salon littéraire
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar.
Aujourd'hui : Noeud coulant pour Martin Smith. Extrait numéro 76.
La quasi-certitude d’une puissante attirance érotique de Roy pour la petite fliquette française avait plongé la féline Lizabeth Payton, sa maîtresse, dans une sorte de pénible alerte rouge permanente, ce qui lui provoquait une violente surchauffe du bas-ventre et le besoin irrépressible de faire du flash sexe avec le premier, le deuxième et le troisième venu. Et pourquoi pas tous en même temps. Ce comportement insatiable et irraisonné renfermait sa grande part d’ombre, puisqu’en général, les rapports sexuels laissaient Lizabeth complètement indifférente. C‘est donc en l’absence du disctrict attorney Roy Larymore que l’agent Sonny Dealspot, au lieu de garder la propriété comme c’était son poste et son rôle, était en train de s’activer à jouir sur le grand bureau de son chef, en baisant la savoureuse petite chatte de la femme du boss, moins occupée d‘orgasme que de satisfaire, en écartant les jambes pour accueillir ce type toujours en uniforme, une obscure volonté presque inconsciente de revanche par anticipation. Un sein bien rond sortait de sa robe relevée. Les deux corps endiablés froissaient sans ménagement une copie de la lettre de demande officielle de la part de Roy à propos du professeur Van Degaffe au NSA, la National Security Agency (NSA, « Agence nationale de la sécurité »). Sonny avait une belle bite, il entrait profondément dans le vagin lubrifié de Elizabeth, jouant assez habilement de l’angle de son membre pour exciter la clitoris par la même occasion, une autre aurait sans doute savouré ce moment. Mais, dans la tête impassible tournée vers le drapeau de l’Amérique de la riche héritière d’un bel empire de la cacahuète, ne rôdait que la cruelle phobie du délaissement, puisqu’elle souffrait en le sachant. Avec son phallus gonflé à bloc en train de l‘éventrer, Sonny n’allait bientôt remplir de son sperme dégueulasse qu’un vide abyssal insupportable. Le pire était que cette frénésie sexuelle ne suffirait pas, Lizabeth savait que l’inspecteur Thomas Beastman, dont Roy attendait l’arrivée pour la soirée, était plutôt beau mec, puisqu’elle l’avait déjà rencontré. Avant que la nuit ne tombe, comme Roy ne serait toujours pas rentré de New-York, ce Thomas aussi lui aura pété le cul comme il se doit, elle était sûre qu‘il ne refuserait pas ce service. Elle révélait ainsi, devant les hommes éberlués, sa dépendance psychique qui passait outre tous les tabous physiques ; mais cette liberté du sexe avec tout le monde dans les couloirs et les chiottes du Bureau avait un prix : en réalité, elle était dévastée de sentir que Roy pourrait bientôt cesser de l’aimer et que peut-être, ce constat était déjà profondément entériné.
Sonny grogna comme un enfant et il clama son désir de changer de posture. Il se retira donc très doucement du corps de sa partenaire, pour mieux y retourner, avant de relever Lizabeth et la prendre en levrette, afin sans doute de conclure dignement son ouvrage de mâle. Le plaisir de sauter la magnifique copine du patron allait sans doute d’un instant à l’autre le plonger dans une satisfaction décuplée. Lizabeth, uniquement confrontée à son irrésistible sentiment d’abandon, avait seulement la conviction que ce fornicateur à casquette en dérive sexuelle, qui lui tirait à présent les cheveux sans façon, était en train de lui payer un légitime loyer. C’est bien simple, en acceptant volontiers les rivières spermatiques des collègues de Roy, elle sabotait purement et simplement son précieux matériel amoureux, ce qui avait le don de soulager brièvement, sinon son corps, du moins son esprit. Elle intégrait et recherchait le besoin de se livrer à la férocité de ses pulsions aliénantes. Elle était même prête à faire des clins d’œil à tous les mecs majeurs d’Honolulu. Sonny balança la purée en geignant, elle était peut-être passée à deux doigts de la sodomie et peu importait d’ailleurs, elle aurait dit oui.
