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Auteur Sujet :

La moyenne Encyclopédie du pro-fesseur Talbazar.

n°54103305
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 06-08-2018 à 15:11:14  profilanswer
 

Reprise du message précédent :
Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Alexis Zion.

 

https://zupimages.net/up/18/32/xgq7.jpg

 

Le congélateur muséographique.

 

Aujourd'hui : On est le 6 août.

 

https://zupimages.net/up/18/32/3h52.jpg


Message édité par talbazar le 06-08-2018 à 15:15:18
mood
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Posté le 06-08-2018 à 15:11:14  profilanswer
 

n°54152786
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 12-08-2018 à 15:44:50  profilanswer
 

Salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : L'épilée du Nil. Extrait numéro 88.

 

https://zupimages.net/up/18/32/nikw.jpghttps://zupimages.net/up/18/32/kk4w.gif

 

La triple entité Schrèptètnuptèt Tahosétlafer Ramassidkouch avait promis une récompense de 70 000 M (moutons), 40 C (chèvres) à celui qui retrouverait son gamin chéri. Mis à part l’absence du petit Moisi qui jetait une ombre au tableau idyllique, la momie coulait à présent des heures radieuses dans la ville d’El-Amarné, totalement investie par une heureuse sérénité. L’amulette ingérée avait pour ainsi dire génétiquement modifiée dans le bon sens la parente de Néefiertérée, la reine de haute et de basse Egypte, parfaite héritière des dieux, aimée de l’Egypte, fille de Rê, couronnée et aimée de Ptah et d’Isis, qu’elle soit comme Rê douée de vie éternellement. Une dernière proposition qui était cependant bel et bien le cas de la belle-soeur de la pharaonne en titre, grâce à la haute magie de l’embaumeur qui avait sorti de leur tombeau et lié de façon surnaturelle trois défunts en une seule incarnation. Selon toute apparence, il n’y avait plus rien d’alarmant dans sa conduite et nul ne pouvait soupçonner son terrible secret, ni le pacte auparavant diabolique qui soudait ses trois esprits gorgés de sang, au sein d’un cocktail physique plus ou moins explosif. Dans son riche palais improvisé aux toilettes en or, la noble Schrèptètnuptèt s’amusait naïvement et gardait les pieds sur terre, déambulant dans sa belle robe de nuit au sein de la débauche d’éclairage illuminant la vaste demeure mise à sa disposition. Même si se balader en robe diaphane et en jupe heurtait un tantinet les deux entités masculines. Parée de ses plus beaux joyaux et bracelets de diamants, elle dormait sur des oreillers marqués à son nom, prenait ses repas à la carte et s’ébahissait de la beauté des poissons nageant dans ses bassins ; tout en faisant coucou de la main, du haut de sa terrasse, aux gars de la brigade fluviale qui passaient sur le Nil. La crue du fleuve sous l’étoile de Sothis marquait en effet la première saison agricole et le début de l’année, tout en facilitant l’élimination par noyade des chiots en surnombre. Les circulaires du ministère du tourisme égyptien vantaient pour cette occasion la programmation de nouvelles croisières, dans le cadre d’une opération baptisée « Il était une fois le Nil » ; ce qui bien évidemment réjouissait l’hôtellerie des berges, souvent équipée de jeux pour enfants, de parc à gazelles et de rustiques bancs à pique-nique. De nombreux touristes romains amateurs de tourne-broche et d’hispaniques gourmands de garbonzos ou de nisperos allaient forcément mordre à l’hameçon du long et beau fleuve buissonnier. La belle comédie des vacances antiques au gré des mouille-culs égyptiens à voiles, pour rivaliser au mieux avec la palmeraie de Marrakech, si prisée des bobos lutéciens. A cette époque ancienne, il n’était pas encore question pour les celtes de passer l’hiver en Ethiopie. El-Amarné produisait une bière renommée, à présent dégustée en silence par Schrèptètnuptèt Tahosétlafer Ramassidkouch, alors qu’elle parcourait des yeux les faits divers inscrits sur le papyrus d’une gazette locale qui survivait grâce à la publicité.
 
 «Dans les couloirs d’une modeste maison du quartier Boujtarate, les commentateurs et voisins se pressaient nombreux, hier, après la mort suspecte d’une jeune fille qui venait de recevoir une robe neuve pour son anniversaire. Une fois revêtue de son nouveau vêtement apparement empoisonné, la pauvrette a sur le champ perdu 75 % de ses capacités pulmonaires, toutes ses dents et ses cheveux, avant de mourir dans d’atroces souffrances, en dépit d‘une hospitalisation d‘urgence. Conduits sous escorte et aussitôt entendus par la milice royale, puis finalement longuement torturés par de simples observateurs, les parents de la malheureuse ont étés présentés au tribunal en comparution immédiate, condamnés pour assassinat volontaire faute de pouvoir prouver leur innocence et conjointement empalés à mort ce matin même sur la place aux pourceaux. En raison de la chaleur, les obsèques de l’infortunée ont quand à elles été célébrées sans attendre aujourd’hui à la quinzième clepsydre au temple de Sekhmet à l‘autel de flamme brillante, pour un service funèbre et un embaumement commandé au chef des prêtres de la déesse, le noble recteur Fôpacsarate, adepte respecté du culte non réformé. »

 

Schrèptètnuptèt Tahosétlafer Ramassidkouch laisssa choir son papyrus et se gratta vigoureusement pour apaiser la piqûre de la puce qu’elle avait à l’oreille. Levant la tête en faisant étinceler son gorgerin polychrome, elle aperçut les gardes qui contenaient et refoulaient vigoureusement les représentants d’associations charitables, venus en nombre lui quémander du blé. Recherche médicale, aide aux chasseurs-cueilleurs du tiers-monde, Croix Ankh, autant de solliciteurs espérant recevoir quelques dons de la belle-sœur de la pharaonne. Comme elle était devenue très généreuse, que le cœur dominait à présent sa raison et que ce n‘était pas vraiment son propre pognon, la momie leur fit la promesse d’une obole conséquente par l‘intermédiaire de son chambellan, puis elle aspira sa paille pour avaler son reste de bière ; avant de se lever de son transat et plonger tranquillement dans la piscine de son beau palais de caractère, récemment labellisé Nature & Bois. Alors qu’elle (et ses mecs en elle) avaient complètement oublié son vœu d’imposture criminelle sur le trône égyptien, elle voulait simplement prendre un bain, avant de s’offrir toute nue en modèle aux peintres-sculpteurs.

 

Le chef des porteurs de la litière royale, Amékel-Vachar, l’observait nager de loin. Le mal d’amour de cette secouée du bocal avait l’air sincère et la récompense du fabuleux troupeau de moutons l’alléchait fortement. Appâté par une belle promesse de brebis et délaissant la vision de sa patronne qui nageait toujours avec délice dans l’eau bleue, il tourna les talons pour aller retrouver la nounou Keskiya et le petit Moisi, toujours prudemment confinés à l’hôtel Ibis. Il ne vit pas qu’il était lui-même suivi par l’organisateur événementiel Lâchetessous-Mécétrocher, lequel nourrissait de nombreux soupçons sur les cachoteries de son collègue, qu’il ne pensait cependant pas être un membre occulte ou futur martyre du Groupe anubiste armé. Ignorant les serviteurs qui faisaient le ménage, Amékel-Vachar grimpa à l’étage pour découvrir la chambre vide, la nourrice et le gamin avaient disparus. Un petit sphinx en albâtre qui avait servi de jouet à l’héritier légitime du trône traînait encore sur le sol. Amékel-Vachar serra des poings et pesta, il se demandait s’il devait prévenir la police locale. Alors qu’il s’employait à trier les faits, Lâchetessous-Mécétrocher pénétra à son tour dans la pièce.

 

– T’es pas net, mon gars, faut que tu m’expliques ce que tu caches. Entre commis privilégiés de l’état, on doit pouvoir tout se dire.

 

L’interpellé dévisagea l’intrus un bon moment. Dans son désarroi, reconnaissant qu’il devait effectivement exister une solidarité effective des fonctionnaires et spécialement au niveau des chefs pilotes de litière, Amékel-Vachar raconta tout à l’autre, concernant la présence de l‘Altesse Royale en pagne court dans la cité. Après ce long entretien sans témoin, il jura pour finir que, sur les cheveux du dieu Amon, il consentait à partager équitablement la fameuse prime à 50/50, si jamais le gosse sacré pouvait être retrouvé et rendu à sa mère prestigieuse. Il était cependant inutile d’alerter le palais en y retournant les mains vides, par peur des gardes et des grands prêtres qui leur colleraient des gnons pour leur vaine arrogance et le défaut de preuve. Un manque de précaution et c’était l’assurance de la déportation au-delà des cataractes ou la prison à vie.

 

– On va fouiller la ville, ils ne peuvent pas être rendus loin et sont forcément encore entre les murs, fit Lâchetessous-Mécétrocher à son nouveau confident. Mais faut faire vite et qu‘on agisse clandestinement, oui, ce gamin est comme un agneau au milieu des loups.

 

– D’accord, on y va tous les deux et on s’abandonne à la providence, prions Bastet de rendre nos pas chanceux. Dès qu’on l’aura ramené au palais, on troquera le gamin contre la récompense, je n‘ai qu’une parole. La renommée des pharaons est une chose fragile, mais les moutons, bons dieux, ça c’est de la bonne rente annuelle !  Une lueur de convoitise brilla dans son regard et celui de son camarade.

 

Et c’est ainsi que, liés par une alliance bien comprise, les deux hommes mangèrent ensembles un ravier d’olives noires et deux dindons arrosés de bière, puis s’en allèrent par les rues entre les statues de pierre d’El-Amarné, afin de retrouver la trace des précieux fugitifs. En ce temps reculé et bien que sans clocher, la ville ressemblait un peu au Douarnenez d’autrefois, car elle portait témoignage du passage des lointaines générations et qu’on y pêchait également le poisson au filet. Mais c’est surtout que les noirs rochers émergeant du fleuve possédaient tous, grâce à leurs formes puissamment évocatrices, des noms aux connotations vraiment salaces. En revanche, la cité égyptienne ne souffrait jamais des caprices de la météo, puisque le soleil la brûlait sans exception tous les jours de l’année. Les deux compères parcouraient chaque ruelle, s’enquérant auprès de tout le monde pour savoir si personne n’avait remarqué une femme accompagnée d’un gamin difforme à mauvaise diction et sans doute non circoncis ; mais à chaque interrogation, ils faisaient chou blanc. On n’avait remarqué que quinze ou seize nouveaux-nés, fraîchement couchés dans de pauvres étables qui leur servaient de crèche, une pratique égyptienne alors courante sous le règne en crise de la reine Néefiertarée. En soirée, le sable jaillit sous les sandales des compères brusquement freinées. Les deux hommes obtinrent en effet un indice utile, puisqu’un type avec un serpent enroulé autour du cou avait vu rentrer, dans le hall au luxe oriental de l’hôtel Royal Livingstone trois étoiles Isis, une petite mouquère maigre au regard traqué, enlaidie par une tignasse crêpelée et affublée d’un mioche boiteux, un garçon petit et plutôt mal fait. La nana portait un sac de voyage en loque. D’après les dires généreux du charmeur d’aspic, ils étaient aussi pitoyables à voir tous les deux que de vilains clébards battus et abandonnés. Animés par un espoir insensé, les hauts dignitaires complices s’engouffrèrent aussitôt dans l’établissement, un peu soulagés de leur marche torride, puisqu’elle semblait enfin suivre une piste fructueuse.

 

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Bon dimanche à tous.

 

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Message édité par talbazar le 13-08-2018 à 12:46:49
n°54170323
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 14-08-2018 à 16:39:28  profilanswer
 

Salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : La saga du trône de Fion - Tome 2 - Sus au sein royal. Extrait numéro 41.

 

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Adonc, belous et nobles entremêlés, on ripailla en grande liesse dans les murs à peine refroidis du château de Poudkor. Célébrant les copines, notre bon moine Robin avala force pintes, poussa la chansonnette Plaindre mes œufs sous les applaudissements et dansa le rondeau puis la scottish, étroitement emmêlé avec le chevalier Gauviens. Au son des pastourelles, des heures bien chaudes présidèrent au banquet fameux, où les ennemis d’hier tapèrent en sympathie la corne à mousse avec l’armée du Fion. Vêtu d’un caleçon propre et gigotant mieux qu‘elle, Yvan rivalisait de vraie splendeur avec la Jeanne-Mireille en belle sousquenille, trônant pour son parti en grande bêcheuse, dans sa jolie robe écarlate au bras de Gaultier Quilamolle, tout en jouant du minois pour amadouer les nobles ou vaillants messires Vladimir Poustapine et Richard Beurre de Fion. Olbo Zgeg dégrafa sa ceinture pour péter comme un brave, on craignit plusieurs fois que ses chevelus ne se fendissent le crâne à coup de leur terribles haches, pour s’offrir la faveur d’une friponne de rempart qui courait tous les genoux. Aussi rond qu’une queue de pelle et cognant dur du poing sur les tablées, le gros tarin avait très fort à faire pour assurer sa position de chef devant tous ses barbares éméchés. Par hardiesse de cœur plus que par soûlerie, Percevalve aux seins grêles et chevalier Braillard s’enfilèrent en riant par dessous les tréteaux, où l‘on avait dressé de belles nappes blanches. Posés dessus et en grande quantité dans la vaisselle d‘argent, on voyait exposés aux babines des paons rôtis et des truies persillées, des canards en chemise aux écorches d’orenge et des lièvres aux marrons ; alors qu’au fin fond des cuisines débordées, le maître-queue houspillait ses fredins d’escuiers pour qu’ils secouent leurs nouilles chaudes à qui mieux-mieux. Dans les tentes de l’armée du Fion éparpillées en dehors de la ville soumise, si la joie des lanciers était grande à cause de la victoire, la ripaille se démontrait plus chiche. Les soldats de la reine Amanda jouaient aux échecs entre preux fatigués en écoutant la cornemuse, ceux restés à l’intérieur de l’enceinte cuvaient leur trop-plein d’hypocras dans les jardins fleuris. On pouvait bien se baffrer dans le donjon entre seigneurs en préparant pour digérer quelque chasse au faucon, le gros de la troupe savait bien que la guerre était loin d’être finie. Peu goûtaient cependant de cogner le hanap de grenache avec les Zgomatix qu’ils venaient de combattre, c’est pourquoi tous avaient grande hâte de partir vers Mouyse pour l’incendier ; après avoir criblé ses habitants de flèches barbelées, s‘ils voulaient encore se complaire de servir en pâture à leur monstre.
 
 Mais pour cette heure tardive, la tour orgueilleuse du château de Poudkor joignait le ciel de Kramouille sous la bannière du Fion, et les cuviers de sa bouteillerie se vidaient peu à peu. Au petit jour, le feu des cheminées réchauffèrent la gueule de bois des trouvères collés dessus les gueuses, voir de quelques nobles dames qui s’étaient égarées. Au dehors, la ville enfin devenue silencieuse frissonnait dans sa capeline de vent. Quand ils ont trop bu, les souverains doivent se taire, c’est bien ce que fit Gaultier Quilamolle jusqu’à midi. Mais quand il put tenir sur ses guiboles, il loua une fois de plus devant ses chevaliers rassemblés l’issue victorieuse de la prise de Poudkor qui ranimait son courage. Il apportait ainsi à la couronne d’Amanda Blair un nouveau joyau et dépouillait le tyran d’une importante défense, en émoussant gravement son fer de lance. Le grand réveil ayant eut lieu, l’armée du Fion se mit à nouveau en branle, accompagnée sur son arrière par les groupes Zgomatix, longue cohorte farouche qui empestait la bouse des bœufs tirant sur leurs chariots. Montés sur leurs chevaux, Jeanne-Mireille d’arc, Robin et ses hommes côtoyaient en bonne ligne messire Gaultier, Vladimir Poustapine et Richard Beurre de Fion, avec lequel le Chevalier Braillard conversait gentiment.

 

– Messire Richard, point ne trouvez que j’ai les hanches trop hautes et les jambes grosses ? il tapota un peu du plat de la main sa culotte satinée.

 

– Que nenni, sieur Braillard, vous avez la taille bien prise, belle chevelure et la bouche agréable, ce qui vous donne beau doux sourire, croyez-m’en !

 

– Ah, tu vois ? fit Braillard en freinant son bourrin pour aller narguer Yvan qui les suivait, voilà un discours mieux censé que tes vilains coups de griffe de l’autre nuit.

 

– Je te dis que tu as les yeux trop bleus et trop saillants, doux cousin, un point c’est tout.

 

Robin qui boit riait de les voir se heurter, mais il ne disait rien, car il s’occupait plutôt à farfouiller longuement la jolie selle de Gauviens, qu’il trouvait mal sanglée sur son drap de velours. Bien caché dans sa housse au propre flanc du cheval de Robin, dormait l’Œil de dinde, le sceptre magique sur lequel le chef des moines de la Commanderie d’Aufesse, seigneurie de l'Ordure des Hospitalisés de Sainte Kramouille, portait une vigilance jalouse. Avant de partir, on avait procédé à l’enterrement du chevalier Guy Bouyave, l’amateur de bœuf Bourguignon pour lequel Jeanne-Mireille avait versé beaucoup de larmes. Un souci du détail que ses amis bons moines avaient bien entendu salués. Mais le meilleur moyen de perpétuer le souvenir de leur malheureux compagnon serait sans doute de gagner cette guerre contre le tyran, pour l’amour de la Dame du Fion, très pieuse et tolérante, bien que tristement atteinte de sécheresse intime. Une fois vaincu, l’Ovoïde Vazy Métoian LXIX, l’empaleur de Kiess, roi de Mouyse, ne laisserait en testament politique que potences et tortures sans raisons juridiques, après avoir pillé sans vergogne les royaumes qu’il gouvernait. Quand l’ennemi odieux serait finalement terrassé, les cloches du beffroi de Mouyse qui saluait chaque exécution se tairaient pour toujours, pour laisser à loisir chanter les petits oiseaux. La flotte perdue du Fion manquait, certes, mais solidement armés et fièrement blasonnés, on chevauchait à présent avec les Zgomatix, des gars qui n’étaient plus rivaux, mais au contraire alliés sur un pacte de secours mutuel. Au plus épais des bataillons, on bougonnait quand même sur cette folle alliance à l‘insu des sergents. A cent lieues de Mouyse et trois jours plus tard, des pots de feux grégeois leur tombèrent dessus.

