| |||||
| Auteur | Sujet : La moyenne Encyclopédie du pro-fesseur Talbazar. |
|---|---|
talbazar morte la bête, mort le venin | Reprise du message précédent : https://zupimages.net/up/19/49/oh06.jpghttps://zupimages.net/up/19/49/rqyh.gif Salon des inventions https://zupimages.net/up/19/49/sw02.jpghttps://zupimages.net/up/19/49/w297.gif Message édité par talbazar le 03-12-2019 à 15:46:42 |
Publicité | Posté le 03-12-2019 à 14:05:37 ![]() ![]() |
talbazar morte la bête, mort le venin |
talbazar morte la bête, mort le venin |
talbazar morte la bête, mort le venin |
talbazar morte la bête, mort le venin |
talbazar morte la bête, mort le venin |
talbazar morte la bête, mort le venin |
talbazar morte la bête, mort le venin |
Publicité | Posté le 14-12-2019 à 06:44:50 ![]() ![]() |
talbazar morte la bête, mort le venin |
talbazar morte la bête, mort le venin |
talbazar morte la bête, mort le venin |
talbazar morte la bête, mort le venin |
talbazar morte la bête, mort le venin |
talbazar morte la bête, mort le venin |
talbazar morte la bête, mort le venin |
talbazar morte la bête, mort le venin |
talbazar morte la bête, mort le venin |
talbazar morte la bête, mort le venin |
talbazar morte la bête, mort le venin |
talbazar morte la bête, mort le venin |
talbazar morte la bête, mort le venin |
talbazar morte la bête, mort le venin |
talbazar morte la bête, mort le venin |
talbazar morte la bête, mort le venin |
talbazar morte la bête, mort le venin | Salon littéraire : L’autoradio diffuse « Adios Amor » de Sheila. Alors qu’il file entre les champs Raymond s’allume une clope, une Gitane sans filtre au goût âcre, qu’il laisse pendre à sa bouche en pensant au beau corps d’Antigone. Peut-être aurait-il aimé que tout soit différent et qu’elle se tienne à ses côtés le visage souriant, avec son épaule tassée contre lui pour aller n’importe où. Il l’imagine lovée sur le siège, confiante, presque heureuse, alors qu’il tourne le volant. Sur le chemin de terre qui le pousse vers la ville, il rêve de l‘absente. Il songe à cette femme luxueuse au port si royal, vêtue de sa sobre robe noire qui lui lisse les hanches comme un modelage de dieu (elle n‘était pas le genre de midinette à s‘habiller d‘un rideau imprimé, à moins qu‘il ne soit signé par un grand couturier), avec son petit et brillant collier ras du cou en perles de culture, pour compter comme un boulier précieux le nombre de ses charmes. Antigone, dont il conserve encore dans les narines le souvenir du parfum, abandonnée sous lui dans le grand lit, aux bas couleur de peau tendus par ses jarretelles blanches, avec ses lèvres rouges et généreuses qui, avant toute cette histoire, lui causaient d’amour dans la chambre d’hôtel ; mais aussi celle qui avait dit, au moment où il s’apprêtait à prendre la route pour quitter le château : « Tout n’était que beauté dans ma vie, ordure, avant que tu n’arrives. ». D’après le compteur rond, la voiture roule à 60 km/h et il n’y a personne d‘autre à ses côtés, rien que lui dans cette bagnole allemande porteuse d’une lettre de menace. Raymond coupe la radio, comme s‘il devait encore davantage matérialiser le vide qui l‘entoure. Ainsi que le déclare Philip Marlowe, le détective créé par Raymond Chandler : « Ne tombe jamais amoureux d’un client ». Pourtant, Raymond Toupidor n’est ni un flic, ni un détective de roman, mais juste un beau salaud à la bonne combine pressé de s’enrichir. Et son amour pour Antigone, qui n’est pas vraiment sa cliente obligée mais plutôt sa proie terrifiée, il l’a juste inventé ; parce qu‘à vrai dire, aucune femme avant elle ne l‘a jamais aimé, en tout cas elles ne l’ont jamais dis avec autant de naïveté. Toutes ne sont que de simples modèles, qu’il photographie à la volée pour en dérober l‘image et la vertu, afin de les revendre. Pas le genre de jeunes filles amoureuses et romantiques, assises tout sourire au fond d’une barque, en train de le regarder ramer en attendant le mariage. Les araignées dans son genre ne sont pas faites pour être aimées et puis, par habitude, ses partenaires de pieu il les aime plutôt ouvertement femelles. Comme dit l’autre sage, quoi que fasse la main, il faut toujours y mettre toute la force dont on se sait capable. Le conducteur chasse brusquement la belle et fière Antigone de ses pensées, puisque en jetant un coup d’œil sur sa droite, il vient immédiatement de comprendre un danger. L’apparition fugace n’a durée que deux secondes, mais il l’a bien vu. Une saleté de flic planqué derrière un tronc. Ses mains se crispent sur le volant noir, il jette un œil dans le rétroviseur, mais le château n’est plus visible. Le juron qui s’échappe entre ses dents s’enfuit dans l’habitacle d’un beau rouge-sang par sa bouche mauvaise. La campagne alentour, si paisible, prend soudain des airs de guet-apens. Il sort son revolver chargé de la boîte à gant et le pose sur ses genoux, il ne sait pas encore s’il doit accélérer. Le ciel épais gris-bleu veut tourner à la pluie, mais déjà, un mince filet de sueur froide stagne sur la tempe du ravisseur. Le soleil résiste malgré-tout et sous ses derniers rayons, la terre de la piste devient presque dorée. Raymond cramponne le cercle dur, il espère encore se faire des idées. Non, ce flic est bien réel, il est là pour lui, mais comment ont-ils fait pour savoir ? Son cerveau turbine à plein tube, il enrage