Forum |  HardWare.fr | News | Articles | PC | S'identifier | S'inscrire | Shop Recherche
4082 connectés 

 


Quels sont pour vous les trois livres de philo à lire pour un honnête homme ?


 
15.4 %
 273 votes
1.  "La république" de Platon
 
 
6.7 %
 119 votes
2.  "La métaphysique" d'Aristote
 
 
15.7 %
 279 votes
3.  "l'Ethique" de Spinoza
 
 
1.5 %
    27 votes
4.  "Essai de théodicée" de Leibniz
 
 
15.0 %
 266 votes
5.  "Critique de la raison pure" de Kant
 
 
17.8 %
 315 votes
6.  "Par delà le bien et le mal" de Nietzsche
 
 
5.9 %
 105 votes
7.  "L'évolution créatrice" de Bergson
 
 
6.4 %
 113 votes
8.  "Etre et temps" d'Heidegger
 
 
7.5 %
 133 votes
9.  "Qu'est-ce que la philosophie" de Gilles Deleuze
 
 
8.1 %
 144 votes
10.  "Moi, ma vie, mon oeuvre" de obiwan-kenobi
 

Total : 2656 votes (882 votes blancs)
Sondage à 3 choix possibles.
Ce sondage est clos, vous ne pouvez plus voter
 Mot :   Pseudo :  
  Aller à la page :
 
 Page :   1  2  3  4  5  ..  149  150  151  ..  340  341  342  343  344  345
Auteur Sujet :

Philo @ HFR

n°12336071
foutre de
Posté le 07-08-2007 à 22:24:12  profilanswer
 

Reprise du message précédent :
moi j'attends encore quelques années pour porter plainte contre dorothée et AB production pour crime contre l'humanité et non respect des droits de l'enfance...


---------------
« Une force presque nulle est une force presque infinie dès lors qu'elle est rigoureusement étrangère au système qu'elle met en mouvement »
mood
Publicité
Posté le 07-08-2007 à 22:24:12  profilanswer
 

n°12336086
Baptiste R
Posté le 07-08-2007 à 22:24:42  profilanswer
 

foutre de a écrit :

pour l'hydravion, je pensais plutôt à "Île mystérieuse"... mais je crois qu'il y a beaucoup d'hydravions dans tintin
 


Aussi oui. Mais je trouve plus inspirante la sneaky attack de Tintin qui prend à revers les bandits.
 
 
 


La planche a perdu une case, ou c'est moi ? En tout cas dur de suivre le fil.

n°12336095
foutre de
Posté le 07-08-2007 à 22:25:06  profilanswer
 

Baptiste R a écrit :

(ais-je l'air con, à googliser verge et sardine)


et "soyeur", tu crois que c'est facile à trouver, "soyeur"...


---------------
« Une force presque nulle est une force presque infinie dès lors qu'elle est rigoureusement étrangère au système qu'elle met en mouvement »
n°12336189
Baptiste R
Posté le 07-08-2007 à 22:30:25  profilanswer
 

foutre de a écrit :


et "soyeur", tu crois que c'est facile à trouver, "soyeur"...


J'avais précisé qu'il était faux. [:p2p]

n°12336191
foutre de
Posté le 07-08-2007 à 22:30:26  profilanswer
 

Baptiste R a écrit :


Aussi oui. Mais je trouve plus inspirante la sneaky attack de Tintin qui prend à revers les bandits.


 
oui, mais ça ne vaut pas l'attaque du baleinier par Gaston et Mademoiselle Jeanne à plusieurs étages différents dans le même rêve. (Là, c'est plus lacanien que freudien, je te l'accorde)
 
 

Baptiste R a écrit :

La planche a perdu une case, ou c'est moi ? En tout cas dur de suivre le fil.


la silhouette noire à longs cheveux, c'est Rork. Andréas a un mode de narration iconique très spécifique. Un virtuose du découpage du temps en cases... (je conseille son album "coutoo" )


---------------
« Une force presque nulle est une force presque infinie dès lors qu'elle est rigoureusement étrangère au système qu'elle met en mouvement »
n°12336250
foutre de
Posté le 07-08-2007 à 22:34:12  profilanswer
 

Baptiste R a écrit :


J'avais précisé qu'il était faux. [:p2p]


merde, je ne sais plus comment on dit "faux" en allemand...  
 
"trügerisch Selber" oder "unecht Seider" ?


---------------
« Une force presque nulle est une force presque infinie dès lors qu'elle est rigoureusement étrangère au système qu'elle met en mouvement »
n°12336301
Mine anti-​personnel
Posté le 07-08-2007 à 22:37:15  profilanswer
 

foutre de a écrit :


merde, je ne sais plus comment on dit "faux" en allemand...  
 
