Forum |  HardWare.fr | News | Articles | PC | S'identifier | S'inscrire | Shop Recherche
1620 connectés 

 


Quels sont pour vous les trois livres de philo à lire pour un honnête homme ?


 
15.4 %
 273 votes
1.  "La république" de Platon
 
 
6.7 %
 119 votes
2.  "La métaphysique" d'Aristote
 
 
15.7 %
 279 votes
3.  "l'Ethique" de Spinoza
 
 
1.5 %
    27 votes
4.  "Essai de théodicée" de Leibniz
 
 
15.0 %
 266 votes
5.  "Critique de la raison pure" de Kant
 
 
17.8 %
 315 votes
6.  "Par delà le bien et le mal" de Nietzsche
 
 
5.9 %
 105 votes
7.  "L'évolution créatrice" de Bergson
 
 
6.4 %
 113 votes
8.  "Etre et temps" d'Heidegger
 
 
7.5 %
 133 votes
9.  "Qu'est-ce que la philosophie" de Gilles Deleuze
 
 
8.1 %
 144 votes
10.  "Moi, ma vie, mon oeuvre" de obiwan-kenobi
 

Total : 2656 votes (882 votes blancs)
Sondage à 3 choix possibles.
Ce sondage est clos, vous ne pouvez plus voter
 Mot :   Pseudo :  
  Aller à la page :
 
 Page :   1  2  3  4  5  ..  204  205  206  ..  340  341  342  343  344  345
Auteur Sujet :

Philo @ HFR

n°14360646
foutre de
Posté le 17-03-2008 à 21:20:23  profilanswer
 

Reprise du message précédent :

le vicaire a écrit :

je pensais à quelque chose entre Pascal et Sartre en passant peut être par Kierkegaard, car je me demande si Pascal n'est pas à l'origine du concept d'angoisse et si cela a été étudié quelque part...


serge Valdinoci travaille un peu sur l'effroi chez pascal, plutôt que nommément l'angoisse dans un précédent livre dans lequel il repense une partie du vocabulaire ecclésiastique romain dans un sens très large ; mais ce n'est pas son meilleur.
malgré tout il y a je crois un index nominum; j'irai voir s'il y a une piste


---------------
« Une force presque nulle est une force presque infinie dès lors qu'elle est rigoureusement étrangère au système qu'elle met en mouvement »
mood
Publicité
Posté le 17-03-2008 à 21:20:23  profilanswer
 

n°14360691
foutre de
Posté le 17-03-2008 à 21:25:49  profilanswer
 

INSTANT DE PHENOMENOLOGIE, une pensée fugitive par Néojousous             :D  
 
 
http://aycu39.webshots.com/image/46638/2000362982326920448_rs.jpg


---------------
« Une force presque nulle est une force presque infinie dès lors qu'elle est rigoureusement étrangère au système qu'elle met en mouvement »
n°14362034
foutre de
Posté le 17-03-2008 à 22:57:05  profilanswer
 

voilà, livre parcouru. peu de référence en fait. Valdinoci évoque sartre, kierkegaard, et pascal mais regrette qu'il n'y ait chez lui pas d'analytique directe de l'effroi sinon à travers quelques occurrences dans les Pensées.
Il ajoute cependant que Pascal classe la philosophie parmi les divertissements dont l'homme fait usage pour se dissimuler le saisissement de son existence, cet effroi justement.
du coup je vais blaisepascaler ce soir

Message cité 1 fois
Message édité par foutre de le 17-03-2008 à 22:57:49

---------------
« Une force presque nulle est une force presque infinie dès lors qu'elle est rigoureusement étrangère au système qu'elle met en mouvement »
n°14363412
le vicaire
Posté le 18-03-2008 à 07:54:55  profilanswer
 

vi même le boulot, l'internet, l'amitié, la guerre... du divertissement pour Pascal, c'est assez radical. Ta photo, un gars qui mouline dans du vide perdu dans un lieu improbable et poursuivi par son moi... c'est pascalien. C'est quoi la référence stp ?

n°14363418
l'Antichri​st
Posté le 18-03-2008 à 07:57:31  profilanswer
 

le vicaire a écrit :

en fait y'a pas de centre chez Pascal, l'homme est en déroutage permanent, la place de l'homme c'est qu'il n'en a pas : "Nous voguons sur un milieu vaste, toujours incertains et flottants, poussés d’un bout vers l’autre; quelque terme où nous pensions nous attacher et nous affermir, il branle et nous quitte et, si nous le suivons il échappe à nos prises, nous glisse et fuit d’une fuite éternelle" (fr. 230). Un libertin c'est libre d'aller là où il veut même chez Dieu, il se pose sur de l'évidence, le moi ou dieu. Et ça marche jamais car il n'est ni l'un ni l'autre. Mais bon je vais peut être un peu vite en interprétation...


 
Oui, c'est très intéressant ce que vous dites et le cas du libertin illustre bien la méthode pascalienne qui commence seulement à être connue aujourd'hui (à mon humble avis...). Autrement dit, Les Pensées sont une entreprise paradoxale : elles supposent l’impuissance de la raison et même l’inefficacité de toute entreprise humaine dans l’ordre de la foi. Tel est l’augustinisme pascalien : la foi ne se gagne que par la grâce. La raison est faible et ployable en tout sens. Pascal exhibe le spectacle de l’impuissance de la raison. De plus, toute action humaine est impuissante, y compris celle qui se fonderait sur une apologétique du coeur : seule la grâce a le pouvoir de régler le coeur. En outre, il existe un paradoxe du coeur : celui-ci est plein d’ordure et donc le foyer du mal.
 
Théorie de la chute : jusqu’à l’instant de la grâce, l’homme se détourne de la vérité. Il faudra donc pour l’apologétique entrer dans l’amour-propre des hommes et donc devenir folle pour combattre à armes égales la folie des hommes. C'est pourquoi, Pascal s’adresse aux libertins comme Miton, auteur des Pensées sur l’honnêteté.
 
D'où aussi le refus du discours continu et de la préférence pour la forme fragmentaire qui relève d’une réflexion épistémologique. Elle est liée à cette expérience de l’incertitude de l’homme jeté dans le monde et qui ne sait à quel rang se mettre. La diversité des choses à connaître exclut une totalisation du réel à connaître. De plus, la diversité des points de perspective interdit au sujet de fixer son savoir de manière définitive.
 
Ainsi l’homme n’est-il pas substance, mais support d’accidents sans identité propre. La "nature" de l’homme n’existe pas puisque l’homme est la combinaison aléatoire de contradictions. De ce fait, la rhétorique est extrêmement importante : l’accès au vrai passe par le double filtre des impressions extérieures (ce que le discours me fait ressentir) et d’un état d’âme passager. Le refus de l’ordre systématique répond à la fois à la position mobile du sujet de connaissance, à la variété insaisissable des objets à connaître et à la nécessité de s’adapter, pour le vaincre, à l’inconstance des choses humaines. Il y a donc un renversement continuel chez Pascal, ce fameux "déroutage" dont vous parlez !
 
Aucune certitude n’est garantie "hors la foi et la révélation". Il faut montrer à l’homme sa double infinité : infiniment grand et infiniment petit. Toute position philosophique est partielle du point de vue de Dieu. Pascal procède donc à un renversement de toute proposition afin de démontrer leur aspect partiel. Pascal fait souvent appel, pour contrecarrer les positions sophistiquées des différentes morales, à un dépassement par le bas : il s’agit de mettre l’accent sur une proposition qui prend en compte les faits concrets et non idéalisés. Il est inutile de saluer le prince qui passe car son pouvoir ne repose que sur son habit et sur ses éléments superficiels ? C’est dangereux, répond Pascal, car le prince exhibera sa force en me frappant et en me faisant donner des étrivières !
 
Disons-le autrement. L’entreprise pascalienne élabore une anthropologie fondée sur la grandeur et la misère. Reprenant les conclusions de l’entretien avec Monsieur de Sacy, l’homme apparaît comme un être de grandeur mais aussi de bassesse. Se connaître misérable dans sa grandeur, c’est pouvoir sortir de positions apparemment contradictoires que sont la position d’Epictète et la position de Montaigne. L’homme est un être de grandeur et de bassesse parce qu’il est un être d’esprit et de corps. L’homme est le lieu de la réunion de deux natures hétérogènes.
 
De ce fait, Pascal semble avoir une philosophie : la philosophie cartésienne. Celle-ci insiste en effet sur la distinction de l’âme et de corps. Pascal fait jouer Descartes contre les autres philosophes pour montrer que Descartes porte à son paroxysme l’entreprise philosophique. La philosophie de Descartes accomplit la philosophie dans son excellence, c’est-à-dire en tant que métaphysique. La raison est la grandeur de l’homme parce que l’homme est un roseau pensant. Mais il faut voir également que la raison est ployable en tout sens. La faiblesse concerne aussi la pensée. C'est ce que vous tentez de dire, incessamment, dans presque tous vos messages (dans notre dicussion sur la place de la volonté ou, récemment encore, dans votre petit mesage sur rousseau un peu plus haut), et je suis oh combien d'accord ! Il est alors possible de dépasser la philosophie cartésienne, c’est-à-dire la métaphysique. Telle est le sens de la théorie des trois ordres. La concupiscence des yeux est une orientation de l’esprit vers les corps. La concupiscence de l’esprit est une orientation de l’esprit vers les réalités intelligibles. La concupiscence de l’orgueil est le fait de voir par les yeux de la foi. C’est l’ordre de la foi. Il existe une distance infinie entre chaque ordre. C’est pourquoi Pascal propose un dépassement de l’ordre de la métaphysique.
 