surtout de n’être plus le seul à posséder la clef du jeu. Il s’arrête pour réfléchir et laisse tourner le moteur, vitesse au point mort. Ses yeux percent l’horizon lointain à travers les premières gouttes d’eau qui maculent le pare-brise, puis il distingue enfin l’estafette bleue encore minuscule et les silhouettes menaçantes. Les ordures ont installé leur barrage. Faire demi-tour pour retrouver les autres serait comme s’engager dans une nasse mortelle, d’où il ne ressortirait plus et foncer dans le tas n’est pas une option valable. Il cramponne la crosse de son arme et sait qu’il ne se laissera pas prendre sans tirer. En face, ils sont sans doute déterminés et forcément trop bien armés. La pluie battante qui tambourine sur l’automobile brouille à présent son univers derrière un froid rideau liquide. Le cœur emballé, Raymond rumine de sombres choses, il se dit qu’il a déjà perdu la partie et que son rêve de richesse restera lettre morte. Il tourne la tête, combien de ces salauds sont-ils à piétiner la boue des bois ? Il ne voit pourtant plus personne. Son seul salut est de prendre sur la gauche et de filer à travers-champ, si sa voiture le veut bien. Il espère mettre le plus de distance possible entre eux et lui, même s’il est bien conscient de ne pas conduire une Jeep. L’averse bruyante frappe toujours intensément la carrosserie grise. Le temps presse, les bleus vont se mettre en chasse et avant qu’ils ne donnent l’assaut contre le château, lui-même incarne sans doute pour l‘instant leur cible favorite. Ils sait aussi que Gilles et Christophe sont capables des plus sanglantes fourberies criminelles et qu’il paiera pour eux, comme eux. Le vent qui emporte la pluie n’apporte aucun conseil, mais soudain, le cœur palpitant, il prend sa décision et passe la première pour foncer vers la prairie ; si les pneus s’embourbent dans l‘herbe détrempée, il perdra tout espoir de s‘enfuir. Alors que les essuies-glaces balayent des cordons d’eau et les chassent de la vitre, la belle dame d’acier patine dans la boue sur les premiers mètres puis s’élance bravement, afin d’avaler le terrain sans rechigner. Au bout du champ, il distingue un rideau d’arbres qu’il lui faudra longer un moment, Raymond sait toutefois où il va. Par peur de s’enliser, pied au plancher il donne de la puissance au véhicule. Bien qu’arrosé par le ciel, le champ reste ferme sous les roues, le châssis de la berline subit des contraintes terribles, mais la conduite se montre moins inconfortable que prévue. Le photographe ne sait pas si les flics observent sa manœuvre, autour de lui l’averse drue rend le paysage flou. Le champ est enfin traversé et Raymond roule en parallèle de la haie qui s’incurve un peu sur la gauche, il y est presque. Il distingue enfin la petite entrée qui va le mener à rouler sur un chemin forestier, dans lequel il s’engage avec résolution. La Mercedes apprécie visiblement ce changement de décor et se lance à l’assaut du sous-bois. En son for intérieur, le kidnappeur qui fuit vers sa liberté reconnaît qu’il vient de gagner une première victoire, mais le temps presse pour retrouver une route, en espérant qu‘elle ne grouille pas d‘uniformes. C’est tout de même un peu tôt pour se chanter la mélodie du bonheur, pourtant il les a bien eus. Grisé par sa réussite, il accélère néanmoins et accélère encore, au milieu des sapins. Cette longue piste rectiligne ponctuée de petites flaques d’eau est plus déserte qu’un cimetière, il peut se croire sorti de l’étau mortel et il va vite, très vite. S’il s’échappe de cette petite forêt par cette course effrénée, il le fera peut-être aussi de la prison. Une sorte de mince brume vaporeuse succède à la pluie et les troncs qui défilent paraissent soutenir un ciel trop bas. Lorsque le jeune chevreuil surgit devant lui, il ne peut l’éviter et frappe la bête de plein fouet, il donne alors un coup de volant réflexe, la voiture glisse sur le tapis de feuilles et en deux secondes, elle s’en va percuter sur le bas-côté un tronc de hêtre qui l’arrête brutalement. La tête de Raymond a percuté la vitre, ses côtes nullement retenues par une ceinture se sont brisées contre le volant, du sang s’échappe sur son torse broyé. L’habitacle tordu sent bizarrement le chien mouillé. Coincé dans la voiture détruite, douloureux et choqué, Raymond regarde devant lui la mince fumée s’échapper du moteur ; au bout d’un moment et incapable de faire autre chose, il tend péniblement la main vers la lettre restée sur le siège, le revolver a disparu. Les souches qui bordent le désastre ricanent par leurs fentes pourries, c’est parfaitement leur droit. Juste avant que ne meure la lumière de ce jour trop pluvieux, la police le retrouvera enfin, assis sur son siège, les yeux grands ouverts fixés sur la photo d’Antigone maculée de son sang. Lui seul aurait pu dire si les petites bulles de mousse rouge au coin de ses lèvres blanches furent l’expression d’une dernière tentative pour lancer à cette femme honnête un ultime baiser d’adieu. Ce n’est pas en tout cas la prudente et petite Sittelle bleue qui pourrait l‘affirmer, alors qu’elle descend tête la première sur le grand tronc meurtrier en partie écorcé par le choc. https://www.youtube.com/watch?v=aMOcmmgu9v8 Bon dimanche à tous.
Message édité par talbazar le 01-03-2020 à 15:43:55 |
Publicité | Posté le ![]() ![]() |






