religions, la science et la technique…), est nécessaire pour que la balance de la vie trouve son nécessaire équilibre ; 2) la relation entre le dynamisme de la vie s’engendrant d’elle-même et la puissance imaginante : l’image du surhomme est elle-même une création de la vie produisant d’elle-même les schèmes guidant son évolution ascendante (encore une fois Michel Henry n’est pas très loin… à vrai dire il n’est jamais bien loin…), les images-projets qui, s’appuyant toujours sur une incorporation, tentent de rapprocher peu à peu l’homme de l’image à laquelle il veut s’identifier.
 
Tout ceci bien sûr demanderait un développement nettement plus conséquent…

Message cité 1 fois
Message édité par l'Antichrist le 08-08-2008 à 15:15:58
n°15773501
nur
Posté le 08-08-2008 à 14:55:00  profilanswer
 

Chouette! l'Antichrist est d'accord avec moi    :bounce:  (ou moi avec lui  :o )

n°15773736
alcyon36
Posté le 08-08-2008 à 15:08:00  profilanswer
 

ha bon? t'as vu ca où?  
c'est pas mal comme post, mais rien de très nouveau sous le soleil... :lol:

Message cité 1 fois
Message édité par alcyon36 le 08-08-2008 à 15:11:37

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"la pensée de l'être est le souci porté à l'usage de la langue" Heidegger
n°15773781
nur
Posté le 08-08-2008 à 15:10:53  profilanswer
 

alcyon36 a écrit :

ha bon? t'as vu ca où? ;)


 
"Écoutez ceci, peuple insensé, et qui n'a point de coeur! Ils ont des yeux et ne voient point, Ils ont des oreilles et n'entendent point. " Jeremie 5.21
 
 :o  
 
 
 
 

n°15773835
alcyon36
Posté le 08-08-2008 à 15:13:45  profilanswer
 

Je veux bien, mais je comprends pas où tu vois l'AC reprendre ton argumentation, ou l'une de tes "theses"...après si ca te fait du bien en ton for interieur...enjoy.;)
Remarque, c'est surement moi qui comprends mal lae post de l'AC, mais il ne me semble pas qu'il s'oppose vraiment à ce que je racontais (ou Rashaan), il y est plus question de nuances...

Message cité 1 fois
Message édité par alcyon36 le 08-08-2008 à 15:17:45

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"la pensée de l'être est le souci porté à l'usage de la langue" Heidegger
n°15773942
nur
Posté le 08-08-2008 à 15:19:30  profilanswer
 

alcyon36 a écrit :

Je veux bien, mais je comprends pas où tu vois l'AC reprendre ton argumentation, ou l'une de tes "theses"...après si ca te fais du bien en ton for interieur...enjoy.;)


Tu es compatissant.
 
 
Si je devais résumer a l'extreme ce que dit l'antichrist, je dirais qu' il pense que la politique de Nietzsche concernant le surhomme vise a la fin de toute politique.
La grande politique c'est la fin de la politique, le surhomme étant l'antithèse de l'homme-politique.
 

n°15774134
alcyon36
Posté le 08-08-2008 à 15:29:36  profilanswer
 

Je suis pas compatissant, je me moque de toi, nuance! ;)
il me semble que tout projet politique vise la fin de la politique...quelle difference vois tu entre les projets de Platon, Aristote ou Rousseau et celui de Nietzsche?
Enfin non, dis moi plutôt ce qu'est pour toi ce que tu appelles "la fin de toutes politiques"? (ca me rappelle les judicieuses remarques de Scmitt sur le libéralisme...)

Message cité 1 fois
Message édité par alcyon36 le 08-08-2008 à 15:31:28

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"la pensée de l'être est le souci porté à l'usage de la langue" Heidegger
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