 

– Quelle vie de chien ! s’exclama Vladimir.

 

Car en face d’elle, l’armée du Fion voyait flotter les étendards aux couleurs du seigneur Geoffroi de Moumouth, de Bertrand Dudéclin, de Gilles le bâton de la Raie, du sénéchal Vallombreuse Fouettequeue et du marquis Savorgnan de Bésil.

 

– Allons, allons, par notre sainte Kramouille, fit Gaultier en observant les champs couverts d’une multitude de combattants résolus, rien que des gueux d’apprentis. De la petite bière que l’on va joliment brasser.

 

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Message édité par talbazar le 23-09-2018 à 08:17:16
n°54180197
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 16-08-2018 à 09:16:05  profilanswer
 

Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Diogène Erique.

 

https://zupimages.net/up/18/33/gkbq.jpg


Message édité par talbazar le 19-08-2018 à 16:02:10
n°54202178
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 19-08-2018 à 15:56:41  profilanswer
 

Salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : Coup de chance dans l'hyperbole. Extrait numéro 60.

 

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Mars, serres agricoles d’Agannippe Fossa. Dehors, le ciel poivré est presque bleu. Après la pluie artificielle, d’énormes ventilateurs brassent à la fois l‘air et les reflets des hautes colonnes chromées qu‘allument des batteries de feux rouges, bleus et jaunes. Toute la coupole AS craque et palpite sourdement. Diffusant leur parfum mouillé, les plantes offertes à la manne liquide fument et vaporisent en fine buée grise. Dans l’une des logias de ce grand dôme transparent enroché au sein du basalte gris, Zona la fermière et son mari Manu Mekton regardent attentivement l’homme qu’on leur a livré. Un type originaire d’Europe terrienne assez jeune et vêtu d’une combi de travail, comme tous ceux de la communauté, lorsqu‘ils ne vont pas nus. Un travailleur banal en apparence insignifiant, avec pour seul vice connu un tube d‘opio ou l’ingestion d’une gélule de Rafényl de temps en temps. Rien de religieux. Célibataire. Tout ce que les dirigeants de la ferme connaissent vraiment de lui est, selon ses propres dires, qu’il s’agit d’un ancien paria, un rampant ayant survécu à la jungle du sol terrien pour se trouver par miracle une seconde vie sur Mars. Un réprouvé de la planète bleue ayant trouvé refuge dans le complexe depuis huit mois seulement. Mais à vrai dire, il n’est pas le seul à avoir réussi un tel coup de maître. Un petit corps maigre qui sue dans l’air tiède de la pièce, surmonté d’une tête allongée que percent des yeux gris inexpressifs. Probablement ni génie, ni minable, mais aux ressorts psychologiques complexes, attestés par sa qualité d’espion jusque là insoupçonnée. Avec logé dans son crâne un implant de pèquenot d’immigré standard sans aucune équivoque, que cet agent défédéré n’a jamais utilisé pour relayer aux forces gouvernementales sa perfide messagerie. Il regarde le couple qui lui fait face avec un air si détaché qu’on peut presque le prendre pour un vulgaire témoin inoffensif ; alors qu‘il est sans doute le détonateur d‘un désastre imminent, pour avoir révélé la présence de Fanch Yoland et de Karela Borounie dans la ferme. Il prouve en tout cas à lui seul que l’état martien a collé ses espions partout. Celui qu’on examine à présent a déclaré s’appeler Jouny Dèp et reconnaît avoir cherché dans ses actes à obtenir l’immunité et la naturalisation promises par l‘armée, en échange de ses services. Phil le tient sous la menace implacable de son Remco ST Phaser.

 

– Tu remets salement en cause la neutralité des serres, que crois-tu que Digoule va faire de nous, à présent ? Zona le regarde sévèrement, mais elle n’en rajoute pas plus, car Fanch, Karela, Jorg et Jeff se sont approchés à leur tour pour dévisager le prisonnier.

 

– Un Sharsherman prévenu par tes soins rôde sur nos tête, ajoute Fanch sans quitter l’espion du regard, cette ferme devra peut-être se voir évacuée en urgence, mais tu connais le prix de tes actes, tu ne seras pas invité à nous suivre.

 

– Je m’en occupe, fait Phil en levant son lasergun d’une manière explicite.

 

– Non, c’est lui qui va s’en charger, lui répond Jorg, en désignant Flash Gourdin qui vient de se présenter, avec à ses côtés une Siguiline Oryal qui l’a veillé pendant toute la durée de son inconscience. L’ancien bagnard au regard flou est équipé de son exobras.

 

– Décidément, ajoute Karela à l’usage de Jorg, tu n’en louperas pas une pour mettre notre ami à l’épreuve de sa loyauté.

 

– C’est bon, coupe Flash d‘une voix cotonneuse, suis-moi, toi, on va faire un tour. Sa poigne d’acier entraîne déjà le terrien en direction d’un petit local de filtrage poussières où s’entreposent en bon ordre scaphandres et pelles de désablage. Bien qu’à bonne distance, ils restent malgré tout parfaitement visibles des autres.

 

– Pourquoi là ? lui demande le condamné.

 

– Ce coin en vaut un autre. Avec une simple pression de ses doigts artificiels, il brise le cou de Jouny Dèp, puis il revient tout seul vers le groupe. C’est ok, vous pouvez en faire du terreau, si vous voulez.

 

– Et moi qui croyait que les exos étaient soumis aux lois de la robotique pour ne pas  attenter à la vie humaine, lance Jeff, je vais me méfier de ces trucs, à présent.

 

– La situation est grave, fait Manu, je reçois l’info que le général Digoule vient d’assurer sa domination au congrès, il va lancer le feu.

 

– Nous devons fuir la ferme immédiatement, alors, reconnaît Zona, il n’y a pas d’autre solution pour que tout le monde reste en vie.

 

– C’est encore possible, si l’on ne perd pas de temps, on va utiliser The Lure of leather, la barge de transport de Jhon-Jhon Lidé. Un convoi de commerce civil sera moins exposé, s’il prend une distance suffisante.

 

– Les défédérés n’oseront peut-être pas battre en brèche les lois de la guerre en utilisant un Sherman en orbite, suggère Siguiline. La cour galactique le condamnera sévèrement.

 

– Compte là-dessus, lui répond Karela, si l’armée lance des Panzigs sur ce coin désarmé, le résultat sera d’ailleurs le même. Allons, alertez et regroupez vos gens, Zona et Manu, il faut fuir les dômes immédiatement.

 

C’est ainsi que, sans emporter d’autre bien que leur scaphandre, toute la population constituant la communauté docile de la ferme abandonne rapidement ses activités et s’aligne pour prendre place à bord du cargo, largement apte à accueillir tout le monde sans surcharge, en plus de sa cargaison végétale. Droit dans ses bottes aux semelles auto-nettoyantes, Jhon-Jhon surveille l’embarquement des hommes, femmes, enfants et vieillards, sans faire le moindre commentaire. Presque indifférent aux passagers qu’on l’oblige à transporter, il s’inquiète juste d’une glissière latérale de son long tracteur, déformée par quelque choc ancien. L’arrière renflé de l’engin n’a rien d’un postiche, puisqu’il renferme un puissant réacteur rotatif, lequel à grande vitesse oblige à des manœuvres parfois délicates, compte tenu de l‘encombrement du train. Le capitaine tient juste à faire son travail dans les règles de l’art, tout comme son équipage dévoué, peu importe ce que va trimballer son énorme véhicule entre les dunes de Mars, puisqu‘il a eu l‘approbation de sa patronne, Vaness Parada. En soupirant, le vénusien grimpe dans le poste de pilotage de sa bête, où il retrouve Fanch Yolande et ses compagnons, avant que l‘ordre de départ ne soit donné. Les grosses roues débloquent enfin leurs pattes de serrage et dérapent en provoquant un imposant nuage de poussière, puis la lourde barge s’engage sur une piste qui va la conduire comme prévu vers Marte Vallis. Assis dans le cockpit, Jhon-Jhon ne quitte pas des yeux l’indicateur visuel de vitesse, le chef des rebelles lui a demandé de mettre la gomme.

 

Dans l’une des remorques, Karela s’est jointe à la multitude silencieuse tassée autour des conteneurs de Seitaphiles, des plantes dont les graines ont besoin de germer dans la lave fumante et fraîche des volcans de 6598PL-Serge Gainsbourg, une planète au climat pourtant glacé. Ces beaux végétaux devraient astucieusement leurrer la signature thermique des fuyards et tromper l’éventuel Panzig qui les survolerait. La foule silencieuse qui vient de tout abandonner semble résignée, elle sait que l’hécatombe programmée à laquelle elle échappe justifie les moyens. Beaucoup ont cependant l’espoir secret d’une fausse alerte qui les verra revenir chez eux. Quelques hommes soucieux sont debout et ignorent leur compatriote, occupés à regarder par un large hublot les ravines creusées dans les rocs rouges qu’ils dépassent à toute allure. Les dômes de la ferme ne sont bientôt plus visibles. Karela s’assoit dans un coin et se joint au mutisme angoissé et profond des familles, que faire de ces gens si l’on doit combattre en chemin ? La rebelle se contraint finalement elle aussi au silence ambiant, une atmosphère plombée que viennent perturber un moment les pleurs criards de quelques enfants.

 

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Bon dimanche à tous.

 

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Message édité par talbazar le 26-09-2018 à 06:51:14
n°54216208
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 21-08-2018 à 07:56:52  profilanswer
 

Rentrée littéraire de la ME du PT :
 
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Et le retour de notre grand roman de l'automne, La jet larguée.
 
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n°54247608
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 24-08-2018 à 12:58:20  profilanswer
 

Salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : La jet larguée. Extrait numéro 34.

 

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Ben c’était vrai, les feuilles de Kourcoumcajou utilisées pour la défonce cérémonielle avaient fait disparaître les gonflements des piqûres de moustiques sur le visage de Roparz. Pour le reste, puisqu’il ne leur restait plus que les fringues qu’ils portaient, personne n’était très fier d’avoir été filouté par les vieux zouaves. Wanda avait récupéré sa dignité presque perdue et Ewin oubliait toutes les navrantes manigances de son jeu d’aventures. Le cerveau encore plombé par la drogue puissante, Steven s’employait malgré-tout à galvaniser l’équipe pour lui redonner un peu de moral, avant de retourner à la base. L’inquiétude de savoir l’île habitée était palpable dans tous les regards. Nul ne désirait replonger au cœur des foutues traditions perpétrées par les énigmatiques Gouroungourous. Wanda affirmait même préférer celle du mouchoir, en usage chez certains gitans afin de prouver sa virginité publiquement. Steven trouva cependant les mots pour la rabrouer gentiment. Adieu donc, maléfices exotiques hallucinogènes et sournoises transes psychosexuelles, la véritable urgence consistait à soigner au plus vite le pied pourrissant de Georges. Le cas de ce dernier s’aggravait et trempé de sueur, il oscillait désormais entre conscience et inconscience, en dépit de son baume puant qui ne semblait pas le guérir.

 

– Je suis désolé pour le souci que je vous cause, les gars, brava-t-il en crispant les mâchoires. Quand je pense que j’ai souscris avant de partir une prise en charge totale du corps, si mon décès intervenait à plus de 50 km de mon hôtel !

 

– Chut ! Tais-toi et cale toi là-dessus, ordonna Roparz, en aidant le blessé à s’allonger sur le travois improvisé avec deux longues perches de bambou.

 

– Ce salaud de borgne et sa vieille peau, lâcha Mériadeg, si jamais je les retrouve …

 

– En un sens faut les comprendre, lui répondit Steven sans le convaincre tout à fait, on est venus s’importer chez eux illégalement.

 

Wanda pris la tête du cortège en compagnie de Karl. Assez loin devant le brancard pitoyable, elle ne souhaitait pas plus que ça jouer l’infirmière ou la maman-poule. La jungle offrait à chaque pas son florilège de plantes extraordinaires, que les explorateurs enjambaient sans rien y voir d’autre qu’une source potentielle de danger. Entre professionnels de l’aviation, Steward et Jack André bavassaient en chemin sur la Ligue des champions de football, Ewin confirmait à Steven que les gitans avaient quittés leur contrée d‘origine voici plus de mille ans. Les conversations s’éteignirent peu à peu, pendant longtemps le groupe devint aussi silencieux que des promeneurs dans un grand cimetière mal entretenu. Un peu de sang neuf mêlé de pus élargissait l’auréole sur le bandage entourant le pied de Pinson ; visiblement, le chanteur était sous la torture d’une douleur incessante. Il délira un bon moment, puis épuisé par la fièvre et la souffrance, il tomba évanoui. On se partageait à voix basse quelques protocoles thérapeutiques incertains, tout en se sachant démunis des moyens efficaces pour combattre une possible infection. Roparz prédisait l’amputation, mais il refuserait catégoriquement si on lui demandait de le faire. Avec son pote, il se chargeait seulement de convoyer la star au campement. Ensuite, advienne que pourra pour le brailleur de tubes estivaux ! Wanda préférait le rock, mais révéla pour tous d’étonnantes précisions sur la vie et la carrière fructueuse de Pinson, qu’elle avait lue en détails dans les journaux people qui traînaient toujours sur les sièges d’avion. Sa première femme s’était paraît-il tirée avec un obscur DJ, puis elle était morte dans un accident de moto. Ewin se demandait tout haut pour qui le chanteur votait. Steven regardait les deux bretons s’unir et souffler dans leur effort commun pour tirer leur pauvre charge, ils formaient juste le tableau de campeurs délurés, en train de balader dans les hautes herbes l’un des leurs complètement bourré.

 

– Saloperie d’île sauvage, grogna Karl. Si vous voulez tout savoir, j’en ai ma dose du paradis et de sa saleté de faune terrestre et marine !

 

– Ouais, approuva Jack-André, surtout que personne ne sait qu’on est toujours vivants.

 

Il était grand temps de rejoindre la société, enfin celle des autres naufragés de l’air installés dans le village de fortune. Des hommes, des femmes, des voix. Des casemates ruinées qui n’étaient plus vides, mais remplies d’une grande famille déchirée par une horrible tragédie. Un cercle éprouvé qui possédait même son chien, comme dans les bonnes pubs ; puisque précédant Shirley, le petit Perlin vint au devant des nouveaux-venus en jappant comme un beau diable, lorsque le groupe fut de retour à la maison. L’hôtesse soulagée tomba littéralement dans les bras de Steward et chacun retrouva par ailleurs sa chacune. Elle regretta après-coup cet emballement démonstratif, se disant qu’elle aurait mieux fait d’opter pour une simple poignée de main, puisqu’ils seraient bientôt tous sauvés. Il faudrait bien alors que Steward accepte qu’elle reprenne sa liberté de cœur. Ils furent accueillis dans la clairière en proie à l’allégresse générale, puisque Dominique au sourire mordant leur expliqua que des hélicoptères les avaient brièvement survolés pendant leur absence.

 

– Ah, fit Karl, je n’avais donc pas rêvé.

 

Seul Michel Tatol ne partageait pas le même enthousiasme, puisqu’il avait décidé de s’investir dans la construction d’un restaurant, aux additions payées en nature. Il venait d’ailleurs de mettre au point un subtil et discret trafic de pastèques pour veiller aux premiers financements. Un premier pas vers la privatisation des denrées, au moment où les reconduits boukistanais oeuvraient dans les sillons d’un vaste chantier de potager collectif. L’entrepreneur comptait bien faire main-basse sur un bon nombre de ressources naturelles vitales et il n’avait jamais aimé qu’on vienne contrecarrer ses projets, quand bien même il allait peut-être retrouver son siège à la tête de ses raffineries. Il n’avait rien d’un doux nonchalant et combinant intelligence et créativité, il comptait bien s’approprier un jour l’île de Badigooince toute entière pour en faire un club privé de ses potes milliardaires, avant de revendre ce territoire perdu et valorisé par ses soins, pour un juteux profit. Pour lui, la carte de séjour des survivants du vol PJ 612 Paris-Kilapile était désormais périmée. Le créateur de richesses allait sans aucun doute profiter de son expertise des lieux pour transformer ce terrain vague en supermarché de la détente privilégiée à prix d’or, avec filière d’importation de rosés de Provence, parcours safari et boîtes de nuit disséminées un peu partout pour attirer les filles. Une idée à faire baver les corses ambitieux. Alors que Ines Deloncle s’efforçait de soutenir une Loana Boudine éplorée, on confia Georges Pinson aux soins du docteur Akim Zemblablek, lequel poussa de grands soupirs, arguant qu’il n’était qu’un simple gynécologue spécialiste de la restauration de l’hymen, que ses assistantes Cindy Laurel et Jenifer Hardy étaient mannequins, pas infirmières et que son hôpital n’était en réalité qu’une simple infirmerie démunie de tout, sauf de menthe poivrée :

 

– Il n’a qu’à tenir le coup jusqu’à l’arrivée des sauveteurs.

 

Steven lui cloua le bec en lui intimant l’ordre de faire sur le champ tout son possible, qu‘il était un professionnel de la santé, point barre. Tatol s’autorisa quelques commentaires en sourdine sur les notions de frais d’hospitalisation. On improvisa à la hâte une réunion publique sur la place du village, mais ses habitants avaient déjà beaucoup discuté. Une partie voulait retourner sur la plage pour être plus visible lorsque les secours viendraient, le chercheur Pierre-Simon Langevin et Brandon Poutrelle s’y opposaient fermement, en raison d’une possible attaque des crabes géants. Summer se fichait des débats, elle pleurait juste de joie sans discontinuer, à l’idée de rentrer chez elle. Elle se sentait comme la fille chérie d’un millionnaire, dont le père aurait cassé sa grosse tirelire pour la sauver des kidnappeurs. Dans l’ambiance survoltée de la base rénovée, la découverte des Gouroungourous passait en second plan et l’autorité du commandant de bord Steven Eight retrouvait un nouveau sacre ; tenant dans sa main celle de Loraine, il jugea que l’on resterait pour l’instant sagement à l’abri de l’enclos du village ; puis il ordonna que chacun aille s’occuper dès à présent et en bon ordre des préparatifs, pour recevoir au mieux les équipes de sauvetage. Atteints d’une amnésie vengeresse, tous préféraient oublier le périple du guru Eloi de Pouillet et de ses fidèles en direction du sommet de la montagne. Dans la dense forêt tropicale, on oubliait jalousies et rivalités. Une activité joyeuse, constructive et conviviale chassait au contraire la torpeur des jours identiques, puisque la civilisation s’apprêtait enfin à venir les délivrer du piège vert de Badigooince.

