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Quels sont pour vous les trois livres de philo à lire pour un honnête homme ?


 
15.4 %
 273 votes
1.  "La république" de Platon
 
 
6.7 %
 119 votes
2.  "La métaphysique" d'Aristote
 
 
15.7 %
 279 votes
3.  "l'Ethique" de Spinoza
 
 
1.5 %
    27 votes
4.  "Essai de théodicée" de Leibniz
 
 
15.0 %
 266 votes
5.  "Critique de la raison pure" de Kant
 
 
17.8 %
 315 votes
6.  "Par delà le bien et le mal" de Nietzsche
 
 
5.9 %
 105 votes
7.  "L'évolution créatrice" de Bergson
 
 
6.4 %
 113 votes
8.  "Etre et temps" d'Heidegger
 
 
7.5 %
 133 votes
9.  "Qu'est-ce que la philosophie" de Gilles Deleuze
 
 
8.1 %
 144 votes
10.  "Moi, ma vie, mon oeuvre" de obiwan-kenobi
 

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Auteur Sujet :

Philo @ HFR

n°12889722
foutre de
Posté le 05-10-2007 à 21:21:22  profilanswer
 

Reprise du message précédent :

DK a écrit :


 
 
Chez casterman ça me dit rien malheureusement.
 


 :fou:  :fou:  :fou:  :fou:  :fou:  :fou:  :fou:  :fou:  :fou:  
 
désolé DK, je suis passé e,n france et j'ai complètemùent zappé de te trouver les référence de cette bd...
vraiment : Pardon
 
 
où en est ton travail sur la collectionnite ?


---------------
« Une force presque nulle est une force presque infinie dès lors qu'elle est rigoureusement étrangère au système qu'elle met en mouvement »
mood
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Posté le 05-10-2007 à 21:21:22  profilanswer
 

n°12890356
sylvva
Posté le 05-10-2007 à 22:09:06  profilanswer
 

Molière,  en réponse à Rahsaan
 
désolée, mais je ne peux pas souscrire à certaines affirmations, vu ce que les spécialistes de Molière en disent
( ils sont si spécialisés et la vie, l'oeuvre, l'époque ont été si bien passées au peigne fin qu'il est difficile de faire original )
 
 
1. Molière veut faire rire le bourgeois :
non, dans la Critique de l'Ecole des femmes, il dit qu'il veut "faire rire les honnêtes gens",
c'est-à-dire les gens de raison, qu'ils soient bourgeois ou gentilhommes
 
il utilise le procédé du rire pour corriger les caractères et les moeurs, car le rire est plus proche de la vie que le sermon ecclésiastique ennuieux
 
en fait Molière est un pédagoque laïque du bon sens
 
2. sa morale est celle du consensus social mou : que tout le monde reste à sa place et tout va bien
 
non, il n'y a pas de dimension politique chez Molière, il y a plutôt une dimension philosophique :
entre le dogmatisme religieux et le scepticisme de la fin de la Renaissance (Montaigne et le doute que l'intelligence humaine puisse appréhender le monde) Molière adopte, et en cela influencé probablement par Gassendi,
la position du juste milieu comme voie raisonnée
 
3. Molière démagogue : par ses valets effrontés il tente de se faire aimer du peuple, en flattant les bas instincts
 
mille fois non, c'est beaucoup plus subtil :
 
ce sont des personnages faits "à la fois de vérité et d'irréalité, de finesse et de burlesque, de naturel et de fantaisie...alliance rare et inégalable"  
que l'on ne retrouve chez aucun autre auteur
 
voir plus ici :
 
http://www.toutmoliere.net/dictionnaire/valets.html
 
4. Molière et le tragique
Molière choisit le comique comme manière de se protéger contre la conscience du tragique ?
 
je ne pense pas, l'époque est encore propice à l'optimisme, on a confiance en la vie, il s'agit juste de s'affranchir d'un dogme oppressant et de corriger des défauts de caractère
 
Molière n'est pas saisi par un sentiment tragique de l'existence,
il commence par jouer des tragédies parce que ce genre est considéré à l'époque comme supérieur à la comédie,
sa façon naturelle de jouer n'étant pas appréciée par un publique habitué au pathétisme du théâtre officiel de l'époque, la troupe de l'Hôtel de Bourgogne
(pathétisme que Molière raille dans L'Impromptu de Versailles), il
se lance alors dans la comédie, considérant que, en fin de compte,
la tragédie, en peignant des caractères idéaux, désincarnés, se donne la tâche aisée : il est autrement plus difficile de s'en prendre aux travers des gens pour les corriger
 
( Dorante, dans La Critique de l'Ecole de Femmes :
 
"Car enfin, je trouve qu'il est bien plus aisé de se guinder sur de grands sentiments,  
de braver en vers la Fortune, accuser les Destins, et dire des injures aux Dieux,  
que d'entrer comme il faut dans le ridicule des hommes, et de rendre agréablement sur le théâtre des défauts de tout le monde.  
Lorsque vous peignez des héros, vous faites ce que vous voulez. Ce sont des portraits à plaisir, où l'on ne recherche point de ressemblance […].  
Mais lorsque vous peignez les hommes, il faut peindre d'après nature. On veut que ces portraits ressemblent;  
et vous n'avez rien fait, si vous n'y faites reconnaître les gens de votre siècle.  
En un mot, dans les pièces sérieuses, il suffit, pour n'être point blâmé, de dire des choses qui soient de bon sens et bien écrites;  
mais ce n'est pas assez dans les autres, il y faut plaisanter;  
et c'est une étrange entreprise que celle de faire rire les honnêtes gens."
 
( entreprise étrange dans le sens qu'à l'époque les gens cultivés considèrent la comédie un genre mineur )
 
les comédies de Molière sont d'une force et d'une verve comique inépuisables, et ce, jusqu'à la fin,
l'accès de pessimisme qui apparaît dans le Misanthrope est justifié par sa vie sentimentale et par les attaques auxquelles il a dû faire face tout le temps,  
et il n'est pas suffisant pour parler, chez lui, de conscience tragique
 
quant au fait que Don Juan soit frappé par la foudre, il  ne saurait tromper,
il est suivi de l'apparition comique de Sganarelle, qui réclame ses gages !
c'est la griffe de l'auteur comique qui clôt la pièce,
la fin de Don Juan n'est que la concession inévitable que Molière doit faire à la bien-pensance cléricale, le prix à payer pour exprimer en public une pensée dont la liberté est d'une hardiesse inouïe
( il ne faut pas oublier qu'un curé avait réclamé contre lui la peine du bûcher )
 
 
5. Molière et Louis XIV
 
- voir Molière et le roi comme deux joyeux compagnons ce serait aller un peu loin
 
l'entente entre les deux reposait sur une négociation tacite,  
où le rang était respecté strictement et dans laquelle chacun trouvait son  
compte :
 
le roi payait bien et se servait de l'artiste pour se divertir, organiser des fastes
et taper dans toutes les directions : nobles, clergé, bourgeois
 
Molière pouvait vivre aisément (il en a su profiter, avec ses amis, comme le montrent ses biographes, et tant mieux ! ), mettre en pratique ses talents, être apprécié et surtout se servir de la protection du roi pour exprimer ses idées
 
- s'il se sent triompher à un certain moment, Molière n'a rien de la mégalomanie  
de Louis XIV, il ne voit pas la vie comme un énorme spectacle dont il serait l'organisateur, ni les gens comme des marionnettes dont il tire les fils,
 
sensible, comme tout grand artiste, à la grâce de la vie, au Beau, il s'adonne simplement, dans ses opéras-ballets, à son goût pour la musique, la danse et la fantaisie, et saisit la chance qui lui est donnée pour faire triompher cette grâce
 
6. M. Jourdain et l'Idiot, de Dostoïevski +  Beckett  
 
difficile d'y voir un rapport,
 
- le personnage de Dosto incarne l'idéal chrétien de l'auteur :
 
le prince Miskine est candide, bon et généreux,
le monde qui l'entoure est cupide, arriviste, passionnel, il ne comprend pas qu'on puisse être ainsi et considère Miskine idiot
 
- M. Jourdain : il y a de la candeur chez lui, c'est vrai, il s'émerveille en prononçant les voyelles,
mais il ne faut pas s'y tromper, cette candeur est celle du vaniteux qui s'émeut de lui-même en tant que, désormais, savant !
( on aurait aimé voir Louis de Funès interpréter ce rôle !  
et on peut imaginer le plaisir que prenait Molière à le jouer )
 
Molière veut montrer la fatuité, la suffisance du bourgeois, qui fait de la science et des arts non pas des moyens d'élever son esprit mais de flatter son égo :
quand Jourdain apprend une chose, sa réaction est de voir aussitôt à quoi cela peut lui servir, ce qu'il peut en tirer dans ses buts de parvenir, et c'est en fonction de cela qu'il la retient, et c'est alors pour l'applatir au niveau le plus ridicule possible, ou la rejette,
le but de Molière est donc, une fois de plus, de s'en prendre à l'imposture
 
- Beckett : aucun rapport,  
avec lui on est dans le post-moderne, dans l'entropie de la conscience,
 
dans son théâtre il n'y a plus d'intrigue, ni de caractères, ni de registre habituel :
comique, tragique, dramatique
c'est la mise en scène dépouillé de personnages et d'un langage d'une déréliction extrême
(tu fais peut-être allusion au mot "bobiiine" , répété compulsivement, dans la Dernière Bande, par l'unique personnage, un vieil homme qui s'emploie à réécouter des bandes de magnétophone sur lesquelles, jeune, il avait enregistré ses pensées, auxquelles il ne comprend plus rien )
ce théâtre est celui d'après Auschwitz et Hiroshima : le poids de l'événementiel  
est devenu trop lourd pour que l'artiste croie encore en sa capacité à réenchanter ou corriger le monde et, surtout, en celle de l'intelligence à le comprendre


Message édité par sylvva le 05-10-2007 à 23:07:10
n°12890560
daniel_lev​rai
Semper eadem sed aliter
Posté le 05-10-2007 à 22:21:48  profilanswer
 

Quelle plaisir de revenir à une critique littéraire que je n'avais plus lue ou entendue depuis le lycée. Je vais demander à passer le bac littéraire tiens.


