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Auteur Sujet :

La moyenne Encyclopédie du pro-fesseur Talbazar.

n°57764515
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 06-10-2019 à 10:39:47  profilanswer
 

Reprise du message précédent :
Salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : La saga du trône de Fion - Tome 2 - Sus au sein royal. Extrait numéro 52.

 

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Dans le château bancal de Camelote décoré de jolis lys des champs, on ribaudait. Au nom de tous les citoyens mâles de sa cité, le roi Vladimir le Gland tendait sa coupe incrustée de beau nielle en l’honneur de Mirlen et du chevalier Erald, avec le désir fort de s’échauffer la couenne à coup d‘un hypocras fameux. Tant il est vrai que la meilleure victoire est celle qui pousse en gloire un homme à se vaincre lui-même. Il torchait sans faiblir depuis trois heures et demie, sans montrer encore signe qu’il serait jeté bas, sous les yeux langoureux de sa glorieuse mie Berthe de Boucogne. Sourire aux lèvres, celle-ci coursait de même en grande merveille sur le chemin de la picole, car elle levait en effet haut sa corne, ordonnant qu’un page affairé la remplisse à mesure que sa reine la vidait. Démontrant l’allégresse d’une princesse aussi jeune que fougueuse, la bonne joie de l’ivresse courait sur son poil dru, puisqu’elle n’avait de femme que la perruque à tresses et les habits. Berthe maîtrisait pourtant sans doute au plus haut point la science fort amusante des petites levrettes, que coursent sans faiblir leurs couillus à oreilles dans l‘alcôve du terrier. En grande liesse, les courtisans glapissaient haut et fort dans la salle enfumée, à la santé des majestés et de leurs invités fionnais. Les convives dégrafaient en rigolant les larges boucles de leurs ceintures, pour mieux roter son saoul et faire passer les plats en quantité, qu‘il faudrait digérer. Les ripailleurs avaient mangé des œufs tout juste sortis du poulailler et nombre de poissons de lac venaient de trouver au milieu des écuelles une fin honorable. Les mets étaient parfois accompagnés des bons pâtés de lièvres doux, qu’on avalait à grandes bouchées, pour faire passer le rouge des coteaux que les petits servants soutiraient des barriques. Le chevalier Erald craignait un peu que, par idée fulgurante de noble pochetronne, Berthe de Boucogne ne vienne à sauter brusquement sur la nappe brodée, en ayant dans sa tête de vouloir danser nue. En attendant, piochant sans compter dans les gros brocs, le mage Mirlen et lui montraient un cœur joyeux, ils serraient tant eux-mêmes leurs hanaps de vin blanc pour rendre hommage à ce royaume, qu’ils en tiendraient demain les jointures de leurs doigts forcément douloureuses. Chaque plat était salué par le son des cloches argentines et les gens de l’assemblée coiffés de chèvrefeuille jacassaient de plaisir comme des lavandières pérorant au lavoir. Bien qu’il n’y eut dans ce château que des mâles et aucune jouvencelle, puisque Berthe de Boucogne ne l‘était pas vraiment. Attendu que les Amazonardes, une fois leurs pauvres proies masculines conquestées, se gardaient uniquement pour elles les rejetons femelles qu‘elles produisaient en retour de mêlée, maillotant les petites en jouant doctement les nourrices, afin de les élever elles-mêmes dans leur propre cité. Les gamines de Lukycuni de la vallée du Mikosik ne trouvaient pas ensuite de gagne-pain dans les jeux de l’aiguille comme bonnes damoiselles, mais dans ceux de l’épée qu’elles apprenaient à brandir fort tôt. Voilà pourquoi les gars de Camelote les traitaient de sales piches, car chaque guerre qu’elles leurs faisaient de temps à autre avait pour seul but de faire descendre leurs braies pour leur vider les burnes, à coups de caramboles et de torgnoles sanglantes, sans demander jamais le moindre des avis. En attendant, dans la salle d’honneur que cette pièce magnifique composoit, toute bien fermée entre les faibles courtines du castel des Frissons, chacun vidait chopines et picolait sans déconfier sa soif, comme le font les lits tumultueux dont se gorgent les petites rivières, car la plupart des noceurs en bons-vivants étaient encore fort loin de crier Kramouille-grâce.  

 

– Ainsi donc, maraudeurs de mes deux, lança Vladimir le Gland dans son étrange langue, en s’adressant aux invités. Si je pige bien les clapeteries bizarres que vous jactez dans mes esgourdes, vous auriez séjournés chez ces saucissonneuses du dimanche qui crèchent dans Lukycuni ?

 

– Si fait, mon sire, répondit poliment Mirlen après sa nouvelle lampée, et point n’en n’avons eus grand’peur, car elles furent fort charmantes à nous héberger. Voyez : nous avons même pu caresser en franchise d’amitié leurs beaux lévriers blancs. Pour qui veut les connaître, elles sont joyeuses et gaies, bien qu’elles soient également très habiles à vous tirer des flèches, je veux bien le reconnaître.

 

– Maudites soient-elles, lâcha Berthe en prenant voix aiguë, rien que des salopes affublées de leur guiboles en forme de manchon de chiottes, promptes à nous faire pisser de l’œil, voilà-tout ce qu’on peut en dire ! La seule chose qui semble amuser ces queutardes, c’est de coller des baffes à mes pauvres sujets, pour ensuite leur presser les joyeuses. A chaque fois qu’on a protesté contre leurs sales manies, les choses ont vite tournées pour les Frissons en vilaine eau de boudin.

 

– En voilà bien de durs sizains contés dans mes oreilles, malgré tout le respect que je dois à votre majesté, fit Mirlen, en reprenant du vin. Il se demandait surtout s’il n’oyait pas ici des dires de jalouse. L’aube vous guerroie lorsqu’elles vous apparaissent au-delà des créneaux, mais bien ai veü, moi j’affirmerai plutôt que la reine Daenerysk Lémésté de biauté la monjoie, qui ne demande en fait que vous ayez seulement repos. Tout est en fait dans l’art de quémander.

 

Un grand silence de méchante augure se fit par-dessus les tablées. Seul un homme garda la tête basse, il s’appelait le seigneur vicomte Benoît Taillenfer. Si douloureuses et dures que furent ses vieilles bastailles, qu’il en ornait à la main gauche, par signe de bravoure, deux de ses doigts coupés. Ce grand héros était lassé de guerre. Lui seul semblait goûter en grande merveille ce que jasaient les gens du Fion, car il rêvait dans son âme de rendre pour toujours sa paix à Camelote, en trouvant le moyen d’aborder les Amazonardes de manière plus sereine et sur une base d’amicale mesure. Il était donc très important pour sa cause que les étrangers soient venus chez lui afin de jouer les diplomates. En attendant, les suaves paroles de Mirlen n’avaient pas l’air d’enchanter grand-monde, tant était chevillée depuis trop longtemps la haine qu’inspiraient dans cette ville les femmes guerrières de Lukycuni. Le mage du Fion jugea plus prudent de tarir aussitôt son sujet, mais l’approbation muette de sire Benoit ne lui échappa pas. En levant haut son bras, Mirlen choqua sa coupe dans celle de chevalier Erald, à la santé des gens d’ici. Le vin en joie et les chants des trouvères firent qu’on oublia rapidement le sujet des voisines détestées, on reprit les agapes où elles étaient laissées. Les serviteurs firent circuler les entremets et puis, basculant ses fausses nattes blondes dans ses gestes endiablés, Berthe de Boucogne s’essaya même personnellement à faire des jongleries avec de petites balles en cuir, sous les premiers applaudissements du roi, avant de voir la foule entière déchaîner les bravos. Paroles, paroles, Vladimir le Gland n’avait pas l’intention dans la nuitée de les dires à une autre. Caramels, bonbons et chocolats et par moments, elle lui disait souvent qu’il ne comprenait pas, lui qui aimait pourtant le vent et le parfum des roses, que les mots tendres enrobés de douceur se posât sur sa bouche mais jamais sur son cœur. Ce qui bien entendu chantait très faux.
 
 Le lendemain, évidemment, il y eut gueule de bois et Camelote se réveilla dans la tourmente des tripes torturées. Moustaches tordues et l’échine brisée d’avoir par trop dansé, on s’étira dans la châtellenie avec le sentiment d’avoir tout de même passé une chaude soirée. Beaucoup auraient tiré la Nicolette, bien cent deux fois, s’il avaient eu quelque femme à s’attacher au cou pour leur secouer maçue, au lieu de ça, on avait roupillé comme des souches, sans même tomber jambières ni défaire les souliers. Parce que des amoureuses, dans Camelote, il n’y avait que nenni. Erald de Bavevieux, même lui, ne me li manbre de son non, ni set s’il est armez ou non, et il dut plonger sa tête toute entière dans un baquet d’eau froide, pour remettre son esprit à l’endroit. Mirlen vint le rejoindre dans le petit verger verdoyant et fleuri enfermé dans la cour, chassant des poules qui picoraient le bout de ses bottes comme si c’était du grain. Ensemble, ils allèrent voir aux écuries si leurs chevaux faisaient l’objet d’un traitement correct de la part des Frissons. Rassurés sur ce point, car les deux destriers portaient chacun les marques de la bienséance, les étrangers dirent bonjour en passant aux tonneliers, aux charpentiers, puis profitèrent ensuite avec langueur du bon matin pour remercier notre bonne Sainte Kramouille, laquelle collait en sa bonté un soleil généreux sur les remparts vides. C’est au détour d’un jardinet qui donnait fleurs en abondance à la petite société, que les deux hommes tombèrent sur sire Benoit, car le vicomte Taillenfer semblait en fait les rechercher. Il était seul et tout dans sa tenue prouvait la prestance d’une marque nobiliaire, il ne lui manquait plus pour le parfaire qu‘un cheval de combat, un écu de quartier et une lance dans la main. Il ne trahissait pas sur ses traits les fatigues de la nuit, car lui avait peu bu. Erald le vit venir de loin, et murmura dans l’oreille de Mirlen qu’il plaignait bien ce bougre, car ce preux devait bien souffrir de ses doigts perdus, au moment de satisfaire le curage de son nez. Ils gloussèrent et se turent, quand l’autre vint les trouver. Au moment de dire bonjour, tous trois levèrent la tête après l’usage des saluts, puisqu’ils virent Berthe de Boucogne en train de les regarder intensément par la fenêtre du donjon. Si du bas on constatait bien ses belles nattes blondes, son teint frais éclatant, sa bouche rieuse et son corps bien paré, ils virent aussi que son visage changea brutalement, en constatant que les trois autres parlementaient. Du coup, elle donna l’air d’en être plus que soucieuse, les rides qu’elle traça sur son front chagrin ne pouvaient plus permettre à personne d’en douter.

 

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Bon dimanche à tous.

 

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Message édité par talbazar le 11-10-2019 à 05:45:03
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Posté le 06-10-2019 à 10:39:47  profilanswer
 

n°57775831
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 07-10-2019 à 18:11:49  profilanswer
 

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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Germain Balladeuse.

 

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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Garry Zière.

 
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Message édité par talbazar le 09-10-2019 à 07:10:36
n°57785205
talbazar
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Posté le 08-10-2019 à 16:05:30  profilanswer
 

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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Erwan Toutrifaure.

 

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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Bruno Minérale.

 

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Message édité par talbazar le 09-10-2019 à 07:11:44
n°57795523
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 09-10-2019 à 15:39:58  profilanswer
 

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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Alphonse Cièrement.

 

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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : René Gat.

 

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Message édité par talbazar le 09-10-2019 à 15:56:54
n°57803498
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 10-10-2019 à 13:17:31  profilanswer
 

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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Hervé Dunmon de Meilleur..

 

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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Alain Pétueux..

 

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Message édité par talbazar le 10-10-2019 à 13:18:18
n°57823349
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 12-10-2019 à 15:14:47  profilanswer
 

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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Henri Bozome.

 

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Salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : Coup de chance dans l'hyperbole. Extrait numéro 71.

 

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 Terre, tour-palais de Joke Esgala. Le puissant jet d’eau blanche d’une haute fontaine envoie ses embruns tièdes sur le président du Conseil Terrien Défédéré, alors qu’il se promène dans l’un de ses jardins en tenant le bras de Vaness Parada. Dans le ciel bleu très lumineux, quelques vaisseaux de tailles diverses projettent leurs masses grises, voguant à des vitesses variées vers leur destination commerciale ou d’agrément. Des Scootkijets X-42 et des Spacemobs, bien sûr, mais aussi des Turbojetskis XZ-7 Space Ship ou Gilmark X-43, que frôlent en vrombissant de plus imposants X-1800. Au loin, la plateforme de l’astroport intergalactique de la tour 09 accueille plusieurs fusées qui se préparent à décoller vers les étoiles. L’installation imposante perce la mer de brume beige qui noie souvent les bases de toutes les tours gigantesques, dont celle du palais présidentiel ne fait ce jour-là pas exception. Vaness semble en pleine forme et d‘humeur très joyeuse, puisque avec ses pilules alimentaires, elle a pris en complément quelques doses concentrées de riboflavine et de L-carnitine pour se laver le cerveau. Un transbordeur en partance trace justement devant ses yeux sa fulgurance, sa trajectoire perce l’atmosphère en s’accompagnant d’un bref son rageur. Il part sans doute remplir ses énormes soutes avec une précieuse cargaison arrachée d’une planète incroyablement lointaine. L’armatrice vénusienne en tire quand à elle un soupçon de jalousie dépitée, son propre Ladies no shirts free drinks traîne toujours confiné en orbite terrienne, figé par obligation dans un immobilisme prudent. Joke ne lève pas les yeux pour admirer la course rapide du cargo-fusée, son regard ne dévisage que sa prestigieuse amie. Il l’invite finalement à s’asseoir près de lui, sur un des gracieux bancs aux reflets bleus et cristallins qui parsèment le parc. Les sustentateurs invisibles sont plus confortables, certes, mais il est parfois très agréable de voir où l’on pose ses fesses. Le soleil matinal caresse avec bonheur leur nudité et son éblouissante clarté leur fait plisser les yeux. Dans la joie de profiter ensemble de cette belle journée, ils semblent les plus heureux du monde, alors qu’une lente Flying Saucer 101 familiale passant en altitude les couvre un instant de son ombre circulaire et fugace, avant qu’elle n’opère un virage réglementaire sur son éperon gauche, pour éviter de frôler trop près l’espace interdit et protégé du palais. Sourire aux lèvres, Esgala convie par implant un petit rob Zom-Bot à venir les rejoindre plus près, puisque la machine docile est en train de les suivre depuis un bon moment. Deux fois plus petit et lent qu’un Zerak Monobot, ce type de robot au service minimum est également deux fois plus con. Malgré tout hautement sécurisé, il sert essentiellement au transport des objets de valeur et sa présence sur cette terrasse ensoleillée ne peut, en cet instant de douce nonchalance qu’ils prennent en commun, qu’intriguer fortement Parada. La bestiole mécanique porte sur son bide renflé le sigle de la présidence. En cas d‘embrouille, ce machin attirerait vers lui en trente secondes une nuée de Gama A9 Space Patrol Ship de la police, armée jusqu’aux dents ; puisque les lois galactiques interdisent aux robots de se défendre eux-mêmes. Mais à vrai-dire, bien malin celui qui pourrait déjouer le système de protection passif d’un Zom-Bot veillant sur son précieux contenu, ce n’est d’ailleurs jamais arrivé. Alors que le coffre-fort ambulant stationne à leurs pieds, Joke parait jubiler un instant, en faisant mine d’admirer la haute façade transparente et concave la plus proche. Il paraît si joyeux que son enthousiasme lui donne l’air d’avoir des ailes dans le dos. Reprenant ses esprits, il connecte son implant à la serrure personnalisée du rob et la machine lui remet complaisamment le mystérieux contenu si bien protégé. Joke se retrouve alors avec un minuscule boîtier dans la main, qu’il remet solennellement à Vaness ; aucun doute, il s’agit d’un cadeau. Lorsqu’elle ouvre le petit écrin, la riche vénusienne pousse un cri de surprise, n’en croyant pas ses yeux. Elle sert entre ses doigt une pierre opalescente et taillée de murildosine, tellement rare qu’elle représente probablement l’unique spécimen qui puisse se trouver dans le système solaire. Vu la magnificence de ses brillances, il ne peut s’agir en aucun cas d’un faux.

