Forum |  HardWare.fr | News | Articles | PC | S'identifier | S'inscrire | Shop Recherche
3422 connectés 

 


Quels sont pour vous les trois livres de philo à lire pour un honnête homme ?


 
15.4 %
 273 votes
1.  "La république" de Platon
 
 
6.7 %
 119 votes
2.  "La métaphysique" d'Aristote
 
 
15.7 %
 279 votes
3.  "l'Ethique" de Spinoza
 
 
1.5 %
    27 votes
4.  "Essai de théodicée" de Leibniz
 
 
15.0 %
 266 votes
5.  "Critique de la raison pure" de Kant
 
 
17.8 %
 315 votes
6.  "Par delà le bien et le mal" de Nietzsche
 
 
5.9 %
 105 votes
7.  "L'évolution créatrice" de Bergson
 
 
6.4 %
 113 votes
8.  "Etre et temps" d'Heidegger
 
 
7.5 %
 133 votes
9.  "Qu'est-ce que la philosophie" de Gilles Deleuze
 
 
8.1 %
 144 votes
10.  "Moi, ma vie, mon oeuvre" de obiwan-kenobi
 

Total : 2656 votes (882 votes blancs)
Sondage à 3 choix possibles.
Ce sondage est clos, vous ne pouvez plus voter
 Mot :   Pseudo :  
  Aller à la page :
 
 Page :   1  2  3  4  5  ..  135  136  137  ..  340  341  342  343  344  345
Auteur Sujet :

Philo @ HFR

n°11830446
jean eymar​d
Posté le 15-06-2007 à 15:50:11  profilanswer
 

Reprise du message précédent :
Allez, juste pour alimenter la polémique (?) :
 
Je dirais que la bonne littérature montre alors que la philosophie ne peut qu'essayer de raconter-interpreter-décrire.
La littérature pond un oeuf, la philosophie se demande ce que c'est que cet oeuf.
 
 

mood
Publicité
Posté le 15-06-2007 à 15:50:11  profilanswer
 

n°11830858
wips
Posté le 15-06-2007 à 16:35:57  profilanswer
 

jean eymard a écrit :

Allez, juste pour alimenter la polémique (?) :
 
Je dirais que la bonne littérature montre alors que la philosophie ne peut qu'essayer de raconter-interpreter-décrire.
La littérature pond un oeuf, la philosophie se demande ce que c'est que cet oeuf.


Je ne sais pas. Je vois 2 façons de considérer les choses : la théorie qui serait la philo avec la pratique qui serait la littérature. Celle-ci ne serait alors qu’illustration. Je trouve ça un peu débile.
La deuxième façon, forcément, c’est l’inverse. Soit la littérature qui donne des pistes à la philo. Et je trouve ça débile aussi.
En plus, c'est dans les deux cas rechercher une origine à.
Reste une troisième voie qui consiste à dire que les deux sont mêlées. Et qu’un ouvrage est classé dans la littérature ou la philosophie selon ce qui semble s’en dégager majoritairement. Mais alors ensuite, je me demande également si ce ne serait pas lié à une question de style, de procédés... Tout connement, lorsque je prend un bouquin de philo je ne m’attends pas à lire une histoire. Oui, je sais, il y a des contre exemples. :o  
Ma question est donc la suivante : qu'est ce qui se dégage majoritairement d'un bouquin de philo et d'un bouquin de littérature ?

n°11831192
daniel_lev​rai
Semper eadem sed aliter
Posté le 15-06-2007 à 17:05:42  profilanswer
 

Je ne suis pas convaincu, ou alors on prend le terme littérature dans un sens très large.

n°11832539
jean eymar​d
Posté le 15-06-2007 à 19:41:03  profilanswer
 

wips a écrit :

Je ne sais pas. Je vois 2 façons de considérer les choses : la théorie qui serait la philo avec la pratique qui serait la littérature. Celle-ci ne serait alors qu’illustration. Je trouve ça un peu débile.
La deuxième façon, forcément, c’est l’inverse. Soit la littérature qui donne des pistes à la philo. Et je trouve ça débile aussi.
En plus, c'est dans les deux cas rechercher une origine à.
Reste une troisième voie qui consiste à dire que les deux sont mêlées. Et qu’un ouvrage est classé dans la littérature ou la philosophie selon ce qui semble s’en dégager majoritairement. Mais alors ensuite, je me demande également si ce ne serait pas lié à une question de style, de procédés... Tout connement, lorsque je prend un bouquin de philo je ne m’attends pas à lire une histoire. Oui, je sais, il y a des contre exemples. :o  
Ma question est donc la suivante : qu'est ce qui se dégage majoritairement d'un bouquin de philo et d'un bouquin de littérature ?


 
Oui mais on s'attend a des réponses sur la vie, la condition humaine, toutes ces choses existentielles... et éventuellement a des solutions.
La philosophie réfléchit sur les choses, la littérature nous exposent les choses et nous les rend parfois évidentes.
 
On peut aussi voir les philosophes comme des spots braqués sur l'obscurité et suivant différents points de vue alors que la littérature opère en plein jour.
 
La littérature fait davantage appel a l'intuition que la philosophie si on veut.
 
C'est pas trés bien exprimé, je sais, et c'est peut etre idiot mais le but c'est que tout le monde dise ce qu'il a a dire.  

n°11832838
rahsaan
Posté le 15-06-2007 à 20:43:22  profilanswer
 

J'ai l'impression que la philosophie, le plus souvent, cherche à poser des problèmes mais aussi à les résoudre (d'où le risque du discours dogmatique), alors que la littérature nous interroge, pose des questions, mais ne fournit pas de réponses définitives. Je conçois des réponses en philosophie qui ne soient pas dogmatiques, alors que cela me semble presque impossible en littérature.  
Ou bien alors, les réponses doivent être elles-mêmes problématiques, et soulever des difficultés plus lourdes qu'elles n'en résolvent.
 
Par ailleurs, la littérature, par rapport à la philosophie, m'a souvent agacé par un manque de sérieux vis à vis de la pensée conceptuelle, une légèreté crispante devant le sérieux de la raison, qui rappelle un peu l'attitude de ceux qui font sans cesse les pitres par peur de parler sérieusement.  
A l'inverse, les philosophes ne peuvent guère parler des écrivains que pour les forcer à entrer dans leur système et à illustrer leur pensée.  
J'ai donc le sentiment (mais le sentiment seulement) que les philosophes ont plus l'esprit de géométrique et les écrivains l'esprit de finesse.  
Sachant que l'esprit de géométrie peut être abstrait, brutal, dans son approche du réel, avec ses grosses notions et ses grandes oppositions, insensible donc aux nuances, aux dégradés, aux perceptions discrêtes, et l'esprit de finesse virer aux subtilités insignifiantes et aux finasseries subjectives, incapable de tenir fermement un concept et d'embrasser raisonnablement le réel.