Il existe une distance incommensurable entre l’ordre des esprits et l’ordre de la charité. Le dépassement de la philosophie ne se fait pas par une réfutation – forcément philosophique – parce que la philosophie conserve sa valeur mais cantonnée dans l’ordre des esprits. L’ordre de la charité ne se pense pas mais s’obtient par la grâce. Cela permet la conversion surnaturelle du regard intellectuel en regard du coeur.
 
Pascal prône donc une non-apologétique. L’apologétique développe une machine argumentative et veut faire admettre Jésus-Christ au risque que le chrétien soit mal perçu. Dans la non-apologétique, il n’y a pas d’argumentation. Cela fait recevoir le chrétien au sein des hommes. Il s’agit de remplacer la dogmatique par la simple vision de l’ "explosion liturgique". L’apologétique traditionnelle veut convaincre par raisons. Or cela est inutile. Les chrétiens vont alors mieux s’insérer, se faire admettre parmi les non-chrétiens. Si un discours apologétique atteignait la conviction d’un esprit rationnel, quel serait le résultat ? Le moment de l’adhésion ne serait qu’une simple conséquence de l’évidence. Le principe serait : une plus grande lumière dans l’entendement produit une plus grande inclination dans la volonté. Or cela est inexact parce qu’il faut que la volonté veuille librement aimer. On peut convaincre la raison par des raisons et on peut contraindre la raison par la force. Pour la volonté, on ne peut convaincre la volonté que par une décision d’elle seule. Toutes les raisons du monde ne peuvent convaincre la volonté. L’apologétique a une identité qui coïncide avec son échec.
 
Comme le dit Pascal en L. 661, l’esprit croit naturellement et la volonté aime naturellement. C’est l’évidence et l’amour. Si on connaît la vérité non seulement par la raison mais encore par le coeur ( L. 44 ), c’est que seul le coeur peut accéder à la vérité ultime, seule non figurative d’autre chose, seule symbolique d’elle-même, la charité. L’ordre de la charité transcende infiniment l’ordre des esprits. Voir le pari : le raisonnement contraint mais l’argument accule le libertin à envisager une décision de la volonté. Le libertin ne peut discuter l’argumentation : il lui faut porter le débat dans son lieu : disputer la volonté qui doit aimer. L’apologétique doit conduire à ce point : laisser la volonté assez libre d’elle-même pour admettre que l’amour de Dieu, Dieu comme amour, est à aimer volontairement ou à refuser. Il faut rendre la volonté apte à l’amour. S’abêtir, ce n’est pas être stupide ou se réfugier dans la raison mais c’est laisser la volonté dans son jeu. Seul l’amour donc la volonté pourra atteindre Dieu. Il faut se rendre à l’amour, non à l’évidence. C’est pourquoi le Vendredi Saint est le paradigme de toute conversion, mort à soi, résurrection filiale au Père. A la volonté incroyante ne manque que la transvaluation en amour : non plus vouloir (pour) s’affirmer et donc posséder mais vouloir (pour) s’abandonner à la distance. Pour croire, la volonté n’a besoin que de se convertir. La grâce n’est pas un surcroît de volonté mais une nouvelle modalité de la volonté qui s’abandonne à l’Amour. Mais Dieu opte pour la présence d’un dieu qui se cache car toute autre présence est mortelle : on est ébloui. On n’est pas dans l’obscurité mais dans l’éblouissement. Notre regard sans amour fuit cela. Seul l’amour qui peut tout, qui supporte tout (1, Corinthiens, 13, 7) peut supporter du regard l’excès d’amour.

Message cité 1 fois
Message édité par l'Antichrist le 18-03-2008 à 13:41:27
n°14365943
foutre de
Posté le 18-03-2008 à 14:10:57  profilanswer
 

plutôt qu'augutinisme j'aurais dit Jansénisme de Pascal, mais c'est parce qu'hier soir j'ai lu une partie de la préface des Provinciales dans l'édition garnier classique. Elle est de Louis Cognet, bon spécialiste des débats spirituels du XVIIeme siècle.


---------------
« Une force presque nulle est une force presque infinie dès lors qu'elle est rigoureusement étrangère au système qu'elle met en mouvement »
n°14366508
pascal75
Posté le 18-03-2008 à 15:11:39  profilanswer
 

Il y a quelques semaines "Les provinciales" était joué à Chaillot, mis en scène pour le théâtre par Bruno Bayen. J'en ai retenu les discussions sur le vrai et le faux, sur les idées vidées de leur sens à force d'interprétation. Le pamphlet a gardé une certaine force et une certaine actualité même si c'est un peu difficile de pas se tortiller sur sa chaise au bout de deux heures de spectacle.


---------------
GAFA  We are stardust Billion year old carbon We are golden
n°14367112
rahsaan
Posté le 18-03-2008 à 16:10:30  profilanswer
 

foutre de a écrit :

plutôt qu'augutinisme j'aurais dit Jansénisme de Pascal, mais c'est parce qu'hier soir j'ai lu une partie de la préface des Provinciales dans l'édition garnier classique. Elle est de Louis Cognet, bon spécialiste des débats spirituels du XVIIeme siècle.


 
Augustinisme aussi : refuser les tentations de ce monde, la volonté s'accomplissant dans l'amour etc.


---------------
Mon roman d'anticipation, L'I.A. qui m'aimait : https://tinyurl.com/mtz2p872 | Blog ciné/JV : http://cinecourt.over-blog.com
n°14367863
foutre de
Posté le 18-03-2008 à 17:40:17  profilanswer
 

oui, bien sûr.
En fait Cognet explique comment c'est la Publication du commentaire Augustinien de Janssenius qui est le nerf des polémiques qui visent l'Eglise à une époque où la guerre de religion est bien chaude. On surveille énormément les jésuites pour leurs moeurs discutées.
Ce qui pose problème c'est que le commentaire qu'il fait de l'oeuvre d'Augustin a très tôt une autorité universitaire européenne ; elle est difficile à dénier.
Donc c'est une épine pour une partie de la doxa catholique autour d'interdictions de certaines thèses.

 

Cognet, dans un autre livre, Le crépuscule des mystiques, développe la façon dont la polémique du quiétisme entre Fénelon et Bossuet, mais intriguée jusque dans les plus profondes strates de la Cour, définit une grande étape de la spiritualité. Les jansénistes y sont sollicités, et on remarque le même investissement d'un lieu, mais cette fois-ci pas Port royale, St Cyr où Madame de Maintenon tenait une communauté spirituelle


Message édité par foutre de le 18-03-2008 à 17:51:28

---------------
« Une force presque nulle est une force presque infinie dès lors qu'elle est rigoureusement étrangère au système qu'elle met en mouvement »
n°14367989
le vicaire
Posté le 18-03-2008 à 17:50:43  profilanswer
 

l'Antichrist a écrit :

Pour croire, la volonté n’a besoin que de se convertir. La grâce n’est pas un surcroît de volonté mais une nouvelle modalité de la volonté qui s’abandonne à l’Amour.


 
ça c'est encore un peu obscur pour moi... Les jansénistes me paraissent un peu dangereux à voir le monde se plier comme cela. Des vrais "fous de Dieu", total mystique.  
 

l'Antichrist a écrit :

On n’est pas dans l’obscurité mais dans l’éblouissement


C'est bien ça qui me fait peur. Tout ça pour finir aveugle.
 
Toujours très instructif un post de l'AC.

mood
Publicité
Posté le 18-03-2008 à 17:50:43  profilanswer
 

n°14368015
foutre de
Posté le 18-03-2008 à 17:52:50  profilanswer
 

dans ces cas-là, il reste 4 sens et pas mal de données somatiques sensitives


---------------
« Une force presque nulle est une force presque infinie dès lors qu'elle est rigoureusement étrangère au système qu'elle met en mouvement »
n°14368217
le vicaire
Posté le 18-03-2008 à 18:13:58  profilanswer
 

What ? tu peux un poil développer...


Message édité par le vicaire le 18-03-2008 à 18:16:03
n°14369067
foutre de
Posté le 18-03-2008 à 19:45:23  profilanswer
 

Hegel dit "rien de grand ne se fait sans passion".
S'aveugler dans l'éblouissement, par exemple Eckhart dans la Merveille, ou jean de la croix qui fait nuit sur les sens et sur l'intelligence, ça a bien à voir avec la peur, certainement. Mais c'est aussi la sollicitation d'autres domaines perceptifs, et en bon phénoménologue (je pense à Merleau ponty), c'est explorer nouvellement le monde.

 

les informations somatiques sont très nombreuses, sensoriellement tout d'abord, sensitivement ensuite.
Perdre la vue, c'est quitter la classe perceptive dominante - pour parler d'un marx où le corps et le fonctionnement social sont intimement liés (pensons à la signalisation pour les handicapés).
C'est terrible mais le corps reconstitue alors une autre politique somatique, où les hierarchies dans l'apparaître sont modifiées.
Je vous passe le développement accru de l'autition, qui est promu au stade de paysage sonore à part entière. Mais parmi les informations somatiques extéroceptives (tournées vers l'extérieur de la limite cutanée), le toucher (température, pression, perceptions discriminatives), notamment dans les cas de lectures brailles, lui aussi connaît un investissement perceptif ahurissant.
Mais ce n'est pas tout : il reste encore deux grands domaines spécifiques de la perception. Pour quelqu'un qui perd la vue, la proprioception, l'ensemble des informations sensitives de la motricité, de l'action des forces mécaniques musculaires qui ne déploient pas l'espace selon le protocole de l'horizon visuel mais qui disposent le corps selon les pouvoirs musculaires et articulaires qu'il a développé (Je pense au magnifique final de Généalogie de la Psychanalyse de Michel Henry, sur la main et la déesse japonaise bosatsu), la proprioception devient le pilier de l'équilibre (fermez les yeux et tenez-vous sur un pied, dans le noir. vos yeux sont tellement incontournables pour adapter votre équilibre à l'espace perçu, que très vite vous sentirez votre cheville se protéger par de multiples contractions-réflexes myotatiques pour éviter la chute); l'ensemble des tissus articulaires, mais aussi des tissus musculaires, sont hyper-investis pour les informations kinesthésiques qu'ils fournissent en relayant l'exercice des forces et les réactions en feedback des forces opposées (inertie linéaire, inertie angulaire, resistances aux maîtres-couples, déplacement du centre de masse corporel, du centre de poussée archimédien pour le milieu aquatique...). exemple, le dosage de la pression sur la pédale de l'accélérateur, où sur telle la porte à groom automatique que vous connaissez bien.
Mais en plus de la kinesthésie, la gravité est appréhendée également via les informations du vestibule de l'oreille interne qui permet en s'additionnant aux données somatiques précédentes d'ordonner le tonus postural dans le flux permanent de la force terrestre (voir la rapide phénoménologie de la Terre dans le lien que j'ai mis juste au dessus).
Et je vous passe l'intéroception, qui est un immense mystère à explorer tellement ces perceptions splanchniques sont négligées dans l'éveil sensitif des enfants...

