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| Auteur | Sujet : La moyenne Encyclopédie du pro-fesseur Talbazar. |
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talbazar morte la bête, mort le venin | Reprise du message précédent : https://zupimages.net/up/19/16/7bwj.jpghttps://zupimages.net/up/19/16/e6v1.gif La forge de Zazette perchait en rase campagne au lieu dit du « Bois Monjonc » et lorsque les sieurs Calagale et Juvenal s’y rendirent en compagnie d’Hilde, la damoiselle en tablier de peau s’y tenoit aux côtés de son mari Helleborus Niger ; occupé lui-même sous l’auvent à trancher une hanche de cerf, par fonction nourricière. Hilde se jeta aussitôt en liesse dans les bras du colosse, dans un partage des corps qui prouvait à lui seul qu’ils étaient frère et sœur. Puis la servante bisa de même deux fois sur les joues rouges de la forgeronne, puisque celle-ci était repue de la joie des entrailles que lui donnait son épousé. La chaumière s’encastrait à l’orée d’une forêt étouffante, laquelle fournissait toutefois une manne précieuse pour alimenter le feu nécessaire à l’ouvrage des métaux. Tout près, coulait une rivière où dansaient de fameux brochets et saumons, si abondants qu’ils auraient pu nourrir toute la vie et sans faillir un grand nombre de pucelles sans mari. N’était cette forge aux murs noircis qui prouvaient un labeur journalier, Calagale jugeait ce lieu parfaitement reposant. Un peu méfiante devant les étrangers, Zazette les invita dans sa demeure modeste qui faisait corps à l’atelier, dans lequel il fallut d’abord se frayer son chemin au milieu d’un grand nombre d’ustensiles. Ce n’était point tablée de grand seigneur et là, entre la cheminée et le lit clos que les vers depuis longtemps rongeaient, l’œil des chevaliers n’y voyait rien de précieux. Hanaps de pauvre corne usée, plats de terre ébréchés et un seul chandelier doré, qui à lui seul donnait un peu de luxe à la pièce enfumée. A tout parier, Juvenal estimait qu’aux repas, les deux manants se partageaient la même écuelle pour picorer. Le grand cerf écorché pendu au clou de la forge prouvait toutefois qu’Helleborus n’hésitait pas à entrer en délit de braconnage. Certainement, si les soldats de la reine venaient à chamailler ce géant pour qu’il avoue son crime, de grant oiseuse se mellaissent et prendroient tous de bons gadins sur la figure, avant que l’autre ne perdoit le rictus de son rire. Rien ne venait cependant prouver ici que dame Zazette était quelque part messagère du destin et la forge ne donnait point le sentiment d’être l’antre du diable. En vérité, la blonde gueuse n’avait en apparence rien d’une sorcière, telles ces vieilles chouettes bigleuses qui font l’hiver couler le sang des nouveaux-nés sur la blanche neige. Sur l’invitation des deux doigts de la métalleuse, l’assemblée se posa autour de la grande table afin de parlementer. Helleborus Niger s’empressa aussitôt de servir une piquette qui murmurait de façon claire : bois ou vas-t‘en. Même s’il n’était point noble, ce gars de haute taille portait à son majeur la bague d’une étrange ligue, car il était sans doute le sujet d’une secrète confrérie. Comme Calagale osait avec audace lui poser la question, il avoua sans gêne qu’il était membre de la Bronze Compagnie, qu’on connaissait aussi partout dans le Fion. Une secte de sorciers en doctrine commune, qui goûtaient la caresse des démons de la nuit sur les poils de notre sainte Kramouille ; d’inquiétants fils de l’ombre jurant sous la ronde lune en face d’étranges reliquaires aux runes mystérieuses. Les chevaliers se regardèrent en coin, ces adeptes de la Bronze Compagnie étaient connus pour concocter dans leur vase de bien vilains philtres magiques. De toute évidence, ce n’était point Zazette qui tranchait dans la nuit la gorge des poulets sur la pierre ancestrale, mais son mari. Les deux soldats avaient de toute façon sur cette question un point de vue hostile et les façons cachées de ces deux forgerons secouaient fort leur esprit apeuré. Bien au contraire, Hilde semblait plutôt se réjouir que son frère leur parlât ouvertement de sa connaissance en choses de magie. – En bonne parenté, ma doulce Zazette, mon cher Helleborus, je vous prie d’accueillir avec tous les égards ces nobles gens qui nous viennent du Fion. – Si tu les mènes chez nous, Hilde, c’est à coup sûr qu’ils vont nous demander une fiole de poison. – Holà ! Qui te parle d’une modeste burette de ciguë ? C’est à vrai dire de quelques barriques opiacées que nous passerons commande, puisqu’il s’agit dans mon idée d’assoupir en bon sommeil toute la châtellenie de Touatuakagué, avec tous ses bourgeois et ses vaillants lanciers. La reine est grosse de peu et va bientôt marier le suzerain de mes amis, c’est l’occasion pour nous de profiter des noces pour faire main basse sur sa fortune, comprenez-vous ? – Notre messire Jean Bon de Always, seigneur de l’Essexenrut, ajouta Juvenal, ne veut point ici produire de fils héritier. De notre côté, nous ne voulons pas guerroyer contre ce pays et perdre nos soudards en d‘inutiles combats, biax doux amis, puisque nous visons Mouyse. Quand à vous, pour le prix de votre aide, vous recevrez en retour de la paix le trésor du royaume, si vous garantissez pioncette à cette contrée. Nous voulons juste nous en aller. Et donc, avant de partir, Calagale et Juvenal toppèrent la main calleuse d’Helleborus pour que le stratagème soit bien acté, de manière à concocter le dispositif