Message cité 1 fois
Message édité par rahsaan le 15-06-2007 à 20:59:15

---------------
Mon roman d'anticipation, L'I.A. qui m'aimait : https://tinyurl.com/mtz2p872 | Blog ciné/JV : http://cinecourt.over-blog.com
n°11833890
wips
Posté le 15-06-2007 à 22:19:26  profilanswer
 

jean eymard a écrit :

La littérature fait davantage appel a l'intuition que la philosophie si on veut.


La littérature ferait en quelque sorte reposer son message, si tant est qu'il y en ait un, beaucoup plus sur l'implicite, les non-dits, alors que la philosophie l'énoncerait de manière plus formelle ?
 
 

rahsaan a écrit :

J'ai donc le sentiment (mais le sentiment seulement) que les philosophes ont plus l'esprit de géométrique et les écrivains l'esprit de finesse.


C’est peut-être que les philosophes ont l’obligation/ressentent la nécessité de justifier ce qu’ils avancent, pas les écrivains. Les premiers sont sûrement plus proches d’une démarche scientifique.
Je peux me tromper mais il me semble que d'un côté il y a l' histoire (les concepts) et de l'autre une histoire qui pour devenir "universalisable" doit s'en remettre au bon vouloir du lecteur. Dans le fond, la littérature avancerait davantage masquée.
Bon, je suppose que ce que j'énonce est assez caricatural et en plus je suis dans l'incapacité de situer raisonnablement Zarathoustra dans ce schéma, il y a trop de masques :D

n°11836612
jean eymar​d
Posté le 16-06-2007 à 08:15:07  profilanswer
 

wips a écrit :

La littérature ferait en quelque sorte reposer son message, si tant est qu'il y en ait un, beaucoup plus sur l'implicite, les non-dits, alors que la philosophie l'énoncerait de manière plus formelle ?
 
 
 
C’est peut-être que les philosophes ont l’obligation/ressentent la nécessité de justifier ce qu’ils avancent, pas les écrivains. Les premiers sont sûrement plus proches d’une démarche scientifique.
Je peux me tromper mais il me semble que d'un côté il y a l' histoire (les concepts) et de l'autre une histoire qui pour devenir "universalisable" doit s'en remettre au bon vouloir du lecteur. Dans le fond, la littérature avancerait davantage masquée.
Bon, je suppose que ce que j'énonce est assez caricatural et en plus je suis dans l'incapacité de situer raisonnablement Zarathoustra dans ce schéma, il y a trop de masques :D


 
Un jeune enfant demande: " c'est quoi un cheval?"
La littérature lui montre un cheval et lui dit "c'est ça un cheval"
La philosophie va essayer de lui décrire un cheval.
 
(c'est plus clair comme cela?  :D )

n°11836709
wips
Posté le 16-06-2007 à 09:37:54  profilanswer
 

jean eymard a écrit :

Un jeune enfant demande: " c'est quoi un cheval?"
La littérature lui montre un cheval et lui dit "c'est ça un cheval"
La philosophie va essayer de lui décrire un cheval.
 
(c'est plus clair comme cela?  :D )


(Absolument pas, recommence !  :p   )
La littérature va lui raconter une histoire avec des chevaux et l'enfant se dira "ah, alors c'est ça un cheval ! Le cheval serait donc ainsi.". Note que si ça se trouve il prend une licorne pour un cheval. :o  
La philosophie va lui détailler l'habitat du cheval, sa nourriture, ses habitudes, ses hénnissements, etc, tout en lui montrant que tout ceci n'est pas forcément spécifique au cheval. Au bout du compte, il est possible que l'enfant ne sache plus, "véritablement", ce qu'est un cheval quand bien même on le lui montrerait en photo. :o

Message cité 1 fois
Message édité par wips le 16-06-2007 à 09:52:09
n°11836847
foutre de
Posté le 16-06-2007 à 10:30:30  profilanswer
 

pascal75 a écrit :

J'ai le sentiment que la crise de la fiction (faudrait que je m'explique là-dessus parce que sinon foutre de va dire à juste titre que j'écris à l'emporte-pièce) fait que la littérature moderne rejoint d'une certaine manière la philosophie.
(Je vais faire les courses, je verrai en revenant si j'ai de quoi me justifier clairement).


oui, axactement. la littérature bascule au XIXéme, avec le romantisme et l'après révolution parce que la sémantique vacille (death of God) et donc la littérature se fait fouille ontologique (le poète comme mage, comme voyant, comme avant garde). C'est pourquoi je disais que les artistes en deux siècles sont devenus les nouveaux prêtres, parce qu'il se sont mêlés d'ontologie de manière autonome (Dante à côté est inféodé à une vision du monde théologique prédéfinie).
D'ailleurs depuis ce jalon historique la littérature a souvent une longueur d'avance sur la philo (l'ère du Soupçon de sarraute, c'est bien avant la déconstruction). A part chez Nietsche qui est un littérateur et qui donne un poème, la philosophie depuis le romantisme semble n'avancer pour une grande par qu'en systématisant des intuitions littéraires (heidegger-Holderlin Celan ; Derrida-Mallarmé Nouveau Roman). ça n'est valable que pour l'ontolgie évidemment. La logique et l'épistémologie ont plus de mal

Message cité 1 fois
Message édité par foutre de le 17-06-2007 à 22:27:25

---------------
« Une force presque nulle est une force presque infinie dès lors qu'elle est rigoureusement étrangère au système qu'elle met en mouvement »
n°11838029
jean eymar​d
Posté le 16-06-2007 à 14:26:52  profilanswer
 

wips a écrit :

(Absolument pas, recommence !  :p   )
La littérature va lui raconter une histoire avec des chevaux et l'enfant se dira "ah, alors c'est ça un cheval ! Le cheval serait donc ainsi.". Note que si ça se trouve il prend une licorne pour un cheval. :o  
La philosophie va lui détailler l'habitat du cheval, sa nourriture, ses habitudes, ses hénnissements, etc, tout en lui montrant que tout ceci n'est pas forcément spécifique au cheval. Au bout du compte, il est possible que l'enfant ne sache plus, "véritablement", ce qu'est un cheval quand bien même on le lui montrerait en photo. :o


Oui d'accord, tout en admettant que la philosophie ne lui montrera pas un cheval, meme en photo.  
Et pour savoir ce qu'est un cheval, rien de tel que de faire sa connaissance.
 
En fait, la difference qu'il y a entre la philosophie et la littérature c'est peut etre la meme que celle qui existe entre le concept et l'intuition.
Mais les concepts ne relèvent-ils pas eux-memes de l'intuition ?
 
 
Aprés coup, je viens de voir qu'un certain "antichrist" parle du concept et de l'intuition dans le topic "conscience", mais j'ai rien compris.

Message cité 1 fois
Message édité par jean eymard le 16-06-2007 à 14:37:58
mood
Publicité
Posté le 16-06-2007 à 14:26:52  profilanswer
 

n°11838183
wips
Posté le 16-06-2007 à 14:53:04  profilanswer
 

jean eymard a écrit :

Mais les concepts ne relèvent-ils pas eux-memes de l'intuition ?


