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Auteur Sujet :

La moyenne Encyclopédie du pro-fesseur Talbazar.

n°58237918
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 03-12-2019 à 14:05:37  profilanswer
 

Reprise du message précédent :
Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Rita Natos.

 

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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : David Grenier.

 

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Message édité par talbazar le 03-12-2019 à 15:46:42
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Posté le 03-12-2019 à 14:05:37  profilanswer
 

n°58246477
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 04-12-2019 à 12:09:00  profilanswer
 

Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Diego de Michet.

 

https://zupimages.net/up/19/49/owxh.jpghttps://zupimages.net/up/19/49/kb3c.gif

 

Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Cinq Michel.

 

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Message édité par talbazar le 05-12-2019 à 12:26:01
n°58254751
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 05-12-2019 à 10:52:12  profilanswer
 

Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Illarie de Mablague.

 
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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Alain Proviste.

 
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n°58269472
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 06-12-2019 à 20:57:06  profilanswer
 

Salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : Noeud coulant pour Martin Smith. Extrait numéro 66.

 

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Sur Ala Moana, Gilbert la Fouine écrasait l’accélérateur et lissait la sculpture de ses pneus comme un forcené. A son côté, Angèle cramponnait son feu à s’en briser les phalanges et derrière, après avoir repoussé même pas dignement la tronche démolie de Cheebe Surger, Jess pianotait sa folie pour prévenir Larymore et les types du FBI. Les français avaient bien évidemment commis l’erreur de se séparer d‘eux et le résultat était dur à avaler. Le sang qui s’échappait de la tête de son voisin continuait de couler en abondance sur la vitre, ce qui la décorait d’un repoussant rideau rouge. Au moins, désormais, on connaissait la date du vrai décès de cet ancien champion. En face, la Porsche des salopards menait son train d’enfer et gardait sa distance, Gilbert avait les yeux rivés sur elle. Le trio des flics voulait faire la peau de ces fruits d‘inceste, quelles que soient les conséquences pour eux-mêmes, mais il était difficile de ne pas les perdre, les rues grouillaient de bagnoles. Il n‘était toutefois pas question de tirer au jugé, mais juste de pouvoir s’approcher suffisamment près, afin de les atteindre en pleine poire et leur rendre la monnaie. Les choses allèrent tellement vite que les deux véhicules crissèrent la gomme jusqu’à Nimitz Highway, où la voiture des tueurs se volatilisa un instant. Aussi incroyable que dangereux, parce qu’elle était certainement toujours dans le coin et que les tirs pouvaient survenir à tout moment, provenant de n’importe quelle direction. C’est finalement Angèle qui la repéra, portes ouvertes et vide, en face d’un long hangar anonyme ; mais ça plaisait à personne de servir aussi facilement de cible. Tendu, Gilbert roula encore sur le côté du bâtiment avant de s’arrêter. Des sirènes aboyaient au loin dans les rues, la police d’Honolulu devait elle-aussi fouiller le coin, après cette folle équipée qui venait de lui passer sous le nez.

 

– Vous pensez qu’ils sont là-dedans ? s’inquiéta Angèle.

 

– Faut aller voir, fit Jess. Il n’était pas bien beau à regarder en pied, l’agent du gouvernement, avec son costard poisseux tout éclaboussé par l’hémoglobine que Surger avait perdue. Le résultat lui donnait un aspect désolant. Une silhouette de sacrificateur sortant de son rituel ou de la cuisine abominable d’un démon sanguinaire.

 

– Un peu bizarre de leur part, si ces types se sont retranchés là après avoir pris leurs gaules à pied, s’inquiéta Angèle. Faut se méfier. Ce n’était cependant plus le temps d’avoir froid dans le dos.

 

Gilbert aurait bien aimé lui dire, sans pour une fois ricaner, qu’il l’aimait d’un amour divin, mais il n’ajouta rien. Il décampa de la voiture, courant déjà l’arme au poing vers le hangar. Ses traits crispés copiaient ceux d’un Hun au combat. L’invitation était claire, Angèle et Jess lui emboîtèrent le pas avec vivacité, en galopant vers la porte à leur tour. On restait groupé, pas trop le moment de se disperser pour se lancer dans une recherche élargie. D’une minute à l’autre, l’excès de curiosité pouvait se révéler fatal pour eux. Tu parles d’une chorégraphie ! Ils pénétrèrent franchement dans cette bâtisse à l’architecture lourde qui sentait le gasoil. Elle semblait figurer la construction connexe d’une ancienne fabrique de glace. Un endroit vaste, sombre et déserté, avec sur la droite un vieux rafiot à la coque défoncée, où gisaient à ses pieds une montagne de pièces détachées pour bateau. En face d’eux, des empilements de caisses qui traînaient là depuis des lustres bouchaient toute la vue, pour former un dédale propre à configurer le piège idéal. La formidable hauteur du toit métallique transformé en perchoir à goélands se contentait de mal défier le vent marin, lequel devait librement s‘engouffrer dedans. Ils avancèrent tout de même comme des lynx en direction du hangar principal, guidés par un bref raffut entendu quelque part devant eux.

 

– Ils sont là, pas loin, chuchota Gilbert. La piste est bonne, je le sens. Il fallait toujours qu’il tente d’imprimer une marque personnelle.

 

– Ce lieu isolé est idéal pour la bagarre, ajouta Jess, j’ai l’impression que ces rats des granges nous attendent de pied ferme.

 

Angèle pensait seulement qu’elle risquait de connaître une fin douloureuse. Que dans quelques minutes, elle pourrait dire adieu à ce cochon de bonheur d‘être en vie. Merde, je suis jeune encore. Elle qui avait toujours tenté de gérer sa vie toute seule eut la faiblesse de laisser passer dans ses pensées l’éclatant sourire du procureur de district Roy Larymore ; puis elle chercha seulement à puiser en elle-même le courage d’un légionnaire. La fliquette continuait de trouver étrange qu’après leur coup de pute, les tueurs de Cheebe Surger aient tout à coup décidé de laisser leur bagnole sur le parking. Étant toujours recherchés, si les flics de la ville débarquaient ici, elle et ses potes risquaient d’être pris entre deux feux. Larymore était prévenu, mais les deux autres n’avaient pas l’intention d’attendre le renfort des gars du FBI, dont la venue était pourtant sans doute imminente. Enfin, portée par l’action, elle laissa tomber l’effort d’explication. Résignée et prête à tirer, elle continua d’avancer dans l’ombre sur les pas de ses collègues, plus excitée et fébrile qu’une actrice un soir de première. Elle vivait une sale expérience beaucoup plus dangereuse, toutefois, mais pas question de lâcher les hommes. Le bruit d’un outil métallique qui tombe sur le sol, toujours droit devant, une présence trahie trop facilement. Un appeau à cons, pour dire vrai.

 

– C’est un piège, fit Gilbert sans craindre le déshonneur de la débâcle, faut reculer ou on va se faire plomber.  

 

– Ouais, tu as raison, Teddy, c’est sûr, ironisa Angèle, je serais plus à l’aise dans mon salon en train de plier mon linge. On est là, on y va mon gars.

 

Elle ajouta encore deux pas à son parcours, avant de pivoter brusquement sur un bruissement suspect, puis elle tira la première sur sa gauche ; une balle fusa en réponse pour éclater le bois d’une caisse, à deux doigts de sa tête. Un seul projectile à relative courte distance, qui aurait dû réussir facilement sa lésion cérébrale mortelle, même dans cette lumière raréfiée. Les prochaines ne pouvaient pas faillir. Jess et Gilbert répondirent aussitôt en fusillade, avec pas mal de cœur à l‘ouvrage, contre rien, juste pour chasser la trouille, mais sans s‘attirer aucune riposte. Façon de parler, parce qu’un truc venu de nulle part glissa sur le sol pour fuser entre leur pattes, en dégageant sur le champ une épaisse fumée jaune, qui les enveloppa aussitôt. En deux secondes, Angèle et ses amis tombèrent évanouis sur le sol, trahis par leur propre respiration. Alors qu’un représentant de la police hawaïenne pénétrait à cet instant dans le bâtiment, il fut rejoint par Gros Bill qui discuta un moment avec lui, pendant que le Barbouilleur, Pitou le Tatoué, Ricki le Dingo et Joe Gangsta se réunissaient autour du trio inconscient avachi sur le béton. Eux portaient tous des masques à gaz et les ordres étaient clairs, ils n’avaient pas besoin d’avoir en main la liste des choses à faire. A deux pas de là, le petit bateau de pêche à quai qui patientait attendait déjà ses colis, moteur en marche, pour livrer le Sea Fox dans les eaux de Molokaï.

 

– Bougres de cons, qui c’est qui a tiré ? J’avais donné mes ordres, sermonna Gros Bill, en s’approchant tête nue, changeant malgré tout le ton de sa voix lorsqu’il vint les rejoindre tranquillement avec le flic véreux. Je vous avais pas dit que le truc du patron était super efficace ? La scène avait l’air de lui plaire. Même pas deux secondes pour agir ! Vous pouvez enlever vos cache-cerveaux, l’air est pur, à présent.

 

Le premier, Pitou le Tatoué fit glisser son masque sur son crâne. Il voyait l’évidence, mais il avait du mal à croire que le coma des formes étendues à ses pieds pouvait durer. Il passa la main dans ses cheveux bruns en balayant les corps des yeux ; indécis, il empoignait toujours prudemment son pétard en le pointant sur eux, par principe.

 

– Ça va Pitou, lâcha Ricky, en empoignant les jambes de Jess pour aider Joe à le soulever, puisqu’on te dit qu’ils roupillent. Ils ne reverront pas le jour avant une heure ou deux. On est peinards. Elle a l’air si calme et si gentille, cette petite garce, mais elle m’a quand même tiré dessus !

 

– Tu l’as cherché, bien fait pour ta gueule, ajouta le Barbouilleur, comme s’il semblait déçu qu’Angèle l’ai loupé.  

 

– C’est pas moi qui a tiré le premier, note-le. Toi peut-être, mais moi, jamais je me laisserai canarder sans réagir. Je suis encore là pour te le dire.  

 

–Ah, je trouve que je m’épuise vite, ces temps-ci, fit Joe Gangsta, en hissant avec peine son fardeau, je crois que je prend de l’âge !

 

– Ben merde, répondit Ricki le Dingo, en trimballant avec lui les soixante-seize kilos du corps de l’agent Rosse vers la sortie, t’as que 32 ans !

 

– Pour finir le travail, leur lança Gros Bill, n’oubliez pas de sortir Elliot Goldwin de la bagnole avant de partir, lui, il fait plus que dormir et nous dérangera encore moins. Magnez-vous, on rentre à la maison avant que les clebs du FBI vienne nous emmerder, ils doivent pas être loin. On a déjà eu du bol qu’ils s’en sont pas mêlés.

 

– Y’a pas à tortiller, Bill, t’es un chef, lança le Barbouilleur, avant de s’emparer des épaules de Gilbert, t’avais bien deviné qu’il nous suivraient !

 

Ils transportèrent les corps sur le pont du bateau, avant de les recouvrir d‘une bâche. Gros Bill était content, les flics étaient vivants et le Docteur Van Degaffe serait satisfait. Il grimpa à bord à son tour, au moment ou le puissant 4x4 noir fit soudain son apparition dans une volée de poussière. La voiture de la police hawaïenne avait disparue avec son ripou. En apercevant la scène que composaient les bagnoles abandonnées et le bateau prêt à appareiller, les gars du FBI comprirent tout de suite ce qu’ils voyaient. Les quatre gus du Bureau sortirent comme des diables de leur bagnole, avec l’arme à la pogne. Évidement ils se ramenaient pas là pour qu’on puisse admirer leurs jantes alliage. Pitou pointait déjà sur eux une carabine, en vertu de son droit divin et inaliénable, une pétoire propre à décimer une famille nombreuse en seulement deux tirs. Gros Bill aboya rudement sur le patron de pêche pour qu’il colle les gaz à son rafiot, tout en visant à son tour les autorités fédérales avec un magnum. Des deux côtés et le temps d‘une pauvre seconde, on se tint en alerte maximale, dans une logique d’affrontement qui ne pouvait pas attendre plus longtemps. Les fédéraux avaient des couilles et bien que très exposés, ils défouraillèrent sur le gang avec un bel ensemble, criblant de suite le Barbouilleur pour l’envoyer faire son voyage au très long cours. Le bateau propulsa à fond sous l’intense fusillade, un gars du bureau s’écroula face contre terre, un autre flageola sur ses jambes, Ricki le Dingo s’en pris une dans l’épaule, le bonbon du fusil trouva sans doute un autre type du Bureau qui cessa de tirer. Le troisième courut avec fougue chercher l’abri de sa caisse aux vitres blindées, son dernier tir parvint quand même à atteindre Joe Gangsta dans le bide, sans le tuer, mais le navire moulinait bravement de l’hélice et prenait désormais son aise sur les vagues pour quitter le port, en augmentant encore sa vitesse. Il payait pas trop de mine, mais son moteur avait du cheval et l‘écume bouillonnante qu’il lâchait derrière lui le prouvait largement.

 

Gros Bill n’en pouvait plus d’arroser le quai, il le fit encore un bon moment, quand bien même il ne pouvait plus rien atteindre. Personne ne pouvait distinguer si l’homme de Larymore était blessé ou non. Sur le pont ça braillait, Ricki avait le bras gauche démoli et gueulait comme un putois, mais Joe Gangsta ne disait plus rien, inconscient, il avait juste l’estomac transformé en fontaine à bulles, avec un trou fameux qui pissait le sang sur sa chemise. En gros, le souverain de la gâchette n’était pas encore mort, juste rendu incapable d’exprimer ses sentiments. Pitou tenait toujours son fusil par le canon, crosse au sol, il ne savait pas trop quoi dire ou faire devant ce spectacle déprimant. Au moins, ils avaient réglé leur compte aux suicidaires de l’État en leur collant une destinée fatale, ça n’était pas pour rien que la bande à Gros Bill vouait un culte forcené à l’auto-défense. En pleine mer, le patron du bateau repéra la ronde d’un banc de requins qui rôdaient pas loin. Sans que personne n’y trouve à redire, Gros Bill leur fila Elliot Goldwin et le Barbouilleur, mais bien qu’il ne soit pas assoiffé de vertus, il n’osa pas rajouter Joe au menu des squales ; c’est vrai que ce dernier respirait encore. Va savoir, s’il tenait bon jusqu’au volcan, le Docteur Vandegaffe ferait peut-être un miracle en bricolant ses tripes. La poupe laissa dans son sillage un grand cercle de vagues rougies. Après toute cette intensité du vécu, ce n’était pourtant pas fini pour Gros Bill, niveau émotions. Au moment où le sous-marin Sea-Fox émergeait des flots et que le bateau manœuvrait savamment pour le rejoindre, la baderne de méchante humeur s’aperçut enfin que quelque chose ne tournait pas rond au niveau de ses prisonniers. La bâche était trouée et un mince filet de sang s’en échappait. Pris d’un méchant vertige et fronçant les sourcils, Bill l’enleva d’un geste brusque, pour découvrir qu’une balle perdue ou même deux avaient atteint Gilbert Tricard, (alias Teddy la Fouine) et lorsqu’il se pencha sur lui, l’enrobé comprit que ce putain de flic ne bougerait plus jamais. Même si les deux autres n’avaient rien, il s’en assura, Gros Bill ne roulait plus en carrosse doré, puisque le doc lui avait bien demandé de ne pas lui rapporter un macchabée. De sa tronche humiliée, il observait ses complices, Ricki s’était un peu calmé à coup de whisky, Pitou avait les yeux rivés sur le submersible en approche, mais ces deux-là pouvaient bien crever, lui, Gros Bill, il s’aimait moins que jamais. Alors que son plan avait jusque-là bien fonctionné, une balle sans but venait pour ainsi dire de le déshonorer.

 

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Message édité par talbazar le 17-12-2019 à 07:48:13
n°58275945
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 08-12-2019 à 09:06:26  profilanswer
 

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Le congélateur muséographique.

 

Aujourd'hui : Anne Boleyn Living Room Stories 2-Joe Coffey.

 

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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Claude Strophobie.

 

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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Francis Tercien.

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Message édité par talbazar le 08-12-2019 à 09:20:22
n°58285909
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 09-12-2019 à 14:54:29  profilanswer
 

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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Laurent Dement.

 

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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Oscar Abine.

 

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Message édité par talbazar le 30-12-2019 à 08:06:28
n°58293199
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 10-12-2019 à 11:10:33  profilanswer
 

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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Denis Verleugnung.

 

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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Sophie Duciaire.

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Message édité par talbazar le 13-12-2019 à 07:55:23
n°58303748
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 11-12-2019 à 11:25:24  profilanswer
 

Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Prospère Sonne..

 

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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Isidore Igine..

 

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Message édité par talbazar le 11-12-2019 à 11:43:07
n°58315415
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 12-12-2019 à 14:02:56  profilanswer
 

Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Patrice Tesse.

 

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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Dendrelaphis Depute junior.

 

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Message édité par talbazar le 13-12-2019 à 07:41:55
n°58329761
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 14-12-2019 à 06:44:50  profilanswer
 

Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Wallace Oupe.

 
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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Alcide Bromhydrique.

 
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Posté le 14-12-2019 à 06:44:50  profilanswer
 

n°58338154
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 15-12-2019 à 15:14:14  profilanswer
 

Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Firmin Teraction.

 

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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Janine Tendo.

 

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Salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : Biographie de Gaston Boudiou. Extrait numéro 55.

 

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Derrière le paravent, la radio toujours allumée parle des échauffements de Prague, une main l’éteint, des bruits de pas se dirigent vers la porte qui se ferme à clef. Les prisonniers restent seuls dans la pièce délabrée où règne une odeur douceâtre qui sent vaguement la fiente de bovin. Une fois rompue l’écluse des mots contenus un moment par le barrage des émotions, Gaston a fait taire l’analyse psychologique et sociale de la femme mariée, d’autant plus qu’avec Émile, Antigone ne l’a jamais été. Elle s’en veut maintenant d’avoir couché si facilement avec un criminel, elle vante à son fils les qualités de l‘homme qui partage sa vie, bon époux et devenu bon père, elle insiste. Honteuse de son cruel adultère, en larmes, elle a beaucoup parlé et tenté de se justifier, mais le jeune Boudiou lui a répondu que la culpabilité qu’elle ressent vis à vis d’Angèle et lui ne vient en définitif qu’ajouter au triomphe de Raymond. Il n’est de toute façon plus temps d’explorer leurs vies respectives ou de chercher à démêler l’extrême complexité des pulsions sexuelles ou amoureuses, de piocher dans l’intime pour se livrer à de vaines exhibitions, où chacun brandirait la breloque de son opinion, comme de vulgaires rentiers du sentiment. Puisqu’ils n’ont désormais comme court horizon qu’un avenir angoissant, qui ne se régule que par la seule violence des terribles faits qu‘ils doivent subir malgré eux. La posture antibourgeoise de Joseph Wronski est plus sarcastique et il suggère sans aucune pitié à Antigone qu‘elle s‘est faite bien baisée, il la torture à loisir en lui rappelant ses émotions anciennes qui l‘ont trahie, il se montre si dur et cynique dans ses propos qu’elle en tressaille presque de surprise. L’ancien prof de maths va même jusqu’à traiter Antigone de pauvre anecdote parisienne. Mais passant rapidement à autre chose, juste avant que Gaston lui ne demande de bien vouloir se taire, le roi de bohème affiche pourtant une posture de combat, alors que sa cervelle enchantée ne grouille plus des lumières mirifiques de la drogue. Le débraillé pacifiste n’affiche plus que l’envie de balancer avec vigueur un manche de pioche dans le râtelier des ravisseurs. De puiser comme une sangsue assoiffée tout le sang de ces fumiers pour leur tarir les veines, de plonger ses deux doigts dans les yeux de Raymond le moustachu, jusqu’à ce qu’ils ne soient plus sous ses ongles que deux effrayantes taches rouges. Il rêve sans le nier de voir ces trois connards étendus morts à ses pieds. L’instinct du prédateur semble se réveiller en lui avec la fin des rêveries du hash et pour tout dire, son idée de la sociologie pratique à l’air d’avoir tout simplement viré de bord. A la première occasion, soit il calcule leur évasion, soit il rentre dans le lard de Raymond, Gilles et Christophe.

 

 Reste que devant les canons de plusieurs armes à feu, personne ne peut envisager d’avoir le dernier mot. Le rapport de force aplatit toujours celui des idées, quand bien même les ravisseurs seraient en nombre inférieur, ici à trois contre quatre. Il leur suffit juste d’être du bon côté de la crosse et le fait est que dans la pièce ruinée, Joe n’a même pas un pied de biche ou un tournevis à leur opposer. Il regarde la bougie qui traîne près du lit de camp, la grosse boîte d’allumettes, il chuchote à Gaston qu’ils pourraient foutre le feu au château. Ils en sont là. Quand à Angèle, le changement d’échelle pris par la ténébreuse affaire lui glace le sang, tant la situation est devenue dangereuse. Devant la fenêtre et sa lumière oblique, la jeune fille frissonne et croise les bras, elle lève la tête pour observer le passage d’une caravelle qui glisse très haut dans le ciel, sans doute direction Orly ; le petit vaisseau gris disparaît rapidement, entraîné au milieu des nuages par le vent de la liberté. Ce vol est d’autant plus étrange que la grève générale à été déclenchée. Le spectacle anodin du transport aérien quotidien rend encore plus cruel leur enfermement dans ce lieu sordide. Aussi tremblante qu’un rameau de peuplier, avec l’horrible sentiment de vivre ses derniers jours, elle s’est lentement dirigée vers le lit pour s’affaler dessus, en étouffant ses pleurs derrière le dérisoire rempart de ses cheveux blonds. Aussi désemparée, toujours coupable au fond d’elle-même de se voir victime de ses propres décisions désastreuses, Antigone va s’asseoir à ses côtés mais n’ose pas la toucher, la femme d’Emile voudrait bien, pourtant, qu’une âme charitable puisse venir la serrer longuement dans ses bras, mais même Gaston n’a pas vraiment osé. Pourra-t-elle jamais reconquérir l’amour de sa vie, en échappant à la rupture définitive, si jamais le bon dieu lui donne une chance de retrouver Emile ? En écho avec la détresse d’Angèle, le malheur d’Antigone se noie dans ses propres larmes.