"trügerisch Selber" oder "unecht Seider" ?


falsch

n°12336347
Baptiste R
Posté le 07-08-2007 à 22:39:41  profilanswer
 

Tu connais la blague du mec sans pouces ? Elle est comme ça : [:katogan]
 
 
 
 

Citation :


oui, mais ça ne vaut pas l'attaque du baleinier par Gaston et Mademoiselle Jeanne à plusieurs étages différents dans le même rêve. (Là, c'est plus lacanien que freudien, je te l'accorde)


Je ne me rappelle que très vaguement de ce strip (sur les partages de rêve j'en suis resté à Bill qui se goinfre le gateau de Boule)
 
 

Citation :

la silhouette noire à longs cheveux, c'est Rork. Andréas a un mode de narration iconique très spécifique. Un virtuose du découpage du temps en cases... (je conseille son album "coutoo" )


Jamais lu Andreas. Est-ce qu'elle est de lui cette page où on voit un type tomber dans le noir, avec une mise en page... vertigineuse ?

n°12336356
Baptiste R
Posté le 07-08-2007 à 22:40:28  profilanswer
 
n°12336426
Baptiste R
Posté le 07-08-2007 à 22:47:15  profilanswer
 

MAP on le voit pas beaucoup sur ce topic. Alleeeeez, entre et viens tailler une bavette, au lieu de jouer le dictionnaire ! :-D

mood
Publicité
Posté le 07-08-2007 à 22:47:15  profilanswer
 

n°12336476
foutre de
Posté le 07-08-2007 à 22:50:04  profilanswer
 

Baptiste R a écrit :

Tu connais la blague du mec sans pouces ? Elle est comme ça : [:katogan]


ça me rappelle la blague du commissaire (mais je ne la raconte qu'en PV)
 
 
 

Baptiste R a écrit :


Jamais lu Andreas. Est-ce qu'elle est de lui cette page où on voit un type tomber dans le noir, avec une mise en page... vertigineuse ?


c'est possible. en tout cas il a réussi une page avec plus de 70 cases et dans chacune Rork dans une position différente...  
 
enfin, qu'on me pardonne de cèder ici au quantitatif...


---------------
« Une force presque nulle est une force presque infinie dès lors qu'elle est rigoureusement étrangère au système qu'elle met en mouvement »
n°12336482
Baptiste R
Posté le 07-08-2007 à 22:50:17  profilanswer
 

(Quinze messages et pas un seul d'édité. Je ne m'en serais pas cru capable)

n°12336508
Baptiste R
Posté le 07-08-2007 à 22:51:50  profilanswer
 

Citation :

c'est possible. en tout cas il a réussi une page avec plus de 70 cases et dans chacune Rork dans une position différente...  


Ca fait effectivement beaucoup.
Cela dit je n'ai jamais compté certaines pages de Ping-Pong par Matsumoto, avec sa linéarité diffractée.

n°12336515
foutre de
Posté le 07-08-2007 à 22:52:29  profilanswer
 

foutre de a écrit :


ça me rappelle la blague du commissaire (mais je ne la raconte qu'en PV)


 
flûte!!! je viens d'inventer une blague sans m'en rendre compte !


---------------
« Une force presque nulle est une force presque infinie dès lors qu'elle est rigoureusement étrangère au système qu'elle met en mouvement »
n°12336584
foutre de
Posté le 07-08-2007 à 22:56:31  profilanswer
 

Baptiste R a écrit :


Cela dit je n'ai jamais compté certaines pages de Ping-Pong par Matsumoto, avec sa linéarité diffractée.


savait pas qu'il y avait ça chez delcourt... je devrait traîner un peu plus cet éditeur, il a quand même édité Barbier et Marc Antoine Mathieu...


---------------
« Une force presque nulle est une force presque infinie dès lors qu'elle est rigoureusement étrangère au système qu'elle met en mouvement »
n°12336618
Baptiste R
Posté le 07-08-2007 à 22:59:12  profilanswer
 

foutre de a écrit :


 
flûte!!! je viens d'inventer une blague sans m'en rendre compte !


Joliiiiii ("Amande vide, bleu roi" )

n°12336669
Baptiste R
Posté le 07-08-2007 à 23:02:14  profilanswer
 

foutre de a écrit :


savait pas qu'il y avait ça chez delcourt... je devrait traîner un peu plus cet éditeur, il a quand même édité Barbier et Marc Antoine Mathieu...


Et Watchmen (mais j'ai cru comprendre qu'ils n'allaient plus le rééditer)
Ca fait un bout de temps que Ping-Pong sorti. Ils ont réédité Amer Beton aussi. Dans le genre surréaliste et expérience esthétique, le même Matsumoto a fait un très choupinet Number Five.
(Mais bon je ne lis plus de bédé. Ni de roman, ni de fiction en fait.

n°12336798
foutre de
Posté le 07-08-2007 à 23:11:58  profilanswer
 

oui, la fiction, c'est dur de s'y remettre. j'ai un vide de presque dix ans (d'où passé à côté de ping pong). Mais une pointure comme Bernanos me tenterait encore (haha...). C'est une question de temps et d'urgence. mais je crois que quand on arrive bien profond dans le stade de l'endurance (je parle de philosophie, même si j'en ai pas l'air), le temps se dilate de nouveau, quoique ce ne soit pas de la même façon qu'avant le couteau sous la gorge...


---------------
« Une force presque nulle est une force presque infinie dès lors qu'elle est rigoureusement étrangère au système qu'elle met en mouvement »
n°12337120
Baptiste R
Posté le 07-08-2007 à 23:37:41  profilanswer
 

L'Imposture de Bernanos doit être le dernier roman que j'ai lu (vers Paques, il y a trois siècles). Des putains de dialogue, avec un putain de sens de la confrontation décisive, de la rencontre cruciale, du dialogue critique, alors que les pages narratives sont chiiiiiiantes.
 
