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Auteur | Sujet : La moyenne Encyclopédie du pro-fesseur Talbazar. |
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talbazar morte la bête, mort le venin | Reprise du message précédent : https://zupimages.net/up/19/40/clwh.jpghttps://zupimages.net/up/19/40/gpjk.gif Dans le château bancal de Camelote décoré de jolis lys des champs, on ribaudait. Au nom de tous les citoyens mâles de sa cité, le roi Vladimir le Gland tendait sa coupe incrustée de beau nielle en l’honneur de Mirlen et du chevalier Erald, avec le désir fort de s’échauffer la couenne à coup d‘un hypocras fameux. Tant il est vrai que la meilleure victoire est celle qui pousse en gloire un homme à se vaincre lui-même. Il torchait sans faiblir depuis trois heures et demie, sans montrer encore signe qu’il serait jeté bas, sous les yeux langoureux de sa glorieuse mie Berthe de Boucogne. Sourire aux lèvres, celle-ci coursait de même en grande merveille sur le chemin de la picole, car elle levait en effet haut sa corne, ordonnant qu’un page affairé la remplisse à mesure que sa reine la vidait. Démontrant l’allégresse d’une princesse aussi jeune que fougueuse, la bonne joie de l’ivresse courait sur son poil dru, puisqu’elle n’avait de femme que la perruque à tresses et les habits. Berthe maîtrisait pourtant sans doute au plus haut point la science fort amusante des petites levrettes, que coursent sans faiblir leurs couillus à oreilles dans l‘alcôve du terrier. En grande liesse, les courtisans glapissaient haut et fort dans la salle enfumée, à la santé des majestés et de leurs invités fionnais. Les convives dégrafaient en rigolant les larges boucles de leurs ceintures, pour mieux roter son saoul et faire passer les plats en quantité, qu‘il faudrait digérer. Les ripailleurs avaient mangé des œufs tout juste sortis du poulailler et nombre de poissons de lac venaient de trouver au milieu des écuelles une fin honorable. Les mets étaient parfois accompagnés des bons pâtés de lièvres doux, qu’on avalait à grandes bouchées, pour faire passer le rouge des coteaux que les petits servants soutiraient des barriques. Le chevalier Erald craignait un peu que, par idée fulgurante de noble pochetronne, Berthe de Boucogne ne vienne à sauter brusquement sur la nappe brodée, en ayant dans sa tête de vouloir danser nue. En attendant, piochant sans compter dans les gros brocs, le mage Mirlen et lui montraient un cœur joyeux, ils serraient tant eux-mêmes leurs hanaps de vin blanc pour rendre hommage à ce royaume, qu’ils en tiendraient demain les jointures de leurs doigts forcément douloureuses. Chaque plat était salué par le son des cloches argentines et les gens de l’assemblée coiffés de chèvrefeuille jacassaient de plaisir comme des lavandières pérorant au lavoir. Bien qu’il n’y eut dans ce château que des mâles et aucune jouvencelle, puisque Berthe de Boucogne ne l‘était pas vraiment. Attendu que les Amazonardes, une fois leurs pauvres proies masculines conquestées, se gardaient uniquement pour elles les rejetons femelles qu‘elles produisaient en retour de mêlée, maillotant les petites en jouant doctement les nourrices, afin de les élever elles-mêmes dans leur propre cité. Les gamines de Lukycuni de la vallée du Mikosik ne trouvaient pas ensuite de gagne-pain dans les jeux de l’aiguille comme bonnes damoiselles, mais dans ceux de l’épée qu’elles apprenaient à brandir fort tôt. Voilà pourquoi les gars de Camelote les traitaient de sales piches, car chaque guerre qu’elles leurs faisaient de temps à autre avait pour seul but de faire descendre leurs braies pour leur vider les burnes, à coups de caramboles et de torgnoles sanglantes, sans demander jamais le moindre des avis. En attendant, dans la salle d’honneur que cette pièce magnifique composoit, toute bien fermée entre les faibles courtines du castel des Frissons, chacun vidait chopines et picolait sans déconfier sa soif, comme le font les lits tumultueux dont se gorgent les petites rivières, car la plupart des noceurs en bons-vivants étaient encore fort loin de crier Kramouille-grâce. – Ainsi donc, maraudeurs de