 

Dans un lourd silence, les trois salauds armés font irruption derrière le paravent. Raymond le maître manipulateur, Christophe le pervers du sexe qui n’a pourtant pas comme son chef les traits d’une machine à séduire et l’autre cinglé de Gilles au cou luisant, gravement abîmé par l’alcool. Ils se sont certainement longuement consultés pour peaufiner leur machination, après l’irruption inattendue de leurs visiteurs. L’âme en miettes, Antigone plonge ses yeux embués dans ceux de Raymond. Est-ce qu’il peut encore y avoir quelque désir sincère dans la mémoire consciente de cette saleté ? Il y en a en tout cas pas mal, mais du très lourd, dans celle de Christophe, qui la reluque elle et Angèle sans se gêner. L’attraction qu'exerce sur lui les formes de la jeune fille en est proprement indécente. Le point commun qui relie ces ordures reste néanmoins leur gueule de tombeau. Pendant que ses complices tiennent les prisonniers en joue, Raymond glisse son revolver dans sa ceinture et pose devant eux un plateau-repas, comme on file sa gamelle à son animal familier. Il les toise ensuite en tirant sur ses lèvres un sourire évoquant une manière de sale gosse. Il porte autour du cou le Nikon de Gaston. Du doigt, il désigne le bloc de papier et le crayon posé près des assiettes fumantes.

 

– Bon, fait-il en s’adressant plus particulièrement à Antigone, le temps du discours est terminé et c’est dans ton intérêt de casser le suspens, ma chérie. Tu vas écrire de ta main une lettre officielle à ton père, pour lui rappeler nos exigences.

 

– Et si on refuse ? demande Gaston.

 

– Alors vous pourrez tracer là-dessus vos dernières volontés.

 

– Vous pensez pouvoir vous en tirer ? questionne Joe sur le ton d’une fausse naïveté, vous commettez vraiment une grosse bêtise.

 

– Toi, le fumeur d‘opium, fait Gilles en relevant son fusil, ferme ta gueule, on t’a rien demandé.

 

– Ouais, ajoute Christophe, sale clochard, tu seras le premier à recevoir ma balle dans le front si on ne touche pas la monnaie.

 

Gaston Boudiou réfrène son plein de questions, il n’y a rien à attendre de la part de cet ivrogne potentiellement meurtrier et de l’autre tronche de croque-mort. Pendant que Raymond prend ses captifs en photos avec la science du professionnel, Antigone trace d’une main tremblante les mots dictés par Gilles. Un simple rappel des faits à l’usage d’Hugo Inseouine de la Nouille qui sera enrichi de quelques clichés de sa fille. Une demande de rançon odieuse, qui se doublera malheureusement d’une cruelle révélation pour Emile Pertuis, lorsque celui-ci descendra enfin de son avion en revenant d‘Amérique. Raymond prend la lettre quand elle a terminé, vérifie les termes de la sommation puis, apparemment satisfait, il appelle ses copains à laisser les pauvres otages engouffrer en toute tranquillité leur dîner-gourmand. Avant que les malfaiteurs ne quittent la pièce, un chien vient soudainement d’aboyer dans la forêt proche, mais personne n’y prête sur le coup attention. Le trio maléfique ignore encore qu’à cet instant, trente gendarmes en provenance de la brigade de Saint Derche, dont la petite ville de Saint Frusquin dépend, se préparent activement pour les encercler.

 

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Bon dimanche à tous.

 

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Message édité par talbazar le 16-12-2019 à 05:55:46
n°58352368
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 17-12-2019 à 09:59:36  profilanswer
 

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Revue de presse.

 

Aujourd'hui : La semaine du tout nu.

 

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Revue de presse.

 

Aujourd'hui : Action des antipipis.

 

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Message édité par talbazar le 17-12-2019 à 10:26:31
n°58389249
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 21-12-2019 à 14:21:25  profilanswer
 

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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Harry Dité.

 

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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Marie-Monique Esketu.

 

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Message édité par talbazar le 21-12-2019 à 15:53:10
n°58393835
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 22-12-2019 à 13:59:43  profilanswer
 

Salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : L'épilée du Nil. Extrait numéro 101.

 

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La troupe en bon ordre longeait le Nil aux berges tranquilles, saluée par une foule étirant vers elle des bras décharnées dévorés par les hordes de moustiques. Il n’y a rien d’aussi misérable au monde que les habitants d’une ville que l’armée vient de piller. Une chose navrante qui ne devrait pas durer et pourtant qui dure. Assis fièrement sur la selle de son cheval blanc joliment harnaché, le général Merdenkorinnanâr s’efforçait de sourire à tout le monde, avec grâce et noblesse, au milieu de l’allégresse publique des citoyens de Nikzem, dont il satisfaisait par son départ le vœu profond et véritable. Le piétinements de la cavalerie scandait en le précédant le défilé interminable de l’infanterie, dont les casques à plumes s’incendiaient au soleil de reflets cuivrés. Tous les trouffions portaient haut leurs armes et bombaient la poitrine, en heurtant les épaules contre leur farouche voisin, main parfois moulée dans la sienne, pour la gloire divine de la pharaonne Néefièretarée et la figure resplendissante de celle qui s‘unit aux dieux comme aux hommes. En rangs serrés, visages austères, ils formaient, en raclant la poussière au passage, une forêt de javelots et de piques ondulante. Beaucoup de ceux-là avaient combattus lors de la grande et formidable bataille de Kèldèche pour vaincre les tribus Afamines. Derrière les fantassins, suivaient les chariots de ravitaillement remplis de bière et de céréales, de dattes, de grenades, de raisins, de pastèques, d’olives ou d’amandes. Il y avait des cochons, des chèvres et des oiseaux. Certaines carrioles sur lesquelles flottaient des mats de bannières crissaient sous l’ornière ; elles étaient menées par des bœufs énormes et regorgeaient de lances ou de boucliers amassés sans ordre. Des types en sueur poussaient parfois les roues emprises dans les nids de poule.

 

 En fin de marche, cahotaient les cages attelées en bois munies de forts barreaux de fer rendus brûlants sous l‘action du soleil, où s’entassaient pêle-mêle les prisonniers. En dépit de cette position pitoyable, Keskiya avait encore la force de réciter à Moisi des histoires plaisantes pour le distraire, genre les aventures du beau Khasos et de sa femme la bonne Kimèrit, éprouvant leur life en s’agenouillant devant le grand dieu Osiris qu’on surnomme le démembré. Un truc interminable d’inspiration poétique sur lequel elle brodait à loisir, pour le plus grand plaisir du prince des princes, pauvre mioche consanguin qui affichait un bras plus court que l‘autre. Blessés, l‘un à l’épaule et l‘autre au ventre, Tépénib et Valisensouth somnolaient entre les grosses grilles de la charrette, tout comme le faisaient à côté d’eux Veuquetum Fourlanus et Tampax Nostrum. Après avoir protesté pour la forme contre les mauvais traitements, les deux romains résignés et silencieux avaient fini par prendre leur mal en patience. Le général aurait certainement préféré les transporter allongés sur une planche, avec leurs têtes entre les jambes. Amétatla et sa fille Aménorée protégeant son nourrisson Avouktebel occupaient à suivre une autre prison mobile brinquebalante, sur laquelle les honnêtes gens jetaient des paquets de merde et des épluchures d‘oranges, puisque ces femmes étaient aux dires des farouches soldats, des ennemies de l’Egypte. Mains attachées derrière le dos, les employés de la Compagnie générale de poteries et tissus CGPT ainsi que le train de ses chevaux et dromadaires, les accompagnaient docilement, marchant sous le fouet en file indienne avec un lourd collier de fer au cou. Amétatla se montrait tout de même rassurée par le fait de constater que ses marchandises scellées et son personnel n’avaient pas été dispersés et qu’en dépit de son cruel enfermement, elle pouvait encore jeter un œil dessus. Plus formidables encore suivaient les litières luxueuses de Schrèptètnuptèt aux yeux clos qui dormait toujours sur la couche de sa belle Simkâ GL rouge. En dépit de nombreuses désertions, toute sa noble cour thébaine avait été sommée de suivre le mouvement, jusqu‘à nouvel ordre. Après avoir longé un invraisemblable empilement de briques en terre crue, le convoi martial quitta enfin la ville, afin d’entamer son chemin vers la cité de Talkontoupoli et rejoindre le gros de l’armée. La route bien entretenue semblait facile et droite, il n’y aurait pas de montagne à contourner.

 

L’agglomération émergeant des champs d’oliviers s’éveillait à peine, lorsque le fameux convoi, glorieux cortège qui traçait le chemin de l’Histoire, retrouva les hommes de la grande armée. Sous une chaleur solaire déjà de fournil, l’animation qui bouscula aussitôt les rues de Talkontoupoli fut à la hauteur du rendez-vous. Les soldats présents dans la ville cessèrent un instant le viol des fillettes pour entamer avec leurs collègues des chants collectifs, ravis d’apercevoir dans les cages les prisonniers interdits d’avenir que rapportait le général. Fraternité, sens du devoir et amour de la force. Les bidasses échangèrent avec le commando des propos passionnés pour saluer avec ferveur les nouvelles techniques d’intervention opérationnelles rapprochées, nommées pour la première fois au monde corps à corps. Cette mission réussie redonnait à tous le goût de l’effort, ils injurièrent surtout les romains en langage soutenu, en leur faisant du doigt le signe explicite de la mort et du deuil. On se poussa du coude pour avoir une chance d’apercevoir Moisi, ce soi-disant héritier du trône au physique méchamment abîmé par les lois de l’hérédité. Sous les reproches de Keskiya, mais sans doute un peu ravi d’être le centre de toute cette attention, le gamin ravi remerciait par des sentences déjà royales, comme  « À la mi-mars, le coucou est dans l'épinard ». Un grand défilé victorieux parcourut dans la matinée les rues remplies de notaires, de teinturières, de peintres en bâtiment, de blanchisseuses, d’épiciers retraités et de grosses dames bourgeoises avec des cônes de cire sur la tête ; sans parler des scribes de tout poil qui faisaient fonctionner la machine administrative locale. Ils côtoyaient aussi des investisseurs thébains venus placer leurs billes ici dans le locatif, l’implantation en zone de revitalisation rurale ouvrant droit à une réduction d’impôt de 15% étalée sur 4 ans, dans une limite de 3215 000 moutons. Après le passage des chameaux blindés, les habitants en liesse applaudirent sous la valse des flûtes l’orchestre en marche du 7ème de ligne accompagné de ses danseurs à poil ; hommes fiers et ravis de recevoir les ovations et les pétales de roses des bédouins du Sinaï et des touristes lybiens qui visitaient le petit bled. Seuls deux mecs avec des pancartes qui protestaient dans leur coin contre les arrestations arbitraires furent jetés sans ménagement aux crocodiles. Merdenkorinnanâr paradait en prenant une mine redoutable, il toisait les prêtres balbutiants qui sortaient des brasseries pour voir le défilé ; des jeunes filles aux seins nus brandissaient à son passage des papyrus qui le représentaient. Beaucoup de femmes mariées en extase auraient bien voulues être enceinte de lui, elles lui jetaient les rubans chatoyants qu‘elles portaient dans les cheveux. Un grand silence apeuré se fit en revanche, alors que passaient les litières de la belle-sœur de la reine, qu’un sort étrange avait plongée dans le coma. Quelques prières à Thot furent formulées à voix basse, pour tenter une approche positive et conjuratoire du curieux phénomène. Épouvantées, Amétatla et Aménorée observaient au contraire cette foule menaçante avec des yeux affolés. Elles tressaillaient d’épouvante sous les quolibets méprisants, alors que les autres crachaient avec une force égale sur la mère et la fille. Le pire des calvaires était sûrement lorsqu’on leur assurait que la petite Avouktébel ne resterait pas suffisamment vivante pour entrer en classe de Terminale. Le harcèlement portait ses fruits, Aménorée n’arrêtait pas de chioler. Cité en partie minière qui employait comme travailleurs détachés beaucoup d’anciens pêcheurs berbères et de piocheurs gaulois, le sol de Talkontoupoli se creusait de grottes, de puits et de trous, c’est donc dans l’une de ces excavations transformée en prison que furent jetés les prisonniers. La mort ne leur était pas encore promise, mais ils savaient très bien que lorsqu’ils retrouveraient la reine Néefièretarée, une fin atroce ne leur serait pas refusée. Les pensées des captifs butaient sans fin contre cet ineffable sort.  

 

Sur la paille sale et jaune du cachot il y avait déjà du monde, quatre romaines pratiquant l’amour prostitué et arrêtées pour racolage de rue avaient en effet été déplacées de leur maison de passe pour la maison d’arrêt. Elles furent ravies d’accueillir leurs compatriotes Vequetum et Tampax, à qui elles de présentèrent sous les noms de Meretrix, Lupa, Publica et Scortum. Il va sans dire que les fils de la louve embrassèrent chaudement ces coquettes. En revanche, Amétatla toisa avec mépris ces étrangères qui se livraient dans ce bled perdu de l’Egypte au commerce charnel ; elle chuchota à Tépénib qu’elles feraient mieux d’apprendre la différence entre le maquillage de fête et celui du quotidien. Il est vrai que Publica, par exemple, avait appliqué sur ses paupières extérieures du fard orangé, bleu pétrole, gris souris, cuivré, mandarine, violet et sur les médianes, un fard beige, bleu marine et bleu vert. Toutes avaient les joues trop roses et chacun de leurs gestes dégageait un gros nuage de poudre odorante. Les filles à longs cheveux tombant en cascade et au corps à moitié dénudé jacassèrent et gloussèrent de plaisir en découvrant le petit bébé Avouktébel, avec des cris d’exaltation fabuleuse et des commentaires de gaieté dithyrambiques. Elle portèrent au bébé des baisers plus rouges que ceux d’une reine, comme un or qui se mangerait. La petite emmaillotée passa ainsi de bras en bras dans la pauvre lumière d’une fenêtre haute, cette joie spontanée réconforta un peu la pauvre maman. Aménorée fit taire de meilleure grâce ses regards soupçonneux sur les dépravées italiennes, fiancées à la fois de personne et de tout le monde. Lupa lança avec justesse que la gamine avait le nez grec, la romaine débauchée connaissait apparemment très bien les hommes et la vie.

 

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Bon dimanche à tous.

 

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Message édité par talbazar le 22-12-2019 à 18:30:58
n°58409737
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 25-12-2019 à 11:47:53  profilanswer
 

Salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : La saga du trône de Fion - Tome 2 - Sus au sein royal. Extrait numéro 54.

 

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L’énorme raffut qui déchira la nuit n’était pas celui d’un ennemi, puisque ceux qui se présentaient en nombre hissaient bannières du Fion. Des vaillants, aux longs manteaux de cuir et aux casques luisants, qui se révélèrent en ombres bienvenues dans la lumière des torches que tenaient fermement leurs poings aux gants cloutés. Commandée par le seigneur de l’Essexenrut, Jean Bon de Always, l’armée de renfort se dilua bruyamment au bruissement des charrois dans le vaste camp, alors que lui-même descendait de son cheval fourbu pour se présenter devant Gaultier Quilamolle, comte de Septizémie, margrave de la Sianusite, sénéchal de Fion et général en chef de l’armée de terre, tenant à ses côtés messires Vladimir Poustapine et Richard Beurre de Fion. Jean Bon, lui-même accompagné de ses nobles et fidèles barons les chevaliers Calagale et Juvenal des Oursins, fut, comme eux, très surpris de voir que l’armée principale d’Amanda avait décidé de faire alliance avec les farouches tribus des Zgomatix, dirigées par Olbo Zgeg. L’alerte étant passée, les barbares s’en retournèrent d’ailleurs sous leurs yourtes en peaux de chèvres pour manger leur boudin, mais leur chef au gros pif resta dans la tente de Gaultier, où se tint aussitôt un conseil de guerre. Lors des conciliabules qui suivirent, tous se félicitèrent de l’inattendue et heureuse jonction, avant d’aviser aux moyens de gérer la situation nouvelle.  

 

– A doncques, mes biens aimés, fit Gaultier en tordant de plaisir les fils de sa moustache, j’ai grande joie de voir venir vos lances à nous et je salue votre secours.

 

– Si fait, répondit Jean, j’ai sous mes ordres deux mille cavaliers, trois mille archers et quatre fois autant de fantassins, avec deux cents seigneurs bannerets sous leurs propres bannières ! Ce n’est pas armée de métier permanente, mais c’est beau coup d’œil, croyez m‘en !

 

– De notre côté, nous avons pris Poudkor par la grâce de Kramouille, ajouta Gaultier, ce qui en droit de prise nous assure en abondance chevaux, voitures et denrées suffisantes, voyez donc comme le présent nous gâte, nous combattrons désormais ensemble pour balancer la tête de Vazy Métoian par-dessus ses murs.

 

– Comme vous, j’aime le tour que prend notre guerre, intervint Vladimir, mais il faudra toutefois d’abord pousser Kiess à capituler par bonnes volées de nos sagettes et entourer les cous de ses bourgeois de bonnes chevessètres de chanvre tressées, si nous voulons faire grigner les dents du tyran.

 

– Hart au cou ! Hart au cou ! Sac et incendie ! approuva toute l’assemblée, en choquant sur ces dires les cornes de bon vin. Pour Kramouille et pour la reine ! Longue vie à sa majesté Amanda Blair de notre Fion !

 

– Qu’une gloire éternelle soit rendue à notre Lady l’imburnée, pour qui nous combattons. Que Kramouille prête enfin grande jouissance à la reine des mandales, pleine des derniers hommes, l’amère des officiers dragons, calice de la grande merdeuse, Amanda la grande brune : Amanda Blairiscus Kramouille gratia Fionnais regina regnat ! 
 
–  Et puis, précisa Richard, s’il n’y a d’autre moyen, nous prendrons les clefs de Kiess par famine de ses habitants.

 

– Il y a autre moyen, lâcha le chevalier Calagale. Tous se pendirent aussitôt à ses lèvres.

 

– Allons, mon ami, lui fit Jean de Always sur un ton de reproche, vous êtes conseiller fidèle et avisé, je devine votre idée, mais nous avons promis sûreté.

 

– Par le cuer Kramouille, fit Vladimir, dox amis, cessez-donc ! je suis moult lassé de vos cachotteries. Parlez, maintenant.

 

– Bien, concéda finalement Jean, segnor preudhomme, nous avons de l’or en quantité. Suffisamment pour nous acheter la paix de Kiess, en tous cas.

 

– De l’or ?

 

– Voyez-vous, après avoir franchi les eaux de la Mouille, notre brave compagnie a traversé le Marais-Jean et rencontré un royaume nommé Touatuacagué, dont la reine Caroline-Marie-Thérèse-Charlotte-Antoinette Touatulanîkée, qui n’avait point mari, a essayé de m’entortiller dans les filets de sa tendresse. L’ampleur de son projet baillé en amour de moi alla jusqu’au mariage et la promesse d’un malencontreux bâtard, dont elle s’engrosse depuis deux mois à présent. Moi, j’ai laissé ma douce femme Mouyse de la Verrière de Always isolée dans mon fief et mes deux chères filles Blanche et Aurore en gage à notre reine, dans son château du Fion. Comme j’ai déjà bon titre et bon mariage avec ma doulce mie, dont la beauté me fait bien sûr outrecuiser, il n’était pas question que ma tombe fut un jour creusée dans ce lointain pays. Nous avons donc usé des stratagèmes de magiciens pour fuir Touatuacagué, en endormant toute son armée et toute sa cour, contre une solide rétribution payée aux sorciers, qui n’est rien d’autre que le trésor entier de ce royaume. Mais il n’est pas vraiment à nous, comme vous comprenez, il nous fallait juste récompenser nos braves sauveurs avec suavité.

 

– Voilà bien diabolique manœuvre, le coupa Gaultier pour lui respondre, tout en sifflant entre ses dents.

 

Le yeux plissés d’Olbo Zgeg brillaient de convoitise sous sa chapka, ces nomades peu fiables ne rêvaient que de butins et de captifs et il y avait grand péril à parler d’un tel trésor devant lui. Ces fougueux sauvages qui ne descendaient jamais de cheval pouvaient bien rendre la cohésion de l’armée plus fugitive, tant l’idée de faire main-basse sur la vaisselle en or aurait le don de les fasciner. Il semblait cependant trop tard, car les choses étaient dites. Olbo chatouilla pensivement son grand tarbouif, mais il n’ajouta rien.

 

– Messires, ordonna Gaultier, ceci estoit chose plaisante à ouïr, mais il se fait tard. Prenez quartiers dans notre cantonnement, allez dormir et nous verrons demain ce qu’il faudra penser.
 
 Une fine pluie mouilla peu à peu la nuit avant de s‘intensifier, alors que les hommes se tassaient dans les tentes pour offrir, bon gré, mal gré, une place chaude aux nouveaux arrivants. Les sentinelles criaient à tous qu’il fallait se hâter. Au milieu de l’agitation que provoquait ce fantastique remaniement venant grossir la garnison, le grand costaud Helleborus Niger détacha sa mule, aidé par sa vieille sœur Hilde et son épouse Zazette, tous trois ne voulant point quitter leur trésor des yeux. Pour se garantir des eaux du ciel, ils se glissèrent sous la précieuse charrette, enveloppés dans les couvertures, mais Hilde souffrait de sang glacé en raison de son âge avancé, elle toussa à fendre l’âme, plusieurs fois, sans parvenir à trouver le sommeil. Il lui fallait bien sûr pour y parvenir et de toute urgence s'assurer la chaleur d’un foyer.

 

– Allons, ma sœurette, lui dit Helleborus, vous serez morte avant demain si aucune tente ne vous accueille en charité. Allez-donc, Zazette et moi veilleront sur ce que vous savez.

 

– Bien raison, mon frère, sagesse ne doit point se cacher. Lasse trop me deuil, je vais dormir ailleurs !

 

 Hilde se leva ensuite sur une abominable quinte de toux, pour se diriger sans attendre à la lumière de son fanal vers la tente la plus proche, afin d’y quémander l’hospitalité. Elle avait crainte d’un refus, car cette grande toile semblait gardée par deux soldats assis sous son auvent. Il y avait sans doute dans cet abri quelques gens d’importance, elle entendait des rires joyeux. Au moins, il n’y avait pas faiblesse de corps ou cris d’amants en rut qu’elle aurait dérangés, mais qui songerait à copuler dans un camp militaire ? Les gardes la menacèrent d’abord du fer tranchant, puis les guetteurs haussèrent tellement la voix contre elle que le silence se fit dans la fragile chambrée. Robin qui Boit passa la tête au rideau et puis, après de courts conciliabules, Hilde fut invitée enfin à réchauffer ses os de croulante au brasero.

 

– Servir vieille dame est servir notre sainte Kramouille, fit Robin, bien entendu, nous avons lits, reposez-vous chez nous.