Avec une certaine tristesse, Guy Ness volait dans les airs en direction d’Honolulu, il avait seulement une pensée émue pour son pote décédé par devoir, l’irrésistible et blanc rôdeur des quais, Jhon Livingston le goéland. C’était quand même les efforts de ce brave qui avaient mis Guy sur la piste permettant de retrouver Vaya Condios et Martin Smith. Traversant les cieux ensoleillés, le perroquet traçait en direction du port qu’il apercevait, il plana mollement puis vira longuement sur l‘aile gauche, dans deux minutes il serait chez le district attorney Roy Larymore, avec des nouvelles fraîches sensationnelles. En arrivant devant la fenêtre, il fut récompensé par la vision du postérieur blanc de l’agent Sonny Dealspot en train de perforer d’amour la splendide Lizabeth Payton. Ce qui n’était là, pour le Gris du Gabon, rien de moins qu’un scoop extraordinaire. Ainsi, cette humaine beauté se livrait aux liaisons charnelles orgueilleuses dans le dos de son fiancé. Sur le rebord de la fenêtre, Guy refoula avec force les implications de cette brutale méditation. Il était assez contrarié de surprendre ce flagrant délit, sans trop savoir pourquoi. De l’extérieur, les cris ne passaient pas, mais de temps en temps, une bouche s‘ouvrait. Il n’osait même plus regarder à travers la vitre, il n’avait nul besoin de jouer les voyeurs à plumes. Il observa tout de même encore Lizabeth, avec son cul parfait tendu comme un arc, qui cramponnait des poings le bureau au milieu des blancs documents classés, pour recevoir l’hommage bestial de Dealspot, avec sur sa figure à elle une mélancolie parfaitement visible. C’était sans doute en revanche comme une sorte de petit Noël dans le cerveau du policeman subalterne. Ils se quittèrent finalement sur une sorte de bref salut, presque gêné, puis Lizabeth resta seule en train de défroisser sa jolie robe, il n’y avait en elle aucune trace de sentiment de joie ou d‘accomplissement. Guy attendit encore un peu, puis il tapa aux carreaux avec son gros bec, elle vint complaisamment lui ouvrir. Il était presque sur le point de se justifier pour sa présence importune, puis il se ravisa, Lizabeth était déjà repartie à l’autre bout de la pièce, en train de se remplir un verre de scotch. Elle était pieds nus. Allant directement aux faits, l’oiseau volubile déballa son sac, il parla du volcan isolé où se trouvaient sans doute prisonniers Vaya et Martin, Jesse Rosse et Angèle Deyord. Quant à Gilbert Tricard, il aurait été tué dans une fusillade. Et ce volcan perdu en mer serait en réalité le gigantesque repaire secret du Docteur Van Degaffe en personne. Lorsqu’il prononça le nom de Angèle, Lizabeth dressa vivement l’oreille, puis elle invita le perroquet à se poser sur son bras pour descendre à la cave, elle avait un truc à y chercher. Elle promettait ensuite en récompense un sac de pistaches à l’informateur. Guy était gonflé à bloc, il portait pleinement la responsabilité de ses informations retentissantes, mais il était néanmoins certain que sa piste était la bonne. En frottant l’épaule bronzée de cette femme somptueuse qui le portait, l’oiseau trouva qu’à peine sortie de ses étreintes, elle sentait encore fortement l’homme comblé ; mais dans le fort intérieur de Guy, tout besoin de se justifier s’était complètement effacé. Il prenait note, certainement, mais elle faisait absolument ce qu’elle voulait de son cul exceptionnel. Lorsqu’il avait parlé de Angèle, le sang de Lizabeth lui était tout de même brusquement monté à la tête, un phénomène qu’elle avait contré sur le champ avec une bravoure pleine de noblesse. Arrivés au bas de l’escalier, ils traversèrent les grands bureaux dédiés aux activité de la C.I.A, avec leurs grandes cartes et les tronches sur les murs, puis ils traversèrent un dédale de couloirs enterrés dans le simple béton. Lizabeth ouvrit une porte en fer solide, puis elle demanda à Guy de se poser un instant sur le dossier d’un vieux rocking-chair qui traînait sur la droite, ce qu‘il fit d‘un seul battement des ailes. En tournant brusquement les talons, elle regagna aussitôt la porte qu’elle referma perfidement à clef sur le perroquet, en lui disant, sans aucune ironie dans le fond de sa voix :
– Merci beaucoup pour vos renseignements de premier ordre, mon brave Guy.
Bon dimanche à tous
Message édité par talbazar le 15-05-2022 à 08:19:25