 

– Joke ! une murile, mais comment l’as-tu trouvée ? C’est incroyable…

 

– La présidence a ses secrets, essaye-là, plutôt.

 

Émerveillée et ravie, Vaness place aussitôt la précieuse gemme dans le creux de son cou. L’effet est particulièrement gracieux, puisque la pierre naturellement supraconductrice se colore peu à peu et lévite à quelques millimètres de sa peau, en produisant une ombre délicate. Provenant d’une planète à peine exploitée, le petit caillou exceptionnel flotte à présent sur la gorge de l’armatrice ; ses facettes sont devenues d’une belle couleur verte très vive, traduisant le plaisir suprême et le contentement de sa propriétaire. Puisque cette murile en apesanteur devrait transcrire d‘une manière explicite, en se colorant du violet sombre à l’orange pur ou en passant par de magnifiques nuances bleuâtres, toutes les émotions réelle de Vaness, agissant ainsi comme un véritable réflecteur de ses humeurs et de ses émotions. C’est évidemment un présent inestimable. Joke s’amuse avec le bout de son doigt à faire danser la pierre au cou de Vaness, avant d’embrasser tendrement sa maîtresse sur les lèvres, le vert de l’objet étincelant ne pouvant la trahir, il sait bien qu’elle est ravie. Il n’existe en effet pas deux femmes dans dix galaxies à pouvoir s’enorgueillir de posséder un tel bijou. Le Zom-Bot délesté est retourné se faire voir ailleurs, ils sont désormais seuls sur cette immense terrasse arborée, qui dessine au dessus du vide ses lignes aériennes aussi élégantes qu’audacieuses. Vaness à l’impression de sentir son propre cœur partir en ballade au-dessus de sa poitrine, puisque le bijou livre sans fard au yeux de son amant à la fois sa joie de recevoir et la douceur des sentiments qu‘elle voudrait pouvoir partager complètement avec lui. À regret, Joke se sépare enfin d’elle pour fixer intensément l’astroport par-dessus son épaule. Il regarde en effet la vaste piste se préparer à recevoir l’atterrissage d’un énorme clipper Space Ship X8 à six ponts. Ce navire interstellaire n’appartient à aucune Compagnie marchande ou défédération, mais il exhibe sur son flanc le symbole ostentatoire de la cour galactique. La bête en provenance de l’espace profond vient sans doute d’accomplir une longue traversée.

 

– Le voilà, fait simplement Esgala, en reprenant le bras de Vaness pour rejoindre ses appartements privés, avant de se préparer à l‘accueil des nouveaux-venus. Au moment de recevoir ces arrivants prestigieux dont il attendait l‘arrivée, il doit encore veiller aux nécessité indispensables à leur sécurité ; tout comme, peut-être plus encore, à celle des évadés martiens qu’il protège toujours, en toute clandestinité.

 

– Flûte, fait Vaness, désagréablement arrachée de sa rêverie, on était tellement bien ici. Elle jette elle-même un regard vers le gros vaisseau, enfin posé sur le plateau portuaire, comme si elle scrutait l’arrivée dans son propre bonheur d’une intrusion malveillante. Il ne faudra guère de temps au Renwal Space Car transportant les officiels de la cour pour rejoindre le palais et elle distingue déjà les deux turbojets Space Patrol policiers en descente qui vont se charger de l’escorter.

 

Tu parles ! Malgré les récents remous issus de la guerre martienne et la formidable exaction provoquée par le tir prohibé du général Digoule, le président de la cour suprême intergalactique Louis Bitovan n’allait pas se déplacer en personne. La délégation des juristes qui se présente aux yeux de Joke Esgala ne comporte que cinq hauts magistrats en visite protocolaire, avec à leur tête Torino Berliose, un docte vieillard blanchi qui semble un peu éprouvé par les vicissitudes de son voyage, en provenance des confins du Centaure. Plus inquiétant peut-être pour les intérêts terriens, ce groupe est suivi par trois autres personnes incarnant les représentants de la cour sélénite bafouée par la terre, lors de l‘évasion de Sirkisi, et que domine un certain Igur Strivisky, un homme frêle d’une cinquantaine d’années. Son apparence fragile se complète d’une certaine pâleur de peau souvent commune aux sélénites et aux vénusiens. Bien évidemment, Esgala n’est accompagné lui-même que de ses plus proches conseillers et de quelques cénazteurs du congrès terrien, tels que ceux de l’Afrique, l’Asie et l’Océanie. Quand à elle, Vaness Parada est restée prudemment à l’abri du quartier qu‘elle occupe avec les cénazteurs martiens dissidents, afin de ne pas jeter de l’huile sur le feu. Un Dux-Astroman est cependant présent, le robot fait immédiatement proposition à l’assemblée des canettes de Cocosky qu’il contient. Les juges semblent apprécier cette amabilité. Dans la salle circulaire inondée de lumière, des sustentateurs confortables et mobiles sont aussitôt mis à leur disposition. La réunion se veut courtoise, mais il n’est pas difficile de sentir la tension sous-jacente qui risque d’animer certaines mises au point.

 

– La terre est très honorée de vous recevoir, honorables Maîtres, fait Esgala en croisant les bras, nous espérons que votre voyage fut serein.

 

– Disons que le Sta Trique commence à être un bien vieux vaisseau, répond Torino Berliose, dont les sourcils broussailleux restés en partie bruns lui donnent un air un peu farouche, contredit toutefois par des yeux démontrant autant d’intelligence qu’une certaine sagesse. Des prunelles claires perçant ses rides qui n’en font sans doute pas pour autant un poète.

 

– Vous prendrez ici, dans la tour présidentielle, tout le temps qu’il faudra pour vous reposer, naturellement. Joke plante un instant son regard sur les visages des sélénites qui n’expriment absolument rien d’autre qu’une froideur glaçante.

 

– Bien, approuve Berliose, en entrant sans autre préambule dans le vif du sujet qui le conduit sur Terre. Selon nos sources, la crise des exportations engendrée par les insurgés indépendantistes de Mars a déjà de nombreuses conséquences au-delà de cette planète. Les flambées de protestations provenant des armateurs résonnent déjà dans tout l’univers, en prenant le risque d’ébranler les présidences. Près de chez vous, on note de l’agitation sur Io et bien ailleurs, de plus en plus forte à chaque minute de chaque jour. L’œuf actuellement couvé par Mars pourrait bien éclore en déflagrations fort désagréables pour les intérêts des bailleurs planétaires. Comme vous savez, les administrants détestent les guerres, les actes de piraterie qui leur font perdre des milliards d’eullars leur suffisent. Le générale Digoule a été plus rapide, mais c’est notre responsabilité de mettre en cause ses agissements qui le plongent dans un reniement scandaleux du droit galactique. Ce batailleur est en train de bousiller le système, nous estimons qu’avoir utilisé illégalement l’espace pour régler son propre conflit est sans précédent et ne saurait constituer un bon procédé. Je vous parle par la voix du président de la cour suprême intergalactique Louis Bitovan, puisque fort des lois que nous incarnons et représentons, nous ne pouvons laisser impunément le dictateur martien détricoter une histoire universelle jusque-là relativement paisible. Dans le climat d’agitation qui vient de le conduire à la faute, l’indifférence de la cour ne peut plus être absolue. Mars ne sera pas une exception aux règles, ni le terreau fertile aux délires de son nouveau dirigeant.

 

– Je crois estimer entre les lignes ce que vous tentez de me suggérez, n’est-ce-pas ? Dois-je prendre votre long discours pour une main tendue, le coupa Joke Esgala, dans le cadre d’un appel à la Terre pour faire régner la loi par la force et dans l’urgence ? Si je comprends bien, ma planète devrait courir faire la morale à Digoule en déployant ses Sharshermans. Mais déclencher une guerre entre la Terre et Mars, n’est-ce pas la mise en place d’une suréaction que vous-vous dites prêts à cautionner ? (il y eut en même temps un brouhaha diffus au sein des cénazteurs présents.) Je trouve que vous avez une étrange manière de conclure votre analyse de l’actualité, entre les mailles du filet juridique. D’un autre point de vue, la cour suprême soutiendrait donc la notion d’indépendance prônée par Fanch Yolande ?

 

– Nous pensons simplement, fait un nouveau juge pour appuyer les dires de son illustre prédécesseur, que s’opposer à Digoule est désormais une chose nécessaire, que ne peut garantir qu’une éventuelle coalition planétaire. Le bouleversement des paradigmes qui encadreront ensuite le congrès martien nous est secondaire. Pour le moment, le chef de l’armée martienne fait fi de nos lois pour arriver à ses fins, nous voulons lui manifester à présent un peu plus que notre mécontentement, avant que Mars ne devienne dans sa totalité un cimetière militaire ou pire encore, celui de pauvres civils.

 

– Il ne nous importe pas forcément de dessiner l’après-Digoule, mais nous ne pensons pas que ce franc-tireur puisse laisser derrière lui une nouvelle guerre de prétendants, reprend Torino Berliose, à la suite de son confrère. Quoi qu’il en soit, l’illégalité de sa frappe contre les rebelles nous fait craindre aujourd’hui qu’elle aura un impact qui dépasse le cadre martien et risque de réveiller de mauvais équilibres au sein de nombreuses défédérations. Oui, nous demandons à votre armée de collaborer ouvertement avec la justice, avec s‘il le faut, mais nous préférerions l’éviter, le soutient des autres nations défédérées orbitant autour de Vénus, de Jupiter, de Saturne, voir installées sur d‘autres planètes hors de la voie lactée. La loi que nous représentons, qui jusqu’à présent garantit la circulation des matières premières et l’échange des ressources, doit rester la loi, quelque-soit le contexte planétaire concerné, voilà-tout. En ce sens, la justice galactique doit être exemplaire. La théorie du surplace chagrine actuellement le juge Bitovan et l’ensemble de la cour, il n’est satisfaisant pour personne que le conflit martien prenne la tournure que nous lui voyons. La loi martiale décrétée en son temps par le président Nikos Sirkisi ne constituait déjà pas une merveilleuse fulgurance de l’esprit.

 

– Il y a fort longtemps qu’il n’y a pas eu de conflits interplanétaires, ajoute le président terrien après avoir pris l’oreille d’un de ses conseillers. Vous m’excuserez, Maîtres, mais je ne vois cependant pas très bien pourquoi la Terre devrait spécialement perdre son âme dans un tel combat.

 

Saisissant la balle au bond pour intervenir à son tour, le président de la cour sélénite Igur Strivisky se lève d’un bond, peut-être pour appuyer le fait que son intervention pourrait bien provoquer un tournant dans ce débat. Sans qu’il puisse s’en prémunir, le juge du tribunal lunaire remue par ce geste brusque, dans les narines de Joke Esgala, une déplaisante odeur de peur, mais c’est surtout à Vaness que le chef du congrès terrien est en train de songer.

 

– Monsieur le président, vous avez vous aussi certainement des choses à nous dire, en particulier à nous les sélénites, lance l’autre, mais ne vous faites pas d’illusion et rappelez-vous bien que nos tribunaux ont les moyens de vous tenir en laisse par vos propres mensonges, si tant est que vous auriez l’intention de nous mentir. Comprenez que des informations franches sauveront la qualité de ce débat, dans le cadre de réflexions que vous savez à présent stratégiques. Vous-même semblez un peu sujet à quelques perversions au niveau des lois, n’est-ce-pas ? Nous savons que vous avez noué une relation particulière avec l’armatrice Parada, en dehors de toute autorisation de pornifiage officiel, une femme puissante qui alimente presque au yeux de tous le marché noir avec l’aide des pirates, mais votre entorse à l’usage ne constitue à dire vrai qu’un délit bien mineur. Beaucoup plus grave est votre implication supposée et votre complicité dans l’évasion des mis en cause martiens détenus sur notre sol. Bien entendu, nous ne saurions valider cette démarche. Nous pensons que la réalité qui vous entoure semble vous échapper un peu et que vous envisagez les choses et votre fonction sous un angle un peu trop personnel. Ma question est simple, hébergez-vous actuellement sur la Terre Vaness Parada elle-même, ainsi que l’ex président Nikos Sirkisi, Jack Giriaque, Steve Magouine, Silbie Vortan, Claoudio Françaoui, Maria Couloss et  Franck Sonotrou ? Dans le cadre d’une réponse positive de votre part, je pense que comprendrez mieux la raison de notre venue chez-vous et le fait que notre problématique exige votre collaboration à notre effort pour le respect de la justice. Une tâche qui vous est effectivement, à vous ainsi qu’au congrès Terrien, suggérée en priorité.
 
