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Auteur Sujet :

La moyenne Encyclopédie du pro-fesseur Talbazar.

n°55692643
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 02-02-2019 à 14:57:32  profilanswer
 

Reprise du message précédent :
Salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : La saga du trône de Fion - Tome 2 - Sus au sein royal. Extrait numéro 46.

 

https://zupimages.net/up/19/05/rbtg.jpghttps://zupimages.net/up/19/05/sw3w.gif

 

Oncques ne vit meilleur banquet, gueuleton, formidable bamboche ou joyeuse beuverie que la ripaille qui se fut donnée ce soir-là au castel de Touatuakagué, pour mieux honorer la venue de messire Jean Bon de Always sur la terre de Caroline-Marie Touatulanîkée. Dans la salle immense au milieu des tréteaux nappés de soie brodée, point n’étions en chaumine paysanne, à se boucher la dent de pauvre fève ou de soupe bouillie. Au lieu de ça, la rude compagnie fionaise tapait sa cloche à s’en péter les tripes, en avalant les monstrueux quartiers de gros bœufs dégagés du saloir. Car c’était soir de fête, bien propre à délasser les soldats des journées harassantes passées dans les austères campements, et la reine du p’tit lieu avait mis pour ses nouveaux amis les petits plats dans les grands. Beaucoup de domestiques s’engageaient à servir l’assemblée, sans perdre de temps, pour calmer de bon vin l’incendie des gosiers. Les coudes sur la table, on gobait des morceaux de bidoche aussi lourds que des pierres de carrière et les chiens grattant la jonchée n’avaient pas même les os à ronger, tant était grand le désir des convives à vouloir s’empiffrer. On aurait plutôt assommé son voisin plutôt que laisser perdre au fond des écuelles inondées par la sauce, les brassées de légumes cuisinés qui montaient jusqu’aux voûtes comme une cathédrale. De l’écurie jusqu’au donjon, tout le château était en liesse, Calagale et Juvenal applaudissaient les exploits du jongleur qui tournait devant eux trois couteaux dans les airs sans jamais faire tomber, alors que son compère tournoyait des anneaux sur ses bras et ses jambes, tout en maintenant l’équilibre d’une balle collée sur le bâton qu’il posait sur son nez. Des nains en habits colorés glissaient dessous les tables comme des farfadets, pour chatouiller les souriceaux dormant dans les braguettes, moquant leur forme pitoyable et les seigneurs de guerre clamaient de ces bons tours qui faisaient rire les bonnes dames à qui mieux mieux. L’une ou l’autre avouait qu’elle possédait un piège formidable pour capturer ces rongeurs paresseux. Dans la grande cheminée, on avait allumé un bon feu. Ravis de voir se déployer autant de joie partagée, on oubliait le mauvais temps des jours prochains de guerre, pleins de ténèbres noires et de flèches cruelles, où l’on devrait peut-être mourir pour la reine du Fion. Mais pour l’instant, nul ne voulait songer à la chose historique, alors que les clochers de la ville carillonnaient à grande volée, conviant chacun à se réjouir sans mésaise au son des cornemuses. Il n’était pas question pour les nobles convives de bayer aux corneilles, mais d’applaudir les chansons des habiles trouvères et de porter salut à la reine du pays qui les accueillait avec autant de grâce. Le chevalier Calagale lutinait une jolie damoiselle qu’il avait pour voisine, car il louait sans fin les bosses de son corsage, il voyait bien que la duchesse n’était pas contre. Il venait justement de dire à son compère messire Juvenal des Oursins qu’il galoperait dessus avant la fin de la nuit.

 

– A la santé de nos femmes et de ceux qui les montent !

 

L’esprit aviné de Jean Bon flotta quelque secondes en écoutant le toast alerte de ses barons. Il revoyait devant sa face le beau visage de sa mie Mouyse de la Verrière de Always, qu’il avait laissé aux soins du Comte Eustache de Méboule, mais également il repensait au doux minois de ses filles adorées Blanche et Aurore, que la reine Amanda retenait en otages. Il s’en voulut d’être navré, alors que les cris de la fête résonnaient dans sa tête, mais il lui fut difficile de contenir le début d’un sanglot. Ses fillotes aussi pures que la neige peuplaient durablement l’horizon de ses craintes et sa femme n’avait point la poitrine creuse, il craignait plus que tout que le comte Eustache n’aille farfouiller dans sa serrure. La voix de la reine l’interpella comme le coup d’une hache cassant de l’eau gelée.

 

– Allons mon prince, le tança Caroline-Marie-Thérèse-Charlotte-Antoinette-Touatulanîkée, qu’avez-vous ? Vous me faites peine à voir et vos yeux sont remplis d’une triste buée. Chassez ce teint de brique et servez-vous du vin, car j’apprécie la compagnie d’un homme comme vous, aussi carré du dos ! Vous verrez, je suis forte des hanches, n’ayant nulle verrue et j’ai l’esprit aussi vif que tranchant. Ma taille est de cinq pieds huit pouces, mon coffre-fort regorge de bon champart et des pièces du cens, je jouis du pouvoir absolu et que Kramouille me damne si je ne ferai point au bras d’un seigneur tel que vous une bonne épousée. Cessez donc de rêver à des hampes rompues et sanglantes, car cela me désole en ce jour fameux.

 

– Vous n’y êtes, madame, car moi je pense à ma famille et j‘en suis affligé.

 

– Pour l’heure, puisque je vous devine bien cher époux, profitez sans mesure de ma cour, qui comme vous le voyez n’est point rude du tout, mais comme vous l‘entendez ce soir, remplie de chants et de poèmes. Vous n’aurez plus violent chagrin, si j’ose un temps vous séparer des vostres. Nul n’est jamais inconsolable, faites-moi donc l’honneur de me rendre visite dans ma chambre après les réjouissances, alors vous verrez bien que je possède entre les draps un caractère des plus heureux.

 

Bien sûr, Jean Bon fut retourné par cette invitation honteuse à crapouiller dans le lit de la reine, mais la riche robe de Touatulanîkée cachait à peine les mérites d’une cargaison fabuleuse. Il y aurait grand plaisir pour un homme tel que lui à plonger dans ces plis pour en récupérer les honnêtes trésors. Il fut sensible à son sermon, alors qu’elle appelait une servante pour qu’elle rompe à leur seul profit un nouveau bouchon.

 

– Alors, messire le grand guerrier, monterez-vous à l’expédition ?

 

– J’en serai peut-être, majesté, car je ne suis point atteint de piété rigoriste, j’en ai déjà pour dire la lance bien tendue et j’échangerai volontiers avec vous quelques bons baisers.

 

– Que Kramouille vous bénisse alors, car si vous refusez, vous m‘en verrez occise de deuil !

 

– Nous irons donc, puisque la reine réclame. Ses pieds ont froids, nous allons donc les réchauffer.

 

Pour mieux souligner la curieuse rencontre, il posa doucement sa large main en haut des belles cuisses de Touatulanîkée, de façon bien masculine ; elle fit ensuite de même, redressant la besogne par justice féminine. Mais, comme autour d’eux les discussions animées battaient leur plein au milieu des scintillements de la vaisselle d‘or, l’action pacificatrice de leurs gestes pourrait seulement se terminer d’une façon plus privée dans la chambrée royale. Plus tard, lorsqu’ils furent couchés cette nuit-là en s‘éclairant seulement de la lune, ivres comme des gorets en raison de la boisson, la reine poussa la complaisance jusqu’à laisser Jean Bon lui mettre un doigt dans le cul. Au secours ! Au secours ! jubilait-elle, comme si le veneur s’entêtait à harceler son loup. Ah ciel ! que va-t-il me désadvenir si mon chasseur insiste ? Charité, charité, criait-elle en riant, cherchant faussement à se dérober, alors que l’autre la remuait sans faillir, montrant nulle mollesse pour exaucer ses vœux. Car il donnait de bon cœur et son foutre coulait en grosses gouttes d’argent, pour luire comme un diadème dessus ses longs cheveux qu‘elle avait dénattés. L’orgueilleuse tenait la tête baissée et recevait l’hommage amoureux de son noble vaillant, puis le vilain entrait une fois de plus dans son étable, en la mordant des dents. Messire Jean Bon en était fier, car elle grondait rudement. De toutes forces, il la secoue, alors qu’elle tombe à la renverse, leurs bouches se serrent et leurs yeux brillent, tout consumés de gourmandise l’un pour l’autre. Ainsi, l’hôsté toute entière s’ébranla fort longtemps de leurs cris furieux poussés dans la pénombre, comme si l’on orguenait par grande folie entre ses murs solides et clos.

 

Au matin, alors qu’ils étaient rassasiés d’eux-mêmes et qu’ils entendaient le coq chanter, Touatulanîkée raconta par grande mervoille aux oreilles de Jean Bon une histoire fabuleuse. Car elle avait déjà connu un gars du Fion, un certain chevalier Hivalanoué, venu avec quelques amis visiter son royaume. Un Jacques Bonhomme, un chartulé, une saleté de mainmortable qui avait odieusement refusé de l’épouser, pour s’enfuir en compagnie de sa bande misérable par les chemins boueux du Marais-Jean. Ces gens se disaient en quête de la fleur de Pinette, arguant qu’ils désiraient l’offrir à la reine Amanda pour apaiser ses cuisses givrées. Ce corvéable d’Hivalanoué, que je le feisse pendre à mes créneaux, si jamais je le retrouvasse ! Bien entendu qu’auparavant, j’exciterai avec bonheur mes chiens, pour qu’ils lui bouffent la chose misérable qui pendouille entre ses chausses, car je l‘ai bien connue. Plût à Kramouille que je lui fasse goûter comme il se doit la dure badine de mes sergents. Jean Bon laissa bouder la coléreuse, il connaissait l’histoire de ce fameux groupe qui se faisait nommer la communauté de la gnôle. C’était bien une chose extraordinaire qu’ils soient déjà passés ici, car nul ne savaient ce qu’ils étaient devenus, depuis qu’ils avaient prêté au pied du trône leur ambitieux serment.

 

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Message édité par talbazar le 06-02-2019 à 10:48:07
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Posté le 02-02-2019 à 14:57:32  profilanswer
 

n°55715769
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 05-02-2019 à 13:41:53  profilanswer
 

Salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : Coup de chance dans l'hyperbole. Extrait numéro 65.

 

https://zupimages.net/up/19/06/r3lg.jpghttps://zupimages.net/up/19/06/hunm.gif

 

Un régime de vent faible fait glisser les grains de sable sur la sphère immobile. La mine digère en silence et rapidement l’information. Trois Panzigs Space Rocket SR-1007 en approche entre ciel rouge et roches brunes, trajectoire rectiligne, 900 km/heure, alt. 815. L’engin autonome au sol engrange ses paramètres d’action, une élévation et destruction aérienne partielle contre l’un des véhicules semble possible, en dépit d’un bouclier protecteur probablement activé. Le dommage occasionné devrait cependant être conséquent, avec une perte de contrôle supposée du pilote. La distance diminue rapidement et au sein de la boule mortelle, le patient calcul s’ajuste avec une extrême précision. Si la loi de la guerre n’autorise pas la poursuite, le fait que l’un des engins volants va bientôt se trouver à l’aplomb de la mine lui permet en revanche d’entrer en action, compte tenu de la faible altitude enregistrée. La fulgurance de son décollage coïncidera parfaitement avec le passage de sa proie au-dessus d’elle. Étude et rapidité, la mine traçante est prête à fuser. De son côté, Gerhard Lanvingt, Panzigoberkanonier de l’un des Panzigs visés est content de lui, il vient de repérer sur son radpano une putain de mine enfouie dans l’axe de son trajet. Depuis la défaillance partielle du brouillage indé, les choses sont nettement plus faciles et l’action de ces saletés de globes baladeurs est presque devenue transparente. Il lui suffirait de prendre immédiatement de la hauteur ou de virer brusquement sur l’aile pour lui échapper, mais il préfère s’amuser un peu. Après signalement, il donne l’ordre de tir à Michael White, son Panzigbéret, les Ray Guns Robo Hunter MIB Cosplay LARP entrent aussitôt en action. Une méchante double-salve tirée à 700 mètres en plein sur la cible, ce qui la pulvérise au sol dans une formidable explosion, 32 secondes avant qu’elle n’allume sa tuyère sous-zionnique.

 

– Une de moins ! Pour tous les camarades qui se sont fait baiser par ces saloperies.

 

Arrivé en vue de son objectif, Gerhard Lanvingt invite plus tard les autres Panzigs à poser derrière l‘œil sombre d‘un cratère, pour arraisonner la longue barge civile T 24/7, baptisée The Lure of leather, véhicule de convoyage au sol qui est la propriété privée de l’administrante vénusienne Vaness Parada. Avec à son bord un équipage et son capitaine à moitié cinglé qui crapahutent sur un territoire rebelle truffé de mines erratiques. Agannippe Fossa n’est pas encore en reconquête. La chose étonnante est cependant que la signature thermique est pratiquement muette, comme s’il n’y avait personne à bord de ce train. Il faut pourtant bien du monde pour le faire avancer. Leurs menaçants Ray guns dégagés des trappes, les trois Panzigs atterrissent en formant un coin devant la barge pour la stopper. L’ordre est de conduire sous escorte tout le bazar vers Marte Vallis, le lieu enregistré comme étant d’ailleurs sa destination, avant la mise sous scellés du véhicule et de son chargement constitué de plantes. Une cargaison de végétaux en provenance d’une serre agricole, où Fanch Yoland et Karela Borounie auraient un temps séjournés, d’après les dernières informations. Le captain de cette barge en saura peut-être un peu plus là-dessus. La sueur coule justement au front de Jhon-Jhon Lidé, lorsqu’il voit apparaître ces connards devant lui. Avec les chefs indés et plus de mille clandestins planqués dans son bébé, la partie va s’annoncer serrée. Avant la rupture de la communication, la patronne lui a demandé de se laisser faire, en cas d’arrestation de son tracteur par l’armée, elle ignorait toutefois l’embarquement impromptu des péquenots et du couple sulfureux dans le transporteur. Une fois la barge immobilisée, le panneau d’ouverture pneumatique d’un des Panzig libère Gerhard Lanvingt et Michael White vêtus de leurs scaphandres.

 

Ils apparaissent côte à côte au milieu de la caillasse, le premier est armé d’un Hiller Atomray et l’autre brandit un P-29 Mégalaser pistol-High Energy Laser Weapon. De quoi fumer un type honnête plus vite que de le dire, des joujoux qui poussent forcément à prendre la meilleure décision entre paix et chaos. S’ils découvrent la supercherie, ces salauds de chasseurs ne feront pas de cadeau, quand bien même ils auraient des civils devant leur canon. Les équipages des autres Panzigs sont restés à leur bord en protection défense. Accompagné d’un de ses techniciens, peu prompt pour le moment à se gonfler d’orgueil, Jhon-Jhon Lidé a vissé son casque pour descendre à son tour. Dans le paysage figé de Mars, les hommes en carapace se toisent dans un silence total, avant que l’implant du commandant de la barge ne reçoive les consignes du Panzigoberkanonier et surtout son invitation à décliner son identité, alors que le soldat fait seulement semblant d’ignorer celle-ci. Entrainement au combat et formation, contre désinvolture d’un arpenteur des sables rompu aux bourlingues martiennes. Une longue expérience du terrain qui forcerait presque le respect du combattant, parce qu‘il sait que l‘autre présente une carrière de baroudeur bien remplie. A corps fort, esprit fort, mais ce vénusien-là n’est à priori pas un ennemi, seulement l’employé d’une armatrice que le général Digoule vient de mettre sur la touche. A titre personnel, Gerhard Lanvingt est par ailleurs content du camouflet enfin infligé à cette prétentieuse, cette vénusienne de la haute qui magouille impunément, comme chacun le sait, avec la piraterie galactique. Il s’avance dans l’ombre que propose le châssis poussiéreux et surélevé du Lure of leather, afin d’approcher le pilote.

 

– Il y a un truc qui ne va pas, capitaine Lidé, déclare le militaire à son vis à vis, la thermosignature de votre appareil est quasi nulle sur l‘écran de mon vaisseau.

 

– C’est toujours le cas quand je transporte des Seitaphiles. J’imagine qu’un officier contre-insurrectionnel, comme vous l’êtes, n’a pas plus que ça une connaissance pointue de la botanique, on ne peut pas tout savoir, pas vrai ? Ces plantes destinées à la Terre poussent sur les volcans de 6598PL-Serge Gainsbourg. Tout en parlant, il remarque au passage que sur le harnais de poitrine de cet enculé de Panzigob, le mousqueton d’accrochage de la pince de verrouillage qui maintient son arme est libéré. Ce qui le rend libre de faire feu à tout moment.

 

– Bien, vous allez reprendre tranquillement votre convoyage pour vous rendre vers Marte Vallis, comme prévu sur votre plan de route. Il reste encore un sacré bout de chemin. Nous vous survolerons à vitesse réduite jusqu’à destination, où les autorités compétentes vous prendront en charge pour la suite des opérations. Dans la serre d’où vous venez, avez-vous aperçu les rebelles Fanch Yoland et Karela Borounie ? Je dois vous dire qu’après ma mission d’escorte vous concernant, j’ai ordre de détruire le domus de cette ferme et d’assurer le transfert de sa population.

 

– Héla, héla ! il n’y a là-bas que d’inoffensifs ouvriers et leurs femmes, des vieillards et des gosses, allez-donc y jeter un oeil tout de suite, si vous y tenez. Moi j’ai vu personne d’autre. L’autre parlait de transfert, mais il pensait plus sûrement à une élimination pure et simple.

 

– Nous vérifierons. Reprenez la piste, maintenant. Bonne promenade et méfiez-vous des mines. Ce secteur est toujours officiellement tenu par les rebelles. Nous procéderons dans la mesure du possible à la destruction des sphères qui tenteraient de vous approcher.

 

Soudain soulagé, Jhon-Jhon observe avec bonheur l’autre reclipser son lasergun d’une simple gestuelle réflexe, avant qu’il ne tourne les talons. Comme il n’y a effectivement rien de plus à dire, il remercie de l’appui et salue de la main les bidasses qui vont le mettre au chômage, puis il grimpe à son tour en suivant son homme d’équipage sur la plateforme d’accueil de la barge. Dans l’élan, il aspire une grande goulée d’oxygène, une chose qui sur le coup le comble d‘aise, puisque les morts ne respirent pas. Derrière l’énorme bulle en shellglass teinté du cockpit, Lidé laisse ensuite les commandes à son second pour aller retrouver Fanch Yoland, alors que le convoi se remet en branle en charriant derrière lui des monceaux de sable. Auparavant, le pilote assiste néanmoins au décollage vertical des Panzigs aux flancs irisés par la lueur solaire. Si deux d’entre eux se mettent à survoler le convoi comme prévu à très faible vitesse, ce qui les rend presque immobiles, le troisième effectue une longue spirale ascensionnelle, puis il file rapidement en direction d’Agannippe Fossa. Nul doute que cette manœuvre a pour but de rejoindre le dôme des serres de Zona la fermière et de Manu Mekton. Et ça, se dit Jhon-Jhon Lidé en fulminant alors qu’il se fraie un chemin entre des enfants aux yeux écarquillés, pour émettre ensuite un avis approuvé par les indépendantistes, ce n’est vraiment pas bon, pas bon du tout.

 

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Message édité par talbazar le 07-02-2019 à 11:28:42
n°55742166
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 08-02-2019 à 10:44:30  profilanswer
 

Des livres à compte d'auteur, spéciale fête des mères.

 

https://zupimages.net/up/19/06/c1h0.jpghttps://zupimages.net/up/19/06/iu0c.jpghttps://zupimages.net/up/19/06/6rxf.jpg

 


Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Conrad Iassion.

 

https://zupimages.net/up/19/06/nnuq.jpg

 


Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Francis Oaboa.

 

https://zupimages.net/up/19/06/u6i6.jpg

 


 


Message édité par talbazar le 08-02-2019 à 10:45:29
n°55752576
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 09-02-2019 à 19:58:50  profilanswer
 

Salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : La jet larguée. Extrait numéro 39.

 

https://zupimages.net/up/19/06/4n0n.jpghttps://zupimages.net/up/19/06/vgln.gifhttps://zupimages.net/up/19/06/gz6p.gif

 

Cette nuit-là, Richard Abia avait le cerveau torréfié par un désir joyeux, il miaulait dans sa tête un refrain marrant, aux paroles à vrai dire un peu stupides, en garant sa voiture dans la rue où vivait Sonja Sweet Petitcoeur. Il était impatient de retrouver la belle avocate aux mains d’or, dans l’ambiance ouatée de son salon, alors qu’il mettrait son splendide corps à nu pour s‘abandonner avec elle dans un plaisir mutuel. Il était sincèrement honoré qu’elle veuille bien faire de lui son amant du moment. Sur le trottoir, Richard leva le bras en l’air comme un chevalier tient son épée, pour condamner sa voiture d’un couinement provoqué par une pression sur la clef de contact. Il s’éloigna ensuite d’un pas vif dans la lumière des réverbères. Le contentement qu’il prenait dans les bras de cette avocate était une expérience de première classe, bien différente de celle éprouvée dans les draps de ses amours passés. Un vrai bonheur, qu’il souhaitait conserver et cultiver le plus longtemps possible, bien qu’il soit prévenu qu’elle ne gardait pas ses compagnons de lit plus de quelques soirées dans sa vie. Il semblait très important de ne pas s’emballer et de bien interpréter les choses, pour éviter tout malentendu, mais chaque fois qu’il croisait son regard, il s’en voulait de ressentir au fond de lui un brin de jalousie, pour une liberté aussi clairement affichée. Sonja avait malgré-tout le don de se montrer fragile sur l’oreiller, elle lui donnait le sentiment de n’être entre ses bras qu’une simple petite chose à protéger. Il prenait à chaque instant des leçons de féminité en sa compagnie, entre salle de bain et penderie, et il devait reconnaître qu’il n’aurait pas détesté habiter pour de bon avec elle. Pourtant, leur rencontre était toute récente, ils se connaissaient peu. Richard redoutait néanmoins de s’avouer qu’il aurait bien envie de vouloir autre chose, de ressentir une émotion qui ne devait en aucun cas remonter jusqu’à sa pleine conscience. De décrocher, en dépit de la mise en garde, le pompon de l’infiniment rare en tombant amoureux. Il sonna à la porte, attendit, sonna à nouveau, deux fois. Il s’injectait du négatif en patientant, elle avait pourtant dit qu’il pouvait lui rendre visite malgré l‘heure tardive. Elle n’était pas absente, il entendait distinctement les voix de la télé. Il sonna encore, il se fit pour trente secondes l’effet d’être un usurpateur, cette absence de réponse mettait son cœur à l’ouvrage ; en réalité, il ressentait à présent le besoin impératif de rentrer dans cette grande maison. Il tambourina de la main avec énergie, avec le plaisir trouble de trouver du sens à ce geste ; puis, n’y tenant plus, il osa tourner la poignée d‘autorité, la porte n’était pas fermée.

 

Il ressenti aussitôt un choc et la première chose qui heurta ses rétines alarmées fut la blancheur du grand peignoir en cachemire. Il y avait du sang partout. Nue sous son vêtement, Sonja était étendue de tout son long sur le sol de l’entrée, la vision se révélait très violente. Devant le corps sans vie, Richard osait à peine bouger, la tête lui tournait comme s‘il avait trop picolé. Il se pencha sur son amie, à vrai dire il tomba dessus, l’esprit noué par une angoisse horrible, l’horreur et l’abomination ; mais elle n’était pas morte, sa bouche bleue laissa échapper d’abord un faible hoquet, puis au coin de la lèvre un mince filet où se mêlait de la bave et du sang. Ce n’était pas le moment de chercher à comprendre, Richard appela sur le champ l’ambulance. Dans le grand hôpital, alors qu’on opérait Sonja en urgence absolue, Richard Abia se mit à perdre la notion du temps. De désagréables réactions chimiques flambaient son réseau de neurones, en dépit de sa volonté de garder les pieds sur terre. Le policier à ses côtés ne disait rien, mais une chose était sûre, quelqu’un venait de tirer à bout portant sur l’avocate Sonja Sweet Petitcoeur. Quelques heures plus tard, le médecin fatigué se présenta avec un sourire confiant, la femme était sauvée in extremis, mais elle serait plongée pour longtemps dans un coma profond. Il était temps pour la police d’interroger vraiment son compagnon, pour le forcer à mettre en mots ce qu’il venait de vivre. Il était pour eux le principal suspect, les hommes en uniforme voulaient s’assurer au plus vite du contraire. Mais après sa déposition dans les règles, Richard fut simplement tenu de rester à la disposition des enquêteurs.

 

Le commissaire Laurent Bergougneux écartait l’éventualité d’un tir de rôdeur, ce n’était pas l’idée qui s’imposait d’emblée à lui, au sujet de cette tentative d’assassinat. Agacé, il se leva pour refermer la fenêtre, afin de s’épargner le monde bruyant et agité de la rue, l’officier en face de lui le remercia du menton, l’effervescence urbaine le dérangeait aussi.

 

– On a soigneusement examiné la balle du 9 mm para à la loupe, au microscope, même, notre reine du barreau s’est fait descendre par une antiquité, un pétard de nazi, un Walther P38 chargé d’une munition d’époque, équipé d’un modérateur de son, sans doute monté sur étrier. Le tout devait posséder une longueur respectable. Un tir de près, la petite est vernie, elle a eu plus que du bol d‘en réchapper. Quelques minutes de plus et c’était fini. Un pistolet de collection, si vous voulez mon humble avis, soit cela signe l’amateur impulsif, soit on a affaire à un pro véritable et malin, un exécuteur, pour le dire clairement. C’est quoi, le plus gros dossier qu’elle traite actuellement ?

 

– Vous ne regardez jamais la télé ? Vous ne lisez jamais les journaux ? à mon humble avis, vous devriez sortir de temps en temps de votre labo. Sonja Swett Peticoeur est l’avocate désignée par les familles de victimes du crash de l’avion disparu de la Petro Jelly, le fameux vol PJ 612 Paris-Kilapile.

 

–  Et côté cœur ?