 

Cela pour dire, que l'aveuglement, la passion mystique d'abandon, le subir de l'amour pur (chez les quiétistes par exemple), permet la reconfiguration du schéma corporel ; c'est comme une "rééducation", un changement de culture dans l'appréhension du réel. il n'y a pas simplement éblouissement aveuglant, mais ouverture, à cette occasion de renoncement, vers un nouveau partage perceptif.
C'est une occasion de découverte aussi large que de se dire qu'on pourrait observer les étoiles non plus en considérant la terre comme le centre mais le soleil (ou l'inverse). voyez comme ça peut changer des représentations (et des images de soi humaines...)

 

Deleuze et Guattari ont parfois evoqué les investissements politiques du corps. Il y a en fait de véritables enjeux idéologiques dans la perception et la motricité ; enjeux de rapports dominants avec les minorités (urbanisme, communication, exclusion des booms du multimédia, de la mobilité ou de l'accessibilité...).

 

voilà, j'ai développé un peu. S'aveugler, c'est certainement une réduction, le saccage d'un potentiel, mais c'est aussi le lieu d'une donation sur des modes minoritaires qui n'ont rien à envier aux modes normatifs d'appréhender le réel... même si en effet, cette normalité fait moins peur ; et en effet les jansénistes sont effrayants

 

mais l'effroi chez pascal...

Message cité 1 fois
Message édité par foutre de le 18-03-2008 à 20:02:16

---------------
« Une force presque nulle est une force presque infinie dès lors qu'elle est rigoureusement étrangère au système qu'elle met en mouvement »
n°14369234
alcyon36
Posté le 18-03-2008 à 20:00:35  profilanswer
 

"Vicariat des sens:
On a aussi les yeux pour entendre, disait un vieux confesseur devenu sourd;et au royaume des aveugles, celui qui a les plus longues oreilles est roi"(GS, 223)


---------------
"la pensée de l'être est le souci porté à l'usage de la langue" Heidegger
n°14369379
le vicaire
Posté le 18-03-2008 à 20:10:20  profilanswer
 

Je crois que Rahsaan parlait de ces athés (Sade il me semble) qui passent par des moments de rebellion à l'égard du divin et bien les jansénistes j'ai l'impression que c'est le contraire. Pascal n'est il pas lui même un ancien libertin ? Je voulais souligner l'idéologie du sacrifice qu'il y a derrière ça et de ses effets politiques. On n'est pas loin du fanatisme avec cette idée de la Grâce accordée a quelques "happy few"...

n°14369405
foutre de
Posté le 18-03-2008 à 20:13:28  profilanswer
 

Chez sade la rebellion est aussi contre la divinité qu'est la Mère Nature, qu'il s'agit d'outrager

 


edit : "athée" toujours "ée" même au masculin


Message édité par foutre de le 18-03-2008 à 20:15:00

---------------
« Une force presque nulle est une force presque infinie dès lors qu'elle est rigoureusement étrangère au système qu'elle met en mouvement »
n°14369688
foutre de
Posté le 18-03-2008 à 20:37:03  profilanswer
 

En fait, c'est d'un côté une sorte d'élitisme, la grâce (comme la piété d'onction ou la foi unitive chez les mystiques) ; mais de l'autre c'est la mise en théorie de la possibilité d'une autre communauté, plus restreinte, par exemple celle des moines, qui fait exercice quotidien de son salut.
il y a toujours dans le catholicisme la notion d'être "appelé à", de vocation.
La grâce est une forme déterministe de cette vocation.
ce qui est important c'est de saisir une nouvelle tentative de faire échapper le divin au mérite et à la négociation, c'est à dire d'échapper au paganisme et à sa façon de troquer le sacrifice.
Le sacré est décrit comme frappe arbitraire et absolue. c'est la foudre.
C'est une façon d'insister sur la toute puissance.

 

Il faut dire qu'un des reproches protestants adressé au catholicisme, c'est d'avoir colporter dans le christianisme des restes de paganisme rituel (la toussaint par exemple; le culte des saints). Beaucoup des mouvements internes au catholicisme après la réforme correspondent à  un retour à une certaine rigueur. C'est à qui aura la vie la plus pieuse (entre deux massacres civils bien sûr...)
Ca peut faire fanatisme, mais on est quand même loin de saint bernard de clervaux célébrant la constitution de l'ordre militaro-pastoral des templiers, noces mystiques de la croix et de l'épée.
il y a bien un voeu de vie et une consécration à une oeuvre, mais ça reste une oeuvre d'humilité ou de charité.
Le Jansénisme, apportant le déterminisme dans la foi, est un gros coup porté à la bonne humeur catholique. toute la culture du XVIIeme siècle s'en ressent, par exemple le théâtre de racine (élevé proche de port royal, il va chercher le pessimisme de sa matière chez Tacite notamment)
je conseille la lecture de Morales du Grand siècle pour suivre le chemin qui va de la fin de la féodalité à l'avènement de la bonhommie bourgeoise ( de corneille à molière, en passant pas arnault larochefoucault pascal ou racine). Il y est montré la part nihiliste de la pensée pascalienne, l'ambiance monacale féminine dans laquelle s'est développé le jansénisme (le quiétisme aussi, encore plus, d'ailleurs).
Il relève aussi des comparaisons entre jansénius et Hobbes, déjà avancé par Joseph de maistre ou sainte beuve (paul bénichou est un spécialiste du romantisme également d'où la référence à Sainte beuve)


Message édité par foutre de le 18-03-2008 à 20:39:56

---------------
« Une force presque nulle est une force presque infinie dès lors qu'elle est rigoureusement étrangère au système qu'elle met en mouvement »
n°14369819
le vicaire
Posté le 18-03-2008 à 20:50:09  profilanswer
 

Mercie beaucoupe Foudre de :love:

n°14372422
crackingod​01
Posté le 19-03-2008 à 01:07:50  profilanswer
 

J'ai trop de boulot j'arrive pas a me mettre a "des mots et des choses" :(
 
Vous auriez pas des conseils de lecture sur le theme de societe de masse et de politique de masse?
Je regarde du cote de Tocqueville et Durkheim pour l'instant.

n°14373101
foutre de
Posté le 19-03-2008 à 06:34:06  profilanswer
 

essaie Reich, Psychologie de masse du fascisme, passionnant


Message édité par foutre de le 19-03-2008 à 06:34:23

---------------
« Une force presque nulle est une force presque infinie dès lors qu'elle est rigoureusement étrangère au système qu'elle met en mouvement »
n°14373296
Mine anti-​personnel
Posté le 19-03-2008 à 08:56:33  profilanswer
 

crackingod01 a écrit :

J'ai trop de boulot j'arrive pas a me mettre a "des mots et des choses" :(
 
Vous auriez pas des conseils de lecture sur le theme de societe de masse et de politique de masse?
Je regarde du cote de Tocqueville et Durkheim pour l'instant.


Essaie peut-être Masses et puissance de Canetti, un classique.

n°14377195
l'Antichri​st
Posté le 19-03-2008 à 16:28:45  profilanswer
 

foutre de a écrit :

Hegel dit "rien de grand ne se fait sans passion".
S'aveugler dans l'éblouissement, par exemple Eckhart dans la Merveille, ou jean de la croix qui fait nuit sur les sens et sur l'intelligence, ça a bien à voir avec la peur, certainement. Mais c'est aussi la sollicitation d'autres domaines perceptifs, et en bon phénoménologue (je pense à Merleau ponty), c'est explorer nouvellement le monde.
 
les informations somatiques sont très nombreuses, sensoriellement tout d'abord, sensitivement ensuite.
Perdre la vue, c'est quitter la classe perceptive dominante - pour parler d'un marx où le corps et le fonctionnement social sont intimement liés (pensons à la signalisation pour les handicapés).
C'est terrible mais le corps reconstitue alors une autre politique somatique, où les hierarchies dans l'apparaître sont modifiées.
Je vous passe le développement accru de l'autition, qui est promu au stade de paysage sonore à part entière. Mais parmi les informations somatiques extéroceptives (tournées vers l'extérieur de la limite cutanée), le toucher (température, pression, perceptions discriminatives), notamment dans les cas de lectures brailles, lui aussi connaît un investissement perceptif ahurissant.
Mais ce n'est pas tout : il reste encore deux grands domaines spécifiques de la perception. Pour quelqu'un qui perd la vue, la proprioception, l'ensemble des informations sensitives de la motricité, de l'action des forces mécaniques musculaires qui ne déploient pas l'espace selon le protocole de l'horizon visuel mais qui disposent le corps selon les pouvoirs musculaires et articulaires qu'il a développé (Je pense au magnifique final de Généalogie de la Psychanalyse de Michel Henry, sur la main et la déesse japonaise bosatsu), la proprioception devient le pilier de l'équilibre (fermez les yeux et tenez-vous sur un pied, dans le noir. vos yeux sont tellement incontournables pour adapter votre équilibre à l'espace perçu, que très vite vous sentirez votre cheville se protéger par de multiples contractions-réflexes myotatiques pour éviter la chute); l'ensemble des tissus articulaires, mais aussi des tissus musculaires, sont hyper-investis pour les informations kinesthésiques qu'ils fournissent en relayant l'exercice des forces et les réactions en feedback des forces opposées (inertie linéaire, inertie angulaire, resistances aux maîtres-couples, déplacement du centre de masse corporel, du centre de poussée archimédien pour le milieu aquatique...). exemple, le dosage de la pression sur la pédale de l'accélérateur, où sur telle la porte à groom automatique que vous connaissez bien.
Mais en plus de la kinesthésie, la gravité est appréhendée également via les informations du vestibule de l'oreille interne qui permet en s'additionnant aux données somatiques précédentes d'ordonner le tonus postural dans le flux permanent de la force terrestre (voir la rapide phénoménologie de la Terre dans le lien que j'ai mis juste au dessus).
Et je vous passe l'intéroception, qui est un immense mystère à explorer tellement ces perceptions splanchniques sont négligées dans l'éveil sensitif des enfants...
 