 Une certaine agitation vient soudain ébrécher la tranquillité de la petite foule. Avant que Joke n’ait le temps d’ouvrir la bouche pour répondre, Vaness s’infiltre en effet d’autorité dans la pièce, en dépit des gardes indécis qui cherchent mollement à la repousser. La belle gemme de murildosine qui court de manière indécise sur sa gorge fine lance de vifs éclairs d’un violet rougeoyant, qui prouvent clairement sa grande excitation, non dénuée d‘un soupçon d’irritation.

 

– Honorables Maîtres, si j’ai bien entendu vos paroles, seriez-vous en train de parler de moi ?

 

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23 courageux lecteurs, auxquels je souhaite bonheur et bon week-end.

 

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Message édité par talbazar le 25-11-2019 à 08:23:48
n°57834305
talbazar
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Posté le 14-10-2019 à 10:38:20  profilanswer
 

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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Jean-Paul Imakeu.

 

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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Edith Donc.

 

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Message édité par talbazar le 17-10-2019 à 04:44:32
n°57843349
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 15-10-2019 à 05:53:19  profilanswer
 

Le congélateur muséographique.

 

Aujourd'hui : Vieille revue de teutons.

 

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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Jean-Marc Euting.

 

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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Martin Ternaute.

 

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Message édité par talbazar le 15-10-2019 à 06:09:35
n°57853151
talbazar
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Posté le 16-10-2019 à 08:52:08  profilanswer
 

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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Bernard Dipetit.

 


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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Docteur Arthur Bine.

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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Nathalie Baba el Qwarante-Vauleurs .

 

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Message édité par talbazar le 31-10-2019 à 09:43:11
n°57862133
talbazar
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Posté le 17-10-2019 à 03:59:23  profilanswer
 

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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Régis Antderoisculpté.

 

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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Fanny Malonémal.

 

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Message édité par talbazar le 25-10-2019 à 15:15:06
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Posté le 17-10-2019 à 03:59:23  profilanswer
 

n°57871708
talbazar
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Posté le 18-10-2019 à 06:10:51  profilanswer
 

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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Joseph Edélétère.

 

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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Firmin Tenance de Laveille.

 

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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Hapsatou Renémanège..

 

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Message édité par talbazar le 18-10-2019 à 09:18:48
n°57893694
talbazar
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Posté le 21-10-2019 à 08:40:27  profilanswer
 

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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Albert Comprimé.

 

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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Gilles Éjaune.

 

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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Raymond Transe.

 

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Message édité par talbazar le 31-10-2019 à 09:10:29
n°57906769
talbazar
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Posté le 22-10-2019 à 13:25:28  profilanswer
 

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Salon des inventions

 

Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Franck Alsèche.

 

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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Maud Ulation.

 

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Message édité par talbazar le 31-10-2019 à 08:53:06
n°57915076
talbazar
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Posté le 23-10-2019 à 11:29:50  profilanswer
 

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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Isidore Dure.

 

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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Philippe Ulgars.

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Message édité par talbazar le 24-10-2019 à 10:54:42
n°57923403
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 24-10-2019 à 10:31:15  profilanswer
 

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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Nestor Emolinos.

 

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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Christian Pérature.

 

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Message édité par talbazar le 24-10-2019 à 10:56:31
n°57928872
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 24-10-2019 à 20:07:00  profilanswer
 

Salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : La jet larguée. Extrait numéro 45.

 

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Au moment où la première cabane se volatilisa sous les tirs de l‘hélicoptère russicain, la terre de Badigooince trembla. Fort. Dans leur fosse au blindage de béton, les naufragés de l’air surent alors que Bali et Balo ne les avaient pas trompés. A cet instant-là, tapis dans l’antre salvateur, aucun d’eux ne regretta la clarté du jour. Eux, les rescapés d’un premier enfer qui les avait fait brutalement tomber des nuages, ils sentaient la mort rageuse, avide et bien réelle, à nouveau rôder au-dessus de leurs têtes épouvantées pour chercher sa curée. A chaque coup portée au sol, la lumière du plafonnier tremblait sans s’éteindre tout à fait, en émettant de brefs grésillements ; le vacillement des ombres leur donnait à ce un bref instant des visages de spectres apeurés. Ils retenaient leur respiration, plongés dans la terreur d’un fracas assourdi par l‘épaisseur de l‘abri, alors qu’une pluie écarlate qu’ils ne pouvaient qu’imaginer tombait avec force sur eux, dans les terrifiants grondements continus d’un orage de feu. Dans le souterrain de béton martyrisé, le petit chien Perlin tremblait comme une feuille, incapable d’aboyer, tout paniqué du bruit et de la peur des hommes qu‘il sentait dans sa chair, on aurait dit que la petite bête allait se disloquer. Par un réflexe d’angoisse incontrôlé, Summer qui le cramponnait se fit pipi dessus sans même sans rendre compte et personne ne sembla le remarquer. Le jeune Brandon pleurait à chaudes larmes, Loana se collait au brancard de Georges en lui plantant ses ongles dans la chair, Shirley cherchait également en étreignant le torse de Steward le réconfort de bras humains. Là-haut, l’agression de l’hélicoptère pulvérisait sans relâche les vestiges de l’ancienne base, transformée en cauchemar mortel de flammes et de fumées. Un sentiment unique taraudait les réfugiés rendus silencieux, parce qu’ils avaient tous conscience d’être en train de survivre au chaos qui s’abattait sur eux. S’il n’avaient pas écouté les avertissements des deux gouroungourous, ils ne seraient plus à l’heure actuelle que des formes fumantes achevant de se consumer dans les fougères. Chacun se blottissait dans l’autre, impuissant à calmer sa propre crainte, débordé par l’incompréhension d’être devenu la cible de cet impitoyable dragon militaire, un monstre de métal qui continua pendant de longues minutes à vomir son feu. Entre chaque salve, ils entendaient distinctement le rugissement du moteur et le fouettement hargneux des pales qui tournoyaient à l’aplomb du village pour le désintégrer. Accolé à Louis de Bourvil, le militaire de carrière Karl Ashnigof pensait bien qu’il serait vain de remonter à la surface pour agiter un drapeau blanc. Le déluge effroyable s’estompa enfin, laissant un long moment la terreur achever ses œuvres dans les cœurs palpitants, le calme revint peu à peu au sein du terrier de béton. Dans sa volonté de les anéantir, la Russique venait de partiellement les assommer. Summer reposa le minuscule Chihuahua à peine calmé et pesta sur sa jupe trempée, nul ne releva la manifestation gênante de sa fragilité, elle n’était d’ailleurs pas la seule dont le corps avait failli et désormais, l’horreur de la situation les laissait complètement pantois. Pour une rare fois, le programme mental de Kim, rendue pâle et tremblante, donnait l’impression d’avoir bugué.

 

– Les ordures, fit Roparz d’une voix étonnamment hésitante, les nom de dieu de salauds !

 

– Mais comment une telle-chose peut être possible ? s’insurgea Wanda, dénouant ses articulations douloureuses malmenées par la tension d’une position trop longtemps figée.

 

– Bombarder des rescapés, quelle aberration ! se lamenta simplement Dominique, en cherchant à se libérer gentiment d’Inès.

 

Une constatation, énorme, mobilisait tous les esprits, sur le fait qu’ils couraient à présent le plus grand danger, puisqu’ils concluaient d’une manière évidente que la communauté servait dorénavant bel et bien de cible facile à l’armée russicaine.

 

– J’ai eu une sacrée trouille ! ajouta Shirley, mesurant sa chance de ne pas être restée là-haut. Steward la serra encore plus fort contre lui.

 

En regardant cette petite foule pétrie par l‘angoisse, Steven ne disait rien. Il parcourait pensivement chaque visage soucieux et resta un instant figé sur celui du petit Brandon, le petit garçon ravalait encore ses larmes. Eight cherchait peut-être un appui de la part de ces têtes graves, mais il savait aussi qu’il lui faudrait trouver en lui la force de plonger dans un redoutable inconnu. Le commandant ignorait si des troupes au sol n’étaient pas en train de ratisser la jungle à pied, l’arme au poing, pour collecter la mort. A l’unisson des autres, cette menaçante incertitude le mettait mal à l’aise. Il se rendait bien compte que le bunker n’offrait rien d’autre qu’un abri provisoire somme toute relatif et qu’il devrait, pour agir au mieux, soigneusement examiner tous les points de vue. Mais comment se défendre et se protéger contre un tel adversaire, parfaitement équipé pour assurer votre mort et qui en avait visiblement la volonté ? Lorraine Careaway noua ses longs cheveux bruns, puis elle s’approcha de Steve comme s’il lui avait communiqué le sentiment de son désarroi. La propre peur vécue sous le bombardement par l’ancienne chef de cabine ne semblait d’ailleurs pas non plus complètement dissipée. En les regardant s’enlacer tendrement, on aurait pu estimer le passé de ce couple beaucoup plus ancien. Le parfum de l’ambiance n’étant pas celui de la sensualité, ils se dégagèrent à regret et Steven fit appel aux suggestions de tous sur ce qu’il convenait de faire maintenant.

 

– Faut remonter là-haut, répondit Kim, dont la psyché aiguisée paraissait fonctionner à nouveau correctement.

 

– Gast ! fit Mériadeg, pour se faire trouer la peau, merci bien !

 

Le sentiment du groupe oscilla longtemps en exprimant les deux points de vue, entre constater les dégâts de ses propres yeux et la peur confuse de se voir abandonné en restant tapis au fond du bunker. L’approche dans les deux sens pouvait peut-être se valoir, mais les arguments semblaient bien s’annuler. Soit on prenait le risque de retourner à l’air libre en risquant de périr sous les balles de tueurs hypothétiques, soit on restait moisir dans l’abri sans autre perspective. Le seul point commun était que l’on se noyait jusqu’à la lie dans un flot d’émotions négatives, toutes porteuses d‘un désespoir ineffable. Voyant les conciliabules s’éterniser trop longtemps, Balo accrocha tout à coup le bras de Jack-André, probablement parce que ce dernier se trouvait le plus proche de lui. Son œil droit se fermait plus que jamais.

 

– Oiseau de feu parti. Venir, suivre nous.

 

Déjà, sans attendre la moindre réponse, l’indigène tournait les talons. Il était évident qu’il désirait quitter le bunker et Bali lui emboîta aussitôt le pas, en ponctuant les dires de son homme d‘un simple appel aux autres pour en faire autant. Steven tenta d’interroger le vieil homme, le pilote se heurta à un mutisme obstiné.  Il y eut pendant quelques minutes une longue vague de malaise qui parcourut l‘assemblée, mais cette fois, personne ne songea plus à contredire les Gouroungourous. On se mit en marche à leur suite pour quitter le souterrain dans le plus grand silence. Dans la nécessité de traiter le réel dans l’urgence, le bombardement semblait avoir nivelé les histoires individuelles en gommant les pensées flottantes les plus intimes ; seul Michel Tatol regretta peut-être la manne que représentait pour un éventuel commerce la masse alléchante des précieux objets qu‘il abandonnait. Quoi qu’il arrive, l’odeur du business possédait toujours pour le cerveau du milliardaire un effet rassasiant. Summer réclama le droit de se changer et Cindy resta un moment avec elle, puis tous passèrent enfin par la trappe étroite qui menait au campement. Tout brûlait. Au milieu de l’épaisse fumée masquant la clairière, le silhouettes hagardes se détachaient à peine, enveloppées par les vapeurs âcres et les flammes résiduelles de l’énorme désastre ayant détruit l’ancienne base. Il ne restait plus rien, le feu effaçait tout et rien ne viendrait freiner cet anéantissement, l’ensemble du village disparaissait dans un tas de cendres.

 

– Au moins, fit Brandon Poutrelle, les crabes ne seront pas tentés de s’approcher de ce brasier, là-dessus, on devrait être tranquille. Il disait ça pour rassurer les autres, mais sa véritable crainte consistait à voir revenir l’hélicoptère.

 

Beaucoup levaient d’ailleurs nerveusement les yeux vers le ciel meurtrier, que les fumées noires et blanches occultaient presque complètement. Bali éleva la voix sur un mot bref, en ordonnant à tous de se mettre en marche sans tarder, elle désignait une profonde bambouseraie vers laquelle Balo se dirigeait justement avec résolution. Avant d’entamer la randonnée, Karl et le docteur Akim examinèrent quelques débris d’acier qu’ils trouvèrent sur le sol, il déchiffrèrent des chiffres et une partie d’inscription écrite en russicain. Le général semblait presque satisfait que l’ennemi soit ainsi formellement désigné. Ils firent part de leur trouvaille à Steven, puis la jungle verte et sans horizon avala tout le monde. Pierre Simon avait juste précisé à Ewin, en pénétrant à ses côtés entre les hauts troncs lisses, que quoi qu’il arrive, il fallait toujours faire le plus possible confiance aux populations locales. L’écrivain ne répondit rien, il colla simplement son pas sur celui du chercheur, lequel tenait dans sa main un bâton dérisoire. Les deux bretons fermaient la marche, puisqu’ils transportaient toujours Georges Pinson, dont le pied gauche paraissait toujours aussi violet et gonflé. Le blessé n’avait pas pour l’heure l’envie de chanter, mais il bénéficiait désormais du confort offert par le vrai brancard découvert par Sandra dans un recoin du bunker. Lorraine ne quittait plus Steven d’une semelle et Shirley progressait de front en compagnie de Steward. Personne n’avait remarqué qu’au sommet de la montagne, quelque chose se consumait également en zébrant les cieux d‘un mince filet noirâtre, comme si l’ancien volcan revenait à la vie. Nul n’aurait eut l’idée de penser à cette heure aux cabanes de Pouillet. Une seule chose cependant pouvait rassurer, Bali et Balo avançaient sans hésiter au milieu des grosses tiges d‘un vert pâle, les deux Gouroungourous donnaient l’heureuse impression qu’ils savaient parfaitement où ils voulaient les conduire.