 

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Message édité par talbazar le 07-09-2018 à 07:43:41
n°54256619
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 25-08-2018 à 17:51:32  profilanswer
 

Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Rodophe Etus de Simoi.
 

 
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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : André Nan.
 

 
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Message édité par talbazar le 26-08-2018 à 18:24:16
n°54260893
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 26-08-2018 à 12:38:12  profilanswer
 

Salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : Noeud coulant pour Martin Smith. Extrait numéro 54.

 

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Le tueur n’avait rien d’un marmot émerveillé par son nouveau jouet, il trouvait même que fabriquer et acheter de telles petites merdes en plastique pour s’offrir des souvenirs offensaient l’esprit. Pourtant, d’un brutal lancé du majeur, il réactiva au bout d’un moment la course déclinante du petit longboarder amorçant son cutback sur l‘écume peinte pour dompter sa vague immobile. « L’eau porte un rebelle s’il a la volonté et la capacité de nager », avait un jour proclamé Tom Blake, un as de la discipline. En tout cas, c’était bien le gros doigt de Gustavo que le nain en résine venait de prendre en plein face, avant que perché sur son ressort instable, il ne vienne à magnifier sa technique sans tomber dans la baille, avec un balancement de métronome. Allongée sur le lit, Comtesse Monique aux yeux crevés continuait dans le dos de son assassin à souiller ses draps en suintant l’hémoglobine comme une gouttière. Des fois, la vie serait peut-être moins pénible à regarder en noir et blanc mais après tout, Gustavo Piccolini n’avait jamais pensé que la beauté puisse sauver le monde. Sans justement réfléchir à rien, il concentrait son regard sur la petite figurine agitée en train d’osciller devant lui. Cherchant son équilibre, le corps du minuscule sportif à la fois fort et fragile levait haut son bras gauche comme pour faire un coucou à son observateur, mais les paupières de Gus s’alourdissaient peu à peu dans le jeu de bascule de cette petite saleté décorative. Hypnotisé par les mouvements répétitifs, le tueur pris en traître plongea dans un tourbillon de volupté très proche du sommeil, vaincu peut-être aussi par un phénomène lié à la digestion, voir le fait qu’il n’avait plus vingt ans. En tout cas, son flingue glissa des cinq doigts de sa main et chuta sur le sol, puisque Gustavo s’endormit profondément de façon délectable, illustrant parfaitement le danger de briller dans une carrière solo qui vous prive de la vigilance d’un éventuel complice.  

 

La qualité primordiale d’un agent comme Jess Rosse s’illustrait avant tout par un sens affûté de l’observation, aptitude qu’il mit en pratique en arrivant devant la chambre. Il remarqua tout de suite les petites traces de sang projetées sur la fenêtre, une série de taches qui devaient forcément raconter une histoire complexe, en tout cas c’était pas de la tomate. Il libéra promptement son flingue en faisant un signe de prudence à Sisco qui le suivait. L’oeuvre du diable ne s’achète jamais à crédit, elle se paye cash d’une collection de bastos dans la poitrine du bon comme du mauvais citoyen. Jetant un œil par la fenêtre, les deux hommes aperçurent le tableau maléfique de Monique étendue sur le lit. Les yeux absents, la gonzesse défigurée de Matteï fricotait pour l’heure dans les bras de satan. Affalé sur sa chaise, son meurtrier placide lui tournait le dos. Jess poussa doucement la porte sans le réveiller. Sisco enculait Lucifer, il ne traîna pas trop devant le cadavre de sa copine, portant ses pas vers l’auteur du désastre, ce crevard de paroissien qui roupillait toujours. Il pointa son canon vers la nuque du salaud, son pouce fit pression à l’arrière du Taurus, une autre sur la gâchette allait logiquement suivre. Jess l’arrêta juste à temps, il s’était emparé du Glock de l’autre morveux.

 

– Fais pas le con, murmura-t-il à Sisco en bloquant son geste, il vaut mieux prévenir Gilbert et Angèle, sans compter que monsieur a peut-être des choses à nous dire.

 

Incroyable, mais Gustavo ne se réveillait pas. A regret, Sisco obtempéra, il arracha la lampe de chevet pour en lier avec le fil les mains de celui qui avait massacré la femme de sa vie. Ensuite, Jess envoya un méchant coup de crosse dans la gueule de celui-ci dès qu’il ouvrit les yeux pour leur jeter un regard bestial, puis Piccolini mangea une autre beigne et encore une autre, son tourmenteur lui empoigna pour finir le col de la chemise et lui balança son genou dans la poitrine. Le temps qu’il reprenne son souffle, Gustavo était solidement entravé avec les pognes dans le dos. Sisco compléta à son tour le travail en lui cognant dur sur la tête avec le canon du Taurus. La tronche de Gus pissait un sang abondant par ses arcades fendues. Il avait bien tenté de se lever, mais collé sur la chaise par une puissante emprise de Sisco, la tentative avait échouée, il renonça à réitérer.

 

– Je suis désolé si j’ai perturbé ton voyage de noce, Matteï, balbutia-t-il en crachotant quelques glaires rosées. A bien y réfléchir, je trouve que c’était tout de même une belle idée.

 

Comme il le trouvait un peu trop libre d’expression, Sisco lui projeta son poing dans le nez, qu’il éclata sous une pression nullement refoulée.

 

– Ta gueule.

 

Jess voyait bien que son pote faisait de grands efforts pour ne pas porter son chagrin en drapeau. Il était bien d’accord sur le fait que l’ordure qui avait bousillé Comtesse Monique méritait un traitement bien plus approfondi. Il n’appréciait pas particulièrement Sisco, mais il savait aussi que s’il lui lâchait la bride, le gars saurait parfaitement faire rayonner toute la richesse de son potentiel. Il téléphona à Gilbert et Angèle pour qu’ils se magnent le train et qu’ils viennent les retrouver sans attendre à l’hôtel. Les yeux pochés de l’autre carnassier ligoté suivaient avec une attention soutenue le moindre de leurs mouvements, il observait Sisco au bras ballant alourdi par son calibre, en train de regarder pensivement la morte énucléée à la crinière de lionne. Évidement, bien que la môme sans yeux soit toujours en peignoir, le tableau n’offrait pas l’image d’un érotisme saisissant. Une chose que savait pertinemment le prisonnier, c’est que le plaisir de tuer ne se partage jamais. Il n’en revenait toujours pas de s’être fait cueillir si facilement, parce que c’était la première et la seule erreur de trajectoire dans sa vie de nettoyeur. Forcément, le boss ne serait pas content. Il évaluait les chances de s’échapper, mais il savait qu’il prendrait une dizaine de balles avant d’avoir esquissé un pas. Il préféra faire le bravoche, comme on vide sa poubelle.

 

– Alors le boyfriend, tu le trouves comment, le nouveau maquillage fraîcheur de ta vieille fille ? Tu te rappelles l’affaire de la boîte Acqua bollente, quand tu as balancé le corse Gaspard Mépoali ? J’ai pris quinze ans de cabane et Ness Kouic a dévissé à cause de tes mélodies, sale serin. Et je te parle même pas de la pauvre Jane Blonde que les condés ont dessoudée en passant. Tu as fait ta fortune dans le jeu, pauvre merde, mais personne n’oubliera que tu as conduit sans honneur la femme d’un rival à la mort. Tu mérites pas de vivre, Sisco Matteï. Ta nana, c’est juste un prêté pour un rendu. Tous les coups sont permis, je veux bien, mais trahir en chantant aux poulets, non, ça jamais.

 

Si Teddy la Fouine et Angèle Deyord portant Guy Ness sur l’épaule n’étaient pas arrivés dans la chambre à cet instant-là, Jess Rosse savait très bien que Gustavo aurait pris une balle dans le genou et sans doute l‘agent du gouvernement partageait le point de vue, mais comme on allait forcément bouger, la chose aurait gêné. Le couple de flics resta bouche-bée devant le carnage. Sortant sa tête de la poche de Teddy, Echo 16 pointa le museau. Alors qu’ils sortaient précipitamment de leur visite de la Samsara Foundation, ils avaient réussi à la sortir discrètement de sa cage pour l’emporter avec eux, à la plus grande satisfaction du perroquet.
 
– Désolée, fit Angèle à l’attention de Sisco. Bon, je vais rester ici pour laisser l’inspecteur Sam Alloma prendre en charge Comtesse Monique, et vous vous allez faire un tour dans un coin plus discret avec ce babouin.

 

– La chose me va, lui répondit Sisco, approuvé aussitôt de la tête par Jess et Gilbert.  

 

– La petite séance habituelle ? gargouilla Gustavo, qui n’en finissait plus de mal digérer son échec du moment. Il devinait très bien qu‘avant de mourir, il allait prendre encore une multitude de coups. Sisco Matteï avec qui il se trouvait en compte n’était pas de la police.

 

– Et alors, tu voudrais quoi en bonus, laissa échapper Guy en voletant devant lui, la Palme d’or ?

 

– On va attendre la nuit pour prévenir Alloma, ajouta Jess, ensuite on se tire avant que les ricains n‘arrivent.

 

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Bon dimanche à tous.

 

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Message édité par talbazar le 17-09-2018 à 13:25:06
n°54266387
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 27-08-2018 à 08:48:10  profilanswer
 

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Le congélateur muséographique.
 
Aujourd'hui : Delightful illustration by Clara Burd.

 
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Revue de presse.
 
Aujourd'hui : Le monstre de Troulbled.

 
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Revue de presse.
 
Aujourd'hui : La nouvelle mode.

 
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mood
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Posté le 27-08-2018 à 08:48:10  profilanswer
 

n°54281993
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 28-08-2018 à 14:24:41  profilanswer
 

Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : La fabrique de tartines de Troulbled.

 

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Revue de presse.

 

Aujourd'hui : Les ronds de culture.

 

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Revue de presse.

 

Aujourd'hui : Incident de supérette.

 

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Message édité par talbazar le 02-09-2018 à 09:29:37
n°54305900
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 30-08-2018 à 19:37:54  profilanswer
 

Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Vladimir Obolant.
 

 

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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Ivan Danlavoile.
 

 

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Message édité par talbazar le 30-08-2018 à 19:44:14
n°54321055
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 01-09-2018 à 16:05:54  profilanswer
 

Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Dimitri Sélectif.
 

 

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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Alain Suline.
 

 

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Message édité par talbazar le 02-09-2018 à 06:09:10
n°54334394
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 03-09-2018 à 12:57:51  profilanswer
 

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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Gaspard Turiente.

 

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Message édité par talbazar le 05-09-2018 à 11:08:55
n°54344787
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 04-09-2018 à 11:21:42  profilanswer
 

Monsieur le Président de la république a rendu hier sa petite visite dans les locaux de la Moyenne Encyclopédie.  
 
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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Stéphane de Carotte.


 
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n°54348771
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 04-09-2018 à 17:01:45  profilanswer
 

Salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : Biographie de Gaston Boudiou. Extrait numéro 43 .

 

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Marité Hissedru avait toujours chaud, Marité la sexy s’habillait léger en toute saison. Elle s’avouait peu douée pour la guerre éternelle des travaux ménagers. Fleur fanée de la révolution et précoce victime de la French Connection marseillaise, au trafic encore confidentiel, elle repose sur son lit dans sa belle robe indienne parsemée de petits miroirs, symbolisant parfaitement par sa maigreur tragique la fin des illusions hippies. Au petit matin, la chambre de bonne crasseuse offre un bien triste mausolée pour la belle épicière et le cœur de Gaston se remplit de tristesse. Partie sans lui dire adieu, est-elle déjà en train de batifoler avec insouciance au coucher du soleil dans les champs fleuris, en compagnie de Marie-Charlotte de la Tronchedecon, son ancienne amie ? Le bras mitraillé d’un junkie est celui qui sort de l’eau, lorsqu’un dessinateur veut montrer l’image d’un type en train de se noyer. Dans un silence pesant, alors que Gaston et son père sont assis à côté du cadavre, la cousine Brigitte Parade prépare du café. La rue s’est tue, l’ampleur des dégâts ayant labouré la ville pendant les échauffourées de la nuit vont faire la Une des journaux. En attendant l’ambulance finalement appelée par Émile, Gaston regarde virevolter Brigitte devant le petit réchaud sale, une grande fille mince dont les yeux lancent de beaux éclairs bleus et qu’il ne connaissait pas auparavant. A la vue de ce petit cul qui le frôle dans la pièce étroite, il se sent soudain la victime d’une absorbante passion, un amour instinctif, naturel et profond. La voix douce de Brigitte coure dans l’ombre et fuit dans la pièce aux rideaux tirés pour lui demander combien de sucre il veut prendre, ce chant de rossignol fait trembloter le jeune garçon de frissons langoureux. Le geste qu’elle fait ensuite pour lui tendre la tasse de café brûlant n’a rien d’obscène, pourtant Gaston Boudiou abdique toute raison, la poitrine de Brigitte n’est couverte que d’un seul maillot blanc. L’amour de la sagesse et les présences de son père et de la morte empêchent le jeune homme de s’élancer d’un bond pour l’embrasser, dans une sorte de croisade personnelle pour échapper au pessimisme ambiant. Il voit très bien que Brigitte se rend à une fatalité identique, bien qu’elle aussi ne soit pas indifférente à la certitude de l’engagement de son vis-à-vis. En ce jour tragique, l’amour se débrouille pour faire son chemin entre ces deux-là, à la fois si proches et tellement éloignés par la circonstance, les regards dérobés qu’ils se lancent sont d’une intensité dramatique. En dépit d’une façade impeccable, leurs cœurs pour l’instant clos tapent à la porte d’un confessionnal muet. En observant le jeune garçon qui la regarde, Brigitte a séché ses sanglots causés par sa cousine devenue pétrifiée. Brillant au plus profond de la glace, le soleil de Gaston commence à la chauffer, la nature morte commence à s’animer, bientôt pour ces deux-là, quand Marité sera pour de bon enterrée, la coupe de la passion va sûrement déborder.

 

La mise en scène du souvenir écrit exige de dire que Gaston baissa sagement les yeux et que Brigitte alla s’asseoir plus loin sans rien dire, pour finir tranquillement son café. Quand à lui, Émile se montre préoccupé, il n’a pourtant pas encore défriché les sentiments naissants noués par les deux autres, mais il fronce les sourcils en exprimant un état d’âme révélateur, une impression sans rien à voir avec la jeune défunte qui fut belle et rêveuse. Son esprit chagrin se nourrit d’autre chose, une inquiétude qu’il finit par avouer à son fils, sans même la maquiller d’une pudeur de simple défense.

 

– Antigone me trompe, j’en suis persuadé.

 

– Pourquoi tu dis une chose pareille ? demande Gaston, au comble de l’étonnement.

 

– Elle s’ennuie avec moi, je la soupçonne d'être infidèle. Je voudrais que tu me dises qui elle rencontre.

 

– Je n’en sais rien !

 

– Oui, j’imagine, mais fais-moi plaisir, essaye de le savoir.

 

Fatiguée, Brigitte Parade se ramasse sur sa chaise, comme si elle refusait d’être concernée, d’ailleurs elle ne l’est pas. Peut-être qu’elle envie un peu sa cousine à cet instant là d’être privée de toute substance, cette jeune martyre de l‘héroïne auréolée par ses cheveux qui campe sur son lit une bien triste Ophélie.

 

– D’accord, fait Gaston à son père, je te promets de mener mon enquête.

 

Frayant son chemin sinueux entre les barricades éteintes, le macabre taxi des croque-morts est arrivé en bas de l’immeuble. On pose le corps de Marité sur un brancard après l’avoir drapée d’un linceul blanc, puis on lui fait descendre non sans mal le pénible escalier. Parée de sa robe de hippie pour son dernier voyage, elle passe devant la loge de la concierge qui n’a pas pu dormir à cause des événements. Pas question de compter sur cette vieille garce pour s’abaisser à la génuflexion des fossoyeurs. Non sans exprimer un brin de répulsion, elle plisse au coin de sa bouche une moue méprisante, lorsqu’elle se campe sur le trottoir pour regarder claquer les portes de l’ambulance. Après le départ du véhicule, elle rentre enfin dans son réduit en jetant au trio son regard mauvais. Auparavant, elle leur balance haut et fort pour bien se faire entendre, en essayant de couvrir les aboiements de son chien hideux :

 

– Une saleté de droguée cette petite pute, je le savais bien.  

 

Le diable répond toujours au moindre appel.

 

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https://www.youtube.com/watch?v=p8oWXbGB-7o

 


Message édité par talbazar le 07-10-2018 à 19:30:06
n°54361191
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 05-09-2018 à 21:06:33  profilanswer
 

Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Bruno Dagin.

 

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Salon des inventions.

 

Les machines essentielles du pro-fesseur Talbazar.

 

Aujourd'hui : La machine à écrire des lettres anonymes.

 

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Merveille des merveilles. Ayant été saisi par quelques informateurs anonymes de la carence du marché en appareils permettant une délation efficace et sans danger pour l’utilisateur, mais pas forcément pour le destinataire, le bureau d’études associé au salon de recherche du pro-fesseur Talbazar vient de mettre au point une formidable machine à écrire des lettres anonymes, en toute sécurité. En effet, la lettre anonyme est l’arme qui prédomine quand on a pas encore tout essayé, bien plus efficace qu’une simple rumeur engendrée entre amis, laquelle ne fait qu’estomper la réalité pour mieux éclairer notre fiction. La violence sociocontemporaine revendiquée par l’insulte incognito et les menaces anonymes envoyées par la poste est salutaire et parle généralement très bien aux jeunes, en employant souvent un humour très provincial, basé notoirement sur l’idée toute faite qu‘on a dans la tête. La création poétique de l’injure est en principe le fait d’amateurs éclairés, qui puisent dans un choix judicieux de mots simples, pour prévenir le connard du 42 que la prochaine fois, on va lui rayer sa bagnole ou lui péter son rétro. La missive anonyme est synonyme de grandeur, elle trahit de la part de l’envoyeur une lettre de noblesse qui a mission d’informer sa victime en corps 24 et plusieurs polices différentes d’écriture, en se faisant passer pour une superpuissance vertueuse et vengeresse. Ainsi peut-on avertir par exemple discrètement que si le chat de TOI la CONNASSE fait encore ses besoins dans ma poussette garée dans le hall, l’eau cessera bientôt de couler sous les ponts et que ton chat va crever. Notons bien qu’il ne s’agit-là que d’un simple avertissement de prévention courtoise, avant exécution et dépôt de plainte à la SPA. Le courrier anonyme, rarement illustré et dans ce cas toujours avec des matières inavouables, se distingue nettement d’un courrier vous invitant au dépistage du cancer colorectal, même si certains termes employés peuvent prêter à confusion.