Cela pour dire, que l'aveuglement, la passion mystique d'abandon, le subir de l'amour pur (chez les quiétistes par exemple), permet la reconfiguration du schéma corporel ; c'est comme une "rééducation", un changement de culture dans l'appréhension du réel. il n'y a pas simplement éblouissement aveuglant, mais ouverture, à cette occasion de renoncement, vers un nouveau partage perceptif.
C'est une occasion de découverte aussi large que de se dire qu'on pourrait observer les étoiles non plus en considérant la terre comme le centre mais le soleil (ou l'inverse). voyez comme ça peut changer des représentations (et des images de soi humaines...)
 
Deleuze et Guattari ont parfois evoqué les investissements politiques du corps. Il y a en fait de véritables enjeux idéologiques dans la perception et la motricité ; enjeux de rapports dominants avec les minorités (urbanisme, communication, exclusion des booms du multimédia, de la mobilité ou de l'accessibilité...).
 
voilà, j'ai développé un peu. S'aveugler, c'est certainement une réduction, le saccage d'un potentiel, mais c'est aussi le lieu d'une donation sur des modes minoritaires qui n'ont rien à envier aux modes normatifs d'appréhender le réel... même si en effet, cette normalité fait moins peur ; et en effet les jansénistes sont effrayants
 
mais l'effroi chez pascal...


 
La référence au Merleau-Ponty de la Phénoménologie de la perception est effectivement très juste. En gros, chez Merleau-Ponty le "corps propre" possède certaines déterminations pour le moins complémentaires sinon consécutives les unes des autres qui font que le corps n'appartient pas qu'à l'ordre de la nature mais est aussi d'emblée inscrit dans celui de la culture : le corps humain est un symbolisme naturel ou tacite ou d'indivision et il entretient un rapport avec le symbolisme artificiel ou conventionnel. Le corps propre est un système synergique en tant que la perception est une structure générale de comportement qui est toujours en situation et donne au sujet une symbolique générale du monde. Avoir un corps, c'est posséder un montage universel, une typique de tous les développements perceptifs et de toutes les correspondances inter sensorielles par delà le segment de monde que nous percevons réellement. Une chose n'est donc pas effectivement donnée dans la perception, elle est reprise intérieurement par nous, reconstituée et vécue par nous en tant qu'elle est liée à un monde dont nous portons avec nous les structures. Le monde prend sens grâce à la structure perceptive du sujet qui l'organise, l'agence en noyaux significatifs, et ce avant que la pensée réflexive n'intervienne spécifiquement. Cette thèse selon laquelle "il n’y a pas de monde sans une Existence qui en porte la structure " (cf. Phénoménologie de la perception, 3e partie, p. 494) heurte de plein fouet, c'est vrai, le fait, indubitable aussi bien pour la science que pour le sens commun, de la précession du monde sur l'homme. Il s'agit de "l'attitude naturelle" qui admet tacitement et inévitablement un monde, des choses, des êtres, existant en eux-mêmes. Avec Merleau-Ponty, comme avec tous les phénoménologues, il faut au contraire adopter l'attitude transcendantale qui affirme notre présence au monde comme condition de possibilité du monde et ainsi vient contredire ce qui vaut comme fait inébranlable pour l'expérience ordinaire comme pour les sciences : l'antériorité de ce qui est objectif sur toute visée de conscience. Mais il ne s'agit pas de dire que "le monde est constitué par la conscience, mais au contraire que la conscience se trouve déjà à l'oeuvre dans le monde" (ibid.) : la conscience est présence au monde, c'est-à-dire aussi bien "champ de présence" ouvrant sur le passé et l'avenir. Le sujet conscient n'est donc pas une réalité positive séparée mais le foyer d'un "présent pré-objectif", depuis lequel la vie de notre corps, la préexistence du monde, l'existence sociale et historique s'imposent comme des phénomènes bien fondés et donnent lieu à des disciplines pleinement légitimes. C'est sur l'assise de cette conscience comme champ de présence, de cette "expérience pré-scientifique" que s'élaborent les représentations communes et les connaissances scientifiques. La genèse du sens n'est donc pas due à l'acte idéal, mais résulte de la connivence originelle du monde et de l'individu incarné. La mise en évidence du champ perceptif qui préexiste à toute réflexion, à tout discours, conduit à un élargissement de la notion de signification : il y a effectivité du sens linguistique par le renvoi à un sens non linguistique, antéprédicatif, qui s'adresse à une conscience elle-même non parlante, perceptive qui met en formes le monde, l'organise "comme un spectacle". Même s'il n’y a pas de formes en soi, puisqu'elles sont générées par la rencontre dynamique du sujet percevant et de l'être, on peut quand même dire qu'il y a une forme universelle à partir de laquelle notre corps, forme particulière mais prééminente, puisque c'est elle qui organise et fait varier toutes les autres à chacune de ses perceptions, nourrit l'existence humaine.
 
Le corps est présence permanente à lui-même, point de vue sur un dehors, sur un autre, qui implique que nous sommes toujours situés. Etre incarné, ce n'est pas coïncider avec la nature, l'espace, ou l'assimiler en une inspection de l'esprit, c'est en permanence l'appréhender de biais, d'un certain côté, mettre en oeuvre des pleins et des vides, des fonds et des formes qui sont directement générés par cette présence à soi qui anime l'être et lui confère ses configurations spécifiques et mouvantes. Ainsi, "il s'agit de comprendre comment la subjectivité peut-être à la fois dépendante et indéclinable" (cf. Phénoménologie de la perception, 3e partie, p.458-459). Subjectivité "dépendante", puisqu'elle est tributaire de données dont elle n'est pas la source (je ne les vois jamais naître en pleine clarté et ne me connais qu'à travers elles), et subjectivité "indéclinable", puisqu'elle est toujours irréductiblement présente à toutes ces données. Pour comprendre ce statut paradoxal, nous pouvons nous arrêter d'abord sur l'exemple du langage, - exemple qui n'est pas un cas particulier parmi d'autres.
 
Car le cogito est incarné : toute perception, sans jamais parvenir à une synthèse exhaustive de son objet, n'en est pas moins d'emblée identification de celui-ci et enveloppe au moins la certitude concernant ce dépassement de la conscience vers un objet - chose spatiale ou état affectif - qu'elle atteint sans jamais l'épuiser. A rebours de la caractérisation cartésienne qui dissocie la perception et la pensée de percevoir, il faut maintenir la solidarité du percevant et du perçu. Même si l'on admet la notion d'une "pensée de voir" au sens d'une impression subjective qui n'enveloppe pas de certitude quant à son objet, le fait même de la mise en question de cette certitude suppose des visions réelles. De façon analogue, la possibilité de l'illusion dans la vie affective, indiquée par le fait qu'on peut douter de l'authenticité d'un sentiment ou d'une croyance, suppose l'effectivité d'actes constitutifs de tels sentiments ou croyances : mon amour, ma haine, ma volonté ne sont pas certains comme simples pensées d'aimer, de haïr ou de vouloir, mais au contraire toute la certitude de ces pensées vient de celle des actes d'amour, de haine ou de volonté dont je suis sûr parce que je les fais. Le cogito est toujours relatif à une existence de fait ; mais cette existence n'est pas une réalité définie une fois pour toutes, elle est le mouvement par lequel un sujet ne cesse de rejoindre les choses, le monde, sa propre vie. Merleau-Ponty l'écrit très bien : "Ce que je découvre et reconnais par le Cogito, ce n'est pas l'immanence psychologique (...), c'est le mouvement profond de transcendance qui est mon être même, le contact simultané avec mon être et avec l'être du monde." (cf. Phénoménologie de la perception, 3e partie, p. 432) Ainsi, le cogito est la reconnaissance de ce fait fondamental qu'il y a "des actes dans lesquels je me rassemble pour me dépasser". Conscience du rapport au monde ou du rapport à soi, le cogito est toujours conscience d'une facticité préalable à la description psychologique comme à la réflexion transcendantale. On le saisira encore plus nettement en étant attentif à la formulation plus explicite "je pense, je suis" : dans la proposition "je pense, je suis", les deux affirmations sont bien équivalentes, sans quoi il n'y aurait pas de cogito. Si l'on conçoit l'équivalence de telle sorte que dire "Je suis" revienne à dire "Je pense", l'existence est assimilée à la conscience ; mais l'épreuve que fait celle-ci de perceptions qui ne sont jamais transparentes à la réflexion invite plutôt à concevoir que c'est dire "je pense" qui revient à dire "je suis": que la conscience avec toutes ses pensées doit être comprise à partir de l'existence, elle-même caractérisée comme "mouvement de transcendance", relation en acte entre le sujet et un contenu excédant ce qui lui est déjà donné.
 