 

Dans l’ombre pesante que perçait le maigre feu, il présenta tour à tour ses amis présents comme étant moines de la Commanderie d’Aufesse, seigneurie de l'Ordure des Hospitalisés de Sainte Kramouille, car tous se disaient vaillants soldats-prestres de cette honorable milice. Hilde rendit donc aimablement son salut à Chevalier Percevalve aux seins grêles, au Chevalier Yvan de Ladaupe à l’épée vigoureuse, puis Chevalier Gauviens à l’écu blanc et Chevalier Braillard, sans beurre et qui se rapproche. Vint enfin le tour de Jeanne-Mireille d’Arc, de taille belle et fort jolie, mais qui n’avait toutefois pas l’allure de nonne ou de châtelaine, bien qu’elle n’eut pas non plus le jupon retroussé. Il est vrai que pendant qu’elle causait, ses copains se baisaient la bouche et les pieds. Pendant que Yvan piochait à nouveau sa corne vide dans un seau plein de vin soutiré d‘une pipe, avant de chatouiller Gauviens avec des soies de cheval, Percevalve fourragea au milieu des bidons, des musettes, des fourrures, des heaumes et des épées, afin de faire une place convenable à la mémé. Robin leva sa coupe pour reprendre à nouveau sa paillardise, courtoise et agréable ; Hilde se débotta, puis allongea finalement son corps endolori, elle voyait bien que ces bons moines étaient dignes d’estime. Certainement aussi prompts à brandir la lance et briser les écus qu’à glorifier Kramouille, en donnant aux amis le meilleur d’eux-mêmes, ce qui sera toujours l‘empreinte de la vraie grandeur. Ces téméraires n’avaient rien demandé sur sa présence ici et c’était bien tant mieux, elle n‘aurait pas aimé frôler l‘aveu sur le riche Bien public de son propre royaume qu‘elle avait extorqué. Il n’était pas non plus souhaitable qu’ils apprennent que son frère et sa belle-sœur soient non seulement des escrocs de haut-vol, mais aussi, par leur appartenance à la Bronze Compagnie, versés dans la connaissance des esprits malins. La halte était souriante, la tête reposant sur un traversin de paille Hilde frissonna, elle était épuisée. Fermant les yeux aux plaisantes jacasseries de papegay issues de la voix de Braillard, qui racontait aux autres une histoire de grand prix, elle s’endormit paisiblement pour laisser la nuit s’écouler jusqu’à soleil levant.

 

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Bon dimanche et joyeux Noël à tous. [:brain_s:2]

 

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Message édité par talbazar le 25-12-2019 à 12:07:26
n°58412773
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 26-12-2019 à 10:18:15  profilanswer
 

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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Josianne Icroche.

 

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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Josianne Icroche.

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Message édité par talbazar le 26-12-2019 à 10:37:13
n°58426749
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 29-12-2019 à 07:33:52  profilanswer
 

Salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : Coup de chance dans l'hypernole. Extrait numéro 73.

 

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À chaque pas posé sur le sol de la crête, la fine poussière rouge dégagée par la pression des semelles laisse place à de minces traces de basalte grisâtres, qu’impriment derrière eux les bottes du commando dirigé par Adriena. Ils progressent parfois par petits bonds, droit devant eux, avec cette efficacité énergétique que Mars leur autorise. Sortir ainsi est dangereux, mais d’un commun accord, ils ont fait ce choix crucial et maintenant le groupe armé se doit d’aller jusqu’au bout. Six d’entre eux sont des pilotes, des Gebirgsmützen qui seront chargés de veiller sur les commandes du Whale Ship et du Cragstan Tank. Deux types d’appareils redoutablement armés. Vigilante, la troupe garde un œil autour d’elle, progressant vite, avec pour simple obsession le résultat, dont dépend le futur de tous ceux restés dans la base détruite. De temps à autre, Adriena regarde le cadran noir orné de chiffres luminescents qu’elle porte au poignet, les informations fournies par la sonde éloignée lui indiquent que la tempête locale progresse avec régularité, à 83 km/h en vitesse maximale, mais comme il est prévu, ils auront largement le temps d’atteindre leur but avant de la rencontrer. Mise au point toutes les 0,13 secondes. Ultra réactifs, les autres chiffres en rouge tracés sur le bracelet fournissent les données vitales propres au scaphandre, le guide complet de sa seconde peau ; le vêtement est comme ceux des autres doté d’une belle autonomie. Pour le moment, les combis protectrices absorbent les ultra-violets comme des éponges. Du haut de la falaise ocrée, les regards sont comme aspirés par le vertige de leur position, qui plonge leurs yeux contemplant la plaine dans un bain chromatique orangé offert par les dunes et la grande mer sableuse. Déformée, la voix fêlée d’Adriena parvenant dans le casque de Jacky Villerette laisse couler des paroles aux sonorités étrangement androgynes ; il faut à présent déambuler dans une enfilade de roches qui amoindrissent la luminosité. Ils progressent alors l’un derrière l’autre dans un couloir d’un brun chocolat, si étroit qu’ils en effritent parfois les flancs du bout de leurs gants. Tous sont d’anciens mineurs, cette avancée au milieu des gros rochers fait remonter à la surface de leurs esprits les souvenirs du temps de la paix. Autant d’images personnelles heureuses et autant de pépites émotionnelles, diluées désormais dans un destin commun beaucoup plus menaçant. Le soliloque mental merveilleux se dilue peu à peu au bruit des éructations respiratoires lâchées dans les micros. L’effort individuel est devenu l’effort de tous, guidé par la simple idée de survivre ensemble. Ils sont encore en train de cheminer dans le défilé obscur et sinueux, lorsque l’alarme est brusquement lancée. Excepté l’oxygène et la clim, tous les systèmes se coupent immédiatement. On arme les Astroray Guns, les Metralin Soniluz, ils font une bien maigre défense contre la terrible menace aérienne qui se présente.

 

– Panzigs en approche !

 

Deux. Les coques éblouissantes surgissent en un éclair dans l’atmosphère peu dense et fusent très haut dans le ciel, en passant rapidement au-dessus du commando. Une provocation inouïe, dans ce secteur que ces chiens de l’armée ne sont toujours pas supposés contrôler. La destruction de la base a toutefois radicalement changé la donne, sans parler du fait que les mines erratiques ont été rendues temporairement inopérantes. Les engins ennemis disparaissent aussitôt. Au sol, les marcheurs n’ont pas été repérés. Sans la moindre parole, Jacky attrape doucement le bras d’Adriena, puis le relâche, peut-être une manière amicale de montrer l’attachement qu’il éprouve pour elle, avant de reprendre aussitôt la progression. Devenus subitement écarlates lors de l’alerte, les scaphandres de combat redeviennent peu à peu d‘un noir profond. La quête touche à sa fin, puisque l’adjudant-chef Youg Garante est le premier à pointer son doigt sur l’objectif, un bunker isolé et discrètement noyé dans la pierre du canyon. L’assurance à court terme d’une certaine sécurité. Une carte maîtresse abattue dans un jeu qui n’est cependant pas encore joué et qui vient seulement de commencer. L’abondance des paramètres techniques s’affole à proximité de l‘abri, confirmé en bon état ; la présence de ce hangar tout proche et de son espace potentiellement respirable accélère le mouvement pour le rejoindre. L’enjeu est tellement important. Du côté corporel, circulation sanguine et respirations accélérées que trahissent les écrans témoignent de cette précipitation. Il faut à présent redescendre au fond de la gorge, en empruntant une voie quelque peu périlleuse. L’horizon lointain semble s’assombrir, l’ouragan de poussières brunes sera bientôt sur eux. Une vaste zone agitée et dynamique de catégorie 2, conforme au modèle, un bon mur de sable turbulent qui noiera sous peu la surface au gré de sa trajectoire, pendant un bon bout de temps.

 

Ouverture du sas de la station à distance, après le partage des codes, dégageant une petite ouverture latérale qui jouxte la grande baie principale. Une simple escale suit le franchissement d’un petit corridor en plastibéton, le temps d’activer tous les circuits essentiels, avant de pouvoir ôter les casques et respirer librement. Le bunker géant est une merveille du génie indépendantiste, compte tenu des conditions dans lesquelles il a été édifié. Au centre du vaste garage et en pleine lumière, l’énorme Space Whale Ship tant convoité est là, avec son immensité de soute en plastacier où dort un Cragstan Space Tank, armé principalement de sa redoutable X-1 Flashy Ray Machine gun à double canon. Les Gebirgsmützen, une appellation officielle que n’emploient en réalité par les indés, s’affairent aux vérifications, pendant qu’Adriena rassure la base sur la réussite de leur expédition. Le chemin des victoires se trace en marchant, mais elle ne se doute pas que Jacky qui la regarde imagine vivre à ses côtés une existence hors de tout conflit. Le rêve passe un bref instant devant les yeux de l’homme ébloui par son fugitif poème secret, au son des voix et des trappes que font claquer les soldats de la rébellion. Le Cragstan est bien enchâssé dans les entrailles colossales de l’appareil porteur, les deux véhicules sont prêts à mobiliser toute leur énergie pour les transporter. Adriena attend une réponse, puis elle suspend sa phrase, son regard a croisé l’espoir de Jacky. Un désir tellement dénué d’incertitude qu’elle en est forcément troublée. Elle lui rend un sourire sincère, comme une offre sensuelle de répit, peut-être une forme de promesse, mais il faut déjà préparer l’avenir, abandonner les sentiments sur le trottoir de l’imaginaire. Le cockpit du Space Whale est blindé, mais il offre une grande ampleur de vue à cette baleine métallique monstrueuse. Les archives du service prouvent que l’engin militaire, certainement un fleuron de leur arsenal, fut capturé aux forces défédérées il y a moins d’une année, avant de se garer dans l’entrepôt clandestin. Il n’a jamais été utilisé sous la bannière rebelle. Après un dernier échange d’informations, Adriena donne l’ordre du départ et l’ouverture sortie.

 

Le mur libère aussitôt une vision dantesque, avant qu’une marée de sable ne vienne envahir les lieux, en vagues rapides et continues. le Whale imposant est dehors sans attendre, lancé à pleine vitesse dans le formidable tumulte minéral qui fait rage autour de lui, et dans lequel l’appareil aveugle pénètre sans broncher. Alors que la lourde masse en mouvement glisse dans le typhon granuleux pour rejoindre le QG, le ciel de Mars au-dessus de lui est complètement obstrué. Pour l’instant, Adriena n’a pas jugé utile de séparer les deux véhicules. L’avancée au sein de cette muraille de sable est effroyable, mais sans véritable danger. L’équipage confiant note pour l’extérieur une température de -52° à l’ombre, il règne juste dans le poste qui les réunit au sommet de la machine un bienfaisant sentiment de solidarité. Grâce au stratagème qu’ils osent affronter, une malveillance de Panzigs maraudeurs n’est sans doute pas à redouter et encore moins un engagement de l’ennemi sur le sol malmené. Les visages sévères affichent tout de même le blues des batailles, une sorte d’inquiétude muette face au sort partagé, parce qu’en dépit des précautions prises, personne n’est jamais certain de rien. Pendant longtemps, au cours de ce périple extraordinaire, ils n’osent pas parler, alors que le guidage automatique les porte sans faillir vers leur destination. Même l’impulsif et colérique Youg Garante garde les lèvres closes, son corps massif tremble en même temps que les cloisons, mais il se contente comme les autres de laisser son sang charrier sa vie dans ses veines, en attendant d’être arrivé. Les cœurs battent à l’unisson, le vent rageur de la liberté a fait tomber la nuit martienne. Adriena a chuchoté sans levé la tête, elle propose à Jacky de vérifier en sa compagnie on ne sait quoi dans le Cragstan, il la suit docilement, sous le regard indifférent des autres.

 

Ils sont à présent isolés dans le nouveau véhicule, aux dimensions nettement plus réduites, mais qui restent tout de même conséquentes. Il y règne une chaleur suffocante et les vibrations de la course se font moindres. Adriena s’est retournée d’un coup et puis elle s’est rapprochée, une douceur étrange envahit ses yeux.

 

– Je sais que tu le veux. Aux oreilles de l’autre, sa voix feulante n’a jamais chanté aussi suavement. Elle a pris la main de l’homme pour la guider sur ses fesses, ils se sont longuement embrassés. Jacky a l’impression de marcher sur un sol enflammé.

 

C’est ainsi que, débarrassés tous deux de leurs combis, ils ont fait pleinement  jouer l’intensité de leur sentiment. Un jeu d’improvisation tactile, de mains qui montent et qui descendent, ils prennent alors un plaisir tumultueux, qui pourtant n’a rien de futile. Adriena hurle doucement. Ils sont pour de bon réunis, au sein d’une relation complice de meilleure qualité et leur étreinte dure un bon moment. Les deux amants sourient aux corps qui s’emmêlent, ils font le tour d’eux-mêmes, avec une fougue qui ne veut pas se cacher, au sein du décor argenté de plastalumine qui sert d’écrin à leur soudaine passion. Joyeusement et sans retenue, le couple pornifit sans contrat, comme le peuvent et le font les serviteurs légaux de son éminence. Et puis, enfin soulagés, rassasiés de réponses, ils sont remontés sur la plate-forme pour retrouver le centre de commandement du Whale Ship. Avant de se confronter à nouveau aux autres, Adriena a pris les mains de son amant pour l’embrasser encore, encore bouleversée comme lui d’émotions physiques. Atteinte d’une étonnante fragilité, la chef de guerre, d’ordinaire si peu sujette au trouble et à l‘incertitude, a plongé ses grands et beaux yeux en lui, comme on regarde les vagues d’un océan.
 
– S’ils nous capturent, tu crois qu’après, ils nous tueront tous ?

 

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Bon dimanche à tous.

 

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Message édité par talbazar le 29-12-2019 à 07:55:17
n°58431944
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 30-12-2019 à 06:38:12  profilanswer
 

Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Théodose Decame.

 
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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Juste Undoi.

 
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n°58449940
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 02-01-2020 à 08:56:10  profilanswer
 

Salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : Le chant de l'égout. Extrait numéro 01.

 
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Crane rasé, boucle d’oreille, bomber, work shoes, c’est ma dégaine de surface, genre war style, lorsque je quitte mon travail. Plus bas, dans les sombres tréfonds de la cité que j’arpente des heures par jour, c’est plutôt cuissardes, combinaison, casque de sécurité et lampe frontale. Je suis Bébert, l’égoutier sans équipe, fonctionnaire obscur de l’égout qui n’a jamais gravi d’autres échelons que ceux des barreaux rouillés menant à mon domaine. Depuis longtemps déjà, j’ai divorcé de la surface pour habiter un monde souterrain que je surveille, désobstrue et libère sporadiquement entre autres saloperies de ses milliers de rats. Je traque la canalisation prête à céder avec une scrupuleuse vigilance, je veille aux cascades pluviales des caniveaux, je cure les dépôts et les engorgements. Les pieds dans la merde et les naseaux saturés par le vent des  ordures que vous ne jetez plus depuis longtemps par les fenêtres ; j’arpente sans trêve le Tout-Paris par ses boyaux. Loin de mes confrères, j’ai secrètement aménagé mon petit coin de paradis sous l’avenue de la République, un petit deux-pièces au poil situé dans un espace technique désaffecté, avec tout le confort moderne, canapé, table, chaise, micro-ondes, frigo, chaine hi-fi, plaques à induction, enfin le minimum pour se sentir à l’aise et bien chez soi. Et jamais de visiteur pour venir m’emmerder. Faudrait vraiment le vouloir. Quand vient le moment, je l’ai dit, j’ôte mes vêtements pour l’indispensable rendez-vous. J’enfile mes hautes cuissardes et mes gants de caoutchouc, ma veste bleue comme un ciel d’été, puis je pose sur ma tête le casque en plastique dur où trône sa salvatrice étoile frontale cyclopéenne. Mon costume de scène, plus nécessaire que fétiche, mais je n’ai pas cet art d’être élégant. Zeus, Hadès, Déméter ou je ne sais quel divinité a cru me condamner à vivre sous la ville, c’est peut-être pour certains le terrain puant de la damnation, mais en ce qui me concerne, la fatalité du destin que je me suis choisi ne m’a jamais tourmenté. Pour ma part, je crois que l’égout relie l’homme au sacré et moi, votre serviteur Bébert l’égoutier, j’ai reçu la sainte onction de vos vidanges, au milieu des canalisations en fer brûlées par le feu de la rouille. J’assume le sacrifice de vivre dix-sept années de moins que vos cadres que vous dites supérieurs. Sept ans de moins que vos maçons. Je hante les buses creuses, journellement. Solitaire. Je suis passé d’un monde à l’autre pour arpenter les coins les plus reculés des déserts sombres, puisque c’est mon métier. Chez moi, il n’y a ni aube, ni crépuscule, il n’y a parfois que le soleil de ma petite lampe pour venir éclairer ces ténèbres éternelles, dans lesquelles se glissent les rats. Leurs troupeaux ne sont bien souvent que des bruits, des danses de pattes à peine audibles, des couinements plus ou moins économes, des tableaux sonores composés de feulements innombrables qui s’exposent furtivement aux oreilles, malgré eux. En dehors de ces hordes invisibles, ici-bas, de toute façon, l’humanité constate sa froide abscence, ce n’est pas en ces lieux que voudraient se promener vos reines souriantes et vos rois enjoués. D’une façon générale, les multiples branchements de mes regards enfouis ne croisent jamais les vôtres.
 
 Je descends la rude échelle sans âge solidement emmurée et c’est comme si soudain, tout ce qui construit la beauté du monde venait à être subitement congédié. Agrippez avec moi la main courante, ce fil d’Ariane de ma nuit, si le cœur vous en dit vraiment. Je vous souhaite bienvenue dans le vaste rayonnement de l’abandon, du désolé, d’une certaine idée de la tristesse infinie, pratiquement toujours horizontale, toujours sans horizon. Séparé du vivant qui s’anime par un plafond épais. Invisible aux autres. Je déambule dans les secrets de l’Autre monde, à l’écart du monde. L’odeur qui fleure ici est trop humaine, certains outrés diront que non, mais au gré des flux et des souffles vomis par les tripes de la ville, les diffusions qui font mon atmosphère ne sont jamais timides. Mon antre, c’est d’abord une continuité, tout est courbes et rondeurs, comme le ventre d’un long serpent gris, les passages sont rarement anguleux. L’inventaire est noir et inquiétant, ce sont des labyrinthes tapissés de flaques éphémères, où les cascades jaunes tombent dans les bassins gris-bleus aux eaux plus calmes. Au gré de ma circulation, je longe la rivière sale où je sais que je peux perdre pied ; de temps en temps, je saute plus loin d’un pas alerte pour traverser vos boues. Voici une brèche en forme de lune pleine qui perce des zones sombres comme vos inconscients. J’entre dans le cercle parfait inondé d’une lumière blanche, car je suis Bébert l’égoutier, le roi-soleil qui allume les rampes du plafond aux multiples illuminations. C’est mon Versailles, ici. Comme un poisson dans l’eau glacée et rarement tempétueuse, mais toujours un peu glauque, je laboure les champs de pluie que je racle en bottes. Mes pas résonnent dans cette cathédrale aux ravins pollués, aux milieu des halliers de ciment enchevêtrés de câbles, je foule au pied l’éloquence de vos détritus. J’atteins les sources bruyantes jaillissant des falaises grises et concaves qui surplombent la merde, là un mur éboulé déshabille parfois par plaques son ferraillage. Dans cet endroit qui concentre et canalise l’envers de votre âme, je suis un faux aveugle qui déambule, je suspend mes respirations pour remonter la pente, il y a bien longtemps que j’ai perdu l’usage de la parole. Moi, Bébert l’égoutier dissident, l’enfermé mutique circulant au milieu des trous d’eau, j’observe et j’examine les flots rances que la ville catapulte sans complexe dans son réseau vital. Je réponds à l’appel des abîmes et des lames de fond provoqués par l’averse brutale, que la cité cherche à régurgiter dans le dédale de ses souterrains. Parfois, je sais que derrière leur vieux mur en pierres, les catacombes toutes proches exhibent leurs tertres de squelettes. Mon escapade frôle les anneaux ancrés aux parois circulaires, ici marque mon territoire, le ghetto sombre où fusent ici et là les fontaines de remugles, dans les précipices et les gouffres chtoniens. J’en connais toutes les frontières physiques, puisque je m’y injecte moi-même dans le noir complet, au gré de mes auscultations et de mes scrupuleuses visites.  
 
 Mais n’allez pas croire que je sois le seul. Les rats courent en toute quiétude, suivant les voies obscures où le nocturne est bon. Ils rôdent dans leur manteau de poils entre murmures et clapotis. Il arrive que je retrouve certains de leurs noyés flottant inertes dans les marais de béton. Je sais que leurs foules trépidantes me regardent avec leurs yeux brillants. Moi, Bébert l’égoutier, je les gaze et je les enfume, je dépose l’onguent magique qui fit fige leur sang sauvage et noir pour les faire passer de vie à trépas. Mais il est déjà temps de remonter, de quitter le grand collecteur pour s’isoler de l’univers en noir et blanc. Dans mes deux petites pièces à vivre, je bois tranquillement mon café. Plus bas, bien loin de moi, après avoir trainé son gros ventre au pied des murs humides, Charlotte Corday accouche de dix ratons vivants dans un vieux pneu Goodyear. Elle pousse, halète et crie, c’est fait. Bien mieux que sa portée d‘il y a deux mois, avec seulement cinq mioches pondus au fond d’un bidon vide. Charlotte n‘est pas seulement belle et sexy, c’est une rate aux mamelles chaudes.  

n°58458386
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 03-01-2020 à 10:03:11  profilanswer
 

Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Roland Padaire.

 
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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Francis Emil.

 
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n°58471336
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 05-01-2020 à 12:00:22  profilanswer
 

Salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : La jet larguée. Extrait numéro 47.