Justement, j'ai eu il y a une semaine une fringale de cinéma et j'ai vu plus de films que dans les deux dernières années. Carné et Renoir (d'où Arletty), classique, simple et franc.
Je ne sais pas, c'est bizarre les lassitudes soudaines et le désir qui se réveille d'on ne sait où.

n°12337130
foutre de
Posté le 07-08-2007 à 23:39:02  profilanswer
 

imaginons que je prolonge ce message :

 

j'ai dit à plusieurs reprises que nous ne parlions pas beaucoup de Freud ; je peux avancer ici plus précisément pourquoi. je crois que du point de vue de la pensée, il est un stade d'exigence au seuil duquel il nous est demandé de ne plus être dupe de nos transferts, c'est-à-dire de ne plus croire aux objets de nos désirs comme s'ils étaient évidents.
autant dire que la formule de rahsaan selon laquelle il ne faut pas céder sur son désir, qui pourrait être la formule de l'endurance, justement, de la résistance-persistance du désir, par excellence, ne peut se soutenir qu'au péril du gâtisme et du radotage si l'on ne prend pas garde à trier de la façon la plus cinglante dans les motifs qui  nous animent vers tel ou tel "telos".
j'entends, pour parler freudien, qu'il est nécessaire de procéder à une analyse serrer de nos transferts, y compris ceux qui nous entraînent à la philosophie ; l'analyse affrontant alors ses propres motifs (pourquoi et d'où venue, cette exigence d'éclaircir les objets de nos désirs, etc...?), c'est une fois de plus à un cercle abyssal que nous nous trouvons confrontés, à un sans fond dont nous connaissons déjà parfois la forme (celle de l'ERM, entre autre).
Ce moment de contorsion du désir sur lui-même, où penser exige de nous que nous en sachions quelque chose, de ce qui nous fait lire, écrire, passer des concours, affronter des problématiques plus ou moins intimes ou plus ou moins collectives (voire universelles - ou prétendues telles), est une sorte d'effondrement, qui est peut-être un moment nihiliste d'à quoi bon ?

 

pour alimenter le moulin d'Alcyon36, nous pourrions ajouter, suivant laruelle, que ce cercle est spécifiquement logologique, qu'il fait symptôme dans la philosophie, et que c'est un trait de cette pensée greco-judaïque que de former un cercle hypnotique où la quête d'autofondation nous ramène au point de départ en passant par tous les stades d'apparition de l'un et du multiple.
et en effet, comme l'a si bien insinué Lacan, l'objet du désir manque toujours à sa place et c'est toujours un autre qui semble le satisfaire ou le mouvoir, l'objet indiquant toujours vers un autre objet qui indique toujours vers un autre objet... comme les mots dans un dictionnaire se renvoyant les uns aux autres (c'est de la bête pédagogie ce que je dis, mais voilà ,au moins une raison pour laquelle l'inconscient serait structuré comme un langage : tout objet du désir indiquant (signifiant) toujours vers un autre - et manquant ainsi à jamais et le réel et le jouir absolu)

 

(je me relis et j'essaie d'écrire la suite)


Message édité par foutre de le 07-08-2007 à 23:52:01

---------------
« Une force presque nulle est une force presque infinie dès lors qu'elle est rigoureusement étrangère au système qu'elle met en mouvement »
n°12337146
foutre de
Posté le 07-08-2007 à 23:40:20  profilanswer
 

nb : le cinema nous tient lieu de roman pour ce qui est du fictif et du narratif ; je te l'accorde aussi


---------------
« Une force presque nulle est une force presque infinie dès lors qu'elle est rigoureusement étrangère au système qu'elle met en mouvement »
n°12337466
foutre de
Posté le 08-08-2007 à 00:15:53  profilanswer
 

(donc la suite)
cependant, si nous ne cherchons pas à répondre selon le chemin du cercle, mais que nous acceptons aussi bien l'effondrement libidinal dans lequel la recherche nous plonge, et aussi bien la suspension du cercle logologique d'autofondation objective, c'est-à-dire du cercle de recherche d'une représentation, nous pouvons dire que nous entrons dans un jeu spécifique de "blancheur", ou de néant, qui est un état assez similaire à celui de l'angoisse ou du spleen poussés à bout, poussés au-delà du supportable (état que les lecteurs de Baudelaire, de Cioran, les habitués de la musique gothique, voire du death metal connaissent bien... on me dit que chestov n'est pas mal non plus...). Cet état, qui est un état d'anéantissement des représentations (les anglais disent "sinking" ) devient, alors si on l'accueille, l'épreuve même d'un fonds affectif aberrant et chaotique d'où peut émerger, mais comme blanchi (quel est ce personnage qui revient les cheveux blancs de ce genre d'expérience ?) - je pense que l'expression est assez juste pour être conservée à titre de métaphore -, d'où peut émerger tout mouvement, défait des motifs et des intentions qui lui seraient antécédents (on peut y avancer un certain effondrement des causalités aristotéliciennes).
Cet état pourrait être celui de commencement dont parle une certaine phénoménologie, qui ne cherche pas nécessairement un butoir structuré de façon kantienne pour fonder le savoir (reste de cartésianisme ?), mais qui fouille un vécu constant qu'elle arrache des représentations et qu'elle désigne tantôt comme Un, tantôt comme Chair, tantôt comme Appel, tantôt comme Autre, tantôt comme univers insurrectionnel

 


tout cela très mal dit et avec la faiblesse d'une improvisation ; qu'on me le pardonnne...