permettant d‘éviter que le sang coule. Lorsqu’ils revinrent dans Touatuakagué, les hérauts aux étendards bariolés parcouraient déjà la ville en grande procession, leur annonce promettait les futures noces du noble Jean Bon du Fion et de Touatulanîkée à la bouche rieuse. – Par la bénie Kramouille, les choses vont vite ce me semble, fit Juvénal à son compère, en arrivant sur le perron de la demeure royale. Espérons que nos empoisonneurs seront prêts pour endormir comme on a dit ce satané banquet. Au matin du grand jour, les cloches sonnèrent en carillon pour annoncer le mariage. Bannerets, barons, vicomtes, comtes, marquis et ducs arrivèrent en grandes pompes des fiefs avoisinants. Ils venaient surtout pour disputer tournois de fête, lesquels devaient avoir lieu pendant les jours suivants ; puisque le grand vainqueur recevrait en cadeau l’honorifique jarretière de leur majesté. De joie véritable, Touatulanîkée se séchait les yeux à son bliaut, toute émue d’entendre les trompettes sonner sur les créneaux, elle ne pouvait savoir que sous les tentes aux fières bannières, l’armée du Fion se préparait pour s‘en aller. Alors que les valets tressaient aux rubans de soie les cheveux de sa promise, Jean Bon s’efforçait de sourire et de paraître ému, car il devait donner le change. Déjà lui parvenait l’odeur appétissante provenant des cuisines, où l’on cuisait anguilles, grasses oies et roussolles, mais lui n‘avait point cœur à ripailler. Ses troupes campées sous les murailles avaient reçu des tonneaux de vin en provenance du château, mais la consigne interdisait très formellement de s’assoter, puisqu’il faudrait bientôt décamper en bon ordre. Dans quelques heures, Helleborus Niger viendrait à bout du sommelier, de manière à placer dans les coupes son pinard frelaté. Vint finalement le temps de la cérémonie de main droite à main droite. Dans la chapelle en bois, où, pendant que le seigneur Jean Bon et Touatulanîkée se disaient oui, (lui le nouveau mari faisant la promesse, en coutume du Fion, de faire craquer à tout jamais les reins de sa dulcinée), Calagale et Juvenal jouaient doctement le rôle des témoins. On passa dans les doigts des mariés les annelets dorés. Dans les rues en liesse que l‘on avait fleuries, on distribuait les miches de pains épicés et la donnée fut lâchée aux pauvres de la ville, lesquels recevaient en grand merci la pluie des pièces dans leurs paumes tendues. Le soir, dans la grande salle au sol recouvert de jonc propre et de menthe odorante, les hauts murs enrichis pour l’occasion par de beaux draps soyeux, les convives applaudirent leur maîtresse et son nouveau mari. Dans les hanaps, on fit couler en abondance le fameux vin drogué, mais les barons du Fion s’abstinrent d’y tremper leurs lèvres, tout en laissant les autres jouer les gargouilles à qui mieux mieux. Bientôt, la reine Touatulanîkée fut à moitié bourrée, rajustant avec mal la tenue de ses crins blonds et galonnés. Elle laissait voir sa cuisse par sa robe fendue et son médecin présent disait que pour l’enfant, il fallait qu’elle arrête de boire, mais elle préféra durement le rabrouer, puisqu’elle était enfin mariée. Au son de la vielle et du luth, les ménestrels se démenèrent pour réjouir l’assemblée, puis brusquement, les joyeuses têtes tombèrent dans les pâtés. D’autres se vautrèrent sur les plats d’or, les bras tendus comme en action de grâce et même les beaux lévriers s’étonnaient de les voir tout à coup si fortement ronfler. L’extinction des voix et des cris joyeux devint presque totale, puis le silence éteignit les bruits de la fête, prouvant aux chevaliers du Fion que le philtre des forgerons venait de fonctionner. Jeunes gens, jeunes filles, vieux barons et vieilles duchesses, toute la noblesse mondaine reposait à présent sur les viandes étalées. Alors que dans les salles de garde, dormait jusqu’au dernier soldat de l’armée de Touatuakagué. C’est le moment que Hilde attendait pour s’emparer des pièces et des joyaux du trésor royal, qu’Helleborus installa sur un chariot qui attendait dehors. Ils étaient sûrs de ne point rencontrer la patrouille du guet, dont les hommes roupillaient comme tout le monde, y compris la milice des gardes tombés sur les remparts. La servante avait même débarrassé la reine de son bel anneau d’or. La rouée savait bien que grâce à l’action de son frère, l’intégralité du castel mettrait au moins trois jours pour se réveiller. Dans la plaine, messire Jean Bon rejoignit son armée, non sans avoir ironiquement sucé les lèvres de sa fausse femme endormie en bon baiser d’adieu. Il fut suivi de Calagale et de Juvenal qui n’en pouvaient plus de rigoler. Les hommes portés en selle avaient déjà attelé tous les chevaux de bât. Dans le soir chaud et clair, alors que Jean Bon de Always donnait l’ordre à son ost de se mettre en branle, pour quitter au plus vite cette terre du p’tit lieu et le royaume de Touatuakagué, une clameur formidable s’éleva de toute part, poussée par les arbalétriers aux seins de fer pointus cousus sur leurs tuniques. https://zupimages.net/up/19/16/gb1e.jpg Bon dimanche à tous, attention dans les escaliers. https://zupimages.net/up/19/16/mljx.jpg Message édité par talbazar le 22-04-2019 à 11:27:01 |
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talbazar morte la bête, mort le venin | https://www.mediafire.com/file/7hmp [...] s.pdf/file Message édité par talbazar le 01-08-2019 à 13:33:29 |
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