 

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Le commissaire Laurent Bergougneux allait prendre justement congé, lorsque Richard Abia pénétra dans la chambre où reposait Sonja Sweet Petitcoeur. Debout à côté du lit de l’avocate inconsciente, les deux hommes se serrèrent la main avec cordialité. Le flic trouva son vis à vis un poil trop pâlot, un gars trop jeune pour s’approcher des tracas de l’andropause et de toute évidence très éprouvé par l’événement. Après tout, son stress pouvait se comprendre, puisqu’un sagouin venait de tenter de zigouiller sa copine, quand bien même il occupait actuellement la tête d‘une liste comprenant pas mal de prétendants. Dans son premier bilan, il le rayait de sa liste de suspects, le problème étant qu’il n’en avait pas d’autre, sauf à piocher dans les anciens amants que la petite semblait collectionner. Ce couple récemment constitué n’avait toutefois pas l’air de donner dans l’ivrognerie, les voisins de la blessée ne témoignaient d’aucune engueulade et le tête à tête prouvait présentement à Bergougneux que cet homme ne maquillait pas son inquiétude, ou alors c’était un acteur hors pair. Il faudrait ramer dur pour lui trouver un véritable motif d’assassinat. La vérité était sans doute ailleurs et une avocate pouvait se faire pas mal d’ennemis. A commencer par la compagnie aérienne Petro Jelly, qu’elle osait attaquer publiquement dans les médias. Une piste qui conduisait de façon naturelle au meurtre sur commande, la question étant d’essayer de savoir sur l’ordre de qui, suggérant que la cause centrale du tir serait tout bonnement d’essayer de faire taire la demoiselle. Richard Abia avait déjà un peu oublié le policier, il s’était assis près du lit après la pose de son bouquet de roses sur la table de chevet. Il restait là, à mouliner de sombres pensées silencieuses, devant les câbles qui s’enfonçaient sous la peau de la jeune fille. Une dormeuse qu’un tueur avait loupée, maintenant exposée à une nouvelle violence susceptible de la sauver, plongée dans un sommeil artificiel pour la protéger de la peur. Soutirée d’un réel effrayant pour temporairement ne plus exister. La médecine avait délogé la balle de son ventre, le sang circulait dans ses veines reposées, son esprit sans doute aussi, ce corps trouvait quelque-part en lui un intérêt à vivre, mais le seuil de perception partait du silence pour y retourner, en boucle paisible. La vie n’est-elle pas simplement un songe, que l’on ait réussi de brillantes études d’avocate ou non ? Quelqu’un venait d’exécuter froidement sa vengeance sur cette femme avec un pistolet hors-d‘âge, ça, ce n’était pas du rêve. En observant attentivement Abia au pied de ce lit d’infortune, Bergougneux n’obtenait qu’une seule certitude, d’une manière certes intuitive : si ce gars sincèrement malheureux et sans alibi voulait déguiser sa peine profonde, il n’y arriverait pas. Ce type anxieux aimait sincèrement cette rouquine au bois dormant, la chose crevait les yeux. L’enquêteur chercherait ailleurs à percer les agissements d’un autre, il fouillerait soigneusement les documents trouvés chez la victime, il cernerait au mieux les questions centrales et avec un peu de chance et de perspicacité, il se collerait à un moment donné dans la tête du meurtrier.

 

– Vous savez, commissaire, si vous pouviez l’entendre jouer de la guitare ! cette femme est si réelle, je crois que c’est la première fois que je suis amoureux.

 

Le drame qui bouleversa subitement le couloir effaça de manière brutale la réponse de Laurent Bergougneux. Une tragédie épouvantable venait d’avoir lieu non loin de la chambre, puisqu’une infirmière venait de constater le décès criminel de Marithé Konerie et derrière le paravent, le meurtre par arme à feu du jeune infirmier. Le policier se précipita aussitôt vers la cause de cette agitation, alors que les soignants tâchaient d’éloigner vertement les curieux en robe de chambre qui surgissaient des portes. Du côté de Marithé Konerie, comme le constata le commissaire, plus rien ne courbait, le monitor indiquait calme plat en lignes évidentes, mort clinique et cérébrale, adieu la vie, adieu l’amour et adieu tous les drames. Décès par étouffement, sans doute causé par l’oreiller. Même le flic avait un peu du mal à le croire, en dépit de la sinistre évidence qu’il avait sous les yeux. Quand au pauvre infirmier, il venait de trouver dans la mort un job à plein temps. Plaie par balle, le policier retourna le cadavre, orifice de sortie identifiable, un coup d’œil au mur troué confirma ce point. Le légiste n’aurait pas besoin de le charcuter pour retrouver la munition. Tir perpendiculaire à bout portant, l’orifice de pénétration était bien rond. Un bon gros trou dans le bide, ceci étant dit. On y verrait sans doute mieux après lavage, mais tireur et tiré confinés dans cette chambre, la courte distance allait forcément de soi. Tout comme l’utilisation d’un silencieux, personne n’avait entendu la détonation. Par un simple dégrossissage des évidences, Bergougneux démêla un peu les circonstances qui venaient d’éteindre la lumière chez ces deux victimes. L’infirmier avait sans doute surpris l’assassin en train d’étouffer la malade et l’avait payé de sa vie. La morte s’appelait Marithé Konerie, secrétaire de direction à la Petro Jelly, dont le commissaire Bergougneux venait de croiser le directeur peu de temps auparavant, avant qu’on ne change Sonja Sweet Peticoeur de sa chambre. En regardant le tableau mortuaire qui s’offrait à lui, le commissaire ne pressentait qu’une chose, il allait probablement baguenauder pas mal du côté de l’aéroport, mais ce ne serait pas pour le simple plaisir de regarder les avions décoller. En attendant, il allait mettre sans attendre le grappin sur le PDG Bobby Fiermongol, pour obtenir plusieurs explications.

 

La télévision et plus précisément la chaîne Danmonkanal fut plus prompte aux bavardages. Toujours élégante en toutes circonstances, la présentatrice Victoria de la Jaille, make-up impeccable et glissée dans un tailleur en velours, portait sans attendre aux dernières infos le projecteur sur la Petro-Jelly. Elle annonçait la mort tragique et crapuleuse, qui venait d‘arriver, de madame Konerie sur son lit d‘hôpital, rappelant au passage sa fonction et reliant de fait cette information à la tentative de meurtre provoquée sur la personne de l’avocate des victimes supposées du vol PJ 612 Paris-Kilapile, avec 225 personnes à bord du Airboing H24, dont 212 passagers et un Chihuahua. Un avion que la Russique s’efforçait toujours de retrouver, précisa la présentatrice, en se délectant de placer à chaud dans ses paroles de l‘international stratégique. Un bulletin désastreux qui porta un fer rouge dans le cœur de Bobby Fiermongol, alors que le téléphone allait justement sonner, si brûlant qu’il abrégea instantanément sa durée de vie. Il tomba en lâchant sa bouteille de Porto devant sa télévision sous les yeux de sa femme Anicette, victime d’un infarctus fatal, la mort de sa maîtresse bien aimée lui avait collé un bon gnon dans son myocarde, déjà très fatigué. C’est bien connu, les hommes d’importance ont bien souvent les artères fragiles et la crise cardiaque ricane aux audacieux managers. En tout cas, il était trop tard pour qu’on l’aide à mieux organiser sa vie. L’urée à 0,40g, cholestérol non modifié, fond d’œil ok, test de Kunkel, tout allait bien pourtant. Un homme tracassé par les derniers évènements liés au crash, sans doute, mais pas le profil du surmené fébrile pour autant. Il laissait malgré-tout derrière lui une épouse légitime décomposée qui allait se sentir un peu trop vieillir, du fait d’avoir perdu coup sur coup à la fois son mari et sa meilleure amie L’ambulance se gara dans le quartier résidentiel, puis après avoir constaté le décès de Bobby, le personnel muet enleva son corps au tarif de nuit, quittant le beau monde sans même allumer le gyrophare.

 

Comme convenu, après sa mission délicate, l’agent russicain Alexei Volodbrown prenait un peu de vacances au Nicarasil et il avait trouvé l’adresse luxueuse qui lui convenait. La douceur de vivre. Grande piscine, terrasse et solarium, excellente exposition et vue sur la petite plage. Un cadre enchanteur et un séjour à vivre dans la bonne humeur : il venait justement de congédier une excellente féminissime payée par le service et spécialisée dans la remise en pleine forme des messieurs comme lui. Comblé dans son désir de confort, il admira une nouvelle fois par la vaste baie un décor fait pour rêver, puis il alluma la télé. Sans même attendre la venue des collègues nettoyeurs mandatés par son chef Derek Boututsov, il se dirigea aussitôt vers le balcon de la chambre avec vue sur mer, avant de l’enjamber pour effectuer un vol cette fois pas trop régulier. Une ambiance sportive radicale qui le fit atterrir douze mètres plus bas sur un transat, heureusement à cette heure déserté.  

 

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Bon dimanche à tous.

 

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Message édité par talbazar le 05-01-2020 à 14:33:55
n°58506955
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 09-01-2020 à 05:42:09  profilanswer
 

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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Les frères Capucin.

 

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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Gloire Atoimondieu.

 

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Message édité par talbazar le 09-01-2020 à 09:05:13
n°58525388
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 11-01-2020 à 09:59:04  profilanswer
 

Salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : Noeud coulant pour Martin Smith. Extrait numéro 67.

 

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Du point de vue physique, Doc Morgan et Van Degaffe étaient bâtis en pôles opposés. Dans son costume beige dressant une silhouette imposante, le premier avait vingt ans de moins, des cheveux gris coupés très courts, une tête massive aux sourcils épais, sous lesquels jouaient des yeux perçants qui fonctionnaient au mieux. Son large menton se creusait en son milieu d’une étrange fossette et ce minuscule repli venait souligner chacun de ses sourires généreux. Toujours soucieux de paraître élégant, Doc Morgan, qui ne volait pas son charme, aurait sans doute pu paraître charismatique, s’il n’incarnait en quelque sorte le directeur chargé du service après-vente des contrats de Hubert Van Degaffe. Ce discret sous-traitant aux mains d’or avait par exemple été le véritable maître d’œuvre des opérations sur les vioques rajeunis effectuées dans la maison de retraite les Flocons d’argent. Sportif, Morgan pratiquait l’équitation en maître et avait la coquetterie d’être gaucher, mais alors qu’il opérait, sa main experte ne tremblait jamais. Même si la bio régénération était en fait plus une question d’appareillages compliqués à faire marcher que de coups de bistouris à donner. La relation clandestine et fructueuse qui le liait à Degaffe n’était jamais frustrante et aucun des deux ne se souciait de fouler la morale et les bons principes à leurs pieds. L’un donnait les ordres et l’autre remplissait son compte bancaire avec plus de zéros qu’il avait de cheveux, mais qu’il le veuille ou non, cette relation et ses missions occultes l’enchaînaient étroitement au nabot binocleux. Morgan n’était qu’une pièce du vaste puzzle engendré par Degaffe, mais il en constituait un élément essentiel, tant qu‘il prendrait bien garde de rester muet sur ses services. Leur sulfureuse complicité et la mise en commun de leurs talents conjoints duraient depuis quinze ans, à peine interrompues par le bref internement à l’asile de Degaffe et son évasion spectaculaire orchestrée par Gros Bill. Mais ce n’était tout de même rien d’autre que la relation d’un maître généreux avec son chat ou son clébard, fut-il un roi du scalpel. La maestria scientifique et touche-à-tout de son patron stupéfiait grandement Doc Morgan, il s’attachait donc à lui rendre hommage, en permettant de son mieux la pleine satisfaction de ses clients. La plus fidèle mule du taré génial était le père d’une fille de 20 ans que, tout comme sa femme qui vivait avec elle à Milwaukee, il voyait rarement. Bien qu’il ait su prendre ses distances en faisant preuve d’une certaine prudence, il n’avait dévoilé son désaccord avec son donneur d’ordre qu’au seul sujet du prototype de la femme-rat. Le Doc se montrait certainement satisfait qu’après la mort de ce cobaye effrayant, son concepteur semblait avoir renoncé à la création d’une nouvelle chimère aussi monstrueuse. Il n’était pas bon de se montrer ouvertement pessimiste en face des projets du vieux cinglé, mais fort heureusement, cette lubie inquiétante n’avait jamais dépendue des soins de Morgan ou de sa surveillance. Sur l’invitation de son boss, il venait d’intégrer la vie fourmillante du fantastique volcan, dont plusieurs couloirs se teintaient de couleurs électriques ; c’est donc dans l’atmosphère captivante de l’immense repaire camouflé en montagne anodine qu’il venait d’être informé de l’incendie ayant détruit la Samsara Foundation.

 

– Dites-donc, Hubert, j’avoue trouver votre domaine quelque peu oppressant, mais vu de l’extérieur, la brise marine est très pure et c’est un peu le paradis des oiseaux, n’est-ce-pas ? Il tournait dans sa main un verre de bon cognac.

 

– Vous dites vrai, approuva l’autre en rangeant sur sa table une pile de rapports, ils sont en effet très nombreux et mes hommes s’amusent parfois à les tirer, pour s’entraîner, enfin c’est la raison qu’ils donnent. Je désapprouve bien entendu vertement le vacarme que cette manie entraîne et à vrai dire, la chose n’arrive pas souvent.

 

– De biens méchants bandits. Doc Morgan rigola doucement, puis il porta son eau-de-vie à ses lèvres. Vous avez sciemment éliminé le professeur Karamasow, notre ami était donc devenu si encombrant ?

 

– Brüder s’est montré d’une incompétence insoutenable en perdant de vue le danger qu‘une enquête pouvait représenter pour moi. Un des pivots de mes recherches actuelles, le rat Echo 16, a disparu en raison de sa négligence coupable. C’est ce qui arrive tôt ou tard avec les orgueilleux qui s’enlisent dans leur routine et la paperasse. En définitif, le feu est un phénomène moins dangereux que l’action de certains négligents. Enfin bref, vous n’êtes pas non plus le responsable du service incendie de la Samsara Foundation. Je sais que vous développiez un rapport amical, Karamasow et vous, mais je vous en prie, ne vous tuez pas à me le répéter.

 

Il aurait fallu ignorer tout de Van Degaffe pour ne pas voir dans cette injonction anodine une menace voilée. Surtout que disant ces dernières paroles, il venait brusquement de pivoter sur lui-même pour fixer son vis à vis dans les yeux.

 

– Comment se porte cette chère Mathilda, Doc ?

 

– Aux dernières nouvelles, on ne peut mieux, merci. Il savait bien que l’allusion à sa femme ne cherchait en vérité qu’à enfoncer le clou.

 

– J’en suis ravi. Venez, quittons ce bureau, j’ai quelque chose à vous montrer.

 

Tout en circulant dans une longue enfilade de murs aux couleurs pastels, laissant derrière eux les appartements privés au jardin mirifique baigné de soleil, les deux hommes discutèrent de choses et d’autres, Morgan déplorait pour sa part la fermeture des Flocons d’argent, le palace pour vieillards au sein duquel il avait tant œuvré au rajeunissement d’un bon nombre de riches croûtons. Les investigations et de rares aveux conduisaient depuis cette clôture à faire du docteur Hubert Van Degaffe, partant d’un épicentre français, une sorte d’ennemi public planétaire n°1. Les complices gloussèrent de concert à cette idée.

 

– Dites-donc, vous le saviez que Karamasow était originaire de Niagara Falls ?

 

Ils sortirent de l’ascenseur pour arpenter un niveau un peu plus austère. Au bout d’un nouveau couloir aux murs cette fois immaculés et luisants, deux gardes débarrèrent à leur approche une lourde porte blindée aux dix tenons d’acier, une ouverture mesurant certainement 80 cm d’épaisseur. Ils longèrent ensuite une série de laboratoires vitrés brillamment éclairés, où s’affairait un nombreux personnel en blouses blanches, puis ils pénétrèrent dans l’un de ces locaux après la reconnaissance exigée. La pièce formait un curieux mélange de parois montées en briques, en partie plastifiées en blanc sur la partie inférieure. Quatre étranges cubes transparents renfermaient d’énormes tubulures lumineuses crachant leurs rayons à l’instar de luminaires fluorescents et bleus. Des enfilades d’armoires banches séparaient plus ou moins le laboratoire en deux et au pied de chacune d’entre elles, des grilles au sol supposaient l’activité d’une intense ventilation. Le vaste espace s’encombrait de consoles diverses ou luisaient des lueurs fixes ou clignotantes, certains de ces étranges tableaux de commandes semblaient pouvoir être déplacés aisément et leurs cordons d‘alimentation serpentaient sur le carrelage. Avec l’aisance du maître en son domaine, Van Degaffe contourna une table immense et mena son acolyte vers une série de cages, désignant en particulier l’une d’entre elle qui baignait dans une lumière violente. Ils étaient pour le moment seuls dans cette salle singulière, le propriétaire des lieux y avait probablement veillé. Doc Morgan était déjà venu un certain nombre de fois dans le volcan, il n’était pas outre-mesure surpris par le décorum scientifique qui les entourait. Il s’approcha un peu lorsque, du doigt, son patron désigna la cage isolée placées sous les fortes lampes.

 

– Bonjour. Belle 2K10, fit Degaffe au rat blanc qui l’occupait.

 

– Je n‘en peux plus de cette lumière permanente, docteur, j’arrive pas à dormir.

 

– Ma petite chérie, il vaut sans doute mieux ça qu’un sommeil éternel, tu crois pas ?

 

– Si vous le dites. J’ai les crocs, ça fait quinze jours que j’ai rien mangé, vous abusez.

 

– Comment, s’exclama Doc Morgan, ce rat n’a rien avalé depuis 15 jours et il est toujours en vie ?

 

– Effectivement, répondit Van Degaffe, en s’emparant de Belle 2K10 pour la poser sur son avant-bras, tout en contrôlant sur un écran proche une série de calculs mentionnant les dernières valeurs systoliques et diastoliques du cobaye.  

 

– Des tourteaux OGM, des grains, des céréales des frères Kellogg, de la mélasse, de l’herbe même si vous-voulez, je m’en fous, fit l’animal suppliant aux yeux rougis de fatigue.

 

– Voyez-vous, fit Van Degaffe à Doc Morgan, en ignorant la supplique de son rat, cette bestiole cherche à conclure une expérience entamée par sa collègue Echo 16 et c’est pourquoi cette dernière m’était tellement précieuse. Aucun débordement des macrophages, les monocytes se tiennent peinards, aucune production excessive de cytokines ; là où il est, Darwin doit en faire des cauchemars !  Madame promène bien entendu dans ses artères un petit cocktail importé de Khelline et de Taxol, mais surtout, elle est pratiquement devenue plante ! Alcaloïdes, polyphénols, terpènes, on y trouve un peu de tout, regardez sa peau un peu boursouflée à cet endroit rasé, elle est remplie de trichomes. A partir de simples cellules allogéniques de bananier pas mal trafiquées, cette rate produit ses glucides comme les végétaux, il lui suffit juste de boire de l’eau et de respirer. Vous avez peut-être devant les yeux le premier animal photosynthétique de l’histoire. De quoi faire exploser en bourse les actions de la Samsara, si notre bestiole tient le coup encore un moment.

 

– J’ai faim, docteur, protesta encore Belle 2K10, alors que Degaffe remettait cette chlorophyllienne dans sa cage à l‘intense clarté. La croissance de vos revenus, je m’en bats les reins et en tant que nutritionniste, vous ne valez rien !

 

–  Impressionnant, fit Doc Morgan.

 

Un signal rouge et insistant indiqua qu’une personne demandait à rentrer. Van Degaffe et Doc Morgan rejoignirent Clodo Gueule de Bois dans le couloir.

 

– Gros Bill est de retour, patron, mais il y a un peu de grabuge. Joe Gangsta a une prune coincée dans ses boyaux, il est inconscient, mais faudrait faire vite, il pisse le sang par le nombril comme une barrique de beaujolpif.

 

Clodo emboîta les pas rapides des deux autres vers l’ascenseur qui conduisait au secteur médicalisé, où patientaient Bill et sa bande. La balle dans l’épaule de Ricki le Dingo était en train d’être extraite dans une salle annexe. Des infirmiers avaient déjà pris Joe en charge, Doc Morgan s’installa immédiatement dans le bloc pour l’opérer. Gros Bill renvoya ses hommes, il resta seul avec Degaffe. Le malfrat corpulent ne montrait pas sa gueule du mec radieux.

 

– J’ai les flics, professeur, mais avant de quitter les eaux d’Oahu pour retrouver le Sea Fox, il a fallu vider des flingues. Cheebe Surger et Le Barbouilleur on servis de steaks aux requins, mais l’ennui, c’est qu’une balle perdue a dégommé pour de bon Gilbert Tricard, je suis désolé.

 

– Décidément, Bill, on ne peut rien vous demander, c’est triste de voir ça.

 

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Bons samedi et dimanche à tous.

 

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Message édité par talbazar le 14-01-2020 à 06:58:17
n°58557350
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 15-01-2020 à 11:57:32  profilanswer
 

Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Edouard Pentage.

 

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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Christophe Ensadieu.

 

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Message édité par talbazar le 15-01-2020 à 12:12:08
n°58588806
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 19-01-2020 à 13:02:00  profilanswer
 

Salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : Biographie de Gaston Boudiou. Extrait numéro 56.

 

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Le Ford bleu pétaradant débarque sans prévenir dans le paysage, remorquant sa tonne à eau grise, puis il se gare en face du château. Le paysan à bretelle qui le conduit reste un moment assis sur son siège, scrutant tour à tour la ruine et la puissante cylindrée stationnée en face de la vielle bâtisse décatie ; ce pèquenot mal rasé en chemise à carreaux qui vient de surgir sur son tracteur à l’improviste a toute l’allure banale d’un gars du cru. La fenêtre qui donne sur lui encadre aussitôt les figures des kidnappeurs placés en état d’alerte. Brandir un flingue sous le nez de ce plouc pour le faire déguerpir, comme le suggère aussitôt Christophe, ne semble toutefois pas aux dires de Raymond la réponse la plus appropriée à cette situation. Il est pourtant évident que quelqu’un doit se dévouer au plus vite pour écarter le gêneur gentiment, puisque ce villageois et sa machine ne peuvent pas s’attarder une éternité ici, sans qu’on ne fasse rien pour l’en empêcher. Raymond s’efforce alors de pomper en lui tout ce qu’il peut trouver de naturel et de spontanéité, avant de partir à la rencontre de l’importun, un type bien à sa place dans le paysage bucolique, qui sent la vache et qui n’est probablement pas titulaire d’une licence de philo. La chaussure de Toupidor écrase sur une marche de l’escalier pourri la page d’un Ciné Paris illustrée par une photo un poil érotique de l’actrice Françoise Brion, alors qu’il descend tranquillement au rez-de-chaussée. Le cerveau du chef de la bande turbine à plein régime, parce qu’il sait devoir prendre garde à ses paroles, lorsqu’il chantera sa messe à ce paysan ; puisque chacun des mots qu’il prononcera va sans doute rapidement faire le tour du pays. Le village même pas folklorique de Saint Frusquin n’accueille jamais de touristes, tout comme les ruines de son vieux château. L’inconnu est toujours assis sur son tracteur, en apercevant Raymond sortir du château, son air est un brin soupçonneux.