 

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Message édité par talbazar le 24-10-2019 à 20:39:21
n°57934226
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morte la bête, mort le venin
Posté le 25-10-2019 à 14:00:26  profilanswer
 

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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Léonard Brapain.

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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Anatole Égénéral.

 

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Message édité par talbazar le 25-10-2019 à 14:30:25
n°57946755
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 27-10-2019 à 15:49:11  profilanswer
 

Salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : Noeud coulant pour Martin Smith. Extrait numéro 65.

 

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Blanche Pearl prenait le soleil d’Hawaï en compagnie des filles, elle affichait ses traits normaux, un visage de mémère fripé qu’elle s’efforçait toujours avec obstination de trop maquiller. Du bleu, du vert, du rouge, un masque pathétique qui lui donnait une face de vieille chouette aux couleurs d’un ara brésilien, mais cette bille de clown n‘atténuait cependant en rien son autorité. Étalées autour d’elle sur de grandes et profondes banquettes en bois indonésiennes, Maria Goulue, Vénus Jade, Nicotine Queen et Baby la mèche semblaient pour une fois avoir les idées claires. Elles buvaient à la paille des cocktails raisonnables de simples jus de fruits. L’ancienne patronne du Tripoli devisait de choses et d’autres avec sa petite cour et si elle-même revêtait une robe de grand prix, les nanas qui l’entouraient n’avaient pas beaucoup de fringues sur la peau. Nicotine et Maria exhibaient même leurs seins bronzés au grand air, de beaux pièges à client ne portant aucune trace de maillot. Aucune de ces professionnelles de l’amour tarifé ne craignait de toute façon la moindre forme de combustion, au propre comme au figuré. Le jardin privé accolé au flanc du volcan de Van Degaffe révélait une merveille d’agencement, dont les essences fleuries triées soigneusement le fondaient si bien dans la masse végétale naturelle de la montagne émergée qu’il en devenait quasiment invisible, que ce soit vu de la mer ou d’avion. Arbres, arbustes, buissons, tous contribuaient à faire du petit jardin un havre de paix surplombant l’océan céruléen, créant un luxe privatif accolé aux vastes appartements du docteur, quasiment insoupçonnable de loin. Dans ce petit théâtre de verdure et de repos organisé avec le plus grand soin, la petite compagnie féminine s’échappait avec bonheur de l’ambiance aseptisée des hautes salles étincelantes et des couloirs carrelés du repaire secret. Ici, elles étaient en vacances et n’avaient pas besoin de s’allonger pour palper la monnaie, même si Blanche avait son point de vue pour éviter que ça dure trop longtemps. Les bonnes putes sont celles qu’on protège avant tout de la rouille et du farniente. Sortant d’une baie vitrée et close qu’un type nommé Clodo Gueule de Bois ouvrit en la forçant un peu du bras, Van Degaffe se dévoila, Pizza Gigante le suivait de près en traînant sa patte folle. Les deux sbires portaient dans leurs étuis des armes de poing qui les rendaient pas trop subtils. Le doc était tout sourire et semblait trouver charmant le tableau que lui présentait son petit enclos arboré. Peut-être qu’une brève lueur de convoitise dansa trente secondes dans ses prunelles de binocleux, en contemplant les formes idéales brunies et les traits délicats, mais cette appétence fit place sans attendre au pétillement spontané d’une bienveillance courtoise.

 

– Alors mesdames, cet endroit vous plait, j’imagine ? Profitez-en, il est à vous.

 

– Vous bossez beaucoup trop, professeur, je vous trouve une sale mine, répondit Maria, en le regardant s’enfoncer à son tour au milieu des coussins. Les deux gardes restèrent en revanche debout derrière lui, par une espèce d’habitude de comportement et d’action.

 

– Ouais, fit Vénus, trop de turbin ça tire les traits et ça blanchit les cheveux, c‘est bien connu.

 

– Disons justement, ma chérie, que le gros de mes travaux fait tout pour éviter ce genre de phénomène fâcheux.

 

– Vous savez, professeur Degaffe, intervint Vénus à nouveau, on sait bien que vous avez réussi à claquer la lourde au nez des années mortes, mais les filles et moi, on se demande des fois ce que vous pouvez bien bricoler d’autre jusqu’à pas d’heure, au fond de votre labo. Des trucs pas catholiques, en tout cas, on s’en doute ! Blanche la fusilla du regard, elle n’aimait pas que ses filles s’amusent à réfléchir. Elle préférait de beaucoup les voir tailler avec science des pipes aux margoulins, histoire de tâter leur monnaie. Aucune de ses employées n’était à la vérité au courant de ses propres turpitudes sexuelles, lorsqu’elle empruntait en catimini l’apparence du corps sublime de Vaya Condios et que le doc déguisait le sien en Martin Smith.

 

– Ma petite puce, répondit aimablement Degaffe, comme sans doute vous l’ignorez, la classification d’Auguste Comte distingue six sciences fondamentales : mathématiques, astronomie, physique, chimie, biologie, sociologie. Et bien, je peux vous le dire, si l’on excepte la deuxième et la troisième, mes propres recherches font grandement progresser les autres, je vous le garantis ! Bien entendu, je n’y arriverai jamais sans bousculer au passage quelques normes, mais la simple idée de la vérité est tellement malléable… Seuls les résultats comptent et celui qui se cantonne au niveau des idées ne réussira jamais rien. Après-tout, le vrai débat scientifique n’a t-il pas toujours été de se demander comment, au détriment du pourquoi ? Le syndrome de crédulité naïve est bien plus répandu qu’on pourrait le croire chez un grand nombre de mes confrères. C’est bien pour ça qu’aujourd’hui je les dépasse, dans mes aboutissements spectaculaires et très rémunérateurs, avec autant de brio. Leur simple orgueil leur interdit tellement de choses ! Disons que pour ma part, je creuse dans les phénomènes vitaux avec une plus grande plénitude. Histologie, cytologie, génétique, embryologie, voilà mon terrain de jeu et à vrai dire, je m’amuse énormément en jouant avec les protéines et les fractions d’acide nucléique. Vous savez, mesdemoiselles, le tripatouillage de nucléo-protide avec des perspectives finalistes comme celles qui sont les miennes, ce n’est après tout que du jonglage plaisant ! Savez-vous que j’ai déjà donné naissance à un être mi-femme, mi-rat, parfaitement viable ? bien qu’une belle garce de chimère bougrement dénuée d’esprit et beaucoup trop agressive, c’est vrai.

 

– Beurk ! répondit Baby, en lâchant vers les copines une moue explicite.

 

– Vous nous barbez, prof, vos histoires nous gâchent le soleil, lança Nicotine avec insolence, en tirant sur sa paille, avant de reposer son verre vide sur la table de bois clair. Relevant son buste, elle se massa rapidement le bout du sein gauche sans aucune gêne et sans même y penser, comme d’autres s’étirent les doigts.

 

– Ouais, fit Vénus à son tour sur un ton ironique, ne vous inquiétez pas, on fera appel à vous en cas du retard de nos règles !

 

– Héla, ajouta Maria à l’usage de la belle eurasienne, ça se discute, si tu veux mon avis. Désolée, doc !

 

Blanche Pearl se leva pour prendre place sur la banquette aux côtés du toubib. La robe mauve qui enserrait ses hanches dessinait des formes encore sveltes, Pearl avait autrefois possédé des jambes magnifiques et la souplesse de son geste démentait partiellement son âge, mais la ruine naturelle et générale de la vieille maquerelle embrouillait explicitement cette drôle d’illusion. Une profonde ride creusait le front de mémé au centre de ses sourcils fins, traduisant une réflexion animée par un certain tracas. Le grand soleil brillait sans éclat sur sa maigre chevelure teintée d’un brun étudié. L’ex-reine du Tripoli semblait également fatiguée, cette lassitude lui gâtait le fard sur les joues.

 

– Je tenais à vous le dire devant les filles, Hubert, je crois avoir en tête l’idée d’un bon projet pour nous remettre en selle et regagner de la fraîche sans vivre à vos crochets. Les commissures de ses lèvres s’étiraient vers l’arrière, ce rictus inconscient et un peu méprisant formé par sa bouche fermée donnait depuis toujours le signal aux filles qu’il ne fallait ni l’interrompre, ni surtout la contredire.

 

Indifférent au débat qui pour l‘heure ne s‘entremêlait d‘aucun récit de cul, Pizza avait finalement décidé de s’asseoir dans son coin pour démonter son feu. Une opération de maintenance sans doute inutile, mais qui l’auréolait pourtant des gestes précis d’un gazier passionné de bricolage. Il poussa même la similitude jusqu’à siffloter doucement entre ses dents. Clodo restait en revanche figé comme un piquet, en dépit des œillades de Maria qui lui souriait comme un appel sans équivoque à venir l’accueillir sur ses genoux. Elle adorait se lover comme une petite chatte ronronnante sur les cuisses des bonhommes. Pour tout dire, elle avait plusieurs fois baisé avec celui-là, ce grand con sans muscle un poil frappadingue ne suivait pas Gros Bill et ne quittait jamais le volcan. Gueule de bois avait le chic pour imposer à ceux qui le rencontraient une distance malveillante, en particulier s‘ils étaient honnêtes et s‘ils le faisaient en pleine nuit dans une rue déserte. Comme les autres, Maria Goulue se demandait ce que la croulante allait pouvoir leur déblatérer avec autant de sérieux.

 

– Nous sommes d’accord pour dire que le Tripoli, c’est terminé, reprit Blanche. Mais la nature ayant horreur du vide, la Rose Noire en profite aujourd’hui grassement, même s’il ne s’agit pas d’un bordel en soit, mais d’un club de jeux. Cette idée m’est insupportable. Aux dernières infos, cette balance de Sisco Matteï et sa grue Comtesse Monique auraient passé l’arme à gauche, ici à Honolulu, en venant vous chercher des noises. Pietro le Corse serait le successeur naturel du tripot, mais il est actuellement en cabane et c’est sa chérie la chanteuse Dizzy Pousse-Loupiote qui tiendrait actuellement la laisse du boxon. Autrement dit, s’approprier le cercle juteux de Sisco devrait être plus facile que de bricoler un herbier. C’est simple, je voudrais retrouver ma dignité et reprendre la Rose Noire à mon compte, en y ajoutant un étage confortable pour ces dames que voici.

 

En l’entendant, les filles qui se satisfaisaient grandement de bronzer au paradis sans rien branler n’avaient pas envie de se tirer des larmes, mais aucune n’osa la contredire. La vieille savait bien que si elle leur demandait de reprendre le collier, elles le feraient sans broncher. Hubert Van Degaffe ne laissa transparaître aucune réaction. A bien des égards, la cervelle de Blanche lui échappait, mais elle avait le chic pour lui flanquer du romantisme, même si pour la coller dans son lit, il devait la transformer en jolie fille, vu qu’elle refusait bizarrement qu’il la fasse rajeunir. Cette tordue commençait tout de même singulièrement à lui courir sur le haricot avec ses idées à la noix. Par faiblesse, il lui en avait dévoilé un peu trop sur ses activités, il ne fallait pas être d’une exceptionnelle richesse neuronale pour comprendre qu’elle représentait quelque part un réel danger. Elle faisait l’innocente, mais son ambition faiblissait moins que sa capacité physique, il était peut-être temps pour le doc d’envisager une séparation totale avec cette parvenue, même si cette idée le chagrinait beaucoup. Derrière ses épaisses lunettes, le nabot laissa traîner son regard de myope sur le panorama saisissant offert par l’océan tranquille. Il y eut un silence qui dura mille années, juste interrompu par un bruit de culasse provoqué par Pizza qui venait de remonter son puzzle mécanique, et puis Van Degaffe autorisa encore ses pensées à vagabonder sur le charme indicible de son jardin, avant de river son regard dans celui de Blanche. Il était étrangement incapable de lui proposer de vive voix le plongeon dans l’oubli de son projet foireux. Il ne désirait surtout pas être menaçant envers elle, il la trouvait si particulière. Ce n’était pas si simple de dire à celle que l’on aime, enfin disons que l’on apprécie vraiment, qu’on cogitait dans sa tête pour signer son arrêt de mort. Elle n’avait même pas des organes suffisamment neufs pour être exploités avec un certain profit. Il freina le plus possible son besoin d’exprimer la moindre ironie malveillante, il se contenta juste d’éviter d’esquisser devant les autres la trace de son malaise.

 

– La Rose Noire, Blanche, rien que ça ?

 

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Bon dimanche à tous.

 

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Message édité par talbazar le 27-10-2019 à 21:56:23
n°57966983
talbazar
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Posté le 29-10-2019 à 19:56:58  profilanswer
 

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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Projet Zorbulon -1.

 

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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Projet Zorbulon -2.

 

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Message édité par talbazar le 31-10-2019 à 08:05:29
n°57977371
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 31-10-2019 à 07:26:24  profilanswer
 

Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Dorothé Rapie.

 

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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Pacôme Tadis

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Message édité par talbazar le 01-11-2019 à 10:22:08
n°57985853
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 01-11-2019 à 08:58:30  profilanswer
 

Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Carmen Éloire.

 

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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Sylvain Mousseux.

 

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Message édité par talbazar le 05-11-2019 à 08:25:04
n°57997874
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 03-11-2019 à 11:53:45  profilanswer
 

Salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : Biographie de Gaston Boudiou. Extrait numéro 54.