Message cité 1 fois
Message édité par foutre de le 08-08-2007 à 00:25:47

---------------
« Une force presque nulle est une force presque infinie dès lors qu'elle est rigoureusement étrangère au système qu'elle met en mouvement »
n°12337506
Baptiste R
Posté le 08-08-2007 à 00:20:03  profilanswer
 

Citation :

(quel est ce personnage qui revient les cheveux blanc de ce genre d'expareience ?)


http://www.bulledair.com/catalogue/catalogue1/papyrus5.jpg
 
Si on l'analyse par une grille heideggerienne, le face-à-face prolongé et silencieux entre le scorpion et un Papyrus sidéré relève plus d'une peur d'un étant que de l'angoisse devant la possibilité même d'un champ ouvert pour moi, mais il me semble qu'en cette occasion, cette distinction ne vaut plus.

Message cité 1 fois
Message édité par Baptiste R le 08-08-2007 à 00:30:35
n°12337525
Baptiste R
Posté le 08-08-2007 à 00:23:07  profilanswer
 

foutre de a écrit :

(donc la suite)
cependant, si nous ne cherchons pas à répondre selon le chemin du cercle, mais que nous acceptons aussi bien l'effondrement libidinal dans lequel la recherche nous plonge, et aussi bien la suspension du cercle logologique d'autofondation objective, c'est-à-dire du cercle de recherche d'une représentation, nous pouvons dire que nous entrons dans un jeu spécifique de "blancheur", ou de néant, qui est un état assez similaire à celui de l'angoisse ou du spleen poussés à bout, poussés au-delà du supportable (état que les lecteurs de Baudelaire, de Cioran, les habitués de la musique gothique, voire du death metal connaissent bien... on me dit que chestov n'est pas mal non plus...). Cet état, qui est un état d'anéantissement des représentations (les anglais disent "sinking" ) devient, alors si on l'accueille, l'épreuve même d'un fonds affectif aberrant et chaotique d'où peut émerger, mais comme blanchi (quel est ce personnage qui revient les cheveux blanc de ce genre d'expérience ?) - je pense que l'expression est assez juste pour être conservée à titre de métaphore -, d'où peut émerger tout mouvement, défait des motifs et des intentions qui lui seraient antécédents (on peut y avancer un certain effondrement des causalités aristotéliciennes).
Cet état pourrait être celui de commencement dont parle une certaine phénoménologie, qui ne cherche pas nécessairement un butoir structuré de façon kantienne pour fonder le savoir (reste de cartésianisme ?), mais qui fouille un vécu constant qu'elle arrache des représentations et qu'elle désigne tantôt comme Un, tantôt comme Chair, tantôt comme Appel, tantôt comme Autre, tantôt comme univers insurrectionnel
 
 
tout cela très mal dit et avec la faiblesse d'une improvisation ; qu'on me le pardonnne...


Tout ceci me parle nettement plus.
Perso je le formule en disant que mon être au monde me pète les couilles.
 
 
(Quoique par ailleurs Baudelaire et Cioran m'ait toujours beaucoup fait rigoler. Paradoxe aussi vieux que la philosophie de l'art.)

n°12337542
foutre de
Posté le 08-08-2007 à 00:24:27  profilanswer
 

J'ai essayé, auparavant, il y a plusieurs semaines, de pointer vers l'idée que la philosophie nous offrait de réécrire notre éducation (notre culture donc) de façon permanente. Il y a, dans cet état d'outrepassement de nos motifs libidonaux, dans leur extinctions par exacerbation circulaire, je crois, la possibilité même de ce renouvèlement de l'économie intime des désirs.
Comment renouveler le vouloir et ses structures ...?


---------------
« Une force presque nulle est une force presque infinie dès lors qu'elle est rigoureusement étrangère au système qu'elle met en mouvement »
n°12337596
foutre de
Posté le 08-08-2007 à 00:30:13  profilanswer
 

Baptiste R a écrit :


Tout ceci me parle nettement plus.
Perso je le formule en disant que mon être au monde me pète les couilles.


et bien si tu te coinces toi-même les couilles de l'être au monde dans un étau, tu arrives à cette expérience que décrit Artaud dans "Héliogabale" lorsqu'il évoque les prêtres Galles qui se châtraient eux-mêmes dans les rituels contemporains du règne de gabalus. Les scènes qui sont décrites, et qui rappellent aussi bien Falubert de "Salambô" que "l'Histoire de l'oeil" de Bataille, sont d'une intensité vertigineuse...

 


edit : je laisse "falubert", c'est trop beau


Message édité par foutre de le 08-08-2007 à 00:31:15

---------------
« Une force presque nulle est une force presque infinie dès lors qu'elle est rigoureusement étrangère au système qu'elle met en mouvement »
n°12337657
Baptiste R
Posté le 08-08-2007 à 00:37:32  profilanswer
 

Dans mon cas je crois plutôt que je m'écorcherais vif ou que je m'épilerais le système nerveux.

n°12337682
foutre de
Posté le 08-08-2007 à 00:41:17  profilanswer
 

Baptiste R a écrit :


Si on l'analyse par une grille heideggerienne, le face-à-face prolongé et silencieux entre le scorpion et un Papyrus sidéré relève plus d'une peur d'un étant que de l'angoisse devant la possibilité même d'un champ ouvert pour moi, mais il me semble qu'en cette occasion, cette distinction ne vaut plus.


oui, j'approuve, dans la mesure où la fascination qu'exerce l'imminence de la mort, ce seuil - qui est aussi bien le seuil de la pensée si l'on en croit Blanchot -, pourrait bien ne pas se distinguer de l'imminence folle de la possibilité de tout