 

On passera ici les causes réelles de la crise du califat de Bagdad au Xè siècle, bien que nous en sachions long là-dessus, mais autrefois, à une époque qui nous rapproche de Victor Hugo, il fallait savoir lire et bien plus encore savoir écrire pour se permettre un tel artisanat belliqueux et vengeur, posté chaque samedi sans faute. Vint ensuite l’époque glorieuse de la colle Cléopâtre au goût d’amande amère et la tradition de découper les lettres dans les journaux pour former des mots. Une méthode pratique mais laborieuse pour éviter que son écriture soit reconnue par un membre de sa propre famille. Chevauchant brillamment le plan spatial avec une parfaite irrégularité, chaque terme du message s’assure alors d’un contenu globalement impertinent. Quelle chance de vivre ces années bénies qui précédèrent l’utilisation policière des empreintes digitales ! De nos jours, la lecture d’une lettre anonyme éclaire la réflexion de celui qui la lit, bien qu’il se pose plus de questions sur l’expéditeur que sur le contenu, dont il est en général déjà parfaitement au courant. On sait bien tout de même si on hurle comme une baleine en faisant l’amour cinq fois par nuit, alors que nous, on ne se lève pas à quatre heures du matin. Les thèmes sont généralement très moralistes et sont l’accomplissement esthétique d’une population qui voue un culte à l’harmonie sociale en exaltant la guerre qu’elle mérite. Création la plupart du temps individuelle, elle relève le défi, jette le gant et bien entendu, la nouvelle technologie proposée ici ne va pas exclure l’ancienne. La machine pour lettres anonymes du pro-fesseur Talbazar imprime, de manière à s’assurer que le voisin du cinquième le fasse aussi, mais elle peut le faire en plusieurs exemplaires, offrant pour vous un gain de temps précieux. La rédaction que soigne la technique narrative se fond dans l'objet de la menace, et s’assure d’un tirage à la demande des paragraphes glacés, en noir ou couleurs. En ne reformulant jamais la thèse de l’auteur ni le talent d’enculé du destinataire, la grille d’analyse offre un choix de mots précieux qui s’appuie sur de nombreux exemples et de superbes textes de références, usant de termes délicieusement indignes qui vont de la salope à l’ordure. Qu’ils dénoncent aux autres ou menacent directement, ils sont toujours imprimés sur un support papier effaçant toute trace d’ADN, avec un grain qui accompagne sans effort la lecture, ce qui facilite au mieux l’interprétation personnelle du lecteur outragé confronté à sa petite épreuve, du moins espérons-le.

 

Presque libres de culpabilité, les anonymes soucieux d’une démarche intellectuelle visant à claquer le beignet des prétentieux vont remercier le ciel pour cette invention et attaquer désormais la place en toute sérénité. En créant le lien moderne qu’il fallait tendre entre le sensible et l’intelligible pour offrir enfin un sujet de discussion, la machine à écrire des lettres anonymes est assurément le meilleur outil dont chacun peut disposer aujourd’hui, sur la promesse d’un élan superbe, pour livrer ses voisins indélicats à la solitude, à la faim et au froid.


Message édité par talbazar le 07-09-2018 à 08:02:35
n°54366939
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 06-09-2018 à 13:56:33  profilanswer
 

Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Fabrice Lame.

 

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Revue de presse.

 

Aujourd'hui : Le pédiluve.

 

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Message édité par talbazar le 06-09-2018 à 16:20:56
n°54377272
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 07-09-2018 à 13:27:24  profilanswer
 

La grande chaîne de distribution qui nous sponsorise grassement nous envoie ses compliments :

 

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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Augustin Bessile.

 

 

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va bosser. :D


Message édité par talbazar le 02-10-2018 à 10:47:06
n°54390494
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 09-09-2018 à 10:49:45  profilanswer
 

Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Adrien Merci.

 
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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Patrick Oté.

 
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n°54410837
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 11-09-2018 à 13:09:45  profilanswer
 

Salon des inventions.
 
Les machines essentielles du pro-fesseur Talbazar.
 
Aujourd'hui : Le masque anti-expressions.

 

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Chômeur de moyenne durée, vous tombez sur une annonce d’emploi de clown (de l’anglais clod, lourdaud) au cirque Pinder, des artistes dont vous savez qu’ils votent exactement comme vous. Votre jeunesse dans l’intégrisme protestant vous a naturellement exercé à rire de tout et vous savez pouvoir produire un spectacle enthousiasmant, en intégrant une troupe de comiques itinérants. La banlieue a été votre théâtre de rue, mêlant jeux de l’amour et langage à l’accent rigolo, le rap c’est mon flingue, la BAC ça me rend dingue et vous êtes le roi du clin d’œil lancé au public mineur. Grande gueule amateur de liqueurs, vous avez le nez rouge depuis longtemps, vous pratiquez en plus à merveille la satire et l’humour caustique, comme tous les bons dramaturges qui vivent en caravane. Insolent, hilarant, vous ne prétendez pas obtenir un poste de vigile au mémorial de la princesse Diana, mais vous espérez vous lancer avec brio dans la parodie et la comédie débridée du mec imitant Madonna en slip moulant. Il n’y a aucune raison pour que le poste convoité vous soit refusé. Porté par la déferlante du petit matin, vous allez enfin déclencher votre « plan Marshall » du réveil, pour vous rendre sans attendre à l’emplacement du grand chapiteau rouge et jaune, un lieu que vous comptez transformer à vous tout seul en manufacture du gros bidonnage collectif. Les conditions de ce proche avènement vous poussent à vous laver, vous raser et sauter dans votre bagnole. C’est là que ça coince. Une certaine précipitation doublée d’une petite irrationalité stratégique vous fait démarrer en trombe, tant est grande votre agitation tourbillonnante à l’idée d’incarner l’antithèse du jeune suicidé. C’est ainsi que vous allez tragiquement percuter Franz-Olivier, votre magnifique Chartreux mâle de trois ans, que l’impact brutal avec vos roues cruelles va projeter sur le toit de la maison.

 

Le petit chat Franz était de toutes les fêtes de famille et participait à la transmission des souvenirs par sa simple présence. Un délire de poils gris satinés et soyeux qui votait toujours pour vous. De belles moustaches qui rappelaient les golden seventies et les sympathiques ronronnements d’un type sous weed. Cette soudaine giclée de violence insoutenable que vous venez de provoquer va vous laisser désemparé, anéanti sur votre siège dans votre slip provocant, un peu copié sur celui d’une artiste suédoise. Incapable de se mécaniser, vos yeux commencent à larmoyer sans fin à la vue de la petite patte levée de FO dépassant de la gouttière. C’en est fini de faire une tronche marrante sous les néons de la piste et votre avenir semble fortement compromis. A l’heure malgré tout pour votre fameux rendez-vous avec les paillettes et la gloire, mais la mine décomposée par le chagrin, vous contournez les éléphants pour aller rencontrer le directeur du cirque dans sa cuisine. Devant votre bille qui n’est pas de clown et vos mâchoires qui craquent et coincent, il va très poliment vous reconduire à la porte et vous prier d’aller reposer en paix. En face du pli amer de votre bouche crispée, celle de l’autre a clos son compliment. Triste, muet, maladroit, ce n’est pas ce qu’il attendait de vous. Qu’importe si vous revêtez un gibus fendard, si en dessous du maquillage outré, l’émotion animale ne propose que l’horrible manifestation physiologique d’un mec qui découvre un doigt d’ouvrier dans sa boîte de petits-pois. La plupart des émotions sont surexprimées par un merdier de processus neurochimique incontrôlé et c’est tout le drame de nos rencontres avec nos voisins de paliers. Là dessus, votre médecin ne vous aidera jamais.

 

Voilà pourquoi, le pro-fesseur Talbazar propose à l’achat son formidable et pratique masque en toile de jute anti-expressions, de manière à retrouver une vie sociale enfin satisfaisante. Tristesse, angoisse, joie, colère, qu’elles soient positives ou négatives, les émotions visibles le sont toujours hors de propos. Restez zen, imitez le capitalisme qui n’a pas de visage et gommez l’impact des perturbations émotionnelles avec notre sympathique invention, laquelle tient dans la poche et ne demande que trente secondes pour être enfilée, puis nouée par son cordon ciré. Rendez-vous compte que votre dépression passagère ne vous gênera plus pour devenir animateur télé ! Les gens vous interrogent du regard sans parler, devinent vos plaisirs et déplaisirs, évaluent, puis condamnent, ironisent ou s’effraient : ils sont sous l’influence de vos rides. Mais notre stratagème top tendance gomme habilement les stimuli provoqués par nos tronches des bons comme des mauvais jours et ne livrent qu’une saine neutralité, probablement l’ingrédient phare et gagnant de la sublimation amoureuse. En englobant vos cous, le masque anti-expressions va parer tous les coups tordus que génère la moindre expression. On désactive, on gonfle son audience et on cache son naturel d’apparition, alors que pour terminer, avec joie et bonheur qui ne se trahiront jamais plus en dépit de la mort de minou, on peut enfin faire le clown. Grâce à ce merveilleux masque anti-expressions qui rend le masculin très féminin et d‘une élégance de coupe indémodable, le pro-fesseur Talbazar met donc finalement sans trembler à votre disposition, pour seulement 65.154 mollards pièce et triple mensualités, le masque de votre propre vie.

 

Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Justin Doigt.

 

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Message édité par talbazar le 11-09-2018 à 16:28:13
n°54435738
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 13-09-2018 à 20:16:25  profilanswer
 

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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Alberto Granpied.

 
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n°54448429
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 15-09-2018 à 14:13:57  profilanswer
 

Salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : L'épilée du Nil. Extrait numéro 89.

 

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Les retrouvailles entre Amétatla et Aménorée se montrèrent bien évidemment orageuses. La mère jurait qu’en raison du déshonneur que sa fille avait jeté sur sa propre famille en étant grosse d‘un grec, misérable portefaix qui plus est, elle refuserait farouchement d’être enterrée à ses côtés. Ajoutant son point de vue extérieur, Valisansoùth digressait pour calmer le jeu sur les symboles phalliques d’origine grecque qui ne sont de toute façon jamais des symboles de virginité. Il donna par exemple le mot colon. Plus protecteur que son épouse, Tépénib qualifia juste sa fille de petite conne et réclama la paix, lui fit quand même la bise, puis les parents s’écharpèrent avec vigueur sur les limitations de l’éducation sexuelle qu’ils avaient donnée à leur fille. Ensuite, ils abandonnèrent pour de bon la problématique de leurs leçons communes de féminité, lorsque Aménorée leur avoua subitement avoir assassiné Lachedékess, le père de son enfant, avant de réclamer un sandwich, car elle avait très faim. La réunion familiale se calma peu à peu devant l’urgence de la situation, puisqu’il n’était plus question de passer outre à la colère de Néefiertarée. Le meurtre de l’amant de la pharaonne faisait désormais des patrons de l’ONS des parias honnis recherchés par toutes les polices du royaume, ce qui plongeait les réflexions de chacun dans un brouillard épais. Les romains Vequetum Fourlanus et Tampax Nostrum avaient juré fidélité, mais le fiasco de l’empoisonnement de Schrèptètnuptèt les plaçait eux-aussi en situation d’échec, Vequetum parlait même avec son collègue de retourner dare-dare à Rome pour sauver leur peau. Idem in balneo, ajouta seulement Tampax avec fatalisme, notre mission a échouée, la reine va nous le faire payer de nos vies. Il n’était donc plus question pour eux de jouer les vigiles scrupuleux, en veillant sur la bonne marche du projet initial. On en était là des débats houleux au bord de la belle piscine de l’hôtel Royal Livingstone trois étoiles Isis, dont les fresques des murs n‘inventaient pas la perspective, lorsque le groupe vit déambuler devant eux une petite clocharde qui tenait par la main un jeune garçon au corps bouffi. Image navrante de la pauvreté évoquant les tristes et difficiles moments que traversait l’histoire du pays. Ceci étant dit, la va-nu-pieds qui leur jeta en passant un regard lointain et apeuré avait plus l’air d’être à la recherche d’une vérité intime qu’historique. Derrière le grand comptoir de l’accueil décoré de belles maquettes de navires, Françoise la gauloise avait quitté le bar et son office de barmaid pour aller tenir la réception en 2/8, elle fronça les sourcils devant l’arrivée de cette inconnue mal accoutrée, parce que celle-ci n’offrait en aucune manière les garanties bancaires d’une cliente de bon luxe et de bon aloi. Pas le genre de gonzesse à se balader en chaise à porteurs. La nouvelle venue n’avait pas non plus l’air de faire ses courses dans le hall transformé comme l’on sait en vaste et clinquant espace commercial.

 

La celtique trilingue se précipita pour ordonner à la misérable accompagnée de son môme qu’elle dégage illico. Françoise était tranquille, cette employée savait bien que l’autre crado, avec sa tronche de chrétienne romaine qui ne portait que des piments en collier, n’allait pas prendre un avocat pour défendre sa cause. La barmaid interrogea l’autre sur ses desseins, voulut fouiller son sac en usant de la force, tout en lui interdisant de toute façon de faire sécher son linge dans la cour et de ne pas essayer de revenir le lendemain. Sous les hauts térébinthes du jardin, ceux de l’ONS assistaient à l’échauffourée en échangeant leurs impressions, Vequetum et Tampax le faisaient comme deux spectateurs enflammés assis sur les gradins du Colisée. La virulence oratoire de l’employée énervait Amétatla, car si elle possédait un caractère trempé, elle avait bon cœur face à la misère, bien qu‘elle rêvât personnellement de se voir traitée en demi-mondaine. Elle s’approcha pour faire clairement connaître à la gauloise le mépris que lui inspirait ses manières, puis sans demander l’avis de son mari, elle pris l’initiative de payer de sa poche le séjour de Keskiya et du pauvre gamin. Cette dernière n’eut pas de mots assez forts pour remercier Amétatla, louant sur Amon sa très grande bonté. Le client étant roi, la barmaid ravala sa colère en maugréant, avant de retourner piteusement vers son comptoir pour enregistrer les coordonnées de la nourrice et lui filer les clefs de la 412. Se faisant passer pour une juive démunie, Keskiya se fit appeler Maria Magdalena et donna à Moisi le nom de Jésus, avant de monter dans sa chambre. Près de la piscine, Valisansoùth, Amétatla, Aménorée, Tépénib, Vequetum Fourlanus et Tampax Nostrum débâtèrent encore un peu sur les questions d’hygiène et le relèvement du niveau de vie des déshérités qui coûtaient toute de même un pognon de dingue à l’Egypte.

 

– Effarant le nombre de mendiants qu’on rencontre de nos jours, fit Aménorée en mangeant son sandwich.

 

– Moi je leur donne jamais rien, rajouta Valisansoùth, mais c’est pas par manque de pitié, c’est parce que j’ai jamais un mouton ou une chèvre avec moi.

 

– En tout cas, dit Tépénib, de nos jours, personne n’est à l‘abri des galères. Il va justement falloir accrocher la caravane pour qu’on s’en aille vite fait d’ici, avant que les gardes de Néefièretarée ne nous mettent le grappin dessus.

 

– Ouais, déclara Tampax Nostrum, l’écho des souffrances probables et à venir doit chasser au plus vite nos tourments narcissiques, il faut passer carrément du pourquoi au pour en faire quoi ? Se donner du temps est probablement la dernière chose à faire, si on veut échapper aux crocodiles royaux.

 

– Je dis plus oui que non, lui répondit Vequetum Fourlanus.

 

– Et moi qui pensait passer le week-end sans monter à chameau ! Ajouta Aménorée, en massant doucement son ventre gonflé.

 

C’est sur ces entrefaits que Amékel-Vachar et Lâchetessous-Mécétrocher pénétrèrent dans l’hôtel, en jetant autour d’eux des coups d’œil soupçonneux.

 

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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Eric Erakdanmabarak.
 

 

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Bon week-end à tous.

 

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Message édité par talbazar le 25-09-2018 à 06:38:51
n°54475933
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 18-09-2018 à 19:37:08  profilanswer
 

Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Régis Latif.

 

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Revue de presse

 

Aujourd'hui : Le recensement.

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Message édité par talbazar le 19-09-2018 à 09:13:37
n°54508069
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 21-09-2018 à 17:31:49  profilanswer
 

Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Patrick Amort.

 

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Et incessamment, le retour du tome 2 de notre immense saga "Sus au sein royal", à la demande expresse et positivement enthousiaste de nos 23 lecteurs.

 

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Message édité par talbazar le 21-09-2018 à 17:32:36
n°54515644
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 23-09-2018 à 08:13:29  profilanswer
 

Salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : La saga du trône de Fion - Tome 2 - Sus au sein royal. Extrait numéro 42.