 

–  Des chanceux de temps en temps. Le dernier en date s’appelle Richard Abia, c’est ce mec qui l’a trouvée et qui a prévenu les secours. A mon avis, ce n’est pas lui. Hélas pour nous, la victime ne parlera pas avant un bon moment. Pour l’instant, elle est la seule à savoir ce qui s’est passé, mais on va devoir avancer sans son aide jusqu‘à son réveil. Les journalistes de la chaîne de télé Danmon Kanal musardent comme des fouines devant chez elle, ça les change probablement des reportages minables. De toutes les hypothèses qu’on peut énumérer, je ne sais laquelle prédomine, mais j’élimine le serial killer ou le voleur de quartier, j’ai dans l’idée qu’elle a elle-même ouvert la porte à son meurtrier. Rien n’a semble-t-il disparu, il n’a pas agi pour la voler, ni pour la violer. On n’est pas dans le simple crime crapuleux.

 

Si aucun interrupteur ne faisait la lumière dans l’esprit du commissaire Bergougneux, l’affaire déclencha une véritable apocalypse au sein des familles de victimes. Plus que jamais, elles réclamaient auprès des autorités que l’avion transportant leurs maris, leurs femmes ou leurs enfants soit retrouvé. Les plus hardis criaient au complot, affirmant qu’on les trompait sur le sort de leurs proches. Le crime porté contre Sonja Sweet était un uppercut qui les mettait KO, en éteignant provisoirement ses plaidoiries. D'autres accusaient explicitement la Russique. Newscou continuait d’affirmer haut et fort sur les ondes qu’elle ferait bientôt éclater la vérité sur cette tragédie aérienne, en retrouvant l‘épave nichée sans doute dans les grands fonds. En réalité, ce dossier devenait explosif, tout ça parce que l’agent Igorson avait oublié d’être discret. Assis derrière son bureau carré de la Maison Rouge, le président de la Russique Bronislav Enjoyourself toisait ce bâtard de général Ruskoff Dream, l’homme du renseignement militaire supérieur, debout côte à côte avec Derek Boututsov qui patronnait le GBT. Cette dernière petite merde s’affublait visiblement d’un ridicule complément capillaire, démontrant que l’orgueil et l’ego de ce con passait par ses faux cheveux.

 

– Je me demande ce qui m’empêche de donner une nouvelle orientation à vos carrières, messieurs. La réalité du monde a l’air de vous passer au-dessus de la tête. Le porte-parole des familles vient d’annoncer la création d’une cagnotte pour mener des recherches privées, sans doute à l’instigation de notre petite copine, qui comme vous le savez, dort bien et respire encore.

 

– On va s’en occuper, fit Boututsov, Polichinelle ne devrait pas se réveiller. La situation est certes dérangeante et Igorson vient d’être éliminé. Nous repartons sur de nouvelles bases.

 

– Oui, acquiesça Ruskoff Dream, plus de feutré, moins de tireur d’élite et pas de brochette de tueurs, cette fois-ci.

 

– L’illusion ne va pas durer, répondit Enjoyourself passablement énervé, la réputation internationale du pays est jeu. Je vais immédiatement ordonner le décollage des hélicos du Krav Mega, pour leur demander de faire le ménage sans attendre sur Badigooince, de raser tous les vestiges de nos ruines à coup de bombes incendiaires, afin qu’il n’en reste plus rien, ni de nos anciens bâtiments, ni de l’épave du zinc. Je veux que la prochaine aube qui se lève sur cette putain d’île soit une puissante lumière d’orage. Quand à vous deux, retroussez-vous les manches et remuez-vous le cul mieux que ça, vous avez pris assez de repos. Surtout, faites bien rentrer dans toutes les têtes que l’avion s’est écrasé dans l’eau.

 

Les deux hommes invectivés essayèrent de s’éclipser du bureau avec une sorte d’élégance silencieuse, mais cette sortie fut complètement loupée. Je me demande bien qui cet alcoolique de Boututsov imagine pouvoir séduire, en s’affublant de cette stupide perruque, pensa Bronislav, une fois la porte refermée derrière eux. Le président s’autorisa quelques longues bouffées enivrantes de son gros cigare, puis il appela au téléphone l’amiral Timothy Maxwellgadeïev :

 

– Allez-y, exécutez l’opération Tornade.

 

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Bon demain à tous.

 

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Message édité par talbazar le 06-03-2019 à 08:38:51
n°55781908
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 13-02-2019 à 11:18:43  profilanswer
 

Salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : Noeud coulant pour Martin Smith. Extrait numéro 59.

 

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Pour un type qui venait de tenter de se supprimer, Brüder Karamasow ne donnait pas l’impression d’avoir un mental effrité, ni de nager dans les affres de la déprime. Derrière cette façade plus optimiste, Martin le sentait néanmoins habité par une certaine crainte, bien qu‘il fasse son possible pour rester digne. Il semblait bien seul, ainsi aux prises avec sa destinée, mais le privé ne lui faisait aucunement confiance. Pour l’heure, le professeur ne cherchait pas dans les pages du Star-Bulletin, qu’il tenait en main, quelque bon plan de sortie pour sortir et s’amuser, puisqu’il était prisonnier au même titre que Martin Smith, Vaya Condios et Gordon Strazdinovsky. Il cherchait simplement à s’informer. Un article faisait état de la fusillade au Pacific Marina Inn, le papier relatait que l’héroïque inspecteur de police Sam Alloma venait d’être tué, en essayant de faire respecter la loi. Le brave américain était mort en service au cours d’une rixe contre des mafieux, probablement mêlés à un trafic de drogue international. Pris en tenaille, Alloma s’était sans doute retrouvé au cœur d’un règlement de compte entre des tueurs notoires et des malfrats français, dont trois d’entre eux et un perroquet avaient réussi à s’échapper, en exécutant un spectaculaire 180° avec une ambulance. La tuerie avait en outre provoqué la mort de Sisco Matteï, patron du cercle de jeux français la Rose Noire, de sa femme Comtesse Monique et d’un certain Gino L’éclabousseur, au passé trouble et peu glorieux. Les décès du patron de l’hôtel hawaïen et d’un client étaient malheureusement à déplorer, mais les fuyards, deux hommes et une femme, qui avaient selon les suppositions loué leur chambre sous de faux noms, se trouvaient à présent activement recherchés. Lorsque Brüder passa le journal à Martin, le nom de Matteï sonna dans sa tête comme un clairon, parce qu’il le connaissait depuis longtemps. Ce patron de boîte incarnait un gangster notoire, mais également un indic bien connu des services. Sisco était cependant rangé depuis longtemps et le privé se demandait ce qu’il était réellement venu faire à Hawaï. Vaya l’éclaira plus avant.

 

– Le  perroquet, c’est Guy Ness, j’en suis certaine. Gino est un homme de Gros Bill, on l‘a vu ici. Martin, je pense que les autres ne sont pas des malfrats, ce sont des flics de la maison frenchie, peut-être les successeurs de Barracuda N’Dyé et ils nous recherchent ! La CIA et le FBI seront bientôt sur le coup. Elle donnait tout à coup l’air d’avoir du bonheur plein la tête.

 

– Si c’est vrai, alors voilà une initiative un brin kamikase, ma chérie. Leur fuite en fanfare après ce lâcher de cadavres n’augure rien de bon pour eux. Je pense que les hyènes de notre machiavélique inventeur auront leur peau d’ici peu.  

 

– En tout cas, fit Gordon, si ça peut exalter notre sens de l’effort pour nous tirer d’ici, tant mieux !

 

– N’y pensez même pas, ajouta Brüder, en se calant comme un prince au fond du canapé. Je ne veux pas jouer les cyniques, mais nous sommes reclus au sein d’une forteresse inexpugnable, dont le monde n’a même pas connaissance. Ce volcan n’est pas en carton-pâte, comme vous le voyez. Votre seule chance de vous en tirer serait sans doute de rendre son carnet au docteur Van Degaffe, vous savez qu’il y tient beaucoup.

 

– Et votre patron va nous oindre les lèvres de caviar avant de nous renvoyer chez nous, après son remerciement et une enveloppe remplie de billets ? Ne nous prenez pas pour des cons, Karamasow, je ne sais pas pourquoi Degaffe vous a collé ici, mais nous savons que vous êtes toujours des leurs. Strazdinovsky abandonna son ton menaçant, pour plonger finalement dans une tristesse silencieuse.

 

La neurasthénie était une faiblesse que Martin Smith préférait pour sa part éviter. Si des collègues pistaient leur trace, il y avait encore l’espoir d’être retrouvé et rendre l‘enthousiasme de Vaya communicatif. Si la police de France s’en mêlait, il aurait d’ailleurs bien voulu entrer tout de suite avec elle en communication télépathique ! Le journal caricaturait visiblement la vérité et le privé bloquait sur cette raison de travestir les faits, sauf à croire que cet inspecteur Sam Alloma se trouvait mouillé. Pourquoi pas ? avait insinué Vaya avant d‘embrasser Martin sur la bouche, puisque Degaffe prenait, ou plus exactement payait tous les talents, cette hypothèse pouvait se défendre. Comme l’article semblait encenser ce flic décédé, il devait exister des complices corrompus au sein de son unité, pour couvrir sa trahison. Faisant taire pour l’instant les interrogations, Vaya l’entraîna dans la chambre qu’il partageait avec elle dans le vaste loft transformé en cellule ; il l’allongea sur le lit pour la serrer dans ses bras. Une larme coulait sur la joue de la jolie brune.

 

– Tu as toujours été chic pour moi, Martin, tu es le meilleur des hommes. Je ne savais pas jusqu’à aujourd’hui ce que l’un d’eux pouvait représenter pour moi. Si jamais quelque chose se produisait…

 

– Chut, ne t’inquiète pas, fit Martin en émettant un petit rire nerveux. Il barra doucement ses lèvres d’un doigt, tu verras, nous nous en tirerons. On ne laissera aucun spécialiste des maladies nerveuses fournir un alibi à notre diabolique docteur, pour qu’il s’offre une chance de rester en vie. J’espère aussi que ses notes scientifiques et ses effroyables secrets seront perdus pour toujours, le monde n‘a pas besoin de lui ni de sa bande de malfrats. Et après, je te le promets, on s’occupera de nous deux et nos enfants nous aimerons aussi. Sans plus rien dire, il laissa la chair de Vaya s’éveiller sous ses caresses, elle témoignait contre son corps d’une beauté à fleur de peau, mais elle avait déjà entre ses mains fébriles les cheveux en désordre. Au gré de leurs ébats à huis clos, le couple ne faisait pas l’amour dans une simple chambre, mais dans une pièce de survie, ils souhaitaient juste que ça ne soit pas la dernière fois qu‘ils puissent s‘enlacer. Ils savaient bien aussi qu’il y avait des caméras derrière les miroirs de la salle de bain.

 

Penché au-dessus de la cage, Hubert Van Degaffe tira sur la queue de Belle 2K10 pour la réveiller. Cette prise caudale signifiait au rat blanc femelle, affublée de nouveaux tissus modifiés haut de gamme, qu’elle n’allait pas emprunter le chemin de la rigolade. Ce pourri désirait tellement ne pas être qu’un théoricien, il y avait bien longtemps qu’il avait découvert les avantages de la pratique.

 

– Alors, lâcha le docteur, comment se porte ma first lady ?  

 

– Je suis ravie d’être ainsi labellisée, mais je ne dors pas très bien. À mon avis, vous devriez mettre un coup de frein à vos projets. J’ai l’impression que la dernière fois, votre scalpel a ripé sur un nerf.

 

– A vous la souffrance, à moi la jouissance, ma petite dame.

 

– Quel est le programme, aujourd’hui ?

 

– Un petit cocktail de huit gènes, puis vérification des télomères dans vingt jours.

 

– Des quoi ?

 

– Des fragments d'ADN situés à l'extrémité de vos chromosomes, ma chérie, l’idée dans une seconde phase étant le transfert chez vous de cellules allogéniques provenant d’un bananier. En cas d'absence vérifiée de tumorigénicité de vos cellules, je vous paie le champagne. Vous pourrez remercier également le professeur Brüder Karamasow et votre collègue Echo 16, si jamais on la retrouve celle-là, mais je leur dois beaucoup.

 

– On va pas se mentir, mon heure est venue.

 

– Ne soyez pas défaitiste comme ça, il se peut que la planète entière vous célèbre un jour dans la joie. Ma maîtrise acquise des cytokines et l'échange du noyau contre … Oui ?

 

Gros Bill venait de frapper. Derrière lui, Pizza Gigante empoignait ses béquilles et Joe Gangsta se tenait en retrait. Les couturés affichaient tous les trois des gueules de furoncle. Gros Bill savait qu’il risquait gros en dérangeant le toubib en pleine expérience, mais fallait qu’il lui dise.

 

– Les flics ont retrouvé Gustavo près de Pearl Harbour, d’après ce que j’en sais, notre ami n’a pas eu beaucoup de temps devant lui pour dire ciao à ses valseuses. On lui a tiré dans les yeux.

 

Van Degaffe n’avait pas l’air d’être enchanté. Il donnait vraiment l’apparence d’un petit vieux rabougri dans sa combinaison trop grande pour lui, mais Bill ne s’y trompait pas. Depuis que ce génie lui avait écrit la première fois en prison, jusqu’au moment où le truand s’était débrouillé pour sortir le savant de l’asile de fous tenu par Anette-Zoé Vonbrune, Gros Bill avait eu tout le loisir d’admirer l’étendu du pouvoir tenu par cet empereur de la seringue. Un type pour qui ça valait le coup de se battre et mourir. Le chef des gangsters partageait avec ses gars l’euphorie collective de servir un tel prince et depuis qu’il était sous les ordres d’Hubert, plus jamais il ne retombait dans les affres du souvenir de son enfance à vif, en massacrant des êtres humains simplement pour se défouler. Aujourd’hui, Gros Bill servait un idéal, en permettant au docteur Van Degaffe d’assouvir son besoin de savoir, cette vision de sa propre utilité brillait comme une étoile dans sa caboche de psychopathe, où trônait toujours un éclat de métal. Le moindre son d’un ordre ne le faisait plus se renfermer sur lui-même comme autrefois, en le rendant fou de rage ; voilà pourquoi il respectait autant le patron. Le professeur reposa avec une précaution inattendue Belle 2K10 dans sa cage. L‘animal lâcha un truc sur sa volonté de passer bientôt son bac avec option théâtre, puis Van Degaffe éteignit les lumières du laboratoire en congédiant tout le monde, sauf Bill, qu’il entraîna à sa suite dans son bureau au décor épuré.

 

– Mais vous êtes qui, en fin de compte, Bill, pour semer autant d‘indices derrière vous, le petit Poucet ? Ils sont où, à présent, ces flics de la France ?

 

– Je n’en sais rien.

 

– A cause de ces gens que vous venez de laisser filer et en dépit de mes protections, la section inter-agences du FBI va savoir sous peu que Jess Rosse est un officier français des opérations spéciales en mission. Ce qui va remonter jusqu’au disctrict attorney Roy Larymore, qui n’est pas l’un des nôtres ; c’est par ailleurs le fils d’un député et une saleté d’idéaliste, nos infiltrés ne feront pas le poids contre lui.

 

– On pourrait le buter.

 

– Ne soyez pas complètement stupide, vous l’êtes déjà bien assez.

 

– Un examen approfondi du dossier par le bureau va relier mes petites affaires au freelance Smith que je séquestre ici en compagnie de sa jolie pouliche. Cependant, j’ai encore besoin d’eux. Je ne dois cependant pas me retrouver dans le collimateur, tuer en pleine lumière le sénateur Rupin pour me rendre invisible n’était finalement pas une bonne idée. Ses yeux globuleux fixaient l’autre d’une façon sévère derrière ses grosses lunettes.

 

– Nous avons fait ce que vous avez demandé.

 

– Sam Alloma garde pour l’instant son honneur et je souhaite que les choses restent ainsi le plus longtemps possible. Mais je dois jouer la course contre la montre, pour retrouver Echo 16 et supprimer tous les témoins. Il me faut blanchir la Samsara Foundation et effacer les preuves qui conduiraient à moi, personne ne doit deviner que l‘institut se trouve sous ma bannière et mon autorité. Provoquez par exemple son incendie et prenez soin de laisser Karamasow périr dans la fournaise, même si l’idée me chagrine de me débarrasser d’un type aussi nécessaire et brillant. Vous êtes un homme de sac et de corde, Gros Bill, mais à l’heure actuelle, j’ai encore plus besoin de vous !

 

– Il n’y a pas d’offense, docteur. Le Karamasow, en ce qui me concerne, je ne vais pas le pleurer.

 

– Voilà ce que qu’on va faire. Vous allez sortir Cheebe Surger, alias Elliot Goldmind, de sa cachette et vous servir de lui pour tendre un piège aux flics français. Le temps presse, il faut les appâter avec ce met de choix et les faire disparaître, pour que l’enquête tombe à l’eau. En aucun cas je ne dois être la clef de leurs énigmes, vous comprenez ? Sa bouche s’inondait d’une abondante salivation.

 

– Ouais. Je peux coller une bombe sur la poitrine du champion lors de leur rencontre, ou mitrailler tout le monde dans un parking sous-terrain.

 

– Vous obéissez à la dure loi des caïds, Bill, j’apprécie généralement vos sombres projets funèbres, mais vous avez déjà suffisamment merdé. Je vous donne ici une chance de vous racheter, de renouveler à notre cause vos vœux de fidélité. Mettez tous vos hommes dans la bataille, ces français sont sérieusement nocifs, certes, mais personne ne doit les retrouver dans Honolulu, que ce soit morts ou vifs. Ouvrez grand vos oreilles, ce que je vous demande expressément, c’est de me les amener ici, pieds et poings liés, sans perdre de temps. C’est le meilleur moyen qu’ils disparaissent sans laisser de traces et sans eux, je pourrais retomber dans l’oubli. En attendant, libérez Brüder Karamasow et laissez-le imaginer qu’il retourne tranquillement à son boulot, mais vous allez cramer sans attendre la façade respectable de cette multinationale, ce pied à terre est devenu beaucoup trop dangereux pour mon organisation.

 

– On se met en route, patron, tous les hommes.

 

– Et vous savez, Bill, si vous parvenez à maintenir solidement mon anonymat dans les jours à venir, je vous laisserai peut-être ensuite vous amuser avec Vaya Condios. Les amours non vécus par un homme comptent toujours parmi ses regrets les plus tristes. Un peu de Cognac ?

 

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Message édité par talbazar le 14-02-2019 à 08:57:21
n°55802305
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 15-02-2019 à 14:08:46  profilanswer
 


Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Edmont Chibre.

 

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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Maxence Interdit.

 

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Message édité par talbazar le 14-03-2019 à 05:47:20
n°55813365
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 17-02-2019 à 13:08:51  profilanswer
 

Salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : Biographie de Gaston Boudiou. Extrait numéro 48.

 

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Insouciante et bienheureuse, Antigone Inseouine de la Nouille a vogué dans les rues vers sa messe de chair. Mais sans qu’elle le sache, Gaston se trouve désormais au courant. Voilà qu’elle s’allonge discrètement sous un nouveau destin, entre les murs d’une chambre anonyme faite pour les gens de passage. La tranquille famille Boudiou naviguera donc bientôt sur une mer houleuse enrichie par les larmes du père, sous un ciel triste rempli de nuages menaçants. Alors que le jeune homme continue de fixer des yeux la façade austère de cet hôtel maudit, il perçoit déjà l’écho de la souffrance d’Emile, alors que sa propre culpabilité d’en savoir trop le menace à présent sournoisement. Il n’aurait jamais dû accepter d’en apprendre davantage sur l‘intimité d‘Antigone. Camouflé habilement par son talent de scout, il regarde le trottoir d’en face, tout droit en direction de la catastrophe, mais il n’existe aucun défoliant pour éradiquer la connaissance d’un secret découvert. Si Gaston parle, l’horrible révélation de l’infidélité de sa belle-mère va croître et prospérer, comme des lianes amères, en étouffant ce qui pourra subsister du grand amour d’Emile. Le sans visage doit à présent embrasser avec avidité son illégitime conquête dans le cou, oxydant un peu plus, à chacun de ses baisers fiévreux sur la peau nue d’Antigone, la relation autrefois si belle qui la liait jusqu’à ce jour au père de Gaston. Le jeune Boudiou reste planté comme un con derrière le tronc d’érable de son observatoire, comme si l’entrée de l’hôtel formait un territoire interdit qu’il ne saurait approcher. Il est submergé de questions sans réponse sur l’avenir d’un couple en apparence bienheureux, qu’il croyait solidement uni, mais qu’un inconnu vient de transformer en terrain de désolation. Gaston le hippie sait pourtant que sa belle-mère est parfaitement libre de dépasser les bornes, qu’elle a le droit d’être heureuse comme elle l’entend, il lui en veut juste de vouloir le cacher, seule cette attitude peut la rendre coupable à ses yeux. Il n’est pas vrai qu’Antigone et Emile ne partagent plus rien ; elle est cependant en ce moment bel et bien en train de sourire à un autre dans la pénombre, en lui tendant chaleureusement les bras. Gaston imagine déjà la jalousie d’Emile, gonflant à grande vitesse comme une eau sombre et malfaisante, pour aller frapper de ses flots rageurs ces persiennes fermées, cogner la porte close et peut-être le nez de l‘autre sagouin de voleur d‘adorée.    

 

Sur les murs alentours, les graffitis de mai conspuent en lettres noires le culte du fric et de l’apparence, l’argent pourrit les gens, le pouvoir de l’amour le ferait-il aussi ? Gaston ne connaît pas encore le visage du vantard, mais il vient de résoudre une première énigme en s’immisçant dans les affaires de cœur d’Antigone. En faisant de lui son espion, Emile lui a dit à l’oreille, « tu es un homme, mon fils », mais le détective en herbe ne se montre guère fier de son exploit. L’homme qui étreint à présent sa belle-mère au hasard des rues, qui l’ouvre sans vergogne en son milieu dans cet hôtel miteux, ce gaillard sans scrupule est peut-être tout simplement désirable ; ce caillou dérangeant dans la chaussure d’Emile, sa femme l’a ramassé sur le chemin amoureux, il est peut-être pour elle de la même nature que ces brillantes pépites dont ont fait les alliances ou bien les anneaux d’or. Gaston, lui, se sent pour le moment tout entier fait de bronze, il se tient immobile dans la rue comme une statue de commandeur, en proie à de nombreuses interrogations. Jusqu’où ira sa fidélité envers Emile après ce premier pas ? est-ce qu’il pourrait se demander, comme dans certains films « est-ce que je tue il ? ». Il regarde l’hôtel avec une insistance de photographe, derrière l’une de ces fenêtres aux volets fermés, le soleil d’Emile est en train de mourir, là explose à cet instant en mille éclats son magnifique amour d’éternité. Pierre, sable et ensuite plus rien, tout s‘envolera sans doute à jamais au vent mauvais, dans le souffle de cette triste aventure. L’amour communautaire de Marité Hissedrue, qui sniffait hélas beaucoup trop de choses blanches, à tenté de ranger, pour Gaston son hippie, les amours monogames au rayon des vieilleries mythologiques, mais le jeune homme n’est-il pas aujourd’hui totalement entiché d’un amour exclusif pour la cousine Brigitte ? L’important est toujours de bien vivre sa vie et selon toute apparence, Antigone a fait à son tour le choix de céder aux sirènes de ce monde en train de rajeunir, quand bien même elle irait sottement s’abandonner dans les bras d’une espèce de rustre, un voleur de jupon qui choppe tout ce qui remue devant sa maudite queue. Gaston Boudiou sait, mais il ne désire pas en apprendre plus. Il ne veut pas rendre l’animal identifiable, il devine à présent qu’il ne dira rien à Émile à propos de sa découverte. Il admet qu’il vient de jouer les Philip Marlowe pour des prunes. Il s’apprête à s’en retourner chez lui et regarde passer devant l’hôtel fissuré une vieille dame qui promène à la fois son chien et son lourd cabas écossais, mais il aperçoit aussi la grosse Mercedes grise qui vient de se garer sur le trottoir. Ses deux occupants restent pourtant étrangement assis à l’intérieur.

 

Antigone est sortie, elle n’a pas sur les traits de son visage l’adorable candeur des femmes satisfaites. Elle n’offre pas au ciel de Paris l’étoile nouvelle d’un amour splendide, elle cherche juste à échapper aux ongles de son satané coup de foudre qui la retient de force. Un des types de la berline est sorti pour ouvrir la portière, entre Antigone et l’autre type la discussion s’anime, elle semble protester vigoureusement. Le dragueur à la colle qui serre la femme d’Emile n’est pas bon chic, bon genre, bien davantage sportif que play-boy et Antigone semble en mauvaise posture, elle vient de perdre un escarpin en se débattant. Aidé par l’autre mec, le salaud empoigne sa longue chevelure noire, la pauvre jette sur lui de grands yeux immenses, puis les ordures poussent de force son grand corps de déesse exotique dans la bagnole, la porte claque sur une dernière gifle. La scène brutale n’a duré qu’une minute et Gaston a tout vu, mais avant qu’il ne puisse réagir, la voiture s’est déjà replongée dans le trafic en emportant ses passagers. Elle le fait aisément, puisque pour une fois, la rue n’appartient pas aux poings levés. Seule reste sur le trottoir la chaussure d’Antigone, comme l’unique preuve qu’il n’a pas rêvé. Il n’est plus question d’une histoire de jaloux, il s’agit d’autre chose, mais de toute évidence, Antigone vient de se faire enlever. Dans ce cas, la consigne est d’appeler la police, mais Gaston Boudiou est désemparé, il reste dans la rue sans comprendre ce qui vient d’arriver. Pourquoi tant de brutalité de la part d’un homme à l’égard d’une femme qui vient de se donner à lui ? L’angoisse étreint le jeune homme, sa lourde responsabilité l’effraie, un mystère terrible vient de surgir dans l’univers calme de ses parents. La méchante scène à laquelle il vient d’assister ne figurait en rien quelques entrechats de tendresse ou les gambades d’amoureux transis et soulagés, elle affichait clairement toute la brutalité d’un odieux kidnapping. De toute évidence, ces trois hommes sont des malveillants. Quelle guigne d’avoir perdue Antigone de vue aussi brusquement sans pouvoir l‘aider. La pauvre femme n’a hélas rien d’une championne de judo ! De toute évidence, le petit tour d’horizon sentimental vient de se transformer en centrifugeuse diabolique, mais à part prévenir les flics, Gaston ne sait quoi faire à présent. Il vient de voir s’étaler devant ses yeux beaucoup de violence, mais il n’en connaît ni les tenants, ni les aboutissants, il décide donc d’attendre d’en savoir plus sur ces questions harcelantes et veut d’abord prendre conseil auprès de sa sœur Angèle, à qui il va bien entendu raconter les détails de l‘histoire. Il se garde avant tout de prendre une décision-éclair afin de trouver s‘il le peut la solution de ce mystère. A grandes enjambées, Gaston pénètre dans l’hôtel et cherche à se renseigner auprès de la petite blonde affairée derrière son comptoir. Elle tique un peu, puis hausse les épaules avec indifférence, elle se désole de ne pouvoir l’aider ; puisque ici, dit-elle au jeune homme insistant, on ne prend pas l’identité des locataires s‘ils n‘ont pas l‘intention de passer la nuit. À cette heure du jour on paye sa chambre cash, car cet hôtel minable n’est qu’un simple carrefour pour amants de tous sexes et plus ou moins honnêtes. La fille de l’accueil, coiffée exactement comme Sylvie Vartan, s’étonne néanmoins des questions de Gaston, cet ado est beaucoup trop jeune pour faire de lui un mari trompé. Elle lève encore la tête. En voulant sortir en toute hâte de l’établissement, le petit gars trop curieux vient de se cogner brutalement dans la porte vitrée.