Je crois que c'est ce que dit Foutre de en ce qui concerne la période post révolution...
Du moins, je suppose que systématiser des intuitions littéraires est créateur de concepts.
J'irai voir le topic conscience plus tard, là je n'ai pas le temps, merci pour l'info. ;)

n°11847305
rahsaan
Posté le 17-06-2007 à 19:42:16  profilanswer
 

wips a écrit :


Sinon, j’ai commencé le principe de cruauté de Rosset.
Est-ce que je dis une énorme connerie si je déclare que pour lui, l’homme ne serait pas par nature bon ou mauvais mais avant tout débile ?


 
Débile, oui, si tu le prends au pied de la lettre : débile signifie faible.  
Alors oui, il y a une faiblesse humaine, qui consiste en une certaine faculté de se protéger du réel, en le repoussant, en le mettant à l'écart, en l'ignorant. Et le propos de Rosset est de montrer que cette volonté de refuser de voir le réel, de refuser la lucidité tragique face à l'existence, est la source de tous les discours d'idéologie, d'idéalismes, philosophiques ou non, qui nous enjoignent à nous détourner des choses au profit d'une ou plusieurs instances illusoires, quel que soit leur nom. La philosophie peut donc être victime de ce besoin somme toute très banal de dénigrer le réel, quoi qu'elle doive pourtant se battre avec ce réel, quitte à échafauder des systèmes de pensée qui permettront d'adoucir notre appréhension du monde, de mettre à l'écart ce qui est déplaisant, provoquant ainsi un ensorcélement maléfique. C'est là, certainement, la faiblesse majeure de l'homme.  
 
Et pour Rosset, la philosophie est au contraire approbatrice, en ce qu'elle seule peut nous montrer le réel dans toute sa cruauté, sans en atténuer le caractère indésirable. Cruel est ce qui est dur, impitoyable et plus simplement ce qui est cru, nu, à vif.  
Le principe de cruauté pose donc que le réel, si indésirable soit-il, est pourtant le réel et que ce n'est que par dénigrement, bêtise, illusion que nous pouvons croire que nous y échappons.  
L'exact opposé de ce détournement vis-à-vis des choses est la joie, cette force majeure, mystique, qui, d'un coup, sans raison, nous permet d'approuver à tout le réel, sans restriction.  
Les pensées qui ne connaissent pas cette joie sont donc des philtres à proprement parler maléfiques, comme j'ai dit un peu plus haut, car pour nous soulager, nous consoler, des misères de ce monde, nous prémunir contre de grandes tristesses, elles nous privent aussi des plus grandes joies, c'est à dire de ce qu'il y a de meilleur dans l'existence. D'autant plus grande la joie et d'autant plus douloureuse la peine qui lui succède ; d'autant plus grande la mélancolie et d'autant plus grand la joie que nous éprouvons lorsque nous surmontons cette mélancolie.  
Et la joie "est plus profonde que la peine." ;)

Message cité 2 fois
Message édité par rahsaan le 17-06-2007 à 21:02:36

---------------
Mon roman d'anticipation, L'I.A. qui m'aimait : https://tinyurl.com/mtz2p872 | Blog ciné/JV : http://cinecourt.over-blog.com
n°11847414
crackingod​01
Posté le 17-06-2007 à 19:52:09  profilanswer
 

Fini mes partiels de philo politique :)
Un sujet sur la theorie du droit de St Thomas D'Aquin et un autre sur la liberte republicaine chez machiavel.
Maintenant direction vacances et beaucoup de lecture :)

n°11847448
rahsaan
Posté le 17-06-2007 à 19:55:06  profilanswer
 

crackingod01 a écrit :

Fini mes partiels de philo politique :)
Un sujet sur la theorie du droit de St Thomas D'Aquin et un autre sur la liberte republicaine chez machiavel.
Maintenant direction vacances et beaucoup de lecture :)


 
Très bien.  
Qu'est-ce que tu vas lire ? :)


---------------
Mon roman d'anticipation, L'I.A. qui m'aimait : https://tinyurl.com/mtz2p872 | Blog ciné/JV : http://cinecourt.over-blog.com
n°11847504
crackingod​01
Posté le 17-06-2007 à 19:59:35  profilanswer
 

rahsaan a écrit :

Très bien.  
Qu'est-ce que tu vas lire ? :)


 
La j'entame democratie et totalitarisme de Aron ensuite je passe a Foucault (surveiller et punir).
Sinon je compte lire du Russell, Hegel et du Rawles mais je sait pas trop dans quel ordre.
Et sinon plusieurs livres d'Histoire
:)

n°11847532
rahsaan
Posté le 17-06-2007 à 20:01:12  profilanswer
 

Very good. ;)


---------------
Mon roman d'anticipation, L'I.A. qui m'aimait : https://tinyurl.com/mtz2p872 | Blog ciné/JV : http://cinecourt.over-blog.com
n°11847626
crackingod​01
Posté le 17-06-2007 à 20:06:21  profilanswer
 


D'ailleurs tu n'a pas quelque chose a me conseiller? (plutot philo politique, ou ethique)

n°11847671
rahsaan
Posté le 17-06-2007 à 20:08:59  profilanswer
 

crackingod01 a écrit :

D'ailleurs tu n'a pas quelque chose a me conseiller? (plutot philo politique, ou ethique)


 
L'Ethique de Spinoza, tout simplement. :)


---------------
Mon roman d'anticipation, L'I.A. qui m'aimait : https://tinyurl.com/mtz2p872 | Blog ciné/JV : http://cinecourt.over-blog.com
n°11848144
crackingod​01
Posté le 17-06-2007 à 20:38:30  profilanswer
 

rahsaan a écrit :

L'Ethique de Spinoza, tout simplement. :)


Merci bien :)
 
Sinon, on m'avait parler de 'La société ouverte et ses ennemis' de Popper comme critique de l'historicisme. Ca vaut le coup?

n°11848228
rahsaan
Posté le 17-06-2007 à 20:44:18  profilanswer
 

crackingod01 a écrit :

Merci bien :)
 
Sinon, on m'avait parler de 'La société ouverte et ses ennemis' de Popper comme critique de l'historicisme. Ca vaut le coup?


 
Je ne connais pas bien ce livre, mais je pense que c'est instructif.  
Méfiance quand même : j'ai l'impression que pour Popper, soit on est un bon démocrate, soit un méchant suppôt du totalitarisme, même quand on s'appelle Platon ou Hegel (parce qu'alors on veut bâtir une cité totale ou s'en faire le théoricien et qu'alors on oublie la liberté individuelle etc. etc.)


---------------
Mon roman d'anticipation, L'I.A. qui m'aimait : https://tinyurl.com/mtz2p872 | Blog ciné/JV : http://cinecourt.over-blog.com
n°11851252
crackingod​01
Posté le 17-06-2007 à 23:20:19  profilanswer
 

rahsaan a écrit :

Je ne connais pas bien ce livre, mais je pense que c'est instructif.  
Méfiance quand même : j'ai l'impression que pour Popper, soit on est un bon démocrate, soit un méchant suppôt du totalitarisme, même quand on s'appelle Platon ou Hegel (parce qu'alors on veut bâtir une cité totale ou s'en faire le théoricien et qu'alors on oublie la liberté individuelle etc. etc.)