 

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Le choc des armées se propagea comme un souffle cuisant qui engloba les combattants élancés sur la plaine dans un maelström gigantesque et effrayant. A beau voir dans le pré têtes fendues et coups d’épée au cours des assauts rudes, pendant que tous, sans exception, recommandaient âme et corps à notre sainte Kramouille, parce qu’Elle trône et rôde dans les nuages en sa majesté. Les bons heaumes fusaient d’étincelles mervoilleuses au battoiement des lourdes lames coupantes, au jeu des fers acérés miroitant au soleil qui broyaient moult crânes, coques d’os fragiles que l’on voyait juter comme mûres écrasées. Les accolades sanglantes, de face ou de dos, aussi rudes que rapides, faisaient périr en grand nombre la foule des soldats, semant au passage dans les esprits échauffés l’épouvante d’une mort douloureuse. On tuait les hommes, les chiens de guerre lâchés et les pauvres chevaux, brandissant pieds et poings pour être bien certain de massacrer son homme, éventré d‘un ou deux coups magistralement tentés. Sur la prairie transformée en vraie tenure du diable que sa faux malfaisante était en train de moissonner, les flèches lancées en multitude finissaient par masquer la pelouse inondée par le sang des hardis. Perçant comme quintaine la piétaille rudement bousculée, tout fleuronnés d’or, les chevaliers sans couardise et bien masqués du fort écu entraient en ligne au son du cor lâché à pleine haleine ; puis ils frappaient sans pitié au cou des énervés avec leur longue épée d’acier, identiques au faucon qui tombe des nues sur l’oiseau maigrelet. Les loups en grande armure éblouissante, perchés haut sur leurs éperons d’argent, massacraient l’agnelet écrasé violemment sous les pattes de leurs coursiers. Ni beau séjour, ni bon repos, le champ de bataille se mit à regorger peu à peu de cadavres amputés. Robin qui boit, en bonne maille, tapait lui aussi très dur, touchant l’autre de vilaine blessure, en prenant garde à ce qu’aucun chafouin ne vienne à le prendre traîtreusement par derrière, au milieu du tumulte.

 

– Hachez, mes gens, sauvez vos vies ! hurlait-il à Yvan, à Percevalve, à Gauviens, à Braillard, pareillement sans paresse au cœur de la mêlée, tuons tous ceux de Mouyse, prions pour qu’un trouvère vienne à chanter nos noms, si nous trouvons la mort dans ce chantier !

 

Au milieu du boucan infernal, Jeanne-Mireille apeurée, voyant la haine atroce qui la cernait de toute part, avait trouvé un refuge prudent sous les roues d’un chariot que le feu n‘avait pas encore consumé. Devant ses beaux yeux traqués, tel rigolait matin qui maintenant crachait toutes ses dents sur le sol boueux, car les armées se démenaient sous la pluie des javelots, hampes de bois ferrées qui traversaient les troncs des hommes, comme s’il ne s’agissait que de vils moutons gras. Certains tombaient en s’enfonçant plus fortement leur pieux, criant comme des madrés, un grand galop sauvage et cruel venait soudain pour les achever. Mais sous la colère des charges impitoyables que lançaient ceux de Mouyse, de loin et de beaucoup les plus nombreux, il devint évident dans la soirée que l’armée du Fion toute chargée d’épouvante s’en venait peu à peu à perdre du terrain pour mieux détaler. Les sabres Zgomatix tranchaient les têtes comme des choux, les barbares d’Olbo Zgeg aux pelisses déchirées tenaient bien leur parole, Kramouille les puisse honorer ! Le chef au gros tarin avait l’épaule démise et le pied retourné, il frappait près, fracassait et braillait d’une voix forte pour haranguer ses hommes aux cheveux dénoués, mais lui aussi voyait ses efforts tragiquement repoussés. Gaultier devenu blême serrait la bouche, pourtant plein de venant sous le soleil clair de cette funeste journée, il avait bien sûr desconfort de se voir aussi salement bouté, mais ses comtes et barons se ralliaient à l’avis de chercher le refuge des bois, l’exhortant d’abandonner cette horrible bataille qu’ils perdaient. Le bras du sénéchal lui saignait, il avait de plus en plus de mal à cogner, ses joues se baignèrent de ses larmes, le beau combat était perdu ! Il hocha tristement la tête, ordonnant à Vladimir Poustapine et Richard Beurre de Fion un repli devenu nécessaire. Le cheval de Richard venait de tomber brutalement, un jarret entamé.

 

– On rendra au double, beaux doux amis ! mais à présent, le sang me coule sous l’aisselle et il faudra bientôt me soutenir par les épaules pour que je tienne debout, allons, dégageons-nous de ce foutu bourbier, avant que toute l’armée du Fion ne soit éliminée et que mes hommes ne gisent en bière jusqu‘au dernier. Je suis bien désolé de n’offrir en butin à mes preux qu’une telle navrante pilée !

 

Alors, sans gloire acquise, l’armée du Fion céda. En grande débandade, les fantassins coururent comme des lapins, laissant derrière eux quelques malheureux encore mortellement criblés ; comme les autres, les chevaliers épuisés tournèrent finalement le dos à l’ennemi victorieux. Yvan s’empressa de quérir Jeanne-Mireille pour qu’elle monte à sa croupe, Percevalve souffrait d’un coup au flanc et Gauviens qui saignait de la tête d’une bonne estafilade avait perdu son heaume, il disait qu’il craignait d’avoir perdu l’œil gauche. Robin se trouvait simplement épuisé, que Kramouille notre Dame le confonde si jamais il venait de faillir, il baisa la bouche du chevalier Braillard en louant l’orgueil de son lignage et les prouesses de bon moine dont il venait devant lui de faire preuve au combat. Eprouvant grande honte, presque un tiers de l’armée d’Amanda n’existait plus et chez les Zgomatix, l’hécatombe se montrait encore plus généreuse. Tous, à couvert du bois, pansaient désormais leurs plaies en regardant l’ennemi persifleur qui les raillait de les voir déguerpir.

 

– Seigneur Gaultier Quilamolle, fit Robin en massant doucement le coude meurtri du chevalier Yvan, vous n’avez point offert un duel déshonorant, n’ayez crainte, le tyran de Mouyse et ses vassaux ne vont point en tirer quelque orgueil. Nous saurons corriger cet échec avec la fermeté requise. Je collerai moi-même au fond de la cervelle de Vazy Métoian ma belle épée tranchante.

 

Après les turbulences et comme la nuit s’apprêtait à tomber, il fallut poser camp et s’occuper des blessés innombrables. La plaie de Percevalve semblait vilaine, mais Jeanne-Mireille jura qu’elle saurait la soigner ; il n’avait qu’un petit morceau de chair enlevé, elle lui colla dans l‘ouverture un long cordon de lin pour observer plus tard ce qui viendrait à suppurer. L’entaille qui cinglait le visage de Gauviens se montra finalement plus impressionnante que grave. Il avait l’œil bleui et fort gonflé, mais quand on lui colla la tête dans un baquet d’eau froide, il réussit enfin à voir correctement à l’aide de ses deux yeux la bonne laiterie de Jeanne-Mireille, lorsque la jeune femme se pencha devant lui. Apaisé par la joie de cette vision adorable et bien nette, il déclina pour elle par soulagement des compliments très généreux. Nul abri n’avait pu être monté, indemne ou blessé, on s’étalait sous les arbres noueux en se chauffant de flambées vigoureuses. La buissonnade obscure chantait d’une voix triste par les cris des mourants. Les visages des autres étaient graves et sinistres, la plupart préféraient demeurer silencieux ; il y avait dans les rangs des gamins de douze ans. Les Zgomatix prêtaient main forte et délaissaient leur clan pour se mêler aux hommes du Fion ; au milieu des corps allongés, ils pestaient eux aussi de se savoir vaincus. Robin et les prestres de sa milice chantonnaient les cantiques de leur Commanderie, sous les regards de Gaultier, de Richard et de Vladimir qui eux restaient muets, plongés dans l’amertume d‘une défaite malgré-tout héroïque.

 

– Messires, leur annonça finalement Robin, il n’y a point ici de hameau qui puisse accueillir votre armée. Il est à craindre que ceux d’en face ne reviennent pour jeter l’hallali sur le reste des forces.

 

– Certes, fit Vladimir Poustapine, votre raisonnement n’est point boiteux, mais que suggérez-vous ?

 

– Nous devons tourner nord et nous rendre directement vers Kiess, pour l’attaquer. Mouyse est pour le moment un os bien trop dur à ronger.

 

– N'êtes vous pas originaires de ce fief vous-mêmes, vous autres moines ? lui demanda Richard.

 

– Je le suis et mes amis aussi, comme le fut le regretté Karl-Heinz Shâh Soltan de la Cornette, l’ancien roi légitime de Kiess que l’Ovoïde Vazy Métoian LXIX a injustement détrôné.

 

– Les tourelles de Kiess sont percées d’archères, mais moins que celles de Mouyse. Je vous écoute, Robin, fit Gaultier, nous allons faire de votre pays natal le berceau de notre revanche. Si fait, je me range à votre avis, nous prendrons vers le nord au matin, je suis sûr que le donjon de Kiess est un miel éclatant de beauté. Reposons-nous, reprenons forces, la route est longue et puis réjouissons-nous, car il nous reste encore pas mal de cavaliers. Nous avons si je compte assez d’hommes pour lutter.

 

Quand à elle, de l’autre côté de la colline où s’étalaient ses tentes colorées et d‘où sortaient paillardes et quolibets, l’armée adverse pissait sa chance dans les broussailles, car elle buvait sa joie en quantité.

 

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Bon dimanche à tous.

 

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Message édité par talbazar le 25-09-2018 à 06:44:30
n°54528264
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 24-09-2018 à 17:36:57  profilanswer
 

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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Laurent Dalger.

 
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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : La boîte à odeurs.

 
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talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 25-09-2018 à 13:02:04  profilanswer
 

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Salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : Coup de chance dans l'hyperbole. Extrait numéro 61.

 

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Sur une table invisible, les pions mineurs d’un jeu de mih-jdong lévitent en s’agitant de faibles oscillations. Un infime balancement à peine perceptible pour l’œil du général Digoule, en train de perquisitionner le riad ouest du dômus privé de l’ex-président Sirkisi. Devant le nouveau gouverneur de Mars, s’épanouissent de magnifiques chrysanthèmes jaunes plongées dans leur bain nutritif. Dans son dos et suivant les ordres du Tsar, un Oberschütze de la Stärke der Mars Nichtverband fouille méticuleusement les lieux, sous l’observation vigilante d’un Gefreiter qui examine attentivement chaque élément que le soldat lui présente, pour en évaluer l‘intérêt. Pour l’instant, rien ne semble attirer l’attention de ce dernier. A chaque inspection, le chef abaisse son Radiumatic Tripod aux pieds escamotés, pour mieux faciliter son geste. Au bord du large bassin d’eau calme environné de hautes plantes luxuriantes, un robot Liliput N.P. 5357 sans ordre, ni initiative, se tient pour l’instant à carreau. Digoule lève la tête et regarde la lente course des longs balais extérieurs qui nettoient la verrière du bulbe des poussières accumulées par la dernière tempête. Dehors, trois grosses éoliennes hachent l’air irrespirable, comme si elles voulaient chasser dans leur ronde obstinée un reste de brume ; il doit faire en ce moment dans les - 60°. Le général n’a jamais possédé de dôme à lui, son véritable habitat régulier a toujours été son Sharsherman Flash Space Patrol Z-01 de l’amirauté, parce qu’il a toujours préféré la compagnie des étoiles à celle des sables rouges. L’idée de se fixer quelque part lui a toujours été désagréable et le militaire n’est pas du genre à se pavaner dans une riche villégiature sur Phobos. Assises côte à côte devant lui sur un sustentateur invisible, muettes et livides, Jolie Goyette et Suzanne Magouine le fixent des yeux avec l’expression d’un condamné qui regarde son bourreau. Même le ciel devenu d’un orange plus vif vient apporter dans la résidence présidentielle sa part de menace. Les deux femmes donneraient n’importe quoi pour fuir à travers l’un des quatre tunnels de transit, que Digoule n’a même pas pris la peine de faire garder. Il faut croire cependant que le temps des anciennes amabilités est à présent terminé, puisque les derniers bulletin de guerre ont l’air d’avoir transformé le dictateur en fauve incontrôlable. Il vient en effet de se faire humilier de la pire façon par l’évasion de ses condamnés sur la Lune, sans parler de l’implication terrienne que cet acte suppose, d‘après les dernières relations de l‘événement. Nu sous sa longue cape blanche, il s’approche enfin des deux femmes immobiles. Il les a réuni non sans malice dans ce lieu parce que, s‘il est bien le foyer de l‘épouse, ce dôme n‘est pas celui de la maîtresse.

 

– On me dit qu’il s’agissait de pirates, mais la navette commerciale qui s’est posée sur l’astroport de la Mer des Pluies appartenait à Vaness Parada, selon toute vraisemblance ce véhicule n‘a pas été déclaré volé, qu’est-ce que cette petite pute peut bien vouloir gagner à libérer votre mari, Jolie ?

 

– Je l’ignore, général.

 

– Et apparemment la terre est de ce complot, c’est quoi cette embrouille ? La cour galactique est pour l’instant muette, mais ça ne changera rien aux décisions que je vais prendre. Au fait, ça vous fait quoi de pornifier toutes les deux avec le même crétin ? Devant le regard qu’elles se lancent avec une réciprocité apeurée, il sait qu’il a touché juste. Apparement, notre candidat Sirkisi est plus malchanceux en politique qu’en amour. Quel doublé magnifique ! J’ai établi un consensus au sein du congrès de cette planète, sa charte est désormais la mienne, dites-vous bien que si je le retrouve, votre mec est mort, mesdames. Bon, venez, vous-autres, il n’y a rien à gratter ici et embarquez-moi ces deux oiselles, je veux les garder près de moi.

 

Sur l’ordre de son Panzigoberkanonier, le Panzig en attente s’élève dans le ciel de Mars avec un rugissement strident, puis rejoint rapidement l’orbite du Sharsherman amiral afin d’opérer sa jonction. La bête en plastacier de l’Umlaufbahnjagd s’en éloigne ensuite lentement, après avoir libéré ses passagers civils et militaires dans le monstre interstellaire. Comme s’il s’agissait de l’acte le plus important qu’il puisse accomplir pour conserver sa légitimité, dans l’immense cockpit de son vaisseau, Digoule ordonne au Sharshermankapitän de détruire le dôme qu’il vient de quitter.

 

– Le dômus présidentiel, mon général ?

 

– Exécutez !

 

Rivée sur son siège, Jolie Goyette tremble de tous ses membres. Elle sait que la promesse de mort concernant Nikos sera un jour actée par ce fou de guerre. Il n’y a pas à ce jour d’exemple, sur aucune planète, qu’un vaisseau spatial soit intervenu dans une guerre au sol. Pourtant le bâtiment résonne d’une courte alarme, son missile à peine lâché a déjà accompli son œuvre destructrice. Une simple et fulgurante déflagration, le beau domicile martien de Jolie et de Nikos, avec toute sa faune et son inestimable flore, n’existe plus. Suzanne n’a plus de gêne, elle a saisi la main de sa voisine dans un étonnant geste de compassion. Elles se regardent sans rien dire, toutes deux s’interrogent peut-être en fait simplement sur la forme que va prendre leur devenir commun, devant l‘obstination idéologique que démontre le nouveau maître de Mars. Peut-être va t-il les prendre pour une nouvelle menace et décider qu’il vaut mieux les tuer toutes les deux ? Voilà pourquoi le sentiment de vivre un danger commun laisse la main de la femme de Nikos Sirkisi s’abandonner dans celle de Suzanne sans la repousser, une manière par ce geste de conjurer sans doute le même affolement ; en dépit de l’amertume de Jolie causée par le désordre provoqué par l’autre femme à son  intimité. La fille unique de l’administrant Magouine semble calme, sans doute accablée par la fatalité de son destin, mais ses yeux révèlent qu’en réalité son esprit s’affole dans une agitation de pensées tourbillonnantes. Elle serre maintenant plus fort la fine main de l’autre.

 

– Pardonne-moi, Jolie.

 

– J’ai moi-aussi bien des chose à avouer, tu les connaîtras peut-être un jour, mais je ne l’espère pas vraiment, à vrai dire. En vérité, elle n’est même pas curieuse de recevoir l’avis de cette fille sur les troubles qu’elle a un peu propulsés en plein milieu du congrès, sans le vouloir vraiment. La guerre totale en récompense de la légitime jouissance, quel désolant vertige existentiel !

 

Le Sharshermankommandeur les invite ensuite à le suivre vers l’appartement-cabine que Digoule leur a dédié. Il a invoqué la sécurité militaire pour ordonner à cet homme que ce compartiment soit scrupuleusement condamné. Les deux femmes n’ont donc pas le loisir d’en sortir à leur gré, mais il leur fallait somme toute ne pas en douter. Le moins que l’on puisse dire, c’est que le général s’emploie à rendre toute contradiction inutile. Alors que le Tsar ordonne au Sharshermankommodore de prendre le cap vers Utopia, le fameux territoire rebelle truffé de leurs souterrains, un holocast s’anime soudain devant lui, imageant la silhouette de l’avocadoc Clark Goebbels.

 

– Le Congrès est avec vous, camarade général gouverneur Digoule, gavarit maskva. Je vous contacte depuis 4887BN-Henrico Macias, où je viens d’examiner les archives de l’Administration pénitentiaire galactique concernant le numéro d’écrou de Flash Gourdin. Je vous confirme que nous conservons bien un holotonne psychique complet de notre homme. Cela devrait nous permettre d’agir et de provoquer sa fin de vie par procuration, c’est vous qui déciderez le bon moment pour que ma guilde agisse. Un contrôle holocast du sujet prendra tout de même un peu de temps pour être mis en activité, je dois vous le dire, ce n‘est pas aussi simple qu‘une manipulation par implant.

 

– Merci, avocadoc Goebbels. Le Congrès est avec vous, gavarit maskva. Je prend note, mais ce n’est pas maintenant le bon moment pour en parler, je vous rappellerai lorsque j’aurais plus de loisir pour réfléchir au sort de ce taré. Une chose est cependant certaine dès à présent, ce cinglé n’aura pas le droit de vote concernant son propre choix d‘exister.

 

Il voit s’évanouir instantanément le spectre bleuté, puis il s’amuse en secret que le sort de Gourdin, au moins, ne provoquera nulle polémique au sein de ce foutu congrès. Un bon point en tout cas pour ce doc de justice : il n’avait pas omis de l’appeler gouverneur. Toutefois, le défi qu’il s’apprête à prendre dans quelques minutes est d’une autre ampleur et plus lourd en conséquences, alors qu’un simple frémissement zionnique de son réacteur vient de l’envoyer pile au-dessus d’Elysium Mons. Dans l’immense vaisseau qui transperce la nuit de ses feux clignotants, étage par étage, l’ordre de se préparer au combat se propage et se relaye dans toutes les cloisons, depuis le noyau du poste de commandement. Dans le cockpit de cette région centrale et dans la tête même du général Digoule, il n’est pourtant question pour l’instant que d’un seul nouveau tir, hyperpropulsé autant qu’imminent.