---------------
A pédant, pédant et demi. Qu'il s'avise de parler latin, j'y suis grec ; je l'extermine.
n°12891683
foutre de
Posté le 05-10-2007 à 23:35:03  profilanswer
 

eh bien ne va pas dire devant un jury de bac des choses comme :
 
 

Citation :

- Beckett : [...]
 
dans son théâtre il n'y a plus d'intrigue, ni de caractères, ni de registre habituel :
comique, tragique, dramatique


 
tu te feras descendre. il y a confusion entre le registre et le genre. il y a du Ibsen voire du strindberg dans le tragique de beckett.
en réthos vous avez le même genre d'épreuve avec écrit et oral qu'en france ?


---------------
« Une force presque nulle est une force presque infinie dès lors qu'elle est rigoureusement étrangère au système qu'elle met en mouvement »
n°12891709
sylvva
Posté le 05-10-2007 à 23:36:34  profilanswer
 

daniel_levrai a écrit :

Quelle plaisir de revenir à une critique littéraire que je n'avais plus lue ou entendue depuis le lycée. Je vais demander à passer le bac littéraire tiens.


 
Molière n'aura donc pas bataillé pour rien ?  :)  
 
la question est de savoir si les enseignants de littérature sont des gens vraiment pénétrés du sens des oeuvres, et animés du désir de le faire passer aux élèves
 
je doute un peu, pour cela il faut avoir une sensibilité artistique,  
sentir ce qu'est, depuis toujours, le grand art,
celui de l'artiste qui est saisi en lui-même par le Beau, l'extrait avec maints efforts de création et l'oppose à la brutalité du monde
 
ou du moins avoir bénéficié d'une formation qui a rempli cet office, ce qui n'existe plus
 
c'est que l'époque entière est subminée par le doute,
la culture occidentale européenne est secouée par sa plus grave crise des valeurs, dont on voit difficilement l'issue
 
http://sergecar.club.fr/cours/devoir5.htm

Message cité 1 fois
Message édité par sylvva le 05-10-2007 à 23:58:18
n°12891797
sylvva
Posté le 05-10-2007 à 23:43:44  profilanswer
 

foutre de a écrit :

eh bien ne va pas dire devant un jury de bac des choses comme :
 
 

Citation :

- Beckett : [...]
 
dans son théâtre il n'y a plus d'intrigue, ni de caractères, ni de registre habituel :
comique, tragique, dramatique


 
tu te feras descendre. il y a confusion entre le registre et le genre. il y a du Ibsen voire du strindberg dans le tragique de beckett.
en réthos vous avez le même genre d'épreuve avec écrit et oral qu'en france ?


 
en bien, il se fera descendre par un pinailleur,  
on s'en fout du bac où l'examinateur est un distributeur automatique de savoir
 
( et puis, je ne prétendais pas épuiser Beckett en une ligne )

Message cité 1 fois
Message édité par sylvva le 06-10-2007 à 00:29:48
n°12892219
daniel_lev​rai
Semper eadem sed aliter
Posté le 06-10-2007 à 00:21:45  profilanswer
 

foutre de a écrit :

eh bien ne va pas dire devant un jury de bac des choses comme :
 
 

Citation :

- Beckett : [...]
 
dans son théâtre il n'y a plus d'intrigue, ni de caractères, ni de registre habituel :
comique, tragique, dramatique


 
tu te feras descendre. il y a confusion entre le registre et le genre. il y a du Ibsen voire du strindberg dans le tragique de beckett.
en réthos vous avez le même genre d'épreuve avec écrit et oral qu'en france ?


 
 
Non, je traduis spontanément pour les français qui sont le plus souvent persuadés que le seul système scolaire est le leur...


---------------
A pédant, pédant et demi. Qu'il s'avise de parler latin, j'y suis grec ; je l'extermine.
n°12893454
foutre de
Posté le 06-10-2007 à 10:24:22  profilanswer
 

sylvva a écrit :

c'est que l'époque entière est subminée par le doute

 

je ne dis qu'un chose : superbe.

  

sacré sergecar.club, il arrose tous les profs de philo des lycées depuis des années. mais il rabache aussi des ritournelles inbouffables : exemple, nietzsche évidemment n'a pas été le butoir sur nos valeurs, mais un qui a embouti leur effondrement qu'il n'a que constaté, et pour nous donner les méthodes pour en sortir sans sortir...
Envisageant que la crise des valeurs n'est avant tout qu'une crise des corps, de leur appréhension et de leur praxis, nietzsche nous a proposé un type d'"immunité" (je n'invente rien, là :D ), c'est-à-dire une thérapeutique qui ne passe pas par les ressources d'une transcendance... :heink:

 
sylvva a écrit :

 

en bien, il se fera descendre par un pinailleur,
on s'en fout du bac où l'examinateur est un distributeur automatique de savoir

 

( et puis, je ne prétendais pas épuiser Beckett en une ligne )


non, il ne s'agit pas de pinailler, il s'agit des catégories scientifiques en cours dans les universités, qui sont transmises aux futurs professeurs de lettres comme outil de transmission de leur savoir et organon de leur approche du discours (littéraire ou autre). Confondre le genre et le registre, c'est un peu comme confondre le mètre et la seconde... on ne viendra pas dire que refuser le bac de physique sur ce "détail", c'est pinailler

 
daniel_levrai a écrit :

Non, je traduis spontanément pour les français qui sont le plus souvent persuadés que le seul système scolaire est le leur...


en fait, le système français repose principalement pour les trois dernières années du secondaire (4eme, 5eme, 6eme en Belgique si j'ai bien compris) sur le modèle de l'enseignement jésuite (lui-même profondément inspiré de grèce antique et de latinité) ; notamment l'année de rhétorique (celle du bac de français en épreuve anticipative) suivi de l'année de philosophie (la Terminale et son épreuve boulimique - qui en achève plus d'un :D).
La belgique n'en est donc pas épargnée, puisque les jésuites de St Michel ou de Godinne (et d'autres...même à Charleroi, c'est vous dire!) doivent y enseigner sur les prescriptions du Provincial de l'Ordre - In Majorem Dei Gloriam, il va sans dire:D)

 


et en attendant, au lieu de railler le nombrilisme de tes voisins français (qui sont à plaindre politiquement, le prochain mode européen de dictature pourrait bien germer en ce moment chez eux), tu ferais bien de sortir ton drapeaux et de chantonner un peu en te promenant vers Anvers : Le Roi, la Loi, la Liberté !
parce que

!no passaran!

Message cité 2 fois
Message édité par foutre de le 06-10-2007 à 12:57:01

---------------
« Une force presque nulle est une force presque infinie dès lors qu'elle est rigoureusement étrangère au système qu'elle met en mouvement »
n°12897074
foutre de
Posté le 06-10-2007 à 20:05:22  profilanswer
 

un ami m'a conseillé mercredi soir un livre de Jean Starobinski sur Montaigne :

 

Montaigne en mouvement

 


quelqu'un l'a lu par ici ?

Message cité 1 fois
Message édité par foutre de le 06-10-2007 à 20:05:37

---------------
« Une force presque nulle est une force presque infinie dès lors qu'elle est rigoureusement étrangère au système qu'elle met en mouvement »
n°12897225
neojousous
Posté le 06-10-2007 à 20:22:38  profilanswer
 

Nop.
 
Sinon un pote m'a conseillé les Méditations métaphysiques de Descartes. Quelqu'un l'a lu?

mood
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Posté le 06-10-2007 à 20:22:38  profilanswer
 

n°12897917
foutre de
Posté le 06-10-2007 à 21:38:54  profilanswer
 

j'aime beaucoup les trois premiers épisodes de la saison 1


Message édité par foutre de le 06-10-2007 à 21:44:28

---------------
« Une force presque nulle est une force presque infinie dès lors qu'elle est rigoureusement étrangère au système qu'elle met en mouvement »
n°12900419
alcyon36
Posté le 07-10-2007 à 00:26:17  profilanswer
 

neojousous a écrit :

Nop.
 
Sinon un pote m'a conseillé les Méditations métaphysiques de Descartes. Quelqu'un l'a lu?


 :lol:  
ba je viens de le commencer cette aprem...jai lu les 2 premieres meditation et jsuis au coeur de la troisieme...
ca se lit plutot bien, honnetement les 2 premieres ne m'ont pas transcendé...mais la 3eme à l'air un peu plus coton.


---------------
"la pensée de l'être est le souci porté à l'usage de la langue" Heidegger
n°12900426
alcyon36
Posté le 07-10-2007 à 00:27:00  profilanswer
 

foutre de a écrit :

un ami m'a conseillé mercredi soir un livre de Jean Starobinski sur Montaigne :
 
Montaigne en mouvement
 
 
quelqu'un l'a lu par ici ?


pas lu, mais on me l'a conseille et on m'en a dit du bien;)


---------------
"la pensée de l'être est le souci porté à l'usage de la langue" Heidegger
n°12900595
foutre de
Posté le 07-10-2007 à 00:47:51  profilanswer
 

tiens t'es revenu de vacances ?


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« Une force presque nulle est une force presque infinie dès lors qu'elle est rigoureusement étrangère au système qu'elle met en mouvement »
n°12901307
alcyon36
Posté le 07-10-2007 à 01:57:17  profilanswer
 

et oui faut bien...


---------------
"la pensée de l'être est le souci porté à l'usage de la langue" Heidegger
n°12903353
sylvva
Posté le 07-10-2007 à 14:16:10  profilanswer
 

foutre de a écrit :

eh bien ne va pas dire devant un jury de bac des choses comme :
 
 

Citation :

- Beckett : [...]
 
dans son théâtre il n'y a plus d'intrigue, ni de caractères, ni de registre habituel :
comique, tragique, dramatique


 
tu te feras descendre. il y a confusion entre le registre et le genre.