 
Ok merci  :jap:  
Je verrais si j'ai le temps de le lire

n°11851312
foutre de
Posté le 17-06-2007 à 23:24:43  profilanswer
 

jean eymard a écrit :

On voit a la façon dont tu t'exprimes que tu aimes la poésie.

 

je suppose que cette thèse implique que toi aussi, par le fait que tu t'en rendes compte.

 

je n'aime pas la poésie en particulier. Elle figure parmi les pratiques fondamentales du logos, écoute, réceptivité, mesures et décomptes, variations sémantiques, contruction d'expression.
Je ne vois pas du tout cependant la littérature comme plus intuitive que la philosophie. D'ailleurs, la littérature ne donne pas plus le cheval que la philosophie. Ce n'est pas la même esthétique car ce ne sont pas les mêmes contraintes de production qui président au discours. On pourrait croire que la poésie est plus libre que la philosophie, c'est souvent faux.
la contrainte universaliste qu'implique la dimension anthropologique de la philosophie lui donne souvent des allures raides, maladroites. Mais en soit c'est une activité scripturale, donc à fondement descriptif. La littérature ne mêne pas toujours, pas souvent, au transcendantal, même si l'existentiel peut lui ouvrir constamment un bon fond de commerce.
En revanche en terme de force du discours, la littérature est souvent plus puissante que la philosophie, parce qu'elle ne contraint pas autant celui qui lit, et que le critère de beauté est un critère de lecture moins normatif que celui en usage dans l'acte de lire de la philosophie, le critère du vrai, le genre littéraire de l'argumentation, du jugement et donc de la distinction et de la preuve. Mais il y a éducation de la chair sensible dans les deux cas.


Message édité par foutre de le 17-06-2007 à 23:46:11

---------------
« Une force presque nulle est une force presque infinie dès lors qu'elle est rigoureusement étrangère au système qu'elle met en mouvement »
n°11851470
foutre de
Posté le 17-06-2007 à 23:37:27  profilanswer
 

Krikrikri a écrit :


 
 Et maintenant voguons vers l’éco…


 
 
et bien, il ya de très bonnes choses en philo politique sur l'économie, les échanges, le fonctionnement des circulations de bien. pas seulement le Capital de Marx, mais certains économistes méritent une lecture de grande dimension, je pense à Keynes par exemple dont je ne sais pas si on connaît les descriptions dans le topic.
Et puis les théories de la valeur, la psychanalyse aussi, livrent de bonnes descriptions de certains aspects du phénomène, l'anthropologie aussi.
Il ne faut ensuite pas perdre de vue ce que des sciences comme les théories mathématiques on pu apporter dans la compréhension des outils de calcul en usage dans l'économie, notamment boursière (voir les idéologies économistes, son utilisation par certains libéraux, etc.)


---------------
« Une force presque nulle est une force presque infinie dès lors qu'elle est rigoureusement étrangère au système qu'elle met en mouvement »
n°11851615
foutre de
Posté le 17-06-2007 à 23:43:24  profilanswer
 

wips a écrit :

Hier, par exemple, j'ai découvert en même temps que je le faisais découvrir Claude Gueux. Force est de constater, qu'en apparence du moins, ma lecture n'était pas la même puisque d'emblée j'interrogeais le texte.  
Bref, tout ça pour dire que je te rejoins là-dessus : le premier mouvement, de base, pouvant être l'enseignement parce qu'il faut à un moment ou à un autre se mettre à transmettre, même si on n'a pas encore acquis tous les savoirs, même si on se trompe encore. , à savoir qu'en enseignant à autrui, on transmet aussi à soi même.  
Ce qui est difficile, je crois, c'est d'accepter de pouvoir être dans l'erreur et de revoir éventuellement son système de penser, rien n'est jamais acquis, etc etc (bon, là, je ne parle pas de C.Gueux sur lequel j'ose espérer ne pas avoir raconter trop d'imbécilités :whistle: ).

 

oui, c'est pour ça que nous devons nous méfier d'enseigner la philosophie alors qu'il s'agit bien d'apprendre à philosopher, kant par exemple y insiste. et je pense que l'exemple socratique est parlant.
D'où mon intérêt pour les doctrines qui ont un abord sérieux du non-savoir, et celles qui abordent la philosophie par la méthodologie (ce qui fait par exemple à mes yeux la plus grande envergure d'un Deleuze sur un Foucault malgré que ce soit le deuxième qui soit entré au programme des bacheliers, et malgré également qu'il ait produit aussi une épistémolgie, mais qui n'est une méthodologie que des savoirs (donc plutôt une méthodologie de la philosophie, accumulée, que du philosopher)

 

mais tu as appris/enseigné quoi sur Claude Gueux? c'était dans un cours de philo ou de lettres?

Message cité 2 fois
Message édité par foutre de le 17-06-2007 à 23:49:36

---------------
« Une force presque nulle est une force presque infinie dès lors qu'elle est rigoureusement étrangère au système qu'elle met en mouvement »
n°11852545
Baptiste R
Posté le 18-06-2007 à 01:54:58  profilanswer
 

rahsaan a écrit :

Débile, oui, si tu le prends au pied de la lettre : débile signifie faible.  
Alors oui, il y a une faiblesse humaine, qui consiste en une certaine faculté de se protéger du réel, en le repoussant, en le mettant à l'écart, en l'ignorant. Et le propos de Rosset est de montrer que cette volonté de refuser de voir le réel, de refuser la lucidité tragique face à l'existence, est la source de tous les discours d'idéologie, d'idéalismes, philosophiques ou non, qui nous enjoignent à nous détourner des choses au profit d'une ou plusieurs instances illusoires, quel que soit leur nom. La philosophie peut donc être victime de ce besoin somme toute très banal de dénigrer le réel, quoi qu'elle doive pourtant se battre avec ce réel, quitte à échafauder des systèmes de pensée qui permettront d'adoucir notre appréhension du monde, de mettre à l'écart ce qui est déplaisant, provoquant ainsi un ensorcélement maléfique. C'est là, certainement, la faiblesse majeure de l'homme.  
 