Message édité par foutre de le 08-08-2007 à 00:56:14

---------------
« Une force presque nulle est une force presque infinie dès lors qu'elle est rigoureusement étrangère au système qu'elle met en mouvement »
n°12337852
Baptiste R
Posté le 08-08-2007 à 01:11:15  profilanswer
 

foutre de a écrit :

J'ai essayé, auparavant, il y a plusieurs semaines, de pointer vers l'idée que la philosophie nous offrait de réécrire notre éducation (notre culture donc) de façon permanente. Il y a, dans cet état d'outrepassement de nos motifs libidonaux, dans leur extinctions par exacerbation circulaire, je crois, la possibilité même de ce renouvèlement de l'économie intime des désirs.
Comment renouveler le vouloir et ses structures ...?


Heureusement que t'es là, car je n'ai pas cet axe à mon arc. Quand on parle de culture, je reste, sinon sur le quai, au moins passager.
Et donc, je t'écoute mais je ne donnerai pas de la voix.

n°12338224
foutre de
Posté le 08-08-2007 à 01:54:53  profilanswer
 

ça semble compliqué parce qu'on se pose depuis un point universaliste qui applatit tout.
Appartenir à un champ culturel (avoir une langue qui découpe le réel, une structure affective de valeurs scolairement, familialement et religieusement transmises (via tv, et autres média biensûr), et un passé qui les fondent, ainsi que les modèles scientifiques qui articulent ces valeurs (agir, maîtriser, contrôler, performer... brefs les moyens de nos fins), etc...) ce n'est rien d'autre qu'avoir un moi, une psyché. Toute rupture psychologique est une rupture culturelle (politique aurait dit deleuze) : on voit que l'internement n'est rien d'autre que la conclusion d'une incapacité de la communauté sémantique d'accueillir une psyché qui ne parvient pas à circuler dans le symbolique.
le moi n'est rien d'autre que la trace écrite d'une culture locale dans une chair vivante, une trace, une conscience intentionnelle (nécessairement textuelle dit jackie)... j'ai déjà parlé de la colonie pénitentiaire de kafka avec ache (mais il est vrai que le topic a des problèmes de mémoire)

 

c'est pourquoi renouveler son éducation, rester en disponibilité (de nouvelles coupures pour de nouveaux flux, etc.) relève d'une capacité à suspendre sa propre culture, soit à suspendre son affectation à un moi constitué. autant dire toucher à la sémantique profonde du phénomène.
pas seulement reconfigurer les représentations pour passer à une autre (d'un discours à l'autre etc.), mais être en capacité de transiter de zones affectives à d'autres.
d'où l'idée de Tact, dont tu vois d'où elle peut me venir. on pourrait attendre de la pensée d'un penseur qu'elle ait suffisamment d'ampleur affective pour s'adresser un peu au marginal de la sémantique, fût-ce en ne parlant plus sur le mode universitaire.
on sent peut-être cela quand on s'adresse à un enfant en bas âge (trois cinq ans), dont la psyché n'est pas encore instituée (d'ailleurs, à cet âge là, les enfants font rarement référence à la loi et à la justice pour articuler leur vie en société avec les autres enfants du même âge). le tact précède de loin la parole et la modélisation conceptuelle : ce sont les gestes, les rythmes, les mélodies qui priment. ici on circule sous la civilisation, à petits pas tatonnant...


Message édité par foutre de le 08-08-2007 à 02:06:12

---------------
« Une force presque nulle est une force presque infinie dès lors qu'elle est rigoureusement étrangère au système qu'elle met en mouvement »
n°12339573
Baptiste R
Posté le 08-08-2007 à 09:50:50  profilanswer
 

Citation :

j'ai déjà parlé de la colonie pénitentiaire de kafka avec ache (mais il est vrai que le topic a des problèmes de mémoire)


Je relisais hier soir cet échange. Je me dis qu'il y a un moment de retour du balancier où l'oubli acquière une valeur positive en n'étant plus un perpétuel présent mais l'épaisseur synthétisée d'une trajectoire commune, où la mémoire n'est plus un archivisme éléphantesque (instinct maladif et politesse ambiguë à l'égard de l'interlocuteur : je n'en ai pas usé que charitablement) mais naturel d'un vivre-ensemble* (avec engueulades de couple possibles, mais selavy)
(sans parler des francs-tireurs ténébreux)
 
 
*Argh, si on m'avait dit qu'un jour j'employerais ce mot.


Message édité par Baptiste R le 08-08-2007 à 11:18:45
n°12339612
foutre de
Posté le 08-08-2007 à 09:55:25  profilanswer
 

oui, d'autant que si la fatigue ne fermait pas les rigueurs de formulation aux possibilités qu'elle ouvre comme état second, on inscrirait plus brillamment ce qu'on se sent gêné de répéter.

 


(quant au tenebroso, il me sussurre constamment des trucs à l'oreille gauche, mais je n'écoute pas tout quand même...)