 

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Message édité par talbazar le 25-09-2018 à 17:11:58
n°54544437
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 26-09-2018 à 11:50:57  profilanswer
 

Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Annick Amort.

 

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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Léonard Penteur.

 

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Message édité par talbazar le 26-09-2018 à 12:03:51
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talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 27-09-2018 à 12:18:02  profilanswer
 

Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Capucine Emma Muet.

 

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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Jean Perlenor.

 

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Message édité par talbazar le 27-09-2018 à 14:01:00
n°54575337
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 30-09-2018 à 09:11:41  profilanswer
 

Salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : La jet larguée. Extrait numéro 35.

 

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L’avocate Sonja Sweet Peticoeur n’avait pas à jouer la prudence, puisqu’elle ignorait la surveillance officielle à laquelle les services secrets de la Russique la soumettaient. Les hommes de l’ombre apparaissaient et disparaissaient autour d’elle sans qu’elle s’en doute. Rien d’insolite ne troublait d’ailleurs ses jours et les sous-marins à sandwichs scotchés au fond de leurs pick-ups la qualifiaient dans leurs rapports de « bonne petite ». D’autres pestaient davantage, parce que fouiller en gants de ménage les poubelles de madame pendant la nuit représentait une besogne éprouvante et titanesque, Sonja n’était en rien une adepte de la décroissance. Ces espions-là n’avaient pas la fibre sacrée des paparazzis et leur cible pratiquait au contraire bravement une ostentatoire surconsommation. La jeune femme ne savait donc rien de leurs agissements, elle s’inquiétait juste d’assurer pour quelques nuits, de temps à autre, une présence charnelle plutôt virile à ses côtés et surtout dans son pieu. C’est sous un romantique clair de lune laiteux qu’elle rencontra Robert Rifort au bar du tribunal, un homme charmant qui lui proposa aimablement son moyen de locomotion pour rentrer chez elle, après un nombre conséquent de mojitos pris en commun. Non seulement il se montrait serviable et sympathique, mais en plus, il démontrait avoir beaucoup d’humour.

 

– Soyez sans crainte, prévint-il en regardant ses cuisses, alors qu’elle s’asseyait à l’avant de sa belle voiture de sport, je décrypte correctement tous les panneaux.

 

Il était donc très drôle. De toute façon, dans sa disposition présente, elle aurait été pliée de rire aux blagues d’un bonhomme bien tourné lui sortant des vaseuses avec un air de boeuf. Sous l’insistance du beau regard bleu et enjôleur de cet Apollon du code routier, Sonja se faisait l’effet d’être une simple cheminée verticale, mais ce n’était pas ce soir-là pour lui déplaire. Elle frissonna un bref instant, devant une certaine vision de l’inconnu, à l’idée qu’un inspecteur de police la retrouve dans huit jours au pied de son lit, baignant dans son sang avec un coupe-papier en ivoire planté au-travers de la gorge. En tant qu’avocate, elle savait très bien que le monde est rempli de pervers psychopathes libidineux affichant des figures d’anges sur les murs des profileurs. N’empêche qu’en tenant le volant, il regardait sans arrêt ses seins à la dérobée, ce qui la faisait déjà couler comme une fontaine naturelle. Dans une heure ou deux, ce très beau mec allait sans doute brillamment s’activer à faire sauter le barrage. Elle n’était pas certaine de bien vouloir attendre que le niveau adéquat soit atteint.

 

– Ce dossier de la Petro-Jelly sur lequel vous bossez en ce moment, ça m’a l’air tout bonnement hitchcockien !

 

Putain, en plus ce mec avait de la culture. Il en fallait beaucoup moins pour attirer l’émotion de l’avocate en titre des familles des victimes du crash supposé du vol PJ 612 Paris-Kilapile de la Petro Jelly. Elle remonta un peu sa jupe, à peine, pour se donner une contenance. Ce jeu sur l’émoustille l’excitait de plus en plus.

 

– C’est compliqué. (Elle avait juste envie de lui faire une pipe, là, tout de suite). On ne peut pas dire que la compagnie jette sur ma route beaucoup de petits cailloux, que je n’aurai qu’à suivre pour retracer le mystère de cet avion. Il faut absolument qu’on le retrouve avant la date de liquidation, qu’il y ait des survivants ou non, au risque sinon de n’engendrer qu’un pitoyable remboursement du billet aux conjoints et partenaires.

 

Pendant qu’elle lui résumait en gros les péripéties concernant son épineux dossier, violant tous les secrets de l’instruction, puisque c’était la seule chose qu’elle pouvait en cet instant violer, elle se voyait en réalité avec lui, sous la mousse parfumée de sa baignoire, à jouer à chatte qui pêche et qui finalement trouve. Tant qu’il n’aille pas plus tard accrocher son sac à dos, ou plutôt son couffin, au bec de la cigogne… Robert Rifort lui mangeait déjà dans la main. Elle osa tout d’un coup lui frotter doucement la joie de vivre. Il avait peu-après cette action, dans son froc, un machin capable de casser la brique la plus solide. La démonstration du grand jeu sympa annonçant une actualité nocturne prémonitoire, qui n’en finissait pas de rendre Sonja de plus en plus accessible. Au diable la vielle dame au guéridon fleuri qu’elle serait probablement un jour, elle avait, là, maintenant, sacrément besoin que ce monsieur la sculpte et l’ausculte, tout en la traitant comme une superbe poétesse des draps bouchonnés, sans arrêter de lui taper plus ou moins fortement sur les fesses. Plus elle tournait la tête vers son chauffeur, plus elle avait soif de rodéo et se sentait aussi chaude qu’un volcan des Galápagos.

 

– Alors comme ça, Robert, vous me dites que votre mère est amérussienne ?

 

– Oui, mon arrière-grand-père était le chef d’une tribu vivant dans une réserve Sedegaga, j’ai donc un peu de sang indien dans les veines, ce qui fait que je suis à très à l’aise en hauteur et que je tiens bien les mojitos.

 

Il conduisait en se tenant le menton. C’est vrai qu’il l’avait joliment carré. Sonja posa sa tête sur son épaule d‘homme de haute stature, dans deux secondes, il allait sans doute lui balancer un haïku, heureusement, ils arrivaient chez elle. Il ne souffrait pas du vertige, il venait clairement de prendre son ticket pour baiser debout.

 

C’était le moment de sortir la poésie de son emballage. Les meilleurs moments n’ont aucune morale et il était déjà une heure du matin. Avant de la pousser sur le lit, Robert lui fit un compliment sur le livre d’Ernest Hemingway qui traînait sur la couverture, puis quelques autres sur la qualité de sa lingerie. Sonja n’en demandait pas autant, mais c‘était vrai que ses soutifs de fabrication tricolore lui coûtaient un bras. Alors qu’il fouillait dans ses cheveux bouclés, un tsunami d’amour la balaya jusqu’à l’aurore. Au matin, encore à moitié nue, elle fut la première levée et s’activa à la préparation de son thé. Il débarqua un peu plus tard dans la cuisine, avec la gueule du mec heureux. Elle regarda son bel indien qui l’avait fait swinguer en toute sympathie en brillant au fourneau, puis elle poussa devant lui, sur la table, l’équivalent d’un rayon de boulangerie.

 

– J’ai arrêté de boire du café, mais tu peux t’en faire un si tu veux, il y en a dans le placard.

 

– Merci beaucoup.

 

Comme il avait les doigts encore humides, il fit chuter le bocal empoisonné en le faisant exploser et tout le café maquilla le carrelage, en dispersant partout à la fois sa poudre brune et le méchant curare.

 

– Mince, je suis désolé.

 

– C’est pas grave, chéri, lui fit Sonja en sirotant son thé, parce que le bonheur est contagieux et qu’au final, elle n’avait pas été enlevée par un pervers ou un tueur en série.

 

Il se contenta donc de boire un thé lui-aussi, en lui racontant que Buster Keaton n’avait jamais joué de sa vie dans un film parlant. Auparavant, il avait balayé sa faute avec une remarquable efficacité, elle l’avait même vu s’agenouiller. Tout ce café perdu ne la gênait pas, puisqu’elle n’en prenait plus. Elle se disait juste qu’elle essaierait de goûter son prochain after avec un amant moins gauche. Les grains de café coûtaient tout de même plus chers que les braves guerriers de passage sur le sentier de son oreiller.

 

Assis derrière le bureau imposant de son salon carré, le président de la Russique Bronislav Enjoyourself commençait sérieusement à s’impatienter en émettant les pires jurons, parce que l’opinion mondiale lui chauffait les oreilles et que l’avocate Sonja Sweet Peticoeur n’était toujours pas clamsée, selon les derniers rapports. Elle faisait tellement de foin autour de cette affaire, en particulier sur la chaîne de télévision Danmon Kanal, qu’elle ne tarderait pas à établir le lien qu’il fallait entre l’île de Badigooince et cette saleté d’avion de la Petro jelly. La jeune emmerdeuse mandatée relayait avec obstination sur les réseaux sociaux un communiqué du Syndicat d'hôtesses et stewards qui se disait vivre un véritable calvaire, à l’idée de ne pas connaître le sort subi par leurs collègues. Kurt Uppe, le chef-steward, fumait le cigare et l’hôtesse Shirley Cebiène s’envoyait régulièrement en l’air dans les toilettes, nuançaient maladroitement en réponse les juristes de la compagnie embauchés par Marithé Konerie. Il n’était toutefois pas question pour Bro de virer au diplomate, il avait donc réuni une nouvelle fois l’ensemble de ses chefs d’armée, pour examiner la possibilité d’envoyer là-bas un commando de choc nettoyer les survivants. Avec en prime, le plus possible de crabes géants. Zoya Kachevbowman, chef d’état-major des forces aériennes et l’amiral Timothy Maxwellgadeïev, commandant la flotte maritime, lui assurèrent avec une volonté évidente de lui faire plaisir qu’il allaient cogiter conjointement la petite intervention clandestine, à partir du porte-avion Krav Méga, puisque le bâtiment croisait toujours dans le coin. A les voir tous les deux côte à côte et superbement sublimés par leurs beaux uniformes, le président aurait donné sa main à couper qu’ils couchaient ensemble.

 

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Bon dimanche à vous.

 

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Message édité par talbazar le 01-10-2018 à 15:26:25
n°54585876
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 01-10-2018 à 15:31:13  profilanswer
 

Le congélateur muséographique.
 
Ajuourd'hui : Un tableau dans un sale état.

 
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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Anatole D'acier.

 
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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Mehdi Kaman.

 
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Bientôt, la suite !
 
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Message édité par talbazar le 02-10-2018 à 11:04:00
n°54611757
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 04-10-2018 à 10:01:35  profilanswer
 

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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Illias Defric.

 

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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Les frères Bouanlaire.

 

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Message édité par talbazar le 04-10-2018 à 10:35:58
n°54615222
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 04-10-2018 à 15:13:16  profilanswer
 

Salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : Noeud coulant pour Martin Smith. Extrait numéro 55.

 

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Le directeur US de la Samsara Foundation avait une sainte horreur de la mer et des bateaux, toute forme de navigation le rendait malade comme un chien et cette maudite ballade-ci, très au large de Molokaï, ne dérogeait pas à la règle. Par dessus-tout, il venait de quitter le confort tranquille de sa luxueuse résidence d‘Honolulu, pour aller affronter dans son complexe volcanique la colère prévisible du docteur Van Degaffe, s‘il découvrait le pot aux roses. Il avait imprudemment ouvert la porte de son institut aux flics, alors que rien ne l’y obligeait et après le départ de l’inspecteur Sam Alloma, il déplorait la perte incompréhensible d’Echo 16, le rat de labo que le doc lui avait précisément réclamé. Pour ne pas arriver les mains vides, auquel cas il risquait peut-être sa peau, il emmenait avec lui dans une cage une rate nommée Belle 2K10, un cobaye ayant expérimenté plus ou moins les mêmes protocoles que la disparue. Brüder Karamasow porta la cage à la hauteur de ses yeux, l’autre camée blanche pointa sur lui ses grands yeux injectés. L’outil vivant n’avait pas l’air en forme.

 

– Et surtout, tu la boucles devant le toubib, je ne veux pas t’entendre.

 

– Ok chef, je ne suis pas payé pour raconter ma vie et je sais bien que la science n’existe que pour aider son prochain. Pour le moment, avec tous les médocs que j’ai dans le bide, je suis comme vous, j’ai juste envie de poser ma galette par-dessus bord.

 

– Ferme-là, je te dis ! Cette petite salope en sursis venait de lui nouer encore plus les tripes.

 

Derrière son dos, vêtu d’un costard noir et peu loquace, Ricki le Dingo observait attentivement les manœuvres d’approche du bateau, lequel allait aborder un court ponton en béton délabré. Les flancs gris de ce quai incongru qui ne menait nulle part étaient cerclés d’une ribambelle de pneus, ce qui prouvait qu‘un navire pouvait s‘y amarrer sans craindre pour sa coque. Intérieurement, Ricki était inquiet, il n’avait pas de nouvelles de Gustavo Piccolini, alors que celui-ci devait lui rendre compte de son dernier contrat. Il ne savait pas non plus si les flics français se trouvaient toujours en vie, il espérait bien que non, mais ce n‘était pas le genre de Gustavo de faire autant de mystères, une fois son boulot accompli. Pas le genre non plus à monter son business à l’envers, en suivant par mégarde de mauvais plans. A l’approche du volcan, les eaux d’un bleu laiteux se montraient plus calmes, les reflets inversés du ponton s’y gravaient presque sans déformations. La montagne imposante et calme tombait à pic dans la mer, en formant un angle presque droit, ses roches noires disparaissaient sous une épaisse couche de végétation, composée d’arbustes aux espèces variées. En dehors d’elle-même, la petite installation portuaire n’évoquait aucune autre proposition de destination et semblait construite par un type fou ou distrait. Il n’y avait aucune raison pour qu’un bateau veuille accoster ici. Le navire qui battait le pavillon de la Samsara Foundation en avait pourtant visiblement l’intention. Brüder Karamasow connaissait parfaitement l’inouï complexe à étages que cachait en son sein cet écrin isolé recouvert de jungle luxuriante, émergeant seul de l’océan en guise de faux-semblant. Le volcan solitaire et perdu donnait le change au plus fantastique repaire secret jamais construit par le génie d’un homme doté d‘énormes moyens. Pas de crique, pas de plage, rien d’autre qu’une assise inaccessible et dénuée d’intérêt, plus l’œil détaillait le paysage, moins le ponton démontrait la moindre raison de son utilité. Toujours ballotté par le rythme écœurant de la houle, Brüder était à présent impatient de descendre du rafiot ; il connaissait beaucoup de choses sur les agissements du docteur Van Degaffe, dont il était en fait l’employé, notamment la façon expéditive goûtée par le savant pour régler certaines problématiques qui se posaient à lui.

 

– Alors, on arrive ? questionna Belle 2K10, en lissant ses moustaches.

 

– Si tu ne te tais pas, je vais être obligé de te coller dans les veines un truc pour t’y aider. Il brandissait devant le museau de l’autre une seringue hypodermique très explicite.

 

– C’est bon, chef, je demandais ça juste histoire de causer. Je vois pas trop ce qu’on fait par ici.

 

– Boucle-là, je te dis. Il y avait de fait une différence de taille entre cette rongeuse et Echo16, parce que la cruche dont il portait la cage se montrait sacrément plus bavarde. Il n’allait pas lui répéter pendant cent sept ans les règles de base.

 

Karamasow laissa passer aimablement le violent vaurien devant lui, avant que le gangster ne mette lourdement les pieds sur le ponton. Il descendit alors à son tour, en évitant du mieux possible le regard intrusif de l‘autre, dont les prunelles vertes s’enfermaient sous des sourcils froncés et très bas. Ricki le Dingo incarnait ce genre de diablotin qui vous tire d’abord très posément dans un endroit du corps, avec la charmante attention que ça vous laisse en vie un bon moment. Le bateau coupa enfin son moteur. Au silence revenu, Brüder respira mieux. Il n’aurait bientôt plus besoin de son garde du corps au costume corbeau, cette idée agréable aidait forcément le mal de mer à s‘estomper. L’équipage semblait vouloir rester à bord, mais il n’était pas douteux que certains types qui le composaient n’étaient en fait que de vils porte-flingues. Tout à coup, face au ponton, la montagne s’ouvrit. Le tableau formé par l’énorme demie-coupole recouverte de jungle factice en train de basculer était savoureux. La porte ingénieuse libéra l’accès à un profond tunnel éclairé, dans lequel Brüder et Ricki s’engagèrent. L’ouverture se referma aussitôt derrière eux. Les deux hommes n’avaient pas besoin de guide, ils savaient qu’un wagonnet automobile viendrait les prendre en charge. Ils patientaient en effet dans un couloir voûté aux murs blanchis, dont le plafond s’encombrait de gros tuyaux noirs, mais, creusés dans le sol de béton brut, des rails étaient visibles. Ils avancèrent encore sans rien dire, jusqu’à ce qu’un nouveau tunnel identique offre une bifurcation sur la droite. Les rails se doublaient pour desservir cet autre passage. C’est par cette nouvelle voie que se présenta la voiture électrique, en se déplaçant sur les rails pratiquement sans bruit. Bien qu’ils ne soient pas là pour la conduire, puisqu’elle était automatisée, Gros Bill et Jim Main Folle se tenaient dedans. Lorsqu’ils arrivèrent à la hauteur des invités, il était clair qu’ils n’avaient pas l’intention de descendre de leurs sièges.

 

– Salut ! leur lança sur un ton laconique Ricki le Dingo.

 

– Salut, répondirent les deux autres, grimpez !

 

– Des nouvelles de Gustavo Piccolini, Ricki ? demanda Gros Bill à son voisin.

 

– Non, aucune.

 

– Fait chier.