 

– Bonjour mon brave, fait Raymond, en s’approchant pour lui serrer la main. Une poigne forte, mais qui bizarrement n’a rien de calleuse.

 

– Bonjour. L’autre lui répond d’une voix bourrue. Jolie voiture, ajoute-il, en désignant du doigt la grosse Mercedes et en offrant un visage plus détendu, ça doit séduire les filles ! La 2cv bigarrée de Wronski a été en revanche soigneusement mise hors des regards.

 

– Je ne me plains pas. Qu’est-ce que vous faites ici ?

 

– Pardi, je viens de pomper de l’eau dans la mare, comme toujours. C’est plutôt à moi de vous demander ça, vous êtes de Paris ? Il avait sans doute pigé la plaque d’immatriculation de la voiture, inutile de mentir là-dessus.

 

– Oui, je fais dans le cinéma, avec mes deux autres coéquipiers, nous sommes en repérages pour trouver le décor idéal, un film d’horreur avec des vampires, vous voyez le genre ?

 

– Ah bon, vous êtes donc trois là-dedans, faites attention, c’est un peu dangereux, ces vieilles ruines. Du cinéma, ben mon vieux ! Et les acteurs, on sait déjà qui ils seront ?

 

– Françoise Brion, ou peut-être Dorothée Blanck. Avec Paul Meurisse, mais c’est pas sûr et on ne tournera que l’année prochaine. En tout cas, on pourrait réaliser de bonnes scènes ici. Qui sait, on vous prendra peut-être comme figurant, lâche Raymond en s’efforçant de sourire.

 

– Connais pas ces filles-là, fait le paysan, un brin dépité. Un film à Saint Frusquin, ça va remuer le patelin. Pensez-donc, on n’a même pas de cinéma, faut aller à Saint Derche pour ça  ! Moi j’y vais jamais, j’ai pas le temps. Bon courage alors, j‘ai mon eau, je peux y aller, au-revoir monsieur.

 

– Au revoir.

 

L’homme redémarre finalement son tracteur au grand soulagement de Raymond. Pour un peu, il aurait trouvé ce gus des bois un peu trop poli et civilisé. A l’intention de Gilles qui l’observe attentivement derrière la vitre sale, Raymond lève le pouce pour lui signaler que tout va bien. Le danger immédiat semble écarté. Quand il retrouve ses complices, il s’aperçoit qu’ils ont eu la prudence de bâillonner Joe, Angèle, Gaston et Antigone, que menace toujours Gilles avec son fusil de chasse. Maintenant qu’ils venaient d’être vus, il faudrait songer à partir, ce château croulant devenait une adresse plus que jamais provisoire. Mais le trio s’en trouve quitte avec une bonne suée; visiblement, les parages ne sont pas si déserts et ce damné cul-terreux reviendrait certainement dans le coin.

 

– Qu’est-ce qu’on s’emmerde, remarque Christophe en agitant son pistolet, on a qu’à descendre tout le monde, on touchera le pognon, de toute façon. Gaston Boudiou a aussitôt la chair de poule en entendant cette terrible sentence.

 

– Une escroquerie à la fausse qualité ? lui répond Raymond, non, tant qu’on peut, on livre la marchandise. Hugo Iseouine de la Nouille aura racheté sa fille à prix d’or, après-tout. Et puis, si on doit se faire prendre et rendre la monnaie, on paiera moins cher devant un tribunal, j’ai pas envie qu’on me coupe le cou.

 

– Un truc qui n’arrivera jamais, lance Gilles pour conclure, en baissant son arme.

 

– Quoi, qu’on me coupe le cou ?

 

– Non, qu’on rende la monnaie.

 

Le tracteur a fait son chemin en bringuebalant sa citerne jusqu’à la route, où il rejoint deux ambulances avec médecins et infirmiers, deux véhicules de secours placées là au cas où un drame devait survenir et que la mission venait à verser dans le traumatisant. Le faux paysan descend à terre prestement et va saluer le colonel Patrick Enbois, commandant du groupement de gendarmerie de Saint Derche. Le gradé sort de sa voiture de police, où il recommande à Brigitte Parade de bien vouloir rester assise à l’arrière. Elle est l’élément-clef du dispositif en cours, puisque après réception de la lettre de Gaston, elle avait immédiatement informé les flics des doutes et de la destination de son copain. Après les vérifications d’usage, l’affaire semblait en effet  si grave qu’il lui avait bien fallu montrer la lettre aux gendarmes, sans pouvoir occulter, en dépit de sa honte, le fameux  passage où Gaston précisait qu’il embrassait sa chatte délicieuse. Elle reste donc sur son siège, de ravissantes mèches blondes sortent sous sa casquette, mais c’est une triste silhouette juvénile lasse et désemparée, pétrie par l’angoisse et le cerveau contracté par une inquiétude inimaginable. Beaucoup d’uniformes s’affairent encore autour de la voiture où Brigitte a obtenu le droit d‘écouter Adamo, mais le gros des hommes armés est entré en action depuis un bon moment maintenant, en partant s’égayer en bon ordre, se faufilant dans les bois entre les arbres aux troncs tourmentés. Une progression silencieuse qui n’est pas de santé, quelques-uns tiennent des Malinois en laisse.

 

– J’en ai compté trois, mon colonel. Une voiture. Le type avec qui j’ai parlé correspond bien à la description, Raymond Toupidor, apparemment.

 

– Les otages ?

 

– Pas vu. Probablement dans le château. Un seul véhicule, j’ai pas vu la 2cv.

 

Après sa discussion avec l’homme au tracteur, Patrick Enbois doute de moins en moins qu’il puisse s’agir d’une plaisanterie. Conforté par la justesse des éléments en sa possession, il convient qu’il y a bien ici une femme enlevée et des adolescents aux prises avec de dangereux gangsters. Une histoire de vie privée, d’un couple en crise marqué par une trahison amoureuse, suivie d’un enlèvement crapuleux de la maîtresse par l’amant pour faire chanter un père doté de riches moyens. Le monde bouge, se dit le commandant en empoignant son talkie-walkie, les jeunes se révoltent à Paris, mais le crime immuable complote et perdure, comme il le fait depuis la nuit des temps dans l’ombre des siècles. Les vies des gens ne sont pas toujours des poèmes, un policier le sait très bien. Saint Derche hérite à présent de l’affaire la plus grave depuis la tragique disparition de la petite Colette Robinson, pauvre gosse disparue cinq années plus tôt sous les coups d’un maniaque. Enbois se focalise sur la préparation opérationnelle, après avoir sécurisé la circulation routière, heureusement presque nulle en ces lieux. La nasse encerclant la canaille est en train de se mettre en place autour du château et le commandant gère par la voix son déploiement. En théorie, les criminels sont privés d’issue, mais il est encore difficile d’évaluer le degré de violence auquel il faut faire face, l’objectif étant de détruire ou arrêter la cible, afin de libérer les prisonniers. Dissimulée dans la forêt, l’équipe des chasseurs humains qui avance à pas de loup est à présent lancée sur la piste de bêtes féroces, au minimum trois hommes armés supposés dangereux. Au-delà des sottises du discours amoureux de la lettre de Gaston Boudiou à Brigitte Parade, le portrait des kidnappeurs suggère la menace. Enbois coordonne donc l’approche invisible de ses hommes avec la plus grande prudence et la meilleure cohérence, en fonction du territoire. Le survol trop voyant de la ruine par un hélicoptère n’a pas été envisagé. Les forces de gendarmerie avancent vers l’objectif, sur la promesse d’un jeu qui n’en est pas un, ils enfoncent leurs bottes dans la flore du marigot, mais heureusement, les bois de Saint Frusquin, ce n’est pas la jungle de Bornéo et les flics avancent rapidement, avec des précautions de sioux. Les frondaisons ne sont cependant  pas dupes et les geais haut perchés lâchent des cris rauques, ils poussent des gloussements perçants en observant les hommes et les chiens envahir leur domaine de verdure. Le peuple de l’ombre est en alerte, l’essentiel étant que les trois autres manches violents ne le soient pas. Le terrain mal drainé devient plus ferme et le rideau de chênes s’ouvre enfin sur la vision du château, où l’on ne distingue aucun signe de vie. Au bout d’une heure, ignorant la grande chasse aux fauves dont il est l’objet, Raymond a de nouveau soulevé la poussière de l’escalier monumental, sa lettre écrite pour le père d’Antigone à la main. Le photographe espère qu’en son absence, Christophe ne va pas se permettre certaines choses avec les filles, un abus qui n’entre pas dans ses plans. L’ancien amant d’Antigone sort seul, ignorant qu’il est épié par des yeux attentifs, puis il démarre la Mercedes pour entamer un voyage qu‘il espère fertile. Assis au volant, alors qu’il s’engage sur le chemin creux, son esprit ballotté par les chaos vagabonde pourtant un instant sur une image hideuse de tête tranchée.

 

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Bon dimanche à tous.

 

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Message édité par talbazar le 14-02-2020 à 07:16:51
n°58616665
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 22-01-2020 à 14:30:38  profilanswer
 

Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Edouard Tagnan.

 

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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Fred Eurducoude.

 

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Message édité par talbazar le 22-02-2020 à 09:18:53
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talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 26-01-2020 à 14:13:26  profilanswer
 

Salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : L'épilée du Nil. Extrait numéro 102.

 

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Devant ses yeux mi-clos et sous l’effet de la fièvre, l’ombre des barreaux de la prison ondulaient en vagues sombres et lentes sur le plâtre blanc. Son cerveau embrumé flottait dans l’espace entre paille et plafond, ses membres semblaient aussi rigides que du bois mort. Si Valisensouth souffrait de sa blessure au ventre, les médecins qui l’avaient examiné le pensaient hors de danger, car il était très important pour Merdenkorinnanâr de le ramener vivant. Le général l‘avait donc très bien soigné. Dans un autre coin du cachot, Amétatla et la comptable Katikèlsalop calculaient le déficit et le manque à gagner pour la CGPT. Une fatale banqueroute semblait plus que probable, occasionnée par la carence des activités commerciales de l’entreprise itinérante sur le marché national des tissus et poteries, en raison de l’emprisonnement des principaux associés. De telles opérations ne représentaient toutefois qu’une pure spéculation de l’esprit, puisque la mort viendrait de toute manière décapiter toute cette belle énergie, avec la prochaine mise au tombeau des dirigeants. Grâce au fer d‘une simple broche, la femme de Tépénib alignait fébrilement les chiffres désastreux sur la terre battue, un simple remède pour chasser de ses pensées la vision de la gueule déjà entrouverte des crocodiles royaux. L’angoisse enfonçait ses ongles dans le cœur fragile d’Aménorée, la peur empoignait ses viscères, son courage battait en retraite et son front admirable brillait d’une sueur ruisselante ; il lui semblait que déjà, le grand peseur des âmes se présentait devant elle pour lui tendre la main. Anubis la fixait de ses yeux minuscules et perçants, le chien au corps d’ébène l’appelait du fond des profondeurs immondes de la prison, des scarabées d’or luisaient sur sa poitrine d’homme, où battait le cœur d’un dieu immortel et terrifiant. La silhouette massive la regardait fixement et présentait sa grosse main musclée, exposant rien que pour la pauvre femme les dangereuses couronnes de ses crocs d’ivoire ; la condamnée laissait fuir entre ses lèvres une pauvre prière à peine murmurée, pour tenter de chasser l’épouvante de sa vision. Patiemment, dans les heures plus longues que des heures, elle nettoyait les excréments de son enfant ou lui collait son sein dans la bouche, en le portant au milieu de ses bras aimants ; à peine éclairée par la lumière pouilleuse de pauvres lampes à huile, elle vérifiait à chaque instant que sa propre peur ne vienne pas à pourrir le trésor de sa chair. La délicieuse Avouktebel avait le teint mat et de grands yeux noirs, une beauté qui rendait plus cruelle l’avanie physique du petit prince Moisi, un désastre corporel qui n’avait malgré-tout jamais effrité le sincère dévouement de Keskiya pour lui.

 

Le côté nord du cachot s’emplissait en revanche de grognements joyeux, offrant un spectacle grandiose. Les deux romains besognaient en effet les quatre romaines en artifex de l’amour, avec adresse et habileté, jusqu’à les faire succomber d’extase. Nus comme des vers, ils transformaient allègrement les lieux en porneion et le groupe formait un pêle-mêle fabuleux. La règle unique de leurs ébats et de leur jeux semblait simple, il fallait se donner ensemble un maximum de plaisir. Vequetum enlaçait donc étroitement Meretrix qui pesait de tout son poids sur le corps de Publica, elle même offrant sa chair brûlante à Tampax, lequel offrait de douces sensations à la fois à Meretrix mais aussi à Scortum. Ils s’offraient les uns aux autres, partitis temporibus, et recevaient en retour l’hommage des chaudes caresses simili ratione. Le déroulement de cette puissante orgie ne manquait pas d’action et les romains s’enchâssaient en mouvements tournoyants, au bruits de leurs intenses respirations. Les filles révulsaient leurs yeux trop maquillés sur le ciel des épaisses voûtes de pierre, les hommes emplissaient les bouches cramoisies, puis débordaient ensuite d’une joviale vulgarité, au gré de sauvages chevauchements. Après deux bonnes clepsydres de ces duels torrides, les stimuli s’estompèrent enfin et leurs efforts cessèrent de se déployer, l’écho des feulements se fit peu à peu moins passionné. Le silence imposa ensuite une loi nouvelle et la prison redevint cet espace menaçant, un trou putride qui les enfermait tous, aussi puant que l’arrière d’une boucherie où s’entassent en tas hideux les déchets des bêtes égorgées. Joues vermeilles et yeux rieurs, Lupa complimenta l’outil de Vequetum et Meretrix s’attacha à remettre de l’ordre dans ses cheveux. Scortum tardait à s’échapper des bras solides de Tampax, dont elle voulait goûter jusqu’au bout la bienfaisante proximité. Mais toutes estimèrent plus tard en s’attifant avoir été correctement traitées.

 

– Bon, les garçons, fit Lupa, aujourd’hui c’était promotion gratuite histoire de faire connaissance, mais la prochaine fois ce sera payant !

 

Et les romains se tapaient sur le ventre en riant, ils oubliaient ainsi la douleur de leurs gros hématomes causés par les soldats. Les nobles enfants de Rome faisaient assaut d’une bonne humeur visible, évidemment nullement partagée par leurs co-détenus.

 

–  Vous savez quoi, les gars ? fit Meretrix, nous, nous sortons demain, mais vous allez être transférés vers la ville de Ankhelkarton-Tulmé, pour être jetés aux pieds de la pharaonne. Si vous le voulez, on peut s’arranger pour vous faire évader.

 

–  « Pluie du matin, en juillet est bonne au vin». Le petit Moisi s’était approché d’eux en claudicant. Comme il les regardait en louchant de ses yeux innocents, alors qu’il s’avançait dans l‘ombre qui préservait jusque-là l’intimité du groupe, les romains se rendirent compte qu’avec deux blessés et ce pauvre mioche cabossé, en plus d’une jeune mère accompagnée de son bébé, aucun plan d’évasion n’avait réellement la moindre chance de réussir.

 

–  L’armée nous tient dans ses griffes, dit Tampax, désignant les autres prisonniers avec son doigt, nous pourrions sans doute nous échapper, mais pas eux.

 

–  Alors, lâcha Scortum tristement, si vous refusez notre aide, ego dicam, sed ausculta modo : les bourreaux de Néefièretarée vous ouvriront le ventre, jusqu’à ce qu’il ne vous reste plus une seule goutte de sang.

 

– Oui les mignons, c’est vrai ce qu‘elle dit, fit Lupa, pour appuyer les dires de sa consœur, sans nous, vous êtes déjà des ossements pitoyables enserrés dans leurs chaînes !

 

– C’est sûr, constata Vequetum Fourlanus, en nous voyant, la reine ne va pas nous couvrir de cadeaux ! Il s’imagina déjà poussière noire, grillée sur un feu de bois, il ne put s’empêcher de frissonner à l’idée des souffrances qui l’attendaient au bout de son périple.

 

– On dit qu’elle refile des gazelles à son guépard au petit déjeuner, ajouta Publica, comme si l’appétit naturel du félin royal pouvait prouver à lui seul l’ignoble cruauté de sa maîtresse.

 

– Bon, c’est d’accord, fit Tampax en murmurant, on va réfléchir.

 

Le lendemain, à l’heure où Khépri pousse lentement son disque sacré, les fumées matinales s’échappant des maisons blanches brouillaient les rues de Talkontoupoli, les chats errants et bien nourris glissaient le long des murs en pierre, Râ honorait dignement les façades des temples de ses rayons bientôt brûlants. Devenus nouveaux vigiles des dieux et réveillant à grand bruit l’apathie séculaire de ces grands bâtiments, des ouvriers en pagne frappant sur des burins de cuivre oeuvraient déjà dans les hauts de treillis de bois ajustés avec soin. Le Nil endormi et vidé de ses voiles gardait encore ses navires, où brûlaient parfois, comme à bord du « Roi du Delta », les fanaux de la nuit, les bateaux de toutes tailles aux cales déchargées s’amassaient le long des quais. Sur ces derniers sommeillaient aux marches des escaliers de grands oiseaux immobiles et blancs, nullement incommodés par les odeurs de vase ou le ballet importun des insectes d‘eau sortant des nénuphars. De maigres vaches arrachaient l’herbe sur les berges, indifférentes aux coupeurs de ces roseaux dont on ferait les toits. Un vent doux faisait trembler sans vigueur le long velum en toile de lin occultant le soleil au-dessus de l’artère principale sillonnant la cité, où toute l’armée évacuée de son camp provisoire était en train de se rassembler en bon ordre. Les soldats s’amassaient un à un au milieu des chevaux et des ânes, fouillant de leurs sandales la rue terreuse, piques baissées et discutant entre eux de choses et d’autres, ils ceignaient sur la hanche la masse ou la dague, recevant au passage l’hommage muet des jeunes palmiers. Sifflées par les brasseurs de bière, les femmes aux peaux dorées portant l’eau sur la tête s’écartaient des bidasses marchant au pas cadencé, elles cherchaient prestement l’abri au seuil des boutiques encore fermées. Des moutons moins rapides se faisaient botter le cul pour dégager. Les bêtes fuyaient alors en bêlant, avant de piétiner les draps aux épices rouges étalées sur le sol. Assis sur les remblais surélevés des terrasses où vrombissaient les essaims de mouches, des gosses agitaient leurs pieds, en saluant cette troupe de la 235ème Brigade de la 22ème Division d’infanterie du 34ème Corps comprenant le 15ème Lancers de boules en pierre qui défilait sous eux, certains de ces gamins joyeux remplis de bons gâteaux aux fruits étaient parfois rejoints par leur mère aux seins nus. Quelques mioches en position dangereuse recevaient alors sans moufter une bonne claque sur l’oreille, avant d’aller se replier en pleurant dans leur maison. Réveil sonné à la trompette, ablutions torse nu, offrandes à Horus et breakfast avalé, après avoir salué les trois hommes du régiment du 8ème des zébus auto-propulsés, le général Merdenkorinnanâr s’était rendu dans la prison municipale, constatant avec satisfaction que les blessures des prisonniers n’avaient pas empirées. Les geôliers libéraient quatre putes romaines qui avaient fait leur temps, le militaire ne leur prêta aucune attention, elles suivraient probablement l’armée, il était peu probable qu’elle se mettent subitement à cultiver un champ pour trouver de quoi vivre. Madame la belle-sœur de la reine, raide comme une statue, aux ongles noirs comme du charbon, fut conduite en brancard vers sa belle litière où elle fut déposée ; Schrèptètnuptèt gardait toujours pour elle ce mystère lui donnant l’aspect d’une morte sans l’avoir tuée. Les porteurs des véhicules de sa cour coordonnèrent leurs efforts sur les brancards de la Simkâ GL pour la transporter. Les chars de guerre prirent l’avant-garde sur la grande route qui longeait l‘immensité du Fleuve-Roi, directement suivis par les hommes de la « Gifle Brigade » et de la longue file des fantassins. L’armée s’apprêtait en effet à serpenter vers l’impalpable horizon, entre les collines et leurs jolies vallées, les marécages buissonneux et la mer des dunes sableuses. Elle paraderait sous les regards prudents des lions et des chacals qu’elle ferait sans doute fuir, si les bêtes n‘avaient pas leur gueule trop avidement plongée dans une carcasse. La moitié de la petite ville courait derrière le convoi martial pour l’acclamer, injuriant à nouveau au passage les charrettes aux prisonniers, de pauvres loques en train de quitter un sommeil secoué de rêves affreux. La foule vindicative surgissant des ruelles criait rage et hurlait à l’espion. Devant ces énervés en train de rugir, Amétatla brandissait la figurine d’exécration qu’elle avait sommairement sculptée dans un bout de bois, à leur attention. Soutirés de leur sombre cachot, les condamnés fermaient en effet la marche de cette longue colonne et à chaque chapelet d’injures, Tampax Nostrum se retournait devant les villageois. Alors applaudi avec délectation par Vequetum, le romain hilare relevait parfois sa tunique pour leur montrer son cul.

 

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Bon dimanche à tous.

 

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Message édité par talbazar le 26-01-2020 à 18:47:01
n°58712980
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 02-02-2020 à 06:38:27  profilanswer
 

Salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : La saga du trône de Fion - Tome 2 - Sus au sein royal. Extrait numéro 55.