 

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Les tristes ruines attirent d’étranges visiteurs. Pendant que la miss Angèle formule sa phrase en poète, comme si elle désirait incarner l‘inspiratrice d‘un peintre à barbichette, il ne faut guère longtemps à son frère pour reconnaître, dans la Mercedes garée au pied du château, la grosse voiture grise utilisée pour enlever Antigone. En tout cas, cette bagnole a l’air rigoureusement conforme à celle de son souvenir, mais il n‘a pas le temps de s‘interroger davantage. Personne ne voit en effet arriver Gilles à l‘arrière de la 2 CV, en train d’épauler son canon lisse de 66cm et ¼ de choké. Un superposé à la gerbe si large qu’à cette distance, il ne pourrait manquer son but en appuyant sur la détente. Il tient son long Falcor avec résolution et sa sévère trogne d’alcoolique montre bien qu’il pourrait, à l’instar de son fusil de chasse, brûler des milliers de cartouches à la suite sans broncher d‘un cil. Mais il n’aurait sûrement pas besoin d’en tirer autant pour être efficace, trois seulement lui suffiraient sans doute, peut-être même moins. Devant cette apparition dangereuse, les trois occupants de la deux-pattes fleurie ont le souffle coupé et comprennent tout de suite qu’ils viennent de se jeter dans la gueule du loup. Ce sale type qui les met en joue n’a besoin d’aucun autre discours pour leur faire comprendre qu’ils courent un danger de mort. Gilles se tient encore un peu à distance, puis il serre son Manufrance d’une main et de l’autre, il invite avec insistance ses proies à quitter leur véhicule, avant de reprendre sa dangereuse position. Joseph a bien pensé un instant redémarrer la deudeuche pour s’enfuir, il reconnaît aussi dans le même temps qu’il ferait là un très mauvais calcul, puisqu’il n’aurait aucune chance d‘aller bien loin. Cette pétoire à lapin qui les vise pratiquement à bout portant ne ferait sans doute aucun cadeau et l’autre ivrogne semble particulièrement résolu à vouloir les cribler de plomb :  

 

– Descendez, les mômes, faites pas les malins, lance-t-il, lorsqu’il voit les portières s’ouvrir.

 

Ses yeux chassieux comptabilisent deux juvéniles accompagnés d’un adulte, un de ces drogués à la marge qui prônent en ce moment haut et fort la non violence, en crachant copieusement sur les boutiques de luxe. Pas de quoi le faire frémir, son canon baisse subitement d’un angle, alors que Raymond les rejoint, serrant de son côté un Beretta dans sa main.  

 

– Ah, les jeunes Boudiou ! Mais comment êtes-vous arrivés jusqu’ici ?

 

– C’est pas difficile, lui répond Gaston, il suffisait de suivre l’odeur de la merde, ça schlingue depuis Paris. Du coup, la méchante éponge à liqueurs redresse ostensiblement son fusil, en prenant l’air encore plus mauvais.

 

– Reste poli, gamin, si tu veux garder tes dents. Et l’autre tapette, c’est qui ? il n’a pas l’air d’un CRS de la circulation. Ou sinon, faudrait qu’il pense à changer de panoplie ! Il lance un coup d’œil à Gilles, les deux se marrent en rictus, comme s’il venait de sortir la blague du siècle. Bon, ça suffit, si on veut parler de votre futur, tout le monde à l’intérieur. La baraque est pas somptueuse, mais on a de quoi loger.

 

C’est sûr, pense Gaston en pénétrant dans la ruine à moitié démolie, le château de Saint Frusquin enfoui dans la verdure sauvage n’a rien d’un rêve doré. En attendant, Raymond Toupidor vient de les cueillir dans les règles de l’art et la victoire de l’avoir retrouvé se noie dans une déconvenue bien amère. Si ces deux types n’ont pas l’air d’être des génies, ils montrent cependant avec leur artillerie qu’il pourraient bien fourmiller d’idées pour faire passer un sale quart d’heure à leurs invités. Du genre à faire en sorte que les mauvais moments deviennent rapidement pires. C’est sans doute ce que cogitent également Angèle et Joseph, puisqu’ils suivent docilement Gaston dans l’escalier. Avec un double-tube à chevrotines dans le dos, ce n’est certes pas le moment de broncher. Une radio à piles est allumée quelque part à l’étage, elle diffuse un air de pop provenant sans doute d’outre-Manche, mais pour une fois, ce ne sont pas les Beatles qui sont à l’honneur. Pas de féerie là non plus, le couloir qui sent le cheval mort n’illustre sur toute sa longueur qu’une vilaine morgue pour papier peint moisi. Cette puanteur organique diffusée par toute cette vieillerie a le don de coller Angèle en pilotage automatique, sonnée par la brusquerie de l’instant, elle n’a même pas la force de ressentir sa peur. Elle est aussi pas mal bouleversée de revoir cette charogne de Raymond, ce photographe pervers qui lui avait fait miroiter monts et merveilles en la plantant devant son objectif.

 

– C’était pas prévu, fait Gilles.

 

– Je sais, lui répond Raymond, avant de coller un coup de pompe rageur dans un petit tiroir délaissé échoué devant lui sur le sol. Une des nombreuses épaves oubliées qui traînent dans chaque recoin de ce château perdu.  

 

Antigone est assise devant la cheminée éteinte, larmoyante, mais c’est parce qu’elle est en train d’éplucher des oignons. Elle pratique son art sous la vigilance d’un Christophe qui la mate comme s’il regardait un film érotique et ses regards salaces en disent plutôt long sur ses pensées. Un revolver dort sur son genoux. Pas plus que la prisonnière, il n’a été mis au courant de l’arrivée de la 2 CV, dont il n‘a pas entendu le bruit du moteur ; ses deux acolytes qui se trouvaient à l’extérieur viennent en réalité de réagir à chaud. Il se lève brusquement en voyant ses complices pousser devant eux le trio capturé. De stupeur, Antigone reste collée sur son siège, ahurie, dépeignée, elle ne peut croire à ce que voient ses yeux. Le long regard qu’elle jette à Gaston et Angèle se mêle de crainte et de honte, la pauvre femme donne même un instant l’impression de ne pas croire en la réalité de leur présence, alors que Gilles les tient toujours en joue sous la menace de son fusil.

 

–  Merde, fait Christophe, c’est quoi ce bazar ?

 

– Les mômes de la bourgeoise, répond Raymond, le clodo, là, j’en sais rien, je sais pas qui c’est.

 

Le poète chevelu de la liberté a bien bouillonné sous l’injure, mais Joseph Wronski ne montre pas sa colère, on le sent juste plongé dans les pensées les plus sombres. Antigone est toujours vacillante et semble soudainement perdue dans une nuit profonde, elle serre dans son poing son petit économe d’une manière pathétique, il est bien évident que l’idée de s’en servir ne traverse même pas ses pensées. Les prunelles avides de Christophe qui dévisagent Angèle avec un appétit chirurgical prouvent qu’elle vient de passer avec succès son test de féminité. La jeune fille en ressent un frisson de dégoût immédiat. Le monde regorge à l’évidence de sales types à éviter et depuis quelque temps, elle apprend beaucoup de vilaines choses sur la nature humaine, notamment masculine.  

 

– Bon, assène finalement Raymond avec autorité, ce rendez-vous familial imprévu est très émouvant, mais ce n’est pas très malin de venir nous emmerder. Allez tous vous coller dans un coin derrière le paravent et restez peinards ; nous autres, il faut maintenant qu’on cause de ce qu’on va faire de vous. J’espère seulement que la mort vous fait peur. Gardez toutefois bien en tête que vous laisser en vie, pour nous, ça reste une éventualité globalement secondaire.

 

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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Pétronille Hiliste.

 

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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Jean-Paul Position.

 

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Bon dimanche à tous.

 

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Message édité par talbazar le 03-11-2019 à 19:35:21
n°58012080
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 05-11-2019 à 07:49:15  profilanswer
 

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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Alban Quette.

 

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Spoiler :

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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Monica Reburateur.

 

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Message édité par talbazar le 05-11-2019 à 08:08:27
n°58016895
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 05-11-2019 à 15:31:26  profilanswer
 

Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Bertrand Sformable.

 
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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Raymond Tacru.

 
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n°58022819
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 06-11-2019 à 10:14:20  profilanswer
 

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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Jessica Dran.

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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Carole Royce.

 

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Message édité par talbazar le 06-11-2019 à 10:25:58
n°58038878
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 07-11-2019 à 22:08:49  profilanswer
 

Le congélateur muséographique

 

Aujourd'hui : A Turlum Stag by Edwin John Alexander (1903).

 

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Le congélateur muséographique

 

Aujourd'hui : Eduard thöny 1866 1950.

 

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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Thierry Gide.

 

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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Paul Tron

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Message édité par talbazar le 07-11-2019 à 23:21:14
n°58040595
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 08-11-2019 à 09:22:59  profilanswer
 

Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Benoit de Cajou.

 

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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Anémone Itoring.

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Message édité par talbazar le 08-11-2019 à 10:43:24
n°58059903
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 11-11-2019 à 12:57:36  profilanswer
 

Salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : L'épilée du Nil. Extrait numéro 100.

 

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Sous l’autorité de Merdenkorinnanâr, le corps étrangement endormi de Schrèptètnuptèt Tahosétlafer Ramassidkouch fut déposé sous étroite surveillance dans la chambre d’une auberge, aux frais de l‘Etat. Ses belles litières furent quand à elles gardées sous scellées de cire dans un garage de Nikzem. Quand à eux, les porteurs germains en chômage technique furent consignés dans différents établissements de la ville, avec interdiction d‘en sortir jusqu‘à nouvel ordre. En ayant finalement sous la main la belle-sœur de la pharaonne, après avoir fait prisonniers la bande de bras-cassés de la CGPT et les espions romains, le général en chef des armées de l’Egypte s’assurait un succès de sa mission sur toute la ligne et pouvait naturellement pavoiser. Sans compter qu’en plus, il ramenait tous ses hommes sans dommage vers la ville d’Ankhelkarton-Tulmé, la dernière étape connue de Néefièretarée. Dans la cité indolente de Nikzem, 172 hommes charriaient dans la rue principale une statue colossale de 60 tonnes sur un traîneau, histoire de s’occuper, et trois gamins jouaient dans leur coin à se faire refléter les rayons du soleil dans une feuille d’or, qu’ils renvoyaient dans les figures pour emmerder les passants. Le hammam aux salles tièdes et chaudes refusait du monde et à côté, des types torses nus et en pagne taillaient des pierres de calcaire blanc en vue de l’agrandissement du sauna mixte, doté selon les plans d’un grand bassin balnéo (20% des recettes prévues). Il était aussi question dans la nouvelle configuration de bâtir un beau et vaste coin beauté trisexué pour changer sa perruque. Des danseurs et des musiciens en train de jouer sur les trottoirs amélioraient l’humeur des commerçants, rendue maussade par la présence des soldats qui s’étaient servis sans vergogne sur leurs étals. Un architecte du patrimoine examinait les soubassements d’un temple d’Hathor, la déesse de l’amour, et filait son diagnostic aux maçons appuyés sur une grue, au sujet d’un infiltration des eaux que la crue empirait. Le bled de Nikzem qui ne rigolait avec la notion d’engagement était tout de même classé « Bourg dart et d’histoire». Un certain bordel dans l’agglomération rurale était cependant de mise, compte tenu du mélange des zones de loisir et des espaces de travail. Le grand royaume actuellement en crise avait beau avoir sur son trône une reine volontaire et ambitieuse et un nouveau vizir somme toute efficace, il restait encore pas mal de boulot pour que cette petite cité perdue soit vraiment qualifiée d’admirable.

 

L’estafette Poupoutenpot avait galopé comme un dingue après avoir délivré son message auprès de la reine, il était revenu à la même allure de dingue, en ramenant la nouvelle du désastre ayant coulé la flotte royale dans le port d’Ankhelkarton-Tulmé. Le général écoutait donc avec attention cette obscure recrue se la jouer avec ostentation, un simple bidasse dressé fièrement dans sa tunique de camouflage imprégnée de camphre précieux, comme le font parfois les nobles de la cour royale. Une fois son papyrus réglementaire délivré, ce Poupoutenpot campa l’important devant son supérieur, en ajoutant qu’il connaissait désormais la reine personnellement, que son frère serait bientôt propriétaire d’une mine de diorite et que ses honorables parents étaient de riches terriens à 500 litres de blé/mois possédant leur propre chadouf, et patati, et patata. Comme ce vulgaire messager n’était qu’un modeste pion dans l’arsenal confié à Merdenkorinnanâr et que cette petite merde arrogante et parvenue même pas galonnée commençait à le gonfler sérieusement, le haut gradé l’envoya se faire muter aux frontières du sud. Ceci histoire de lui remettre les clepsydres à l‘heure, en expédiant ce suffisant au fin fond d’un fortin isolé et pourri situé en plein désert brûlant du côté de Ouahouah, oasis perdue située à deux pas du lointain pays de Pount. Une fois bien dilaté par les colosses nubiens de la garnison, notre petit arrogant aurait tout le loisir d’aller ensuite consulter un neru phuyt, le berger de l’anus, ainsi que s’appelait en Egypte un médecin diplômé en proctologie. En espérant que cette malheureuse grande gueule finisse par en trouver un pas trop débordé et qui afficherait des honoraires raisonnables, pour la solde de ce patient désormais diminuée de moitié. L’important restait le message de Néefièretarée et le fait que le convoi royal attendait, contraint et forcé, le retour triomphal du général muni de ses prisonniers, dans la cité de moyenne importance d’Ankhelkarton-Tulmé. Merdenkorinnanâr donna aussitôt des ordres pour que le gros de sa troupe quittasse sans attendre le cantonnement de la forteresse de Mejvoisa, «celle qui repousse les Biyêdou», et prendre la direction de Talkontoupoli, où lui et ses hommes opéreraient ensuite leur jonction.

 

La crue du Nil, source de toute richesse, inondait la basse-ville. Dans ce quartier boueux envahi par les eux limoneuses, deux prêtres bourrés à l’opium et grimpés sur des marches brandissaient leurs pancartes, pour invoquer devant les villageois les conséquences désastreuses du réchauffement climatique et demander du blé, en sacs de vingt kilos et bio si possible. Merdenkorinnanâr les laissa brailler librement pour se rendre à la prison, où il comptait rendre visite à ses prisonniers, avant de se mettre lui-même en route. La prison de Nikzem justifiait amplement son nom, le général trouva la bande de l’ex-ONS derrière de lourdes grilles et les pieds enchaînés, ils n’avaient pas franchement l’air de faire du tourisme. Il était visible que les deux romains, en particulier, avaient été longuement roués de coups. La nourrice Keskiya pleurait les larmes de son corps, elle tenait contre elle le gamin contrefait de Schrèptètnuptèt. Après avoir dévisagé le môme un bon moment, le général s’adressa directement à elle :

 

– Tu t’appelles comment ?

 

– Maria-Magdalena.

 

– Ma pauvre, laisse-tomber. Usage de faux nom, abus de qualité vraie, manœuvres frauduleuses, 40 ans de prison et amende de 375 000 chèvres et moutons, mais plus sûrement tu vas finir dans le bide d’un croco. Alors c’est lui, ce mioche, le petit roi des rois ? Tu t’appelles comment mon bonhomme ?