Le cogito incarné relève d'un mode d'être corporel capable de faire paraître un sens à travers des gestes et des attitudes ; Le corps comme expression permet de distinguer entre une "parole parlante" - donnant lieu à des significations à partir d'intentionnalités dont la source première est la vie du "corps propre" - et une "parole parlée" - qui consiste à faire usage de "significations disponibles". De même, nous pouvons distinguer entre un "cogito parlé" et un "cogito tacite" (même si celui-ci sera remis en question dans le Visible et l'invisible, p.224-225 et p.232-233) : le premier est l'idée de pensée, même exprimée en première personne, qui résulte des mots et de leurs agencements, au point de faire oublier précisément cette assise verbale (de même que la perception livre la chose perçue en faisant en quelque sorte oublier ses aspects moteurs et sensoriels, de même l'expression linguistique livre une signification comme si celle-ci était indépendante de la matérialité du langage) ; le deuxième est le "je" en train de penser, sans la pensée actuelle et active duquel les mots ne prendraient aucun sens. Et pourtant il ne s'agit pas là d'un principe indépendant du langage, et qui en serait le fondement. "Ni le mot ni le sens du mot" ne sont "constitués par la conscience". Le mot, en tant que vocable, n'est pas constitué par la conscience : il est d'abord une combinaison de phonèmes sollicitant un comportement du corps, ou encore une "présence motrice" - c'est-à-dire un événement sensible faisant appel à un certain pouvoir moteur en moi. Et "le sens du mot" n'est pas non plus "constitué par la conscience" : ce sens, c'est-à-dire ce qui est visé à travers l'audition ou la diction du mot, ne peut être acquis que par la perception de la correspondance entre son emploi et la situation de cet emploi. En quoi consiste donc le "cogito tacite" ? Ce qui précède revient à caractériser le sens par la référence à une expérience perceptive, et c'est précisément celle-ci qui a pour siège une "conscience silencieuse" ; cette dernière à son tour, ni effet de langage ni pensée existant par elle-même, est à la fois le lieu où les mots reçoivent un sens et ce qui ne peut s'expliciter, s'effectuer en tant que pensée, que par les mots. Tel est le "Cogito tacite": il n'est "Cogito que lorsqu'il s'est exprimé lui-même" (cf. Ibid., p. 463). Et on comprend ainsi que le langage soit l'épreuve exemplaire et révélatrice du caractère à la fois "dépendant" et "indéclinable" de la subjectivité : le sens des mots relevant d'expériences perceptives qui elles-mêmes supposent une vie subjective, celle-ci ne peut être assimilée à un milieu de part en part linguistique ; mais cette même vie subjective ne se manifestant à elle-même et ne développant son expérience du monde qu'en devenant "sujet parlant", son déploiement dépend de ressources linguistiques dont elle n'est pas l'origine.
 
Ainsi, par le corps, nous sommes toujours en situation, impliqués, et ce d'autant plus que nous habitons le monde, nous l'investissons et le transformons par des mouvements, des déplacements, des gestes, grâce auxquels l'espace et le temps sont vécus, agis et non pas subis à la manière des choses, objets inertes. Le corps transcende le monde et ce faisant se dépasse lui-même : c'est parce qu'il est incarné que le sujet peut se libérer de la nature comme de sa nature animale en déployant un champ d'activité qui transforme le réel, autrui et lui-même, et le manifeste dans sa dimension intentionnelle et signifiante. La kinésie, le mouvement, révèlent l'être. Le mouvement véhicule une signification antéprédicative, prélinguistique, à la fois naturelle et culturelle ; naturelle puisqu'il émane d'un corps en situation et culturelle dans la mesure où il se sédimente et devient moyen de communication, institue un sens qui est repris et perpétué à travers les âges, les époques mais aussi est constamment vivifié, renouvelé en fonction de l'évolution des sociétés. Le mime, la danse, le cinéma sont autant de disciplines artistiques qui attestent ce constat.
 
Parce que le monde n'est pas qu'un ensemble de représentations, cette fonction kinésique du corps se décline en un "je peux", et non pas d'abord comme un "je pense". Notre motricité est pouvoir effectif, c'est-à-dire praxis, et comme telle elle entraîne une certaine conception, compréhension du monde. Ce n'est pas originairement la connaissance qui fonde la praxis, mais l'inverse : c'est parce que nous sommes incarnés que de nos expériences concrètes découlent des comportements, des savoirs faire, des connaissances. Dans cette optique l'étude de pathologies s'avère importante dans la mesure où elle met parfaitement en lumière le lien antéprédicatif, le savoir de proximité, de familiarité, qui unit le sujet au monde par le biais de son corps. Dans l'exemple du membre fantôme où le patient continue de ressentir certaines sensations et des douleurs malgré l'amputation, la profonde inhérence du physique et du psychique au sein de l'existence est manifeste, au point qu'il est impossible de les considérer, à partir de l'étude de ce cas concret, comme deux ordres hétérogènes. Le corps phénoménal par lequel l'homme assume son quotidien sans que chaque geste, chaque instant, constituent pour lui une énigme, un obstacle, est bien ce "je peux", ce pouvoir d'intervenir à tout moment sur lui-même comme sur les choses et les êtres, au point de faire oublier sa présence et son action, d'être "corps habituel" à partir duquel l'existence se déploie et se dépasse.
 
Ce caractère reconnu au corps est certes l'indice d'une présence à soi mais qui n'est jamais, il faut le dire et le répèter, pure coïncidence et implique que le mode d'être fondamental du corps propre est celui d'un perpétuel décalage, d'une tension irréductible à la fois envers lui-même et à la fois envers les objets et êtres qui l'entourent. Il y a une opacité, fondamentale et inaliénable de l'exister qui font de l'homme un être de visée permanent, où tout est toujours à recommencer. Il n'est pas question ici d'affirmer le néant de l'existence en des vues pessimistes dans la mesure où la perception atteint son but, signifie, mais ce but comme ce sens sont toujours à renouveler, s'inscrivent dans une perpétuelle dialectique sans synthèse durable. L'existence est foncièrement ambiguë parce que le corps, comme la conscience, ne se recouvrent jamais eux-mêmes ou l'un l'autre, ne peuvent être en totale coïncidence avec eux-mêmes, pures passivités à la manière des choses. C'est pourquoi, la visée intentionnelle est toujours à faire, de même que l'effort expressif. Dès lors, doit être mise en avant la prééminence originaire du corps doté de deux fonctions qui pourraient être spécifiques au sujet pensant : l'intentionnalité, c'est-à-dire l'action de vivre un Dehors ou un Autre et ce faisant de conférer un sens à ce qui nous est extérieur comme à notre propre comportement, et la faculté de s'exprimer, non au moyen de signes linguistiques, mais grâce à la corporéité comme : "puissance ouverte et indéfinie de signifier - c'est-à-dire à la fois de saisir et de communiquer un sens - par laquelle l'homme se transcende vers un comportement nouveau ou vers autrui ou vers sa propre pensée à travers son corps et sa parole." (cf. Ibid, p. 226) Le corps apparaît donc comme spontanéité signifiante en même temps "qu'arc intentionnel" grâce auquel le sujet peut assumer son existence quotidienne sans se heurter à l'altérité radicale du monde et des autres. C'est à partir du moment où est prise en charge cette vie antéprédicative qui constitue la toile de fond de tous nos actes, plus encore leur condition même de possibilité, que nous pourrons nous ouvrir à un degré d'intelligibilité supérieur. La fonction symbolique exercée par cet arc intentionnel qu'est le corps assure la jonction, se donne comme médiation originaire et originale entre ce que l'on pourrait appeler le vécu à l'état brut et la dimension intellectuelle et spirituelle : "Les sens et en général le corps propre offrent le mystère d'un ensemble qui, sans quitter son eccéité et sa particularité, émet au delà de lui même des significations capables de fournir leur armature à toute une série de pensées et d'expériences." (cf. Ibid, p.147) L'on assiste bien par rapport à la pensée classique à une réhabilitation de la corporéité qui fonde notre rapport au monde comme à autrui en manifestant le primat de la perception en même temps que la signification qu'elle contient en creux. L'expression corporelle est bien ce par quoi l'homme s'arrache du monde naturel, sans pour autant cesser de lui appartenir, mais en le transposant dans un ordre supérieur, celui du sens. Elle assure la transition entre le pur donné naturel et le monde culturel régi par une conscience constituante : "Le corps dans l'expression joue le rôle de symbole d'une certaine signification dont il essaie de se faire l'emblème. Le sens de l'expression est, disons-nous, ce qui apparaît à l'intersection des gestes expressifs compris selon les procédés fondamentaux dans une culture déterminée."
 