Et pour Rosset, la philosophie est au contraire approbatrice, en ce qu'elle seule peut nous montrer le réel dans toute sa cruauté, sans en atténuer le caractère indésirable. Cruel est ce qui est dur, impitoyable et plus simplement ce qui est cru, nu, à vif.  
Le principe de cruauté pose donc que le réel, si indésirable soit-il, est pourtant le réel et que ce n'est que par dénigrement, bêtise, illusion que nous pouvons croire que nous y échappons.  
L'exact opposé de ce détournement vis-à-vis des choses est la joie, cette force majeure, mystique, qui, d'un coup, sans raison, nous permet d'approuver à tout le réel, sans restriction.  
Les pensées qui ne connaissent pas cette joie sont donc des philtres à proprement parler maléfiques, comme j'ai dit un peu plus haut, car pour nous soulager, nous consoler, des misères de ce monde, nous prémunir contre de grandes tristesses, elles nous privent aussi des plus grandes joies, c'est à dire de ce qu'il y a de meilleur dans l'existence. D'autant plus grande la joie et d'autant plus douloureuse la peine qui lui succède ; d'autant plus grande la mélancolie et d'autant plus grand la joie que nous éprouvons lorsque nous surmontons cette mélancolie.  
Et la joie "est plus profonde que la peine." ;)


Dire qu'un voile illusoire né de l'esprit cache une réalité qui se tiendrait "derrière" et les opposer nettement, n'est-ce pas la dernière version des arrière-mondes, dans laquelle la vérité serait remplacé par la cruelle nudité ?
(Question naïve. Je ne connais guère Rosset.)
On peut dire que l'approbation ne conduit pas à l'affirmation de la réalité (à y prendre part), mais à lui donner un blanc-seing (à la laisser faire).
On peut dire que c'est par un refus de "la réalité" que commence l'action et la pensée.
Comme d'habitude, on peut dire beaucoup de choses.

Message cité 1 fois
Message édité par Baptiste R le 18-06-2007 à 01:56:18
n°11852621
Baptiste R
Posté le 18-06-2007 à 02:07:58  profilanswer
 

Citation :


Un jeune enfant demande: " c'est quoi un cheval?"
La littérature lui montre un cheval et lui dit "c'est ça un cheval"
La philosophie va essayer de lui décrire un cheval.


Et le biologiste moléculaire, et l'éthologue, et le boucher, et le phylogénétiste, et le taxidermiste, et le cavalier, et la jument, et l'herbe... Raskolnikov s'y entendait en cheval, mais le surréaliste aussi ("un cheval c'est ça" - en lui montrant une mongolfière).
Si on commence comme ça, la liste des prétendants à la connaissance de la chevalinité va tellement s'allonger qu'il faudra songer à la polygamie.
"Pour savoir ce qu'est un cheval, rien de tel que de faire sa connaissance," point - à la ligne, car c'est là que le travail commence.


Message édité par Baptiste R le 18-06-2007 à 03:49:24
n°11852705
Baptiste R
Posté le 18-06-2007 à 02:32:25  profilanswer
 

Citation :

T'es injuste envers Rahsaan et envers ce topic, parce que vraiment, relis-moi, je fais tout justement (en tant que nytchéen) pour qu'on n'ait pas de patins à mettre avant d'entrer ici.


Il est dommage que tu n'ais retenu de mon message que la formule sur les patins car ce n'était qu'un élan de style (je plaide coupable).
Je n'ai rien à reprocher à l'accueil. Je trouve ce topic ouvert. Mais la question qui demeure, c'est : nous faisons-nous avancer les uns les autres ?
 
 
 

rahsaan a écrit :

Mon Dieu, j'ai l'impression de devenir le ponte dogmatique d'une institution ronronnante, qui empêche la jeunesse de s'exprimer, en ressassant de vieilles litanies spinozo-nietzschéo-deleuziennes.  :sweat:


Le dogmatisme n'est pas forcément un fanatisme volontaire et forcené. La question est : comment faire fructifier l'héritage des Anciens et ne pas se satisfaire de la rente du passé ?
 
 

daniel_levrai a écrit :

J'aimerais poser une question à Baptiste R (que j'aime beaucoup, même si je ne crois pas à la réciproque).
 
Ne penses-tu pas que cette stagnation du topic n'est pas tout simplement dû à l'époque actuelle qui est monstrueusement creuse d'un point de vue culturel ?


Je ne sais pas, je ne connais pas les époques passées et je n'ai aucun sens du présent. Quant au temps à venir, c'est nous qui le faisons. En fait je refuse de me poser la question. Il y a peut-être des époques porteuses, mais il y a toujours des résistants à rencontrer dans les caves et les palais, qui font du bien et donnent envie de travailler.


Message édité par Baptiste R le 18-06-2007 à 02:34:32
n°11852764
Baptiste R
Posté le 18-06-2007 à 03:15:49  profilanswer
 

Tout à l'heure j'ai lu le début du chapitre "L'espace" de la Phénoménologie de la perception, à propos de cobayes à qui on redresse l'image rétinienne pendant de longues durées (ils voient donc le monde la tête en bas, par un système de lunettes). Merleau-Ponty ne cherche pas spécialement à nous faire voir et vivre l'expérience mais son exposé à suffit à me donner la nausée. J'ai été happé par cette expérience possible (comprendre une proposition phénoménologique, c'est savoir ce qu'il advient si elle est vraie, qu'il dit l'autre).
Etait-ce de la littérature, de la philosophie, des sciences cognitives, ... ?
 
 
A propos de Popper, ça me rend toujours perplexe de voir qu'il défendait une métaphysique d'une naïveté incroyable (le schéma est de Penrose, mais ils avaient des conceptions manifestement similaires), plus platonicienne que Platon, qui n'apporte rien, ne répond à rien. Constater des différences au sein de la réalité et en conclure qu'elles sont inconciliables et même qu'elles forment des mondes séparés, au lieu d'oeuvre pour leur réunion, c'est une non-réponse. Dire que le mystère, c'est la réponse, c'est d'une facilité intellectuelle proprement stupéfiante.
 
 
 
Pendant ce temps là, Alcyon a pris 48h de sommeil. :-)

Message cité 1 fois
Message édité par Baptiste R le 18-06-2007 à 03:47:55
n°11852860
l'Antichri​st
Posté le 18-06-2007 à 06:53:12  profilanswer
 

Baptiste R a écrit :

Dire qu'un voile illusoire né de l'esprit cache une réalité qui se tiendrait "derrière" et les opposer nettement, n'est-ce pas la dernière version des arrière-mondes, dans laquelle la vérité serait remplacé par la cruelle nudité ?
(Question naïve. Je ne connais guère Rosset.)
On peut dire que l'approbation ne conduit pas à l'affirmation de la réalité (à y prendre part), mais à lui donner un blanc-seing (à la laisser faire).
On peut dire que c'est par un refus de "la réalité" que commence l'action et la pensée.
Comme d'habitude, on peut dire beaucoup de choses.