 

– Jésus, répondit le petit Moisi en bégayant, avant d’ajouter : soleil rouge le matin, fait trembler le marin et pluie de février, emplit les greniers.

 

D’accord, le précieux gosse était vraiment taré, ou il incarnait déjà avec son physique contrefait un acteur formidable. Merdenkorinnanâr observa ensuite la timide Aménorée, elle touillait d’une pauvre main tremblante son couscous dans son assiette, son bébé Avouktebel issu de sa liaison avec son grec dormait sur ses genoux. D’un moment à l’autre, la frêle silhouette encore un peu adolescente n’échapperait pas à la crise nerveuse. A côté de sa fille dévastée, Amétatla faisait au contraire la brave et jouait la star des ménagères, en feignant d’ignorer la présence du militaire en train de la regarder, peu sensible pour une fois au prestige de l’uniforme. Elle disait juste en râlant à l’intention de son mari Tépénib que dans sa gamelle, la sauce avait noyé la semoule. Mais à la vérité, pestant contre un mauvais destin, elle digérait sans doute fort mal de passer de ses débuts modestes à la pire des ruines, alors que ses affaires confortées par le récent holding et le marché global des tissus et poteries se présentaient justement au mieux. Assis dans son coin, Valisansoùth faisait le taiseux, il avait lui aussi pris quelques coups et il lui manquait une dent de devant, probablement la conclusion de parcours du poing d’un soldat sur sa tronche. Son œil droit tuméfié restait résolument clos et pouvait à l’évidence constituer un sujet en or pour la médecine de pointe. Le noyau historique de la Compagnie Générale de Poteries et tissus, ainsi vautré sur la paille peu épaisse du cachot, offrait un spectacle de déchéance plutôt pathétique. Nul doute qu’en présence de la reine, toute la fine équipe allait faire vibrer l’imagination des bourreaux en quête de performance. Usant de la plus extrême provocation, l’espion Tampax Nostrum se leva et lâcha bruyamment un rot de bétail qui amusa son compère et compatriote Vequetum Fourlanus ; Merdenkorinnanâr se demandait s’ils auraient autant d’humour lorsqu’on leur arracherait petit à petit quelques bouts de peau. La sortie de l’existence des deux romains se ferait sans doute au son des hurlements et pas mal de tapage. Lorsque Vequetum lui demanda avec un air goguenard si on pouvait lui fournir aimablement de la crème à raser, le chef de l’armée égyptienne leur jeta un regard chargé de mépris, il n’entrait pas en culture commune avec ces deux gars-là. Eux surtout avaient pris de bons coups de matraque sur leurs côtes couvertes de sang et de bleus, il faudrait bien pourtant attendre d’arriver à Ankhelkarton-Tulmé pour les déposséder définitivement de leurs corps d‘abrutis, prétentieux fils à glaive d’un pays qui s‘imaginait régner en maître sur le monde entier. En plantant son regard dans ceux des cabotins étrangers, les bras de déménageur du général le démangeaient un peu. Une simple envie d’illustrer par l’action la fierté nationale et de naufrager de façon énergique l’harmonie Rome-Egypte. Le récent vainqueur des Hittites et des Hyksos, qui n’était surtout pas l’amateur de cultures plurielles, tourna finalement les talons sans ajouter un mot, il se demandait juste à combien pouvait s’élever en Italie le salaire mensuel d’un espion romain.

 

Après avoir recommandé aux gardes leur plus grande vigilance vis à vis de tous ces peignes-culs, le général alla traîner ses pas vers l’auberge où reposait sur son lit Schrèptètnuptèt. La porte de la chambre gardée par un seul homme était entre-ouverte, il la poussa doucement pour rentrer. L’Hittite à titre et belle-sœur royale, dont il venait de voir le mioche de ses propres yeux, dormait paisiblement, son beau visage aux longs cils et très bien maquillé n’était que celui d’une jolie femme sans expression, alors que son cou gracieux reposait confortablement sur un appuie-tête rembourré. L’illustration parfaite d’un mannequin figurant sur un papyrus de la dernière mode. Il fallait bien avouer que la beauté fatale de cette inconsciente avait de quoi faire claquer de désir et plutôt bruyamment toutes les castagnettes masculines. La noble incestueuse couverte d’une robe agrémentée de perles d’or était entourée de deux prêtres serviles en peaux de panthère, occupés à susurrer les incantations supposées adéquates. Il les chassa vertement, pour rester seul auprès du lit. Ainsi, c’était cette dormeuse à la rigidité cadavérique qui désirait la mort de Néefièretarée, en mettant au passage à mal la prospérité du pays, pour régner à sa place sur toute la terre où Râ posait en majesté ses rayons ! Merdenkorinnanâr sortit sa dague acérée pour lui piquer le bras à divers endroits, il n’obtint aucune réaction. Etait-elle déjà passée dans l’autre monde ? Son cœur battait pourtant encore faiblement sous sa poitrine chaude. Il lui boucha longuement les narines, mais elle donnait déjà l’impression de ne plus chasser l‘air par son nez. Malgré tous ses efforts pour essayer de la réveiller, il dut admettre qu’il ne possédait pas la clef de ces songes-là. Et puis, il ressentit au fond de lui un vague sentiment de crainte, à l’idée que le dieu Konshou tapis dans la chambre ne l’assomme à son tour de son souffle néfaste, avant de lui ronger les chairs. Perplexe et un brin anxieux devant le mystère de cet étrange coma, le général referma la porte et se jeta aussitôt dans l’action, en ordonnant à ses hommes le départ immédiat de Nikzem, afin de marcher sans plus attendre vers Talkontoupoli.

 

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Bon lundi à tous.

 

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Message édité par talbazar le 11-11-2019 à 13:22:29
n°58076072
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 13-11-2019 à 12:22:43  profilanswer
 

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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Théodule Glandule.

 

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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Job Intérim.

 

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Message édité par talbazar le 13-11-2019 à 13:00:07
n°58087420
talbazar
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Posté le 14-11-2019 à 16:07:04  profilanswer
 

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Salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : La saga du trône de Fion - Tome 2 - Sus au sein royal. Extrait numéro 53.

 

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 En désir de repos, car toute l’armée avait fort bien marché, Robin qui boit venait de poser l’épée, ceinture et éperons, dans la grande tente qu’il partageait avec ses amis. Il avait tête nue et tenait main en main avec messire Yvan de Ladaupe, à l’épée vigoureuse, lui-même ravi de choir enfin ses genoux sur la terre. Tous deux vêtaient de belles robes destinées à la nuit et sur les poteaux de tilleul, luisaient à la lumière des bougies leurs belles cuirasses polies de cavaliers. Tous les murs de la tente étaient d’ailleurs richement drapés, comme il avenoit souvent dans les campements des hosts royaux. A la porte lacée, veillaient plusieurs varlets armés que Gaultier Quilamolle leur avait fournis pour assurer le guet, occupés pour l’instant à jouer aux pions devant le feu ; en attendant le bon souper que préparait l’un d’eux. Jeanne-Mireille d’Arc pestait et gémissait qu’elle allait prendre deuil, car la cuisine de ces marauds sentait fort l’ail, un met qu’elle avait disait-elle en horreur. Couché tout nu sur ses fourrures, Gauviens à l’écu blanc riait beaucoup de son dégoût, il partageait volontiers ses rires avec le chevalier Percevalve aux seins grêles, qui lui versait du vin. Ce dernier ajouta qu’en tirant ses chaussures, Jeanne-Mireille venait de fouiller ses narines pour leur proposer un fumet bien pire que la soupe aillée des voisins. En guise de réplique, l’éblouissante jouvencelle lui balança sur le champ sa galoche vers son lit. Recevant cette méchante offrande qui fit tomber le casque qu‘il portait encore, révélant au passage sa coiffure à l’écuelle, Percevalve jura en ramassant sa capeline que la Jeanne avait beau être pure et chaste, il irait dès matin noyer cette vilaine caille comme on fait des chatons. Dehors, il était l’heure d’avant dormir et les voix des soldats faiblissaient sous les toiles, alors que dans leur proche enclos, quelques chevaux bridés renâclaient doucement. Dans peu de temps, leurs terribles sabots fouleraient au grand galop l’important duché de Kiess, où Vazy Métoian LXIX portait en délégation sa couronne, par le droit qu’il s’était lui-même octroyé et sur lequel il prétendait régner. Bientôt, les hommes du Fion allaient porter ravage sur cette ville en tentant leur entrée, par cruelle et sauvage mainmise sur ses tours insolentes, en combattant avec art et méthode. La gloire féroce de cette victoire ne serait qu’un avant-goût porté aux oreilles du tyran, lequel siégeait en criminel sur son trône de Mouyse aux murailles bien closes, après l’abomination de ses conquêtes. Gaultier, ainsi que ses barons Vladimir Poustapine et Richard Beurre de Fion, pensaient bien prendre Kiess en peu de temps ; mais ils savaient qu’à Mouyse, leurs forces seraient sans doute violemment refoulées et qu’il faudrait peut-être vaincre l’ennemi d’une manière plus lente, en aiguillant cette place forte par douloureuse famine. Ils n’avaient plus de flotte en provenance de la mer capable de les épauler, puisque les beaux bateaux de la reine Amanda mouillaient à présent par le fond.

 

– Par la Sainte Kramouille, fit le Chevalier Braillard assis sur un pliant de fer, en se faisant moustache avec sa queue de cheval pour distraire par la joie dame Jeanne,  il se fait que j’ai grand-soif, à présent.

 

– Oui mes amis, approuva aussitôt Robin dans la semi-obscurité de leur abri de toile, en brandissant vers tous sa grosse corne bien remplie d‘un vin bien meilleur que raisin en verjus, trinquons, car l’orgueilleuse cité de Mouyse finira en champ labouré.

 

– Buvons surtout ce soir au souvenir du roi Karl-Heinz Shâh Soltan de la Cornette, l’ancien maître de Kiess, lança Gauviens. Qu’on l’enlumine en racontant sa vie, mes biens chers frères, puisque pour nous, nobles prestres de la milice des Hospitalisés de Sainte Kramouille, il fut toujours le protecteur bien-aimé de notre Commanderie.

 

– Gloire et santé ! répondirent tous en chœur les moines de Robin. Ils ajoutèrent que seule la violence dénouera la corde qu’une autre violence avait nouée, pour la gloire éternelle d’Amanda Blair, my lady la grande brune reine de notre Fion, Amanda Blairiscus Kramouille gratia Fionnais regina regnat ! 

 

– Et que Kramouille donne le succès à notre guerre si bien fondée ! fit Percevalve. Avant de lui trancher son col avec ma bonne épée, je donnerai pour sûr à Métoian mon caleçon très puant à baiser.

 

– Certes, ajouta Yvan, mais il faudra encore beaucoup chevaucher dans les blés respectables, avant de jouer les affameurs au pied des fiers remparts de Mouyse. Là-dessus, il ferma sa bouche sur ses mots et ne la rouvrit que pour mieux grignoter son pain beurré, comme s’il avait lui-même la peur d’en manquer.

 

– Hors-ça, mon bon Robin, quémanda sans transition Gauviens, faudra-t-il torture pour admirer notre sceptre magique ? Il y a bien longtemps qu’il ne fut sorti. En tout cas moins souvent que la petite demoiselle qui dort entre vos chausses, car celle-là se réveille vraiment trop. Il attira sur lui les rires de l’assemblée.

 

– Je garde l’Œil de dinde toujours fort bien caché entre pourpoint et tunique, beau sire, lui répondit Robin. Plus choyé par ma peau douce qu’un hôte invité en château. Je vous rappelle qu’il ne s’agit pas là d’une vulgaire masse d’arme, mais d’un objet de grande sorcellerie. Manipuler cette chose n’est point gentil rituel de mai, mes amis !

 

– Si, si, nous voulons voir icelle ! approuva Yvan, sortez-le donc, compaing, puisque vous dites en être le bon docteur.

 

– Soit, cessez donc votre trespignée et donnez-moi deux minutes, il est sous mon jaseran. Il farfouilla dans ses mailles bien frottées qui luisaient comme du vif argent.

 

Tous tombèrent les lèvres à la vue du précieux bourdon. Robin l’éleva aux rayons des chandelles, afin que chacun admira le bon gros et solide manche de chêne que Sainte Kramouille elle-même aurait utilisé. La hampe qui se bordait d’émaux blancs et d’argent martelé soutenait le nœud d’ivoire et de cuivre doré, où feuilles d’or s’entremêlaient de perles et de cabochons verts, rouges et bleus. Plus brillant que les étoiles qui règnent dans les cieux. C’était là plus que le sceptre d’un simple roi, mais plutôt l’outil rigoureux d’une magie puissante, qu’aucun dans la tente ne disait savoir faire fonctionner. Ils se contentèrent donc de s’asseoir sur les lits en joignant les phalanges, craignant qu’une mauvaise manipulation de l’objet ne vienne à les maléficier, sans espoir de salut.

 

– Bien dommage qu’aucun ici n’en ait la connaissance, lâcha Jeanne-Mireille, il nous faudrait quérir le savoir d’un maître astronomier.

 

– Le pouvoir de cette chose le dépasserait, précisa Robin, il n’en ferait sortir que de méchants périls. Sachez qu’elle n’est pas de ces dons ordinaires à trois livres deux sous qu’on abandonne pour payer ses impôts. L’Œil de dinde est un présent que Kramouille nous prête en amicale merveille, mais craignez tous d’être atrocement charmés, en grand méchef,  par le fruit déroutant de ses sortilèges.

 

Du coup, le chevalier Braillard ravala ses paroles, il allait demander à son chef de frapper l’air bien hardiment avec ce noble objet d‘orfèvrerie, pour voir s’il obtiendrait quelques révélations sous forme de visions. Mais Robin remisa d’une main presque tremblante le sceptre ensorcelé dans son sac de toile, au moment même où de grands cris vinrent à percer la nuit. Les gardes à l’extérieur criaient et s’affolaient comme s’ils avaient le pied douloureusement percé par une chausse-trappe.

 

– Qu’est-ce donc ? hurla Percevalve, on dirait bien que quelqu’un nous attaque !

 

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Message édité par talbazar le 16-11-2019 à 06:14:56
n°58113497
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 18-11-2019 à 09:46:13  profilanswer
 

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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Arsène Ique.

 
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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Sylvain Blanc.