Message édité par foutre de le 08-08-2007 à 09:56:07

---------------
« Une force presque nulle est une force presque infinie dès lors qu'elle est rigoureusement étrangère au système qu'elle met en mouvement »
n°12342074
foutre de
Posté le 08-08-2007 à 13:58:54  profilanswer
 

le personnage qui revient les cheveux blanchis auquel je pensais, c'est Tetsuo, dans Akira :

 

avant :
http://www.ponpokopon.net/akira2.JPG

 


après :
http://tubulamarok.free.fr/plouf/tetsuo.jpg

 


il va de soi que ce blanchiment est un classique, je crois pourvoir retrouver d'autres références sans trop de difficulté.
ici, c'est dans le tome 9, "Visions", que le changement arrive après que tetsuo a pénétré la réalité psychique d'Akira, devant qui il plie désormais le genou..


Message édité par foutre de le 08-08-2007 à 14:10:35

---------------
« Une force presque nulle est une force presque infinie dès lors qu'elle est rigoureusement étrangère au système qu'elle met en mouvement »
n°12353559
daniel_lev​rai
Semper eadem sed aliter
Posté le 09-08-2007 à 15:07:12  profilanswer
 

Charlton Heston revenant du mont Sinaï dans les Dix Commandements? :d


---------------
A pédant, pédant et demi. Qu'il s'avise de parler latin, j'y suis grec ; je l'extermine.
n°12356479
foutre de
Posté le 09-08-2007 à 19:08:13  profilanswer
 

Rork aussi je crois n'a pas les cheveux blancs d'origine
http://www.internationalhero.co.uk/r/rork2.jpg
 
 
et un petit lien à visiter

Message cité 1 fois
Message édité par foutre de le 09-08-2007 à 19:13:05

---------------
« Une force presque nulle est une force presque infinie dès lors qu'elle est rigoureusement étrangère au système qu'elle met en mouvement »
n°12356973
rahsaan
Posté le 09-08-2007 à 20:03:06  profilanswer
 

Je sais bien que c'est le mois d'août, ambiance estivale, tout ça... mais je ne suis pas bien sûr de voir le rapport entre ces BD et les livres de philo, sujet d'origine de ce topic. :o
Ou alors voyons ce qui est intéressant dans Tintin ou Akira (oeuvres que j'aime beaucoup, du reste). :o

Message cité 1 fois
Message édité par rahsaan le 09-08-2007 à 20:04:15

---------------
Mon roman d'anticipation, L'I.A. qui m'aimait : https://tinyurl.com/mtz2p872 | Blog ciné/JV : http://cinecourt.over-blog.com
n°12357047
rahsaan
Posté le 09-08-2007 à 20:10:11  profilanswer
 

>Foutre de : la formule "Ne pas céder sur son désir" est la conclusion du livre de Zizek, Le sujet qui fâche, après une 3e partie qui discute largement de Lacan. Il semble donc que cette formule puisse lui être attribuée. C'est à cela que nous encourage Lacan. Ne pas céder sur son désir, cela veut donc dire que l'on a pas le droit de jouer le désir contre la liberté, parce que le désir, mais au sens de Lacan, est libre. Il ne faut pas se laisser culpabiliser, il ne faut pas laisser autrui me priver de mon désir, car le désir est fondamentalement action, donc liberté. Cette liberté, c'est celle qui provient d'un abîme logé au coeur même de la subjectivité, et qui rompt avec tout déterminisme. Zizek dit que la liberté est par essence subversive et révolutionnaire.  
Il prend l'exemple de cette prof américaine qui a couché avec un de ses étudiants, affaire qui a fait scandale. On a voulu culpabiliser la prof, la faire passer pour une malade mentale, donc la priver de sa responsabilité. Mais Zizek s'insurge, et dit que non, la prof en question a agi en pleine conscience, et que cet acte d'amour est par essence transgressif et libre. Elle est donc un exemple de quelqu'un qui refuse de céder sur son désir, même au prix de la trahison déontologique, et elle a refusé devant les tribunaux qu'on invoque, pour sa soi-disant défense, des motifs sociaux, personnels ou familiaux.  
L'abîme de la subjectivité est un absolu, et c'est la liberté qui y est logée. En ce sens, elle nous invite à croire en l'innocence de l'universel (Deleuze). :)

Message cité 1 fois
Message édité par rahsaan le 09-08-2007 à 20:11:14

---------------
Mon roman d'anticipation, L'I.A. qui m'aimait : https://tinyurl.com/mtz2p872 | Blog ciné/JV : http://cinecourt.over-blog.com
n°12358105
foutre de
Posté le 09-08-2007 à 21:56:47  profilanswer
 

rahsaan a écrit :

Je sais bien que c'est le mois d'août, ambiance estivale, tout ça... mais je ne suis pas bien sûr de voir le rapport entre ces BD et les livres de philo, sujet d'origine de ce topic. :o
Ou alors voyons ce qui est intéressant dans Tintin ou Akira (oeuvres que j'aime beaucoup, du reste). :o

 


on peut aisément considérer (je sais que ce n'est pas le cas de tous le monde) que le conte filosophique a sa place ici : le baron perché, micromégas, le loup des steppes... j'ajoute aisément akira dans cette catégorie épique de fresque humaine, ontologique et éthique. je crois que bradbury et asimov pourraient aussi être cités.

 

je pense qu'illustrer mes propos n'est pas déplacé quand j'évoque un symbole récurrent (le cheveux blanc, suite à un propos sur le blanchiment). ça n'a donc rien a voir avec l'été, et il y a bien un lien avec des propos philosophiques... mais peut-être que "livres de philo" exclut "livres philosophiques", subtile nuance que je veux bien on définisse dès la première page du topic.