 

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Bon dimanche à tous.

 

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Message édité par talbazar le 17-02-2019 à 13:22:45
n°55851572
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 21-02-2019 à 13:27:04  profilanswer
 

Salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : L'épilée du Nil. Extrait numéro 94.

 

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Le lieutenant de shardane Sabèt-Ilamol profita qu’on lui donnait la parole, pour exprimer à son chef son point de vue personnel sur le maillage excessif des vieux tracés caravaniers. Il trouvait que ce morcellement territorial provoquait une atomisation géographique excessive des centres de commandement ruraux, face au pouvoir central thébain. Kessiamec le rassura aussitôt, lui estimait que tant que la grille des équipements de sécurité restait correcte, l’Égypte ne craindrait rien, du côté administratif comme du reste. El-Amarné composait certes une circonscription locale, non militarisée, mais une certaine vision sûre de l’État pouvait tout de même se lire à travers le regard perçant que jetait à présent l’officier supérieur, sur son trou du cul de subordonné d’abord, puis sur la caravane suspecte ensuite. Kessiamec s’avança pour toiser méchamment les pauvres esclaves à coudre installés en série en queue de cortège, il passa devant les chameaux chargés de pièces de tissus découpés ou non, les tuniques et les robes déjà montées et cousues, les nombreuses caisses de poteries mal clouées par une obscure unité de sous-traitance. Une caravane-atelier somme toute classique, qui profitait sans doute de la législation actuelle instaurée par la pharaonne Néefièretarée et son nouveau vizir Mer-Amen Tesmich, toujours très favorable aux investissements. Comme les autres, l’ONS-CGP pratiquait le bas salaire et la main d’œuvre plus que souple, pour parvenir à concurrencer l’Asie au mieux et satisfaire au meilleur prix les fétichistes des étoffes en tout genre. Cependant, pour l’officier supérieur de police Kessiamec, seule l’énergie constituait la base du développement économique d’un pays. Il en avait justement à revendre ce jour-là, voilà pourquoi il dégagea son sabre de son fourreau, pour en faire luire devant tout le monde la lame au soleil. Il se disait qu’il allait peut-être devoir transformer dans pas longtemps les rectums de ces deux étranges romains en gazoduc haut-débit. Il leva haut la main pour faire taire Sabèt-Ilamol, lequel le suivait en lui exposant son avis sur les onéreux programmes d’équipement ruraux, en particulier les coûts de gravillonnage importants des pistes, supportés presque seuls par la société nationale des chemins de litière. Pas étonnant que la dynastie actuelle peinait à filer du pain aux citadins. Le chef des shardanes commanda sèchement à son lieutenant de sortir son arme lui-aussi, à l’issue d’un bref rappel rétrospectif de leur fonction et de ce que la patrouille faisait ici. Il lui expliqua également que son problème à lui, serait plutôt d’être contraint d’appeler du renfort en provenance d’El-Amarné ; mais que s’il détachait un messager pour transmettre cet ordre, il perdrait de ce fait un homme, ce qui exigerait encore plus de renfort. Sabèt-Ilamol regarda ses ongles impeccablement limés, pour bien montrer qu’il s’intéressait peu aux dilemmes de commandement. Alors qu’ils passaient à proximité de la mule portant les grosses jarres d’huile italienne, ils entendirent clairement murmurer une petite voix d’enfant :

 

– Qui veut bon navet, le sème en juillet, mais juillet sans orage, famine au village.

 

Soupçonneux, Kessiamec se tourna vers son adjoint :

 

– Occupe-toi de ça, moi je veux voir au plus vite la tronche de ces foutus romains.

 

Il tira de son pagne les portraits-robots dessinés sur un papyrus par Françoise la Gauloise, toujours prête à collaborer. Les traits des tueurs recherchés étaient tracés de façon malhabile, compte tenu de l’art celte qui figurait les bonhommes avec des billes aussi rondes qu’inexpressives et deux gros yeux globuleux sans prunelles. Sur son document, on aurait dit le dessin d’un mioche de quatre ans non scolarisé, mais fallait faire avec. Pendant ce temps-là, Chuiotaf alarmé tentait d’empêcher Sabèt-Ilamol de s’approcher de trop près des poteries où se cachaient Keskiya et Moisi.

 

– Je vous ai entendu tout à l’heure, monsieur l’agent, moi je pense qu’avec un taux d’urbanisation égyptien à 1,5 %, les déséquilibres spatiaux vont forcément fragiliser l’environnement. Surtout avec des ports à je ne sais pas combien de bassins comme on en construit de nos jours et qui provoquent l‘assèchement des marais. Sans parler du réseau de pistes qui s’est drôlement densifié dans le désert, depuis le couronnement de Néefièretarée. Personne ne doit rester aveugle et sourd aux choix de son époque, vous ne croyez-pas ?

 

–  Monsieur, laissez-moi passer.

 

Les romains savaient faire deux choses, la guerre et les statues, du moins aussi bien que les Grecs, notamment au niveau du buste. Vequetum Fourlanus et Tampax Nostrum étaient de la race des conquérants et on ne les avaient pas encore fouillés, ils portaient donc toujours leurs glaives sur la hanche, dissimulés sous leurs longues tuniques. Mais même avec la meilleure volonté, rien qu’à la coupe de cheveux, personne n’aurait pu les confondre avec des Chaldéens. Dans une tentative désespérée de retarder les pas résolus de Kessiamec, Chuiotaf tenta d’attirer l’attention du policier sur le fait que le vin gaulois bon marché allait sûrement menacer la viticulture romaine à brêve échéance, l’autre le rabroua sèchement pour lui dire d’arrêter de le suivre, en ajoutant que ce ne serait pas la première fois qu’on utiliserait le tonneau à des fins politiques. En apercevant enfin les romains devant lui, Kessiamec se demandait juste comment on disait « vos papiers » en latin. Il jeta au passage un cou d’œil aux portraits judiciaires, ça pouvait correspondre. Une chose semblait en tout cas certaine, ces gars-là trafiquaient plus que du simple tabac.

 

– Papier, bitte … Schnell !

 

L’ancien légionnaire et l’espion de Rome ne désiraient pas finir à moitié nus et couverts d’hématomes, voir percés de part en part par la lame du pandore. Tout en présentant leurs passeports estampillés SPQR, ils échangèrent tous deux un regard résolu.

 

– Ouate de phoque hisse datte ? blagua Tampax le lettré, pour gagner du temps et ajouter à la confusion, tout en portant la main sur le pommeau de son arme.

 

Comme entre-temps, Sabèt-Ilamol s’acharnait à vouloir ouvrir la solide jarre en terre de Carthage contenant Moisi, il semblait évident qu’il faudrait verser le sang d‘un quart de sablier à l‘autre. Un combat à mort en dunes closes qui n’aurait rien d’une amicale compétition sportive. Quoi qu’il en soit, les romains comptaient bien remporter les éliminatoires. Sabèt-Ilamol venait de découvrir Moisi, il extirpa le gosse de sa cachette par la tresse et le tint un moment à bout de bras pour le montrer à son chef. Sous sa poigne, l’héritier de l’Egypte se débattait comme un jeune lion et bien qu‘il fut difforme et laid, il démontrait déjà beaucoup de noblesse en lui.

 

– Octobre glacé, fait vermine trépasser.

 

– Legio expedita, ad gladios, gladium stringere, ad cladem !

 

Vibrant tous deux de la même ferveur guerrière, les romains chargèrent sans plus attendre. Surpris, Kessiamec tomba sous les coups simultanés de ses adversaires et dès-lors, une grande confusion régna au milieu des marchandises étalées. La piste isolée devint un univers très angoissant. Valisansoùth et Tépénib engagèrent le combat à leur tour, avec le défi de faire regretter aux policiers le choix de leur conscription citoyenne. Mettant en jeu une certaine mise en scène de l’épouvante, les frappes s’échangèrent pendant un bon moment, témoignant d’une virulence inouïe ; l’attaque déclenchée par les romains s’apparentait à présent à une véritable lutte à mort. L’amertume et la détresse serrait les cœurs des employés et des esclaves de la caravane, qui se voyaient bientôt intégrer de force un camp de réfugiés insalubre. Affolé par la tournure des événements, Chuiotaf cherchait coûte que coûte à se protéger de la bagarre derrière la masse d’un chameau rétif. Amétatla poignarda un flic dans le dos, sauvant sans doute son mari d’un coup mortel, puis elle grimpa dans la litière du patron pour protéger sa fille Aménorée. Paniquée et haletante, celle-ci était en plein travail, elle venait juste de perdre les eaux. La réplique des hommes de la patrouille se démontrait féroce, le bras de Tépénib fut entaillé par technique de moulinet extérieur, il continua malgré tout de lutter pour sauver sa vie. Libérant ses limites, Vequetum engagea un long duel au corps à corps avec Sabèt-Ilamol, tisonnant comme on ranime un feu, en cherchant à percer de son glaive les entrailles de son adversaire. Plongé seul au cœur de sa lutte, ce dernier savait qu’aucune loi ne peut arrêter le crime, mais seulement le contenir. C’est donc ce qu’il s’efforçait de faire, brandissant haut son sabre, projetant ses coups habiles, le lieutenant fut toutefois blessé au ventre une première fois, puis une deuxième plus gravement au cou ; en s’affaissant sur les genoux il comprit que pour lui, il n’y aurait pas de retour triomphal d’opération dans sa caserne d’El-Amarné. Il tomba mort la tête la première en mangeant du sable, gebeugt über Unverstländliches. En cherchant à atteindre Valisansoùth avec sa lance, un policier atteignit d’un jet mortel le pauvre Chuiotaf, qui en eut sa large poitrine traversée, privant de fait les employés de la caravane de son patronat local, sans même parler des esclaves sans aucun héritage. Un instant plus tard, Valisansoùth fut atteint au flanc par un coup de sabre d’une meurtrissure bénigne, mais assez douloureuse. Les affrontements se succédèrent quelque temps, au gré d’une indéniable symétrie conflictuelle, puis ils donnèrent peu à peu l’avantage aux hommes de la caravane ; puisque un par un, les shardanes effondrés dans la bataille furent finalement tous éliminés. Non, décidément, pour aucun de ceux-là il n’y aurait de flons-flons officiels pour saluer leur héroïque engagement, mais seulement la pesée de leurs âmes et les ombres du caveau. Comme ils étaient tous morts, tombés ainsi qu’il se dit au champ d’honneur, on se demandait qui pouvait continuer de hurler sauvagement dans l‘air surchauffé, avant que Tépénib ne vienne à désigner de son bras valide la litière du regretté Chuiotaf. En dégageant les voiles, ils contemplèrent Amétatla, froide et impassible, en train d’avaler morceau par morceau le papyrus où figurait le contrat de cession de l’ONS à la CGP. Puis, un peu ébahis, ils observèrent la pauvre Aménorée, mise au supplice au milieu des draps de soie, en train d’accoucher d‘une fille à moitié grecque qu’elle nommerait Avouktebel.

 

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Message édité par talbazar le 21-02-2019 à 13:38:57
n°55863203
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 22-02-2019 à 17:04:33  profilanswer
 

Mes très chers amis de la connaissance psyentifique et de la Moyenne Encyclopédie, l'expérience continue.
 
Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Theo Courant.

 
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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Jade Aurniqué

 
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n°55866365
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 23-02-2019 à 10:53:13  profilanswer
 

Salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : La saga du trône de Fion - Tome 2 - Sus au sein royal. Extrait numéro 47.

 

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La reine des Amazonardes Daenerysk Lémésté avait fait mander en son vaste logis le mage Mirlen de la Pérouse, car elle avait douleur de lune. Bien que dans son royaume, ce fut un sacrilège de se faire soigner par une main d‘homme, elle le pria en soupirant pour qu’il fasse cesser son tourment ; ou pour le moins connaître une heure de paix, puisqu‘il se disait bon mire et que fin cœur ne peux mentir.

 

– Ah, beau doux Mirlen de la Perlouse, Kramouille te sauve, mon pote ! Vois, je tourneboule depuis hier d’un côté à l’autre de ma tombe comme une grincheuse et c’est pas de la frime. J’ai l’impression que je vais dévisser. J’ai la craquette à cran mon bonhomme, comme tu vois. À cause de tout ce chambard dans ma boîte à fressures, j’ai briffé que dalle aujourd’hui, parce que ça saigne au portillon. Vas-y de ta thune et prend un pliant à côté de mon pieu, j’ai besoin d’un médoc de ta fabrication.

 

– Mon nom est de la Pérouse, madame. Je puis croire vos dires avec aisance, bonne reine Daenerysk, car vous avez les yeux de travers et fort mauvaise mine. Voyez-ça, je suis entré en charge de cabinet depuis si longtemps, qu’il me sera facile de vous soulager. Point ne suis faux médecin, je vais donc faire connaître à vos maux le silence du gibet.

 

– Vas-y donc dare-dare, fais pas ton casse-noisette et cesse de blablater, que je puisse me jeter sur la bouffe comme avant.

 

– Je pourrais vous faire fumer un peu de chandoo qui pousse dans l‘Hyperbourrée, voir un peu de kif que j‘ai cueilli en grimpant le Mont Velu, certes, mais ce n’aurait qu’un effet temporaire. Grosses douleurs de lune peuvent se calmer plus certainement en vous plaçant un coq blanc mort et plumé sur le nombril, après le fouet d‘ortie.

 

– Je suis pas trop chaude sur ce coup-là, t’as pas autre chose ?

 

– Ainsi qu’il vous plaira. Il est certain que l’ortie frottée sur le lieu est un peu déplaisante. J’ai ouïe dire qu’à Kiess, les malheureuses sont plutôt traitées par feu de genièvre que l’on jette au brasier bien allumé, avant de boucher la cheminée de la chambre pour la journée, une fois, bien entendu, pratiquées les sages évocations spirites. Bien, n’ayez nulle crainte, j’ai dans ma giberne une précieuse fiole propre à vous apaiser. C’est racine de citrouille gratusée jointe à demi-setier d’huile vinaigrée et cuillère de vin émétique passée en touaille. On secoue, on frotte d’abord avec mon eau où sont les douleurs et puis on place pendant deux jours un tampon imbibé de cet élixir dans le conduit, c’est radical et sans danger.

 

Ainsi fut pratiqué et Daenerysk Lémésté s’en trouva aussitôt soulagée. Mirlen ajouta bouillotte pour parfaire sa gloire et la reine des Amazonardes cessa pour de bon de gémir. Ils purent donc bavarder à loisir et le mage remonta gentiment l’oreiller. Il osa rire franchement de sa redoutable patiente, moquant qu’elle avait cru venir le repos de son âme, car son visage n’était plus baigné de larmes ainsi qu’avant. Après quelques récits de farouches combats, qui racontaient le sort de guerrières tuées sous leur cheval mort en combattant les Frissons, la reine voulut en savoir plus sur cette quête du Râle, qui motivait la communauté de la gnôle à parcourir le Minouland. Tout en jouant aux échecs, Mirlen expliqua pourquoi les nobles chevaliers Erald de Bavevieux, Hivalanoué et William de Bochibre, seigneur de Balaizebaloches, le nain Belbit le Huelabit, du pays de la Godée, Mélisende Byzenet, enfant perdue de la vallée de Bogland et son coche humain Jean-Marie, ainsi que lui-même, hasardaient en commun leur fortune pour quérir la fleur de Pinette. La seule plante au monde susceptible de redorer le blason du Fion, en guérissant sa reine des suites politiques de sa terrible désaffection aux jeux d’Eros. Seule la fameuse Pinette pourrait la sauver, car cette plante unique possède au plus haut point d’excitantes vertus.

 

– Puisque hélas, précisa Mirlen en poussant avec science son cavalier, ma noble reine Amanda Blair, que Kramouille la tienne en sa sainte garde, à cause d’un odieux sortilège est tombée hors sa faute dans un très grand malheur, bien fâchée de ne point recevoir de quiconque le moindre contentement. Il est aussi question qu’elle épouse et couronne sincèrement le preux qui lui donnera délices, car elle n’aurait plus à se plaindre de lui, au contraire de tant de favoris qui ont jusqu’à ce jour échoué.

 

– Ben ma poule, tu m’en diras tant ! fit Daenerysk, tout en tordant les fesses pour rajuster son tampon salvateur. Elle a bien du bol ta boscotte, d’avoir des champions dévoués qui se carapatent aussi loin, pour filer le coup de main et lui dégourdir son bonbon. Alors donc, c’est bien vrai que la Pinette va lui réchauffer le popotin ?

 

– Comme je l’ai dit, siroté en breuvage préparé, le philtre de cette fleur fera par grande prouesse que la reine du Fion sera complètement aimée d’amour de dame et parfaitement honorée. Cette plante est en effet souveraine pour placer toute femme à l’envers, de manière à ce qu’elle félicite l’homme qui la serre dans ses bras et la chevauche pour le coup en grande joie, jour et nuit.

 

– C’est trop fumant, ça m'allèche pas qu'un peu et j’ai trop envie de la rencontrer, ta sainte vaseline ! Hé, je suis bonne pour l’image, raconte encore. Délaissant soudain le jeu, que d‘ailleurs elle perdait, elle se laissa tomber en charmante rêverie au fond de son lit aux riches ornements. Pas de flemme pour la banquette, tu dis ?

 

– Si fait. Tout le bien reste en bas, en bonne foi. On reste pris en vif amour par œuvre des mains ou autre, et puis on tombe obligatoirement en paradis. Et alors on ne désire plus se reposer pour tarir la fontaine, tant il est vrai que la Pinette tient toujours sa promesse.

 

A mesure que Mirlen parlait pour vanter son herbe miracle, Daenerysk avait le rose aux joues et chatouillait ses pis. Elle était presque prête à l’implorer et appeler au secours. Car telle était la magie du rare et précieux pousse-l’amour convoité, que plus on en parlait, plus l’Amazonarde ressentait parfaitement en elle les bienfaits du coït abouti. Et c’était bien grand plaisir. Remplie de chaudes sensations mervoilleuses, elle trouva sur le champ le secret besoin de quérir la Pinette pour elle-même, car sa simple évocation était déjà très savoureuse. Il y aurait dans son gobelet plus de jouissance encore, si jamais cette plante entrait en sa possession, mais elle préféra pour l’instant garder son désir pour elle-même. Avec beaucoup de peine, elle fit taire Mirlen et s’efforça de prendre un air dégagé. Mais c’était décidé, avec ou sans les étrangers, elle prendrait très bientôt la route qui conduisait au volcan du Guilidoris, puis se rendrait sur le fameux col du Baizeboudin, dont elle possédait dans un de ses coffres une carte précise. Mais pour l’heure, il fallait en compagnie des sœurs capturer des Frissons pour copuler, par rude tradition. Avec sa permission, Mirlen laissa la reine de Lukycuni soupirer dans sa bienheureuse dérive, pour aller rejoindre ses amis de la communauté. Lorsqu’il parvint dans leurs appartements, Belbit était grimpé sur les épaules d’Hivalanoué couvertes d‘une cape en cuir, puisque le nain voulait regarder par la fenêtre grillée de la tour les Amazonardes en train de s’entraîner. Erald ouvrit ses bras au vieux mage, heureux de le revoir, puis il lui proposa de trinquer avec eux une chopine de Goudale, la bonne bière ambrée.

 

– Oyez ça, fit Belbit en portant ses regards vers la cour où se jouaient des duels amicaux, point ne sont fraîches cueilleuses de roses, ces maudites joueuses de cor et d‘épée !

 

– J’ai nouvelles à conter, dit doctement Mirlen à l‘assemblée. La reine Daenerysk, que je viens de soigner, m’a dit que le royaume Frisson, situé à quinze lieux d’ici, est gouverné dans son château de Camelote par un couple de monarques ayant pour noms Vladimir le Gland et sa damoiselle Berthe de Boucogne, dont ce roitelet semble fort épris.

 

– Il y aurait donc tout de même une femme chez les Frissons ? s’interrogea William.

 

– T'es-tsu correct ? intervint Mélisende, en essayant de redresser par force l’une de ses longues flèches, à t’ren tsu compte qu’est impossible ce que tsu dis-là ? ou alors ces criss de crosseuses en maudit nous bullshitent depuis le début, à pus savouère de comment moué je m’appelle !

 

– Jean-Marie, fit Jean-Marie béatement, en remuant sa paille du pied.

 

– Disons une chose, ajouta Hivalanoué : qui n'entend qu'un son, n'entend qu'une cloche.

 

– Ben pour ce qu’est de la cloche, lui répondit Mélisende en pouffant, juste à dire icit que la gourdasse de Daenerysk, c’est tout ben de la crap en criss. Déjà rin que sa tabernac de teinture à cheveux…

 

– Hivalanoué a raison, s’écria Mirlen, ces Frissons m’intriguent, je crois qu’il faut sans respit nous rendre chez eux.

 

– Oui, mais comment ? demanda le chevalier Erald, ces rudesses nous font bonne garde, elles nous obligeront à défendre notre cause par les armes. Sans parler qu’à Camelote, il y aura très forte garnison de Frissons pour nous recevoir, sans même compter les écuyers !

 

– Je dirais à nos guerrières que j’ai besoin d’herbe pour médiciner. À ce jour, leur reine me doit des compliments. Nous irons vous et moi à cheval, messire Erald, et nous irons seuls. Je dirois également que j’ai à quérir des salamandres, mais que par mystère phiosophique, le tonnerre tomberait tout droit sur qui n’aurait pas la main pure et désarmée, au moment de cueillir ces bestiaux. Les Amazonardes me croiront volontiers, car je suis vieux et sage et qu‘elles craindront plus que tout l‘air provenant d’un ciel venimeux. Et puis, pour entretenir ce roi Vladimir le Gland, quand nous serons chez lui, nous verrons !

 

– Plaise à Kramouille que ce plan marche bien, fit Belbit, en délaissant sa brave monture, ou je prédis que la ramée d’un chêne de ce pays balancera nos corps très bientôt, lorsqu‘on aura la corde au cou.

 

Et c’est ainsi qu’à l’aquiescement que donna la reine Daenerysk, tenant leur chevaux par le frein pour sortir seuls et sans escorte de Lukycuni, Mirlen et Erald, qui cachait sous sa selle son épée, s’en allèrent traveler vers le royaume Frisson sans timbale ni tambour, car le vieux magicien avait dans sa tête l’astuce de tenter quelque chose.

 

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Bon week-end à tous

 

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Message édité par talbazar le 23-02-2019 à 11:01:19
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Posté le 23-02-2019 à 10:53:13  profilanswer
 

n°55899155
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 27-02-2019 à 15:41:05  profilanswer
 

Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Roméo Alfa.

 
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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Lucien Thétique.

 
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n°55929510
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 03-03-2019 à 14:10:19  profilanswer
 

Salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : Coup de chance dans l'hyperbole. Extrait numéro 66.

 

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Un massacre. Dans la chaleur accablante du palais d’Utruss et après le décès par épuisement d’un troisième homme, les pirates se sont déchaînés contre les matriarches du Triangle Doré. Au cours d’une action fulgurante, la belle nudité des femmes dominant la planète Kourdukon s’habilla soudainement de leur sang et leur respiration fut étouffée dans l‘épouvante. Parce que les hommes des étoiles étaient prisonniers, comme des bêtes à l’enclos, d’une dangereuse fête des sens éternelle. Malgré leur immense fatigue, l’esprit par miracle séparé du corps, la conscience des loups galactiques atteignit enfin son point critique. En recevant dans leurs implants l’ordre de leurs chefs, ils ouvrirent une brèche violente et singulière dans l’ordonnance du pouvoir de la Goween Agmydala, ainsi que de sa cour, avant de l’anéantir dans les tourbillons d’énergie sortis promptement des laserguns. Avec un succès écrasant. Tout a commencé lorsque dans l’ancienne mission du missionnaire de son éminence Ouzy Osburne, l’implant cervical d’Isa Djani a reçu l’information de la mort du troisième malchanceux. Au centre du salon de la maison ronde, la main posée sur l’holocasteur muet, la farouche flibustière a regardé son homme en portant sur lui un regard déterminé. Devant le parterre des femmes-pirates assignées dans cette résidence, Alan Drelon sut qu’il était enfin temps d’agir, pour enrayer l’inévitable hémorragie de sa troupe. Brod Put avait empoigné avec entrain le Space Outlaw Atomic Pistol en parfait état et autrefois abandonné par les naufragés de la Marie-Jeanne. En réalité, dans ce logis aux volets clos ils étaient tous solidement armés. Rymdpistol Space Gun, pistolet laser X-1 Space Blaster, Rogers-XZ-31 Rocket Pistol, Astroray Gun, Nickel Plated Hubley, un arsenal d’armes de poing varié, devant lequel épées, lances et sabres ne pouvaient aucunement faire le poids. Désormais, résolution prise, il fallait sans plus attendre libérer les compagnons des griffes et des doux baisers de ces diablesses ambitieuses, en rompant par leur mort l’ensorcellement vénéneux ; parce qu’il menaçait les sinistrés spatiaux d’une terrible fin. Ils se groupèrent avec des visages empreints de gravité autour de la sonde connectée à la cité de Placentia, pour avertir Basile, Emeline, Arnold, Charlie, Jhon Piol et les légionnaires Jidouilles qu’ils passaient à l’action.