mes deux, lança Vladimir le Gland dans son étrange langue, en s’adressant aux invités. Si je pige bien les clapeteries bizarres que vous jactez dans mes esgourdes, vous auriez séjournés chez ces saucissonneuses du dimanche qui crèchent dans Lukycuni ? – Si fait, mon sire, répondit poliment Mirlen après sa nouvelle lampée, et point n’en n’avons eus grand’peur, car elles furent fort charmantes à nous héberger. Voyez : nous avons même pu caresser en franchise d’amitié leurs beaux lévriers blancs. Pour qui veut les connaître, elles sont joyeuses et gaies, bien qu’elles soient également très habiles à vous tirer des flèches, je veux bien le reconnaître. – Maudites soient-elles, lâcha Berthe en prenant voix aiguë, rien que des salopes affublées de leur guiboles en forme de manchon de chiottes, promptes à nous faire pisser de l’œil, voilà-tout ce qu’on peut en dire ! La seule chose qui semble amuser ces queutardes, c’est de coller des baffes à mes pauvres sujets, pour ensuite leur presser les joyeuses. A chaque fois qu’on a protesté contre leurs sales manies, les choses ont vite tournées pour les Frissons en vilaine eau de boudin. – En voilà bien de durs sizains contés dans mes oreilles, malgré tout le respect que je dois à votre majesté, fit Mirlen, en reprenant du vin. Il se demandait surtout s’il n’oyait pas ici des dires de jalouse. L’aube vous guerroie lorsqu’elles vous apparaissent au-delà des créneaux, mais bien ai veü, moi j’affirmerai plutôt que la reine Daenerysk Lémésté de biauté la monjoie, qui ne demande en fait que vous ayez seulement repos. Tout est en fait dans l’art de quémander. Un grand silence de méchante augure se fit par-dessus les tablées. Seul un homme garda la tête basse, il s’appelait le seigneur vicomte Benoît Taillenfer. Si douloureuses et dures que furent ses vieilles bastailles, qu’il en ornait à la main gauche, par signe de bravoure, deux de ses doigts coupés. Ce grand héros était lassé de guerre. Lui seul semblait goûter en grande merveille ce que jasaient les gens du Fion, car il rêvait dans son âme de rendre pour toujours sa paix à Camelote, en trouvant le moyen d’aborder les Amazonardes de manière plus sereine et sur une base d’amicale mesure. Il était donc très important pour sa cause que les étrangers soient venus chez lui afin de jouer les diplomates. En attendant, les suaves paroles de Mirlen n’avaient pas l’air d’enchanter grand-monde, tant était chevillée depuis trop longtemps la haine qu’inspiraient dans cette ville les femmes guerrières de Lukycuni. Le mage du Fion jugea plus prudent de tarir aussitôt son sujet, mais l’approbation muette de sire Benoit ne lui échappa pas. En levant haut son bras, Mirlen choqua sa coupe dans celle de chevalier Erald, à la santé des gens d’ici. Le vin en joie et les chants des trouvères firent qu’on oublia rapidement le sujet des voisines détestées, on reprit les agapes où elles étaient laissées. Les serviteurs firent circuler les entremets et puis, basculant ses fausses nattes blondes dans ses gestes endiablés, Berthe de Boucogne s’essaya même personnellement à faire des jongleries avec de petites balles en cuir, sous les premiers applaudissements du roi, avant de voir la foule entière déchaîner les bravos. Paroles, paroles, Vladimir le Gland n’avait pas l’intention dans la nuitée de les dires à une autre. Caramels, bonbons et chocolats et par moments, elle lui disait souvent qu’il ne comprenait pas, lui qui aimait pourtant le vent et le parfum des roses, que les mots tendres enrobés de douceur se posât sur sa bouche mais jamais sur son cœur. Ce qui bien entendu chantait très faux. https://zupimages.net/up/19/40/ej6v.jpg Bon dimanche à tous. https://zupimages.net/up/19/40/bie9.jpg Message édité par talbazar le 11-10-2019 à 05:45:03 |
Publicité | Posté le 06-10-2019 à 10:39:47 |
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talbazar morte la bête, mort le venin | Jean Perdrizet (1907 -1975) n'aura pas sa fiche ici, n'étant ni de Troulbled, de Bripue, de Pleurotte les Bois ou Peaumé le Coin, mais comme dit l'autre, la tête y est !
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