 
 
 
1. je ne vois pas où il y a confusion entre genre et registre,
 
le comique, le tragique, le dramatique ( j'ai utilisé ce mot pour désigner le mélange
des deux premiers, tel que pratiqué dans le drame ) sont bien des registres ( tonalités ) littéraires
 
 
 
2. je persiste à dire que ne prendre en considération, dans l'évaluation d'un commentaire, que la connaissance du vocabulaire technique, au détriment donc de l'analyse du contenu
( comme tu l'as fait en prédisant la descente du candidat qui présenterait une telle copie, rien que pour une inadvertance technique )
c'est pinailler,
 
voire pire : c'est adopter une attitude technicienne, qui en est une de pouvoir et de maîtrise, dans la littérature, domaine voué à exprimer l'émotion,  
et qui équivaut donc à tuer celle-ci
 
( sans parler du fait que les définitions elles-mêmes posent problème :
 
http://www.ditl.info/arttest/art1997.php   )
 

Message cité 1 fois
Message édité par sylvva le 07-10-2007 à 14:23:56
n°12903580
sylvva
Posté le 07-10-2007 à 14:51:08  profilanswer
 

foutre de a écrit :


 
sub-miner
 
je ne dis qu'un chose : superbe.
 


 
merci, professeur  
 
je corrige : submerger
 
disons, en passant, qu'un bon prof ne met pas en exergue une erreur,  
et surtout, n'omet pas de la corriger
 
sous peine d'être soupçonné d'imposture : se servir de son métier
pour exercer un pouvoir autocratique  
 
ce qui risque de lui valloir des   :p   :p  
 
sans rancune  :hello:

Message cité 1 fois
Message édité par sylvva le 07-10-2007 à 14:57:34
n°12904012
neojousous
Posté le 07-10-2007 à 15:52:14  profilanswer
 

Et sinon Sylvaa, par rapport à ma question sur Marx et Hegel, une idée?

n°12904571
foutre de
Posté le 07-10-2007 à 17:06:46  profilanswer
 

tu dis n'imp (deuxième épisode)

 


sylvva a écrit :

  

1. je ne vois pas où il y a confusion entre genre et registre,

 

le comique, le tragique, le dramatique ( j'ai utilisé ce mot pour désigner le mélange
des deux premiers, tel que pratiqué dans le drame ) sont bien des registres ( tonalités ) littéraires


je n'ai pas dit le contraire, j'ai dit que la confusion relevait de ce que tu avançais sur beckett. Tu disais que le tragique était absent de ses pièces, or c'est un registre qui y est éminemment présent alors qu'en effet, le genre de la tragédie n'y est plus. Mon propos se limitait à cela. Donc chez beckett la critique reconnait une dissolution des genres, mais pas du tout des registres. D'où ma remarque.

 

avancer le contraire du savoir universitaire devant un jury de bac, c'est aller au suicide. Je ne me sens pas impliqué très fort dans cette bête constatation. Un bachelier n'est pas un chercheur qui renouvèle les savoirs. je suppose que pour en douter, tu n'as pas dû enseigner beaucoup toi-même...

 
sylvva a écrit :


2. je persiste à dire que ne prendre en considération, dans l'évaluation d'un commentaire, que la connaissance du vocabulaire technique, au détriment donc de l'analyse du contenu
( comme tu l'as fait en prédisant la descente du candidat qui présenterait une telle copie, rien que pour une inadvertance technique )
c'est pinailler,

 

voire pire : c'est adopter une attitude technicienne, qui en est une de pouvoir et de maîtrise, dans la littérature, domaine voué à exprimer l'émotion,
et qui équivaut donc à tuer celle-ci

 

( sans parler du fait que les définitions elles-mêmes posent problème :

 

http://www.ditl.info/arttest/art1997.php   )

 



Il y a toujours bcp à épiloguer sur les critères d'évaluation en usage dans les écoles. C'est bien. J'espère que tu finiras pas avoir une fonction importante dans un ministère qui te permettra de mettre en oeuvre ces réformes si précieuses que tu appelles de tes voeux.
Tu peux nier l'importance de la précision technique, comme tu peux nier qu'il y ait des sciences du texte, sciences qui établissent un vocabulaire précis pour pouvoir étayer leurs progrès.
En revanche, moi comme je ne vois pas la différence entre tonalité et contenu, il me semble important qu'un élève sache de quoi il parle jsutement quand il parle du contenu, et pas seulement du thème.
En chine, le sage est celui qui connaît le sens du plus grand nombre d'idéogrammes. transmettre du vocabulaire, même si méprisé comme "technique", me semble du plus grand intérêt.

 

enfin, réduire la littérature à l'expression d'émotion... mais j'ai déjà débattu avec rahsaan là dessus. l'oeuvre de Mallarmé me semble suffisante pour illustrer le contraire, ou une grande partie de la production dadaïste.

 
sylvva a écrit :

 

merci, professeur

 

je corrige : submerger

 

disons, en passant, qu'un bon prof ne met pas en exergue une erreur,
et surtout, n'omet pas de la corriger

 

sous peine d'être soupçonné d'imposture : se servir de son métier
pour exercer un pouvoir autocratique

 

ce qui risque de lui valloir des   :p   :p

 

sans rancune  :hello:


une fois de plus, prenant l'habitude de croire que tu me connais, et arrivant avec des tonalités qui ne sont que les tiennes, tu vois de l'agression ou de l'ironie dans mes propos.
malheureusement, quand je dis : "subminée" - superbe ; c'est l'expression d'une réelle admiration pour un vrai joli mot dont j'apprécie l'apparition sur le topic.
je t'épargne les commentaires psychologiques que pourrait m'inspirer ton attitude. je suis sûr que finalement la sincérité est plus dure à percevoir pour certaine personne que l'ironie... (1)

 


Quant à mon pouvoir autocratique... je ne l'exerce plus depuis longtemps  :)

 

... peut-être justement parce que je n'étais pas un bon prof, ce que votre perspicacité aura rapidement décelé

    


(1) peut-être justement parce que l'époque est subminée par le doute... à moins que ce ne soit pas l'époque mais juste vous ?


Message édité par foutre de le 07-10-2007 à 18:49:25

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« Une force presque nulle est une force presque infinie dès lors qu'elle est rigoureusement étrangère au système qu'elle met en mouvement »
n°12905700
sylvva
Posté le 07-10-2007 à 19:53:48  profilanswer
 

je viens de voir, très cher, que tu me fais dire ce que je n'ai pas dit,
j'y reviendrai par la suite
 
( si j'ose... :??:  vu mes fâcheux défauts )...
 
déjà, une réponse à ceci :
 

foutre de a écrit :


 
sacré sergecar.club, il arrose tous les profs de philo des lycées depuis des années.
mais il rabache aussi des ritournelles inbouffables : exemple, nietzsche évidemment n'a pas été le butoir sur nos valeurs, mais un qui a embouti leur effondrement qu'il n'a que constaté, et pour nous donner les méthodes pour en sortir sans sortir...
Envisageant que la crise des valeurs n'est avant tout qu'une crise des corps, de leur appréhension et de leur praxis, nietzsche nous a proposé un type d'"immunité" (je n'invente rien, là :D ), c'est-à-dire une thérapeutique qui ne passe pas par les ressources d'une transcendance... :heink:  
 


 
ben oui, nietzsche le pauvre est né trop tôt pour avoir la chance de s'abreuver à l'eau bénite
de monsieur serge !
 
s'il ne s'agissait que d'arroser les profs, passe...
mais ce sergecar.com est imbouffable surtout parce que son entreprise c'est  
du pur crypto new-age-isme,
il prétend faire de la philo alors qu'il adopte un ton de guru et parle d'éveil de la conscience, d'abandon du mental...
 
je l'ai mentionné, assez mal à propos d'ailleurs, seulement parce que son site répertorie  
les problématiques et fournit des extraits intéressants d'auteurs
 
malheureusement, ce genre de champignons de "spiritualité" pullulent sur le net,
 
des plus petits :
 
www.phene.info
 
aux plus hénaurmes :
 
http://www.cafe-eveil.org/
 
Joachim ( Suisse ), l'initiateur de ce dernier, doué d'un grand talent de tourner du verbe
et brasser du vent,  y poste ni plus ni moins que 1733 messages, souvent des plus amples,
qui trouvent 440 intéressés !
 
le monsieur règne en maître absolu, encensant des adeptes qui le lui rendent très bien ;  
il s'est recruté une sorte de garde rapprochée qui veille jour et nuit pour accueillir  
et formater aussitôt le premier venu,
et si on ne se laisse pas facilement convaincre : censure, voire interdiction de poster
 
que fait donc ce monsieur ?
il se sert de tout : christianisme, divers auteurs, diverses philosophies, qu'il interprète de la manière la plus fantaisiste afin de démontrer que l'unique but valable dans la vie est d'atteindre l'état où la conscience est suspendue entre intérieur et extérieur, état qui fait qu'à ce moment-là nous sommes Dieu,
non seulement semblables à Dieu, mais nous sommes véritablement Dieu !
 
( tiens, Laruelle : rester si modeste...se contenter du Christ... ? )
 
par zeus !  
que l'on pense pouvoir être Dieu et veuille faire partager ses idées, que l'on veuille
croire celui qui le prétend,  libre à chacun
 
mais qu'on censure, qu'on prétende faire de la philo, qu'on s'en serve pour endoctriner,  
qu'on la traite de mental méprisable, cela devrait être défendu par voie juridique, à tous ces producteurs d'émenthal !
 
 
en matière d'interdiction, le petit Phène susmentionné est même plus malin que le mastodonte Joachim :
son site est libre d'accès, on peut y poster sans s'enregistrer au préalable,
mais au cas où  le guru  n'aime pas le message, il empêche carrément, par la suite,
l'expéditeur d'entrer sur son site, ne fut-ce que pour lire ce qui y est écrit :  
quand on tape l'adresse dans la barre d'adresses on vous demande automatiquement
le login et le mot de passe pour y accéder,
donc, si vous ne vous êtes pas inscrits avant de poster, vous ne pouvez plus vous inscrire après, on ne vous donne plus accès au site !
et cela, ce monsieur l'appelle "modérer les commentaires" !
 
ce qui est inquiétant, vu ce que j'ai pu y lire avant d'être bannie :  
le monsieur incitant à tout bout de champs à se débarrasser du moi, du mental ( comme haïssable, qui n'existe pas, qui est une illusion...et bla et bla ), et encensant abondamment de formules de bénédiction ceux qui le suivaient, une certaine "Marie" est venue dire que, dans ce cas, cela lui donne envie de partir de ce monde,
et il ne m'a point semblé que cet irresponsable s'empresse de l'en dissuader


Message édité par sylvva le 07-10-2007 à 20:21:30
n°12905911
foutre de
Posté le 07-10-2007 à 20:16:33  profilanswer
 

c'est qu'il doit ignorer que :
"La détermination en dernière instance stipule qu'il est inutile (réellement) d'étendre l'effectivité au réel"

 

en tout cas moi je ne traînerais pas sur le forum d'un homme qui écoute ça

 

mais bon hein question de goût...