Le corps est donc ce lieu virtuel où advient un sens qui n'est jamais préétabli ou surdéterminé, mais se donne comme une réponse originale en fonction de la situation présente. Merleau-Ponty dit ceci dans La prose du monde : "Toute perception, et toute action qui la suppose, bref tout usage de notre corps est déjà expression primordiale, c'est-à-dire non pas le travail second et dérivé qui substitue à l'exprimé des signes donnés par ailleurs avec leur sens et leur règle d'emploi, mais l'opération qui d'abord constitue les signes en signes, fait habiter en eux l'exprimé, non pas sous la condition de quelque convention préétablie, mais par l'éloquence de leur arrangement même et de leur configuration, implante un sens dans ce qui n'en avait pas, et qui donc, loin de s'épuiser dans l'instant où elle a lieu, ouvre un champ, inaugure un ordre, fonde une institution ou une tradition..." (p. 110-111). Le corps n'est pas un automate, ne se limite pas à une série de comportements innés qu'il sélectionnerait en fonction de stimuli extérieurs, mais adopte spontanément une attitude qui est cohérente même si elle n'est pas totalement transparente à elle-même, et c'est pourquoi Merleau-Ponty utilise le terme de mystère. La corporéité met en oeuvre une fonction symbolique qui préside à la genèse du sens, et définit par là un style qui lui est propre. Cette notion de style - qui joue à un double niveau, sur le plan du langage comme celui de l'expression - est précisément ce qui unit, en les résumant, les deux fonctions majeures de la corporéité, intentionnalité et pouvoir de signifier. Le sujet incarné imprime physiquement son style et à ce titre fait oeuvre d'individuation. En étant structurellement identique aux autres, il n'est pas pour autant anonyme parce qu'il exprime une manière d'être au monde originale et personnelle ; c'est la raison pour laquelle Merleau-Ponty affirme page 176 de la Phénoménologie de la perception que : "Ce n'est pas à l'objet physique que le corps peut être comparé, mais plutôt à l'oeuvre d'art." Le sujet incarné est un noeud de significations vivantes par lequel il se transmue en subjectivité indéclinable, dotée d'une personnalité unique.
 
Ce qui est mis en évidence avec Merleau-Ponty, est le fait que le sujet n'est ni immergé dan un monde, un Lebenswelt (littéralement le monde de la vie) qui l'enveloppe de tous côtés au point de l'étouffer, de le réduire au silence, ni une pure conscience constituante, pas plus qu'un composé mal assorti de deux ordres antagonistes, le psychique et le corporel, mais une totalité expressive qui génère du sens.
 
Je retiens également le concept "d'ouverture", fondamental pour comprendre, chez Bergson et Nietzsche (les deux auteurs sur lesquels j'appuyrai le couplage conscience vivante et univers), la manière qu'a ma perception de dépendre de quelque chose qui est perceptible virtuellement, en droit, de s'ouvrir à de l'ouvert, à de la durée, à quelque chose d'analogue à ma conscience, une conscience/univers. En ce sens, il n'y a pas de différence entre être et être perçu. C'est comme si nous appréhendions un rapport de durées (univers/vie) au sein d'un rapport de mouvements (mouvement d'univers/action vitale qui reçoit le mouvement, le retarde, le divise et le redistribue cérébralement sur les voies motrices). Par conséquent, notre propre durée semble impliquer la durée de l'univers, l'apparaissant en nous semble impliquer un apparaître en soi... Faut-il, comme l'a fait Deleuze, penser un chiasme de l'être et de la pensée, de l'ontologie et de la conscience ? La phénoménologie implique alors l'ontologie. En deça des images fixes de la perception, il y a un agencement d' "images-mouvement" qui agit dans ma conscience et que ma perception appréhende comme le "rayonnement", la mobilité sous la figure rigide, le changement dans le tout. Des images en soi apparaissent en moi, imperceptible de la perception. Par notre perception nous sommes plongés dans un rayonnement général, dans un univers-lumière dont nous ne sommes que les vibrations. Autrement dit, il n'y a qu'un seul plan d'univers avec des durées qui différent. Les illusions du réalisme et de l'idéalisme découlent de ce qu'on traite le vivant comme "un empire dans un empire". Mais celles-ci disparaissent quand, au contraire, on ramène le corps biologique à l'univers, la partie au tout, comme le faisait déjà Spinoza pour penser Dieu. Car déjà chez Spinoza, la manifestation de Dieu ne consiste pas en un dédoublement à la suite duquel il y aurait d'un côté Dieu qui, par l'intermédiaire du corps ou d'entendement, disposerait d'un autre côté, c'est-à-dire en nous, son idée au milieu des autres idées. L'idée de Dieu en nous et la chose particulière hors de nous (Dieu) sont une seul et même chose, sont Dieu lui-même tel qu'il se manifeste. De même que la lumière n'a pas besoin que l'on ouvre les volets pour briller, de même Dieu n'a pas besoin du corps ou de l'entendement pour se manifester. Comme si la lumière devait être éclairée ! Mais qu'il y ait un corps ou un entendement et l'idée de Dieu y brillera, parce qu'elle brille toujours déjà par elle-même. Dieu seul est "cause" de son idée produite en nous. Point de médiation, cette "manifestation n'est pas une connaissance qu'on tire d'autre chose, elle est immédiate" (cf. Spinoza, Court traité, II, chap. XXII). La psychologie ouvre sur un univers comme ensemble d'images-mouvement, un "univers comme cinéma en-soi", "métacinéma" (cf. Deleuze, l'image-mouvement). C'est dire que la conscience perd ici son privilège, elle n'est plus seulement conscience intentionnelle en situation. En fait, l'ontologie exige ici une conscience non plus de fait mais de droit : le cinéma en soi est corrélé à un oeil en soi. Autrement dit, la perception implique toujours une luminosité plus vaste qui ne peut apparaître parce qu'elle n'est pas encore réfléchie, arrêtée. La perception immanente chez Bergson est bien de cet ordre : vision du Tout, photographie du Tout, "en droit, l'image du Tout" (cf. Matière et mémoire). Plus de perspective ici, plus de point de vue sur les choses. Il en va comme si la photographie était déjà prise, "dans l'intérieur même des choses et dans tous les points de l'espace" (Ibidem). Un oeil dans la matière, une conscience dans la matière. Ce plan d'images-mouvement est précisément une lumière invisible qui ne se révèle que dans sa réfraction sur le corps vivant. Cet apparaître en soi n'est autre que la conscience en droit du Tout, puisque le tout est continu et rayonnant et que chaque image le contient virtuellement. Dans notre perception vitale nous avons affaire à un proto-art qui devance notre conscience mais ne se manifeste qu'en elle (dont nous avons aussi un aperçu avec la Naissance de la tragédie de Nietzsche). Ce proto-art n'a pas de sens si l'on imagine un donné perceptif objectif, un fond originaire chosique qui précède la conscience. Il n'y a pas de subjectivité pure, mais une subjectivité semblable à l'univers matériel. Tel est le chiasme de l'être et de l'apparaître.
 
C'est dire encore une fois que pour la phénoménologie le monde, constitutif de l'apparaître, est l'a priori de l'apparition du sujet à lui-même. Au lieu que le monde soit constitué de vécus, il n'y a de vécus que sur fond de monde. Le sujet n'est plus isolé du monde, retranché dans une intériorité fermée. Et c'est pourquoi il faut le penser. Comme moment de l'apparaître, et non plus comme constituant l'apparaître, il s'agit de suivre le sujet au fil de sa phénoménalité qui découvre la présence invisible, intotalisable du monde. Une tension existe entre le sujet et son apparaître comme univers (le sujet comme "médiateur de l'apparaître" ). Il s'agit de ressaisir la distance qui existe nécessairement entre le sujet engagé dans le monde, mais s'en dégageant nécessairement. Seul un sujet vivant en mouvement et désirant introduit une négativité suffisante, un décalage entre horizon du monde et actualisation, pour rendre compte de la relation constitutive entre un apparaître invisible de l'univers, indépendant du vécu et son apparition subjective, étant singulier qui met l'univers à distance pour qu'il apparaisse. Le désir est ce qui rapporte l'une à l'autre l'apparition finie et la co-apparition du monde qu'elle suppose. Mais, pour Bergson, il faut bien le dire, la condition subjective n'a aucun privilège ! Je pars de ma perception, mais celle-ci s'ancre dans un mouvement d'univers qui la déborde de toute part. Ma durée de vie s'inscrit dans l'histoire de la vie ! Deslors, notre expérience plurivoque est à la fois psychologique et ontologique : ce qui signifie bien que notre conscience est un rapport à l'absolu sous toutes ses formes et non un absolu. L'apparaître en soi ne se donne aucun sujet, elle est relation à un corps vivant quelconque dont elle permet la production d'une subjectivité, auquel elle apporte un effet de conscientisation.


Message édité par l'Antichrist le 19-03-2008 à 18:29:27
n°14378726
Profil sup​primé
Posté le 19-03-2008 à 19:26:19  answer
 

Bon c'est décide , je me met a Foucault et a Barthes :o

n°14378989
foutre de
Posté le 19-03-2008 à 20:01:48  profilanswer
 

pour agrémenter Foucault, il est bon de lire du René Char ; pour agrémenter Barthes, de lire du Brecht (et pourquoi pas, du Robbe-grillet, du Sollers...).
Et puisque nous parlions XVIIeme siècle, je conseille son article sur La Bruyère dans les "Essais critiques" ; un modèle du genre


---------------
« Une force presque nulle est une force presque infinie dès lors qu'elle est rigoureusement étrangère au système qu'elle met en mouvement »
n°14379124
Profil sup​primé
Posté le 19-03-2008 à 20:17:09  answer
 

Bien oui mais je pense qu'il y ait pas cela a ma blibli , si ?

n°14379433
foutre de
Posté le 19-03-2008 à 20:54:09  profilanswer
 

ben ça dépend de ta bibli, mais c'est pas des raretés non plus


---------------
« Une force presque nulle est une force presque infinie dès lors qu'elle est rigoureusement étrangère au système qu'elle met en mouvement »
n°14379508
Profil sup​primé
Posté le 19-03-2008 à 20:57:44  answer
 

Lequel de Brecht ?

n°14379535
foutre de
Posté le 19-03-2008 à 20:59:39  profilanswer
 

>Antichrist: Merleau-Ponty vous va comme un gant.
je ne peux que vous prolonger d'une citation :
 

Citation :

En positif il convient de remarquer que chaque réalité humaine – apparemment locale – plonge intrinsèquement dans la généralité d'espace-temps. Ainsi un homme, au sens complet du terme, un Dasein s'étend cosmiquement jusqu'aux pointes du visible, que ce dernier soit microscopique ou macroscopique. L'effectivité humaine est immanente à toutes les transcendances spatio-temporelles naïves ou scientifiques. La raison en est que les ouvertures perceptives sont d'obédiences culturelles et fabriquées par le monde culturel. Et je suis partout où je perçois. C'est le face-à-face spatio-temporel. Pour sortir de ce dernier il faut ménager suffisamment d'inculture pour aller en face, par une porte ouverte sur l'immanence. Cela s'appelle : outrepasser les portes de la perception, perception naïve ou transcendantale. L'en face est écumènal, on le connaît sans le savoir. Ce n'est aucunement une fausse fenêtre maquillant un mur.


 
et d'un  lien vers une pensée du la subjectivité comme glissement et aberrance


Message édité par foutre de le 19-03-2008 à 22:06:04

---------------
« Une force presque nulle est une force presque infinie dès lors qu'elle est rigoureusement étrangère au système qu'elle met en mouvement »
n°14379566
foutre de
Posté le 19-03-2008 à 21:01:04  profilanswer
 

pour brecht, c'est vaste. "Mère courage" est un classique. Mais je conseille "La vie de galilée", qui est assez percutante.
 
