Le sujet est intéressant, sinon. Même assez riche.
Je constate que beaucoup, dans les deux premières pages, font un hors-sujet radical, en confondant langue et langage.
Le langage désigne la faculté permettant à l'homme d'exprimer et de communiquer le contenu de sa pensée (rationalité, mais aussi autre chose de plus sordide). Une langue est une des modalités d'existence du langage, constituée de phonèmes et de graphèmes ordonnés en un système cohérent et faisant office de norme dans une communauté. Ce sont donc deux choses radicalement différentes. Il y a d'une part la faculté, et de l'autre une contingence qui nous importe peu, et nous éloigne du sujet.
Le sujet interroge la faculté de l'homme à exprimer sa pensée : échec irrémédiable ? L'homme est-il condamné à vivre et à s'organiser dans la faillite absolu de son mode d'expression, voire de pensée ? C'est là tout le côté tragique de cet énoncé, qui couvre le domaine éminement philosophique de la vérité. Adéquation de la chose et de la pensée. Si la pensée s'exprime au travers du langage, en étant façonné par lui, l'imperfectibilité définitive du langage nous condamne à errer hors de toute vérité (référence à la pensée antique, platonicienne, du philosophe s'élevant hors du monde, hors du langage... pourtant au travers du langage (dialectique)).
Je te suggère de creuser un peu plus dans cette voie... de problématiser ton énoncé, et de le replacer dans la tradition philosophique (celle de la vérité).
Sinon, tu as ébauché de bonnes idées. En parlant de poésie et de mathématiques, tu touches à deux exemples très féconds (songe à Platon, qui considérait les maths comme une des expressions imparfaites mais indispensable de la philo, et qui paralèllement mettait en des dialogues très littéraires son mode de pensée). Toute la littérature, toute la poésie, toute la philosophie, tous les arts même (on parle bien de langage musical) ont au cours de ce siècle pris la mesure de la faillite du langage. Par elle, les modalités d'expressions ont changées, des pistes ont été explorées (compare la forme de discours d'un Derrida, d'un Wittgenstein, d'un Nietsche : trois modes expressions différentes d'une pensée qui ne pouvait plus être enfermée dans le carcan traditionel de l'expression rationelle et scolastique du discours occidental)... l'imperfection est féconde, constructive... au contraire, la perfection est figée, statique, presque morte. Ouvre le sujet : l'impossibilité du langage à coïncider avec le réel n'est-il pas la cause de sa perfection ? De la même façon que le meilleur des mondes leibnizien n'est pas constitué d'une somme d'évènements unilatéralement bons, le meilleur langage n'est-il pas réductible à une faculté imparfaite, obligeant l'homme (et donc le langage) à une interrogation critique et ré-flexive permanante ? N'est-ce pas au final cette imperfection radicale qui rend possible toute philosophie, sinon toute pensée ?
Bref, y a un tas de trucs à dire sur ce sujet, qui est propice aux pirouettes sémantiques/logiques qui constituent un excellent moyen de gonfler sa note. Le plus difficile sera en revanche de les ordonner... Je n'ai guère le temps maintenant. Je dois dormir un peu, puis me préparer à partir quelques jours en week-end.
En tout cas, c'est stimulant un tel sujet :-)
Message édité par gURuBoOleZZ le 20-04-2003 à 06:40:44