 
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n°58125116
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 19-11-2019 à 11:59:15  profilanswer
 

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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Guy Duchêne.

 
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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Jacques Oyotte.

 
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n°58136152
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 20-11-2019 à 14:27:08  profilanswer
 

Le congélateur muséographique
 

 

Aujourd'hui : Rosa Bonheur.

 

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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Vincent le Fennec.

 

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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Eustache de Sperme.

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Message édité par talbazar le 23-11-2019 à 08:53:33
n°58149146
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 21-11-2019 à 18:58:27  profilanswer
 

Jean Perdrizet (1907 -1975) n'aura pas sa fiche ici, n'étant ni de Troulbled, de Bripue, de Pleurotte les Bois ou Peaumé le Coin, mais comme dit l'autre, la tête y est !
 
http://strabic.fr/Jean-Perdrizet-deus-ex-machina

n°58165248
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 24-11-2019 à 10:57:26  profilanswer
 

Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Anne Hihan.

 

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Salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : Coup de chance dans l'hyperbole. Extrait numéro 72.

 

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La petite Marie-Jeanne glisse seule au sein d’un univers présentant, dans une très relative proximité, de gigantesques lueurs mauves et rosées qui évoquent un bel oiseau de feu aux ailes largement déployées. La nébuleuse offre un spectacle grandiose, dont se délecte pleinement l’équipage de la minuscule fusée, alors que celle-ci trace son chemin à pleine vitesse suprazionique dans l’immensité des contrées cosmiques. Après avoir heureusement gagné son pari d’échapper aux pirates qui sont désormais loin, très loin derrière eux. Il est vrai que l’intention d’Alan Drelon et d’Isa Djani n’a sans doute jamais été de les rattraper, ce qu’ils auraient pu faire aisément avec leur nouveau navire Cheerleader, abordé presque sans lutte. Les passagers émerveillés maintiennent pour l’instant le cap sur la petite boule lumineuse d’une galaxie compacte et hyperactive, mais ils s’en éloigneront bien avant, pour viser le bon vieux disque de la voie laitière et rentrer au bercail. C’est ainsi que, dans leur navire oblong fusant entre amas et nébuleuses, Emeline et Basile Decock, Arnold Montburg, Charlie Badelaire et Jhon Piol Balmundo goûtent ensemble la joie de se rapprocher d’un territoire céleste bientôt familier. Ils ont tous hâte de saluer leurs retrouvailles visuelles avec la grosse Deneb et les dentelles du Cygne. Leur bolide suit une trajectoire tranquille, ils n’ont pour l’instant rencontré personne au cours de leur périple solitaire, mais il savent qu’au détour de telle ou telle nébuleuse planétaire brillante et colorée, un lourd transbordeur peut croiser leur route, lors d’une de ses missions de collecte ou de livraison au sein des constellations. Oui, la voie lactée n’attend plus que de leur ouvrir ses deux bras, et Basile comme Emeline sont de leur côté très impatients de retrouver leur tour terrienne. L’exotique planète Kourdukon et ses matriarches ne seront alors plus qu’un fâcheux et déplaisant souvenir, qui ne laissera seulement dans leur mémoire que l’étrange lot d’images inédites. Pour eux, le conflit martien doit à présent être terminé. Leur ancienne qualité d’otages sera probablement diluée dans la danse pacifiée des affaires, lesquelles ont dû reprendre là-bas un cours normal. Emeline lâche enfin des yeux l’énorme draperie gazeuse à l’étrange silhouette animale, pour contrôler vaguement la bonne marche de tel ou tel instrument. Puis elle va rejoindre les autres, la Marie-Jeanne sait ce qu’elle doit faire et il n’y a aucun trou noir dans les environs. Toute l’équipe s’est regroupée dans la lumière laiteuse du salon de sommet, sous la longue lucarne de shellglass résistant à la fois aux radiations et à la chaleur. Seul Charlie se tient debout, la nuque penchée et totalement absorbé par la fabuleuse explosion écarlate de gaz et de poussières percée d’étoiles massives. Bien qu’il fut un fournisseur primaire OS de transbordeur, tel que le Suck my Pony, l’homme aguerri est sans doute toujours autant subjugué par les splendeurs offertes par les frontières de l’espace. Plongé jusqu’au vertige dans l’émerveillement de son incandescence, la titanesque pouponnière stellaire gorgée d’hydrogène semble en effet exercer sur lui une attraction ultime. Contrairement aux autres, il n’a pas le réflexe de tourner machinalement la tête vers Emeline, lorsqu’elle déclenche la porte pour faire son entrée.

 

– Vous-vous souvenez des paroles de ce type, là, Carl Sagan ? « Quelque part, quelque chose d’incroyable attend d’être connu». Est-ce qu’on n’y serait pas un peu plongés, nous, dans ce quelque part ? Au bout d’un long moment, Charlie va s’asseoir aussi, il peut le faire sans s’envoler, puisque les générateurs de gravité sont pleinement activés.

 

– C’est vrai, lui répond Arnold en sifflant le fond d’une canette de gimonic, l’univers est loin d’avoir révélé tous ses secrets. Il fait la grimace, car depuis quelques jours il souffre dans la bouche d’une petite lésion kystique un peu longue à guérir.

 

– Des choses incroyables, fait Jhon Piol, moi je veux bien, mais ça les empêche pas d’être dangereuses. L’enfer, des fois, il a la gueule du grand vide.

 

Lentement, le bouclier de plastacier du plafond voûté glisse pour obturer la fête majestueuse et le salon retrouve ensuite une sorte d‘étroite intimité déconnectée de l‘extérieur. L’architecture de la fusée à cet endroit offre des perspectives bizarres un peu déroutantes au premier regard, mais tous sont en revanche installés sur des sustentateurs-contours invisibles et confortables. Basile donne même l’impression de se complaire dans une bienheureuse nonchalance presque somnolente. Mais ce n’est somme toute qu’une apparence trompeuse, puisqu’il interpelle finalement ses amis.

 

– Notre bon vieux soleil a quitté sa phase d’apathie, quasiment en fin de cycle, le rafiot va frôler d’un peu près l’emballement en arrivant, en pleine fanfare magnétique, les gars !

 

– Faut pas s’inquiéter pour ça, chéri, réplique Emeline, jusqu’à présent notre bricolage à l’air de tenir ses promesses. Mais que…

 

Elle est subitement interrompue par une communication insistante de son implant-relais et les autres reçoivent clairement le son du même message. Quelqu’un, quelque part, tente de les joindre.

 

– Ici, capitaine Pol Virline du transbordeur mercurien Sweet Slut, veuillez répondre pour identification et direction.

 

Jhon Piol est le premier à se précipiter vers le cockpit, où il se vautre aussitôt sur la couchette dédiée pour manipuler les poignées de l’ampli visuel ovale qui se cale sur le signal. Comme le radar proche qui le modélise, les mirettes du pilote observent effectivement en visuel un gros cargo grande capacité classe Solar Cared Y530, de la défédération mercurienne, en train de les précéder sur une trajectoire pratiquement identique à la leur. Un bel objet à la coque bleuie et plus que balaise voguant dans l’espace lointain, mais qui signe pour l’équipage de la Marie-Jeanne son retour heureux vers la civilisation. Pendant que Basile accuse réception et salut le vaisseau à son tour en déclinant leur identité, Jhon précise la vue locale et Emeline manœuvre pour rejoindre le transbordeur, dist 0500, X 0’40, Y’152, Z’002, vitesse relative 122, 638, 32, capacité de chaîne nominale, BH600/on, DG activé, sys 100%, avant de recevoir l’holocast vibrant du captain Virline. Un grand type brun plutôt bel homme, probablement surpris de croiser un si petit navire dans ces contrées perdues. Lui ne va évidemment pas se poser sur Mercure, mais joindre sa station orbitale en double sphère Cocooniet, qui est le cœur vivant de cette défédération. Le visage de la silhouette tremblante visible aux yeux humains trahit son étonnement, les réponses livrées par Emeline augmentent encore sa stupéfaction. La Marie-Jeanne est en effet sur la liste des vaisseaux hautement recherchés par la défédération martienne, Virline en reste donc bouche-bée de l’avoir retrouvée avec les otages vivants. Les nouvelles de Mars qu’il leur donne n’est cependant pas des plus réjouissantes. D’après ses dires, la planète rouge est toujours sous loi martiale, puisque la guerre y bat plus que jamais son plein, son président Sirkisi ayant été récemment destitué au profit du général Digoule. Après quelques échanges verbaux teintés d’une perplexité partagée, l’équipage de la fusée est invité à se rendre à bord du transbordeur Sweet Slut, qui, d’après son jeune commandant, transporte en soute principale un astéroïde entier à la croûte exceptionnelle. Une cargaison imposante sous-traitée pour la puissante corporation SLG (Sanchez, Lopez, Gomez), laquelle n’a pu disposer sur place des foreuses adéquates. Le cargo circulant en toute propriété sous le pavillon officiel de Cocooniet, un tel trajet va sans doute venir gonfler de manière considérable le portefeuille mercurien. Ses habitants ont par ailleurs toujours été un peu considérés comme de sacrés radins, une blague intersidérale par ailleurs nullement justifiée, puisque les transports appartenant à la station sont tous planétarisés et qu’il n’existe là-bas aucun armateur privé. Leur congrès ne comporte donc que des cénazteurs et aucun administrant ; mais en vérité, les mercuriens n’ont jamais été plus avares que les autres.

 

Offert en approche dans les profondes ténèbres, le Sweet Slut les attend. Le transporteur spatial aux dimensions impressionnantes brille de ses centaines de feux, l’une de ses cinq baies illuminée d’un halo vert est déjà grande ouverte sur son flanc tribord, prête à engouffrer la Marie-Jeanne toute entière. La fusée freine sa course, se place sur la rampe d’abordage et se laisse avaler en bonnes procédures, son équipage est assez impatient de pouvoir rencontrer du monde, de parfaits inconnus qui chasseraient cependant avec plaisir leur ancienne promiscuité forcée avec les forbans des étoiles. Sas et sortie au milieu d’une nuée de techniciens qui les saluent, puis ils remercient le bref accueil musical et joyeux d’un groupe de prêtres et de nonnes de son éminence, avant qu’on les mène aimablement sur une passerelle élevée, pour rejoindre la spacieuse cabine du capitaine Virline, située tout près du noyau-maître. Jhon-Piol et Charlie sont saisis d’émotion en découvrant sur un mur un « Space Captain Trophy » prouvant la valeur du commandant, un trophée qui leur remet aussitôt en mémoire le chef de bord du So long sucker, le défunt capitaine Merval, alors qu’ils officiaient eux-même sous ses ordres et sur ce vaisseau, Balmundo en était d’ailleurs le second. Pol Virline est pourtant étonnamment jeune pour un tel honneur, il a sans doute à peine dépassé trente ans. Il leur pince à tous les tétons avec dignité, son salut est empreint d’un respect attentif, en tant que femme et plus que les autres, Emeline apprécie le fait que les gestes de cet homme soient remplis d’une subtile élégance. Sans attendre, un docile robot Star Strider s’approche ensuite, pour leur proposer des canettes rafraîchissantes aux contenus variés.

 

– C‘est donc vous deux, les fameux otages perdus du project C des martiens indépendantistes ? dit-il à l’intention d’Emeline et Basile. Il me semble qu’il y a bien longtemps que vous avez perdu le contact avec Grand Contrôle martien, hein ? La campagne militaire du général Digoule, qui a depuis pris le pouvoir, bat son plein ; peut-être que le congrès de Mars aura l’utilité des informations que vous pourrez lui fournir, même si elles ne sont plus tout à fait d’actualité. Ou vous servirez peut-être sa propagande active, allez savoir.

 

– On s’en fout de la guérilla martienne, lance Basile, nous sommes terriens avant-tout et tout ce qu’on demande, c’est de rentrer chez-nous. On n’en veut pas, de leur interrogatoire en règle.

 

– C’est bien vrai, renchérit Emeline, nous n’avons pas non plus l’intention de demander l’asile aux martiens.

 

– L’agitation dangereuse qui règne là-bas est extrême et le commerce est paralysé, je suis moi aussi bien content d’être mercurien. On dit que l’armée rouge a tiré un missile de Sharsherman depuis l’espace, pour venir à bout de ses opposants, ça craint.

 

– Houlà, fait Arnold, le tribunal galactique devrait pas aimer ça, c’est sûr !

 

– Certainement une mesure radicale pleine de périls pour le pouvoir martien, je le pense également, reprend Pol Virline. Une autre chose me tracasse davantage, pourriez-vous me donner les détails concernant l’abordage et la prise du Cheerleader ? ma consoeur Angeline Joly qui le commandait est une amie très chère, j’espère que ces salauds de pirates n’ont pas touché un seul de ses cheveux. Mais vous tombez bien, le Suck my pony est actuellement en réparation sur Cocooniet, avec à son bord son capitaine Sin Gonnery et le brigadier général Vince London des mercenaires Águilas Negras ; je suis certain que celui-ci serait ravi d’en savoir davantage sur ces ordures d‘Alan Drelon et Isa Djani, qu’il croyait avoir définitivement éliminées.

 

Jhon Piol raconte, la planète perdue 8495SK-Rolling Stones, les matriarches, l’arrivée inattendue et salvatrice des pirates, l’envolée vers les étoiles et la prise du transbordeur mercurien avec son fabuleux chargement. Pas besoin de booster son implant pour piger que la présence effective des loups des étoiles, à présent quelque part dans l’espace, préoccupe grandement le captain du Sweet Slut.

 

– Ces enfoirés de voleurs à l’affut sont partout. Vous savez, je n’ai quand à moi embarqué aucune milice et si des pirates venaient à nous chercher noises, nous n’aurions pas les moyens de lutter convenablement, mais je dois pour ma part rejoindre un convoi en sécurité d’essaimage près du Sagittaire. Le mieux est encore que vous restiez à mon bord et que l’on se rende tous ensemble sur Cocooniet, vous n’êtes plus à ça près et votre fusée n’a pas l’air dans un état merveilleux. D’ailleurs, Vince London me tuerait si je ne vous conduisais pas devant lui. Il éclate d’un rire strident bourré de dents blanches pour souligner qu’il vient d’employer le second degré, mais tous comprennent que sa suggestion révèle pour lui une sorte d’obligation.