Après tu peux te contenter d'attendre qu'il y ait un pièce programmée dans ton coin pour aller la voir jouer


---------------
« Une force presque nulle est une force presque infinie dès lors qu'elle est rigoureusement étrangère au système qu'elle met en mouvement »
n°14379733
Profil sup​primé
Posté le 19-03-2008 à 21:16:09  answer
 

C'est un auteur de théâtre ? :heink:

n°14379787
foutre de
Posté le 19-03-2008 à 21:21:47  profilanswer
 

oui, théâtre communiste
Barthes a beaucoup écrit sur les mises en scène françaises de ses pièces. Il a même joué quand il était étudiant.
Il y a beaucoup d'articles dans les années 50, certains repris aussis dans les "essais critiques" (mais moins bons que celui sur La Bruyère)


Message édité par foutre de le 19-03-2008 à 21:27:19

---------------
« Une force presque nulle est une force presque infinie dès lors qu'elle est rigoureusement étrangère au système qu'elle met en mouvement »
n°14379846
Profil sup​primé
Posté le 19-03-2008 à 21:27:48  answer
 

Mais qu'est ce que fait Barthes la dedans ???

n°14379886
foutre de
Posté le 19-03-2008 à 21:31:57  profilanswer
 

un petit cadeau pour ceux qui lisent :

 
Citation :

   

 

On conteste, on dispute, on proclame, on ignore.
Chaque religion est une tour sonore;
Ce qu'un prêtre édifie, un prêtre le détruit;
Chaque temple, tirant sa corde dans la nuit,
Fait, dans l'obscurité sinistre et solennelle,
Rendre un son différent à la cloche éternelle.

 

Nul ne connaît le fond, nul ne voit le sommet.
Tout l'équipage humain semble en démence; on met
Un aveugle en vigie, un manchot à la barre;
A peine a-t-on passé du sauvage au barbare,
A peine a-t-on franchi le plus noir de l'horreur,
A peine a-t-on, parmi le vertige et l'erreur,
Dans ce brouillard où l'homme attend, songe et soupire,
Sans sortir du mauvais, fait un pas hors du pire,
Que le vieux temps revient et nous mord les talons,
Et nous crie: Arrêtez! Socrate dit: Allons!
Jésus-Christ dit: Plus loin! et le sage et l'apôtre
S'en vont se demander dans le ciel l'un à l'autre
Quel goût a la ciguë et quel goût a le fiel.

  


 

Victor hugo

 


(j'aime beaucoup le "pas hors du pire" )


Message édité par foutre de le 19-03-2008 à 21:33:47

---------------
« Une force presque nulle est une force presque infinie dès lors qu'elle est rigoureusement étrangère au système qu'elle met en mouvement »
n°14379937
foutre de
Posté le 19-03-2008 à 21:36:17  profilanswer
 

ben il s'intéresse au théâtre et il est dans une perspective de gauche (il avait probablement sa carte, non ?) et puis c'est l'époque du théâtre populaire de Jean Vilar, il se passe plein de choses


---------------
« Une force presque nulle est une force presque infinie dès lors qu'elle est rigoureusement étrangère au système qu'elle met en mouvement »
n°14379948
Profil sup​primé
Posté le 19-03-2008 à 21:36:52  answer
 

Cad ?

n°14380027
foutre de
Posté le 19-03-2008 à 21:43:19  profilanswer
 

http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Vilar

 

et aussi

 

http://mediaplayer.archives.tsr.ch [...] 0601/0.ask

 

et encore également

 

http://www.fabula.org/forum/barthes/22.php


Message édité par foutre de le 19-03-2008 à 21:59:10

---------------
« Une force presque nulle est une force presque infinie dès lors qu'elle est rigoureusement étrangère au système qu'elle met en mouvement »
n°14392585
wips
Posté le 21-03-2008 à 11:02:06  profilanswer
 

C'est toujours un plaisir de vous lire, tous...
 
J'irai voir à l'occasion si un Brecht et un Barthes traînent dans mon coin; je les ai lus mais il y a tellement longtemps qu'il y a prescription.
Je me suis procurée le Bréhier sinon (oui, Foutre de, je t'écoute beaucoup ;) ) mais je ne m'y suis pas encore attardée. Pour l'instant je le contemplerais plutôt comme la boîte de Pandore...  
 
En revanche, j'ai terminé la première partie de Race, nation, classe de Balibar dont neojousous avait parlé il y a quelques temps. Concernant le racisme différentialiste j'étais à peu près au point. Beaucoup moins au sujet du nationalisme, et je ne parviens toujours pas à m'extirper du paradoxe de l'universalisme.
En tout cas, la lecture de ce livre est agréable et intéressante même si parfois il en ressort un "douloureux" sourire...

n°14395773
foutre de
Posté le 21-03-2008 à 17:09:39  profilanswer
 

eh bien salut à toi belle wips ! et joyeuses pâques à tous et aux autres


---------------
« Une force presque nulle est une force presque infinie dès lors qu'elle est rigoureusement étrangère au système qu'elle met en mouvement »
n°14400535
l'Antichri​st
Posté le 22-03-2008 à 09:54:14  profilanswer
 

le vicaire a écrit :

en fait y'a pas de centre chez Pascal, l'homme est en déroutage permanent, la place de l'homme c'est qu'il n'en a pas : "Nous voguons sur un milieu vaste, toujours incertains et flottants, poussés d’un bout vers l’autre; quelque terme où nous pensions nous attacher et nous affermir, il branle et nous quitte et, si nous le suivons il échappe à nos prises, nous glisse et fuit d’une fuite éternelle" (fr. 230). Un libertin c'est libre d'aller là où il veut même chez Dieu, il se pose sur de l'évidence, le moi ou dieu. Et ça marche jamais car il n'est ni l'un ni l'autre. Mais bon je vais peut être un peu vite en interprétation...


 

foutre de a écrit :

voilà, livre parcouru. peu de référence en fait. Valdinoci évoque sartre, kierkegaard, et pascal mais regrette qu'il n'y ait chez lui pas d'analytique directe de l'effroi sinon à travers quelques occurrences dans les Pensées.
Il ajoute cependant que Pascal classe la philosophie parmi les divertissements dont l'homme fait usage pour se dissimuler le saisissement de son existence, cet effroi justement.
du coup je vais blaisepascaler ce soir


 

le vicaire a écrit :

vi même le boulot, l'internet, l'amitié, la guerre... du divertissement pour Pascal, c'est assez radical. Ta photo, un gars qui mouline dans du vide perdu dans un lieu improbable et poursuivi par son moi... c'est pascalien. C'est quoi la référence stp ?


 
J’aimerai apporter quelques précisions sur le thème du divertissement pascalien (ou plutôt présenter les choses autrement encore, peut-être de façon plus harmonieuse par rapport à mon intervention précédente sur la question) et ce afin de mieux faire comprendre le cas du libertin dont l’existence, semblable à la nôtre, ne peut échapper au mouvement contradictoire qui le pousse au divertissement par ressentiment à l’égard de "nos misères continuelles", du "malheur continuel de notre condition faible et mortelle…" (cf. Pensées, Br. 139) alors même que les traces indélébiles toujours-déjà-là de notre essence première, "les restes de la grandeur de notre première nature" (Ibidem), de ce qui, en nous, persiste comme la marque en creux d'une nature ignorant tout du ressentiment, le prédispose immanquablement à chercher au-delà de notre raison invalidée, le dépassement de cette même contradiction. Voilà la méthode de Pascal : comme le faisait remarquer très justement foutre de (sous une forme historiciste...), le refus d'une démarche qui aboutirait à quelques compromis satisfaisant à la fois le croyant, l'indifférent, le mondain, le libertin... héritage ou contamination de la pensée païenne, obéit à une stratégie qui consiste à provoquer des rapprochements entre des termes que tout sépare (rencontres improbables avec l'altérité qui déstabilisent au point de nécessiter une reconfiguration totale du schéma psycho-moteur), rapprochements qui, parce qu'ils deviennent vite insoutenables, poussent au saut qualitatif dans un autre ordre : la raison humiliée, c'est l'illumination par la foi qui s'impose. Dans toutes les formes du divertissement, et le libertinage n'échappe pas à la règle (comme la philosophie elle-même...), deux inclinations humaines sont mises en regard sans que leur conjonction douloureuse, signe manifeste d'une nature déchue, mais également révélatrice d'une nature première qui ne s'est pas tue en nous, puisse nous satisfaire.
 
En suivant Pascal nous pouvons donc faire le bilan suivant. Le premier élan est signe d'une réaction à notre état actuel, misérable et borné, le second est signe d'un retour - impossible - à un état révolu, bienheureux et sublime. En nous tend donc à se déployer un jeu de forces étranges, s'exerçant selon deux directions distinctes : nous sommes poussés d'un côté à fuir une situation accablante, de l'autre à faire retour vers un monde à jamais perdu.
 