 

Isa tambourina ensuite sur l’archaïque porte en bois, pour appeler les quatre femmes qui gardaient leur prison. A peine se montrèrent-elles que Brod et Alan les plongèrent dans un anéantissement immédiat. Leurs corps perforés par un rayon mortel chutèrent devant l’entrée, accompagnant les lances et boucliers inutiles tombés sur le pavé. S’ensuivit aussitôt une course effrénée dans les rues d’Utruss en direction du palais, sous les yeux d‘une population médusée, mais somme toute impassible. L’alarme n’était pas encore déclenchée. Aux abords du palais circulaire, ils durent tout de même affronter une patrouille avant de l’abattre pareillement, puis ils concentrèrent leurs tirs sur un tacot blindé venu à leur rencontre, dont ils ne laissèrent sur le sable de la rue qu’une simple carcasse de bronze fumante, après avoir tué leurs passagères. La voie vers les jardins royaux était désormais libre. A cet instant, au sein des ors du palais, la princesse Olila était venu s’allonger contre un forban pour lui demander encore une fois de la serrer dans ses bras. Seulement, lorsqu’elle passa sa longue cuisse sur son genoux, elle ne reçut pas la caresse attendue, mais donnant le signal des hostilités, il lui creusa le crâne d’un seul rayon de lumière mortel. Au même moment, alors que Minerve Sgala entraînait par la main un nouveau partenaire pour une autre invitation au plaisir et le dévorer d’un amour insatiable, le jet brûlant du pirate lui ouvrit le ventre en lui faisant répandre les entrailles sur le tapis. Aussitôt, sans même qu’elles puissent esquisser le moindre mouvement pour porter la main sur leurs armes, toutes les sangsues de l’amour lovées dans les alcôves aux voûtes majestueuses reçurent pareillement une mort sans agonie. Maïfel Ashion, Ovida Lentonnoir, Amunder Ecstazy, Leuzèbre de Césarienne, Satdisadlir Lkamasut, Colonide Virus, Puella Zueur, toutes les puissantes aristocrates furent terrassées sans combattre, sur les molles couches aux draperies chatoyantes. Agmydala elle-même fut atteinte dans son triomphant déshabillé, sous le tir à bout portant d’un certain Jean Traviolte, alors qu’il dégageait son arme cachée sous un coussin brodé.

 

– Je vais te convaincre d’une chose à l‘instant même, chérie, le malheur, parfois ça dure moins longtemps que le bonheur. Après avoir déclamé ces funestes paroles, il prononça encore «tiens ma poupée», puis il la décapita sans pitié sous l’action d’un bref éclair bleuté jailli de son Spinray Blast Pistol.

 

Illustrant un étrange symbole, la tête aux yeux surpris de la Goween roula à ses pieds, pointant le fait que 8495SK-Rolling Stones n’avait par cette action plus de gouvernement. Le règne des maîtresses de ce monde s’acheva donc brutalement par cet assassinat, une souveraineté close par une action concertée d’une fébrilité intense, mais parfaitement ordonnée. Comme au sortir d’un éveil douloureux, les pirates galactiques venaient de mettre fin par le meurtre à la domination sur Utruss des matriarches du Triangle doré, dont pas une seule ne fut dans le palais laissée en vie. Effrayés par l’incroyable audace des étrangers, les domestiques masculins s’étaient égayés dès le premier tir, pour disparaître sans opposer la moindre résistance. Dans les vastes jardins aux rangées de Cyuprès taillés et luminescents, après avoir éliminé sauvagement par des tirs précis un barrage des gardes protégeant les grilles, ce fut la bande à Alan et Isa enfin arrivée qui se chargea de parfaire la victoire. Les combattantes indigènes, égayées dans les fourrés du parc ou l’ombre de la grande façade, ne pouvaient en aucune façon résister à sa charge violente, puisqu’elles n’avaient à opposer que des armes blanches ou des arbalètes trop longues à tendre. Un carreau rapide frôla pourtant la tête de Brod Put, en lui provoquant une coupure à la tête, juste au-dessus de l’œil gauche. Mais tout en continuant de virevolter sur place pour tirer, il balaya d‘un seul geste les gouttes grasses de son sang qui coulaient sur son front pour poursuivre la lutte. Deux autres pirates furent mortellement transpercés, un autre gravement blessé par derrière d’un traître coup de lame, mais les échauffourées se terminèrent très rapidement et les laserguns cessèrent d’irradier. Alors que par une action conjointe à l’intérieur et à l’extérieur du bâtiment sphérique, les cadavres des opposantes s’accumulaient sur le sol, le palais royal se trouva enfin complètement vidé de sa monarchique substance. Ainsi se terminait dans le sang des vampires de l’extase les périlleuses et royales romances et la malédiction régnant sur cette fabuleuse planète «aux mille jambes». Beaucoup des mortes allongées brandissaient encore leurs épées inutiles, aucun crache-scorie blindé, pousse-fumée ou lourd tracteur à vapeur n’eut le temps de chauffer sa chaudière pour leur venir en aide. Les domestiques devaient déjà répandre dans la ville que la reine était morte avec sa fille et toute l’aristocratie brutalement éliminée. Les gens des étoiles étaient soudain devenus aveugles à l’éclatante beauté des femmes tatouées qui gouvernaient ce monde, à présent totalement bouleversé. Il y avait sans doute encore quelques combattantes enfuient et isolées dans la forêt dense, mais l’exil venait de changer de camp. Chaque habitant de la cité d’Utruss savait maintenant que les Francs-Plaquistes avaient gagné la guerre contre les matriarches. En montant sur le trône, les longs-pénis d’Ovarie et Placentia et les descendantes des nonnes de son éminence feraient bientôt disparaître l’ancien passé, en construisant un monde où les hommes et les femmes auraient à présent toute liberté d’aller et venir au sein d‘un respect mutuel, en toute égalité. Les mâles ne seraient en tout cas plus des citoyens de troisième classe après les enfants, et la propriété ainsi que le pouvoir seraient sans doute enfin partagés par tous.

 

À présent, au milieu du jardin aux plantes phosphorescentes où circulent de lents et beaux macrobes sillonnés de curieuses lueurs et armés d’ardillons singuliers, les vainqueurs aux aguets lèvent finalement la tête, puisque l’énorme masse globuleuse du Répcipriss Tervinigeux apparaît dans le ciel de jade. Privé de son carburant composé de levures de Pignansuru, l’aérobête aux flancs amaigris atterrit peu après en rotant puissamment et la nacelle d’osier libère tour à tour sur la pelouse ses passagers. Basile, Emeline, Arnold, Charlie, Jhon Piol, mais aussi Oubli-Wan Kianobite, Dark Ouater, Lurke Salwater et le fier Branlan Solo, ce chef des Francs-Plaquistes que tout désigne pour assurer la gouvernance provisoire de Kourdukon.

 

– Bienvenue gens des étoiles, fait Dark Ouater. Oil Carter et Leïshal Organe descendent le fleuve à travers jungle en radeaux Pop-pop, avec beaucoup des nôtres qui viennent ici pour nous rejoindre. Il leur faudra sans doute combattre en chemin quelques guimbardes à baliste et faucheuses à hélices avant d’arriver, mais la guerre est grâce à votre aide heureusement terminée. Vous avez cette chance de maîtriser votre étrange et merveilleux fluide qui nous serait tellement utile, mais d’ors et déjà, nous vous remercions.

 

Les pirates et les naufragés de la Marie-Jeanne se pincent les tétons en guise de bienvenue. Si le plaisir de retrouver des défédérés est sans doute partagé, il n’est pas non plus dénué d’une certaine méfiance. Les anciens soutiers de transbordeur Charlie Badelaire et Jhon Piol Balmundo sont évidemment les plus réticents à saluer cordialement de dangereux hors-la-loi, de sales pilleurs de cargaisons. Sans compter qu’ils ont en face d’eux en chair et en os ceux qu’on prétend les pires, les bien-vivants pirates légendaires Alan Drelon et Isa Djani. Mais les arpenteurs galactiques savent aussi que pour rejoindre l’espace, ils devront nécessairement faire cause commune avec les forbans. La première chose que font d’ailleurs ces derniers en retrouvant avec soulagement l’épave du House of Shame est d’imprimer pas mal de pilules nutritives pour tout le monde. Avec cordialité, on partage également de savoureuses canettes de Banga-Banga et de Wyskedraï.

 

– Merci à vous, fait Basile en s’adressant à Alan et Isa, je suis bien content de sortir de cette folie. Personnellement, j’ai très hâte de retrouver la Terre.

 

– Nous allons utiliser votre Marie-Jeanne pour décoller d‘ici, la réparer ne sera plus très long, répond Isa, en levant sa boisson à la santé et la bonne fortune de tous.

 

Quand bien même le Kitch de reconnaissance House of shame n’est plus qu’une coque inutile vautrée dans les fougères fluorescentes, c’est avec un plaisir sans nom que Arnold et Charlie parcourent ensemble la longue chambre téléscale ou grimpent en riant les étroites échelles d’accès à la porte diaphragme, celle qui mène au corridor du sas principal. Laissant Utruss digérer les affres de sa révolution, tous vont avec fébrilité dépouiller le vaisseau éventré des pièces nécessaires pour réparer la Marie-Jeanne. Ils font ainsi la navette entre les deux véhicules, sans autre incident que d’échapper un jour par des tirs de laser à la morsure d’une Sakaïmouloud, sorte de limace géante et cannibale surgie des bois à l‘improviste. Et puis, c’est enfin le temps de faire ses adieux à 8495SK-Rolling Stones, une planète sans richesse que boycottera sans doute toujours la SLG et tous les armateurs des mondes défédérés. Au jour fatidique, le ciel d’un vert foncé et presque noir s’illustre étrangement de gros nuages jaunes brillants qui gonflent de volume à vue d’œil, juste au dessus de l’obélisque d’argent qui pointe vers lui. Dominant la forêt étincelante magnifiée par l‘orage, les soleils peignent trois arcs-en-ciel dans les nuées et au milieu de la clairière, ces astres allument de leurs feux la pointe en plastacier chargée d’espoir de la Marie-Jeanne. Autour du long corps fuselé de l’engin immobile, la course d’un vent tiède chasse brièvement de belles méduses roses, qui se dispersent ensuite sous le couvert des arbres. Au pied de l’engin, mais ignorant le vaisseau spatial, d’autres étranges organismes cristallins rampent au contraire en petit troupeau dans l’herbe rouge, parsemant de leur propre brillance toute la surface du sol. La compagnie des flibustiers stellaires amputée seulement de deux hommes arpente les hautes tiges écarlates, craignant peut-être encore à tout instant l’assaut d’une patrouille de guerrières masquées dans les buissons multicolores. Brod Put au visage balafré est certainement le plus vigilant d‘entre eux. Mais l’équipage de la fusée en état de marche à retrouvé son bien, la foule immense des autochtones est venue saluer leur départ, à pied, chevauchant d’étranges bestiaux ou dans leurs véhicules à vapeur qui fument et pétaradent comme jamais. Branlan Solo s’avance pour étreindre un à un les gens des étoiles, des deux côtés on sait que ce sont des adieux définitifs. Chassant de leurs souvenirs les doux baisers cruels des matriarches, les pirates ont pris place dans l’engin que vont piloter Basile et Arnold, sous les regards attentifs de Isa et Alan. Dans une petite caisse, Emeline a placé quelques beaux champis lumineux qu’elle emporte en souvenir. Nul ne s’est encore concerté sur une destination finale, il faut juste échapper au sortilège de cette planète lointaine qui n’a que trop duré. Par les épais hublots en shellglass, on distingue en lisière de forêt les bras levés d’Oubli-Wan Kianobite, de Dark Ouater, de Lurke Salwater et de Branlan Solo, qui s’agitent une dernière fois pour souhaiter un bon voyage. Oil Carter et Leïshal Organe sont également présents au milieu de la foule stoïque.

 

Alors, une fois qu’il s’estime prêt, Basile contrôle le servo docts des ailerons, puis le servo-système de gouvernail. Après un rapide coup d’œil sur l’écran dédié aux amortisseurs alluviaux, il donne son accord à Arnold pour enclencher le départ. Le réacteur zionnique pousse alors dans un déchirement la masse argentée de la Marie-Jeanne vers le ciel turquoise et puis, alors que toute gravité est provisoirement annulée dans le cockpit où l‘équipage reste silencieux, la planète luminescente aux trois soleils s’éloigne comme un cœur vert et flamboyant au milieu des étoiles. La fusée désormais réparée peut maintenant s’enfoncer à une vitesse extraordinaire dans la sérénité de l’espace intergalactique.

 


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Bon dimanche à tous.

 

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Message édité par talbazar le 06-03-2019 à 08:13:53
n°55939830
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 04-03-2019 à 18:41:33  profilanswer
 

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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Didier Jedidier.

 

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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Augustin Turdiode.

 

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Message édité par talbazar le 14-03-2019 à 05:31:51
n°55956695
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 06-03-2019 à 13:23:26  profilanswer
 

Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Franz Yme.

 
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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Christophe Udsoja.

 
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n°55971242
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 07-03-2019 à 16:13:05  profilanswer
 

Salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : La jet larguée. Extrait numéro 40.

 

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Au soleil tombant, la mer venait de prendre une couleur de sang. Au-dessus de l’horizon rose vif, le ciel sans nuage d’un rouge éclatant se diluait dans les hauteurs vers un noir absolu. Sur le pont du massif porte-avion russicain Krav Mega, l’amiral Timothy Maxwellgadeïev conversait avec Zoya Kachevbowman, chef d’état-major des forces aériennes. Ils profitaient en paix de la beauté romantique du spectacle naturel, bien qu’ils sachent tous deux que dans les heures à venir, il leur faudrait peut-être porter le feu sur Badigooince, si l’ordre leur en était donné. Ils déclencheraient alors conjointement à coup de bombes un autre genre de crépuscule, tout aussi lumineux, mais beaucoup plus mortel. En attendant, le président Bronislav Enjoyourself avait vu juste, les deux haut-gradés entretenaient une secrète mais chaude relation. Après s’être assurés qu’ils étaient vraiment seuls, Zoya et Timothy s’enlacèrent longuement près d’un hélicoptère, dont la sombre carlingue commençait à se fondre dans l‘obscurité. Un goéland aussi solitaire qu’indiscret vint se poser un moment sur l’une des pales de l‘appareil pour les observer, prouvant que l’île n’était pas si éloignée. Ces oiseaux bavards et impudents bombardaient souvent sans façon de leurs grosses fientes blanches les fleurons de l’armée de l‘air, mais celui-là s’envola peu-après vers un but inconnu, sans commettre son outrage. A genoux, Zoya se mit à engloutir avec de grandes goulées le pénis de Timothy, ce n’était pas la première fois qu’ils prenaient ce plaisir intime à l’insu de leurs soldats, protégés par le voile pudique de la nuit tropicale. Soulagé et goûtant avec délice la tiédeur de l’air, il se rhabilla ensuite lentement, pendant que Zoya s’enivrait tout autant de la suave chaleur nocturne que la piste oblique diffusait. Tim embrassa tendrement sa compagne sur la bouche, comme pour la remercier. Elle redressa un peu son chignon, puis, les yeux rivés sur les dernières lueurs embrasant pour peu de temps encore l’océan calme, ils allèrent s’asseoir un peu plus loin près du monte-munitions. Ils voulaient encore un peu bavarder, peu décidés l’une comme l’autre à rejoindre trop tôt leurs cabines impersonnelles. Ils formaient un couple très lié et si leurs hautes fonctions martiales les avaient au départ réunis, un amour sincère cimentait chaque jour avec force leur relation. Les deux chefs militaires se réjouissaient donc de partager ensemble cette mission à bord de ce monstre des eaux, dont Timothy avait pris le commandement. Il était le génie des eaux, elle était le génie de l’air, mais si jamais arrivait l’ordre fatidique en provenance de Newscou, la terre située à proximité serait quand à elle pulvérisée. Zoya écrasa la cigarette interdite sous le talon de sa chaussure.

 

– Tu crois qu’il va oser ?

 

– Oui Zoya, je pense qu’on doit s’y préparer. Nous représentons à nous deux l’autorité la plus élevée en matière de sécurité aérienne et maritime, ce n’est pas pour rien que nous sommes ici. Il pensait honneur, valeur, discipline et patrie, mais il admirait surtout en parlant l’aisance que la jeune femme posait dans chacun de ses gestes, puisque quelque part, son uniforme la magnifiait avec une certaine classe.
.
– Tout ça pour une histoire de crabe !

 

– Des crabes géants et carnassiers, tu l’oublies.

 

– Non Timothy, je ne risque pas de l’oublier, j‘ai vu comme toi les anciens films, ça n‘avait rien de charmants contes de fées.

 

Ils se quittèrent dans les ténèbres pour rejoindre leur quartier. Alors que Zoya allongée sur sa couchette se massait le clitoris en geignant tout en pensant à lui, Timothy fermait les yeux de son côté, emportant dans son sommeil les yeux et le parfum de son amie, non sans ressentir à nouveau le début d’une érection. Le lendemain, à 10h32 du matin, son téléphone crypté lui envoya le commandement redoutable du président Bronislav Enjoyourself :

 

– Allez-y, exécutez l’opération Tornade.

 

En moins de dix minutes, dans le cadre spécial de l’opération intitulée toc-toc force russicaine, Tornade déclencha l’état d’alerte maximum sur le Krav Mega, provoquant le décollage immédiat de trois hélicoptères d’attaque chargés jusqu’à la gueule de missiles air-sol VTFF 550 BADA/BOUM (classe HS-Siouxpravda) et de pas mal de roquettes Kolkhozecolt 22 coincées dans les tubes, sans parler des mitrailleuses et autre lance-grenades. Le dispositif semblait pour l’instant efficace, il n’était pas prévu d’embarquer à ce stade des commandos marine.

 

Sur l’île de Badigooince, aux premières heures du jour tous préparaient en riant les colliers de fleurs pour accueillir les sauveteurs, mais les avis divergeaient cependant quand au lieu de la réception. Les reconduits boukistanais voulaient rester dans le village, fiers de montrer aux équipes de secours le bel arrangement du vaste potager de leur jardin partagé. Pour le docteur Akim Zemblablek et les mannequins Cindy Laurel et Jenifer Hardy, qui l’assistaient toujours, il était hors de question d’abandonner l’infirmerie, où se morfondait d’ailleurs toujours le chanteur blessé Georges Pinson, encore incapable de marcher. Loana Boudine refusait expressément de quitter le chevet de ce dernier. Brigitte Rural votait pareil, par amitié pour le toubib qui prenait toujours soin de son bébé, elle arguait du fait que le centre de soins pouvait se montrer utile jusqu‘au dernier moment. Summer Undergodmitch tenait Perlin un peu trop fort contre ses seins, en disant qu’elle avait la trouille des crabes et qu‘elle ne bougerait pas des baraquements. Inès Deloncle, Brandon Poutrelle, Laetitia Doujouet, Loraine Careaway, Pierre Simon Langevin et Dominique Quenique formaient également le clan de ceux qui voulaient rester dans la sécurité formée par l’enceinte de la base. En revanche, Wanda Vasline, Jack-André Tyler, Roparz Ouznavire, Meriadeg Euzenat, Karl Ashnigof, Louis de Bourvil, Ewin Talbaway, Steward Steward, Steven Eight, Kim Kosanshian, Shirley Cebiène, Ayesh Chfinid-koridgé Ltadkopï clamaient haut et fort qu’il fallait rejoindre la grande plage au plus vite pour procéder à l’évacuation, parce qu‘elle serait peut-être faite par la mer. Quand à eux, Michel Tatol, Woody Woudspeaker, Sandra Poblanc, Carl Wash et les militants du Puppies Rights Watch se déclaraient sans opinion. Les discussions  houleuses ne parvenaient pas à former une majorité. Michel raillait une fois de plus Steven parce qu’il voulait absolument imposer son point de vue, le milliardaire l’accusait entre autre de céder à la facilité du chef. Pour lui, commandant de bord ne voulait pas forcément dire commandant d’abord, ce que Steve était fatigué d‘entendre. Personne toutefois ne désirait la scission du groupe, mais les oreilles de chacun résonnaient en écoutant la multitude des arguments développés par le camp adverse ; il s’agissait pourtant d’un débat bien mineur, devant l’espoir imminent d’être enfin sauvés. Les naufragés payaient juste le prix d’être une communauté, une mini nation qui avait pris l’habitude, au cours de son séjour forcé dans ce cul du monde, de débattre sur la moindre décision. Le soleil du petit matin frisait de belles lueurs cuivrées par-dessus le grand volcan, mais personne n’avait à cet instant la moindre pensée pour Eloi de Pouillet et ses fidèles. Peu concerné par les discours adultes, le petit Brandon Courage s’était éloigné pour faire caca dans les hautes herbes, un bruit s’opéra dans les broussailles. Il tressaillit en criant de surprise, lorsque les Gouroungourous Bali et Balo se dressèrent subitement devant lui. Le borgne l’empoigna avant qu'il ne puisse s'enfuir. Le vieil indigène se présenta alors devant la foule en tenant le gosse apeuré sous son bras, démontrant une force qui ne l’avait pas abandonné en dépit de son âge. Mériadeg à l’orgueil ombrageux fut le premier à réagir, en apercevant le vioque et sa femme. Le couple venait de franchir les barricades de branches tressées, l’intrusion ne rassurait guère.

 

– Bon dieu de loen brein ! beuzelenn ! voleur de merde ! Tu vas voir ce que je vais te mettre ! À ses côtés, son compère Roparz aux poings serrés était lui aussi prêt à frapper.

 

– Danger, menace, suivre-nous, tous morts si pas suivre nous, fit simplement Balo en mauvais russicain, toutefois parfaitement compris par Steven. Sans lâcher le gamin, le vieux grigou emplumé à l’œil fermé levait le doigt vers le ciel. Militaires venir vous tuer, danger.

 

Steven empoigna la manche de Mériadeg pour empêcher son assaut imminent et tempérer ses ardeurs. Il est vrai que la longue sarbacane de Balo barrait pacifiquement ses épaules et qu’il n’était pas menaçant de façon explicite ; en dépit du fait qu’il ne lâchait pas Brandon. Bali restait derrière son homme, le visage sans expression.

 

– On se fera pas avoir deux fois par ces menteurs, fit Roparz, après la traduction.

 

Voyant qu’il agissait peut-être avec une imprudente brutalité et considérant que son avertissement produisait un certain effet, Balo relâcha Brandon, qu‘il considérait jusque-là comme un gage d‘immunité. Le jeune garçon trotta aussitôt pour rejoindre le groupe. A son tour, Bali illustra les propos de son homme en montrant l’assistance du doigt, elle roula des yeux apeurés et tapa plusieurs fois ses mains à plat.

 

– Les oiseaux militaires, vous tuer. Suivre-nous. Pas attendre, vite.

 

– Bon sang, cria Steward, mais qu’est-ce qu’elle raconte ?

 

Pour Steven, le simple fait que les Gouroungourous se présentent à eux sans intention belliqueuse donnait du crédit à leur avertissement. Aussi étrange que fut la situation, il comprenait que, sauf à y voir une ruse énigmatique, les vieux indigènes ne s’alarmaient pas pour rien et qu‘ils tentaient de les avertir d‘une catastrophe imminente qui les menaçait tous. Le commandant commença à réfléchir en silence, alors que la communauté stupéfaite se lançait au contraire dans de bruyants conciliabules.

 

– Nous sous terre, pas loin, vite, insista une nouvelle fois Balo, ou tous morts.

 

Tout le monde se méfiait, à présent, mais beaucoup pensaient fermement que les intrus cherchaient à les tromper. Deux mauvais génies, des menteurs de la jungle, les bretons n’avaient que l’injure à la bouche. D’autres, à l’instar de Dominique et d’Inès, se voyaient tout de même envahis par une peur insidieuse. Cette île perdue, avec ses monstres marins surgis de l’océan, n’en finissait plus d’enfanter de sombres mystères.

 

– Messieurs et mesdames, lança Steven à la cantonade, parlant fort pour se faire entendre. Il se passe une chose anormale et mon devoir est de tirer cette histoire au clair. Vous, Balo, où voulez-vous nous conduire ?

 

– Ici, sous terre, bunker, sinon tous morts sous peu. Vite. Dans ses gestes, il se faisait de plus en plus alarmant. Là, base russique, pas bon, militaires dangereux.

 

– Je parie que ce mec est défoncé, insinua Michel Tatol en esquissant un sourire sournois.

 

Et puis, tout à coup, Wanda et Ayesh furent les premières à faire le rapprochement des dangereuses menaces de Bali et Balo avec le projet King crab expériment.

 

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Message édité par talbazar le 08-03-2019 à 10:22:45
n°55985476
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 09-03-2019 à 11:19:41  profilanswer
 

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Salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : Noeud coulant pour Martin Smith. Extrait numéro 60.

 

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– J’ai perdu pas mal de plumes dans l‘aventure ! Le gabonais laissait pourtant échapper entre son bec crochu un soupir de bonheur.

 

 Guy Ness ne se désolait en effet qu’à moitié, parce qu’il était tout simplement content d’être en vie. En volant entre les balles avec une rapidité vertigineuse, le perroquet si téméraire venait en effet de frôler une mort instantanée, une chance à laquelle n’avait toutefois pas eu droit le pauvre Sisco Matteï. Guy n’avait pas besoin d’en faire des tonnes pour épater la petite Echo 16, sa copine la rate l’écoutait se vanter en roulant de grands yeux énamourés. Décidément, entre ces deux-là, une vraie complicité ne semblait pas feinte. Mais il n’était pas le seul à partager sa joie légitime avec l‘univers entier, puisque tout le monde semblait satisfait d’être sorti indemne de la fusillade. À côté des bestiaux, Angèle haussait les épaules en feignant la moue, Gilbert venait de lui dire qu’il n’aurait pas pu vivre sans elle. Elle lui répondit que le problème, en cas de mariage, serait qu’il faudrait qu’elle épouse aussi son corps et que franchement c‘était pas un cadeau. Ensuite elle ajouta perfidement qu’elle préfèrerait plutôt tomber amoureuse d’un mec plus mature, déjà père d‘une fille de 15 ans. Accroupi en face d‘eux, Jess Rosse essayait fébrilement de contacter Paris, pestant parce que personne ne lui répondait.

 

– Je te jure, Angèle, clamait Gilbert, alias Teddy la fouine, que j’arrête dès aujourd’hui de me laver les mains. Comme ça, si un jour j’arrive à coller des gnons sur la gueule de Gros Bill, je peux croire que le dégât de mes claques va s‘envenimer.

 

– Faudrait d’abord que tu puisses le chopper, my love. Pour le moment, c’est nous qui sommes dans le viseur. Et pas seulement dans celui du Gros, mais sans doute des flics aussi. En disant ces mots, elle s’efforçait de masquer au mieux qu’elle avait le ventre noué d’angoisse.

 

– Cet enculé de Saloma ! Je me demande combien de ses copains travaillent pour Van Degaffe dans cette foutue ville.