 

En tout cas, j'aimerais qu'on ne me fasse pas reproche d'user un peu du médium image quand je fais partie de ceux qui ont fait l'économie d'arborer un avatar sous leur pseudo.

 

par ailleurs, on peut, comme tu le dis, disserter, sur les contenus de ces oeuvres, mais nous avions choisi d'évoquer l'actualité juridique du colonialisme éducatif d'antan d'une part, et notre rapport à la lecture de fiction dans la proportion qu'elle tient dans nos vies de lecteurs de philosophies d'autres part ; propos qui n'étaient peut-être pas non plus à leur place selon ton goût sur ce topic (devenir des idéologies disséminées dans les productions destinées à l'enfance, devenir des divergences de consommations culturelles dans une vie d'homme voué plus ou moins à la pensée, etc.)

 

probablement que les films bombay sont de trop aussi. ce topic a vraiment besoin de toi pour redresser la barre : suffit que tu t'éloignes deux semaines pour que tout aille à vau-l'eau. Reviens-nous Rahsaan, nous perdons la droite ligne quand nous ne sommes plus sous ta férule

 

et puis tu as une façon si personnelle de nous donner des illustrations somptueuses de la liberté juste après nous avoir castrés... ça me manquait. merci pour cette bonne dose


Message édité par foutre de le 15-08-2007 à 13:33:38

---------------
« Une force presque nulle est une force presque infinie dès lors qu'elle est rigoureusement étrangère au système qu'elle met en mouvement »
n°12359739
neojousous
Posté le 10-08-2007 à 00:25:35  profilanswer
 

rahsaan a écrit :

>Foutre de : la formule "Ne pas céder sur son désir" est la conclusion du livre de Zizek, Le sujet qui fâche, après une 3e partie qui discute largement de Lacan. Il semble donc que cette formule puisse lui être attribuée. C'est à cela que nous encourage Lacan. Ne pas céder sur son désir, cela veut donc dire que l'on a pas le droit de jouer le désir contre la liberté, parce que le désir, mais au sens de Lacan, est libre. Il ne faut pas se laisser culpabiliser, il ne faut pas laisser autrui me priver de mon désir, car le désir est fondamentalement action, donc liberté. Cette liberté, c'est celle qui provient d'un abîme logé au coeur même de la subjectivité, et qui rompt avec tout déterminisme. Zizek dit que la liberté est par essence subversive et révolutionnaire.  
Il prend l'exemple de cette prof américaine qui a couché avec un de ses étudiants, affaire qui a fait scandale. On a voulu culpabiliser la prof, la faire passer pour une malade mentale, donc la priver de sa responsabilité. Mais Zizek s'insurge, et dit que non, la prof en question a agi en pleine conscience, et que cet acte d'amour est par essence transgressif et libre. Elle est donc un exemple de quelqu'un qui refuse de céder sur son désir, même au prix de la trahison déontologique, et elle a refusé devant les tribunaux qu'on invoque, pour sa soi-disant défense, des motifs sociaux, personnels ou familiaux.  
L'abîme de la subjectivité est un absolu, et c'est la liberté qui y est logée. En ce sens, elle nous invite à croire en l'innocence de l'universel (Deleuze). :)


 
Je comprend pas ce que c'est l'abîme au coeur de la subjectivité... quelqu'un peut m'expliquer ?

Message cité 1 fois
Message édité par neojousous le 10-08-2007 à 00:26:29
n°12359784
rahsaan
Posté le 10-08-2007 à 00:42:09  profilanswer
 

>Foutre de : Oui, d'accord, j'ai objectivement la position du vilain prof qui remet de l'ordre dans la classe en chahut. Quand je vois que vous parlez en vrac de Gaston Lagaffe, de l'hydravion chez Tintin, de Papyrus, bon, je me dis juste que le topic dévie et qu'il faut aller parler de ça sur le topic BD. J'aime beaucoup toutes ces oeuvres, encore une fois. Je dis juste cela dans le but de préserver une ligne sur ce topic (une ligne claire, justement).
 
Ce topic est celui des livres de philo. Alors, oui, bien sûr, on peut parler, par extension, d'oeuvres d'intérêt philosophique.  
Mais dans ce cas, en poussant un peu, quelle production culturelle écrite sera dénuée d'intérêt philosophique -étant entendu qu'en philo, on s'intéresse en droit à tout ?...  
 
Les aventures de Papyrus ? Non, il nous fera réfléchir sur les interprêtations récentes d'un imaginaire collectif : l'Egypte et ses mystères.
Le catalogue de la Redoute ? Non, il nous renseigne sur les modes de consommations, la distribution de masse, le caractère de disponibilité presque immédiate des marchandises et la jouissance de l'image-icône publicitaire.
Bref... :/
 
Je crois qu'essayer de comprendre un peu mieux Freud (comme tu nous y invitais) est, par exemple, une tâche déjà bien suffisante.  
Maintenant, si quelqu'un veut développer un petit texte sur Tintin, pourquoi pas, mais pas sur le mode d'une conversation décousue, curieuse, du genre : "tiens, t'as lu ça ?... Ah non, tiens, et tu savais que ?... ah oui, super, et toi, t'avais remarqué que ?..."
 
Essayons seulement d'être un peu logiques et studieux.