 

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La guerre sonnait peut-être aux portes des Frissons, on le savait, on la redoutait même beaucoup vu qu’au pire, les vaincus éternels y perdraient la vie ou au mieux leur semence. De cette façon, la doulce crème se figeait dans les barattes à beurre, la peau des chèvres ne se tannait plus devant les ateliers, puisque beaucoup délaissaient leur ouvrage pour en discuter entre eux. Dans sa robe longue et violette, la reine Berthe de Boucogne vaquait dans les grandes salles en grand trouble, depuis qu’elle avait vu les estrangers s’entretenir avec le seigneur vicomte Benoît Taillenfer. Elle était tellement tracassée par l’évènement que sa mise s’en trouvait négligée et qu’il ne rasait plus les poils épais qui repoussaient sur sa jambe innocente. Madame n’était plus trop joyeux et la petite princesse avait son coup de cafard, car il savait que Taillenfer s’agitait contre sa présence sur le trône dans de sombres complots. Le vicomte menait une guerre secrète pour faire peser son influence et redoublait avec ses partisans de ses efforts de pénétration dans le cerveau du roi, pour conclure une paix des braves et pactiser en bonne entente avec les Amazonardes. Le seigneur dissident et les siens déclaraient vouloir en finir avec la haine ancestrale, cette idée même portait en elle un puissant germe de régicide, dont Berthe pouvait craindre qu’il serait la première à en faire les frais. La noble épouse connaissait moult choses que le roi ignorait et elle ne doutait plus que Taillenfer fut entré en confidences avec les gens du Fion, sur nombre de mystères jusque-là soigneusement occultés. Puisque de temps en temps, quelques Amazonardes, elles-mêmes traîtresses à leur bannière, s’avançaient en catimini dans les bois épais couvrant l’immense plaine de la Fée Konde, dans le but inouï de s’allier doucettement avec les nombreux gens menés par le seigneur Benoît, pour se faire prendre cette fois joyeusement à revers, par une alliance plus amoureuse que militaire. Ces actions ne se menaient pas au grand jour et Berthe ne pouvait rien prouver, mais elle savait qu’on pouvait accuser là-dessus plus de la moitié du château et que les partisans du vicomte, qui choisissaient de disloquer les lignes ennemies avec plus d’allégresse que de courroux, devenaient de jour en jour plus nombreux. Berthe de Boucogne tirait trop d’avantage personnel de la guerre éternelle, pour ne pas s’inquiéter de la tournure que prendrait son propre avenir, dans le cas d’une alliance pacifique entre les deux royaumes. Plus que jamais, il fallait qu’elle attise la colère de Vladimir le Gland contre les femmes guerrières. Elle monta dans la tour pour convaincre le roi de partir sans traîner, afin d‘allumer selon ses vœux une grosse bataille. Il fallait que son propre désir de guerre puisse s’entendre dans l’oreille de son homme en plus entendible langage. L’idée de faire pendre sur le champ Mirlen et Erald, pour empêcher qu’il conduisent les Frissons à la trahison, lui tenait également bien à cœur.

 

– Mon grand fou, dit-elle à Vladimir, lorsqu’elle fut installée sur un siège devant lui, l’honneur vous sourdra en grande dignité de cabosser en bonne initiative ces satanées bestioles de bohémiennes ! Celles-là nous font bien du chiqué, ces garces de mariolles, mais si on part les astiquer sur leur terrain, les Amazonardes pourraient peut-être moins se gonfler la devanture. Part en guerre sans plus attendre qu’elles viennent à nous, comme ces vilaines sauterelles le font depuis toujours. Attaquons cette fois-ci leur royaume de notre propre chef, brûlons en premier la ville de Lukycuni, elles seront tellement surprises qu’on aille nous-même leur caresser les côtes, qu’une bonne défaite leur pendra au cul comme un sifflet de deux ronds. Et puis moi je te le dis, nous ce sera pas pour leur coller des mômes dans le bide, on va les massacrer et les effacer de ce monde une bonne fois pour toutes.

 

– Tu filoches un peu tes bas avec de telles idées, ma chérie. Les Amazonardes ne sont pas des mollasses, elles ne nous feront point cadeau de la mise en scène, si jamais nous perdons ce combat.

 

– T’as rien dans le froc et tu te débines, tout comme tu ne sais pas voir que les deux mirontons qu’elles nous ont envoyés sont en fait leurs espions. Je les ai bien vus se fricasser le museau avec l’autre crapoteux de Benoît Taillenfer. Fais gaffe, ces gars-là veulent te prendre ta couronne, mon minou.

 

Et Berthe parla tant et tant dans sa langue admirable, énumérant et développant tant d’arguments contre les filles d’à côté, que l’idée de forcer les Amazonardes à s’entremettre par la force aux quenouilles, filasses et choses de ménage finit par plaire au roi. Il était temps que les Frissons relèvent le nez et jette le gant, il décida de partir en bataille contre Lukycuni. Dès lors, par ordre du roi, on forgea de nouvelles armes, puisque la guerre devenait plus affaire d’action que de discours. Voyant le danger imminent de rester plus longtemps en ces lieux belliqueux, Mirlen et Erald se préparèrent à quitter la cité de Camelote. Dérobés à la vigilance des gardes chargés de les surveiller par les hommes du seigneur Benoît Taillenfer, ils parvinrent de justesse à fuir le château, avant que l‘état de guerre ne soit réellement prononcé. Comme le vicomte était de noble race et qu’il faisait lui aussi docilement luire son épée pour partir à la guerre, Vladimir préféra ne pas s’en ombrager ; au grand dépit de dame Berthe, laquelle aurait bien entendu préféré le porter au gibet, lui et ces étrangers dont elle condamna aussitôt la fuite.

 

– Diantre Kramouille, fit Erald, alors qu’il galopait aux côtés de Mirlen dans la vallée du Mikosik. Une personnalité bien fascinante que cette Berthe de Boucogne, mais une chose qu’elle épanche son amour pour le roi Vladimir, une autre étant qu’elle le conduise à provoquer ravages et mort.

 

– J’avais idée d’autre moyen mais les dés sont jetés, chevalier, il nous faut à présent prévenir la reine Daenerysk Lémésté que son royaume est sur le point d’être attaqué. Même notre Messire Taillenfer est si vaillant qu’il n’a pas renoncé à se battre.

 

– Oui, quel dommage que Camelote ne l’ai pas pris pour roi, car il est aussi généreux qu’hospitalier. On voit bien avec quel courage il se permet de bousculer l’ordre établi, celui qui fait depuis trop longtemps que toute jouissance est devenue pour les Frissons un fardeau écrasant.

 

Les portes de Lukycuni s’ouvrirent devant leurs chevaux. Les Amazonardes leur firent servir du vin et leur réservèrent le meilleur accueil. Il fallait en toute hâte prévenir la reine que les Frissons ne jouaient plus une partie dans laquelle ils perdaient trop souvent et qu’une grande armée allait survenir, au bruit féroce des épées frappant les boucliers. Car Vladimir désirait les tuer toutes, avant de s’emparer de leurs terres et de leurs châteaux. Avant même de retrouver les amis de la communauté de la gnôle, Erald et Mirlen demandèrent audience auprès de la reine Daenerysk, à laquelle ils prirent soin de taire leur escapade, disant simplement qu’en cueillant les herbes de médecine, ils avaient vu de loin la grande armée des Frissons s’agiter, courant dans les prés Liminaires comme des flammes mouvantes, afin que les chairs tailladées des Amazonardes fissent une nouvelle loi.

 

– Ah bon, fit Daenerysk, merci bien de nous rencarder, mais nous allons faire payer le bon prix à tous ces malfaisants. Ces manouches sont stupides ou inconscients, ils vont juste trouver dans cette offense une mort lamentable. On va leur repeindre les hublots avant de leur tirer la trompe et après, comme d’hab, on leur videra les burnes, enfin pour ceux qu’on n’aura pas trop durement matraqués. On a toujours eu la course en main, pas de raison que ça change cette fois-ci.

 

– Oui, ajouta Arlette Davidson, une guerrière qui portait en blason sur sa tunique en cuir une chatte d’argent et s’exprimait en tant que conseillère, dès demain, ces salingues seront finalement jetés bas sur le sable. Il faut jurer qu’on empêchera tous ces mecs à passions de remettre la rince, avant un bon moment.

 

Sans rien dire, Sonya Laporte s’en alla de la salle du conseil discrètement, car elle était de celles qui préféraient s’entendre amicalement et secrètement avec les Frissons, sans ajouter en sus à leur faveur une regrettable force combative. Elle brûlait même, sans pouvoir le chanter à ses sœurs, d’un amour sincère pour Benoît Taillenfer, puisque après l’avoir de nombreuses fois rencontré charnellement, elle savait bien que ce glorieux partenaire était plus avide d’amour que d’annexions. L’idéal de cet amour qu’ils représentaient n’offrait cependant pas une influence déterminante et muselé par l’usage des temps, il ne pouvait pas s’exprimer au grand jour. En dépit de leurs propres sentiments, une grande bataille allait être livrée entre les deux royaumes, puisque les farouches guerrières s’apprêtaient sans attendre à partir rencontrer leurs ennemis et les tailler en pièces, afin de rompre par les armes cette invasion perfide. Les Amazonardes du Mont Chauve, qui plus est irritées par l’audace inédite des Frissons, n’avaient rien de gentilles lavandières des grèves. Les mains des hommes qu’elles voulaient obtenir ornaient plutôt en général les cous de leurs chevaux, voir de leurs yacks à grosses testicules. Dès lors, elles crièrent « Aux armes citoyennes », un grand tumulte régna dans la ville de Lukycuni et les Amazonardes se mirent à fourbir les lances et les épées, moins cette fois par goût de l’aventure que par souci vengeur, puisque l’équilibre et l’ordre souverain du monde se voyaient à présent menacés.

 

– On nage en pleine pagaille, déclara Mirlen en retrouvant les autres, mais n’ayez crainte et voyons-y le doigt de notre sainte Kramouille, car elle a toujours su protéger les honnêtes gens.

 

– Chu pas dans le fun de ce que tsu dis là, lâcha Mélisende Byzenet en rabrouant Jean-Marie qui voulait la lécher, spa correc, y faut qu’on mette bin les choses sua tab’. Je m’battrais pas pour ces saletés de bonniches, pi chu pu cabab de tenir ici plus long. On a qu’à tendre les voiles pi se débarrer pour aller voir plus loin, tabarnak.

 

– Nul ne nous invite à rejoindre leur combat, fit William, nous resterons ici bien gentiment, pendant qu’elles se battront.

 

– Oué, oué, pi si ça perd, les osti de Frissons nous cloueront sus la porte, ça va bin de toi que t’es pas trop un maudit de dingo, chu écœurée de t‘entendre jaser de même. Tirons nous d’ici, nous autres, calice !

 

– Jean-Marie, Jean-Marie, fit l’homme-sanglier, comme s’il approuvait sa jeune maîtresse.

 

– Je suis bien d'accord, ajouta Belbit, rappelez-vous notre quête du Saint Râle, nous n’avons rien à faire ici.

 

– Allons, allons, mes amis, intervint Hivalanoué, calmez donc vos propos, il sera toujours temps de leur fausser compagnie, puisque cette ville va pratiquement se vider.

 

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Bon dimanche à tous.

 

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Message édité par talbazar le 03-02-2020 à 07:56:40
n°58730520
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 04-02-2020 à 09:13:27  profilanswer
 

Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Guillaume Lettebaveuse.

 

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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Harry Kiki.

 

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Message édité par talbazar le 04-02-2020 à 09:30:01
n°58768302
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 08-02-2020 à 11:23:04  profilanswer
 

Salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : Coup de chance dans l'hyperbole. Extrait numéro 74.

 

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Avec un aplomb peu commun, Vaness Parada s’approche de l’assemblée, toisant tour à tour les cinq juges du tribunal galactique et les représentants de la cour sélénite. Elle échange un bref regard avec le président Joke Esgala, mais la stupeur dont il fait preuve dans ses yeux lui fait rapidement détourner les siens. Il est clair qu’elle n’y devine pas un consentement à sa soudaine apparition, alors qu’elle n’est vêtue que de son énigmatique et précieux collier sans aucune attache, où la pierre de murildosine luit d’un mauve rougeoyant. Que son amant se rassure pourtant, l’armatrice n’est pas prête à livrer les détails intimes de sa vie privée, ni à ces juges, ni aux quatre coins de l’univers. Son allure triomphale n’est pas du goût de Igur Strivisky et bien que Vaness soit amusée de le voir subjugué par la plasticité admirable de ses jambes, elle se doute que la cour lunaire dresse à son encontre un destin hostile. C’est pourtant Tonio Berliose et non pas l’autre qui prend le premier la parole.

 

– Vaness Parada, vous voilà donc ! Nul ne vous prendra pour une grande naïve et nous osons espérer que votre mythe ne se résume pas à votre simple manière de séduire, mais nous sommes bien obligés de convenir que vos dernières actions sont saturées de provocations. Vous admettrez aussi que votre témoignage nous est plus que jamais indispensable. Balancez vos hanches autant que vous le voulez, nous en savons suffisamment sur votre compte pour nous faire une idée du rêve qui vous habite. Nous sommes au courant que Karela Borounie est votre sœur et que cette parenté permet d’expliquer en partie vos agissements coupables.

 

– C’est exact, honorable maître, répond Vaness avec une subite humilité, vous discernez correctement. La chef des indépendantistes martiens est bien ma sœur.

 

– Savez-vous que vous serez bientôt ruinée ? Sur Mars, l’administrante Marianne Cotillon, déjà l’heureuse propriétaire des transbordeurs Lust Temple et du French Kiss, va sans nul doute récupérer prochainement au moins l’un des vaisseaux des dissidents Jack Giriaque, Steve Magouine et Silbie Vortan, que lui cédera obligeamment le Congrès. Elle aura alors les moyens de faire main-basse sur les vôtres, puisque le général Digoule a déjà bloqué vos possessions martiennes, chère amie.  

 

– En attendant, tonne brusquement Igur Strivisky, vous avez facilité l’évasion des incriminés transportés sur la Lune pour être examinés, vous répondrez de cet acte délictueux devant nous !

 

– Des suspects condamnés sur la base d’un jugement inique, auquel j’ai convenu de faire obstacle, vous devriez également admettre que Digoule se permet de vampiriser la justice à son profit. Vous ne pouvez être de ceux qui lui forgent des armes pour faciliter sa dictature. Quand à me faire dépouiller par cette petite garce opportuniste et parvenue de Cotillon, ce jour n’est pas encore venu. Mes collaborateurs ne la suivront pas et tout comme mes avoirs, mes vaisseaux ne sont pas tous sur Mars, vous savez. Si elle tente seulement de me plumer, je lui rendrai cette manœuvre bien amère, croyez-le !

 

– Prenez-garde à votre insolence, Parada ! Vous êtes certes une légende commerciale, mais cela ne vous garantit pas l’immunité et complice des pirates, vous êtes très présente sur le marché noir, nous le savons également : c‘est une chose grave que l’on prouvera facilement. Maître Torino Berliose confirmera que vous faites d’ailleurs l’objet d’une plainte de la part de la Compagnie martienne SLG, pour pratiques commerciales illégales. Maintenant, si vous êtes ici sur la Terre, les suspects martiens le sont sans doute aussi, nous voulons qu’ils se présentent immédiatement !

 

Indifférent à la teneur du débat, lequel n’est visiblement pas un carambolage de rires et de joyeusetés, le Dux-Astroman glisse aux pieds de Vaness pour lui proposer une canette, puis se fait rabrouer aussitôt par l’intérressée. Joke aurait tant voulu que sa maîtresse concentre en paix ses talents dans les limites de la production commerciale, ce qu’elle aurait sans doute fait avec son habileté coutumière, si la femme de Fanch Yolande n’avait pas été sa sœur. Il fallait à présent lui emboîter le pas sur une voie dangereuse, exigeant peut-être de lui des décisions funestes qui pouvaient même lui coûter sa présidence, si la cour décidait de mettre la dissidente au banc. Les yeux de Joke croisent cette fois le regard glacial de Igur. Il sait voir, dans le défilé aveugle des suppositions, que l’ordre du sélénite s’adresse en fait directement à lui. Après l’approbation tacite et muette de Vaness, il demande avec résignation qu’on aille chercher les évadés, à l’endroit où ils sont confinés. En se montrant ouvertement à découvert, Vaness vient de percer courageusement un drôle d’abcès, mais ce n’est pas forcément du goût de son ami, moins sensible sans doute à la beauté sauvage des audaces. En surgissant à l’improviste, Vaness se montre pourtant fidèle à elle-même et Joke doit bien reconnaître que cette capacité à produire de tels actes est bien ce qui le fascine le plus chez sa concubine, au-delà de toute attraction sexuelle. Les membres du tribunal se taisent à présent ; leurs implants coupés, les sélénites tiennent un conciliabule inaudible, à l’instar des cénazteurs du congrès terrien, auquel Joke n’est pas convié. La riche pierre au cou de Vaness a reprit sa belle couleur verte, traduisant l’apaisement effectif de sa porteuse. La jeune femme fige savamment son attitude en la parant d’une sophistication voulue et d’une séduction inimitable, choses qui révèlent aux yeux des autres l’essentiel de son style ; auquel s‘ajoute un indéniable glamour vénusien. Si on la sait autonome et farouchement indépendante, il est étonnant qu’une femme dans son genre ai réussi à se faire aduler des pirates stellaires, jusqu‘au point de traiter directement avec eux, pour consolider sa prospérité. Somme toute, si elle a bâti sa richesse avec art et talent, elle campe un personnage mystérieux, parce cette sophistication dont elle fait preuve en chaque circonstance est quelque peu trompeuse. Mais à la voir ainsi debout dans le palais de verre, alors qu’elle offre l’image publique d’une enfant gâtée et flamboyante de l’élite, nul n’aurait pu deviner aisément la profondeur réelle de ses inquiétudes secrètes.

 

Affichant une mollesse d’attitude très évidente, les gardes du palais présidentiel font enfin rentrer Nikos Sirkisi, Jack Giriaque, Steve Magouine, Silbie Vortan, Claoudio Françaoui, Maria Couloss et Franck Sonotrou. Le rob se précipite aussitôt vers eux en silence, afin de leur soumettre plusieurs rafraîchissements et quelques pilules de douceurs. Cette belle affiche de suspects avait certainement vivement discuté de sa téméraire exposition publique, avant d’oser apparaître volontairement devant les juges. Alors qu’il se tient debout en position statique, le visage aussi pâle qu’émacié et la voix rocailleuse de Igur Strivisky n’augurent d’ailleurs rien de très positif. Torino Berliose est plus agité que lui, il croise et décroise les doigts, ses paupières lasses s’abaissent plusieurs fois, exprimant peut-être de cette façon une certaine hâte d’en finir avec cette conférence. Une séance finalement très informelle, puisque les envoyés du tribunal galactique ne sont sur Terre qu‘à titre de consultation.  Sans même hésiter, c’est le sélénite Wogang Muzar qui se charge d’être le premier interlocuteur des nouveaux arrivants. Il se plante d’autorité devant Jack Giriaque et reste un bon moment à le dévisager. Cet homme au yeux jaunes, encore relativement jeune, cherche d’emblée à se faire acide et solennel lorsqu’il s’adresse à lui.

 

– Quelle tristesse de vous voir mêlé à cette pénible aventure, vous, un ancien administrant sélénite, dont l’honorable père fut l’un des nôtres et qui siégea sur la place même que j’occupe à présent, lorsqu’il était magistrat de la cour lunaire. Votre évasion méprisable à coûté la vie à plusieurs de nos agents et au malheureux avocadoc Mircello Minestroni. La pleine propriété du cargo Long ass-bitch ne suffisait donc plus à votre bonheur ?

 

– La guerre martienne a demandé au congrès de choisir son camp. A quoi servirait de prendre parti sans entrer en action ? Je dirais que la facilité dont vous parlez cède simplement le pas sur les intérêts majeurs de Mars. Je ne sais pas s’ils sont héroïques, mais les mineurs sont solidement unis dans leur résistance et leur combat n‘a que trop duré. En tant qu’administrant, j’ai simplement pris l’engagement concret de les soutenir au congrès contre les bellicistes, je paye à présent le prix d‘avoir espéré une digne fin à ce conflit.

 

– Présicément, nous étions là pour l’évaluer, avant que vous ne disparissiez d’une manière scandaleuse ! Avec l’aide d’une complice des forbans qui écument les étoiles, qui plus est !

 

– Ne soyez pas enfiévré de haine, honorable maître Muzar, intervient Nikos Sirkisi. Le général Digoule est seul à l’origine des causes de notre évasion. La guerre prolongée est insupportable pour les affaires et l’Oberleutnant Frank Sonotrou, ici-présent, peut prouver que nous avons cherché un accord de paix rapide et satisfaisant avec les indépendantistes. Je vous rappelle que le dictateur retient ma femme et la fille de l’armateur Magouine en toute illégalité. Nous ne sommes en réalité ni dangereux ni hors-la-loi, contrairement à lui.

 

– C’est exact, j’en conviens, intervient Torino Berliose, nous savons aussi que si Jolie Goyette est bien votre épouse, vous pornifiez sans contrat avec Suzanne Magouine. Peu importe d’ailleurs vos intrigues amoureuses, mais sachez que le président de la cour suprême intergalactique Louis Bitovan et moi même, nous prenons effectivement l’engagement de les faire libérer. Nous sommes également d’accord pour dire que le général Digoule assume un peu trop brutalement ses nouvelles responsabilités.

 

– Soyons clairs, ajoute ensuite le juge Jak Dutran pour épauler son illustre pair, les griefs portés contre vous tous par le tribunal sélénite sont graves et se doivent d‘être punis, mais comme vous le savez, nous lui sommes prédominants. Nous seuls sommes actuellement en mesure de relâcher la pression qui pèse dangereusement sur vos épaules.

 

– Laissez-moi vous rappeler les règles, reprend Berliose, notre jugement est souverain, qu’il s’agisse d’appliquer confiscation matériel ou l’exil lointain et n’importe qu’elle milice dont nous mobiliseront l’énergie peut procéder aux contraintes sur notre ordre. Nos moyens de répression, supérieurs par leur flexibilité à bien des forces de police intraplanétaires, sont donc comme vous le savez considérables. Au-delà de la simple application des lois, nous sommes aussi l’huile qui assure le bon fonctionnement de la pompe à liquidités oeuvrant au sein des pratiques commerciales des grandes Compagnies intergalactiques. En ce sens, notre Cour admet un consensus d’experts qui veillent par exemple scrupuleusement au paiement des dettes. Par son effort outrageusement guerrier, Mars fait actuellement exploser le baromètre, au point d’être hors de contrôle, du jamais vu dans le fonctionnement des défédérations. Vous, Maria Couloss, vous étiez avant votre destitution cénaztrice de Noachis Terra et vous, Claoudio Françaoui, étiez le cénazteur de Saba ; mais le général Digoule n’a pas jugé bon de vous remplacer. Ces secteurs sont donc sous son unique contrôle, comme à vrai dire le sera l’ensemble de la planète rouge, lorsqu’il aura éliminé la résistance de Fanch Yolande et de Karela Borounie. Les administrants à sa botte et sans scrupules, comme Marianne Cotillon, seront à l’avenir soigneusement choisis par lui et nous craignons plus que tout l’effet de contagion et les perturbations susceptibles d’être engendrées au niveau de la production des ressources interstellaires. Nous demandons donc au président terrien Joke Esgala de bien vouloir tenir de toute urgence un rôle régulateur, la faible confiance que nous inspire la nouvelle direction de Mars nous y oblige. Vous avez finalement de la chance, puisque en dépit du camouflet cinglant que vous avez infligé à la cour lunaire, notre jugement pencherait plutôt en votre faveur.

