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| Auteur | Sujet : La moyenne Encyclopédie du pro-fesseur Talbazar. |
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talbazar morte la bête, mort le venin | Reprise du message précédent : https://zupimages.net/up/18/32/xgq7.jpg Le congélateur muséographique. Aujourd'hui : On est le 6 août. https://zupimages.net/up/18/32/3h52.jpg Message édité par talbazar le 06-08-2018 à 15:15:18 |
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talbazar morte la bête, mort le venin | Salon littéraire : Marité Hissedru avait toujours chaud, Marité la sexy s’habillait léger en toute saison. Elle s’avouait peu douée pour la guerre éternelle des travaux ménagers. Fleur fanée de la révolution et précoce victime de la French Connection marseillaise, au trafic encore confidentiel, elle repose sur son lit dans sa belle robe indienne parsemée de petits miroirs, symbolisant parfaitement par sa maigreur tragique la fin des illusions hippies. Au petit matin, la chambre de bonne crasseuse offre un bien triste mausolée pour la belle épicière et le cœur de Gaston se remplit de tristesse. Partie sans lui dire adieu, est-elle déjà en train de batifoler avec insouciance au coucher du soleil dans les champs fleuris, en compagnie de Marie-Charlotte de la Tronchedecon, son ancienne amie ? Le bras mitraillé d’un junkie est celui qui sort de l’eau, lorsqu’un dessinateur veut montrer l’image d’un type en train de se noyer. Dans un silence pesant, alors que Gaston et son père sont assis à côté du cadavre, la cousine Brigitte Parade prépare du café. La rue s’est tue, l’ampleur des dégâts ayant labouré la ville pendant les échauffourées de la nuit vont faire la Une des journaux. En attendant l’ambulance finalement appelée par Émile, Gaston regarde virevolter Brigitte devant le petit réchaud sale, une grande fille mince dont les yeux lancent de beaux éclairs bleus et qu’il ne connaissait pas auparavant. A la vue de ce petit cul qui le frôle dans la pièce étroite, il se sent soudain la victime d’une absorbante passion, un amour instinctif, naturel et profond. La voix douce de Brigitte coure dans l’ombre et fuit dans la pièce aux rideaux tirés pour lui demander combien de sucre il veut prendre, ce chant de rossignol fait trembloter le jeune garçon de frissons langoureux. Le geste qu’elle fait ensuite pour lui tendre la tasse de café brûlant n’a rien d’obscène, pourtant Gaston Boudiou abdique toute raison, la poitrine de Brigitte n’est couverte que d’un seul maillot blanc. L’amour de la sagesse et les présences de son père et de la morte empêchent le jeune homme de s’élancer d’un bond pour l’embrasser, dans une sorte de croisade personnelle pour échapper au pessimisme ambiant. Il voit très bien que Brigitte se rend à une fatalité identique, bien qu’elle aussi ne soit pas indifférente à la certitude de l’engagement de son vis-à-vis. En ce jour tragique, l’amour se débrouille pour faire son chemin entre ces deux-là, à la fois si proches et tellement éloignés par la circonstance, les regards dérobés qu’ils se lancent sont d’une intensité dramatique. En dépit d’une façade impeccable, leurs cœurs pour l’instant clos tapent à la porte d’un confessionnal muet. En observant le jeune garçon qui la regarde, Brigitte a séché ses sanglots causés par sa cousine devenue pétrifiée. Brillant au plus profond de la glace, le soleil de Gaston commence à la chauffer, la nature morte commence à s’animer, bientôt pour ces deux-là, quand Marité sera pour de bon enterrée, la coupe de la passion va sûrement déborder. La mise en scène du souvenir écrit exige de dire que Gaston baissa sagement les yeux et que Brigitte alla s’asseoir plus loin sans rien dire, pour finir tranquillement son café. Quand à lui, Émile se montre préoccupé, il n’a pourtant pas encore défriché les sentiments naissants noués par les deux autres, mais il fronce les