 
Très juste ! rahsaan n'est pas encore capable de penser dans l'immanence et il le sait ! Et c'est pourquoi, il s'évertue à ressasser du Rosset dès que l'occasion se présente... Il faudra tôt ou tard lui expliquer (mais il me semble que foutre de s'y est déjà plus ou moins employé...) comment, dans une phénoménologie matérielle, la réduction radicalisée ou a-priori de la transcendance peut libérer une phénoménalité qui n'est rien d'autre que le pouvoir de se manifester lui-même, non quelque chose de réifié ou d'hypostasié, mais un acte qui consiste à être présent à soi. Où comment la phénoménalité elle-même, dans l'immanence, se phénoménalise ! Bref, au lieu d'en rester à une réduction au voir rationnel, c'est-à-dire à la pensée claire et distincte, à une phénoménalité propre à la pensée et "sous la condition du monde" (Husserl, Heidegger...), il faut laisser le fondement advenir sans médiation, refuser d'être le simple " spectateur " de la subjectivité transcendantale (conscience naturelle et conscience savante sont " dans le même bateau ", connaissance du premier genre et connaissance du second genre s'équivalent), mais la vivre, s'abandonner à l'épreuve de nous-mêmes pour, sur cette base, s'élever au discours rigoureux (Henry, Laruelle, Levinas, Merleau-Ponty peut-être) !

n°11853007
jean eymar​d
Posté le 18-06-2007 à 08:37:49  profilanswer
 

Rashan a écrit:

Débile, oui, si tu le prends au pied de la lettre : débile signifie faible.  
Alors oui, il y a une faiblesse humaine, qui consiste en une certaine faculté de se protéger du réel, en le repoussant, en le mettant à l'écart, en l'ignorant. Et le propos de Rosset est de montrer que cette volonté de refuser de voir le réel, de refuser la lucidité tragique face à l'existence, est la source de tous les discours d'idéologie, d'idéalismes, philosophiques ou non, qui nous enjoignent à nous détourner des choses au profit d'une ou plusieurs instances illusoires, quel que soit leur nom. La philosophie peut donc être victime de ce besoin somme toute très banal de dénigrer le réel, quoi qu'elle doive pourtant se battre avec ce réel, quitte à échafauder des systèmes de pensée qui permettront d'adoucir notre appréhension du monde, de mettre à l'écart ce qui est déplaisant, provoquant ainsi un ensorcélement maléfique. C'est là, certainement, la faiblesse majeure de l'homme.  

C'est de ça que je voulais traiter dans un topic sur "les philosophies objectives"
 

Et la joie "est plus profonde que la peine."


Rien n'est moins sur, je suppose que ça dépend des individus.
 
 
Foutre de a écrit:

je suppose que cette thèse implique que toi aussi, par le fait que tu t'en rendes compte

.
J'aime bien cette façon de penser l'autre, ça implique que tu es aussi  psychologue.
 Sauf que moi je ne suis pas interessé par la poésie, ça devrait se voir dans mon "style", le plus dépouillé possible. ;)  
A propos de la différence entre littérature et philosophie, il faut sans doute distinguer une certaine forme de littérature, celle qui parle de la vie, je pense a Dostoievski ou Tolstoi par exemple.
La littérature sous entend sans avoir besoin de préciser.
Le plus difficile n'est peut etre pas de "savoir" des choses , mais de les exprimer.  
Pourquoi est-on parfois séduit quand on fait connaissance avec la pensée de grands philosophes ?
Peut etre tout simplement parce qu'on avait les memes pensées mais que l'on arrivait pas a les clarifier, a les exprimer.
 
Batiste R a écrit :

Raskolnikov s'y entendait en cheval


Dostoeivski quelle coincidence !

n°11853728
wips
Posté le 18-06-2007 à 10:53:10  profilanswer
 

rahsaan a écrit :

Débile, oui, si tu le prends au pied de la lettre : débile signifie faible.  
Alors oui, il y a une faiblesse humaine, qui consiste en une certaine faculté de se protéger du réel, en le repoussant, en le mettant à l'écart, en l'ignorant. Et le propos de Rosset est de montrer que cette volonté de refuser de voir le réel, de refuser la lucidité tragique face à l'existence, est la source de tous les discours d'idéologie, d'idéalismes, philosophiques ou non, qui nous enjoignent à nous détourner des choses au profit d'une ou plusieurs instances illusoires, quel que soit leur nom. La philosophie peut donc être victime de ce besoin somme toute très banal de dénigrer le réel, quoi qu'elle doive pourtant se battre avec ce réel, quitte à échafauder des systèmes de pensée qui permettront d'adoucir notre appréhension du monde, de mettre à l'écart ce qui est déplaisant, provoquant ainsi un ensorcélement maléfique. C'est là, certainement, la faiblesse majeure de l'homme.  
 
Et pour Rosset, la philosophie est au contraire approbatrice, en ce qu'elle seule peut nous montrer le réel dans toute sa cruauté, sans en atténuer le caractère indésirable. Cruel est ce qui est dur, impitoyable et plus simplement ce qui est cru, nu, à vif.  
Le principe de cruauté pose donc que le réel, si indésirable soit-il, est pourtant le réel et que ce n'est que par dénigrement, bêtise, illusion que nous pouvons croire que nous y échappons.  
L'exact opposé de ce détournement vis-à-vis des choses est la joie, cette force majeure, mystique, qui, d'un coup, sans raison, nous permet d'approuver à tout le réel, sans restriction.  
Les pensées qui ne connaissent pas cette joie sont donc des philtres à proprement parler maléfiques, comme j'ai dit un peu plus haut, car pour nous soulager, nous consoler, des misères de ce monde, nous prémunir contre de grandes tristesses, elles nous privent aussi des plus grandes joies, c'est à dire de ce qu'il y a de meilleur dans l'existence. D'autant plus grande la joie et d'autant plus douloureuse la peine qui lui succède ; d'autant plus grande la mélancolie et d'autant plus grand la joie que nous éprouvons lorsque nous surmontons cette mélancolie.  
Et la joie "est plus profonde que la peine." ;)


 
Ok, merci. Puis tu m'as donné l'envie d'en poursuivre la lecture. :)  
 
Disons que j’ai compris, pour l’instant, que l’être humain, pour ne pas avoir à souffrir du réel, inventait un système d’évitement. Système illustré par le plus gros du corpus de la philosophie occidentale, notamment.
Que si l’homme, par l’intellect, réussissait à composer avec le réel, ses affects le lui rappelaient. Ainsi, quasiment d’instinct, il débrancherait cette connexion douloureuse.  
 
Mais il y a un truc que je ne comprends pas, je nage carrément en pleine confusion. J’ai toujours cru que c’était nous qui donnions un sens au réel, justement pour éviter ce côté cru, nu, à vif.
Or, lorsqu’il parle de Swan pour illustrer le fait que l’on se coupe du réel lorsqu’il paraît trop dur, il explique que le personnage de Proust n’a pas pu supporter de s’apercevoir que la femme qu’il aime est une cocotte. Et c’est précisément là que je bute : pour moi, cette assertion est emplie de jugements de valeur. Très différente par exemple de "Machin a tué Truc".  
Alors je ne sais pas, c’est peut-être à cause du péjoratif que recèle le terme cocotte mais il me semble que le réel est déjà paré là de la subjectivité et qu’il n’est plus cru, nu, etc. Qu'au réel s'ajoute déjà une valeur ajoutée, en quelque sorte.

n°11853913
rahsaan
Posté le 18-06-2007 à 11:15:34  profilanswer
 

Oui, tu as bien compris. :) Et débrancher cette connexion avec la réalité provoque toujours en retour des effets désastreux chez celui qui feint d'ignorer ce qu'il voit.  
 