 

– Bof, fait Charlie, après-tout pourquoi pas ? je n’ai jamais visité Cocooniet. Bien aimable à vous de nous y conduire.

 

 Basile et Emeline ont un avis évidemment plus mitigé, mais après palabres avec leurs compagnons, ils acceptent de temporiser leur retour sur la Terre ; d’autant plus que Virline leur promet de mobiliser ses équipes pour procéder à une révision complète de leur fusée, tant qu’elle se trouve à son bord. Le couple sait qu’elle en a grand besoin. Peut-être sont-ils aussi vaincus par le sentiment de sécurité que leur procure le nouvel environnement si confortable du transbordeur. Et puis, eux aussi ne connaissent pas Cocooniet. La cabine du commandant se dote d’une large verrière derrière laquelle on peut toujours profiter de l’éblouissant spectacle de la nébuleuse. Alors que la silhouette de beau gosse musclé de Pol Virline se détache devant le panorama fabuleux de l’immense phœnix pourpre, le capitaine mercurien se contente juste de sourire poliment aux nouveaux venus, en constatant leur approbation.

 

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Bon dimanche à tous.

 

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Message édité par talbazar le 03-12-2019 à 10:53:01
n°58172392
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 25-11-2019 à 13:39:45  profilanswer
 

Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Robin Saspeu.

 

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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Yvette Mancheau

 

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Message édité par talbazar le 25-11-2019 à 13:53:51
n°58190654
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 27-11-2019 à 12:31:25  profilanswer
 

Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Denis de Guêpe.

 

https://zupimages.net/up/19/48/tgkc.jpghttps://zupimages.net/up/19/48/whgp.gif

 

Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Norbert Ceau

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Message édité par talbazar le 27-11-2019 à 13:14:53
n°58197336
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 28-11-2019 à 07:41:00  profilanswer
 

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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Baudouin Strument.

 

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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Julienne Potage.

 

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Message édité par talbazar le 28-11-2019 à 07:50:11
n°58214427
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 30-11-2019 à 05:07:43  profilanswer
 

Salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : La jet larguée. Extrait numéro 46.

 

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Richard Abia voulait compenser son immense détresse en caressant une sorte de rêve nuptial et il tâchait de se persuader intimement que Sonja Sweet s’en sortirait sans séquelles. Il espérait que toute cette douloureuse épreuve qui leur tombait dessus viendrait, en sa conclusion, cimenter avec elle un amour plus durable. L’avocate aimait les hommes, oui, mais il voulait croire de son côté que l’humilité qu’il déployait dans sa tentative de l’aimer échafauderait au mieux une relation solide. Sa mémoire s’illuminait du souvenir de cette première fois où ils avaient couchés ensemble, il en avait perçu, comment dire, une sorte de sublime révélation. Il lui avait bêtement acheté des roses rouges sur le chemin de l‘hôpital, tout en sachant qu’elle n’était pas en état de les contempler et que les fleurs faneraient bien avant son réveil. Mais qui, qui était le salaud qui avait pu commettre un crime aussi épouvantable ? La façade de l’hôpital dans laquelle il s’engouffra affichait une blancheur de linceul, alors que les gros nuages du ciel tombaient sur la bâtisse avec une lourdeur et une grisaille de plomb. Il faisait froid et une averse de grêle venait de tomber, picotant le sol bitumé de petites billes de glace durcie. Richard apprécia dès son entrée la chaleur bienfaisante du hall, mais il ne savait pas si on lui donnerait l’autorisation de se rendre dans la chambre de Sonja. Deux infirmières en uniforme discutaient dans leur coin, près d’un hibiscus aux fleurs écarlates et visiblement choyé. Ils font pitié, les gens, pensa Richard, en apercevant quelques malades errants au teint jauni. Un médecin grisonnant élevait la voix, penché sur le comptoir de l’accueil, tout en  brandissant le papier qu‘il venait d‘examiner.

 

– Enculé de russicain ! On sait comment ça se passe, on le soigne chez nous bien comme il faut, l’assurance de ce pseudo maître du monde semble avoir signé toutes les garanties, le touriste en meilleur état rentre tranquillou chez lui pour bouffer son caviarburger, mais l'hôpital public peut se tringler à jamais pour voir régler sa facture !

 

Un drôle de langage pour un médecin. La pauvre femme en blouse assise devant l’autre ne savait que répondre. Richard s’avança d’un pas, son bouquet de Pompadour à la main. Alors que le toubib irascible interrompait sa diatribe pour le dévisager en prenant un air neutre, le soumettant à une sorte de scanner mental qui classa le nouveau venu dans la catégorie des doux, des généreux et des bons travailleurs, mais pas le genre de l’économiquement dévasté. Derrière son grand meuble, l’interlocutrice préposée à l’accueil sembla en revanche ravie par la diversion qu’apportait le visiteur.

 

– Je voudrais savoir, lui demanda poliment Richard, s’il est possible de rendre visite à mademoiselle Sonja Sweet Petitcoeur, actuellement au service réanimation, je crois.

 

– Je regrette mais…

 

– Je viens tout juste de contrôler son transfert, coupa le médecin, jusqu’à présent elle partageait sa chambre avec une nouvelle arrivée. Vous êtes de la famille ?

 

– Si on veut. Je suis, disons… son ami.

 

– Écoutez, elle est toujours inconsciente, mais je vous autorise à la voir, puisque vous êtes ici. Elle se trouve au premier, 208. D’ailleurs, il y a déjà une personne à son chevet, le commissaire de police Bergougneux. Je crois qu’il s’occupe de cette sombre affaire. Une véritable tragédie, bien entendu, mais l’opération s’est bien passée et je peux vous promettre qu’elle s’en sortira.

 

– Merci beaucoup. Richard dirigea aussitôt ses pas vers l’ascenseur. Clemenceau disait que le plus beau moment de l’amour, c’est quand on grimpe l’escalier, est-ce que cette remarque fonctionnait aussi pour les ascenseurs ?

 

Un étage plus haut, l’agent secret russicain Alexei Volodbrown, membre de l’armée invisible envoyé ici en mission dirigée de nettoyage, venait juste d’en sortir. En plein hôpital et de jour, probablement le coup le plus risqué de sa carrière. Déjà 11h 38. Surtout garder son calme. La nuit lui aurait offert un meilleur climat de discrétion mais le tueur, appelé ailleurs, était pressé et quand on est dans un bateau, la seule chose que l’on doit faire, c’est de ramer. Il tomba sur un petit mouvement de foule, puisque le groupe d’emmerdeurs se décidait enfin à évacuer la chambre de Polichinelle. Par méprise et n’ayant pas été mis au courant du déplacement de sa cible, il la confondait à présent avec celle de Marithé Konerie. Pas de soignants à l’horizon, Alexei traça mine de rien son chemin jusqu’au bout du long couloir aseptisé. Bobby Fiermongol, sa femme et Vanessa Erelle disparurent sans lui prêter attention et sans échanger entre eux le moindre mot. L’agent fit ensuite demi-tour, l’observation lui donnait le champ libre pour pénétrer dans la chambre de l’objectif, en espérant que personne ne survienne. Il abaissa la poignée, ouvrit. La chambre sans numéro, silencieuse et plongée dans une complète pénombre, sentait un étrange mélange de faisandé et de savon. Complètement enturbannée, inerte, celle qu’il prenait pour Sonja Sweet Petitcoeur dormait tranquillement sur son lit, à la fois rigide et vivante, juste une petite âme malmenée perdue dans sa souffrance muette. Un paravent séparait la pièce, Alexei jeta un œil derrière, il n’y distingua dans l’ombre qu’un seul lit vide. Il retourna vers la femme immobile, toujours perdue dans son néant. Pas le moment de battre en retraite, s’il échouait à éliminer Polichinelle comme l’infortuné Igorson, c’est son corps à lui que le service du GBT collerait dans une valise. Lui, Alexei Volodbrown, il n’avait certainement pas l’intention d’être une énigme enterrée comme un trésor sous une décharge puante de Newscou. Les yeux clairs du russicain fixèrent la forme un moment, sa propre bouche se tordit un peu, que se passait-il dans cette caboche entourée de bandages, quelles pensées pouvaient bien encore s’agiter dans ce cerveau privé de volonté ? Rien d’autre sans doute que des explosions d’inconscience sans lueur. Fragilité de l’abandon, yeux clos. Les paupières fermées, c’est l’impudique nudité du regard. Cette femme endormie sous ses bandelettes provisoires de momie ne risquait pas de lui donner le moindre début de réponse, mais elle était à la fois si proche et si lointaine ! Elle flottait peut-être entre la vie et la mort, mais ça tombait bien, Alexei était justement venu là pour l’aider dans son choix. Félicitations, ma petite. Sauf que lui n’était pas posté près de son lit pour cicatriser la coquette ou panser ses affreuses plaies, mais pour la guérir à jamais des peines de l’existence. Il cessa de penser pour se contenter de faire son travail, alors il empoigna l’oreiller, de manière à le presser fermement sur cette bouche passive et résignée. Pour faire disparaître du monde cette emmerdeuse sur l‘ordre de ses supérieurs. Plus rien d’autre ne comptait. La tension de cet acte lui fouaillait les oreilles ; alors qu’il appuyait de toutes ses forces, sans trop savoir comment, sa main s’appuya un instant sur le sein droit du corps entré brutalement en spasmes réflexes, il dégagea promptement sa paluche, utilisant cette fois la force de ses deux bras pour mieux étouffer sa proie. Pas de doute, la petite avocate en bavait à mort, si l’on peut dire, mais cette nom de dieu de bourrique mettait bien du temps à crever. Les gestes qu’il accomplissait n’étaient pas ceux d’un chirurgien bienveillant, mais au contraire ceux d’un assassin résolu. Il pesa encore plus fort. Une pensée unique dominait à présent les actes et la pensée de l’agent russicain ; il n’était là que pour la supprimer, pour éterniser d‘une certaine manière ce corps impuissant entré en agonie et dont la petite famille, si elle en avait, tripoterait ensuite les photos en pleurant. Désolé. Elle cessa de remuer. Enfin reposée. Alexei relâcha lentement sa pression, la sueur qui coulait sur son front était plus froide que s’il avait plongé dans une eau glacée. Son cœur cognait un peu trop fort. La vacharde était devenue flasque, sacrément moins légère que l’air surchauffé de cette pièce sans âme. Le boulot épuisant enfin exécuté, rogers à la base. Le devoir ne l’appelait plus, mais il n’allait pas non plus s’attarder à veiller le cadavre pendant trois plombes. Il resta pourtant deux minutes de trop à contempler son œuvre. La porte de la chambre s’ouvrit et la lumière éclata brutalement. L’oreiller mortel couvrait toujours la tête de Polichinelle, il allait justement l’enlever.

 

– Je regrette, monsieur, mais les visites sont terminées, mais qu’est-ce…?

 

C’était ce petit branleur d’infirmier qu’Alexei avait déjà croisé. Le problème est que cet importun était défoncé. Le problème est qu’il referma aussitôt la porte derrière lui et surtout que, bouche béante, ses yeux de sale con drogué virent clair immédiatement sur ce qui venait d‘arriver. Un malade dort en général avec un oreiller sous sa tête et pas au-dessus. Alexei n’avait plus de temps à perdre, il ne servait à rien de passer de précieuses minutes à s’expliquer avec ce trou du cul qui lui barrait déjà résolument la sortie. Le tueur tordit encore une fois ses lèvres et s’avança vers la porte, il ne voulait pas donner à l’autre le temps de trop réfléchir. A cet instant-là, il ne pensait pas avoir besoin de sortir son flingue doté d’un silencieux. Le problème, c’est que confronté à cette histoire louche, le jeune camé hésitait entre action et demande d’explications. Le problème, c’était surtout que Alexei n’avait pas l’intention de lui en donner.

 

– Laisse-moi passer.

 

Incrédule et toujours sous l’influence de son herbe, l’infirmier toisait tour à tour le lit en désordre, puis la silhouette massive en pardessus en train de lui faire face, un type clairement louche, grand et corpulent ; mais Philippe, c’était son prénom, ne craignait pas sa force physique, lui-même avait des connaissances en karaté. Il projeta son poing en avant et loupa contre toute attente la mâchoire du russicain qui esquiva, alors que ce dernier dégageait dans le même temps son flingue. Alexei recula un peu, ce petit con lui avait tout de même un peu frotté le museau. Devant l’arme pointée sur lui, Philippe ne se démonta pas, il revint à la charge en levant son poing serré, pffuit, pffuit, deux balles quasiment silencieuses lui percèrent l’abdomen, avant qu’à peine flagellant, il ne s’écroule au pied du lit.

 

– Merde, pensa Alexei, un putain de héros, fait chier. Il se frotta le menton en pensant qu’il avait eu chaud, le coup porté par cet animal aurait pu lui briser les mandibules.

 

Il n’était plus question de s’attarder plus longtemps, il traîna juste le corps ensanglanté derrière le paravent et remis l‘oreiller sous la tête de la morte, avant de regagner rapidement la sortie de l’hôpital. La seule chose positive dans cette action foireuse était que si ce crétin avait possédé tous ses esprits, il aurait probablement lancé une fameuse alerte dans le bâtiment, au lieu de chercher à faire stupidement son malin. L’accueil cette fois était vide, on le vit marcher vite, mais personne ne semblait faire vraiment attention à lui. Volodbrown s’engouffra prestement dans sa voiture, en faisant aussitôt marcher les essuies-glaces, pour contrer les effets de l‘averse violente. Les petits grêlons blancs tirés par le ciel rebondissaient bruyamment en rafales sur la carrosserie, mais ça valait toujours mieux que des balles.

 

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Bon week-end à tous.

 

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Message édité par talbazar le 30-11-2019 à 06:26:52
n°58226429
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 02-12-2019 à 10:55:21  profilanswer
 

Le congélateur muséographique.

 

Aujourd'hui : Adolph Menzel.

 

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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Francis Tématik.

 

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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Roger Violé.

 

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Message édité par talbazar le 02-12-2019 à 19:38:41
n°58237918
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 03-12-2019 à 14:05:37  profilanswer
 

Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Rita Natos.

 

https://zupimages.net/up/19/49/oh06.jpghttps://zupimages.net/up/19/49/rqyh.gif

 

Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : David Grenier.

 

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Message édité par talbazar le 03-12-2019 à 15:46:42
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