 

– Vous voulez que la Terre entre en guerre ! lâche Claoudio Françaoui.

 

– Il se peut qu’elle convienne pour être notre bras armé, répond le juge Dutran, c’est en tout cas le souhait du tribunal présidé par Louis Bitovan.

 

– Nous avons un motif à soumettre au président Esgala, fait Torino Berliose, le nouveau gouvernement martien a utilisé l’orbite martienne pour tirer un missile vers le sol en provenance d’un Sharsherman. Un acte et un cas inédit qui peut être réprouvé par toutes les défédérations et que nul ne saurait minimiser.

 

– Nous pensons et pour le dire nous le craignons, reprend Jak Dutran, que s’il gagne en puissance, Digoule pourrait même songer à l’utilisation de robots guerriers, ce qui constituerait une mortelle nouveauté, aussi contraire aux lois qu’inacceptable.  

 

– A la bonne heure, fait Vaness Parada, après m’avoir grondée, ce que vous désirez en réalité c’est que Jack Giriaque, Steve Magouine, Silbie Vortan et moi-même, nous assurions une contribution financière pour épauler Joke Esgala dans son combat à venir ! Vous auriez pu le dire tout de suite, honorables maîtres, sans avoir le moindre besoin de nous menacer comme vous le faites.

 

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Excellent week-end à tous.

 

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Message édité par talbazar le 09-02-2020 à 09:09:27
n°58798177
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 12-02-2020 à 10:43:56  profilanswer
 

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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Ralph Lamise.

 

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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Bernard Bitefout

 

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Message édité par talbazar le 12-02-2020 à 11:38:09
n°58809089
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 13-02-2020 à 13:35:28  profilanswer
 

Salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : Le chant de l'égout. Extrait numéro 02.

 

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Se croient-ils élus, ceux qui vivent en pleine lumière ? Pensent-ils échapper un jour à la noirceur éternelle de leur tombeau ? Ils se dispersent dans l’allégresse de leur éblouissement, le grand soleil les hypnotise ; puisque l’astre de clarté courtise sans vergogne une foule haineuse ou aimante gavée de ses rayons généreux, toujours gargarisée d’eau pure. Trop pure. Se croient-elles heureuses, ces hordes humaines remuantes qui craignent autant la rouille que la ruine inexorable de leurs créations ? Aveuglés par toute cette transparence céleste qui les submerge autant qu'elle les rassure, ceux d’en haut marchent pourtant au cœur d’un monde ouvert, mais si désordonné qu’il n’a jamais de centre. Hommes et femmes, ils se tiennent tendrement la main et regardent dans la même direction, guidés par la flamme des cieux, celle qui donne si volontiers à toutes les choses mortes ou en vie leurs couleurs éclatantes. Ils se grisent d’un espoir fou au sein d‘un univers où règnent parfois les incendies, en laissant leurs pensées bienheureuses s’envoler vers le ciel immense, comme le fait en été le parfum des roses, ajoutant leur sainte fusion aux haleines du vent. Ils se pensent maîtres de la surface, ils se croisent et marchent avec ou sans but, les hauts arbres des jardins aux racines profondes les regardent courir sur les trottoirs gris, les grosses branches sans tourmente pointent vers ces troupes affairées, pattes aux griffes de bois qui cherchent à leur montrer l’enfer qu’elles piétinent sans l’apercevoir, sans même le deviner. La foule des hommes qui me surplombe n’est que le jouet du bien. Entre eux et mon égout, toujours la vraie frontière qui nous sépare se doit d’être absolument verticale. Moi, Bébert l’égoutier, je marche seul dans le noir, sur la base obscure de l’univers qui vous porte si bien. Mes vieilles bottes font de belles vagues dans les eaux souillées et je suis fier, car contrairement à vous, je marche sans hésiter. Parce que moi, je le sais en pleine conscience, lorsque je déambule au fond de mes tunnels sombres et interminables, il me faut reconnaître que je n’arriverai jamais nulle part. Ne vous y trompez pas, ma liberté n’est pas celle de l’oiseau innocent qui savoure de voler dans les airs, ma gloire est celle de l’arpenteur marchant sur les flots bouillonnants de l’incréé, au milieu des cafards. En perpétuelle naissance. J’ai l’humilité de courber le dos sous les voûtes de briques qui suent comme le front brûlant d‘un enfant alité, car je sais que la vie est sans issue, qu’elle n’est qu’un sombre et long corridor, formée de culs-de-sacs et de boucles angoissantes, dans lesquelles je concède quelquefois l’oblique et bifurque savamment. Le ventre de la terre croit m’accoucher à chacune de mes enjambées, moi, Bébert, sa pauvre créature que tente vainement d’expulser l’utérus du monde.

 

Bien sûr, certains collègues savent que j’existe, mais ils n’ont pas ma patience et mon obstination. Nous nous fuyons. J’ai sans doute pour eux une folle destinée, car la poésie des grandes forêts vertes scintille toujours au creux de leurs âmes sacrées. Ils n’ont pas mon audace d’habiter pleinement les ambiances anxiogènes. Bien qu’ils explorent les méandres infâmes comme je puis le faire, soucieux du règlement ils se contentent de leur service et dénigrent mon privilège, en descendant l’échelle qui mène aux passages. Je les évite avec soin lorsque je les suppose, ils ne me voient jamais sur les quatre chemins ; ils m’ignorent au croisement des méandres, je ne peux leur serrer la main, parce qu’ils vivent toujours de l’autre côté du monde. Il arrive que certains se coincent ou se blessent, d’autres se noient, ils frôlent l’infection et payent leur tribut, le grand fleuve glauque goûte peu d’être dérangé par un autre que moi. La noirceur n’aime pas qu’on l’envahisse. Dans le grand égout, les nez ne trouvent pas des truffes, les goutte à goutte ne tombent jamais sur les feuilles délicates. Sa grandeur et sa puissance ne sont pas celles du raffinement. Moi, Bébert l’égoutier, je suis plus que le contrôleur volontairement reclus de ces lieux défunts, je suis le seigneur des eaux troubles, celles qui coulent pour laver la blancheur insoutenable du monde et mon âme vagabonde sera toujours plus noire que la vôtre. Moi, le prêtre au masque tuyauté, j’entends la supplique rampante des rats, à laquelle je réponds pour qu’elle reste à jamais au fond de leur gorge. Car pour ces grouillantes peuplades, je suis le grand Dieu Bébert, à qui l’on offre ses crottes en abondance ; puisqu’en retour, si on approche de son sanctuaire aux murs blancs, il donne des gâteaux. Personne ne peut admettre la force mortelle du poison maudit et s’ils avancent encore davantage, ils auront peut-être l’honneur rare de goûter au fromage sacré délivré par la Sainte Tapette, celle qui exige au préalable et cette fois en pleine connaissance le sacrifice du Martyre, choisi parmi les vieux. Je suis pour eux le seul humain dont le visage est baigné d’une lumière divine, les autres hommes ne sont que des anges fugaces à peine réels, des ombres bienveillantes qui s’activent surtout en surface. Dieu Bébert a ordonné qu’ils fassent offrande de leurs grasses poubelles, que les dents des tribus rayent et percent chaque nuit. Il faut alors remonter à l‘appel des babines, quitter le règne bienfaisant du grisâtre, se faufiler au bon endroit, traverser les buissons, longer le trottoir, craindre la jalousie des autres et les effondrements. Il faut savoir jouer d’inventivité pour que les proches et la famille touchent la récompense. Huit cent tonnes de déchets que la main secourable de Bébert donne à se partager au quotidien.

 

Charlotte Corday a retrouvé la couche confortable de son pneu. Tour à tour, elle a remercié ses aïeuls qui sont venus porter leurs compliments. Pour souhaiter à ses dix ratons une très longue vie. Des vagabonds malingres qui sifflent des gueuseries ont croisé son ingénieuse installation, colportant les nouvelles des dernières heures. Ceux des Halles s’agitent, ceux du Marais aussi, mais il n‘y a pas de guerre, pas encore. Quelque part sous Montmartre, une bande libre de goupilleurs de fruits impunie a sévi avant de s‘enfuir. Éprouvée par ses naissances, Charlotte ressent un sentiment de lassitude. Elle doit relever le dur défi de ne perdre aucun de ses petits. Elle en a vu tant se perdre dans la mer jaune, trop jeunes ou trop mollassons pour grimper sur les berges. Ils faudra bien pourtant attendre encore un peu, pour que ses enfants apprennent à vivre par eux-mêmes, comme tentent de le faire tous les rats depuis la création de l’égout, comme les premiers ancêtres que fit naître dans les temps primordiaux le couple mythologique du Chaos et de Nyx la nuit. Pour que ses fils et ses filles à elle, Charlotte Corday, lâchent le bout de ses mamelles tiraillées et qu’ils apprennent à vénérer comme il se doit Titan le Grand Bébert. Celui dont se moquer heurte toutes les lois. Ils apprendront par cœur à siffler son nom et devront se cacher de lui, en apercevant son ombre immense percer le brouillard tiède, ils fuiront rapidement sur les plages polluées, si leurs pas croisent les siens au cours des dangereuses explorations. Bébert règne sans partage sur les forces obscures, celles qui font naître à parts égales la bravoure et la sagesse. Les mioches qui se lovent entre son ventre et le pneu sont encore aveugles et sans identité, mais ils apprendront vite à se débrouiller, ils feront alors pousser des cris de joie à leur mère ou lui feront verser des larmes amères, elle attendra peut-être avec angoisse au gré de leurs errances leur périlleux retour. La pax cloaca n’est qu’un rêve illusoire, mais dans la tribu des rats actuellement paisible qui vit sous l’avenue de la République et que gouverne avec une renommée sans égale, discipline et prudente tactique le bon roi Henri III, digne fils princier de Louis Mandrin, l’usage immémorial veut que les mères ne mangent pas leurs petits.


Message édité par talbazar le 14-02-2020 à 06:44:43
n°58831279
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 16-02-2020 à 11:11:26  profilanswer
 

Salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : La jet larguée. Extrait numéro 48.

 

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Sous un ciel chargé de nuages, la foule éplorée s’amassa autour du caveau, pour mener dignement Bobby Fiermongol dans sa dernière et froide chambre de granit. Les silhouettes noires comme des ombres charriaient des larmes de deuil sincères, les pieds plantés dans leurs souliers cirés. La brusquerie de cette mort obligeait amis et proches à faire avec tristesse « non » de la tête, mais elle dévastait bien entendu au premier chef son épouse la pauvre Anicette, en l’obligeant à ravaler tant bien que mal ses sanglots silencieux. Gorge nouée, elle chuchotait d’une voix atone, afin de remercier chacun de ses condoléances, la douleur affligeante qu’elle exprimait démontrait à tous la vraie valeur de ce tragique événement. Le corps de Marithé Konerie gelait encore à l’hôpital au fond de son frigo, elle y resterait le temps que la police puisse démêler l’écheveau qui occultait son meurtre odieux. Anicette perdait coup sur coup les êtres de sa vie, qu’elle aimait d’un intérêt égal. Crise cardiaque, crise du cœur, ce terrifiant coup du sort portait bien son nom. La main tremblante de la femme du PDG de la Petro-Jelly avait caressé la veille au soir les rangées de carnets éparpillées du défunt, elle avait trouvé la force de classer quelques piles de notes sur le grand bureau, au milieu des maquettes d’avion. Ces petites miniatures amassées avec soin par Bobby n’évoqueront plus jamais pour sa femme légitime la fête des voyages. L’antique hélice en bois posée au-dessus de la grande cheminée ne ferait plus rêver le couple d’envols mirifiques. En fouillant les tiroirs encombrés de choses inutiles, elle ne savait pas encore ce qu’elle conserverait de lui, elle craignait surtout de perdre son combat contre le chagrin et la nostalgie. La mort de l’autre n’est jamais un ennemi ordinaire. Son cerveau frappé de mutisme l’obligeait à marcher dans la maison trop vide, comme on apprend sans joie les pas d’une danse inconnue, la pelouse fanait déjà dans le jardin les grands lilas, le monde extérieur s’écroulait. Anicette Fiermongol avait lutté pour tenter l’escalade de son escalier, ses gestes répondaient mal, les mots au téléphone se bousculaient en phrases vaines. Une machine infernale venait d’éclater dans son quotidien, mais comment répondre à tant de violence intime ? Bobby le beau jeune homme et son premier regard, son premier clin-d’œil adressé, puis des années plus tard ses premiers cheveux blancs, les petits actes innombrables de leur vie commune pavée de conventions, déchirés à présent par le bec cruel d’un ange de la mort aux ailes retroussées. Les souvenirs posés en jeu de piste pour rappeler toute la tendresse de s’être un jour profondément aimés. La vaste chambre sans écho, au décor aérien, qui témoigna autrefois des merveilles, des frissons de la passion qu’il fallut partager plus tard avec une autre, sans y être à vrai dire formellement conviée. Une liaison qu’elle avait acceptée et au bout de laquelle elle s’était finalement retrouvée, parce que Marithé était bien sa meilleure amie. Sentir dans chaque page lue les yeux de l’autre, voir à présent la nuit s’engouffrer dans son cœur pour effacer les mots et orchestrer les pleurs, elle ne compterait plus sur la malheureuse Marithé pour lui prêter un masque. Son amie la maîtresse admise elle-même n’était plus, alors il fallait maintenant que Anicette laisse couler des larmes pour deux. Il y a finalement peu de salon pour accepter que s’affichent sur les photos les preuves d’un tel pacte amoureux. Bobby courtisant Anicette, Bobby soutenant Marithé, les deux femmes uniquement se tenant les épaules pour rire au photographe, puisque c’était lui. Pour Bobby deux histoires d’amour, pour l’épouse une histoire d’amour et d’amitié. Il y avait également au mur un grand cliché de l’équipage qui avait disparu, Lola, Kinni, Pamela, Victoria, Wanda, Summer, Kim, Shirley, Loraine, toutes réunies dans leur bel uniforme rose ; mais Bobby n’était pas ce genre d’homme qui traquait les hôtesses. Les pensées d’Anicette désiraient faire silence, mais c’était impossible, ces deux décès lui faisaient comme une mutilation, le désespoir rôdait sous ses fenêtres. Il semblait impossible que sur la pelouse puisse naître une herbe nouvelle, les morts soudaines de Bobby et Marithé condamnaient à jamais ce lieu de promenade, puisque seuls de tristes spectres lui serviraient de guides. Elle vendrait la maison, puisqu‘elle n‘avait plus d‘âme.

 

Des signes de réconfort lui furent adressés en sortant du cimetière, où se pressaient avec plus ou moins de dignité plusieurs journalistes. Océane Eight vint d’abord l’embrasser, la femme du commandant Eight qui pleurait toujours également la disparition de ce dernier, avait fermé pour la journée son bar maquillage Waterproof Lounge, pour assister à l’enterrement. Les deux femmes partageaient à présent leur peine et Océane tenait à faire savoir par son étreinte qu’elle ne tenait pas là un rôle obligé. Elle oublierait sans doute les allusions un peu perfides de Bobby au sujet des pilotes du vol PJ 612, les tristes veuves compatissantes faisaient à présent front commun, leurs voix ne portaient pas de doute dans l’expression de leur soutien.  Il était même difficile de dire à cet instant qui souffrait réellement pour l’autre, cette épreuve subie déciderait peut-être d’une nouvelle amitié. En tous cas, Anicette se montra sincèrement touchée, elle tint à le faire savoir et pria Océane pour qu’elles puissent se revoir, puisque à l‘avenir, elle-même serait sans doute beaucoup plus qu‘une simple cliente épisodique pénétrant dans son bar. Cette éprouvante cérémonie venait pour ainsi dire de les lier, puisqu’elles contemplaient au fond de leurs yeux l’ampleur d’un gouffre immense, au bord duquel elles se tenaient toutes les deux. Et puis, ce n’était pas le lieu ni le moment pour en discuter, mais Marithé venait d’être assassinée, Sonja Sweet Peticoeur avait failli l’être, un tueur cherchait des cibles, la femme du PDG et celle du commandant étaient peut-être les prochaines sur sa liste. La consolation de Vanessa Erelle, directrice générale adjointe chargée des avions égarés pour la Petro Jelly, fut évidemment plus formelle. Il y avait de grande chance pour qu’un prochain conseil la nomme à la tête de la Compagnie, en remplacement de Bobby, après son intérim. La rousse réussissait comme toujours à faire exploser son charme naturel au milieu des tombes ; la belle mature ne saurait jamais définir pour son propre compte la discrétion. Derrière l’opacité de ses lunettes aveugles, elle se montrait pourtant sincèrement éplorée, mais elle ondulait du cul dans son tailleur strict comme une reine au milieu des tombeaux et les journalistes présents ne pouvaient s’empêcher de baver d’envie. Les stratagèmes et les subterfuges employés par Vanessa pour séduire n’empruntaient cependant jamais à la duplicité, son charme était juste total et radical, il faisait d’elle la simple incarnation d’une œuvre d’art somptueuse, complètement érotique. Elle portait ses éternels bas noirs pour enterrer le patron, au milieu des personnes de son staff qui s’étaient déplacées. Des pilotes et des hôtesses, Tommy Boomerang le contrôleur, Ewing Balloon le chef d’escale, des gens plutôt modestes, parfois inattendus. Le commissaire Laurent Bergougneux se tenait lui-même un peu à l’écart, observant respectueusement tout ce beau monde.

 

Pendant que se déroulait ce triste événement, la Maison Rouge de Newscou tenait son huis-clos. Auprès du président Bronislav Enjoyourself, se tenaient le général Ruskoff Dream, le chef de la diplomatie Jhon Kennechkine, le chef du GBT Derek Boututsov et Tom Walkerlouditski, le ministre de la défense. La cueillette des données commentée de vive voix n’était pas très brillante et les vétérans du renseignement ne furent pas priés de s’asseoir par Bronislav. Il régnait en effet dans les couloirs du pouvoir une atmosphère pesante, puisque les dernières nouvelles étaient calamiteuses.

 

– Je vous faisais confiance, aboya le président, comme s’il leur disait ça du fond d’un mégaphone, vous connaissez les enjeux majeurs et pourtant je commence à douter de votre efficacité. Le PDG Bobby Fierlmongol vient de mourir subitement et nous perdons avec lui un précieux bouc émissaire. L’agent Alexei Volodbrown s’est suicidé au Nicarasil, après avoir échoué, tout comme son prédécesseur. Polichinelle est donc encore en vie et sera désormais étroitement surveillée. Aidez-moi à comprendre, parce que j’ai du mal à saisir autant d’incompétence.

 

– Nous avons sans doute sous-estimé l’influence du hasard, avoua Derek Boututsov, mais Peticoeur est toujours plongée dans le coma et ses lèvres sont closes, rien n’est encore perdu.

 

– Et bien moi, j’y vois toujours une menace, ne vous en déplaise, l’honneur de la Russique est en danger, tant que le cœur de cette petite avocate battra. C’est quoi le problème avec le fait de mettre une action sur mes paroles ? Qu’est-ce que vous ne pigez pas dans mes mots-clés ? Vous employez des éléments douteux, Boututsov, je vous met en demeure d’en trouver des meilleurs ! Tout ce que vous réussissez à faire pour le moment, c’est déclencher des enquêtes qui n’ont pas lieu d’être et moi, j’ai bien envie de vous remplacer. Quand à vous, général Dream, nous avons bombardé l’île de Badigooince pour effacer les traces de l’avion et de notre ancienne présence, je me demande si ce sera suffisant. Pouvez-vous m’assurer qu’il ne reste sur place plus aucun survivant de ce maudit zinc ?

 

– Le rapport du Krav Mega affirme que l’opération Tornade en a éliminé quelques-uns au sommet de la montagne, une boucherie, mais l’envoi de troupes au sol nous le confirmera, s’il y a d’autres présences. Les restes visibles de l’épave sur zone, le campement et les baraquements ont étés parfaitement nettoyés.

 

– Alors, si vous pensez qu’il reste encore du monde, qu’est-ce que vous attendez pour aller vérifier ?

 

– Un ordre venant de vous, monsieur le Président.

 

– Il serait bon de traquer également tous les crabes au passage, ajouta Tom Walkerlouditski, mais je crois que c’est une autre paire de manche, on ne peut tout de même pas vitrifier cette île.

 

– Détrompez-vous, répondit sèchement Enjoyourself, en faisant briller par ses gestes la broche en or sur sa cravate, en ce qui me concerne, ça coûterait sans doute bonbon, mais j’appuierai volontiers cette orientation. La seule chose que je constate, c’est que vous tous, vous manquez singulièrement de résolution. Nous menons une action clandestine utile pour le pays, mais j’aurai la plus grande peine à penser que vous sous-estimez vos possibilités d’agir. Collez-moi cette île au fond de l’eau, faites-là disparaître et donnez-moi enfin des signes encourageants, avant que toutes les caméras du monde ne se mettent à travailler en spirale et ne viennent à nous menacer plus sérieusement. Le King crab expériment ne doit en aucun cas devenir un référentiel documentaire, c’est assez clair ; j’ajouterai que personne ici n’est seul pour atteindre cet objectif, écoutez-vous le mieux possible, mais soyez efficaces ! Arrêtez de dormir, faites taire Polichinelle pour de bon, envoyez nos commandos sur Badigooince, effacez définitivement toute lisibilité internationale qui conduirait jusqu’à nous. Vous voulez des ordres, général Dream ? Mais, monsieur, je n’en ai jamais eu d’autres à vous donner !

 

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Bon dimanche à tous

 

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Message édité par talbazar le 18-02-2020 à 09:58:50
n°58843700
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 17-02-2020 à 21:43:54  profilanswer
 

Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Jean Prout.

 
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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Thomas Tador

 
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n°58882734
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 22-02-2020 à 08:24:07  profilanswer
 

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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Jess Sion de Couquies.

 

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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Hermann Atane.

 

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Message édité par talbazar le 25-02-2020 à 18:54:46
n°58884551
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 22-02-2020 à 15:20:15  profilanswer
 

Salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : Noeud coulant pour Martin Smith. Extrait numéro 68.