En l'occurrence, dans le cas d'Odette chez Proust, qu'elle soit une cocotte n'est pas un jugement de valeur, mais un jugement de fait. :D


---------------
Mon roman d'anticipation, L'I.A. qui m'aimait : https://tinyurl.com/mtz2p872 | Blog ciné/JV : http://cinecourt.over-blog.com
n°11854065
rahsaan
Posté le 18-06-2007 à 11:35:01  profilanswer
 

l'Antichrist a écrit :

Très juste ! rahsaan n'est pas encore capable de penser dans l'immanence et il le sait ! Et c'est pourquoi, il s'évertue à ressasser du Rosset dès que l'occasion se présente... Il faudra tôt ou tard lui expliquer (mais il me semble que foutre de s'y est déjà plus ou moins employé...) comment, dans une phénoménologie matérielle, la réduction radicalisée ou a-priori de la transcendance peut libérer une phénoménalité qui n'est rien d'autre que le pouvoir de se manifester lui-même, non quelque chose de réifié ou d'hypostasié, mais un acte qui consiste à être présent à soi. Où comment la phénoménalité elle-même, dans l'immanence, se phénoménalise ! Bref, au lieu d'en rester à une réduction au voir rationnel, c'est-à-dire à la pensée claire et distincte, à une phénoménalité propre à la pensée et "sous la condition du monde" (Husserl, Heidegger...), il faut laisser le fondement advenir sans médiation, refuser d'être le simple " spectateur " de la subjectivité transcendantale (conscience naturelle et conscience savante sont " dans le même bateau ", connaissance du premier genre et connaissance du second genre s'équivalent), mais la vivre, s'abandonner à l'épreuve de nous-mêmes pour, sur cette base, s'élever au discours rigoureux (Henry, Laruelle, Levinas, Merleau-Ponty peut-être) !


 
Oui, c'est une thèse intéressante : j'aurais aperçu l'immanence propre à la phéno matérielle mais, pour de mauvaises raisons certainement, je me refuserais à cette philosophie. Du coup je tiendrais des propos plus ou moins ineptes, démontrant un certain manque de maturité.  
 
Je vois quand même que tout le monde peut changer, puisque, parmi ceux capables de tenir un discours rigoureux, vous citez maintenant Laruelle.  
Il serait donc passé, le temps où vous disiez aimablement à Alcyon36 :  

l'Antichrist a écrit :

Votre "non-philosophie" sent donc le réchauffé... Arrêtez de vous "branler" avec une pseudo-philosophie en laquelle vous flattez vos propres limites... et mettez vous au travail !!!


---------------
Mon roman d'anticipation, L'I.A. qui m'aimait : https://tinyurl.com/mtz2p872 | Blog ciné/JV : http://cinecourt.over-blog.com
n°11854074
daniel_lev​rai
Semper eadem sed aliter
Posté le 18-06-2007 à 11:36:02  profilanswer
 

[quotemsg=11852764,5435,344696]
 
 
A propos de Popper, ça me rend toujours perplexe de voir qu'il défendait une métaphysique d'une naïveté incroyable (le schéma est de Penrose, mais ils avaient des conceptions manifestement similaires), plus platonicienne que Platon, qui n'apporte rien, ne répond à rien. Constater des différences au sein de la réalité et en conclure qu'elles sont inconciliables et même qu'elles forment des mondes séparés, au lieu d'oeuvre pour leur réunion, c'est une non-réponse. Dire que le mystère, c'est la réponse, c'est d'une facilité intellectuelle proprement stupéfiante.
 
[quotemsg]
 
Je l'ai toujours dit et répété, Popper ne peut penser qu'un monde platonicien. Il se vautre complètement dans la vision parménidienne du monde, sans jamais remettre cela en cause. C'est en effet très naïf. Quand je pense qu'il y a des gens qui défendent mordicus la sagacité de ce penseur  :whistle:  

n°11854177
wips
Posté le 18-06-2007 à 11:46:23  profilanswer
 

foutre de a écrit :

oui, c'est pour ça que nous devons nous méfier d'enseigner la philosophie alors qu'il s'agit bien d'apprendre à philosopher, kant par exemple y insiste. et je pense que l'exemple socratique est parlant.
D'où mon intérêt pour les doctrines qui ont un abord sérieux du non-savoir, et celles qui abordent la philosophie par la méthodologie (ce qui fait par exemple à mes yeux la plus grande envergure d'un Deleuze sur un Foucault malgré que ce soit le deuxième qui soit entré au programme des bacheliers, et malgré également qu'il ait produit aussi une épistémolgie, mais qui n'est une méthodologie que des savoirs (donc plutôt une méthodologie de la philosophie, accumulée, que du philosopher)
 
mais tu as appris/enseigné quoi sur Claude Gueux? c'était dans un cours de philo ou de lettres?


Ok pour l'exemple socratique. Mais en même temps, je ne suis pas sûre qu'il évite de tomber dans la pensée dogmatique, j'ai envie de dire qu'à un moment on accouche bien de ce que l'on veut (peut). En plus, il me semble que l'on part toujours d'une certitude/croyance qui même si elle a été interrogée va orienter tout le reste. Parfois, je me dis que tout est biaisé d'avance. Mais que même si c'est le cas, ça n'a pas grande importance, ce qui m'évite sans doute de sombrer dans le "à quoi bon ?"; enfin je suppose.  
 
Je me suis procurée Pourparlers de Deleuze (celui qui me semblait le plus simple), je voulais lire son bouquin sur Foucault mais il me paraît difficile d'accès. Puis il serait sûrement plus judicieux que je lise d'abord les ouvrages du second (je n'ai lu que Surveiller et Punir et vu le documentaire qui lui est consacré).
 
Pas grand chose sur Claude Gueux. C'était dans un cours de français, on m'a refilé une classe que je ne connaissais absolument pas, mais bon sur le papier il était écrit "français" alors tout le monde était content car ils n'allaient pas perdre leur temps. Sur papier.
Bref, je venais d'avoir le bouquin et plutôt que de me livrer à 1H de surveillance, je me suis dit que je pouvais le découvrir avec eux. Voilà, donc on a lu et j'ai posé toutes les questions débiles qui me venaient en tête en les incitant à en faire autant (on arrêtait la lecture régulièrement). C'était plutôt sympa. :)

n°11854202
wips
Posté le 18-06-2007 à 11:48:39  profilanswer
 

rahsaan a écrit :


En l'occurrence, dans le cas d'Odette chez Proust, qu'elle soit une cocotte n'est pas un jugement de valeur, mais un jugement de fait. :D


Rhâ ! Je m'en doutais !  :D

n°11854272
daniel_lev​rai
Semper eadem sed aliter
Posté le 18-06-2007 à 11:54:46  profilanswer
 

rahsaan a écrit :


Je vois quand même que tout le monde peut changer, puisque, parmi ceux capables de tenir un discours rigoureux, vous citez maintenant Laruelle.  
Il serait donc passé, le temps où vous disiez aimablement à Alcyon36 :


 
 
 
 :lol:  et vlan, uppercut du droit  :sol:

n°11855034
l'Antichri​st
Posté le 18-06-2007 à 13:16:17  profilanswer
 

rahsaan a écrit :

 
(...)
Je vois quand même que tout le monde peut changer, puisque, parmi ceux capables de tenir un discours rigoureux, vous citez maintenant Laruelle.