 

PS : Quand je parlais d'immunité, je pensais moins à valdinoci qu'à la théorie des maladies auto-immunes développée par Sloterdijk et à une traduction du heilig heideggerien. Mais je vois que tu as de bonnes lectures comiques au delà de Molière...

Message cité 1 fois
Message édité par foutre de le 07-10-2007 à 20:20:26

---------------
« Une force presque nulle est une force presque infinie dès lors qu'elle est rigoureusement étrangère au système qu'elle met en mouvement »
n°12905912
sylvva
Posté le 07-10-2007 à 20:16:36  profilanswer
 

neojousous a écrit :

Et sinon Sylvaa, par rapport à ma question sur Marx et Hegel, une idée?


 
je te les casse plus  ?  ravie de savoir ... :)  
 
je ne me souviens pas, sorry
 
quelle était cette question ?


Message édité par sylvva le 07-10-2007 à 20:26:47
n°12906837
sylvva
Posté le 07-10-2007 à 21:37:00  profilanswer
 

foutre de a écrit :

c'est qu'il doit ignorer que :
"La détermination en dernière instance stipule qu'il est inutile (réellement) d'étendre l'effectivité au réel"


 
 
tiens, tiens, en effet...
parce que, voyez-vous,  l'Un a une autonomie radicale,  
il précède l'Etre et la représentation,  
qui sont seulement ses effets,
l'Un n'agit pas directement, car il n'est pas sujet,  
il est cause-en-dernière-instance...
l'Etre est donc autonome...et bla bla bla...dixit Franciscus Laruellius,  
et j'ai pas lu d'auteur gothique plus comique que lui !  
 
alors, quand quelqu'un dit qu'il pense se suicider,  
ce n'est pas la peine de l'en dissuader, dis-tu,
ce serait se mettre en travers de la cause-en-dernière instance,
l'empêcher d'agir, or, on ne peut pas, vue que l'autonomie de l'Un est radicale
 
 
je n'ose pas croire que je t'ai bien compris
 
que tu accordes du crédit à ce fumiste de première, soit  
mais aller jusqu'à dire qu'il ne faut pas intervenir, face à une personne en danger,
parce que cela ne correspondrait pas à ses théories, cela dépasse toute imagination

Message cité 1 fois
Message édité par sylvva le 07-10-2007 à 21:52:38
n°12908090
foutre de
Posté le 07-10-2007 à 23:05:36  profilanswer
 

sylvva a écrit :


je n'ose pas croire que je t'ai bien compris

 


en effet, une fois de plus, tu vas droit au pire en me lisant  :??:

 

la citation dit : l'unilatéralité solitaire de l'Un qui abandonne le monde (pour ne jamais y être rentrée, en fait) n'a pas besoin de l'effectuation suicidaire pour s'assurer d'elle-même.
d'ailleurs je ne crois pas que le suicide soit une voie pour être "entre intérieur et extérieur", enfin, je peux me tromper  :(


Message édité par foutre de le 07-10-2007 à 23:06:16

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« Une force presque nulle est une force presque infinie dès lors qu'elle est rigoureusement étrangère au système qu'elle met en mouvement »
n°12909734
daniel_lev​rai
Semper eadem sed aliter
Posté le 08-10-2007 à 10:15:03  profilanswer
 

Citation :

en fait, le système français repose principalement pour les trois dernières années du secondaire (4eme, 5eme, 6eme en Belgique si j'ai bien compris) sur le modèle de l'enseignement jésuite (lui-même profondément inspiré de grèce antique et de latinité) ; notamment l'année de rhétorique (celle du bac de français en épreuve anticipative) suivi de l'année de philosophie (la Terminale et son épreuve boulimique - qui en achève plus d'un :D).
La belgique n'en est donc pas épargnée, puisque les jésuites de St Michel ou de Godinne (et d'autres...même à Charleroi, c'est vous dire!) doivent y enseigner sur les prescriptions du Provincial de l'Ordre - In Majorem Dei Gloriam, il va sans dire:D)


 
 
Je reviens de Paris et j'ai passé la soirée de samedi à voir des drapeaux français et entendre "on est en demi!!".  :cry:  :lol: Question nombrilisme français, je persiste et signe :d  
 
On avait de jolis noms pour nos années: 4ème = syntaxe, 5ème= poésie, 6ème= rhétorique.  


---------------
A pédant, pédant et demi. Qu'il s'avise de parler latin, j'y suis grec ; je l'extermine.
n°12915304
sylvva
Posté le 08-10-2007 à 21:33:57  profilanswer
 


 
cela me rassure, de ne t'avoir pas bien compris
( c'est peut-être aussi parce que tes phrases ne sont pas toujours très explicites )
 
1. donc, ta phrase :
C'est qu'il ignore que :
"La détermination en dernière instance stipule qu'il est inutile (réellement) d'étendre l'effectivité au réel"
 
n'était pas une réponse à ce que j'avais dit auparavent ( le fait que ce monsieur ne semble pas intervenir ),
 
elle voulait juste dire que la prétention de ces guru d'atteindre un absolu
est vaine, car ils ignorent que l'absolu est, selon Laruelle, depuis toujours et pour toujours, antérieur au Monde et en autonomie radicale par rapport à celui-ci
 
ai-je bien compris, cette fois ?
 
2. quelques questions, à propos de l'Un :
 
- Laruelle, comment peut-il dire, à la fois, que l'Un n'est jamais rentré dans le monde : autonomie radicale,
et que les effets de l'Un se manifestent en L'Etre et la représentation ?  
 
- s'il n'est jamais rentré dans le monde, comment se fait-il que Laruelle peut parler de lui ?

n°12915602
foutre de
Posté le 08-10-2007 à 21:54:43  profilanswer
 

ce qui va dans un sens ne va pas dans l'autre. la radicalité de l'autonomie, c'est qu'elle est unilatérale : ni bilatérale-relationelle, ni absolue.

 

je prends un exemple : les suporters de rugby (entendez les français dans leur ensemble) clament leur joie : c'est du nombrilisme. les suppporters de tennis belges chantent les louanges de justine Hénin (qui est en BD, mais pas encore nue en calendar) : ce n'est pas du nombrilisme.
Voilà : c'est l'unilatéralité.

 

1. ma phrase "c'est qu'il ignore  etc." était bien une réponse à tes propos et le "il" désigne le gourou qui n'intervient pas... difficile d'être plus clair...

Message cité 1 fois
Message édité par foutre de le 08-10-2007 à 21:55:50

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« Une force presque nulle est une force presque infinie dès lors qu'elle est rigoureusement étrangère au système qu'elle met en mouvement »
n°12916253
sylvva
Posté le 08-10-2007 à 22:58:43  profilanswer
 

1. "la sincérité est plus dure à percevoir pour certaine personne que l'ironie"
 
 
non, je t'assure,
même si je suis parfois en proie au doute, comme l'époque l'est certainement,
il me reste assez de disponibilité pour discerner
 
j'en ai conclu à l'ironie pour deux raisons :
- ce mot, c'est la seule chose que tu aies eu à dire
- tu exprimais l'admiration, ce qui ne t'arrive pratiquement pas ici
 
2. " réduire la littérature à l'expression d'émotion"
 
par émotion je comprenais sensibilité esthétique
 
 
3. "Tu peux nier l'importance de la précision technique..."
 
non, je me disais simplement que l'on peut faire une disserte hyper-technique sur,
par exemple, le sentiment tragique de l'existence, sans, en fait, l'avoir jamais ressenti
 
or l'enseignant lambda vise la plupart du temps plutôt le technique
( à se demander pourquoi )
 
le fait qu'après des années d'études littéraires, artistiques on s'oriente massivement vers la Starac' ne serait pas lié à cela ?
 
comment expliquer que la préoccupation esthétique de tant de générations de jeunes
qui quittent l'école va rarement au-delà de ce qui passe par l'argent ( corps, vêtements,  
objets ) ?


Message édité par sylvva le 08-10-2007 à 22:59:29
n°12916481
sylvva
Posté le 08-10-2007 à 23:23:22  profilanswer
 

foutre de a écrit :


je prends un exemple : les suporters de rugby (entendez les français dans leur ensemble) clament leur joie : c'est du nombrilisme. les suppporters de tennis belges chantent les louanges de justine Hénin (qui est en BD, mais pas encore nue en calendar) : ce n'est pas du nombrilisme.
Voilà : c'est l'unilatéralité.


 
dit comme cela, c'est clair : c'est unilatéral
pourtant, il existe des preuves contraires
 
je prends un exemple : quand F2 fait de la philo, c'est atrabilaire,
et quand il est atrabilaire, c'est de la philo
 

Citation :

ma phrase "c'est qu'il ignore  etc." était bien une réponse à tes propos et le "il" désigne le gourou qui n'intervient pas... difficile d'être plus clair...


 
oui, je vois,  
pour certains, quand on peut le plus ( comprendre Saint François ), on ne peut pas le moins  
( l'expliquer )
c'est comme ça...


Message édité par sylvva le 08-10-2007 à 23:25:22
n°12916788
foutre de
Posté le 09-10-2007 à 00:10:10  profilanswer
 

mais Ni f2, ni l'atrabilarité mélancolique ne sont ni le réel ni lemonde
 
 

Citation :

- tu exprimais l'admiration, ce qui ne t'arrive pratiquement pas ici


 
je crois que tu lis mal ou pas du tout, je ne fais que ça


Message édité par foutre de le 09-10-2007 à 00:31:02

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« Une force presque nulle est une force presque infinie dès lors qu'elle est rigoureusement étrangère au système qu'elle met en mouvement »
n°12916945
sylvva
Posté le 09-10-2007 à 00:55:27  profilanswer
 

" mais Ni f2, ni l'atrabilarité mélancolique ne sont ni le réel ni lemonde "
 
 
 
 
en effet, mais quand un exemple x, peu pourvu d'exemplarité, est dit en avoir,
l'exemple y, aussi peu pourvu, a le droit d'être dit en avoir


Message édité par sylvva le 09-10-2007 à 01:07:48
n°12919069
foutre de
Posté le 09-10-2007 à 12:15:46  profilanswer
 

toute la différence entre admirer et pinailler se joue là : la réclamation d'un droit.
merci pour l'illustration.