Message cité 2 fois
Message édité par rahsaan le 10-08-2007 à 02:07:59

---------------
Mon roman d'anticipation, L'I.A. qui m'aimait : https://tinyurl.com/mtz2p872 | Blog ciné/JV : http://cinecourt.over-blog.com
n°12359868
rahsaan
Posté le 10-08-2007 à 01:08:00  profilanswer
 

neojousous a écrit :


 
Je comprend pas ce que c'est l'abîme au coeur de la subjectivité... quelqu'un peut m'expliquer ?


 
Par cette expression, Zizek désigne simplement le pouvoir de la subjectivité humaine d'entreprendre une action parfaitement libre, inattendue, nouvelle, qui rompe avec l'ordre routinier du monde, de nos habitudes.  
Z. entend revaloriser, dans le livre cité, Le sujet qui fâche, ce pouvoir absolu, subversif, perturbant, transgressif, de la subjectivité. Kant a bien montré ce pouvoir du sujet pratique à commencer une chaîne de causalité, qui ne soit pas elle-même causée. L'action morale est pur commencement, et surpasse donc le règne de la nature.
C'est cela que Z. entend par abîme : de la subjectivité peuvent sortir des actes inouïes, incroyables, nouveaux, qui ne sont en rien prévisibles ou imaginables d'avance.  
Je comprends ce que Foutre de veut dire, quand il dit que ne pas céder sur son désir pourrait nous rendre gâteux, comme un petit vieux entêté qui fait la sourde oreille et n'écoute que ses caprices. Mais le caprice, comme dit Bergson, se règle sur du déjà-fait. C'est une caricature de désir. Le caprice n'apporte rien de nouveau, il ne fait que tourner en rond. Le désir, lui, est création, nouveauté.
 
L'action authentique transforme l'ordre de ce que l'on croyait possible. C'est l'acte politique par excellence. Ainsi, quand Nixon rencontre Mao Tse-Toung, il transforme ce qu'on croyait possible pendant la guerre froide : tout d'un coup, il devient possible que les deux blocs se parlent directement.  
Et accepter d'être libre, c'est ne pas céder sur son désir. Etant entendu que le désir n'est pas l'envie, le caprice ou le besoin. Le désir a une valeur universelle. En cela, il est innocent, au contraire de ce que voudraient les instances de pouvoir, qui s'imposent en affligeant et en attristant, et qui dénoncent donc le caractère particulier, capricieux du désir, ou qui lui donnent une dimension uniquement pathologique.  
Ainsi dans le cas de cette prof américaine, la Justice lui cherchant des antécédents psychiatriques et les media des antécédents familiaux (ou bien le contraire), de façon à masquer la liberté transgressive de cet acte d'amour fou.  
C'est précisément cette puissance libératrice de la subjectivité que les courants de pensée post-moderne tendent à occulter. Contre eux, il faut affirmer le caractère libre, c'est à dire moderne, du Sujet.
 
Zizek a cette remarque qui conclut son livre et qui me paraît fondamental : des penseurs conservateurs pourront affirmer que lorsque le désir est trop libre, les gens sont perdus, n'ont plus de repères, et sont prêts à trouver dans des régimes politiques dures un minimum d'ordre, face au pouvoir chaotique du désir.  
Le retour à l'ordre permettrait ainsi de combattre l'anarchie rampante propagée par le désir.  
Mais non, dit Zizek : le retour à l'ordre, la soumission à un pouvoir "fasciste" constituent en tant que tel une organisation du désir, plus exactement une façon de céder sur son désir. C'est à dire qu'un fasciste ne promet pas seulement le retour à l'ordre à celui qui se sent perdu : il lui promet surtout qu'en échange de sa soumission, il pourra satisfaire ses pulsions inavouables, violentes, malsaines. "Viens avec moi, on va aller tabasser ces sales étrangers... Tu imposeras ta loi, tu auras une arme, tu pourras enfin te venger..." Il ne lui promet pas tant de l'ordre que du désir.
Le pouvoir est construit sur du désir, par du désir. Celui qui cède au pouvoir pour assouvir ses désirs est assuré d'être dépossédé de son désir.
Au contraire, cette prof américaine qui maintient qu'elle a couché avec son élève en pleine conscience, contre ceux qui veulent lui trouver des motifs propres à lui retirer son libre-arbitre, refuse de laisser étouffer sa liberté. Elle nous dit que même dans un monde de froide rationalité, un monde dépassionnée, gris et consensuel, bref un monde post-moderne, il peut encore se produire des évènements authentiques. ;)


Message édité par rahsaan le 10-08-2007 à 02:12:42

---------------
Mon roman d'anticipation, L'I.A. qui m'aimait : https://tinyurl.com/mtz2p872 | Blog ciné/JV : http://cinecourt.over-blog.com
mood
Publicité
Posté le   profilanswer
 

 Page :   1  2  3  4  5  ..  149  150  151  ..  340  341  342  343  344  345

Aller à :
Ajouter une réponse
 

Sujets relatifs
La Philo du Jour : le Désespoir ?????Où es-tu ? Dans ton e-cul ! Premier FAI Grolandais !
Recherche un titre, une chanson, une musique - Lire le premier post!Paiment via Visa Premier en £ -> Charges ?
Les bons s'en vont en premier et en plus ils ne se reproduisent pasLivres sur alapage
la chine lance son premier homme dans l'espacePhilo : Que vaut une preuve contre un préjugé ?? quelques idées ???
[Philo] Corrigés du bac 
Plus de sujets relatifs à : Philo @ HFR


Copyright © 1997-2025 Groupe LDLC (Signaler un contenu illicite / Données personnelles)