 

– Droit à la vie, ça veut dire profiter d’elle, gloussa Guy. En ce qui me concerne, j’ai pas trop l’intention de cavaler en forêt jusqu’à ma mort. Il regretta sur le champ ses paroles trop négatives, il savait que la santé d’Echo 16 était plus que fragile. Son bel amour rongeur n’incarnait après-tout rien d’autre qu’un malheureux cobaye en sursis, et cette triste réalité lui fendait sacrément le cœur, au gris du Gabon. Elle disait qu’elle charriait dans ses veines du sang de cadavre et du jus de géranium, tu parles d’un cocktail ! Il botta en touche sur une brusque envie de pistache. Rien que l’idée le faisait saliver, il était à vrai dire à deux doigts de la crise de manque.

 

Après la bagarre, à fond la gomme ils avaient pris plein nord le Pali Highway 61, sillonnant les montagnes trop pleines de vie, mais sans rencontrer de barrage, sirène hurlante et gyrophare clignotant. Puis, se doutant qu’ils étaient hautement repérables, autant lâcher un fumigène rouge dans le ciel d‘Honolulu, ils avaient enfin laissé la caisse médicalisée sur une aire de repos. Après avoir crapahuté un temps dans les bois, ils étaient tombés sur un cabanon en dur à l’utilité énigmatique, mais qui avait peut-être un rapport avec la maintenance des lignes à haute tension qui surplombaient les lieux. C’est dans ce lieu mal fermé, étroit et peu hospitalier, qu’ils venaient de décider de faire le point. Ils pouvaient croire que planqués provisoirement dans cette casemate vide perdue au milieu des arbres, personne ne viendrait les déranger avant la nuit. Angèle goûtait peu la poésie de la ruine, à vrai dire elle rêvait plutôt d’arpenter en civil quelque rue piétonne au pied d’une belle tour en verre, pour s’acheter en bonne gonzesse des trucs pas trop utiles, mais elle préféra ne rien dire. La mission n’était pas terminée et de toute évidence, la bande à Bill jouait la guérilla, avec l‘appui de certains poulets. Elle matait Jess en face d’elle, toujours occupé sur son téléphone, un drôle d’engin équipé de machins bizarres, comme par exemple un scanneur de fréquences et une antenne émettrice, des sophistications techniques dont elle ne voyait pas très bien l’utilité, même pour un agent du gouvernement. En tout cas, l’homme de l’ombre Jess Rosse était un mec solide sur lequel on pouvait compter ; même si dans l’hôtel ses tirs n’avaient pas fait mouche, elle l’avait vu tirer sur les salopards comme un guerrier.

 

– Quand-même, fit-elle, passe encore pour ce con de Matteï, il est mort l’arme à la main, mais c’est dur pour Comtesse Monique. Après-tout, elle n’avait rien demandé. On n’aurait peut-être pas dû les emmener avec nous.

 

–  C’est trop tard pour chioler, lui répondit Gilbert. Il va falloir que Paris nous sorte de ce merdier, les ricains, je ne leur fais plus confiance. Au départ, tout ce qu’on voulait c’était coincer Rupin, mais maintenant qu’il est cané, je sais plus trop quoi penser.

 

– Van Degaffe, fit Jess, c’est une grosse pomme à manger. Mais si Gustavo a dit la vérité, Martin Smith et Vaya Condios sont toujours vivants, je pense qu’il serait sympa de les retrouver, avant que le consulat ne les colle dans un cercueil plombé pour les rapatrier. Bon, Paris répond pas, ça commence à me faire chier.

 

– C’est la pause café, Jess, ironisa Guy en roucoulant, rien d’anormal.

 

– Ou les gens du cabinet sont aux cabinets, renchérit Echo 16, d’un ton franchement hilare.

 

– Mon expertise me dit qu’on devrait retourner fouiller la Samsara Foundation de fond en comble, l’institut est bourré de secrets inavouables, aussi certain que 1+1=2, lâcha Angèle, comme si elle pensait tout haut.

 

– Je crois qu’on en a fini avec les parcours parallèles, fit Gilbert, c’est au FBI d’en décider, à présent. C’est eux qu’il faut contacter pour notre sécurité, parce qu’on a pas forcément l’oreille des flics locaux, faut se méfier d’eux si on ne tombe pas sur les bons.

 

Comme pour illustrer ses dires, un hélicoptère poulaga les survola longuement, à deux reprises. Tranquillement tapis dans leur cabanon sous le couvert des arbres, ils se gardèrent bien de se montrer. La discrétion prudente en tant qu’habileté tactique, pour se donner un gage de survie face aux chasseurs en uniforme. La trahison de Sam Alloma avait complètement miné leur confiance dans la force publique. Puisqu’on semblait d’accord sur l’objectif, Jess composa enfin son numéro spécial pour alerter les gars du FBI, puis il se lança avec eux dans une confession unilatérale. Il s’expliqua avec intelligence, puisque ses dires ricochèrent peu après vers les tympans du district attorney Roy Larymore, lequel comprenait parfaitement la situation, pas de souci, on envoyait sur le champ une équipe sur zone pour les récupérer, bien entendu dans le dos des poulets. Toute l’équipe française aux abois était quand à elle bien d’accord sur le calendrier, vu qu’elle n’avait guère d’autre solution pour sortir de ce guêpier. Jess les mis au parfum sur Larymore, un fils de député qui avait donc dans sa manche une précieuse carte électorale et prêt à tout pour fortifier la position de son père, un homme qui venait tout juste de dépasser le mi-mandat. L’arrestation spectaculaire du docteur Hubert Van Degaffe ne manquerait pas de produire son bel effet, en fournissant un atout précieux aux manœuvres politiques du daron. Cette affaire était sans doute également le moyen pour le propre compte de Roy Larymore d’envoyer au passage par le fond le bataillon des corrompus. Entre eux, les intimes de ce procureur intransigeant l’appelaient le white lion. Il était peu probable que la pègre ait pu le soudoyer. Surfant au passage sur la logique concurrentielle et propre aux confidences, le FBI confirma à Jess que la région était bouclée depuis le début de l’après-midi, suite au massacre de l’hôtel, mais que la voie conduisant à leur destination serait libre, à priori.

 

– Bon, fit Guy, en caressant doucement du bec les poils soyeux d’Echo 16 qui lui tendait les pattes, ça sent bien meilleur. Il voulait lui prouver par son geste affectueux qu’on peut toujours attendre beaucoup des gens qui sont capables d’amour.

 

– L’empire contre-attaque, fit Echo 16, en lui répondant par un clin d’œil accompagné d‘un frémissement de moustaches. Elle tint pour elle une remarque idiote sur son panache de comédien, puisqu’il décidait de ne plus jouer à cache-cache avec ses sentiments. Elle connaissait hélas aussi très bien les limites de son propre sacrifice.

 

Les trois gars à casquettes garèrent leur énorme pick-up noir sur Aola Road, puis ils se guidèrent sur les coordonnées pour leur tomber dessus, en pestant néanmoins d’être obligés de galoper dans l‘herbe, ce qui tachait leurs pompes cirées. Teddy, Angèle et Jess n’étaient plus dans la remise, ils faisaient le guet dans la végétation, le pétard à la main calé contre leur flanc. Comme les nouveaux-venus arboraient des gilets signant le bureau en grandes initiales jaunes, ils décidèrent de leur faire confiance. Et puis, après les sourires de façade et les poignées de mains, pas de bises pour Angèle, faut pas déconner, tout le monde s’engouffra dans la puissante tire rutilante et tout-terrain, direction les pénates de Roy Larymore, situées près de la base militaire de Mokapu ; n‘en déplaise évidemment à ces messieurs de la police d‘Honolulu. Le lion blanc en personne les attendait parait-il à l’intérieur. Oui, les choses sentaient bien meilleures, puisque pendant tout le trajet dans la voiture, Angèle pour une fois conciliante venait de laisser Gilbert lui poser sa main baladeuse sur le genoux.

 

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Bon week-end à tous.

 

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Message édité par talbazar le 17-03-2019 à 10:56:24
n°56001153
talbazar
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Posté le 11-03-2019 à 16:15:44  profilanswer
 

Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Bénédicte Tature.

 
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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Florent Dévou.

 
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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Madeleine Pelote.

 
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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Les cousins Zins.

 
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n°56017800
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 13-03-2019 à 10:06:48  profilanswer
 

Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Claude Icant.

 

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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Bernard Valo.

 

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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Pilier Dupont.

 

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Message édité par talbazar le 19-03-2019 à 06:46:57
n°56048628
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 16-03-2019 à 10:39:59  profilanswer
 

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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Arthur Biné.

 
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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Germain Droite

 
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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui :Alice Ansdedroit

 
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n°56056295
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 17-03-2019 à 10:12:54  profilanswer
 

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Salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : Biographie de Gaston Boudiou. Extrait numéro 49.

 

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Les noires pensées de Gaston se bousculent dans sa tête, pendant qu’il rejoint en grande hâte la maison familiale. Il vient de réaliser à quel point la vie d’Antigone comporte pour lui une bonne part de mystère. En fin de compte, il se dit qu’il connaît peu la femme distinguée qui incarne aujourd’hui sa belle-maman. Autour de lui, les rues de Paris n’offrent à cet instant qu’un lot d’énigmes angoissantes, si anxiogènes qu’elles ne peuvent aider à de saines réflexions. Avant de crier au kidnapping ou d‘aller prévenir la police, il semble nécessaire au jeune garçon de s’éclaircir l’esprit, mais il ne sait comment réagir pour adopter la bonne attitude. Antigone avait rendez-vous avec le malotru qui l‘a brutalisée, le fait ne peut être nié, mais était-ce réellement dans le but de s’encanailler en sa compagnie, ou bien s’agit-il d’autre chose ? Sur le trottoir, il croise de nombreux passants, il leur en voudrait presque d’être aussi peu concernés par la situation qui le préoccupe, mais à quoi bon ameuter la terre entière ? Le jeune homme n’aurait pour le moment aucune explication rationnelle à leur fournir. Comme il tient dans sa main la chaussure à talon haut qu’il a récupérée, il passerait plutôt pour un fétichiste un peu louche, à la recherche d’une cendrillon probablement bourrée. Certains piétons rapides avancent les mains dans les poches, le regard baissé, comme s’il allaient tuer quelqu’un, d’autres sont plus lents et donnent l’impression de réfléchir beaucoup en marchant, peu semblent réellement attentifs au décor urbain. En réalité, beaucoup sont des sacs vides qui ne pensent qu’à mettre un pied devant l’autre, leur sac à la main. Certaines beautés fugaces font leur effet sur les types qui les croisent, elles sont pourtant à peine entrevues. Des chairs qui se frôlent en s’ignorant. Des îlots d’humains de deux ou trois personnes à l’arrêt se forment parfois, leurs conversations abordent presque exclusivement le sujet des émeutes récentes et portent des commentaires sur la crise estudiantine. On parle souvent politique, en émettant très haut son propre avis, certains louent Charles de Gaulle, alors que d’autres, plus jeunes, le conchient sévèrement, lui, mais également l’ensemble de son gouvernement. Que l’on approuve les contestataires ou pas, il semble bien en tout cas que sur les grands boulevards, dans un sens comme dans l’autre, la parole citoyenne se soit tout à coup libérée. Nerveux ou pacifiques, les gens se rencontrent, s’embrassent ou se quittent, puis ils reprennent en fin de compte leur chemin solitaire, ce que ne changera sans doute jamais aucune révolte planétaire. En attendant, la France se déchire sans nuance entre partisans et adversaires des Shadoks, ces personnages hautement perturbés venus gesticuler à la télé au mois d’avril et que les événements ont soudainement privé d’écran. Moins consensuels que Nounours, ils feront leur grand retour le 9 septembre, rallumant au passage une polémique nationale essentielle, les 5000 lettres que recevra l'ORTF pourront en témoigner. Son bel escarpin dans la main, preuve ultime qu’il n’a pas rêvé, Gaston Boudiou avance et regarde à peine ceux qu‘il croise, lui n’a qu’une certitude : on ne pousse pas une personne aussi brutalement dans une voiture, comme il vient de le voir faire tout à l’heure. En une fraction de seconde, c’est évident, la capitale remuante a tout à coup sorti ses griffes, avant de les planter dans la chair tendre de la pauvre Antigone.

 

Gaston récapitule et fait le bilan de ce qu’il peut bien déjà connaître sur Antigone Iseouine de la Nouille. Fille d’un magnat de l’aluminium originaire de la principauté alémanique du Liechtenstein, on peut donc dire qu’elle est issue de la haute société, bien que la vie qu‘elle mène avec Emile Pertuis soit relativement simple. Trop monotone, peut-être, pour éviter le besoin irrépressible de se prendre un amant. Une femme en bonne santé, très cultivée et de bonne éducation, qui n’a jamais travaillé en dépit de son diplôme de sténo-dactylo. Son beau-fils l’a déjà observé quelque fois, lorsqu’elle tapait des lettres pour Emile sur une machine à écrire, elle s’exécutait alors plus vite que l’éclair. Une vie en apparence bien organisée, elle terminera bientôt ses 38 ans. Il y a peu de chance pour qu’elle soit une cellule dormante du KGB, mais en ces temps troublés, sait-on jamais ? Gaston frémit à la pensée qu’elle puisse être embarquée dans un sombre complot politique, ligotée dans une cave obscure, avec autour d’elle un cercle d’espions de l’ouest ou de l’est qui lui collent des baffes pour obtenir des informations secrètes, avant de lui laver le cerveau. L’aluminium se vend bien dans les sixties, on le trouve partout, que ce soit dans les cuisines ou dans les bagnoles, le père d’Antigone est riche, peut-être que cette histoire d’enlèvement cache en elle une histoire tordue de chantage au brevet, de contrat louche, ou plus vulgairement, faut-il y voir simplement le moyen pour la pègre d’obtenir une odieuse rançon. Avec effroi, alors qu’il arrive enfin chez lui, Gaston se remémore l’enlèvement d’Angèle lorsqu’elle était petite et le meurtre du coupable par papi Léon.

 

Angèle est présente, encore recluse dans sa chambre et toujours à se prendre la tête pour une obscure raison. Avec de grands gestes, il lui explique la situation en fournissant mille détails. Elle le regarde en coin, sa tentative d’espionnage le fait passer pour le mauvais frère, il le sent très bien. Adamo chante soudain en sourdine, avant que ne tombe la sentence.

 

– Antigone fait ce qu’elle veut, ça ne nous regarde pas. Visiblement, elle cherche à minimiser les faits à tout prix.

 

– Je te dis qu’Antigone a été kidnappée ! Il faut prévenir Emile et sans doute les flics.

 

– Comme tu y vas ! Tu as tout de même du culot de l’avoir suivie, je ne pense pas qu’elle va te dire merci. Appelle son père à Vaduz, tant que tu y es.

 

– Et pourquoi pas ?

 

Angèle remonte le son du tourne-disque, il semble que s’instaure entre eux un dialogue de sourds. Le chanteur Salvatore Adamo les prévient, la neige tombe et elle ne viendra pas ce soir. Pourtant, il est 15h de l’après-midi et derrière la fenêtre de la chambre, il règne un grand soleil. Gaston exhibe par la bride la chaussure italienne devant le nez de sa sœur, à bout d’argument. Doit-il vraiment être le seul à essayer de faire le tri dans ce foutu magma ? Face au mutisme de son interlocutrice, il se rend dans la chambre des parents pour y remiser l’escarpin. Le grand lit est soigneusement fait, tout est en ordre. Il ouvre l’armoire et avise les robes aux couleurs acidulées d’Antigone, il se contente ensuite de déposer la chaussure orpheline et referme la porte du meuble. Avant de quitter la pièce, il observe la boucle d’un sac à main qui dépasse sous le lit, puis il s’empare de l’objet avant de l’ouvrir par curiosité. Il y trouve un tube de rouge à lèvres, un petit miroir pliable, une carte publicitaire ventant des tapis et carpettes persans noués à la main et la photo d’un homme que Gaston reconnaît aussitôt. Un moustachu goguenard vêtu d’un sous-pull à col roulé orange. C’est le type de l’hôtel. Au dos du document un simple « ma douce » manuscrit. Interloqué, Gaston pense tenir enfin une pièce essentielle et se précipite pour montrer sa trouvaille à Angèle. Lorsqu’elle examine le document elle devient pâle et peine à respirer, comme soudainement prise d’asphyxie. Il va bien falloir qu’elle déballe son sac.

 

– Je le connais, Gaston, ce type est un pervers, il a voulu photographier mes nichons.

 

– Quoi ?

 

– Tu comprends, j’ai cru que je devais me dénuder, que ça serait glamour et utile pour mon avenir dans le cinéma, il me l’a suggéré, avant de me le proposer. C’est lui qui réalisait les photos pour la publicité de Monsieur Propre. Antigone était avec moi, mais je comprends maintenant qu’elle le connaissait bien avant. C’est sans doute grâce à elle que j’ai fait ce shooting avec lui. Mais après, il a voulu me prendre à poil pour des séances payantes réalisées par des ploucs. C’est un sale con, Gaston. Si ce type est son amant, Antigone est dans de beaux draps !

 

– Tu as son adresse ?

 

– Oui, je viens avec toi.

 

En se rendant chez Raymond, ils sont aveugles au corpus des slogans qui maquillent les murs, des graffitis employant jeux de mots, formulations paradoxales et détournements de slogans connus. « Presse, ne pas avaler », « Le respect se perd, n’allez pas le chercher », « Mettez un flic sous votre moteur (allusion au Mettez un tigre sous votre moteur)», « Ne vous emmerdez plus, emmerdez les autres », « Les murs ont des oreilles, vos oreilles ont des murs ». N’empêche que les képis sont partout dans les rues. Renseignement pris auprès du concierge, Raymond Toupidor n’habite plus à l’adresse indiquée et vient tout juste de déménager. Angèle oscille entre crainte et panique, Gaston trouve que cette histoire pue de plus en plus fort, il garde pour lui l‘atroce spéculation d‘une éventuelle élimination physique. L’état d’urgence est cependant proclamé, il décident alors de se rendre sans attendre au siège de l’agence publicitaire dirigée par Gabriel Abenlcoco, pensant peut-être y trouver à la fois une explication et la trace de l’autre salaud.

 

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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Lionel Polichi.

 

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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Pierre Matin.

 

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Bon dimanche à vous.

 

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Message édité par talbazar le 17-03-2019 à 10:35:12
n°56067911
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 18-03-2019 à 15:29:45  profilanswer
 

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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Jean-Albert Evert.

 
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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Simon Kupaite.

 
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n°56076540
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 19-03-2019 à 13:16:28  profilanswer
 

Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Marc de Triomphe.

 

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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Victore Desamotras.

 

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Message édité par talbazar le 19-03-2019 à 13:16:58
n°56086271
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 20-03-2019 à 13:42:08  profilanswer
 

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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Marina Quetive.

 
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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Jean-Louis Comunled.

 
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n°56093911
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 21-03-2019 à 10:07:29  profilanswer
 

Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Edouard Nenez-Météo.

 
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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Martine Depain.

 
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n°56095947
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 21-03-2019 à 13:14:14  profilanswer
 

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Salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : L'épilée du Nil. Extrait numéro 95.

 

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Dans le chaud désert sans fin, les 2568 soldats composant l’armée de Merdenkorinnanâr se projetaient à pied et en bon ordre en direction d’El-Amarné, en agitant au vent brûlant leurs banderoles distinctives. Un bon nombre de ces soudards aguerris pouvaient fièrement exhiber sur leur tunique le scarabée d’or du Brevet de Sueur Militaire, ou leur médaille de Reconnaissance du Royaume d‘Egypte. Tous étaient de solides vétérans, à peine revenus de combattre les crevures d’envahisseurs Hyksos et la coalition des chiens Hittites et des ordures Mitaniennes, en ayant par leur éclatante victoire sur ces fils de pute réussi à sécuriser totalement les zones frontalières. Libérés des opérations extérieurs en milieu hostile, ils évoluaient donc à présent dans un contexte bien différent, puisqu’il s’agissait de porter l’action dans un cadre purement national vers une salope de nourrice, un mioche débile et de sales espions romains, probablement survalorisés à tort par la reine bien-aimée. Le général était soucieux de la prise en compte de ses hommes et surtout de leur conduite, il ordonna donc à ses fantassins d’arrêter d’injurier ouvertement l’ennemi, à chaque fois qu’ils parlaient de lui. Le mode opératoire allait se montrer simple : on tomberait sur le râble de cette fichue caravane et on ramènerait tout ce beau monde, vivant mais prisonnier, sur le pont bien ciré du bateau pharaonnique. Ce qui consoliderait une fois de plus la légitimité du chef des armées. Si Merdenkorinnanâr bénéficiait déjà d’un statut particulier dans le giron doré de Néefièretarée aux commandes de ses forces, il se verrait alors sans doute ériger à Thèbes une statue particulière à son effigie. Il imaginait déjà en rêve les échafaudages culminant à 25 mètres de hauteur, lorsque les perches seraient avec audace dressées pour l’occasion. Même si le général n’était pas tant que ça gourmand de fastes et d’honneurs, il ne détestait pas l’idée de voir sa tronche altière taillée dans le granit pour la magnifier, alors qu’il prendrait ensuite une retraite méritée, au cours de laquelle il s’activerait auprès de la bleusaille comme moniteur de combat bénévole.
 
 La troupe longeait le fleuve-roi aux eaux nourricières. Leur niveau ne cessait d’augmenter pour mieux fêter la gloire d‘Hâpi, avec l’avantage que cette divinité androgyne noierait peut-être bientôt ces raclures d’insurgés d’Aboutdsandal ; lesquels s’agitaient souvent sous les ordres de leur branleuse reine de Savat. Ce royaume irascible bordait le Nil Bleu, dont les sources lointaines perchaient tout de même à 2900 mètres, en Abyssinie. En attendant, l’armée irriguait le Nil Blanc en faisant des pauses-pipi dans les roseaux ou bien, prenant le risque de faire la queue sous le soleil pour accomplir ce qu’on appelait alors la fouille d’urgence, sur les murs aux fresques marouflées des sanctuaires pyramidaux. Des édifices majestueusement installés sur les berges pour sacrifier aux rites, fleurant du coup très bon les senteurs orientales. On devait rejoindre pour la prochaine halte la forteresse de Mejvoisa « celle qui repousse les Biyêdou», mais il restait encore pas mal de piste à faire avant d’atteindre sa solide enceinte ; ce qui représentait beaucoup de grandes enjambées au milieu du sable et des cailloux. L’armée égyptienne triomphale et poussiéreuse ne battait pas que les petites bites soudanaises, mais les sentiers aussi. Après ce fort, on atteindrait la ville de Nikzem, puis ce serait enfin la cité d’El-Amarné, où venait d’être signalés ces branle-couilles de traîtres romains qu’on devait appréhender. L’objectif fixé par leur chef captait l’attention des plus braves, parce qu’ils se demandaient si la nourrice était bien roulée. Sur le fleuve, des pêcheurs indifférents tapaient sur la surface avec leurs longs bâtons, pour attirer les poissons vers leurs nasses. Les frêles esquifs furent rapidement dépassées, puis les soldats croisèrent de-ci de-là quelques fellahs qui trimballaient des sacs d’engrais, tout en essayant d’éviter les rats. Leurs gamins de quatre ans se coltinaient sur la tête des jarres plus grosses qu‘eux. Si au moins, se disaient les guerriers, on pouvait chopper un de ces types en flagrant délit de coupage de rigole, la progression serait moins monotone. Mais les péquenots n’étaient pas fous, ils savaient bien que ce genre de crime leur coûterait à coup sûr l’éternité, ce qu‘ils craignaient d‘avantage que les redoutables fouets de l‘armée. Dans une oasis perdue, on croisa aussi quelques lavandières avenantes avec de l’eau jusqu’aux genoux, Merdenkorinnanâr gueula suffisamment fort pour qu’on évite de s’en approcher. Les officiers tournèrent donc plutôt la tête vers les ingénieux systèmes de pompage de la palmeraie. De pauvres pompes faites de bric et de broc qui n’étaient pas royales. Les hautes tours de Mejvoisa se détachèrent sur l’horizon en soirée. Les portes étaient gravées de cartouches en or douze carats. Le gardien tamponna les visas de tous les soldats sur leur passeport en peau de banane, avant que chacun n’aille prendre son quartier. Même si en Egypte le temps ne comptait pas, ce n’était pas une raison pour ne pas s’énerver et les sergents eurent bien du mal à se faire respecter, avant que tous les hommes soient enfin installés du premier au dernier étage, heureusement pourvu d‘escaliers. De son côté, goûtant les joies du repos, Merdenkorinnanâr dégrafa son armure en cuir garnie de plaques en métal, avant d’aller faire un tour pour boire des bières et se prosterner pieusement devant la déesse-vautour Mout, vu qu’il valait forcément mieux picoler avant qu’après.

 

Mout décida de lui parler dans les oreilles, au milieu de la cavalcade qui résonnait dans sa tête à cause de la bière.

 

– Qui me parle ? demanda Merdenkorinnanâr, plissant la langue pour contenir l’effort qu’il faisait pour ne pas gerber.

 

– C’est moi, Mout, la déesse-vautour. La statue faisait sans doute mine de sourire avec finesse. Je t’offre le privilège de venir me parler en propre, puisque tu as préféré t’agenouiller devant moi plutôt que devant Isis. Tu as de la chance, mes clients habituels, ce sont plutôt des acteurs et des scribes très connus.  

 

– C’est cool, fit le général, alors que le soleil de Ré partait se coucher derrière les dunes, en nuançant le ciel de lueurs pourpres. Il s’écrasa encore plus fort sur les dalles du temple.

 

– Que veux-tu obtenir ?

 

– La cuite rend mes pensées confuses et perturbées, mais si je pouvais savoir où se trouve actuellement les gens que je recherche, ça m’arrangerait.

 

– La caravane de la Compagnie Générale des Poteries et Tissus vient actuellement d’emprunter une bretelle d’autopiste pour atteindre Nikzem demain, à deux clepsydres du matin exactement. La fille d’Aménorée est née sous le nom d‘Avouktebel, mais le temps est encore loin où sa mère devra la conduire à l’école. En marchant vite, tu peux leur tomber dessus.