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« Une force presque nulle est une force presque infinie dès lors qu'elle est rigoureusement étrangère au système qu'elle met en mouvement »
n°12923285
foutre de
Posté le 09-10-2007 à 18:37:24  profilanswer
 

J'y pensais depuis longtemps, mais les bavardages n'y invitaient pas plus que cela et puis je me disais que nous allions échanger un peu plus sur Hegel Marx Nietzsche, mais personne n'est venu sérieusement à mon aide, donc.... flop. Pardon Neojousous.

 

Alors, pour nourrir un peu ce topic avnt qu'il ne s'épuise, j'ai composé un long post sur la "Lettre à Ménécée" de Monsieur Épicure. j'espère qu'il vous séduira. Je crois qu'il me fait me pencher sur l'amitié philosophique, telle que je l'ai vécue ici par exemple depuis que je suis arrivé (telle que je l'ai rarement connue quand je vivais parmi les étudiants in vivo).

 

ça m'a fait beaucoup travailler, et je vous souhaite une
BONNE LECTURE

  


EPICURE
Lettre à Ménécée

Plutôt qu’une physique (physis = Nature, je vous le rappelle), Epicure propose une physiologie. Son originalité consiste à donner une fin éthique à la connaissance de la nature : il s’agit de trouver la paix de l’âme et de mettre toute l’exigence scientifique au service de cette finalité

 

Si les lettres ont été conservées c’est qu’elles constituaient des textes fondamentaux. Comment est-ce possible d’une lettre ? (un traité devrait être plus complet, plus précis qu’une simple correspondance - On a gardé les traces d'un traité d'Epicure, Peri physeôs, conjecturalement reconstitué par D. Sedley.)
Mais il s’agit toujours d’un savoir utile ; la philosophie étant une pratique, elle consiste en maximes sur lesquelles régler son comportement. Or le comportement est une économie de nos relations au monde et, dans ce monde, aux autres hommes.
N’oublions pas que l’accès à la réalité est la sensation et que la sensation a lieu dans la rencontre des corps. La philosophie est elle aussi un discours de la rencontre : celle de l’ami, que l’on va aider, qui va nous aider à bien vivre. L’Epicurisme est une école philosophique de l’entraide. Les maximes et sentences ne sont pas des lois, des préceptes tombant d’une autorité, mais des conseils, des guides, tirés des quelques vérités essentielles que l’homme peut rencontrer sans difficulté s’il cherche la sagesse.
La lettre est donc plus proche de l’esprit de l’Epicurisme tel qu’on peut le reconstituer, que ne l'est le traité. Elle s’adresse directement à un homme, non pas à l’Homme en général, elle lui répète ce qu’il est important de suivre comme comportement plutôt que ce qu’il est important de savoir : « comment bien faire ? » plutôt que « comment savoir ce qu’il faut faire ? »

 

Epicure à Ménécée, salut

 

122 Même jeune, on ne doit pas hésiter à philosopher. Ni, même au seuil de la vieillesse, se fatiguer de l’exercice philosophique. Il n’est jamais trop tôt, qui que l’on soit, ni trop tard pour garantir la santé de l'âme. Tel, qui dit que l’heure de philosopher n’est pas venue ou qu’elle est déjà passée, ressemble à qui dirait que pour le bonheur, l’heure n’est pas venue ou qu’elle n’est plus. Sont donc appelés à philosopher le jeune comme le vieux. Le second pour que, vieillissant, il reste jeune avec les biens par esprit de gratitude à l’égard du passé. Le premier pour que jeune, il soit aussi un ancien par son sang-froid à l’égard de l’avenir. En définitive, on doit donc se préoccuper de ce qui crée le bonheur, s’il est vrai qu’avec lui nous possédons tout, et que sans lui nous faisons tout pour l’obtenir.
 Epicure nous livre dès l’abord une définition de la philosophie : philosophie = santé de l’âme. En partant des questions de l’origine et de la fin (jeune  = trop tôt ; vieux = trop tard), il se positionne quant à la question du temps : la philosophie est en accord avec tout moment d’une existence, elle répond au tout du parcours temporel d’une vie.
Il ajoute un autre élément de définition : temps de la philosophie = temps du bonheur
Il formule donc les grandes lignes qui sous-tendent son projet, un projet de type hédoniste : tout le comportement et toute la méditation seront tournés en direction de la quête du plaisir (la recherche du plaisir comme fin de l’existence (Aristippe et les Cyrénaïques) ou le plaisir comme étalon, comme mesure ou critère de mes choix à la recherche de la paix de l’âme (l’Ataraxie)).
« Jeune avec les biens » : la possession ou le souvenir ne doivent nous être porteur que d’un sentiment de reconnaissance : nous n’avons pas à être troublé à l’idée de la perte (d’un bien mais aussi bien d’un proche), car nous avons le souvenir des bonheurs passés. « à la fois jeune et vieux […] débarrassé de la crainte de l’avenir » : non pas vivre comme un ignorant que tout effraie
Non pas vivre pour la quantité de temps (il faut que ce soit long à tout prix ou c’est décidément trop court pour que ce soit intéressant – fuite devant la mort ou recherche d’une fin prématurée, par déception) ; mais vivre pour la qualité des moments qu’on passe. Ne restons pas vainement dans l’attente (messianismes, apocalypses, destins…) : ne différons pas l’heure de bien vivre

 

123 Ces conceptions, dont je t’ai constamment entretenu, garde-les en tête. Ne les perds pas de vue quand tu agis, en connaissant clairement qu’elles sont les principes de base du bien vivre.

Enfin, Epicure revient sur le discours philosophique et sa nature : Le colloque des amis du Jardin, leurs échanges, ne consistent pas en productions de discours savants ; il s’agit « d’exhorter » l’ami. En ce sens, le discours philosophique épicurien est toujours un discours adressé, adressé à l’autre, comme un appel à la vie saine du sage. Ce discours serait vain s’il n’avait chaque fois un destinataire actuel, présent et sollicité, par ce discours même, à entrer dans sa pratique. La philosophie épicurienne ne veut être ni une contemplation neutre du monde par la conscience (projet purement scientifique) ni une pratique tournée vers le monde en tant qu’il faut le modifier (la politique, la technique, les arts), mais une pratique appliquée à soi-même, sur le modèle d’une hygiène plutôt que d’une thérapie, d’un exercice (une pratique dont la régularité et la fidélité font également la valeur particulière) plutôt que d’un traitement.

 


La divinité.

 


D’abord, tenant le dieu pour un vivant incorruptible et bienheureux, selon la notion du dieu communément pressentie, ne lui attribue rien d’étranger à son incorruptibilité ni rien d’incompatible avec sa béatitude. Crédite-le, en revanche, de tout ce qui est susceptible de lui conserver, avec l’immortalité, cette béatitude. Car les dieux existent : évidente est la connaissance que nous avons d’eux.

 

C’est historiquement un des points les plus délicats de la doctrines d’Epicure. Longtemps accusé d’athéisme (ce qui était malvenu dans l’Antiquité – souvenez-vous que c’était également un des chefs d’accusation qui servirent à condamner Socrate), Epicure et ses disciples ont pourtant toujours soutenu le contraire et l’on rapporte même l’existence d’un De La Piété composé par l’un d’eux, Philodème.
Le problème est l’évidence affirmée de l’existence divine alors qu’elle échappe encore plus évidemment à la perception sensible. Et ce problème reste irrésolu à ce jour à partir des documents et des sources qui sont à notre disposition.
C’est qu’une prolepse, une prénotion, nous donne accès à l’évidence, pour tous, de leur existence : nos trouvons cette idée dans l’esprit de tous les hommes. Que nous dit la Lettre à Ménécée ? Elle pose deux attributs essentiels de la divinité : le dieu est un vivant incorruptible, c’est-à-dire qu’il échappe à notre temporalité linéaire, au Devenir et à ses accidents (sa nature ne se corrompt pas avec le temps – usure, vieillesse, etc.) ; le dieu est bienheureux, c’est-à-dire que rien ne peut venir troubler sa paix et sa félicité, rien ne peut lui manquer, rien ne peut en faire un sujet de souffrances : en ce sens le dieu épicurien ne peut qu’être de part en part indifférent au monde, car son existence est indépendante pleinement de ce qui est mondain (au sens premier) ou humain..
Il s’agit alors pour Epicure d’appuyer toute représentation du divin à la vérité de ces deux évidences. Incorruptible, le dieu est indifférent au temps : il n’est pas l’architecte du monde qu’il n’avait aucun besoin de créer (le monde n’était pas un manque du dieu, qui est par nature bienheureux) ; il n’y a ni Providence ni Destin (en directe opposition au Stoïcisme). Le dieu est bienheureux, il ne se nourrit donc pas des sacrifices qui lui sont dédiés, et ne répond pas aux prières : il est un modèle d’autonomie.
Chaque fois que quelque représentation du dieu est fausse, c’est qu’elle s’écarte de ces deux attributs fondamentaux ; et pour penser le divin selon l'épicurisme il faut n’avoir de cesse de revenir à eux.
Et l’impiété vient de la négligence de cela. En ce sens, le peuple (la multitude, les nombreux – les polloï disait Héraklite, par opposition aux oligoï, les rares, les nobles – oligarchie, oligo-éléments…), lorsqu’il croit sans sagesse à toute représentation du divin est plus impie que celui qui remet en question les mythes et les rituels à la lumière de notre prénotion simple de la divinité. Et la piété peut résider dans la suppression des fausses représentation du divin.

 

124 Mais tels que la multitude les imagine communément, ils n’existent pas : les gens ne prennent pas garde à la cohérence de ce qu’ils imaginent. N’est pas impie qui refuse des dieux populaires, mais qui, sur les dieux, projette les superstitions populaires. Les explications des gens à propos des dieux ne sont pas des notions établies à travers nos sens, mais des suppositions sans fondement. De là l’idée que les plus grands dommages sont amenés par les dieux ainsi que les bienfaits. En fait, c’est en totale affinité avec ses propres vertus que l’on accueille ceux qui sont semblables à soi-même, considérant comme étranger tout ce qui n’est pas tel que soi.  

 Le reste n’est que fausse représentation, qui ne répond plus à la prénotion évidente du divin. Le dieu ne venge le crime pas plus qu’il ne récompense le bienfait, car nul ne considère comme vertueuses que ses propres vertus et en cela c’est soi-même que l’on loue toujours dans la justice de son dieu (éthnocentrisme du fait religieux, voire égocentrisme de la superstition) : la multitude ne comprend la divinité qu'à sa propre image.