 

Ils glissèrent un bon moment dans un univers étouffant au décor unique, il faisait très chaud et la vitesse de leur véhicule se montrait assez lente. La voiturette s’arrêta enfin au terminus d’une salle aux murs tapissés de céramiques blanches. Ils passèrent par une lourde porte que débarra Gros Bill à l’aide d’un code chiffré. De l’autre côté, la lumière violente giclant dans cette nouvelle pièce nue fit plisser les yeux fragiles de Brüder Karamasow, qui remarqua quand même au passage la multitude des cellules de détection. Ils la traversèrent sans s’arrêter, jusqu’à une nouvelle porte métallique au mécanisme apparent, que Bill déverrouilla cette fois en tournant un lourd volant central. De l’autre côté, ils trouvèrent un ascenseur dans lequel tout le monde s’engagea. 60 secondes de voyage vertical environ. L’ambiance changea du tout au tout, ils se trouvaient à présent dans la screening room, bardée de moniteurs surveillés par une foule d’hommes et de femmes en blancs. La salle au sol lisse, propre et brillant, donnait l’apparence d’un centre de communication, mais peut-être contrôlait-on là aussi l’énergie issue de la chaleur magmatique. Gros bill attira son monde vers un nouveau corridor lambrissé de bois rare, il menait vers un coin du big labo, sorte de salle d’attente futuriste où se trouvait sa bande au complet. Cannibal Cult, El Barbudo, Pizza Gigante, Grand Tonio, Riton Tape-Dru, Le Barbouilleur, Moonshine Booze, Jim Main Folle, Gino L’éclabousseur et Pitou le Tatoué. Ils échangèrent quelques mots avec Ricki le Dingo, il était encore question de Gustavo. Van Degaffe se présenta enfin, il empoigna la main du professeur Brüder Karamasow, à qui il demanda de le suivre, sans être accompagné.

 

– Vous appréciez Honolulu, professeur ? lui demanda-t-il en chemin, histoire de causer.

 

– La plus sympathique ville du monde, mais je trouve le climat trop humide. Je suis originaire de Niagara Falls, vous savez.

 

Degaffe l’introduisit dans un labo privé. Le directeur US de la Samsara Foundation posa aussitôt en tremblant la cage de sa rate sur l’une des paillasses.

 

– C’est pas trop tôt, fit Belle 2K10. Entre la ballade en mer et la promenade à bout de bras, je crois bien que j’ai un peu dégobillé.

 

– Vous vous fichez de moi ? lâcha Van Degaffe en prenant un air contrarié, lorsqu'il se pencha sur le petit casier grillagé. Ce n’est pas Echo 16.

 

– Elle a disparue, je suis désolé. Il venait de comprendre qu’il ne pourrait jamais tromper le savant.

 

– Evadée ou volée ? ce n’est pas la même chose.

 

– Je n’en sais rien, celle-ci avait prise sa place.

 

– Tu en dis quoi, toi ? demanda Van Degaffe au cobaye.

 

– C’est une nana qui nous a échangées, avant de coller ma copine dans sa poche. Une flic française, apparemment, qui se trimballait avec un perroquet et l‘un de ses collègues.

 

– Vous avez permis aux flics de pénétrer dans la Samsara et vous ne m’avez rien dit ? Degaffe toisait à présent Brüder Karamasow, en lui jetant un regard mortel. Il infirmait pourtant sa menace en jouant innocemment avec son doigt, glissé dans son oreille.

 

– Cette rate est bavarde comme une pie, elle dit n’importe quoi.

 

– Non, mon cher Brüder, j’ai plutôt l’impression que c’est vous. Vous-êtes devenu fou, ou vous voulez mourir ? Voyez-vous, les tissus biologiques d’Echo 16 sont essentiels à mes prochains travaux, si la chose peut traverser votre abrutissante opacité. Notre amie à présent envolée est bardée d’enzymes nouvelles et ses gènes codent de nouvelles familles de protéines, de signatures complexes, reliées entre autre à la géraniole synthétase. Je cherche à lui faire produire des monoterpènes, comme les plantes, voilà pourquoi cette bestiole va cruellement me manquer, au contraire de vous et je n‘ai pas besoin de vérifier plus avant ce petit détail. Je n’aime ni les cachottiers ni les menteurs, Karamasow !

 

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Message édité par talbazar le 06-10-2018 à 07:29:23
n°54625163
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 05-10-2018 à 16:07:29  profilanswer
 

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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : François-Joseph Fassé.

 
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Revue de presse.
 
Aujourd'hui : L'expo d'art.

 
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Revue de presse.
 
Aujourd'hui : Les gardiens de pelouses.

 
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n°54636486
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 07-10-2018 à 14:00:29  profilanswer
 

Salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : Biographie de Gaston Boudiou. Extrait numéro 44.

 

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 La pluie rajoute toujours un côté romantique aux enterrements et les flots de la dépression météorologique se combinent admirablement aux larmes de désespoir versées par les participants, souvent anéantis de perdre un être cher. Or, il pleut à verse ce jour-là sur le petit cimetière de Troulbed, comme ce fut le cas pendant l’inhumation de grand-mère Ernestine Boudiou. Gaston a d’ailleurs profité de l’occasion offerte par la mise en terre de Marité Hissedru pour déposer quelques jolies fleurs fraîches sur le tombeau de sa mémé, placé juste en face de celui de Jules Bidru, l’ancien garde-champêtre. Emile Pertuis, la cousine Brigitte Parade et Gaston Boudiou ont donc fait le déplacement en DS depuis la capitale en ébullition pour venir enterrer l’épicière. Antigone Inseouine de la Nouille et Angèle sont en revanche restées à Paris, puisque la sœur de Gaston se prépare activement au concours de la Miss Blonde 1968 et de sa future carrière de star internationale du cinéma hollywoodien. Elle doit d’ailleurs trôner sous les flashs du shooting de Monsieur Propre cette semaine-là. Transis par le vent piquant du nord-est, les quelques personnes présentes s’amassent autour du grand trou déprimant, en face duquel le curé fait son discours pour lequel les paroissiens le payent. Portant ses sempiternelles couleurs automnales et prête à accoucher, Véronique Taloche et Jean-Micheton, contre qui elle se serre étroitement, sont là aussi, mais Gaston a tenté tant bien que mal de les éviter. Jean lui a demandé « comment va ta sœur ? » et les anciens amis d’enfance se sont toisés au cours d’un échange tendu. Gaston avait juste envie de lui mettre son poing dans la figure, parce que ce salaud lui avait piqué son amour et dépucelé sa frangine. Loin d’incarner le guerrier pacifique sur son chemin de Kathmandu, Jean Micheton, c’est juste une bite à pattes chaussant du 42. Le garagiste de Bripue Gabriel Gromanche est là également, ainsi que l’infirmière Marie Tafiole au nez poudré qui tient la poussette de son gamin, accompagné par son mari. Beaucoup d’anciens amants de Marité sont réunis, une belle brochette des étalons de Troulbled qui rêvent encore des formes somptueuses de la défunte commerçante hippie, tragiquement disparue. Aucun de ceux-là, mariés ou célibataires, n’avaient imaginés pour elle un tel effrayant scénario, en apprenant son départ pour Paris. Ils ne subodorent même pas son périple agité vers les Indes. La pluie tombe drue, le curé en soutane reste stoïque, sous le large parapluie que lui tient tant bien que mal un enfant de chœur, roux comme une carotte :

 

– Marité Hissedru, fille par trop insouciante de notre pays, marche à présent sur le chemin de la paix éternelle. Une sérénité qu’elle n’aura jamais connue, puisque nulle crainte de Dieu ne lui faisait baisser les yeux. Elle a gravement pêché de son vivant en dessinant ses mandalas sataniques et fut privée de la gloire de Dieu accomplie dans le Christ Jésus, mais nous savons qu’elle marche à présent dans sa justice sanctifiée par notre foi. Le Seigneur juge son peuple et offre néanmoins à présent son châtiment à celle qui a indignement profané le sang de l‘alliance en y collant sa seringue.

 

Il ne s’agit donc pas d’un enterrement flower power, bien que le cercueil mouillé et ruisselant de Marité croule sous les couronnes multicolores. Le cimetière de Troulbed n’a rien d’un décor orientalisant. Gaston médite sur le rêve éveillé de son amie transformé en cauchemar physique, il tient pour l’occasion la main frêle de Brigitte, laquelle n’arrête pas de pleurer. Depuis l’effroyable chambre mansardée de la rue de l’Odéon, il fait tout son possible pour la consoler de la perte de sa cousine. Personne, dans cette calme enceinte des morts de Troulbled où ils sont réunis, ne semble avoir avalé des champignons de psilocybine, ni quoi que soit d‘autre. Gaston lui-même a levé le pied sur les bonbons psychédéliques. Ce n’est pas en ce lieu que l’on va entendre voler les airs du Velvet Underground qu’aimait tant écouter la rieuse défunte entrée dans le monde invisible ; cette fille perdue à qui on rend un dernier hommage, bien que le curé rappelle à tous que la pauvre femme aura toujours refusé de pointer à l‘usine. La brave intermittente de l’amour qui a offert, comme on s’en rappelle, sa première joie du corps à Gaston Boudiou. Non loin de là, gisent également Marie-Charlotte et son père le baron de Latronchedecon, à présent réunis pour l’éternité dans l’imposant caveau familial. Brigitte aux lunettes noires cramponne les doigts  de son nouvel ami, puisque toute recherche implique des tâtonnements, les traits de son beau visage dessinent le masque d’une championne de la mélancolie et pour le jeune homme de bientôt 16 ans, ce tableau fait peine à voir. Il écoute distraitement avec son chagrin en bandoulière et il n’a qu’une envie, c’est d’envoyer ce stupide curé trempé aller se faire foutre. Fille déjà squelettique mais forcément aimée de l’univers, Marité Hissedru à l’âme damnée est embarquée dans sa lourde boîte en chêne, pour être ensuite confiée aux vers grouillants et aux bactéries.

 

Troulbled n’est que peu concernée par les troubles de la révolution parisienne, qui demande derrière ses barricades en feu la levée de nombreux interdits. Il faut se rendre jusqu’à Bripue pour observer les ouvriers de l’usine de matelas, payés 840 F par mois, se mettre en grève à l’appel de leur syndicat, soucieux d’emboîter le pas à Renault (2 morts et 130 blessés en juin) et d’imiter la RATP et la SNCF. Alors que de Gaulle proclame « La réforme oui, la chienlit non ! », la France est paralysée par dix millions de grévistes. Troulbled ne s’inscrit pas vraiment dans la spirale planétaire et à bien des égards, on pourrait même penser que la petite ville lui tourne le dos, plus occupée par sa vie rurale et ses troupeaux de vaches qu‘autre chose. Pourtant, le petit écran parle aux habitants chaque soir. Hanoï et Washington décident de se serrer brièvement la main, le type opéré du cœur à Montpellier ne va pas survivre (140 transplantations cardiaques pratiquées dans le monde en 1968, seulement 25% de survivants). On craint encore que les femmes qui prennent la pilule ne fassent plus tard naître des mongoliens. Officieusement, la C.i.a espionne et met en fiche des citoyens américains pour raisons politiques, tout en violant le secret des correspondances, notamment les lettres échangées entre l‘U.R.S.S et les Etats-Unis. Des agents et des militaires expérimentent encore le L.S.D, ce qu‘ils font en réalité depuis les années cinquante. Dans la capitale espagnole, le général Franco raide dans ses bottes se fiche de la démocratie comme de l’an 2000. A Saint Tropez, le soleil brille plus que jamais sur la madrague de BB. Le Concorde est toujours en chantier, il volera l‘année d‘après. Au mois d’octobre, le 10, la veuve inconsolable de l’Amérique, Jacqueline Kennedy, 39 ans, épousera le milliardaire roi bronzé des armateurs, Aristote Onassis, dit Ari, 62 ans, sur l’île de Skorpios. Comme la ville de sa jeunesse qui ignore en apparence la folle valse du monde, Emile démontre quand à lui une sempiternelle humeur massacrante, mais son fils en connaît maintenant la raison, puisque son père se croit cocu. Gaston Boudiou n’oublie pas la mission de détective qui lui a été confiée, mais nageant dans un océan plus joyeux, pour lui, l’heure semble enfin venue de caresser les jolis seins sautillants de Brigitte Parade, au sac de toile à la mode estampillé Lufthansa, puisqu‘il ne peut se lasser d‘admirer ses longues jambes élastiques. Ils sont allés tous les deux au cinéma voir « Je t'aime, je t'aime », d'Alain Resnais, en se gavant de bonbons « Kréma ». Dans l’hôtel de Bripue où Émile a loué leurs chambres, Gaston va faire l’amour à Brigitte pour la première fois, imitant de fait un bon nombre de couples amoureux qui reviennent d’un triste enterrement.

 

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https://www.youtube.com/watch?v=_64nc_NLE_I

 

Bon dimanche à tous.

 

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Message édité par talbazar le 07-10-2018 à 21:25:59
n°54636632
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 07-10-2018 à 14:23:40  profilanswer
 

si je dois conclure, merci. Comme un croissant qui sort de son four.

n°54641947
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 08-10-2018 à 09:01:37  profilanswer
 

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Revue de presse.
 
Aujourd'hui : Disparition de monsieur Pipi.

 

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Message édité par talbazar le 08-10-2018 à 17:06:43
n°54646109
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 08-10-2018 à 15:07:36  profilanswer
 

Salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : L'épilée du Nil. Extrait numéro 90.

 

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Les deux serviteurs de Schrèptètnuptèt Tahosétlafer Ramassidkouch se glissèrent entre les hauts piliers de la réception, auscultant les physionomies avec la plus grande attention. A leur arrivée, les bavardages se firent plus timides, on contemplait ces hauts fonctionnaires avec une vague appréhension. Alors qu’ils se glissaient dans le hall commercial au milieu des paniers à sandales et les cartons à robes, chacun de leurs pas faisait fuir les gazelles apprivoisées, les lapins et les chats. Les visiteurs intriguaient, puisque la belle-sœur de Néefiertarée jouissait d’une terrible réputation. On craignait par-dessus tout d’entendre siffler au-dessus de sa tête la lanière des fouets portés par ces messieurs. Amékel-Vachar se dirigea vers le comptoir de l’accueil, puis, ayant détaché la bourse bien gonflée de sa ceinture, il posa quelques menus poussins sur le meuble, dans l’espoir de soudoyer Françoise la Gauloise en échange de quelque renseignement.

 

– Ma chère petite, n’ayez aucune crainte, mais nous vous prions d’abréger nos recherches, nous savons qu’une espèce de sauvageonne affublée d’un mioche atteint de gaucherie est entrée ici.

 

– Comme il vous plaira, ça m’est parfaitement égal, elle crêche dans la 412, répondit Françoise, en contemplant les poussins du pot de vin avec avidité. C’est ces autres, là, qui ont payés la chambre de cette native de la tribu d‘Israël. Amékel-Vachar pirouetta aussitôt sur ses talons. Avec son doigt, la traîtresse réceptionniste désignait en particulier Amétatla, toute raide dans son galant déshabillé, elle avait somme toute une revanche à prendre sur cette emmerdeuse. Elle ajouta que cette grosse vieille aux cheveux naturels était la mère de l’autre pimbêche derrière, qui semblait prête à accoucher. Les égyptiens, ajouta la gauloise en exécutant une simagrée obscène, ça pond comme des lapins. Elle plaça les bras en corbeille sur son comptoir pour s’approprier le poussins. De quoi se payer une bague en verre bleu.  

 

– Par Amon et Isis réunis, fit la mère d’Aménorée, que vos ombres ne soit point irritées, nobles hommes, la pauvresse est bien démunie et son gosse fait peine à voir.

 

Les visages de Amékel-Vachar et Lâchetessous-Mécétrocher devinrent instantanément durs et violents. Pour autant, Amétatla ne montrait aucune crainte des figures assombries où se contractaient à présent des rictus inquiétants.

 

– Ecoute-moi bien, toi, je crois que tu n’as pas la pleine conscience de la situation, mais je respecte ton erreur. Sois patriote et ne pose pas de questions, je pense que c’est à la portée de ton intelligence.

 

– Oui, ajouta Lâchetessous-Mécétrocher, mais si tu nous les brises un peu trop, j’apporterai ta tête à Schrèptètnuptèt dans un grand sac en cuir.

 

– Vous avez l’animosité un peu facile, lança de loin Tépénib pour défendre sa femme, que lui voulez-vous, à cette pauvre petite Maria Magdalena et à son fils Jésus ?

 

Un tressaillement passa sous les paupières du chef des porteurs de litière. Il brandissait maintenant d’une main son fouet dénoué et dégageait déjà de l’autre son sabre de sa ceinture, tout en dévisageant de manière hautaine le patron de la caravane. A son côté, l’énervement gagnait pareillement Amékel-Vachar.

 

– Deux coups de mon fouet devraient suffire pour te répondre ! Cette scélérate s’appelle Keskiya et le petit se nomme Moisi, elle en est la nourrice, c’est tout ce que tu dois savoir sur elle. Restez-là, sans bouger, fit Lâchetessous-Mécétrocher, en menaçant les gens de l’ONS de son fouet, pendant qu’il invitait son collègue à grimper aux étages.

 

– Bouge pas ! Les romains Vequetum Fourlanus et Tampax Nostrum avaient sortis leurs glaives. La voix de la bataille résonnait pareillement aux oreilles de Tépénib et de Valisansoùth, bien qu’ils ne soient pas armés.

 

Françoise la Gauloise tapait avec fureur sur la cloche de la réception, pour appeler et prévenir son patron Melamousofret, general manager directeur de l’hôtel, qu’il se passait des choses très graves au sein de l’établissement. On se dirigeait clairement vers la voie du grabuge, lorsque l’on vit descendre par l’escalier une jeune fille de taille moyenne au visage inondé de larmes, en robe blanche sale et déchirée, que serrait à la taille une mauvaise cordelière élimée. Aussi fragile qu’une botte de roses un peu fanées, elle tenait par la main son souillon au crâne mal équilibré.

 

– Voyez-tous ! fit elle à l’assemblée sur une tentative de pari risqué, ce respectable enfant que voici, l’Egypte toute entière doit s’enorgueillir de lui avoir donné le jour, puisqu’il s’agit de Moisi, l’erpatrès en personne pondu d‘une couche royale, le fils de Schrèptètnuptèt et par conséquent l’héritier légitime du trône de l’Egypte, s‘il plait à Osiris, puisque la pharaonne Néefiertarée est pour l‘instant sans descendance. Elle louchait sur le mioche, tout en parlant, avec le cœur enveloppé d’un attendrissement visible. Le petit innocent contrefait s’essayait à prononcer des phrases incohérentes, telles que « A la chandeleur, l’hiver s’éteint ou prend rigueur ». Seule Françoise la celtique eut l’air de le comprendre un peu. Mais visiblement, le divin fardeau consanguin avait l’air un peu dérangé.