Il convient cependant de considérer avec attention tout ce que l'homme poursuit dans le déploiement de cette singulière compulsion. L'impulsion que déclenche le "ressentiment" de "misères continuelles" porte chacun d'entre nous à "chercher le divertissement et l'occupation au-dehors". Un tel mouvement n'est pas réductible à une pure activité machinale, car, lié au ressentiment, il est par là-même différent d'un simple comportement instinctif, par définition aveugle (c'est-à-dire se manifestant quelles que soient les circonstances) : il est significatif d'une réaction à des conditions (nos "misères continuelles" ) que l'on ne supporte pas. Comme toute réaction, cette réaction tend à diminuer voire à supprimer l'intensité d'une tension par quelque antidote : à l'intériorité du ressentiment va s'opposer l'extériorité du divertissement, au ressentiment qui aigrit l'homme est censé s'opposer le divertissement qui l'égaie. Ainsi, la conscience rongée par le ressentiment d'un état misérable espère trouver son bonheur dans la quête de ce qui la soustrait à elle-même, "le divertissement et l'occupation au-dehors". L'un et l'autre sont l'objet d'une démarche consacrant le passage à l'en dehors de soi ; par "le divertissement et l'occupation au-dehors", l'homme cherche moins à mettre en oeuvre une conduite rémunératrice qu'à se fuir à tout prix ; ce que Pascal précise en ces termes : "nous ne cherchons jamais les choses, mais la recherche des choses". (cf. Pensées, Br. 135). La seule "recherche des choses", voilà la vraie nature du divertissement : il est action fébrile, le monde en est le support plus que la fin elle-même. Le divertissement, quelles que soient les occupations que l'on s'accorde, se révèle à lui-même comme étant sa propre fin : "sans examiner toutes les occupations particulières, nous dit Pascal, il suffit de les comprendre sous le divertissement » (cf. Pensées, Br. 137). Ainsi, paradoxalement, le divertissement contient chaque action en nous divertissant de l'objet vers lequel elle tend, puisqu'il s'impose comme la fin propre de toute action : "[ils ne savent pas que] ce n'est que la chasse, et non pas la prise, qu'ils (les hommes) recherchent" (cf. Pensées, Br. 139).
 
A cet oubli de notre état misérable par une fuite dans l'ivresse du divertissement s'oppose le mouvement du retour à notre première nature : il "leur fait connaître que le bonheur n'est en effet que dans le repos et non pas dans le tumulte" (cf. Pensées, Br. 139). La trace que notre condition initiale a laissée en nous, se fait donc sentir comme un appel, un mouvement de ressourcement à notre condition initiale. A l'inverse du premier élan dont la force est manifestement centrifuge (le "déroutage" dont parlait Le vicaire), ce second instinct pousse à un recentrage, à un authentique retour à soi. A la différence du premier mouvement qui désoriente l'âme, le second provoque le repliement, le recueillement, bref, invite l'âme à faire retraite, à goûter à nouveau les délices du repos originel. Alors que le mouvement né du ressentiment tend à disperser le sujet humain, à le fragmenter dans la quête atomisée du divertissement, le second tend manifestement à le renouer à l'Un, à la transcendance (ou l'immanence...), source même de tout repos.
 
De ces deux mouvements contraires, il ne peut naître ou se former qu'un projet confus. En effet, que l'âme soit contrainte de subir la pression d'un couple de forces aussi divergentes ne peut que gêner voire paralyser le jeu normal de ses fonctions. En l'occurence, sous une telle pression, c'est la conscience délibératrice qui se trouve fortement inhibée : d'où le caractère inévitablement confus de tout ce qu'elle peut viser sous un tel empire.
 
Tiraillée entre des forces et pôles aussi contraires, l'âme humaine ne peut plus correctement exercer son discernement au point de prendre un terme pour un autre, au point de confondre les moyens et les fins, dès lors la voilà prête "à tendre au repos par l'agitation" ! Cette quête paradoxale du repos par l'agitation est elle-même placée sous la férule de l'imagination ("superbe puissance, ennemie de la raison" ) puisque Pascal précise que l'âme "se (la) figure" (cf. Ibidem). L'emploi de ce terme n'est évidemment pas indifférent. La représentation anticipée d'un repos tant espéré bute sur "quelques difficultés à surmonter" (cf. Ibidem), c'est-à-dire sur les obstacles d'une réalité que l'on ne peut pas neutraliser spontanément (les lois de la nature, notre tempérament, nos facultés défaillantes, etc...), obstacles qui, pour une part, procèdent du moyen terme contradictoire (l'agitation) que l'homme, dans son désarroi, retient pour tendre au repos. En admettant que l'homme puisse résoudre cette singulière équation (obtenir "le repos par l'agitation" ou le "chercher en combattant quelques obstacles" ), le repos lui apparaîtra comme simple arrêt du mouvement : un tel repos est simple négation du divertissement et non pas accession à un ordre autre, à l'ordre du repos initial, celui de "la grandeur de notre première nature". Le repos compris comme simple arrêt du mouvement n'est qu'une pause, il procure un apaisement, il n'implique pas métamorphose de soi, il n'y a pas rupture entre le sujet présent au monde et le sujet jouissant d'un tel repos : il y a seulement un accessoire changement d'état.
 
C'est pourquoi, un tel repos devient vite "insupportable (cf. Ibidem). En effet, en jouissant d'un repos procédant de la seule exténuation de l'agitation ou du mouvement, l'âme humaine reste fondamentalement la même. En d'autres termes, lorsque l'homme porte un coup d'arrêt au mouvement, au divertissement, il prend un peu plus conscience de ce qu'il est d'ordinaire : un être hanté par un sentiment de vacuité. Ce sentiment de vacuité, Pascal l'a déjà défini : "rien n'est si insupportable à l'homme que d'être dans un plein repos, sans passion, sans affaire, sans divertissement, sans application. Il sent alors son néant, son abandon, son insuffisance, sa dépendance, son impuissance, son vide".
 
Le sentiment de son néant, voilà ce que l'homme éprouve ou craint d'éprouver au sein de son repos inauthentique. L'homme inactif ne saurait donc garantir son bonheur, l'inaction engendre l'inquiétude et l'ennui. Or l'ennui a une puissance funeste considérable, un cortège de douloureuses affections l'accompagne : "la noirceur, la tristesse, le chagrin, le dépit, le désespoir". L'ennui, avec l'inconstance et l'inquiétude constitue l'un des trois attributs de la condition humaine. Il remplit "l'esprit de son venin". "La noirceur, la tristesse, le chagrin, le dépit, le désespoir" qui l'accompagnent, corrompent l'esprit. L'itinéraire de cette analyse débouche sur le constat d'un échec, l'échec de la conjonction de deux instincts secrets et antithétiques. Cet échec est trop douloureux, il faut le conjurer : il faut Dieu. On ne peut rester dans la douleur de cet échec car il faut vivre. Il faut seulement comprendre que "le bonheur n'est ni hors de nous, ni dans nous, il est en Dieu et hors dans nous" (cf. Pensées, Br. 465).


Message édité par l'Antichrist le 29-03-2008 à 08:31:14
n°14404436
nessca
Posté le 22-03-2008 à 21:34:29  profilanswer
 

Y a t'il des "matérialistes" ici?
 
Si oui comment se définissent t'ils?
 
Ils sont les atomes qui les constituent? L'organisation de ces derniers? La mémoire?
 
Je me demande ça, parceque les atomes qui nous constituent se renouvellent, l'organisation de ces derniers aussi puisque la mémoire change.
 
Donc j'ai l'impression de mourir continuellement. D'avoir des projets dont je ne récolterai pas les fruits. Le "moi" qui aura des enfants sera un autre...
 
Qu'en pensez-vous?

n°14408174
neojousous
Posté le 23-03-2008 à 14:53:51  profilanswer
 

La perspective matérialiste contemporaine dominante c'est plutôt quelque chose comme assimiler le moi à une quantité d'informations implémentées dans le cerveau. Peut importe que le support matériel varie, tant que le programme implémenté (l'esprit) a une continuité dans le temps. Genre quand tu copies un fichier texte de ton pc sur une clé USB, tu considères généralement qu'il s'agit du même fichier. Pourtant si tu décris le niveau physique, il ne s'agit plus du même espace de stockage.  
La comparaison de l'esprit avec un programme doit être relativisé, mais c'est une première approche du courant dominant en philosophie de l'esprit : le fonctionnalisme. Selon cette approche, les états mentaux, en particulier les états cognitifs de haut niveau (croyances) sont définis par leur rôle fonctionnel au sein d'un réseau. Cette conception présuppose donc une ontologie des relations, plutôt qu'une ontologie physique. L'esprit se définit plus par les relations entre ses parties, que par les constituants physiques réalisant ces états mentaux.

mood
Publicité
Posté le   profilanswer
 

 Page :   1  2  3  4  5  ..  204  205  206  ..  340  341  342  343  344  345

Aller à :
Ajouter une réponse
 

Sujets relatifs
La Philo du Jour : le Désespoir ?????Où es-tu ? Dans ton e-cul ! Premier FAI Grolandais !
Recherche un titre, une chanson, une musique - Lire le premier post!Paiment via Visa Premier en £ -> Charges ?
Les bons s'en vont en premier et en plus ils ne se reproduisent pasLivres sur alapage
la chine lance son premier homme dans l'espacePhilo : Que vaut une preuve contre un préjugé ?? quelques idées ???
[Philo] Corrigés du bac 
Plus de sujets relatifs à : Philo @ HFR


Copyright © 1997-2022 Hardware.fr SARL (Signaler un contenu illicite / Données personnelles) / Groupe LDLC / Shop HFR