 

En réalité, ce paragraphe consacré au souci du divin expose le premier moment du quadruple remède (tetrapharmakon) : voir également la 1ère des Maximes Capitales et la 1ère des Sentences Vaticanes.

 

I. Ce qui est bienheureux et incorruptible n’a pas soi-même d’ennuis ni n’en cause à un autre, de sorte qu’il n’est sujet ni aux colères ni aux faveurs ; en effet, tout cela se rencontre dans ce qui est faible.

    


La mortalité

 

Accoutume-toi à penser que la mort, avec nous, n’a aucun rapport ; car tout bien et tout mal résident dans la sensation ; or la mort est la privation de sensation. Il s'ensuit que la juste prise de conscience du fait que la mort avec nous n'a aucun rapport autorise de jouir du caractère mortel de la vie, puisqu'elle ne lui impose pas un temps inaccessible, mais au contraire retire le désir de l’immortalité.

Pour Epicure la mort n’est ni un bien ni un mal, elle n’est ni à craindre ni à souhaiter, car elle nous est totalement étrangère du fait de notre nature d’êtres sensibles et de sa nature à elle, qui est pure insensibilité. En ce sens nous ne saurions jamais rencontrer la mort, ni la voisiner, ni communiquer avec elle. La mort ne peut être un sujet de spéculation car aucune sensation ne pourra jamais venir confirmer l’absence de sensation : la mort n’est qu’un épisode de la dissolution des corps en atomes multiples, dissolution à laquelle, mort, nous n’assistons pas car la dissolution du corps entraîne la dissolution de la sensation ; elle n’est qu’un événement sans intérêt qui n’advient à personne puisque mort, je ne suis plus là pour l’événement que j’ignore. Pour moi, il n’y a pas d’au-delà de moi ; souhaiter jouir au delà du moment où jouir est possible devient un non-sens.

 

125 Il s’ensuit qu’il n’y a rien d’effrayant dans le fait de vivre, pour qui est authentiquement conscient qu’il n’existe rien d’effrayant dans le fait de ne pas vivre. Si bien qu'il est sot celui qui dit avoir peur de la mort non parce qu’il souffrira en mourant, mais parce qu’il souffre à l’idée qu’elle approche. Car la mort qui, lorsqu'elle est là, ne nous cause pas d'embarras, provoque une affliction vide lorsqu'on l'attend. Le plus effrayant des maux, la mort ne nous est rien, puisque quand nous sommes, la mort n’est pas là, et quand la mort est là, c’est nous qui ne sommes plus ! Elle ne concerne donc ni les vivants ni les trépassés, étant donné que pour les uns, elle n’est point, et que les autres ne sont plus. Beaucoup de gens pourtant fuient la mort, soit en tant que plus grands des malheurs, soit en tant que point final des choses de la vie.

 

Par conséquent, du fait que la mort n’est pas à craindre, rien dans la vie n’est plus perçu comme un péril. Supprimer la peur de la mort est supprimer toute peur pour celui qui vit. Car ce n’est pas la mort qui est source de souffrance (puisqu’il n’y a plus de sensation), mais la représentation, l’idée que nous nous en faisons. Le sage, qui cherche « l’authentique compréhension » doit donc corriger en lui la représentation pour la redresser selon la nature véritable des choses (c’est-à-dire selon la façon dont je vis vraiment la nature : selon mes sensations qui sont fondements de la vérité).

 

126 Le sage, lui ne craint pas le fait de n’être pas en vie : vivre ne lui convulse pas l’estomac, sans qu’il estime être mauvais de ne pas vivre. Et comme il ne choisit jamais la nourriture la plus copieuse, mais la plus goûteuse, ainsi n’est-ce point du temps le plus long qu'il cueille les fruits, mais du plus agréable. Celui qui incite d’un côté le jeune à bien vivre, de l’autre le vieillard à bien mourir est un niais, non tant parce que la vie a de l’agrément, mais surtout parce que bien vivre et bien mourir constituent un seul et même exercice. Plus stupide encore celui qui dit beau de n’être pas né, ou « sitôt né, de franchir les portes de l’Hadès ».

 

Le comportement du sage est adossé à cette vérité que la mort ne peut être source de souffrance. Or il ne faut jamais perdre de vue que la mort signifie notre rapport au temps, à son déroulement inarrêtable, et à la finitude. Puisqu’il y a plus à vivre que la vie d’un homme ne le permet, c’est une sagesse du bon choix que l’épicurien doit mettre en place. Mais selon quel critère ? Une fois de plus, c’est la distinction entre Qualité et Quantité qui servira de critère : bien manger plutôt que manger beaucoup, vivre de bons moments plutôt que de longs moments : la vie doit être dégustée, sur le fonds premier de la sensation, de la même façon qu’un aliment sera choisi pour ses qualités gustatives et nutritives plutôt que pour son abondance (un petit bienfait vaut mieux qu’un copieux empoisonnement qui sera source de peines et de douleurs physiques).
Et en fait il est simple de vivre car vivre est s’appuyer sur la sensation comme guide, et par conséquent vivre agréablement de toute façon, à moins d’ignorer ses sensations au profit de représentations qui s’en éloignent (et qui en cela ne peuvent manquer d’être sources de souffrances, physiologiques aussi bien que mentales). De plus, la mort n’ajoutant rien à la vie, n’étant pas un événement qui ait lieu dans la sensation, bien mourir ne prend de sens que si c’est l’existence qui fut bien vécue : meurt bien celui qui a su bien vivre ; parce qu’il n’est de Bien que pour celui qui sent, c’est-à-dire pour celui qui vit, et qu’aucun Bien ne peut trouver à être dans la mort puisque c’est un Bien qui ne peut être éprouver par personne.

 

127 S’il est persuadé de ce qu’il dit, que ne quitte-t-il la vie sur-le-champ ? Il en a l’immédiate possibilité, pour peu qu’il le veuille vraiment. Mais s'il veut seulement jouer les provocateurs, sa désinvolture en la matière est déplacée.

 

Souvenons-nous d’ailleurs que l’avenir, ni ne nous appartient, ni ne nous échappe absolument, afin de ne pas tout à fait s'attendre à ce qu'il arrive, ni de n’en point désespérer comme s'il ne devait absolument pas exister.

 

Epicure reproche ici à ceux qui soutiennent cette thèse de ne pas aller jusqu’au bout de leur logique et de ne pas porter leurs conclusions jusqu’à leurs extrêmes conséquences. Cela correspond exactement au projet philosophique tel qu’il se pense contre la platonisme et l’aristotélisme à l’époque hellénistique : le discours doit mener en priorité à agir, la philosophie est philosophie pratique ou n’est pas ; seuls les actes valident les paroles.
Ce qui est plus intéressant, c’est ce qu’implique le propos d’Epicure concernant la liberté. Il pose un homme dont la volonté peut décider (contrairement aux stoïciens qui ne laissent pas de place à une action libre (fatalisme) mais seulement à une liberté de l’âme devant son destin).
Enfin Epicure marque la gravité de son propos. Il n’entend pas railler la mort quand il en nie l’événement sensible et l’importance effective dans la conduite qu’un homme doit donner à sa vie. (Il se démarque en cela du reproche que lui firent ses détracteurs en le percevant comme un impie ou un jouisseur futile)
Le second paragraphe exhorte à se rappeler la nature de notre rapport à l'avenir, qui prend la forme de l'incertitude. Cette forme bien considérée nous garantit de ne pas souffrir pour rien, prématurément, elle est à la fois moteur de notre patience et de notre espérance. Ainsi l'incertitude n'est pas une faiblesse ni une source d'inquiétude, elle est dans notre nature le jeu à laisser souple pour notre contemplation de ce qui advient, sans fatalité absolue.

 


Désirs et plaisirs.

 

Ici viennent les deux derniers élément du tetrapharmakon.

 

Il faut voir, en raisonnant par analogie, que certains d’entre les désirs sont naturels, d’autres vains, et que si certains des désirs naturels sont nécessaires, d’autres ne sont seulement que naturels. Parmi les désirs nécessaires, certains sont nécessaires au bonheur, d’autres à la tranquillité durable du corps, d’autres à la vie même.
Epicure nous demande de faire fonctionner une faculté rationnelle : l’analogie, c’est-à-dire la comparaison (qui suppose rencontre (les corps et la sensation) et mémoire). Il nous demande de classer les mouvements de nos impulsions (l’épicurisme pose ici une passivité indéniable de l’homme devant ses désirs) selon qu’ils sont naturels (si elles correspondent réellement à notre nature, notre être, ou bien lui sont contraires et délétères) ou artificiels (il va de soi que ce sont des opinions fausses, non connues par la sensation et non vérifiées ; elles ne correspondent pas plus à une prénotion). Il nous demande ensuite de reconnaître nos besoins et de les distinguer (par rapprochement de similitudes toujours) de désirs qui correspondraient à notre nature, mais qui seraient sans nécessité, futiles. Enfin il veut que nous trions selon qu’un désir utile est nécessaire à la paix (l’absence de troubles, l’ataraxie, l’indifférence similaire à celle de la divinité) ou nécessaire à plus que la paix, le supplément non neutre, le bonheur (pensé comme surplus à la paix).
Il faut remarquer que par la méthode de la comparaison Epicure refuse d’appliquer un modèle, un idéal comme référence au jugement et aux choix : il faut comparer ce qui se présente dans les désirs sans les référer à quelque chose d’extérieure ; ce comparatisme est une des formes du réalisme ou de l’empirisme que la tradition a reconnus dans l’épicurisme.

 

128 Or, une réflexion irréprochable à ce propos sait rapporter tout choix et tout rejet à la santé du corps et à la sérénité de l’âme (l'ataraxie), puisque tel est le but de la vie bienheureuse. C’est sous son influence que nous faisons toute chose, dans la perspective d’éviter la souffrance et l’angoisse. Quand une bonne fois cette influence a établi sur nous son empire, toute tempête de l’âme se dissipe, le vivant n’ayant plus à courir comme après l’objet d’un manque, ni à rechercher ce par quoi le bien, de l’âme et du corps serait comblé. En effet, c’est alors que nous avons besoin d'un plaisir : quand le plaisir nous torture par son absence. Autrement, lorsque nous ne souffrons pas, nous ne sommes plus sous la dépendance du plaisir.

 

Voilà pourquoi nous disons que le plaisir est le principe et le but de la vie bienheureuse.