 
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Lizabeth Payton, la maîtresse du district attorney Roy Larymore, évoquait dans toute sa splendeur la classe américaine. Le genre de nana qui, à une autre époque, aurait poussé les hommes de bon goût à soulever bien haut leur chapeau devant elle. Bien sûr, la perfidie d’un œil européen l’aurait plutôt vu tourner dans le porno chic, tant les gars des USA fantasment sur ces chairs à papouilles huileuses et beaucoup trop parfaites, pour se satisfaire. Des poupées en forme de filles, quoi. Mais c’est vrai que la femme de Roy montrait des lèvres parfois trop rougies par une drôle de fièvre, bien qu’elle fut une femme extrêmement raffinée. Sa plastique irréprochable n’en faisait pas moins l’antithèse d’une vulgaire pompom girl évaporée, propre à faire bander de simples lycéens sur un poster ; non, miss Lizabeth Payton incarnait beaucoup plus qu’une reine de vestiaires pour garçons, puisque même à poil sa tenue n’était jamais légère. Intelligente, elle ne tenait pas non plus davantage du riche bibelot de collection pour homme d’affaires, comme peuvent l’être parfois quelques grandes blondasses uniquement attirées par le fric. Ceci étant dit, la mode bien entendu la fascinait et tous les bijoux qu’elle portait sur elle représentaient de coûteux cadeaux de Roy. Elle faisait quelquefois de sa main de somptueux biscuits aux poires. Contrairement à la plupart des femmes, elle aimait faire l’amour en 5/7, puisqu’elle n’appréciait pas les hommes fourbus, mais elle n’était pas frigide. Battant en brèche bien des manuels, en général elle jouissait vite, c’est tout et on va dire que ça tombait bien, Roy le beau gosse était un poil précoce. Faire durer les séances la collait dans l’angoisse et en dépit de son éducation quasi-royale, dans l’action elle aimait les mot crus et se faire tirer les cheveux. Bien que n’étant pas encore mariée, elle voulait surtout que Roy lui fasse un enfant. La grande Lizabeth Payton représentait le dernier et précieux maillon d’une famille d’un empereur de la cacahuète créchant dans l’Alabama et sa mère prenait même régulièrement la parole au National Peanut Board ; mais Lizabeth n’avait bien évidemment jamais mis ses pieds délicats dans les usines parentales. A propos de la liaison qu’elle entretenait avec Roy, elle était en désaccord avec ses parents qui, bien que très fortunés, goûtaient peu que leur petite héritière couche avec la politique. Ce qu’elle faisait forcément avec un fils de député. Quand à lui, Larymore n’aimait pas se quereller avec celle qui partageait son lit, mais les conflits n’arrivaient pas souvent, même si Lizabeth avait la sale manie de changer d’humeur comme de fringues.
 
 Parfaitement nue, elle replaça sa boucle d’oreille devant le grand miroir de sa chambre. La glace propre lui renvoyait l’image d’une véritable réussite charnelle, avec ces très longues jambes qui faisaient d’elle une adepte assez luxueuse de la bipédie. Lizabeth s’approcha un peu, observant de près ses sourcils très fins qui s’envolaient hauts par-dessus ses yeux bleus, son nez aux ailes presque absentes qui laissaient à la bouche idéale le soin de régner sur un visage long. Elle repassa du rouge sur ses lèvres sublimes, puis elle attrapa ses épais cheveux blonds qu’elle noua en chignon. Roy se tenait derrière elle, plongeant les yeux sur ce dos brûlant, scrutant la peau des reins dorée au soleil bienfaisant de Waikiki Beach, mais Lizabeth ne daigna pas se retourner.
 
– Tu as couché avec la française ?
 
– De quoi parles-tu ?
 
– Tu manques de hardiesse, Roy, je t’ai vu l’embrasser.
 
 Il resta comme un con, tel un garnement pris sur le fait tenant dans sa main une pomme volée. Un peu de pourpre étincela sur son visage carré, il coula enfin son regard dans celui de Lisbeth, qui se retourna enfin par un mouvement de reine. Roy roula machinalement des épaules. Les prunelles azurées de sa femme lançaient des éclairs comme des globes de feu.
 
– Alors c‘est donc ça, la grande fièvre du cœur pour une petite parisienne moche comme son cul ! Toi, le type si fier, l’indomptable, le lion blanc, surpris en plein désordre des sentiments. Tout en parlant, elle commençait à s’habiller. Tu me dégoûtes, Roy.  
 
 Ses répliques manquaient de chaleur, Roy sentait un poison pernicieux fermenter dans ses veines. Il comprenait l’amour, l’injustice, la déception. A cet instant précis, il aurait voulu s’attacher des ailes dans le dos et s’envoler vers le monde féerique de l’enfance.  
 
– Et je suis quoi, moi, reprit Lisbeth, ton animal familier ? La référence transparente de ta merveilleuse réussite ? Mon père a peut-être raison, en affirmant que tu n’es somme toute que la créature du tien.  
 
– Tu exagères, Liz, il ne s’est rien passé, juste un baiser.  
 
– Je rêve ! Un french kiss, comme ça, juste pour s’amuser ? Ne sois pas lâche, je t’aime, Roy. Des larmes commençaient à couler sur ses joues. Je déteste avoir été témoin de cette scène pénible. Tu me déçois, plutôt.  
 
– Je m’excuse, je ne sais pas comment c’est arrivé. Il s’arrachait les mots de la bouche.
 
– Salaud, j’espère que tu t’es régalé. Une histoire d’adultère, maintenant, c’est pitoyable. Tu as toujours été bon, généreux, comment peux-tu te montrer aussi méprisable ? Le pli de sa bouche était amer et pourtant, en apparence vaincue, elle alla se caler contre le puissant torse de Roy, il s’efforça de prendre un visage impassible et la serra contre lui, sans trouver le soulagement. Elle pleurait maintenant comme si c’était le dernier jour de bonheur de sa vie.
 
 Ils furent sauvés de la banqueroute émotionnelle par l’arrivée intempestive des deux agents rescapés de leur expédition mortelle. Un des deux avait une blessure profonde à la cuisse parce qu’une balle l’avait frôlée et l’autre semblait indemne, mais ils avaient transporté dans leur bagnole les cadavres des deux autres collègues. Le blessé avait pris des drogues pour calmer sa douleur et somnolait à moitié, son visage perdait toute couleur, l’autre avait sans doute fait le chauffeur pour le ramener. Après leur rapide récit mentionnant la fusillade sur les quais et l’enlèvement des flics de France par la bande de Gros Bill, Roy eut le sentiment de soulever des altères trop lourdes pour lui. Lisbeth s’était mise en retrait, tâchant devant les autres de faire comme si son orgueil de femme n’était pas meurtri, il y avait des affaires plus urgentes à traiter. Avant que son mari ne descende avec les nouveaux venus dans le sous-sol aménagé, elle l’attrapa toutefois par le bras.
 
– Je t’aime Roy, je ne veux pas te perdre ni te rendre visite à la morgue. M’obliger à te clouer dans un cercueil, tu parles d’une stratégie conquérante ! Ton père t’utilise pour assouvir ses propres ambitions, il se sert de toi pour consolider et amplifier sa position, au risque de briser ta propre carrière. Il t’enchaîne de façon presque machiavélique à son destin, mais si tu persistes à vouloir dorer son blason avec tes faits d’arme, tu cours à la catastrophe et notre couple avec.
 
 Il ne répondit rien, mais comme elle le regardait se diriger vers les marches qui conduisaient vers cette pièce emplie de secrets, celle qu’elle appelait vulgairement la salle à papotes, elle murmura encore à son intention :
 
 – Fais moi plaisir, ne me déçois plus, laisse-là donc crever, cette petite grenouille aguicheuse.
 
 Roy fut incapable de lui river son clou. Au bas de l’escalier, l’agent Sonny Dealspot gardait la porte, un colt passé sous l’aisselle gauche. Cet endroit enterré, situé sous la splendide demeure du procureur à la réputation fameuse, formait en fait le repaire discret d’une unité spéciale du FBI remplie de photos et de croquis, un bureau officiel quoique invisible, en charge de traquer les criminels les plus coriaces et les mieux organisés d’Hawaï. Il y avait quelquefois dans cette cave hautement sécurisée de sanglantes confessions, puisque certains meurtres mafieux et trafics internationaux pouvaient menacer la sécurité nationale. C’était bien entendu un centre occulte, agissant totalement en marge de la police officielle et constamment agité d’allée et venues d’hommes et de véhicules. Roy Larymore n’habitait pas une maison ordinaire et même les français n’avaient pas été invités dans ce sous-sol stratégique. Il n’y avait aucune ouverture extérieure (et pour cause), on circulait dans une sorte de bunker souterrain à trois pièces, dont l’une, où se trouvait actuellement une chaise renversée, servait aux interrogatoires ; alors que la plus grande foisonnait d’ordinateurs, d’écrans géants et de cartes géographiques, de portraits de suspects avec des tracés les mettant en étroite relation. Celui de Van Degaffe dominait bien sûr la pyramide, mais on voyait aussi la gueule de Gros Bill, et celles de Moonshine Booz, de Grand Tonio, Jim Main Folle, Riton Tape-Dru, Pitou le Tatoué, Ricki le Dingo, au milieu de bien d’autres. De petits bureaux délimitaient chaque angle et entouraient la table de briefing où l’on faisait le point sur les enquêtes. C’était là le cœur du quartier général. Toute la documentation présente sur les murs ne concernait qu’une seule affaire et traitait des agissements du docteur Hubert Van Degaffe. Sur l’une des cloisons, trônait le large logo circulaire du FBI, avec inscrite dessus en lettres d’or sa fameuse devise «Fidelity, bravery, integrity». Les agents survivants se nommaient Stephen Macdonald et Gene Bonzini, dont la jambe de pantalon pissait le sang. Il lui fallait des soins d’urgence, un médecin accrédité était déjà prévenu pour le traiter sur place afin de le recoudre.  
 
– Les assassins ont étés habiles, fit l’agent Macdonald, ils ont tendu un piège aux français, en utilisant Elliot Goldwin. Malheureusement, nous étions éloignés, nous sommes intervenus trop tard. Je dois la vie à mon gilet.  
 
– Quand vous m’avez prévenu, précisa Roy, j’ai ordonné à la police d’Oahu un survol maritime, il n’a rien donné. Les cadavres de vos collègues sont encore chauds et la bande à Gros Bill s’est évaporée sur l’océan comme par enchantement !
 
– Ce qui est sûr, ajouta Bonzini en grimaçant, c’est qu’un des leurs, Ricki le Dingo,  s’en ai pris une dans le gras de l’épaule et qu’un autre, Joe Gangsta, je crois, s’est fait plomber le foie.  
 
– La finalité de tout ce carnage, dit Roy, n’avait sans doute pour unique but que d’enlever les français. Il nous faut plus d’informations sur Degaffe et ses copains et voir auprès des agents de la CIA et de la NSA, s’ils n’auraient pas un peu de grain à moudre. La Samsara Foundation située près de Diamond Head était sans doute impliquée, mais elle n’existe plus et les preuves ne sont plus qu’un tas de cendre, ce n‘est pas un hasard.  
 
– Il faut constituer un nouveau dispositif, constata Stephen Macdonald, alors que suivis par Sonny Dealspot, le médecin et une infirmière pénétraient dans les lieux, entraînant aussitôt Bonzini à côté.
 
– Le constat intérieur n’est pas bon. Chantage, intimidation, commissions occultes, dessous glauques : certains flics d’ici se tapent de gros, gros pourboires ! Ils n’hésitent même plus à faire le coup de feu, le cas de Sam Alloma nous le prouve. On peut supposer qu’à Honolulu, le cash de Van Degaffe coule à flot.
 
– Oui, rien que la Samsara constitue une importante organisation internationale, il doit exister d’énormes transferts de capitaux pour blanchir le pognon de certaines activités douteuses.
 
– Je jure bien de confondre ces misérables, je suis sûr que beaucoup dans nos îles empochent allègrement l’argent de ce cinglé de toubib.
 
– Certains vous traiteront de sale fouineur, attorney.
 
– Je m’en fiche. On doit retrouver les français à présent, ils sont certainement toujours en vie et j’en ai le devoir.
 
 À l’étage, Guy Ness était en train de voler dans le couloir à tire-d’ailes. En rencontrant enfin Lizabeth Payton qui sortait de sa chambre, le bec du perroquet laissa échapper un plainte de désespoir, il portait une nouvelle alarmante qui paraissait l’anéantir.
 
– C’est Echo 16, elle ne va pas bien, pas bien du tout !  
 
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Bon week-end à tous.
 
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n°58897778
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 24-02-2020 à 13:00:14  profilanswer
 

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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Vick Time.

 

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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Guilaine et Rico Mohair

 

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Message édité par talbazar le 25-02-2020 à 08:02:33
n°58928952
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 27-02-2020 à 12:16:05  profilanswer
 

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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Jay Maloku.

 

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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Le ballon Fraternité d'Ernest Timalargus.

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Message édité par talbazar le 29-02-2020 à 23:01:51
n°58945265
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 28-02-2020 à 22:22:10  profilanswer
 

Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Liz Pahan.

 

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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Olympe Arfait.

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Message édité par talbazar le 29-02-2020 à 09:31:57
n°58949563
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 29-02-2020 à 16:42:39  profilanswer
 

Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Charles Mortissement.

 

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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Line Ossance.

 

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Message édité par talbazar le 29-02-2020 à 22:40:44
n°58956412
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 01-03-2020 à 15:27:19  profilanswer
 

Salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : Biographie de Gaston Boudiou. Extrait numéro 57.

 

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L’autoradio diffuse « Adios Amor » de Sheila. Alors qu’il file entre les champs Raymond s’allume une clope, une Gitane sans filtre au goût âcre, qu’il laisse pendre à sa bouche en pensant au beau corps d’Antigone. Peut-être aurait-il aimé que tout soit différent et qu’elle se tienne à ses côtés le visage souriant, avec son épaule tassée contre lui pour aller n’importe où. Il l’imagine lovée sur le siège, confiante, presque heureuse, alors qu’il tourne le volant. Sur le chemin de terre qui le pousse vers la ville, il rêve de l‘absente. Il songe à cette femme luxueuse au port si royal, vêtue de sa sobre robe noire qui lui lisse les hanches comme un modelage de dieu (elle n‘était pas le genre de midinette à s‘habiller d‘un rideau imprimé, à moins qu‘il ne soit signé par un grand couturier), avec son petit et brillant collier ras du cou en perles de culture, pour compter comme un boulier précieux le nombre de ses charmes. Antigone, dont il conserve encore dans les narines le souvenir du parfum, abandonnée sous lui dans le grand lit, aux bas couleur de peau tendus par ses jarretelles blanches, avec ses lèvres rouges et généreuses qui, avant toute cette histoire, lui causaient d’amour dans la chambre d’hôtel ; mais aussi celle qui avait dit, au moment où il s’apprêtait à prendre la route pour quitter le château : « Tout n’était que beauté dans ma vie, ordure, avant que tu n’arrives. ». D’après le compteur rond, la voiture roule à 60 km/h et il n’y a personne d‘autre à ses côtés, rien que lui dans cette bagnole allemande porteuse d’une lettre de menace. Raymond coupe la radio, comme s‘il devait encore davantage matérialiser le vide qui l‘entoure. Ainsi que le déclare Philip Marlowe, le détective créé par Raymond Chandler : « Ne tombe jamais amoureux d’un client ». Pourtant, Raymond Toupidor n’est ni un flic, ni un détective de roman, mais juste un beau salaud à la bonne combine pressé de s’enrichir. Et son amour pour Antigone, qui n’est pas vraiment sa cliente obligée mais plutôt sa proie terrifiée, il l’a juste inventé ; parce qu‘à vrai dire, aucune femme avant elle ne l‘a jamais aimé, en tout cas elles ne l’ont jamais dis avec autant de naïveté. Toutes ne sont que de simples modèles, qu’il photographie à la volée pour en dérober l‘image et la vertu, afin de les revendre. Pas le genre de jeunes filles amoureuses et romantiques, assises tout sourire au fond d’une barque, en train de le regarder ramer en attendant le mariage. Les araignées dans son genre ne sont pas faites pour être aimées et puis, par habitude, ses partenaires de pieu il les aime plutôt ouvertement femelles. Comme dit l’autre sage, quoi que fasse la main, il faut toujours y mettre toute la force dont on se sait capable. Le conducteur chasse brusquement la belle et fière Antigone de ses pensées, puisque en jetant un coup d’œil sur sa droite, il vient immédiatement de comprendre un danger. L’apparition fugace n’a durée que deux secondes, mais il l’a bien vu. Une saleté de flic planqué derrière un tronc. Ses mains se crispent sur le volant noir, il jette un œil dans le rétroviseur, mais le château n’est plus visible. Le juron qui s’échappe entre ses dents s’enfuit dans l’habitacle d’un beau rouge-sang par sa bouche mauvaise. La campagne alentour, si paisible, prend soudain des airs de guet-apens. Il sort son revolver chargé de la boîte à gant et le pose sur ses genoux, il ne sait pas encore s’il doit accélérer. Le ciel épais gris-bleu veut tourner à la pluie, mais déjà, un mince filet de sueur froide stagne sur la tempe du ravisseur.

 

Le soleil résiste malgré-tout et sous ses derniers rayons, la terre de la piste devient presque dorée. Raymond cramponne le cercle dur, il espère encore se faire des idées. Non, ce flic est bien réel, il est là pour lui, mais comment ont-ils fait pour savoir ? Son cerveau turbine à plein tube, il enrage surtout de n’être plus le seul à posséder la clef du jeu. Il s’arrête pour réfléchir et laisse tourner le moteur, vitesse au point mort. Ses yeux percent l’horizon lointain à travers les premières gouttes d’eau qui maculent le pare-brise, puis il distingue enfin l’estafette bleue encore minuscule et les silhouettes menaçantes. Les ordures ont installé leur barrage. Faire demi-tour pour retrouver les autres serait comme s’engager dans une nasse mortelle, d’où il ne ressortirait plus et foncer dans le tas n’est pas une option valable. Il cramponne la crosse de son arme et sait qu’il ne se laissera pas prendre sans tirer. En face, ils sont sans doute déterminés et forcément trop bien armés. La pluie battante qui tambourine sur l’automobile brouille à présent son univers derrière un froid rideau liquide. Le cœur emballé, Raymond rumine de sombres choses, il se dit qu’il a déjà perdu la partie et que son rêve de richesse restera lettre morte. Il tourne la tête, combien de ces salauds sont-ils à piétiner la boue des bois ? Il ne voit pourtant plus personne. Son seul salut est de prendre sur la gauche et de filer à travers-champ, si sa voiture le veut bien. Il espère mettre le plus de distance possible entre eux et lui, même s’il est bien conscient de ne pas conduire une Jeep. L’averse bruyante frappe toujours intensément la carrosserie grise. Le temps presse, les bleus vont se mettre en chasse et avant qu’ils ne donnent l’assaut contre le château, lui-même incarne sans doute pour l‘instant leur cible favorite. Ils sait aussi que Gilles et Christophe sont capables des plus sanglantes fourberies criminelles et qu’il paiera pour eux, comme eux. Le vent qui emporte la pluie n’apporte aucun conseil, mais soudain, le cœur palpitant, il prend sa décision et passe la première pour foncer vers la prairie ; si les pneus s’embourbent dans l‘herbe détrempée, il perdra tout espoir de s‘enfuir. Alors que les essuies-glaces balayent des cordons d’eau et les chassent de la vitre, la belle dame d’acier patine dans la boue sur les premiers mètres puis s’élance bravement, afin d’avaler le terrain sans rechigner. Au bout du champ, il distingue un rideau d’arbres qu’il lui faudra longer un moment, Raymond sait toutefois où il va. Par peur de s’enliser, pied au plancher il donne de la puissance au véhicule. Bien qu’arrosé par le ciel, le champ reste ferme sous les roues, le châssis de la berline subit des contraintes terribles, mais la conduite se montre moins inconfortable que prévue. Le photographe ne sait pas si les flics observent sa manœuvre, autour de lui l’averse drue rend le paysage flou.  

 

Le champ est enfin traversé et Raymond roule en parallèle de la haie qui s’incurve un peu sur la gauche, il y est presque. Il distingue enfin la petite entrée qui va le mener à rouler sur un chemin forestier, dans lequel il s’engage avec résolution. La Mercedes apprécie visiblement ce changement de décor et se lance à l’assaut du sous-bois. En son for intérieur, le kidnappeur qui fuit vers sa liberté reconnaît qu’il vient de gagner une première victoire, mais le temps presse pour retrouver une route, en espérant qu‘elle ne grouille pas d‘uniformes. C’est tout de même un peu tôt pour se chanter la mélodie du bonheur, pourtant il les a bien eus. Grisé par sa réussite, il accélère néanmoins et accélère encore, au milieu des sapins. Cette longue piste rectiligne ponctuée de petites flaques d’eau est plus déserte qu’un cimetière, il peut se croire sorti de l’étau mortel et il va vite, très vite. S’il s’échappe de cette petite forêt par cette course effrénée, il le fera peut-être aussi de la prison. Une sorte de mince brume vaporeuse succède à la pluie et les troncs qui défilent paraissent soutenir un ciel trop bas. Lorsque le jeune chevreuil surgit devant lui, il ne peut l’éviter et frappe la bête de plein fouet, il donne alors un coup de volant réflexe, la voiture glisse sur le tapis de feuilles et en deux secondes, elle s’en va percuter sur le bas-côté un tronc de hêtre qui l’arrête brutalement. La tête de Raymond a percuté la vitre, ses côtes nullement retenues par une ceinture se sont brisées contre le volant, du sang s’échappe sur son torse broyé.

 

L’habitacle tordu sent bizarrement le chien mouillé. Coincé dans la voiture détruite, douloureux et choqué, Raymond regarde devant lui la mince fumée s’échapper du moteur ; au bout d’un moment et incapable de faire autre chose, il tend péniblement la main vers la lettre restée sur le siège, le revolver a disparu. Les souches qui bordent le désastre ricanent par leurs fentes pourries, c’est parfaitement leur droit. Juste avant que ne meure la lumière de ce jour trop pluvieux, la police le retrouvera enfin, assis sur son siège, les yeux grands ouverts fixés sur la photo d’Antigone maculée de son sang. Lui seul aurait pu dire si les petites bulles de mousse rouge au coin de ses lèvres blanches furent l’expression d’une dernière tentative pour lancer à cette femme honnête un ultime baiser d’adieu. Ce n’est pas en tout cas la prudente et petite Sittelle bleue qui pourrait l‘affirmer, alors qu’elle descend tête la première sur le grand tronc meurtrier en partie écorcé par le choc.

 


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https://www.youtube.com/watch?v=aMOcmmgu9v8

 

Bon dimanche à tous.

 

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Message édité par talbazar le 01-03-2020 à 15:43:55
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