 
" rigoureux " quant au respect de la non-méthode qui permet de penser l'immanence ou de s'installer dans la connaissance du troisième genre...

n°11855117
neojousous
Posté le 18-06-2007 à 13:24:52  profilanswer
 

daniel_levrai a écrit :

[quotemsg=11852764,5435,344696]
 
 
A propos de Popper, ça me rend toujours perplexe de voir qu'il défendait une métaphysique d'une naïveté incroyable (le schéma est de Penrose, mais ils avaient des conceptions manifestement similaires), plus platonicienne que Platon, qui n'apporte rien, ne répond à rien. Constater des différences au sein de la réalité et en conclure qu'elles sont inconciliables et même qu'elles forment des mondes séparés, au lieu d'oeuvre pour leur réunion, c'est une non-réponse. Dire que le mystère, c'est la réponse, c'est d'une facilité intellectuelle proprement stupéfiante.
 
[quotemsg]
 
Je l'ai toujours dit et répété, Popper ne peut penser qu'un monde platonicien. Il se vautre complètement dans la vision parménidienne du monde, sans jamais remettre cela en cause. C'est en effet très naïf. Quand je pense qu'il y a des gens qui défendent mordicus la sagacité de ce penseur  :whistle:


 
Du coup pour vous, Penrose en tant que platonicien défend aussi une métaphysique naïve ?
(Merci l'Antichrist pour le point sur Fichte, remerciements qui viennent tard mais j'étais parti dans la montagne)

n°11855640
daniel_lev​rai
Semper eadem sed aliter
Posté le 18-06-2007 à 14:13:13  profilanswer
 

neojousous a écrit :

Du coup pour vous, Penrose en tant que platonicien défend aussi une métaphysique naïve ?
(Merci l'Antichrist pour le point sur Fichte, remerciements qui viennent tard mais j'étais parti dans la montagne)


 
Je n'ai pas lu Penrose. Je ne pense pas que ce soit réellement naïf ce qu'a essayé de produire ce cher Popper. Je voulais seulement indiquer que fonder une épistémologie sur des principes issus de la logique formelle ne remet pas en cause l'Etre compris immédiatement comme égal à lui-même et ne comprenant aucune contradiction. Or, ça pose problème, d'où la naïveté... Peut-être qu'un lecteur assidu et attentif de la théorie de Popper connait une réponse à cette question ?

n°11856518
pascal75
Posté le 18-06-2007 à 15:21:51  profilanswer
 

foutre de a écrit :

oui, axactement. la littérature bascule au XIXéme, avec le romantisme et l'après révolution parce que la sémantique vacille (death of God) et donc la littérature se fait fouille ontologique (le poète comme mage, comme voyant, comme avant garde). C'est pourquoi je disais que les artistes en deux siècles sont devenus les nouveaux prêtres, parce qu'il se sont mêlés d'ontologie de manière autonome (Dante à côté est inféodé à une vision du monde théologique prédéfinie).
D'ailleurs depuis ce jalon historique la littérature a souvent une longueur d'avance sur la philo (l'ère du Soupçon de sarraute, c'est bien avant la déconstruction). A part chez Nietsche qui est un littérateur et qui donne un poème, la philosophie depuis le romantisme semble n'avancer pour une grande par qu'en systématisant des intuitions littéraires (heidegger-Holderlin Celan ; Derrida-Mallarmé Nouveau Roman). ça n'est valable que pour l'ontolgie évidemment. La logique et l'épistémologie ont plus de mal


Je reviens un peu sur les différences entre la littérature et la philosophie à la lumière des trois genres de connaissance de Spinoza pour m'expliquer un peu plus...
La littérature naît dans les conditions naturelles de notre existence, celles des sentiments incertains, de l’imagination, du récit, le monde trouble et confus de ce que Spinoza nomme « premier genre de connaissance ».
La philosophie, quant à elle, ambitionne de se situer d’emblée dans le second genre, plus cultivé, celui des idées adéquates, des concepts. D’une certaine manière la philosophie se constitue contre ce dans quoi s’origine la littérature : les mythes et récits. Elle dégage des classifications, des rapprochements, des différences, qui peuvent aussi bien la faire retomber dans le premier genre ou la faire accéder au troisième, celui des essences.
Evidemment ce serait simplet de penser que la littérature dans son ensemble en reste là où le plus petit des philosophes aurait vu qu’imagination trouble. D’abord rien n’empêche quiconque de retomber à un moment dans la confusion, mais surtout il me semble que la littérature, si elle s’origine bien dans le récit, a, elle aussi, l’ambition d’accéder à une connaissance adéquate, mais sans en passer, au contraire de la philo, par le second genre de connaissance, celui des concepts.  
Il n’y a sans doute pas de littérature sans récit, mais le statut du récit dans la littérature est au moins double : soit il est premier dans la rédaction -l’auteur envisageant de raconter une histoire et y soumettant ses inventions littéraires-, soit le récit est comme ce qui affleure secondairement quand l’auteur en vient à se coltiner au désir d’expérimenter et de saisir par les moyens propres de la littérature, le monde des essences.  
On pourrait dans les faits voir qu’il n’y a sans doute jamais eu ce qui pourrait apparaître comme une progression dans la littérature, et que dès les premiers écrits les auteurs, fussent-ils plusieurs et anonymes, n’envisageaient pas seulement de raconter des histoires. Pourtant, il se peut que la modernité est le moment où un seuil fut franchi, ou il n’était plus possible pour un écrivain de poser d’abord, ontologiquement en premier, le récit. C’est là que se rejoignent la philo et la littérature, il me semble, lorsque l’une et l’autre en viennent à essayer de saisir les essences par leurs moyens respectifs.
 


---------------
GAFA  We are stardust Billion year old carbon We are golden
mood
Publicité
Posté le   profilanswer
 

 Page :   1  2  3  4  5  ..  135  136  137  ..  340  341  342  343  344  345

Aller à :
Ajouter une réponse
 

Sujets relatifs
La Philo du Jour : le Désespoir ?????Où es-tu ? Dans ton e-cul ! Premier FAI Grolandais !
Recherche un titre, une chanson, une musique - Lire le premier post!Paiment via Visa Premier en £ -> Charges ?
Les bons s'en vont en premier et en plus ils ne se reproduisent pasLivres sur alapage
la chine lance son premier homme dans l'espacePhilo : Que vaut une preuve contre un préjugé ?? quelques idées ???
[Philo] Corrigés du bac 
Plus de sujets relatifs à : Philo @ HFR


Copyright © 1997-2025 Groupe LDLC (Signaler un contenu illicite / Données personnelles)