 

Epicure affirme l’ataraxie comme quète de la sagesse, finalité de la vie qui propose en cela, par nature, de nous faire accéder au bonheur. Que l’humanité trouve ainsi le bonheur dans la paix et le repos, a bien sûr prèté à de nombreuses critiques (notamment celles de Nietzsche, qui y voyait une orientation de l’humanité vers une fascination croissante pour la mort).
L’explication de l’effet de l’ataraxie est plus intéressante. Si l’ataraxie, la paix, nous apporte le bonheur, c’est que nous ne manquons de rien, nous n’avons rien à chercher pour bien vivre : nous sommes presque autosuffisants. Cette compréhension de l’état humain comme n’étant pas fondé sur un manque essentiel (la vie selon Schopenhauer) ou fondateur (la perte du paradis suite au pèché originel), fait de la philosophie d’Epicure une philosophie optimiste (c’est le minimum de croire à l’effet de son remède quand on est et malade et médecin), un optimisme du repos plutôt que de l’activité.
C’est que la thèse du manque, de l’objet manquant au bonheur vers lequel il faudrait tendre, implique en elle-même la souffrance qu’elle prétend suspendre dans le bonheur d’une possession jamais certaine (encore le refus de toute promesse tournée vers un avenir improbable ( = qu’on ne peut prouver, par l’expérience, la comparaison, la sensation ni la prénotion), refus déjà noté plus haut : pas de messianisme ni de chatiment essentiel (on comprend le caractère violent des attaques que religion comme le christiannisme historique a pu adresser aux « pourceaux d'Epicur »)).

 

129 C’est le plaisir que nous avons reconnu comme bien premier et congénital. C’est de lui que nous recevons le signal de tout choix et rejet. C’est à lui que nous aboutissons, en jugeant tout bien d’après notre sensibilité prise comme règle.
Justement parce qu’il est le bien premier et né avec notre nature, nous ne bondissons pas sur n’importe quel plaisir : il existe beaucoup de plaisirs auxquels nous ne nous arrêtons pas, lorsqu’ils impliquent pour nous une avalanche de difficultés. Et nous considérons bien des douleurs comme préférables à des plaisirs, dès lors qu’un plaisir pour nous plus grand doit suivre des souffrances longtemps endurées. Ainsi tout plaisir, par nature, a le bien pour intime parent, sans pour autant devoir être choisi. Symétriquement, toute espèce de douleur est un mal, sans que toutes les douleurs soient à fuir obligatoirement.

 

Parce que le plaisir est premier critère de notre faculté de juger par la sensation (seul fondement de toute vérité), c’est par lui que nous connaissons qu’une chose est bonne ou mauvaise : parce qu’une chose est bonne si le plaisir en est obtenu et mauvaise si c’est la souffrance qui en découle.
Il suffit ensuite de comparer les différentes affections et leurs suites pour distinguer les désirs qu’il faut suivre de ceux dont il faut se détourner. Cette évaluation comparative, pensée dans la perspective du temps (les conséquences), devient alors une sorte d’économie où la raison comparative mesure la valeur de toute chose en direction de la finalité hédoniste : le bonheur dans la paix.
Et si le plaisir est un tel bien, c’est qu’il est la manifestation de ce qui correspond à notre nature, ce qui lui est « approprié », de la rencontre heureuse avec un élément du monde (n’oubliez pas l’atomisme des épicuriens).

130-131 C’est à travers la confrontation et l’analyse des avantages et désavantages qu’il convient de se décider à ce propos. A certains moments, nous réagissons au bien selon les cas comme à un mal, ou inversement au mal comme à un bien.

 

Ainsi, nous considérons l’autosuffisance comme un grand bien : non pour satisfaire à une obsession gratuite de frugalité, mais pour que le minimum, au cas où la profusion ferait défaut, nous satisfasse. Car nous sommes intimement convaincus qu’on trouve d’autant plus d’agréments à l’abondance qu’on y est moins attaché, et que si tout ce qui est naturel est plutôt facile à se procurer, ne l’est pas tout ce qui est vain. Les nourritures savoureusement simples vous régalent aussi bien qu’un ordinaire fastueux, sitôt éradiquée toute la douleur du manque : pain et eau dispensent un plaisir extrême, dès lors qu’en manque on les porte à sa bouche. Ainsi l’accoutumance à des régimes simples et sans faste est un facteur de santé, pousse l’être humain au dynamisme dans les activités nécessaires à la vie, nous rend plus aptes à apprécier, à l’occasion, les repas luxueux et, face au sort, nous immunise contre l’inquiétude.

 

Dons quand nous parlons du plaisir comme d’un but essentiel, nous ne parlons pas des plaisirs du noceur irrécupérable ou de celui qui a la jouissance pour résidence permanente - comme se l’imaginent certaines personnes peu au courant et réticentes à nos propos, ou victimes d’une fausse interprétation - mais d’en arriver au stade où l’on ne souffre pas du corps et ou l’on n’est pas perturbé de l’âme.

 

Ce qu’Epicure réaffirme finalement c’est que la connaissance de la nature doit appuyer notre jugement pour éviter que nous ne prenions un bien pour un mal (l’interdiction de se droguer, par exemple, comme privation d'un plaisir) ou un mal pour un bien (la drogue, par exemple,)…
Enoncer que l’homme est sans manque qui le prive d’accéder au bonheur, c’est affirmer qu’il peut vivre de peu, humblement, et qu’une privation peut même, par comparaison encore, par constraste ressenti (perceptions), procurer un plus grand plaisir et donc un plus grand bonheur. Les satisfaction humaines sont donc simples contrairement aux aspirations artificielles qui sont toujours inaccessibles (on peut d’ailleurs percevoir ici une négation de tout projet à longs termes, de toute ambition dépassant ma force individuelle, et l’on comprend mieux alors pourquoi les épicuriens refusaient de se mèler de politique, contrairement aux Stoïciens).
Epicure invite à ne satisfaire que le manque infime qui correspond à notre nature quasi auto-suffisante et à se détourner de chercher dans la quantité (encore !) et la profusion le réel bonheur.
Vous remarquerez que les exemples que choisit Epicure se rapportent tous à la sensation et à la santé du corps : le philosophe est bien, là aussi, philosophe-médecin).
De plus il observe que la force de l’homme s’accroît face aux contrariétés de l’existence ; la sobriété apporte donc la fermeté à l’âme, c’est-à-dire la possibilité d’une paix durable face aux évènements.
La raison est encore affirmée comme traitement des maux humains.

 


Une philosophie pratique

 


132  Car ni les beuveries, ni les festins continuels, ni les jeunes garçons ou les femmes dont on jouit, ni la délectation des poissons et de tout ce que peut porter une table fastueuse ne sont à la source de la vie heureuse : c’est ce qui fait la différence avec le raisonnement sobre, lucide, recherchant minutieusement les motifs sur lesquels fonder tout choix et tout rejet, et chassant les croyances à la faveur desquelles la plus grande confusion s’empare de l’âme.

 

Au principe de tout cela, comme plus grand bien : la prudence. Or donc, la prudence, d’où sont issues toutes les autres vertus, se révèle en définitive plus précieuse que la philosophie : elle nous enseigne qu’on ne saurait vivre agréablement sans prudence, sans honnêteté et sans justice, ni avec ces trois vertus vivre sans plaisir. Les vertus en effet participent de la même nature que vivre avec plaisir, et vivre avec plaisir en est indissociable.

Cette raison par laquelle se traitent les maux humains doit fonctionner sur le mode de la précaution, c’est-à-dire sur la suspension du geste, de l’acte, pour un temps. Etre prudent est justement une des formes de l’économie, un de ses sens. Epicure nous propose comme philsophie d’être économe. En ce sens, il peut être considéré comme un philosophe utilitariste, très stricte (et cette rigueur a pu être admirée même par les détracteurs d’Epicure).
La prudence est affirmée comme vertu première comme le plaisir l’était comme principe premier et fin de mon existence : ainsi se révèlent les énoncés canoniques de l’épicurisme).

 

133-134-135  D’après toi, quel homme surpasse en force celui qui sur les dieux nourrit des convictions conformes à leurs lois ? Qui face à la mort est désormais sans crainte ? Qui a percé à jour le but de la nature, en discernant à la fois comme il est aisé d’obtenir et d’atteindre le "summum" des biens, et comme celui des maux est bref en durée ou en intensité ; s’amusant de ce que certains mettent en scène comme la maîtresse de tous les événements – les uns advenant certes par nécessité, mais d’autres par hasard, d’autres encore par notre initiative –, parce qu’il voit bien que la nécessité n’a de comptes à rendre à personne, que le hasard est versatile, mais que ce qui vient par notre initiative est sans maître, et que c’est chose naturelle si le blâme et son contraire la suivent de près (en ce sens, mieux vaudrait consentir à souscrire au mythe concernant les dieux, que de s’asservir aux lois du destin des physiciens naturalistes : la première option laisse entrevoir un espoir, par des prières, de fléchir les dieux en les honorant, tandis que l’autre affiche une nécessité inflexible). Qui témoigne, disais-je, de plus de force que l’homme qui ne prend le hasard ni pour un dieu, comme le fait la masse des gens (un dieu ne fait rien de désordonné), ni pour une cause fluctuante (il ne présume pas que le bien ou le mal, artisans de la vie bienheureuse, sont distribués aux hommes par le hasard, mais pense que, pourtant, c’est le hasard qui nourrit les principes de grands biens ou de grands maux) ; l’homme convaincu qu’il est meilleur d’être dépourvu de chance particulière tout en raisonnant bien que d’être chanceux en déraisonnant ; l’idéal étant évidemment, en ce qui concerne nos actions, que ce qu’on a jugé « bien » soit entériné par le hasard.

 

Ces enseignements, et tous ceux qui s’y rattachent, mets-les en pratique, en relation avec toi-même et pour qui est semblable à toi, le jour et la nuit, et jamais tu ne seras troublé ni dans la veille ni dans tes rêves, mais tu vivras comme un dieu parmi les hommes. Car il n’a rien de commun avec un animal mortel, l’homme vivant parmi des biens immortels.