sourcils en exprimant un état d’âme révélateur, une impression sans rien à voir avec la jeune défunte qui fut belle et rêveuse. Son esprit chagrin se nourrit d’autre chose, une inquiétude qu’il finit par avouer à son fils, sans même la maquiller d’une pudeur de simple défense. – Antigone me trompe, j’en suis persuadé. – Pourquoi tu dis une chose pareille ? demande Gaston, au comble de l’étonnement. – Elle s’ennuie avec moi, je la soupçonne d'être infidèle. Je voudrais que tu me dises qui elle rencontre. – Je n’en sais rien ! – Oui, j’imagine, mais fais-moi plaisir, essaye de le savoir. Fatiguée, Brigitte Parade se ramasse sur sa chaise, comme si elle refusait d’être concernée, d’ailleurs elle ne l’est pas. Peut-être qu’elle envie un peu sa cousine à cet instant là d’être privée de toute substance, cette jeune martyre de l‘héroïne auréolée par ses cheveux qui campe sur son lit une bien triste Ophélie. – D’accord, fait Gaston à son père, je te promets de mener mon enquête. Frayant son chemin sinueux entre les barricades éteintes, le macabre taxi des croque-morts est arrivé en bas de l’immeuble. On pose le corps de Marité sur un brancard après l’avoir drapée d’un linceul blanc, puis on lui fait descendre non sans mal le pénible escalier. Parée de sa robe de hippie pour son dernier voyage, elle passe devant la loge de la concierge qui n’a pas pu dormir à cause des événements. Pas question de compter sur cette vieille garce pour s’abaisser à la génuflexion des fossoyeurs. Non sans exprimer un brin de répulsion, elle plisse au coin de sa bouche une moue méprisante, lorsqu’elle se campe sur le trottoir pour regarder claquer les portes de l’ambulance. Après le départ du véhicule, elle rentre enfin dans son réduit en jetant au trio son regard mauvais. Auparavant, elle leur balance haut et fort pour bien se faire entendre, en essayant de couvrir les aboiements de son chien hideux : – Une saleté de droguée cette petite pute, je le savais bien. Le diable répond toujours au moindre appel. https://www.youtube.com/watch?v=p8oWXbGB-7o Message édité par talbazar le 07-10-2018 à 19:30:06 |
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talbazar morte la bête, mort le venin | Salon littéraire :
– Marité Hissedru, fille par trop insouciante de notre pays, marche à présent sur le chemin de la paix éternelle. Une sérénité qu’elle n’aura jamais connue, puisque nulle crainte de Dieu ne lui faisait baisser les yeux. Elle a gravement pêché de son vivant en dessinant ses mandalas sataniques et fut privée de la gloire de Dieu accomplie dans le Christ Jésus, mais nous savons qu’elle marche à présent dans sa justice sanctifiée par notre foi. Le Seigneur juge son peuple et offre néanmoins à présent son châtiment à celle qui a indignement profané le sang de l‘alliance en y collant sa seringue. Il ne s’agit donc pas d’un enterrement flower power, bien que le cercueil mouillé et ruisselant de Marité croule sous les couronnes multicolores. Le cimetière de Troulbed n’a rien d’un décor orientalisant. Gaston médite sur le rêve éveillé de son amie transformé en cauchemar physique, il tient pour l’occasion la main frêle de Brigitte, laquelle n’arrête pas de pleurer. Depuis l’effroyable chambre mansardée de la rue de l’Odéon, il fait tout son possible pour la consoler de la perte de sa cousine. Personne, dans cette calme enceinte des morts de Troulbled où ils sont réunis, ne semble avoir avalé des champignons de psilocybine, ni quoi que soit d‘autre. Gaston lui-même a levé le pied sur les bonbons psychédéliques. Ce n’est pas en ce lieu que l’on va entendre voler les airs du Velvet Underground qu’aimait tant écouter la rieuse défunte entrée dans le monde invisible ; cette fille perdue à qui on rend un dernier hommage, bien que le curé rappelle à tous que la pauvre femme aura toujours refusé de pointer à l‘usine. La brave intermittente de l’amour qui a offert, comme