 

Merdenkorinnanâr ressenti une immense force intérieure, car tous ces renseignements obtenus par la bouche fermée de la déesse le confortaient dans la double-vision spirituelle qu’il avait de son bonheur. Il partagea avec les dalles du sol une grande impression de sérénité, bien qu’il fut à deux doigts de dégobiller. La statue venait de lui fournir une voyance précise et datée et Mout avait choisie de l’inspirer, il fallait à présent confirmer ses dires, en partant sur le champ pour Nikzem à la tête d’une section d’assaut réduite, pour aller plus vite. Oui, s’efforça t-il de penser dans les brumes de la bière, alors qu’il achetait en sortant une ou deux babioles ésotériques dans la boutique du temple pour remercier Mout, une cinquantaine d’hommes devrait me suffire. Il s’écroula néanmoins sur son lit jusqu’au lendemain pour cuver. Il ordonna que l’armée se rassemble dans la cour dès qu’il fut réveillé, son crâne cognait encore sous les coups de boutoir lancinants de la révélation divine.

 

– Les gars, la déesse-vautour Mout, dont je suis un authentique adorateur, m’a parlé hier-soir sans trucage ni supercherie. Grâce à vos efforts individuels et collectifs, notre armée est résolument engagée sur le chemin de la bourgade de Nikzem, où se trouve actuellement l’ennemi. Or, je dois rationaliser l’organisation et revoir le plan stratégique, en faisant un choix dans la prestation de soutien, pour gagner du temps. Il me faut donc partir avec seulement cinquante volontaires et une seule équipe pour réparer les chars, sans embarquer beaucoup de vivres pour mieux soulager la logistique. Si vous avez faim, on pillera Nikzem en arrivant, mode félin ou hyène, on verra. J’exige un personnel jeune, motivé et qualifié, mais je sais déjà que je n’aurais pas à me plaindre du choix effectué. Avant de partir, allez acheter un truc au temple de Mout, ça lui fera plaisir.

 

Pour traduire la nouvelle orientation du contrat opérationnel et satisfaire l’exigence de la politique de ressources, cinquante bras bronzés se levèrent bien haut, afin de garantir en capacité suffisante la prochaine intervention décidée.

 

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Message édité par talbazar le 22-03-2019 à 07:39:05
n°56104692
talbazar
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Posté le 22-03-2019 à 10:38:38  profilanswer
 

Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Jean-Jacques Tionnaire.

 
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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Guillaume Switome.

 
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n°56119732
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 24-03-2019 à 11:38:19  profilanswer
 

Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Jean-Pierre Lavoix.

 

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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Ferdinand Saint Malo.

 

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Salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : La saga du trône de Fion - Tome 2 - Sus au sein royal. Extrait numéro 48.

 

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Bien que brigué d’amour par la reine de Touatuakagué qui lui avait même confié les clés de sa cave, Messire Jean Bon de Always avait beau être le nouveau vizir du Fion, il était si éloigné de sa famille et de son fief de l’Essexenrut que son cœur s’en voyait en grande partie désenchanté. Il tournoyait sans relâche à son doigt le bel anneau qui symbolisait son union avec sa bonne épouse Mouyse de la Verrière de Always, en se désespérant d’être moins libre que les oiseaux du ciel. Ses charmantes filles Blanche et Aurore lui manquaient tant ! Trois fois hélas, sa tromperie de mari était manifeste, alors que Touatulanîkée désirait sceller avec lui un destin qu’il ne souhaitait pas. Il se disait qu’il avait méchamment rompu entre les bras de cette monarque son gage sacré de fidélité. Les cris d’amour nocturnes de la reine des terres du p’tit lieu occultaient en plus dramatiquement, dans la tête du seigneur, l’écho sonore si magnifique du choc des épées frappant les boucliers, lorsque le cuir des selles se teinte de rouge et que le corps du valeureux tombe sur le champ de bataille ; alors qu’en un triste abandon dans ce maudit château, il se voyait seulement prendre un peu de bide. Il y avait certes du grisant à chevaucher Touatulanîkée en chatouillant ses doux trésors, lorsque la blanche lune perçait les hauts nuages, mais il commençait à s’inquiéter de cet accueil trop chaleureux, tout comme le faisaient par ailleurs ses plus proches barons chevalier Calagale et Juvenal des Oursins. Le pire était qu’à chaque nuit, la reine mordillait l’oreille de son amant si vilainement torturé, en lui susurrant qu’il était l’homme le plus admirable qu’une femme eut jamais rêvé de posséder. Elle lui narrait qu’elle voulait à présent l’épouser, quand serait venu le temps du déchaumage qui n‘allait pas tarder, sans vouloir ouïr le moins du monde que lui se trouvait déjà joliment marié.

 

– Foutrekramouille, disait-il à ses amis, alors qu‘ils s‘étaient réunis dans une salle du château, j’en ressent répugnance et dégoût, car le nerf de ma queue a remplacé celui de la guerre ! Je suis perdu pour avoir prétendu me lancer ici dans le siège le plus fol, car la reine de ce royaume m’assaille de la plus dure corvée.

 

– Si fait, messire, jasa Calagale en buvant son jus de pomme, car sur les sandales de la pieuse sainte Mado, vous en voyez notre témoignage parfaitement palpable.

 

– Le ciel fasse que je ne fusse qu’un pauvre mesel gisant dans sa malpeaudrerie, car Touatulanîkée veut pour bientôt me gonfler d’or, puis me ceindre de la couronne en gloire reconnue, car elle souhaite que je trône avec elle sur son maudit pays.

 

– Voilà qui devrait enchanter la curiosité des amateurs d’histoire et d‘historiettes, mais qui ne fait pas pour l’instant notre affaire, tint à réagir Juvenal, tout en rembarrant une vieille servante qui voulait lui laver les pieds.

 

– Je préfèrerais me voir étendu mort que de pourvoyer à un tel destin. Nous devons faire cesser ces agissements et autres galanteries de cour, pour repartir en guerre et aller retrouver Gaultier Quilamolle avec toute l’armée de notre Fion.

 

– Point ne verrons chuter la bille des pendus pour assister à votre étranglement par suicide volontaire, messire, jugea Calagale, mais il est vrai que votre amourachement pour cette souveraine ne présage rien de bon pour notre avenir commun.

 

– Certes, ajouta Juvenal, il y aura grands combats sur l’herbe de ces prairies, si Touatulanîkée apprend qu’on veut partir d’ici !

 

– Et vous ne savez pas tout, l’interrompit avec audace et malice la vieille servante, qui s’appelait Hilde, car ma reine se verra très bientôt pourvue d’un enfançon.

 

– Que dis-tu ? s’exclamèrent en chorale les trois hommes, au comble de l’étonnement.

 

– Que nous verrons dans quelques mois trotter bambin royal dans les couloirs de ce castel, un babillard tout frisotté dont vous serez le père, messire Always.

 

– Et comment le sais-tu, toi la vilaine ? Jean Bon ne put occulter le puissant tremblement qui venait de le saisir.

 

– Vous faites métier de guerre, moi celui de servante. J’étais auprès de la reine, à lui coudre le bas d’une robe, quand l’affaire est tonsbée dans mes esgourdes. Et j’étais là aussi quand son apothicaire lui a demandé de pissoter sur le crâne d’un poussin de perdrix. Au son produit par le cri de l’animal, il a rendu verdict et c’est ainsi que Touatulanîkée viens d’apprendre qu’elle est bel et bien engrossée par vos soins, mon seigneur. De deux mois pleins, en grâce étreinte, sans cruelle déception. Un événement qui lui donne chaque matin, je dois bien vous le dire, la voix vraiment chantante.

 

– Foutrekramouille ! lâcha Calagale, voilà donc une raison de plus qui fera que cette reine ne va pas apprécier nos menaces d’abandon.

 

Jean Bon de Always restait effondré au fond de son fauteuil en cuir d’autruche et se voyait flanquer sa démission. Comme frappé d’un dur coup sur la nuque et complètement dépouillé d’énergie. En lui donnant marmot, Touatulanîkée le mettait pour le coup complètement sous contrôle.

 

– Elle ne m’a rien dit, balbutia-t-il pauvrement en regardant comme chien battu ses compagnons.

 

– Il ne peut naître ici mioche de votre lignée, s’indigna Juvenal. Cette fois c’est sûr, vous ne pouvez devenir en tenant le bras de la maman le maître royal de ce pays.

 

– Plus que jamais, se lamenta Jean Bon, secouant la tête, je ne souhaite vivre ou même mourir dans la terre du p’tit lieu.

 

– Si nous bougeons le moindre sabot, l’armée de Touatulanîkée va chercher à nous anéantir. Mais quelle affaire ! Beau seigneur frère Jean Bon, vous auriez-dû placer sur votre dard le bout d’un colon de brebis noué.

 

– Et coller ma bite en boyau ? Point n’y songez !

 

– En attendant, nous voilà frais, car l’enfant que vous fîtes va nous coûter fort cher.

 

Calagale venait de se rendre compte que Hilde les écoutait avec la plus grande attention. Elle avait même sorti les pavillons de ses oreilles de ses longs cheveux blancs. Les confessions devenaient donc néfastes pour leur intérêt. Il allait brutalement la rembarrer, lorsqu’elle posa une fesse sur l’escabelle en disant :

 

– Je veux bien vous aider, parole d‘Hilde. Voyez-vous, ma belle-sœur Zazette est forgeronne, mais elle connaît aussi en grande science le secret des plantes tueuses, qui font perdre la mémoire ou qui rendent amoureux. Je promet qu’elle peut faire un bouillon chaud qui jeté discrètement dans un puit endormira toute une armée. Il lui suffira juste de régler savamment la puissance de son feu pour donner le sommeil à toute raison.

 

– Et pourquoi tu cuirais un tel breuvage magique, toi, au risque de te faire pendre sans même espérer procédure ?

 

– Pour échapper au commun des servantes et partager le trésor de ce royaume avec Zazette et son mari qui est mon frère, rien de moins, rien de plus. Bien sûr, la reine en sera grandement offensée, mais le temps qu’elle se réveille, nous avons chance de prendre barque pour l‘outre-mer, après l’avoir ruinée.

 

– C’est vilenie et trahison, maudite mémé, c’est toi-même qu’on devrait jeter au fond de ton puit ensorcelé, pour nous sortir de telles idées. Calagale avait l’air sincèrement outré.

 

– C’est vous qui voyez, vous êtes en campagne militaire et vous voulez vous en allez sans bastailler. Moi je quitterai cette place-forte les poches pleines et je compte bien sur votre protection pour aller suffisamment loin, afin de me penser hors de danger. Car il est évident que la haine de Touatulanîkée sera contre moi et mon frère carrément implacable. Mais je vous en donne la promesse, pendant huit jours, tout ce pays dormira à poings fermés, comme si coulait dans les veines des soldats qui auront bu le philtre un drôle de sang de mort. Réfléchissez, pour le prix de ma richesse qui ne vous coûtera rien, vos hommes et vos chevaux de somme partiront tranquillement.

 

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Bon dimanche à tous.

 

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Message édité par talbazar le 24-03-2019 à 19:04:21
n°56133794
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 25-03-2019 à 23:15:14  profilanswer
 

Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Louis Sèze.

 
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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Guy Relande.

 
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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Léo Chuila.

 
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n°56138780
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 26-03-2019 à 14:51:54  profilanswer
 

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Salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : Coup de chance dans l'hyperbole. Extrait numéro 67.

 

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Le plan de vol s’affiche sur le front bombé du cockpit en shellglass. Il allume un tableau aux signes laiteux qui animent joliment le ciel de Mars. Le cap n’est qu’un cercle vert vif au centre d’une cible graduée. L’écran se subdivise brusquement en dizaines de petits rectangles bleutés de proportions différentes, qui offrent chacun une proposition de commande. De temps à autre, le Panzigoberkanonier Gerhard Lanvingt pianote sur leur surface sans matière et les fait peu à peu disparaître. Le hublo princip n’est qu’une grosse paire d’yeux qui file sans ciller vers son objectif, tandis que de son côté le Panzigbéret Michael White assure à son poste l’armement des quatre méga-bombes Atomic Orbetor X que le Panzig garde entre ses côtes métalliques. Les quatre tubes prennent aussitôt sur les cloisons circulaires un angle de 37° et se parent à l’éjection sous leurs croches. Le sol de la planète est constellé de cratères qui offrent sous le Panzig filant à toute allure leurs cercles de rochers rouillés, que veloute pour le moment visuellement la hauteur conséquente de l’appareil. Eviter une mine à tout prix. Un globe rose quadrillé danse un bref instant en face de Gerhard en lui indiquant sa cible toute proche. Il tire vers lui la grosse poignée de l’énorme manchon qui coulisse docilement vers lui et enclenche la décélaration. Com link 66255 sur un minuscule écran virtuel, un autre cercle rose pâle trace une figure labyrinthique animée de chiffres sporadiques. Une petite poussée vers l’avant pour aider paradoxalement au freinage, Michael White tapote sur les petites barres jaunes lumineuses des clefs-cryptage qui dansent autour de sa tête recouverte de son casque doré. Le siège en nyctole rouge brillant vient d’épouser la forme millimétrée de son corps et ses doigts gantés se maintiennent sur le stick allumant le feu des Ray Guns Robo Hunter MIB Cosplay LARP. Paré à toute éventualité. Content de lui, Gerhard Lanvingt ordonne un tour complet à son siège pour faire face à son Panzigbéret, leur vaisseau est à présent immobile et stationnaire au dessus des domes de la serre agricole. Ils ignorent encore tous deux qu’ils ont été évacués par Fanch, sa femme et tous les habitants. Dans l’aigle argenté des observateurs, les engins explosifs se maintiennent à pression constante. Des systèmes hydrauliques entrent en action le long de la coque, nettoyage de la double-verrière et puis du fuselage, d’où partent deux sondes minuscules capables de surmonter tempêtes de sable et voler en condition nuageuse. Aucune activité. Action sur l’infra logé dans son pod de proue rouge et ventru. Que dalle. Les pilotes connectent leurs implants en débriefing, le chasseur est à 1754 mètres d’altitude, on loupe chaque centimètres au sol, pas de mine, les munitions du bord sont sécurisées avant-tir, relais rad 00-02. En-dessous, sur le sol désertique qui dort sous la carlingue, le vent martien jette du sable en bourrasques sur les immenses bols transparents qui s’étoilent pour former le complexe fermier. La rébellion ne l’a pas fait sauter. Reste à débusquer la menace et configurer la bonne manœuvre. Cette dernière ayant pour but de flinguer tout le monde.

 

– Code Trans 2.3, alt. 746, maximum secours, reactor all barres (12), subsystème ok-accept, engaged, close inventury, magnétic grappler sur WASP, Proceed to landing pad. TSD et TADS 0,8 all. Seven shields, V = 2k. On va poser, on pose, on a posé.

 

Gerhard Lanvingt et Michael White se dirigent en 02BAY et synchronisent en chemin leurs consoles-bracelets, système in transit ok, life support all barres (5). Débusquer et détruire. En appui, les Ray Guns Robo Hunter MIB Cosplay LARP de l’appareil commandés à distance peuvent cracher à la demande. Après s’être ajustés conjointement leur scaphandre en mode focus raid, il passent au travers du sas pour fouler le sable, supposé très froid. Les gigantesques climatiseurs qui paraissent tellement inhumains en émergeant de leur dune sont encore actifs, ils scintillent et donnent aux mamelons transparents qui les entourent une illusion de vie. Une pluie modérée vient d’être déclenchée, pour arroser la production végétale qui s’épanouit sous la cloche démentielle du dôme B3. A vue d’œil, pas d’âme qui vive. Les hommes cramponnent pour l’un le Hiller Atomray, alors que l’autre s’arme d’un P-29 Mégalaser pistol-High Energy Laser Weapon. Si Fanch Yolande et Karela Borounie sont toujours là, il va falloir s’en servir. Aucun des deux hommes ne souhaite cependant affronter en face Flash Gourdin, parce qu’ils savent que c’est un tueur implacable d’une taille hors du commun, avec qui plus est le cerveau tripoté par les avocadocs pour lui faire subir une boboloss-lobotomie judiciaire. Une insupportable machine de guerre organique privée de contrôle. Les scaphandriers descendent en contre-bas d’un chemin sableux, les bracelets font leur devoir en le déclarant non sécurisé, les protections balistiques se mettent à rayonner. Observation optique, avancer, débusquer et détruire, ils se font parfois frôler par leurs sondes indiscrètes en pilotage RESS 0 qui dressent des cartes à chaque milliseconde. Capacité infra. Les grands domus forment devant eux une architecture titanesque conçue pour s’accrocher sur cette foutue planète, en mettant à l’abri de véritables jungles, des déserts, des marais, des lagons ou des champs fleuris. Et toujours pas le seul indicatif désignant un péquenot à l’horizon. Bordel, ni à gauche ni à droite, personne au rendez-vous. Ils contournent trois véhicules, des minis Gragstan-one person O.P de livraison garés en bon ordre, leurs batteries sont chargées.
.
– Ça pue, fait Michael, de casque à casque.

 

– Ouais, ça pue.

 

– Ses histoires de Seitaphiles, hein ?

 

– Certainement. Y’a plus personne ici. Jhon-Jhon Lidé nous a baisé. Il a embarqué tout le monde sur sa barge T 24/7, The Lure fo leather. Dis aux autres d’arrêter leur escorte et de réduire tout de suite cette barge en mini lingot.

 

– Bah, les plus malins se font prendre. On regarde quand-même ?

 

– Maintenant qu’on est là. Gerhard afficha un sourire fatigué, il était de toute façon certain de voir juste et pensait bien pénétrer au sein de dômes complément vides. Inutile de croire au danger immédiat.

 

Un point douloureux lâcha un éclair fulgurant sous son crâne. Après un sursaut, il régle mentalement son implant, avant de convier son camarade à le suivre dans la serre qui se présente devant eux ; au vu de la signalétique, on est en B1. Plus vite on avance, plus vite on trouve, ils entrent  dans le fantastique bâtiment, dont l’exubérance du décor végétal provoque toujours chez le visiteur son petit effet de stupeur. Tout en progressant dans l’invraisemblable agencement forestier, qui rend le lieu plus mystérieux par l’absence totale des gens normalement occupés à le servir, ils échangent encore dans leur casque leur sentiment d’avoir trouvé le coupable d’un tel silence. Gerhard et Michael s’escortent mutuellement entre les feuilles, lasergun au poing, pour déambuler dans cette étrange campagne destinée à embellir les logias de particuliers, sur des planètes éloignées. Ils marchent dans les jardins plaisants, le Panzigoberkanonier a bien du mal à ravaler un sentiment de colère bilieux, elle se mue peu à peu en aigreur muette.

 

– Il faut filer, murmure t-il. On nettoie sans crainte, il dit ça en frappant rudement du poing sur la visière de son casque. Bien malin celui qui sait ce qu’un tel geste peut bien vouloir dire.
 
 Ils franchissent les portes étanches de la sortie principale et Gerhard lève la tête vers le ciel, pour regarder la petite sphère d’un ballon aérien qui projette le grand corps étendu de son ombre sur un STACOM. En martelant à nouveau de la semelle la poussière pour retrouver leur vaisseau, les deux hommes ont a nouveau l’esprit sérieux. Michael éclate pourtant de rire en rentrant à son tour dans le Panzig.

 

– Bon, ben, on va casser des œufs, puisqu’on n’a pas de coqs pour les couver.

 

Le Panzig invoque ses réacteurs zionniques et se retrouve en altitude. Vue de la canopée du cockpit, la ferme n’est alors plus qu’un conglomérat de cloches minuscules. TARGET clearance. Le centre d’interrogation du Panzig attend sa dose de morts. Il en sera pour ses frais, les bombes vont seulement faire fusionner l’épais shellglass des voûtes transparentes, sans trouver à s’abreuver au passage avec la moindre goutte de sang.

 

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Message édité par talbazar le 04-04-2019 à 08:45:57
n°56146173
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 27-03-2019 à 12:44:49  profilanswer
 

Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Le Centre MET.

 

https://zupimages.net/up/19/13/wnox.jpg

 

Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Frederic Aindanmonlit.

 

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Message édité par talbazar le 27-03-2019 à 14:43:13
n°56153581
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 28-03-2019 à 08:41:10  profilanswer
 

pour info, je viens d'écrire en écoutant ça :

 

https://www.youtube.com/watch?v=AU_PuF59E5g

 

passez une bonne journée. :hello:

 

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Salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : La jet larguée. Extrait numéro 41.

 

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Mis en face d’un événement imminent et dangereux, la prudence doit faire loi. En parlant beaucoup avec ses mains, Ayesh rappela à tous la triste prouesse technique des Russicains pour parvenir à créer les crabes géants, au risque d’être dépassés par le danger de leur répugnante création. Wanda confirmait, elle faisait un lien osé entre l’installation des militaires sur Badigooince et la disparition effective de son peuple des Gouroungourous, terrassé par une mystérieuse épidémie qui n’avait affecté que lui. Est-ce que Bali et Balo ne formulaient pas en quelque sorte, devant le groupe, un certain travail de mémoire, en ayant aperçu à nouveau des hélicoptères ?

 

– Sachant que vu leur âge, ils ont connu la base en pleine activité. Leur peuple a été décimé, ils savent de quoi ils parlent ! Elle leva son beau menton, pour faire comprendre aux autres qu’ils pouvaient tout lui demander, mais que sa thèse se tenait.

 

– Justement, apprécia Dominique, s’ils n’ont pas confiance, moi non plus.

 

– Et personne n’a daigné venir se poser pour nous dire bonjour, c’est vrai ça, rajouta Steward.

 

– C’est vrai, fit Pierre-Simon.

 

– Dam, on est pas les singes du zoo, approuva Roparz.

 

La moitié de l’assemblée entra en suspicion à son tour, puis les deux tiers, motivés par les doutes émis par le copilote, un supérieur de la hiérarchie. Michel Tatol en particulier, puisque cette fois convaincu de devoir aller se planquer, il cramponnait un sac Vuiton aux anses arrachées, mais plein à craquer de sa nouvelle monnaie, (le Tô subdivisé en Tâ : 100 000 Tô valant un euro), en se montrant plein d’impatience pour partir.

 

– Je crois que nous avons du temps avant l’arrivée des secours, ça ne coûte rien d’aller voir son bunker, fit Steven, en guise de décision finale.

 

– Soit on y va tous, soit on n’y va pas, s’indigna Summer, en frottant vigoureusement la tête de Perlin, pour montrer son énervement.

 

– Je ne dis pas le contraire, lui répondit Steven, s’il existe le moindre danger, tout le monde doit se mettre à l’abri. Immédiatement.

 

Près d’un bâtiment gris aux larges fenêtres ouvertes à toute jungle sur les palmiers de quinze mètres, on arriva au bunker à 8h42. Autour de l‘endroit précisé par Bali, tout était désert. Au sol, un socle en béton dormait sous les fougères humides et les fleurs de sous-bois. Devant la menace qui s‘approchait de lui, un lapin malgré tout s’enfuit. Dans leurs uniformes roses et défraîchis, Summer et Shirley pompaient l’air de Balo, en tâchant de le convaincre que personne n’aurait l’idée d’attenter à la vie des autres, sous prétexte que ce sont des survivants. Balo les regardait sans répondre en baissant la tête, en émettant juste un affaissement à peine perceptible sur la paupière de son œil valide. Si on moins on pouvait comprendre un traître mot de son jargon, de quoi se faire suicider un espion ! Au point où les choses en étaient, Tatol voulait en force passer le premier. L’accès au bunker n’était en effet qu’une mince ouverture métallique inclinée, dont la rouille se recouvrait  d’herbes et de mousses. Elle clôturait l’entrée d’un tunnel percé dans le camp lui-même depuis son origine, mais que personne n’avait jusque-là remarqué, en raison de la petite taille de sa porte. Sur son brancard soutenu par Akim, Cindy, Jenifer et Loana, Georges Pinson fermait la marche. Tout le long du chemin, il leur chanta « Une barette pour tes cheveux » et Loana l’accompagna de bout en bout, parce qu’elle connaissait les paroles par cœur. Sous les chapelets d’orchidées endémiques de l’île, on ne distinguait qu’une volée d’escaliers menaçants aux marches d’à peine un mètre qui plongeaient vers l’obscurité. Steven ordonna que ceux qui avaient des briquets ou des lampes-torches les sortent, puis commanda qu’on avance par couples, les uns possédant une lumière éclairant ceux qui n‘en avait pas. En bonne hôtesse, Shirley leva les bras pour illustrer les paroles du commandant, les relayer et faire dans l’ordre les démonstrations explicites. Bali et Balo s’engagèrent les premiers, ils disaient qu’ils voyaient dans le noir. Mériadeg hurla à l‘entourloupe, mais déjà tout le monde poussait fort dans son dos. Resté en dernier, Jack-André referma la porte grinçante, obturée de l’intérieur par un lourd volant d’acier, sur un proche univers souterrain à l’abri d’à peu près tout. Le copilote jeta juste un œil sur un pylône proche muni d’un pavillon encore grillagé, il aurait parié que cette bouche anodine cachait l’entrée d’un système de ventilation ayant pour but d’aérer cette cave bétonnée.

 

Le regard portait sur un vide inquiétant. Lorsque Jack commença à descendre, Loraine Careaway disait devant lui que cette escapade inquiétante lui rappelait « Le club des cinq », ce qui donnait une certaine idée de son âge. Ewin préférait se croire dans un « James Bond » et les autres ne disaient rien. Il y eut un grand Glang ! et une violente lumière illumina une pièce immense où donnait l’escalier, alors qu’on se rassemblait peu à peu en murmurant. Très fier de lui, Balo délaissa l’énigmatique commutateur pour inviter tout le monde à le suivre. Il était 9h14.Sur le carrelage sale mais en bon état de la pièce, il y avait beaucoup de bris de verre, des vieux journaux, des uniformes mités et dans un coin, on distinguait trois lits pouilleux. Bali insistait à son tour pour qu’on la suive dans un tunnel proche et lui aussi éclairé. Un coin beaucoup plus propre. On marcha ainsi un bon moment et les salles se succédèrent l‘une après les autres, des bureaux, des cuisines pleines de boites de conserve rouillées, deux longs laboratoires avec des carnets de dessins encore sur les tables et dans l’un deux, une gigantesque pince de crabe posée sur le sol emplissait pratiquement toute la pièce. Ils longèrent encore des dortoirs au confort spartiate, pour terminer sur une pièce d’une surface suffisante pour leur servir à tous de lieu de vie. Cet endroit anti-atomique devait à l’époque russicaine regorger de commodités pour au moins 500 personnes, elles le prouvaient en étant toujours là, dans l’état pitoyable que le délaissement avait provoqué. Des caisses et des caisses d’armes et de munitions variées datant des années cinquante, un vieux billard au tapis élimé avec ses boules, des tables, des chaises, des lits en fer à profusion, des armoires en bois ou en métal, parfois pleines de livres poussiéreux, mais aussi des pneus, des établis et des machines désuètes sans notice. Un vaste empilement de briques doublaient la longueur d’un mur, plusieurs bacs en tubes de fer étaient remplis de cordages. Pourtant, cette caserne aveugle d’un autre âge et destinée aux travaux souterrains multiples ne manquait pas de charme. Le tout, après les huttes de la plage et les baraquements vermoulues, ne dessinait pas forcément un décor désagréable. Ébloui par le luxe qui s’étalait devant lui, Michel Tatol reprenait le sens des affaires et se voyait déjà organiser des bourses d’échange. Dominique fouillait des sacs de noix, forcément pourries et Mériadeg porta en triomphe des bouteilles de whisky Youri Grant‘s. Moins drôle, Wanda venait de pousser un cri, elle désigna du bout du pied le corps momifié d’un grand chien loup brun replié sur lui-même. Tout ce mobilier, ces tapis, ces coussins, chantaient en fait aux âmes comme des retrouvailles avec la civilisation ; il y avait des verres, des couverts et des assiettes en grande quantité. Plusieurs robinets étaient fichés dans un mur, Brandon Poutrelle en fit jouer un, il donna son eau claire. Puiser, c’est épuiser, si elle provenait d’une citerne, nul ne savait combien cette dernière pouvait contenir. Au milieu de la foule restée sans geste, on respirait normalement. Ici pouvait vivre le naufragé idéal. Étrangement, personne ne semblait vouloir repartir tout de suite. Probablement que tous en avait marre d’ouvrir les malles. Certains même allèrent s’asseoir sur un lit, comme s’ils désiraient s’installer plus longuement. La communauté paraissait presque plus vivante. Le plus drôle était que dans cette effervescence de la découverte, on oubliait les secours qui devaient arriver.