Le philosophe qui accède à la sagesse pratique est alors décrit comme l’humain qu’aucun ne dépasse. Il est le paisible, celui qui connaît la nature et ses fins par la raison, qui se moque de l’idée de destinée divine, d’une volonté supérieure, car elle ne désigne aucune responsabilité : le destin n’est pas voulu par une conscience supérieure (il est inccessible au discours, il nie l’échange et la raison). D’autres jeux de détermination de nos actes se partagent les évènements : la fortune qui n’est que hasard et chaos, et nous-mêmes qui ne sommes déterminants que si nous devenons maîtres des choses que la fortune et le destin (le déterminisme) laissent libres. Et c’est en fonction de cette maîtrise que l’on peut évaluer les actes blâmables et les actes louables (parce que vertueux, parce que procurant le bonheur raisonnable, etc…)

 

Epicure affirme enfin sa préférence théorique pour toute doctrine qui laisse une place à la volonté humaine de tenter d’échapper au mal plutôt qu’une doctrine affirmant un total déterminisme (la causalité pure de scientifiques) : optimisme avant tout car entre deux faussetés il faut choisir celle qui procure le moins de désagrément et le moins de souci (critère-plaisir oblige)
Il minore enfin l’importance de la fortune et va jusqu’à nier la valeur de la chance aux yeux de la raison : mieux vaut malchanceux que dupé (le savoir plutôt que la réussite aveugle et livrée aux hasards).

 

Epicure quitte son ami sur une ultime exhortation où il confirme sa philosophie comme exercice quotidien (« mets-les en pratique »), dans la solitude aussi bien que dans l’échange amical, c’est-à-dire dans la rencontre qui est suivie de plaisir. Elle mène à une vie similaire à celle de la divinité dont les attributs ne sont autres que la suffisance à soi (bienheureux) et l’indifférence (la paix constante de l’âme).

 

On comprends mieux pourquoi la Maxime capitale I ne dise ni « homme » ni « dieu » mais « ce qui » ; car tu es libre d’y lire la description de ce que sont des êtres supérieurs ou bien la tienne, en quête de sagesse.
Par cette voie, un vivant dépasse sa condition.

Message cité 1 fois
Message édité par foutre de le 09-10-2007 à 20:47:20

---------------
« Une force presque nulle est une force presque infinie dès lors qu'elle est rigoureusement étrangère au système qu'elle met en mouvement »
n°12923339
pascal75
Posté le 09-10-2007 à 18:41:39  profilanswer
 

Ah ! [:lune]


---------------
GAFA  We are stardust Billion year old carbon We are golden
n°12926084
sylvva
Posté le 09-10-2007 à 22:23:49  profilanswer
 

foutre de a écrit :

toute la différence entre admirer et pinailler se joue là : la réclamation d'un droit.
merci pour l'illustration.


 
ton talent sophiste (jouer sur les mots), que j'entrevoyais, se confirme ,
 
tu ferais un bon avocat,
 
j'admire  donc  :)  
 
mais passons au sérieux,  
il y a du pain sur la planche,
de quoi ergoter pendant trente-trois saisons  :)


Message édité par sylvva le 10-10-2007 à 02:56:26
n°12926809
sylvva
Posté le 09-10-2007 à 23:29:02  profilanswer
 

Travail impressionnant, cette présentation de la lettre d'Epicure,
 
voici mon commentaire de la première moitié du préambule, plus précisément de cet extrait :
 
"Plutôt qu’une physique (physis = Nature, je vous le rappelle), Epicure propose une physiologie. Son originalité consiste à donner une fin éthique à la connaissance de la nature : il s’agit de trouver la paix de l’âme et de mettre toute l’exigence scientifique au service de cette finalité.
 
Si les lettres ont été conservées c’est qu’elles constituaient des textes fondamentaux. Comment est-ce possible d’une lettre ? (un traité devrait être plus complet, plus précis qu’une simple correspondance - On a gardé les traces d'un traité d'Epicure, Peri physeôs, conjecturalement reconstitué par D. Sedley.)
Mais il s’agit toujours d’un savoir utile ; la philosophie étant une pratique, elle consiste en maximes sur lesquelles régler son comportement. Or le comportement est une économie de nos relations au monde et, dans ce monde, aux autres hommes."
 
Ce commentaire analyse les idées, au point de vue logique et disciplinaire, c'est-à-dire tenant à la philosophie, et l'expression, au point de vue de la précision des termes utilisés.
Son but n'est évidemment pas de mettre en exergue des carences mais d'aider à la compréhension de ce que doit être une démarche rigoureuse dans la construction d'un texte.
 
 
nota :  - les numéros indiquent des extraits du texte commenté
          - R indique les remarques
          - Q indique les questions
         
 
 
 
1. " Plutôt qu’une physique (physis = Nature, je vous le rappelle), Epicure propose une physiologie."
 
R :
 
- Formulée ainsi, c'est-à-dire sans d'autres précisions, cette phrase peut laisser croire qu' Epicure n'a pas élaboré de physique,  
or il a élaboré une Physique : l'univers, le vide, des corps en nombre infini formés d'atomes etc.
 
http://antinomies.free.fr/epic2.html
 
 
- il n'a pas élaboré une physiologie ( science des fonctions organiques ) mais une épistémologie (théorie de la connaissance )
 
http://antinomies.free.fr/epic1.html
 
la formulation adéquate est : Epicure a élaboré une physique et une épistémologie dans le but de donner à l'homme des connaissances qui l'aident à mieux vivre.
 
 
2. " Son originalité consiste à donner une fin éthique à la connaissance de la nature "
 
R :
 
pourquoi parler d'emblée d'originalité ?
- Epicure voulait être original ? ce n'est pas certain
- chez un philosophe on cherche en première instance l'originalité ? non, on cherche les réponses qu'il donne aux problèmes que la vie pose à l'homme,
c'est ensuite qu'on évalue l'originalité, c'est-à-dire ce qu'il a d'inédit
 
il n'est donc pas justifié de commencer la présentation d'un philosophe par ce qu'il a d'original
 
il convient de dire : "Ce qui est remarquable chez Epicure..."
et montrer aussi par rapport à qui : par rapports à d'autres penseurs contemporains de la nature, qui ne s'intéressent pas à l'éthique
 
Q :
 
- puisque cette connaissance a un but fixé apriori, ne risque-t-elle pas fortement d'être biaisée par ce but ?  
et si tel est le cas, son résultat n'est-il une idéologie ( doctrine ), plutôt qu'une connaissance scientifique de la nature ?
 
3. " Si les lettres ont été conservées c’est qu’elles constituaient des textes fondamentaux."
 
R :
 
- conservées par qui ? quand ? en fonction de quoi le conservateur a évalué les textes comme fondamentaux ? en fonction de quoi on accorde du crédit à cette évaluation ?
 
par là, je ne veux pas forcément dire qu'il faut exposer toute l'exégèse d'Epicure, mais qu'il faut pourvoir au sens d'une phrase
 
4. " Comment est-ce possible d’une lettre ? (un traité devrait être plus complet, plus précis qu'une simple correspondance [...] Mais il s'agit d'un savoir utile"  
 
R :
 
- pourquoi "devrait" ? un traité est plus complet qu'une lettre
 
donc, la formulation adéquate de l'idée est :
 
" Comment est-ce possible qu'une lettre, qui n'a pas l'ampleur d'un traité, soit considérée comme un texte fondamental ?"
 
R :
 
- en philosophie et religion, ce n'est pas nécessairement l'étendue d'un texte qui fait que la postérité le considère important (exemple : les épîtres de Paul )
cet étonnement n'a donc pas lieu d'être
 
R :
 
- pourquoi mais ?  "mais" est une conjonction qui indique une opposition,
exemple : "célèbre mais solitaire"
 
or, il s'agit d'exprimer une cause : comment est-ce possible ? à cause du fait que la lettre transmet un savoir utile.
 
l'expression adéquate est : c'est parce que
 
5. "la philosophie étant une pratique, elle consiste en maximes sur lesquelles régler son comportement."
 
R :
 
- le mot "philosophie" vient du grec ancien, il est composé de φίλειν, "aimer" et de σοφία, " la sagesse, le savoir"
la philosophie est donc "amour de la sagesse", c'est-à-dire aspiration à une vie réglée par la sagesse, vue comme jugement averti et "amour du savoir", c'est-à-dire aspiration à la connaissance du monde en général
 
on ne peut donc pas réduire la signification du mot "philosophie" à une seule des acceptions
 
par conséquent, une formulation adéquate de la phrase serait celle-ci :
 
"Dans une de ses deux acceptions, celle d'amour de la sagesse, la philosophie étant une pratique, elle consiste en..."
 
6. " elle consiste en maximes sur lesquelles régler son comportement"
 
R :
 
- pourquoi consiste ?
 
l'expression adéquate est : peut consister
 
car le versant "amour de la sagesse" de la philosophie peut s'exprimer non seulement par la formule brève qu'est la maxime, mais aussi par la fable, la poésie, le proverbe, le conte philosophique etc.


Message édité par sylvva le 10-10-2007 à 04:21:13
n°12927278
neojousous
Posté le 10-10-2007 à 00:02:52  profilanswer
 

Un peu dogmatique de dire que chez un philosophe on ne cherche pas l'originalité non ? T'es qui pour donner une universalité de la philosophie ? Je suis convaincu pour ma part que beaucoup de gens (dont je fais parti) cherchent l'originalité dans une pensée quelle qu'elle soit.

n°12927456
sylvva
Posté le 10-10-2007 à 00:30:12  profilanswer
 


sur un topic philo je ne réponds pas aux vociférations

n°12927561
neojousous
Posté le 10-10-2007 à 00:49:09  profilanswer
 

vociférations ? ouh la...
1) je ne vociférai pas
2) si je vociférai pourquoi tu me répondrais pour dire que tu me répond pas ? sinon pour me provoquer ?
Bref nawak, t'es pas une interlocutrice très agréable.

n°12927814
sylvva
Posté le 10-10-2007 à 01:24:49  profilanswer
 


quand je poste sans citer quelqu'un c'est que je ne m'adresse pas à quelqu'un en particulier

n°12928055
alcyon36
Posté le 10-10-2007 à 03:47:09  profilanswer
 

vous avez lair de bien vous amuser par ici..... :lol:  
neojousous plutot que de perdre ton tps, tu devrais commencer les meditaion de descartes je finis la 6eme, vais commencer les objections et les reponses. honnetement, je l'ai lu un peu trop vite, pas mal survolé certains passages...;)
Foutre, alors le dernier Laruelle?

Message cité 1 fois
Message édité par alcyon36 le 10-10-2007 à 03:56:55

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"la pensée de l'être est le souci porté à l'usage de la langue" Heidegger
mood
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