on s’en rappelle, sa première joie du corps à Gaston Boudiou. Non loin de là, gisent également Marie-Charlotte et son père le baron de Latronchedecon, à présent réunis pour l’éternité dans l’imposant caveau familial. Brigitte aux lunettes noires cramponne les doigts de son nouvel ami, puisque toute recherche implique des tâtonnements, les traits de son beau visage dessinent le masque d’une championne de la mélancolie et pour le jeune homme de bientôt 16 ans, ce tableau fait peine à voir. Il écoute distraitement avec son chagrin en bandoulière et il n’a qu’une envie, c’est d’envoyer ce stupide curé trempé aller se faire foutre. Fille déjà squelettique mais forcément aimée de l’univers, Marité Hissedru à l’âme damnée est embarquée dans sa lourde boîte en chêne, pour être ensuite confiée aux vers grouillants et aux bactéries. Troulbled n’est que peu concernée par les troubles de la révolution parisienne, qui demande derrière ses barricades en feu la levée de nombreux interdits. Il faut se rendre jusqu’à Bripue pour observer les ouvriers de l’usine de matelas, payés 840 F par mois, se mettre en grève à l’appel de leur syndicat, soucieux d’emboîter le pas à Renault (2 morts et 130 blessés en juin) et d’imiter la RATP et la SNCF. Alors que de Gaulle proclame « La réforme oui, la chienlit non ! », la France est paralysée par dix millions de grévistes. Troulbled ne s’inscrit pas vraiment dans la spirale planétaire et à bien des égards, on pourrait même penser que la petite ville lui tourne le dos, plus occupée par sa vie rurale et ses troupeaux de vaches qu‘autre chose. Pourtant, le petit écran parle aux habitants chaque soir. Hanoï et Washington décident de se serrer brièvement la main, le type opéré du cœur à Montpellier ne va pas survivre (140 transplantations cardiaques pratiquées dans le monde en 1968, seulement 25% de survivants). On craint encore que les femmes qui prennent la pilule ne fassent plus tard naître des mongoliens. Officieusement, la C.i.a espionne et met en fiche des citoyens américains pour raisons politiques, tout en violant le secret des correspondances, notamment les lettres échangées entre l‘U.R.S.S et les Etats-Unis. Des agents et des militaires expérimentent encore le L.S.D, ce qu‘ils font en réalité depuis les années cinquante. Dans la capitale espagnole, le général Franco raide dans ses bottes se fiche de la démocratie comme de l’an 2000. A Saint Tropez, le soleil brille plus que jamais sur la madrague de BB. Le Concorde est toujours en chantier, il volera l‘année d‘après. Au mois d’octobre, le 10, la veuve inconsolable de l’Amérique, Jacqueline Kennedy, 39 ans, épousera le milliardaire roi bronzé des armateurs, Aristote Onassis, dit Ari, 62 ans, sur l’île de Skorpios. Comme la ville de sa jeunesse qui ignore en apparence la folle valse du monde, Emile démontre quand à lui une sempiternelle humeur massacrante, mais son fils en connaît maintenant la raison, puisque son père se croit cocu. Gaston Boudiou n’oublie pas la mission de détective qui lui a été confiée, mais nageant dans un océan plus joyeux, pour lui, l’heure semble enfin venue de caresser les jolis seins sautillants de Brigitte Parade, au sac de toile à la mode estampillé Lufthansa, puisqu‘il ne peut se lasser d‘admirer ses longues jambes élastiques. Ils sont allés tous les deux au cinéma voir « Je t'aime, je t'aime », d'Alain Resnais, en se gavant de bonbons « Kréma ». Dans l’hôtel de Bripue où Émile a loué leurs chambres, Gaston va faire l’amour à Brigitte pour la première fois, imitant de fait un bon nombre de couples amoureux qui reviennent d’un triste enterrement. https://www.youtube.com/watch?v=_64nc_NLE_I Bon dimanche à tous. Message édité par talbazar le 07-10-2018 à 21:25:59 |
talbazar morte la bête, mort le venin | si je dois conclure, merci. Comme un croissant qui sort de son four. |
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