 

– Je me demande d’où provient cette lumière, s’inquiéta Louis de Bourvil.

 

– On s’en fout, ça marche, coupa Carl Wash.

 

– Qui dit courant dit radio, lança Karl Ashnigof, avant de partir à la recherche d’un moyen de communication, qu‘il ne trouva pas.

 

De son côté, alors que les gens s’affairaient à inspecter individuellement le secteur en jouant les inventeurs-découvreurs, Shirley avait en son for intérieur une furieuse envie de baiser, peut-être pour chasser toute la tension accumulée, ou sa manière à elle de s’approprier cet endroit lugubre. En tout cas, son corps hurlait de ce côté là, puisqu’il fallait qu’elle se soulage, là, maintenant. Elle entraîna Steward dans un coin sombre, après avoir emprunté deux tunnels au risque de se perdre. Shirley voulait être pénétrée fort et rapidement. Il commençait à caresser ses seins qu‘il avait dégagés, en lécha les bouts tout en glissant une main dans sa culotte, lorsqu’un autre couple se présenta dans la même petite pièce, c’était Kim Kosanshian et le chercheur Pierre Simon Langevin qui venaient d’avoir la même idée. Ils auraient pu être gênés, car les poses des deux autres se montraient explicites, mais la situation avait plutôt l’air de les amuser. Les deux femmes étaient collègues, après tout. Kim commença à faire bander Pierre en train de succomber au charme de l’hôtesse, mais en réalité, elle ne lâchait pas Steward des yeux. Une sympathique manière de dire bonjour, mais aussi rien d’autre qu’une invitation sulfureuse. De fil en aiguille, Shirley roula une pelle à Pierre et puis Steward sauta Kim en levrette en la faisant crier, comme ça, vlan, pendant que Pierre s’occupait avec ardeur de Shirley sur l’un des lits. Elle poussa dans l’action une litanie de cris inachevés. Pour finir, après de multiples mélanges oraux dignes d‘un porno-movie, satisfaits d’avoir été embarqués dans la même pulsion, tout le monde trouva son plaisir au cours d’une vive excitation commune, suivie d‘une heureuse sensation de relâchement. Sur ce qui venait de se passer, bien malin qui pouvait trancher entre coquetterie et cri de survie, il trônait peut-être dans les esprit quelque chose de divin, un appel désireux de sanctifier par la force fécondatrice l’ambiance du sinistre bunker. Bien dans sa tête pour un moment. Seul Steward donnait l’air d’avoir quelque chose à regretter, ce qui n’échappa pas à Shirley.

 

– C’était physique, mon cœur. Elle pensait surtout que Pierre Simon avait un machin énorme.

 

Apaisés, ils s’en allèrent entre les tas de caisses rejoindre enfin les autres en riant, comme on vient de s’offrir à plusieurs une escapade libidineuse au cours d’une party ennuyeuse. La montre de Steward marquait à ce moment là 11H tout rond, l’heure exacte où la terre commença à trembler.

 

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Message édité par talbazar le 28-03-2019 à 16:26:33
n°56165564
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 29-03-2019 à 13:16:35  profilanswer
 

Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Madame de Maintenant.

 
https://zupimages.net/up/19/13/c5vs.jpg
 
Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Hiro Tissimo.

 
https://zupimages.net/up/19/13/kl64.jpg
 
Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Rastignac.

 
https://zupimages.net/up/19/13/245x.jpg

n°56172094
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 30-03-2019 à 09:30:59  profilanswer
 

Salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : Noeud coulant pour Martin Smith. Extrait numéro 61.

 

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 Le fameux lion blanc Roy Larymore, que l’on disait capable de pondre une idée par minute, tenait en fait physiquement plutôt de l’espèce du chat albinos. Une longue asperge pas très baraquée. Le fils du député Richard Larymore les reçut avec le journal Hawaii News à la main, Angèle le remercia tout de suite avec son plus grand sourire, pour l’amabilité qu’il faisait aux représentants de la police française, en leur offrant gracieusement les honneurs de sa sublime maison. Un beau mec bien rasé au costume bien coupé, mais il avait un vilain point noir sur le front et elle en fut contrariée. Il retourna le compliment avec la même politesse en serrant cordialement la main des hommes, non sans s’amuser de voir auparavant Jess Rosse et Teddy la Fouine se chérir mutuellement pour s’être trouvé la bonne planque. Gilbert regardait Angèle reluquer le mec à la dérobée, elle avait le droit à l’erreur. La malheureuse avait les joues comme du vermillon de peintre, à regarder six pieds plus bas l‘autre gommeux hermétique, mais ce n’était pas interdit par la loi. Certes, Roy était très grand, en bon fils de l’Amérique, mais ce n’était pas non plus un fantasme érotique. Les femmes ont parfois le choix tellement transgressant quand il s’agit d’aimer. Pour Jess, Roy se tapait juste une bonne petite gueule de boy-scout et de fils à papa, alors que lui, il était ici pour bosser et que Paris ne répondait pas. Larymore leur proposa du fin brandy en les invitant à s’asseoir dans le mobilier en rotin tressé avec délicatesse, ce qui faisait des fauteuils de purs chef-d’œuvres exotiques ; les étagères bien fournies et propres proposaient d’onéreuses collections privées. En bignant ses glaçons, le district attorney reconnaissait ne rien comprendre au cas du mystérieux docteur Hubert Van Degaffe.

 

– Ses « travaux » couvrent, vous me dites, de vastes champs d’expérimentation, comme l’exploration de la souche, la synthèse d’une vibration pure, le rajeunissement programmé, l’adénoplastie molléculaire, l’organe éternel, tout ça à l’aide de différentes techniques issues de son génial cerveau ?

 

– Si vous permettez, intervint Gilbert, Vous devriez provoquer l’arrestation du directeur US de la Samsara Foundation. Le professeur Brüder Karamasow en sait plus qu’il ne veux bien le dire sur ce qui se passe sur ce territoire.

 

– C’est possible, mais nous avons peu d’élément ou de témoins à lui avancer, en dehors de notre petite Echo 16. Il n’osa pas la chatouiller, elle s’en foutait, des caresses, des piqûres, comme du reste.

 

Angèle regardait Roy parler en buvant dans son propre verre un truc super fort. Cette fois ça y était, elle venait d’écouter sa voix en le sentant, en faisant tournoyer dans sa tête l’amour, la mort, le pouvoir, le fric. Musicalement, l’écouter parler était suicidaire pour une femme comme elle. L’émotion, presque italienne, était sublime et réconciliait le corps et l’esprit, au plus profond d’elle-même, il avait juste relevé le menton en pleine lumière, devant le drapeau américain. Angèle se voyait sapée d’une somptueuse robe rouge, avec la main levée, en train de vivre une émotion sublime. Roy faisait naître en elle une esthétique de l’impatience, elle rêvait d’une intimité de parole, tout en mâchouillant son crayon. Il déroulait la liste pour argumenter le fruit de ses principales conceptions et autre réflexions découlant de son ressenti envers l‘autre cinglé ; Angèle se perdait dans les inter-textes en écoutant parler le poète. Il allongeait toutes les voyelles et il en consommait pas mal. Souvent sur la montagne au coucher du soleil : Angèle se demandait si son verre n’était pas drogué. Elle se disait, ma vieille, déracine et roule, on discute entre adultes professionnels, Roy n’est pas en train de décortiquer des versets bibliques. Il avait une saleté de point noir planté bien comme il faut sur le front. Arrière, arrière, odieux serpents aux faces de ténèbres qui soufflent d’un mufle maléfique ! Angèle perdue dans son collant, le cœur tout à coup mordu comme un crampon, passa subitement dans les toilettes, nickelles et à l’odeur de sapin. Même ses chiottes avaient l’odeur du jardin de l’enfance, dans lequel Angèle déambulait déguisée en princesse noire, pour chasser les dragons avant l‘heure du goûter. Il fallait calmer au mieux ce cœur obsédant qui ne correspond. Elle entendait en bruit de fond la voix enchanteresse du maître des lieux parler d’une rude campagne électorale, elle savait que le prince charmant parlait de son vieux père Richard Larymore. La glace fixée sur le carrelage violet la regardait en buste, immobile, en train de se refuser d’agir. Angèle resta fixer le miroir, à se regarder en face, elle-même, si pâle, devant ce corps de madame tout le monde qu’adorait tripoter en loucedé Gilbert la Fouine. Elle se trouva vieillie. Question de lumière, peut-être. Elle resta un instant vide, sans penser à rien, puis elle s’imagina dans les toilettes d’un laboratoire, après avoir reçu dans les veines des cellules souches adultes issues d’un truc inavouable, garanti entre 8 et 25 ans. Des effets immédiats à court terme, méthode respiratoire incluse. Un effet durant quarante ou soixante ans. Elle fit un effort pour que ses pieds gardent le contact avec le sol. Elle alla faire pipi, juste pipi, sans penser à Lary, parce que c’était partout dans le monde la Journée Mondiale de la sécurité.

 

Les hommes papotaient et revenaient sur la vraie raison du sommet, puis s‘en affranchissaient avant d‘y revenir ; mais rien à foutre de son absence, ça faisait plaisir. Guy s’empiffrait de pistaches, devant une Echo 16 un brin paniquée par l’intense activité culinaire développée par son pote. Elle lui parlait du cholestérol, des risques générés, il ricanait entre deux noix qu’il souffrait d’acouphènes, qu’il entendait plus rien, mais on voyait bien que la rate tenait bougrement à lui. Gilbert tenait son verre vide et sortait en français des trucs sur l’Amérique, il parlait de barbecue électrique. Jess louait le charbon. Il commençait à faire tard et, visibles au loin par la fenêtre, les feux brillaient déjà sur les bases militaires. Après un nouveau verre, un larbin de Roy leur montra les chambres prévues pour eux, Jess et Gilbert en partageaient une à deux lits. Par contre, Angèle avait le droit à un véritable palace équipé d’un dressing, d’une douche et d’un wc privé. Devant cette nouvelle manifestation obligeante du don Juan hawaïen, la pauvre sentait son intégral géniteur se transformer peu à peu en compote. Gilbert avait son lit collé au sien, elle l’entendait derrière la cloison discuter avec Jess. La policière était installée au poil et on pouvait dire tant mieux, la situation durerait peut-être un moment. Elle savait qu’après 25 minutes seulement d’acclimatation pour renifler la piaule qu‘on lui avait donnée, Teddy viendrait frapper à la porte de la sienne pour lui demander un truc et trouver l’occasion de bavarder. Elle n’était pas d’humeur à parler boulot, comme elle n‘avait pas non plus l‘intention de lui faire un strip-tease, en tout cas pas ce soir.

 

Cette même nuit-là, Gros Bill en silhouette derrière un projecteur poussait l’eau froide avec Molokaï dans le dos, sur un bateau battant un petit pavillon de la Samsara Foundation. Ses gars dispersés sur le pont formaient une armée, on aurait dit des vikings cherchant la cogne. Grand Tonio donnait son avis à Pitou le Tatoué, il formulait qu’on ferait mieux de balancer tout de suite Brüder Karamasow à la flotte. Ricki le Dingo intervint pour préciser que le patron avait ordonné sa crémation, point final. Sous la pauvre toile tendue par des câbles à l’avant du bateau, Cannibal Cult, Grand Tonio, El Barbudo, Jim Main Folle et les autres prenaient le vent et les embruns en essayant comme des cons de voir des nuages, mais la nuit était vraiment tombée. Il fallait une bonne raison pour rameuter la troupe au complet, mais Gros Bill avait surtout en tête les petites fesses tendues de Vaya Condios. Il n’avait pas besoin de se creuser les méninges pour y chercher de complexes motivations, il suffisait d’obéir en tout point au toubib. Et tout d’abord, en débarquant à Honolulu, la bande devait cramer la Samsara. Ils débarquèrent en bon ordre pour mouiller en place réservée sur l’Ala Wai boat harbor. Près du restaurant, une voiture giclait plein phare, portes ouvertes, à côté de deux autres plus discrètes. On les attendait. La haute tour Prince Waikiki brillait comme les joyaux de la couronne au-dessus du comité d’accueil. On tapa les cinq avec Sam wishper, Vic Rasor et Kwai Chow, avant de bourrer les bagnole et de filer discrètement vers Diamond Head. Les gars avait des bidons d’essence dans leur coffre et offraient dans la poche de leurs vestes des pétards en renfort. Ces trois nouveaux venus ne conduisaient pas seulement des charrettes la nuit, ils nourrissaient en permanence des intentions carnassières. Encadré par Le Barbouilleur et Joe Gangsta, Karamasow ne disait rien. Il était simplement content d’être libéré, il avait promis de retrouver Echo 16. Les consignes ordonnaient qu’ils passent à l’institut avant qu’on ne le ramène chez lui. Après avoir dépassé les baraques à piscines, ils longèrent les pylônes et les longues clôtures électrifiés à vitesse modérée, pas un chat ne rôdait dans le secteur. Sam et Kwai se garèrent sur le parking à moitié vide, en laissant le moteur tourner, pour aviser ; Vic et Gros discutaient tranquillement. Après avoir filé le volant de la première voiture à Brüder, on redémarra en file et en bon ordre, pour pénétrer dans l’enceinte, derrière laquelle se révélaient les impressionnants bâtiments blancs de la Samsara Foundation.

 

– Protéger la science, c’est protéger le monde, balança Moonshine Booze, dont la peau noire était brillante de sueur.

 

– Ta gueule. En disant ces mots, Cannibal Cult fixait intensément la guérite du gardien qui gardait les portillons, en essayant de jouer les positifs.

 

– On passe crème, estima Pitou le Tatoué. C’est con que Pizza Gigante ne soit pas avec nous. Si ça se trouve, avec sa guibolle en vrac, plus tard il va boiter.

 

– Un coup du destin. Le cœur d’El Barbudo battait au même rythme que l’allure de la voiture, très doucement. Toute sa vie n’était qu’un film sombre inspiré de faits réels, si quelqu’un pouvait le comprendre. Des fois, il rêvait d’empoisonnement de masse.

 

– Mon gosse a fait une dent, lâcha Pitou, comme si les autres en avaient quelque chose à secouer.

 

– Quand même, fit Moonshine Booze, alors qu’ils patientaient à l’arrêt derrière les autres, pour laisser le temps à Karamasow de filer son badge et ses papiers au gardien, vivre de manière éternelle, c’est super mortel.

 

– L’élixir d’immortalité ou je ne sais quoi du docteur Van Degaffe, de toute façon c’est pas dans nos moyens, rajouta Cannibal, rien que pour le faire chier.

 

– Je le savais bien, fit encore Pitou, alors que les lourdes grilles se refermaient sans problème derrière eux. S’il avait fait le malin, ce con de gardien aurait très bien pu mourir de sa main. Une idée somme toute assez accrocheuse, puisque qu’on devait buter ce mec en partant.

 

En pénétrant le bâtiment d’accueil de la Samsara, on n’entrait pas dans une cabane de bidonville. Peut-être qu’on aurait droit à un feu d’artifice splendide, avec bouquet final, il y avait là-dedans tellement de mystères inavoués. Pour le moment, les bidons restaient sagement dans les coffres. Un incendie,¨même de grande ampleur, c’est rien d’autre qu’un passe-temps pour un tueur à gage, une parenthèse amusante, avant de repartir rayonner sur le monde pour tenter de l’éliminer. Il fallait à présent gentiment mettre le professeur Brüder Karamasow sur la bonne orbite. Gros Bill l’invita à rejoindre son bureau, puisqu’il devait lui remettre des documents exigés par Degaffe, la baudruche se voyait par conséquent disposé de pouvoir. En passant devant les cages de l’animalerie, grandes ou petites, Joe Gangsta frôlait les fins barreaux du doigt, peut-être qu’il imaginait une évaluation de sa carrière vers un secteur scientifique, genre spécialiste des scènes de crime. Pas plus que lui, les autres ne voulaient savoir quel genre de bestiaux pouvaient bien dormir là-dedans. Des rats, en majorité. Les braves bêtes allaient apprendre de nouvelles règles, on allait les griller. Alors qu’ils fermaient la marche, Grand Tonio et Jim Main Folle revivaient des flash-back et tenaient des propos pas très gentils sur une sale garce, la pauvre Baby la mèche en prenait pour son grade. Soudain rigolards, ils se calmèrent en pointant que dans la journée, ces labos étaient bourrés de merveilleuses stagiaires avec des croupes de déesses et que toutes ces chéries allaient dès demain partir à la recherche d’un autre employeur.  

 

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Très bon week à tous, prudence sur les routes.

 

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Message édité par talbazar le 31-03-2019 à 09:34:57
n°56186370
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 01-04-2019 à 12:31:58  profilanswer
 

Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Le Père Louis-Claude Maprune.

 
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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Justin Bridoux.

 
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n°56216472
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 04-04-2019 à 11:42:17  profilanswer
 

Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Kak et Mono Enstéréo.

 
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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Pierre Deplancha.

 
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n°56239090
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 07-04-2019 à 09:17:43  profilanswer
 

Salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : Biographie de Gaston Boudiou. Extrait numéro 50.

 

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 Gaston Boudiou fut-il à seize ans un agent au service de la France, dans le cadre de l’opération « Velours », à l’orée des années 70 ? Son livre très bien vendu « Une belle dans la tête - Editions Ali Mard 1984», sur les événements auxquels il a participé en mai 1968, après l’enlèvement de sa belle-mère, ne donne qu’un éclairage fortement biaisé sur cette réalité. Toutefois, la consultation par nos soins des notes de frais déclassifiées de la C.I.A pour la mi-juin prouve en tout cas une intense activité des Américains à Paris, à cette époque précise. Quand à elle, la Principauté de Monaco contactée par nos soins garde un mutisme éloquent sur cette affaire, alors qu’un de nos correspondants anonyme (noté cyclothymique) de la Principauté d'Andorre aurait reçu les confidences surprenantes d’un diplomate liechensteinois (noté libre-échangiste), en poste en Haute-Volta au moment des faits. En effet, ce fonctionnaire avoue avoir reçu un soir, de source sûre, des informations de la part d’un agent-double russe-monégasque (noté tachypsyque) non encore éliminé, sur le fait qu’un certain nombre de ressortissants du Liechtenstein examinaient alors attentivement la conjoncture parisienne ; la situation gravissime engendrée par la révolte des étudiants dans la capitale risquant de fortement déstabiliser les femmes au foyer et les enfants de cette lointaine principauté alémanique. De son côté, Antigone Inseouine de la Nouille (notée (hypersyntone) aurait-elle pu être, comme l’affirme sans détour Gaston au chapitre 12 de son récit, l’une de ces paires d’yeux et d’oreilles veillant sur la sécurité intérieure de sa propre nation ? Espion ou pas, Paris promet la plein transparence à l’horizon de 2071 concernant le véritable statut de Gaston Boudiou (non tamponné), sur la dramatique réalité ancienne qui nous intéresse ; bien que la presse de cette époque semble toujours faire état d’un simple fait-divers crapuleux. Si les services du renseignement français nous ont poliment nié l’existence de toute opération Velours en 1968, la vie de Gaston est cependant une réalité, nous laisserons donc le lecteur être le seul juge de sa vérité historique, pour lui permettre de trancher sur les activités occultes de Boudiou (pour lesquelles sa veuve demande aujourd’hui une reconnaissance financière officielle) ; nous lui accorderont volontiers, grâce à la lecture des livres à fortes ventes écrits par sa main, le bénéfice d’un doute. « Une belle dans la tête » déroule son lot de suppositions troublantes, qui viennent un peu contredire son précédent ouvrage sur le même sujet, «Une pelle dans la bête- Sélection de la Raideur-Digeste-1974». Aussi, pour des raisons de commodités évidentes, nous nous en tiendrons strictement aux révélations beaucoup plus accessibles des journaux concernant le kidnapping d’Antigone, une femme qui n‘était en aucun cas allergique au venin de guêpe, d’après le journal France-Soir.

 

Revenons donc aux faits. Le pire pour Antigone, après son enlèvement, est sans aucun doute de supporter l’odeur de son bâillon puisque pour l’empêcher de hurler, Raymond lui a serré sur la bouche le foulard qu‘elle portait jusque-là autour du cou. Un pur soie Hermès agréable et doux, sauf qu’elle l’a aspergé d’eau de Cologne «bien-être» et qu’à présent, ses narines sont en train de saturer à la limite du supportable. Alors que Raymond se tient à ses côtés, grave et silencieux, les effluves puissantes portent la pauvre femme au bord de l’écœurement. Avant de la pousser dans la voiture, il l’a effrayée avec un revolver pour l‘obliger à le suivre, du moins il lui a fait comprendre qu’une arme dormait sous sa veste. Il savait sans doute qu’elle ne l’aurait pas suivi avec les deux autres sans cet argument. Une menace que n’a pas vu Gaston, mais qui a eu le don de terroriser sa belle-mère. Un des types sorti de la Mercedes lui avait dit « Fait pas ton hystérique et tout se passera bien ». En trente secondes, alors qu’elle venait de faire avec intensité l’amour avec Raymond, les choses avaient pris une tournure dramatique. Encadrée par ces chiens, à présent elle se pense punie et se demande comment elle a bien pu en arriver là. L’éblouissant éclair romantique, au départ si exaltant et joyeux, vient sans prévenir de la réduire en cendres. Un coup de foudre malencontreux pour une saleté de gangster, cynique et manipulateur, un maudit bourreau au regard bleu acier, un être méprisable qui promet désormais de la tuer si elle ne se tient pas tranquille. Un monstre aussi froid et décidé que ses complices, qui se vante désormais de pomper un beau pactole à la source du compte en banque du roi de l’aluminium Hugo Inseouine de la Nouille, en échange de sa fille chérie. Ce triste amant s’était montré au départ si attentionné, qu’Antigone n’aurait jamais pensé qu’il puisse vouloir lui nuire. Elle n’avait vu en lui que le photographe un peu foufou et doué, avec qui elle se promenait parfois dans Paris sous la pluie, en lui tenant la main. Ce type prouve maintenant qu’il est un maître de la simulation. Raymond est l’antithèse d’Emile et incarne un jeune fauve avec qui Antigone osait boire une bière de temps à autre, après avoir réussi le tour de force de l’allonger sur un lit d’hôtel ; car même s’ils avaient couché ensemble plusieurs fois, elle ne s’était par contre jamais rendue chez lui.

 

A présent, la terrible zone d’ombre recouvre complètement tout autre sentiment ; elle sait, ou elle sent qu’il ne plaisante pas et qu’il est parfaitement capable d’aller jusqu’au meurtre. Ce rapt sans parade prouve encore, s’il le faut, l’odieuse détermination du photographe. Le type au volant se tourne un bref instant vers elle. Sous sa casquette de turfiste écossaise, il s’agit d’un type d’âge mûr et la captive se demande s’il n’est pas alcoolique, parce qu’avec sa trogne couperosée et ses grosses valoches sous ses yeux pisseux, il en a tout l’air. En revanche, l’autre inconnu est jeune, pas trop bien rasé et particulièrement nerveux ; avec un grand nez pointu, des pattes brunes collées aux larges oreilles et des paupières à peine ouvertes sur des yeux qui, sous ses grosses lunettes, lancent un regard franchement menaçant. Une parfaite gueule de pervers sexuel prénommé Christophe, vrai ou faux, elle vient de l’apprendre à la dérobée. En tout cas, il lui colle les cuisses comme c’est pas permis. Ces deux connards s’additionnent bien entendu à Raymond pour emballer le cœur de leur prisonnière à cent quarante à l’heure. Les deux complices ne provoquent pas une satisfaction d’esthète, il offrent plutôt une vision de gus amateurs de violence et sont peut-être, comme certains, mal remis de la guerre d’Algérie. Des mecs qui ont depuis longtemps cessé de regarder le monde avec des yeux d’enfants. Cette eau de Cologne qui lui viole le nez donne à Antigone une sensation proche du mal de mer. Comme si elle se sentait la force de leur sortir une performance vocale, aussi terriblement confinée dans cette voiture qui la mène on ne sait où ! Non, bien que sa poitrine batte une atroce chamade sous sa belle robe Cardin, elle s’efforce de garder son calme et prie son Dieu, en tâchant d’atteindre le plus haut des cieux. La trahison de ce chien de Raymond est tellement brutale. Elle apprend à ses dépends que le kidnapping figure parfois au sommaire des manuels du séducteur, illustré au passage par un bon coup de barre à mine sur la tendresse sincère et innocente. Antigone se sent tellement impuissante, prise dans le piège dangereux au suspense implacable de ces trois affreux, un traquenard sordide qui la fait désormais trembler d’effroi. En la cramponnant sur le trottoir pour l‘obliger à monter de force dans la voiture, Raymond lui a fait un énorme bleu sur le bras.

 

Après avoir un temps longé la longue file des wagons de banlieue de la S.N.C.F, ils roulent dorénavant en pleine campagne, à l’essence ordinaire et dans une vraie familiale allemande au coffre géant. Gilles allume le poste de radio, la disparition d’Antigone n’est pas signalée. Le conducteur parle de chiens, d’armes et de gibier, les autres l’écoutent sans répondre. Christophe, le jeune binoclard vicieux, invite au bout d’une heure le chauffeur à quitter la route, pour emprunter un chemin empierré, tout de bosses et de creux. Antigone vient d’obtenir le droit d’enlever son foulard et respire mieux, elle réclame aussitôt le droit de se soulager, Raymond lui dit qu’on arrive et qu’elle doit patienter. L’habitacle retombe d’abord dans un silence pesant, puis Antigone lance à Raymond un regard de défi, en le fixant avec ses immenses yeux noirs :

 

– Mon mari est actuellement en Amérique et mon père à Palma de Majorque, vous croyez qu’ils vous attendent ? Combien demandez-vous ?

 

– 500 millions de francs. C’est Gilles qui a répondu.

 

– Mon père ne passera pas à sa banque, messieurs, ajoute Antigone sans s‘énerver, vous-vous mettez le doigt dans l’œil. Il n’acceptera jamais de signer un chèque pour me libérer.

 

– Allons, allons, lance ce salopard de Christophe en lui tamponnant le genoux sans façon, il ne sera débité que le mois suivant.

 

Disant ces mots, il déclenche aussitôt une franche hilarité de la part de ses complices, Gilles en tape même deux fois du poing sur le volant gainé de cuir. La voiture souffre encore un moment au gré des chaos et puis se gare enfin devant la vision désolante d’un château sans aile et ruiné, dont la cour enherbée s‘encombre d‘un véritable dépotoir. La dégradation de la bâtisse abandonnée est visible à tous les niveaux, des hauts murs lézardés au toit en ardoises à moitié démoli, lequel doit transformer ce lieu sinistre en royaume des fuites. Un manoir en pierre peut-être autrefois glorieux, qui semble être du 17ème siècle, avec une prétentieuse tour unique en façade. Le délabrement du bâtiment n’a d’égal que son incroyable isolement au milieu de nulle part. Très, très loin des plaisirs du monde, puisque Antigone n’a pas la passion des vieilles baraques sans eau courante, fussent-elles les nobles vestiges oubliés d’une carcasse disjointe aristocratique. Ici, le monde ne rêve plus et l’angoisse jusque-là contenue par la jeune femme aux traits décomposés lui tire quelques larmes des yeux, elle tente alors une fois de plus d’atténuer sa colère et sa peur, mais elle n’est pas de taille à lutter contre ces trois cinglés. Raymond tient la portière et bombe le torse en signe d’autorité pour faire descendre son ancienne maîtresse, il n’a plus rien du type avenant qui lui offrait des fleurs. Gilles pousse la porte sans vitre d’un fort coup d’épaule, l’entrée donne sur un escalier en marbre monumental qui ne peut toujours pas masquer sa splendeur déchue, en dépit des ordures et des gravats qui encombrent ses marches. Christophe pousse Antigone dans le dos pour qu’elle bouge et Raymond l’invite à grimper à la suite de Gilles. Parvenus à l’étage où règne la même désolation, ils parcourent un long corridor à la tapisserie gondolée et jonché au sol de cadres brisés, qui révèlent des photos jaunies de personnages chics aux figures sévères. Antigone marche sur un journal aux pages craquantes daté de 1937, puis Raymond sort une clef de sa poche, avant d’ouvrir la porte de ce qui devait autrefois être une chambre. Il y règne une désagréable odeur de rance et de moisi. La gorge serrée, Antigone observe les trois lits de camp, le vieux divan crevé et ses coussins défoncés, les rideaux sales sans doute roses, qui tombent en lambeaux. L’unique fenêtre possède encore toutes ses vitres que la crasse obscurcit, puisque même le soleil semble impuissant à venir éclairer cet endroit glauque et pourrissant.

 

– Tiens, c’est ton coin, lance Raymond, en désignant à Antigone une partie de la pièce séparée par un simple paravent au tissu délavé, imprimé de chinoiseries défraîchies.

 

A coté d’un autre lit de camp sans couverture, elle aperçoit aussi un simple seau hygiénique. Légèrement goguenard, Gilles tient dans la main un fusil de chasse sorti on ne sait d’où, puis il lui lance qu’il faudra qu’elle fasse avec.

 

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Bon dimanche à tous, prudence sous la couette. [:pepe le moco]

 

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Message édité par talbazar le 11-04-2019 à 07:54:28
n°56278577
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 11-04-2019 à 14:30:38  profilanswer
 

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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Fidel Castré.

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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Léon Dulation.

 
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Message édité par talbazar le 11-04-2019 à 14:31:12
n°56294373
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 13-04-2019 à 14:30:06  profilanswer
 

https://zupimages.net/up/19/15/inls.jpg

 

Salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : L'épilée du Nil. Extrait numéro 96.

 

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A l’heure d’aimer, c’était toujours le bazar dans les trois esprits de la momie rassérénée. Schrèptètnuptèt désirait un homme, Ramassidkouch voulait une femme et Tahosétlafer rêvait simplement d’étreindre Néefièretarée. Trois visions du plaisir très différentes, nées du miracle de vivre dans le cerveau autrefois mort de ceux qui ne provoquaient plus aucun désastre, ni chaos, du fait que Schrèptètnuptèt possédait encore dans son estomac l’amulette de vie. En son fort intérieur, la mère de Moisi traitait toutefois son frère et mari Ramassidkouch de macaque priapique, ce dernier l’accusait de n’être qu’une simple aventurière en robe de soirée et Tahosétlafer leur reprochait à tous deux de n’incarner que d’odieuses tumeurs malignes. Ce bel organisme échappé miraculeusement du trépas et encombré par une triple entité avait plus que du mal à réguler au jour le jour les turbulences qui l’animaient. A chaque instant, Schrèptètnuptèt Tahosétlafer Ramassidkouch suait pour définir en bon respect les devoirs de chacun, afin d’éviter que les fantômes qui l’incarnaient ne viennent à se déchirer davantage. Jalousies et complots de cour n’animaient cependant plus en priorité l’étrange cohabitation de ces vies mal accordées ; trois renaissances que le maître embaumeur défunt Jpeulfèr-Amémêmsou-Jedi avait glissées avec science dans la peau au grain parfait de Schrèptètnuptèt. La momie portait sur le monde un regard nouveau, parce qu’il n’était pas donné à tout le monde de le voir avec six yeux, mais elle ne savait plus quel sens exact donner à son étrange existence. La vérité était qu’en ayant vaincu individuellement la mort, chacun traitait à présent l’autre en parasite de lui-même, ce qui faisait de cet étonnant triple revenant un formidable halluciné. La ténacité exceptionnelle de ces vies, à peine sorties de l’ombre implacable du caveau, ne faisait certes plus agir Schrèptètnuptèt Tahosétlafer Ramassidkouch dans la folie collective de terrifiantes chimères criminelles, le monstre apaisé n’affirmait plus sa cruauté en assassinant de pauvres paysans, mais ils et elle avaient néanmoins bien du mal à bondir de joie. En étant à chaque moment traversée par les bouffées d’influence des trois autres en son sein, la momie impérissable devait se faire le jouet d’une oppressante mais nécessaire solidarité ; avec pour résultat de transformer par moment son existence en cauchemar personnel. Une fois de plus, ils votèrent donc pour une prudente abstinence, avant de décider d’aller se promener en litière dans les rues d’El Amarné.

 

C’est ainsi que le scribe royal Rastapharî signala d’abord à sa divine maîtresse l’absence dans le garage du palais de la belle Simkâ royale, puis peu-après les morts de son maître-porteur Amékel-Vachar et de l’organisateur événementiel Lâchetessous-Mécétrocher. Elle apprit surtout par l’intermédiaire de Françoise la gauloise, la réceptionniste de l’hôtel Royal Livingstone (*** Isis), que les meurtriers s’étaient enfuis en caravane avec Moisi. Le fils de Schrèptètnuptèt était donc bien vivant. Naturellement, Tahosétlafer et Ramassidkouch se détachaient du problème, mais la belle-sœur de Néefièretarée était outrée que l’on puisse attenter à la chair de sa chair et demanda à ses autres en elle leur sincère coopération pour le retrouver. L’Ânkh qu’elle avait ingérée transformait tout d’un coup Schrèptètnuptèt en maman responsable. Après de longs palabres intérieurs, ils accordèrent enfin leurs volontés, puis ils décidèrent de réparer la sensibilité blessée de Schrèptètnuptèt en se mettant en route sans attendre pour quitter El Amarné. Un vent brûlant soufflait depuis des jours sur la contrée, en couchant près de la piste les herbes décolorées, mais la crue du Nil verdissait heureusement les prés où s‘ébattaient les vaches tachetées. Dans la splendide litière à la mervelleuse sellerie cuir et tissu, mais commandée par un nouveau chef, Tahosétlafer houspillait Schrèptètnuptèt en lui disant qu’elle aurait dû mieux contrôler sa fécondité lorsqu‘elle vivait, alors qu’elle pleurait simplement l’absence de son petit garçon boiteux aux yeux ronds divergents. Quand à lui, Ramassidkouch évitait pour une fois sagement de ramener son grain de sel là-dessus, puisqu‘il était le géniteur du précieux môme. Le dépouillement des proches terres désertiques l’incitait juste à profiter, par l’intermédiaire des yeux de son ancienne maîtresse et sœur, des beautés simples de l’univers sous la lumière crue du soleil de l’Egypte. Derrière eux, le cortège traînait un grand nombre de notables jeunes et vieux, des putains et des servantes, des scribes, des perruquiers, des maquilleurs, des cuisiniers, des porteurs de valises et de tabourets, de lampes ou d’éventails, des chevaux, des chameaux et tout ce qu’une noble dame se doit de trimballer lorsqu’elle voyage au loin. A chaque fois qu’un garde croisait sur la route un fellagha, il lui demandait s’il n’avait pas vu l’héritier de l’Egypte et à chaque fois l’autre répondait que non. Cahin-caha, le noble train foulait le sable de la piste qui menait vers la bourgade de Nikzem, mais les panneaux indicateurs la donnaient encore fort éloignée, alors que d’autres plus ponctuels mettaient les voyageurs en garde contre les risques d’inondation.

 

Entrée, plat, fromage et dessert. De temps en temps, on s’arrêtait pour pique-niquer à l‘ombre des palmiers. Sur ordre de la direction, les solides porteurs germains aux pagnes bavarois posaient alors la litière sur l’herbe jaunie et les belles domestiques leur servaient des litres de bière pour refaire le plein, en jetant sur eux des regards troublants. Près de la route, les gardes se préparaient pour la cérémonie du thé et Schrèptètnuptèt Tahosétlafer Ramassidkouch ne donnait rien d’autre que l’image d’un femme sensuelle, voir joyeuse, qui filait la pièce aux gardiens des temples par finesse psychologique. Les multiples glissements d’identités de leur patronne ne sautaient pas aux yeux des courtisans, puisqu’elle n’agissait plus en version meurtrière. Les privilégiés thébains s’occupaient d’ailleurs plutôt à débattre entre eux sur la majesté des sanctuaires rencontrés ou les risques engendrés par le développement effréné du tourisme de masse dans le pays. Ils conspuaient surtout le sans-gêne pénible des gaulois arriérés, amateurs de sangliers rôtis et de rigolade facile. Cependant, un nouveau drame se préparait, parce qu’on était lundi, précisément le jour des raviolis. En raison de l’effet fortement laxatif de ce plat et d‘une probable contamination alimentaire, Schrèptètnuptèt Tahosétlafer Ramassidkouch allait en effet vivre après son repas une nouvelle tragédie intime. Le corps de la momie, violemment attaqué par une virulente bactérie qui toucha du reste plus modérément toute sa suite, vécu alors une désastreuse turbulence intestinale. Au plus fort moment de sa tempête gastrique, elle fut malgré-elle contrainte de se débarrasser par les voies naturelles de sa petite croix de vie en argent. Elle n’eut pas le temps de redevenir fougueuse ou sauvage, puisqu’elle tomba aussitôt dans une mystérieuse léthargie qui la laissa étendue sur le sol. Une énigme bien difficile à résoudre pour les médecins qui l’examinèrent, alors qu’ils essayaient de piocher un possible diagnostic dans le Livre de Thot. L’un voyait dans le phénomène l’influence néfaste de l’étoile Soped, l’autre le doigt de Maât, ou bien encore un défaut du Ba, du Ren ou du Khaïbit. Une chose semblait cependant évident pour tout le monde : le Ka de la malade, qui puait à nouveau atrocement le paprika, venait de salement morfler. A tout hasard, un prêtre convoqué en urgence offrit deux moutons et une chèvre à la déesse Ammit, force de la réincarnation. En apparence, Schrèptètnuptèt Tahosétlafer Ramassidkouch dormait paisiblement, elle respirait toujours mais son triple esprit avide de terreur charriait à nouveau d’abominables idées belliqueuses. Sous ses beaux yeux fermés, les anciens trépassés bataillaient à nouveau comme des chiffonniers, au sein d’idées contradictoires et vénéneuses, pulvérisant la force de cohésion du Sektem de la réincarnée, transformant l’Ab de son cœur-conscience en creuset infernal, rempli à ras-bord d’une épouvantable énergie invisible et hautement destructrice. Les prêtres du coin prièrent Isis, Osiris, Horus, leurs assistants brûlèrent beaucoup d’encens, mais la bouche de la momie restait close et nul ne se doutait que le calme apparent de ce corps physique endormi occultait en réalité une carapace des plus sombre. Nul ne savait comment guérir cette étonnante syncope et nul ne comprenait pourquoi Schrèptètnuptèt venait d’être la victime d’une aussi implacable paralysie. Quelque-uns des plus optimistes accusaient tout bonnement le mal d’amour. Les serviteurs se contentèrent toutefois de replacer l’évanouie sur la couche de sa litière, les bras sagement croisés sur la poitrine. Certains des fonctionnaires voulaient retourner au plus vite vers El-Amarné, mais la plupart des courtisans optaient pour continuer la marche en direction de Nikzem et ce fut cette décision qui l’emporta. Sans joie ni musique, les litières s’ébranlèrent à nouveau, précédées par la garde personnelle, des soldats aux casques de bronze et boucliers ronds rendus un peu inquiets sur les effets maléfiques de leur prochaine ration de fèves-légumes. Ils eurent en chemin vent de la bataille perdue par les shardanes commandés par Kessiamec, alors que la région fourmillait dorénavant de flics aux abois. Tous les officiers s’inclinèrent cependant dévotement, lorsqu’ils comprirent que la femme endormie dans sa litière n’était rien de moins que la propre belle-sœur de la pharaonne Néefièretarée. Ils ironisaient juste que ce n’était pas très malin, pour des thébains soit-disant instruits, d’oser se balader dans la campagne en pleine saison des crues.

 

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Bon week-end à tous, prenez-garde aux peaux de banane.

 

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Message édité par talbazar le 14-04-2019 à 08:52:28
n°56333279
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 17-04-2019 à 14:37:57  profilanswer
 

https://zupimages.net/up/19/16/yx9d.jpghttps://zupimages.net/up/19/16/3c4u.jpghttps://zupimages.net/up/19/16/0tli.jpg

 

Revue de presse.

 

Aujourd'hui : le réchauffement climatique.

 

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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Norbert Gamotte.

 

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Message édité par talbazar le 17-04-2019 à 14:49:22
n°56336658
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 17-04-2019 à 20:13:30  profilanswer
 

Le pro-fesseur Talbazar, celui qui dénonce ses potes comme en 42. [:pepe le moco]

 


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Et un nouveau jouet pour coloriser des photos noir et blanc, meilleure IA existante. Utilise une base de données singapourienne, mais ne jaunit pas les tronches.
Amusez-vous bien, merci pro-fesseur Talbazar !

 

https://colourise.sg/#colorize


Message édité par talbazar le 17-04-2019 à 20:31:16
n°56361544
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 21-04-2019 à 00:26:46  profilanswer
 

Salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : La saga du trône de Fion - Tome 2 - Sus au sein royal. Extrait numéro 49.

 

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La forge de Zazette perchait en rase campagne au lieu dit du « Bois Monjonc » et lorsque les sieurs Calagale et Juvenal s’y rendirent en compagnie d’Hilde, la damoiselle en tablier de peau s’y tenoit aux côtés de son mari Helleborus Niger ; occupé lui-même sous l’auvent à trancher une hanche de cerf, par fonction nourricière. Hilde se jeta aussitôt en liesse dans les bras du colosse, dans un partage des corps qui prouvait à lui seul qu’ils étaient frère et sœur. Puis la servante bisa de même deux fois sur les joues rouges de la forgeronne, puisque celle-ci était repue de la joie des entrailles que lui donnait son épousé. La chaumière s’encastrait à l’orée d’une forêt étouffante, laquelle fournissait toutefois une manne précieuse pour alimenter le feu nécessaire à l’ouvrage des métaux. Tout près, coulait une rivière où dansaient de fameux brochets et saumons, si abondants qu’ils auraient pu nourrir toute la vie et sans faillir un grand nombre de pucelles sans mari. N’était cette forge aux murs noircis qui prouvaient un labeur journalier, Calagale jugeait ce lieu parfaitement reposant. Un peu méfiante devant les étrangers, Zazette les invita dans sa demeure modeste qui faisait corps à l’atelier, dans lequel il fallut d’abord se frayer son chemin au milieu d’un grand nombre d’ustensiles. Ce n’était point tablée de grand seigneur et là, entre la cheminée et le lit clos que les vers depuis longtemps rongeaient, l’œil des chevaliers n’y voyait rien de précieux. Hanaps de pauvre corne usée, plats de terre ébréchés et un seul chandelier doré, qui à lui seul donnait un peu de luxe à la pièce enfumée. A tout parier, Juvenal estimait qu’aux repas, les deux manants se partageaient la même écuelle pour picorer. Le grand cerf écorché pendu au clou de la forge prouvait toutefois qu’Helleborus n’hésitait pas à entrer en délit de braconnage. Certainement, si les soldats de la reine venaient à chamailler ce géant pour qu’il avoue son crime, de grant oiseuse se mellaissent et prendroient tous de bons gadins sur la figure, avant que l’autre ne perdoit le rictus de son rire. Rien ne venait cependant prouver ici que dame Zazette était quelque part messagère du destin et la forge ne donnait point le sentiment d’être l’antre du diable. En vérité, la blonde gueuse n’avait en apparence rien d’une sorcière, telles ces vieilles chouettes bigleuses qui font l’hiver couler le sang des nouveaux-nés sur la blanche neige. Sur l’invitation des deux doigts de la métalleuse, l’assemblée se posa autour de la grande table afin de parlementer. Helleborus Niger s’empressa aussitôt de servir une piquette qui murmurait de façon claire : bois ou vas-t‘en. Même s’il n’était point noble, ce gars de haute taille portait à son majeur la bague d’une étrange ligue, car il était sans doute le sujet d’une secrète confrérie. Comme Calagale osait avec audace lui poser la question, il avoua sans gêne qu’il était membre de la Bronze Compagnie, qu’on connaissait aussi partout dans le Fion. Une secte de sorciers en doctrine commune, qui goûtaient la caresse des démons de la nuit sur les poils de notre sainte Kramouille ; d’inquiétants fils de l’ombre jurant sous la ronde lune en face d’étranges reliquaires aux runes mystérieuses. Les chevaliers se regardèrent en coin, ces adeptes de la Bronze Compagnie étaient connus pour concocter dans leur vase de bien vilains philtres magiques. De toute évidence, ce n’était point Zazette qui tranchait dans la nuit la gorge des poulets sur la pierre ancestrale, mais son mari. Les deux soldats avaient de toute façon sur cette question un point de vue hostile et les façons cachées de ces deux forgerons secouaient fort leur esprit apeuré. Bien au contraire, Hilde semblait plutôt se réjouir que son frère leur parlât ouvertement de sa connaissance en choses de magie.

 

– En bonne parenté, ma doulce Zazette, mon cher Helleborus, je vous prie d’accueillir avec tous les égards ces nobles gens qui nous viennent du Fion.

 

– Si tu les mènes chez nous, Hilde, c’est à coup sûr qu’ils vont nous demander une fiole de poison.

 

– Holà ! Qui te parle d’une modeste burette de ciguë ? C’est à vrai dire de quelques barriques opiacées que nous passerons commande, puisqu’il s’agit dans mon idée d’assoupir en bon sommeil toute la châtellenie de Touatuakagué, avec tous ses bourgeois et ses vaillants lanciers. La reine est grosse de peu et va bientôt marier le suzerain de mes amis, c’est l’occasion pour nous de profiter des noces pour faire main basse sur sa fortune, comprenez-vous ?

 

– Notre messire Jean Bon de Always, seigneur de l’Essexenrut, ajouta Juvenal, ne veut point ici produire de fils héritier. De notre côté, nous ne voulons pas guerroyer contre ce pays et perdre nos soudards en d‘inutiles combats, biax doux amis, puisque nous visons Mouyse. Quand à vous, pour le prix de votre aide, vous recevrez en retour de la paix le trésor du royaume, si vous garantissez pioncette à cette contrée. Nous voulons juste nous en aller.

 

Et donc, avant de partir, Calagale et Juvenal toppèrent la main calleuse d’Helleborus pour que le stratagème soit bien acté, de manière à concocter le dispositif permettant d‘éviter que le sang coule. Lorsqu’ils revinrent dans Touatuakagué, les hérauts aux étendards bariolés parcouraient déjà la ville en grande procession, leur annonce promettait les futures noces du noble Jean Bon du Fion et de Touatulanîkée à la bouche rieuse.

 

– Par la bénie Kramouille, les choses vont vite ce me semble, fit Juvénal à son compère, en arrivant sur le perron de la demeure royale. Espérons que nos empoisonneurs seront prêts pour endormir comme on a dit ce satané banquet.  

 

Au matin du grand jour, les cloches sonnèrent en carillon pour annoncer le mariage. Bannerets, barons, vicomtes, comtes, marquis et ducs arrivèrent en grandes pompes des fiefs avoisinants. Ils venaient surtout pour disputer tournois de fête, lesquels devaient avoir lieu pendant les jours suivants ; puisque le grand vainqueur recevrait en cadeau l’honorifique jarretière de leur majesté. De joie véritable, Touatulanîkée se séchait les yeux à son bliaut, toute émue d’entendre les trompettes sonner sur les créneaux, elle ne pouvait savoir que sous les tentes aux fières bannières, l’armée du Fion se préparait pour s‘en aller. Alors que les valets tressaient aux rubans de soie les cheveux de sa promise, Jean Bon s’efforçait de sourire et de paraître ému, car il devait donner le change. Déjà lui parvenait l’odeur appétissante provenant des cuisines, où l’on cuisait anguilles, grasses oies et roussolles, mais lui n‘avait point cœur à ripailler. Ses troupes campées sous les murailles avaient reçu des tonneaux de vin en provenance du château, mais la consigne interdisait très formellement de s’assoter, puisqu’il faudrait bientôt décamper en bon ordre. Dans quelques heures, Helleborus Niger viendrait à bout du sommelier, de manière à placer dans les coupes son pinard frelaté. Vint finalement le temps de la cérémonie de main droite à main droite. Dans la chapelle en bois, où, pendant que le seigneur Jean Bon et Touatulanîkée se disaient oui, (lui le nouveau mari faisant la promesse, en coutume du Fion, de faire craquer à tout jamais les reins de sa dulcinée), Calagale et Juvenal jouaient doctement le rôle des témoins. On passa dans les doigts des mariés les annelets dorés. Dans les rues en liesse que l‘on avait fleuries, on distribuait les miches de pains épicés et la donnée fut lâchée aux pauvres de la ville, lesquels recevaient en grand merci la pluie des pièces dans leurs paumes tendues.

 

 Le soir, dans la grande salle au sol recouvert de jonc propre et de menthe odorante, les hauts murs enrichis pour l’occasion par de beaux draps soyeux, les convives applaudirent leur maîtresse et son nouveau mari. Dans les hanaps, on fit couler en abondance le fameux vin drogué, mais les barons du Fion s’abstinrent d’y tremper leurs lèvres, tout en laissant les autres jouer les gargouilles à qui mieux mieux. Bientôt, la reine Touatulanîkée fut à moitié bourrée, rajustant avec mal la tenue de ses crins blonds et galonnés. Elle laissait voir sa cuisse par sa robe fendue et son médecin présent disait que pour l’enfant, il fallait qu’elle arrête de boire, mais elle préféra durement le rabrouer, puisqu’elle était enfin mariée. Au son de la vielle et du luth, les ménestrels se démenèrent pour réjouir l’assemblée, puis brusquement, les joyeuses têtes tombèrent dans les pâtés. D’autres se vautrèrent sur les plats d’or, les bras tendus comme en action de grâce et même les beaux lévriers s’étonnaient de les voir tout à coup si fortement ronfler. L’extinction des voix et des cris joyeux devint presque totale, puis le silence éteignit les bruits de la fête, prouvant aux chevaliers du Fion que le philtre des forgerons venait de fonctionner. Jeunes gens, jeunes filles, vieux barons et vieilles duchesses, toute la noblesse mondaine reposait à présent sur les viandes étalées. Alors que dans les salles de garde, dormait jusqu’au dernier soldat de l’armée de Touatuakagué. C’est le moment que Hilde attendait pour s’emparer des pièces et des joyaux du trésor royal, qu’Helleborus installa sur un chariot qui attendait dehors. Ils étaient sûrs de ne point rencontrer la patrouille du guet, dont les hommes roupillaient comme tout le monde, y compris la milice des gardes tombés sur les remparts. La servante avait même débarrassé la reine de son bel anneau d’or. La rouée savait bien que grâce à l’action de son frère, l’intégralité du castel mettrait au moins trois jours pour se réveiller. Dans la plaine, messire Jean Bon rejoignit son armée, non sans avoir ironiquement sucé les lèvres de sa fausse femme endormie en bon baiser d’adieu. Il fut suivi de Calagale et de Juvenal qui n’en pouvaient plus de rigoler. Les hommes portés en selle avaient déjà attelé tous les chevaux de bât. Dans le soir chaud et clair, alors que Jean Bon de Always donnait l’ordre à son ost de se mettre en branle, pour quitter au plus vite cette terre du p’tit lieu et le royaume de Touatuakagué, une clameur formidable s’éleva de toute part, poussée par les arbalétriers aux seins de fer pointus cousus sur leurs tuniques.

 

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Bon dimanche à tous, attention dans les escaliers.

 

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Message édité par talbazar le 22-04-2019 à 11:27:01
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