 

Le personnel de l’ONS fut tétanisé par cette annonce. Valisansoùth aurait volontiers allumé un cigare pour prendre le temps de réfléchir à une telle révélation. Toutefois, on n’apprend pas à peindre en se contentant de regarder une fresque sur le mur d’un tombeau. La situation demandait de l’action et devenait franchement dangereuse.

 

– J’engage ma parole, fit Amékel-Vachar à l‘adresse des vendeurs de textiles, laissez nous la fille et l’enfant. Nous en resterons là.

 

Une sorte de fièvre guerrière était en train d’animer les romains. « Venez nous cherchez », braillèrent-ils de concert, en agitant leurs courtes lames devant leur nez. La grosse face embroussaillée de Lâchetessous-Mécétrocher s’empourpra, il fit claquer son fouet en le projetant d’un geste brutal. Tout à l’écoute de leur courage ancestral du combat singulier, les fils de la louve s’approchèrent en tactique, avant de prendre contact avec l’ennemi. Lâchetessous-Mécétrocher resta debout, décontenancé par la rapidité de cette attaque, il n’eut pas le temps de relever son fouet que déjà, les deux glaives s’enfonçaient dans son ventre. Amékel-Vachar recula en empoignant son sabre, mais bloqué par Tampax de la jambe gauche, il fut sans pitié frappé au crâne, sa figure se stria de sang avant qu’il ne puisse se servir de son arme correctement. Il alla aussitôt rejoindre son collègue dans la mort. Valisansoùth et Tépénib mâchonnèrent des jurons, les bons catcheurs de Rome venaient de tuer deux prestigieux serviteurs de la famille royale. Avec le meurtre de Lachedékess par Aménorée, les crocodiles sacrés n’allaient pas tarder à pouvoir se réjouir.

 

– Ah, ah, fit simplement Veuquetum à l’adresse de son compatriote, tout en épongeant sur l’un des cadavres le sang qui coulait sur sa lame, louons Diane la chasseresse, puisque notre chasse a été giboyeuse ! Au moins le gros, là, il n’aura plus la crainte de l’embonpoint.

 

– Bande de niais ! fit Aménorée en hélant les play-boys, même si elle les trouvait plus virils que beaux, on va nous arrêter, nous juger pour haute trahison, notre mort est signée. Mais la suite de ses paroles resta sur ses lèvres, ses pensées s’étouffèrent, elle n’avait pas commis moins de crime en tuant l’amant de la reine. Comme quoi, on ne sait jamais ce que le passé vous réserve.

 

– Protégez-nous, fit Keskiya d’une voix suppliante, emmenez-nous avec vous. La pensée des gardes que venait sans doute de prévenir le patron de l’hôtel provoquait la défaillance de la pauvre jeune fille.

 

– Ok, on se tire et on vous emmène, approuva Amétatla, mais avant, on reprend la cargaison, pas de raison de courir à la ruine pour autant.

 

– D’accord, nous vous suivons, firent les deux romains remontés à bloc. Ils voulaient juste imaginer Venise en rêve avant de crever.

 

Oubliant toasts, café et fruits au bord de la piscine, ils firent rapidement leurs bagages en laissant l’hôtel en plein désarroi, puisque les clients, saisis de crainte à la vue des porteurs de litières allongés sur le sol, n’osèrent pas s’interposer. Seul Melamousofret, choqué par le scandale provoqué dans sa luxueuse auberge, osait les invectiver. Tenu en respect par le glaive de Tampax Nostrum qui menaçait de l‘égorger, il ne pouvait cependant pas appeler la police comme il l‘avait prévu.

 

– Bande de fous, espèces d’anarchistes, hurlait-il, quand Schrèptètnuptèt va vous retrouver, elle va vous arracher les joues ! Vous projetez un voyage bien fertile en incidents et j’espère que vos notes sont réglées, la maison ne fait pas crédit. Même à deux doigts de l’égorgement, il ne lâchait rien de son esprit économe. En bon moneymaker, il se demandait même si les meurtres qui venaient d’avoir lieu chez lui allaient pouvoir gonfler ses recettes.

 

Au moment où les chameaux chargés de tissus allaient s’ébranler sur le sable blanc pour quitter la cité le plus rapidement possible, la caravane fut arrêtée par un confrère en train de s‘éventer de son chasse-mouche, puisque le vendeur de poteries Chuiotaf ne pouvait plus se passer de sa nouvelle employée Aménorée, qu’il connaissait sous le seul nom d’Elfékha-Pélémec. Il était lui aussi accompagné de ses douze hommes diplômés de leur brevet de chameliers de route et de son chargement, en attente placide sous la brise légère qui secouait les palmiers du centre-ville.

 

– Puis-je joindre mes mules et mes chameaux aux vôtres ? Cette jeune fille m’est devenue assez précieuse pour mon secrétariat et si nous sommes arrêtés, je vous servirai de couverture. Nous dirons aux shardanes que tout ce train en route est mon unique propriété.
 
 Valisansoùth rechignait forcément sur ce projet, il traita même l’autre d’amuseur public, mais Tépénib trouvait que c’était la bonne idée, puis tout le monde approuva. C’est ainsi que les deux caravanes se dirigèrent conjointement vers la porte monumentale pour quitter au plus vite El-Amarné, emportant avec eux Keskiya et Moisi cachés dans de grandes jarres. « Isis, Isis, pourquoi m’as-tu-abandonnée ? » pleurait la pauvre nourrice, car elle était claustrophobe. Ils s’agissait à présent de passer sans encombre les barrages tendus par la police, pour ne pas marcher au devant du supplice. Ils avaient toutefois confiance, El-Amarné était une toute petite ville qui ne pouvait s‘offrir, en matière de service d’ordre municipal, pas plus de cinq-six flics, à tout casser.

 

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Message édité par talbazar le 11-10-2018 à 07:49:25
n°54666635
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 10-10-2018 à 15:23:42  profilanswer
 

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Salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : La saga du trône de Fion - Tome 2 - Sus au sein royal. Extrait numéro 43.

 

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 La nuit s’accordait dans les voix des créatures de Kramouille qui peuplaient le Mont Chauve, les chouettes, les renards et les loups qui hurlaient en meute à la pleine lune, pour remplir de vie le sombre néant. La communauté de la gnôle bivouaquait près de son feu ardent. Belbit observait Mélisende Byzenet se mouvoir sur sa couche et qui, tournant la tête, agitait ainsi la rousseur de ses cheveux mouvants. Le nain était plus que jamais fasciné par le génie de cette jeunesse volontaire, qu’il désirait avidement lutiner d’union libre, bien que de ce côté elle ne promettait pas vouloir d‘un engagement du corps et du cœur avec lui. L’attitude austère de la jeune fille à son égard venait coller un creux notoire dans son dynamisme, il quitta donc ses couvertures pour aller dans un buisson proche, afin de prendre une décision utile à son mieux-être physique. Les chevaliers dormaient paisiblement, mais Mirlen le mage cherchait le moyen de faire repartir le groupe du pied droit, puisque la problématique de cette grande ville entrevue au loin le chiffonnait. Fallait-il vraiment l’éviter à tout prix ? Ou bien encore chercher à rencontrer ses habitantes, parce qu’elles pouvaient peut-être améliorer leur quête de la fleur de Pinette ? Il savait néanmoins que Mélisende goûtait peu le projet d‘aller dire son bonjour, qu’elle leur avait tracé un portrait édifiant des guerrières habitant ce royaume et qu’elles les traitaient avec mépris de chiennes aventureuses. Ils avaient cependant dans leurs poches le riche héritage de la fée Mélfeualusine et le vieil homme savait bien que l’argent adoucit bien des mœurs implacables et de plans démoniaques. Leur fabuleuse fortune possédait à elle seule le pouvoir de rendre les Amazonardes moins soupçonneuses à leur égard ; l’irrésistible attrait de l’or pouvait donner largement l’espoir qu’elles leur fassent bon séjour en leur cité. Quelle guigne que Mélisende ne soit pas timide, car le magicien savait qu’il allait avoir le plus grand mal à la convaincre de gagner cette ville, qu’elle appelait Lukycuni, car elle qualifiait très partialement la société noire et grinçante qui l’habitait de jouisseuses corrompues. A la vérité, tous les secrets que pouvaient révéler ce nouveau royaume de femmes conquérantes agitaient les pensées de Mirlen, en dépit de l’idée qu’elles n’avaient point larmes de damoiselle, mais plutôt des armes à leur poing. L’audace d’un homme n’égalera jamais le rêve d’une femme. Il avait personnellement grande envie d’entrer dans la lumière et l’architecture de cette énigmatique cité, de rendre visite à ces femmes irrésistibles, de découvrir leurs danses, leurs fêtes rituelles, leurs traditions issues d’un peuple de belliqueuses assez étonnant. Il voulait placer quelques nouvelles notes sur son parchemin de voyage. Ne pouvant dormir, il secoua sa longue crinière grise, éloigna une araignée sournoisement glissée dans son col, puis il alluma sa pipe pour fumer aux étoiles.

 

– Jean-Marie, Jean-Marie, fit Jean-Marie sur un ton plaintif, vu qu’on le sentait parfaitement éveillé, parce qu’il semblait souffrir du cri des loups rôdant entre ses grandes oreilles velues de sanglier des bois.

 

– Voyons donc, Jean-Marie, lui lança Mélisende en murmurant, car elle souffrait de pareille insomnie. Gros épais d’imbécile, a pas de bon sens de claper toute grande son amuse bite pour trois loups en môdit. J’taime ben gros, mais farme ta yeule, parce que je crois ben qu’à t’entendre, je me fais là une criss de montée de lait de tabarnak de saint ciboire de criss.

 

– Vous ne dormez-donc pas, mademoiselle Mélisende ? lui demanda Mirlen, qui brûlait de lui exposer sa nouvelle volonté.

 

– Bin non.

 

– Je me demandais si les maraudeuses du royaume dont nous voyons la ville proche sont si terribles que vous nous le dites. Je pense que nous devrions porter hardiment nos pas vers elles. Il vit la jeune rousse gicler aussitôt hors de ses fourrures, à la seule évocation de Lukycuni, située d‘après ses dires dans la vallée du Mikosik.

 

– Ouin, ben chû tsu ben choké de tsa, tsu niaises-tsu que c’est là qu’on va, nous autres  ? ma te dire, ça me goûte pô d'aller garocher mes souliers ça d'même chez ces tabarwette d’Amazonardes de calisses de bitch en maudit, échétéra. Koudon, dans l’fond stoutes des gouineuses en esti de jare, ces artiss là. Entéka, t’penses ben que j’vais pas donner mon like à courir chez celles-là, plutôt crever de même !

 

– Nous avons largement de quoi payer notre séjour. Je crois que nous pourrons aisément chiffrer la recette d’une bonne amitié avec ces curieuses Amazonardes.

 

– N’import kouâ, t’es donc ben capoté, toué le full débile, vraiment trop mauvais que j’galope trop calvaire avec vous autres. Sont grasses comme des voleuses tes esti de marde de fripouilles, faut calmer ta pompon sur c‘t’idée-là d‘envoyer la team chez ces gens d'même. A crois-tsu qu’elles vont nous offrir bin correc de la fondue au pain blanc ?

 

Ils bataillèrent ainsi verbalement jusqu’au chant du coq faisan sur la conduite à prendre, à la cadence d’un argument par mot, mais Mélisende défendait son point de vue jusqu’au bout des ongles. Soucieux de lui plaire, Bebit prit la relève lorsqu‘il se réveilla, en essayant d’appuyer ses propos d’un charme suggestif, alors que la jeune fille se gavait de sa poutine froide et matinale. Erald de Bavevieux, Hivalanoué et William de Bochibre ne semblaient pas non plus trop hardis pour s’en aller saluer les gueuses énigmatiques. Ce matin-là, alors qu’on sellait les chevaux sous le bleu pâle du ciel, la camaraderie tendait à perdre un peu de sa gaieté.

 

– Bien, c’est avec l’amertume du sage que je dois malgré-tout me ranger à votre idée, mais je trouve cela fort dommage. Voici que cessent ici les terres de la vallée de Bogland et que s’offre à nous la vallée du Mikosik. Prions Kramouille d’avoir fait le bon choix, car nul ne sait ce qui nous attend en ces neufs territoires.

 

Mélisende cessa de pousser ses hauts cris et rangea son arc sur son dos, elle repoussa d’un main ferme Belbit qui désirait l’aider. Il est vrai que l’adolescente n’avait rien d’une poupée et que pour son malheur sans doute, le Huelabit aimait trop les femmes croustilleuses. Comme il la frôlait trop, il échappa de justesse à la baffe en pourboire. Dans le grand silence de la marche, on voyait toujours au nord-est du Mont Chauve les fameuses tourelles grises et les hautes flèches du domaine des Amazonardes de Lukycuni. Devant eux, les forêts de Kramouille étaient restées intactes depuis leur création, point de châteaux, de fermes ou de maisons, nulle route encombrée de carrioles ; les landes qu’ils parcouraient n’offraient à la vue qu’un domaine inhabité et mystérieux. Interrompant la sérénité de la cavalcade qui faisait fuir les lièvres blonds, William fit rire son monde en racontant l’histoire d’un clébard enragé qui avait un jour mordu les fesses d’un archevêque, en sa regrettée seigneurie de Balaizebaloches. « Jean-Marie, Jean-Marie » poussait à tout bout de champ un Jean-Marie goguenard. Mirlen alchimiait sans rien dire et se perdait mentalement dans la compréhension humaine.

 

– Moi, disait Hivalanoué, je n’aime pas la campagne, je ne m’amuse qu’en la vie trépidante de la bonne ville de Fion, bien que sa majesté notre reine Amanda ne nous offre par trop que de tristes motifs pour pleurer.  

 

– Bien justement, lui répondit Erald, nous partons bille en tête pour la sauver de son amour glacé, nul ne saurait l’oublier. Nous trouverons sans faillir la Pinette qui lui rendra la sensualité enfin chaude et plus frémissante, n’ayez crainte.

 

Un bruit confus s’échappa du sous-bois, alors qu’un mouvement vint frémir les branches agitées. Le fracas des branches remuées alerta, on épia avidement sans relever la tête, puis tout à coup un grand filet tomba du ciel, dans lequel s’empêtrèrent les chevaux, ils étaient prisonniers. Un drame horrible venait de s’accomplir, puisque les chevaliers, roulant pêle-mêle dessus le sol peinaient à tirer leur épée. « Jean-Marie » couina l’homme-sanglier en se débattant furieusement. Des buissons qui masquaient les abords, ils virent alors une multitude de femmes en grande armure les entourer, elles tenaient par la laisse des bouledogues menaçants à la langue pendue. La souricière tendue par les Amazonardes venait sans doute d’être savamment calculée.

 

– Alors les pt‘its bizuths, fit une grande bringue portant bouclier long qui avait l’air de commander les autres, comment pigez-vous la saucée ? ça pète déjà moins haut que son cul ? Laissez-filer l’idée de danser le cha-cha, les guignols, ou de foutre un coup pour vous tirer, parce qu’autrement, on vous avoine pour coller fissa pas mal de sang sur vos sabots.

 

Mirlen et les autres avaient bien du mal à comprendre ce langage proche de l’Argoji que le magicien savait parlé dans le Bonanzaza, mais exprimé ici avec un accent très curieux. Eux voulaient simplement être rendus au plus vite dans leur droit. Les coquines se trouvaient nombreuses et fort bien armées, ricanant de leurs proies, tandis que celles-ci gigotaient dans les mailles comme simple fretin, il fallait bien s’avouer vaincus.

 

– Ah p'tain, je t’piss à yeule, comme tsu me vois de proche, hurlait une Mélisende courroucée, je te pète en face, tabarnak ! Viens-don-là que je criss mon poing dans ton chorogne de gang de marquises poudrées, criss de fefi d‘enculée à chevaux !

 

– Tu dégottes, toi, avec ta dégaine de salingue, doit y avoir un sacré bail que t’es pas passée dans le décrassing-room. Tiens, Poussie Morbac, radine, colle-lui donc ta mornifle pour lui flanquer une bonne dégelée !

 

– Ok dac, fit la fameuse Poussie en plantant son javelot dans le sol, je m’en vais la déglinguer, elle va crouter ses ratiches sous la crème de mes gnons.

 

Alors que l’interpellée s’approchait des captifs, Mirlen voyait bien que les femmes aux plastrons métalliques de ce peuple inconnu étaient plus de féroces dresseuses de loups que d’aimables brodeuses ou de blanches mescinetes. Sortant partout du bois, résonnaient les innombrables huées des Amazonardes destinées à encourager Poussie Morbac, pour qu’elle aille durement cogner sur Mélisende.

 

– Allons, mesdames, nous traversons votre royaume pacifiquement. Bele, nostre sainte Kramouille vos doint bon jor, mais votre dure chanson n’a point besoin d’être ainsi clamée, pourriez-vous en requête nous donner votre nom ? Mirlen de la Pérouse s’adressait à celle qui paraissait être à la tête des autres patrouilleuses.

 

– Alors comme ça, vieux schnock, tu veux pas que ma frangine aille scalper la petite gonzesse qui jase en troglobite ? Ça renifle pourtant mauvais pour cette sainte-nitouche de rabouine mal sappée, puisque ta bozobite nous a manqué de respect. Bon, je vois bien que tu essayes de me peloter, mais mon blaze c’est Daenerysk Lémésté et comme tu piges, c’est moi la reine des Amazonardes de Lukycuni. Si vous piquez pas la coursette pour aller jouer les maboules dès qu‘on vous aura déficelés, on peut voir à s’entendre et vous arracher du ballon. Tenez-vous bien peinards, sinon moi et les copines, on vous coupe la biroute. Qu’est-ce que des peigne-derches comme vous faites par chez-nous ?

 

– Nous sommes de la communauté de la gnôle provenant du Fion, fit aussitôt Mirlen à travers le carreau des cordes solides, en saisissant la balle au bond. Nous désirons quérir la fleur de Pinette, une herbe merveilleuse qui doit réjouir au mieux la suavité perdue de notre gracieuse reine Amanda Blair, que Kramouille la bénisse, pour qu’elle atteigne enfin le bonheur et la félicité des amoureuses.

 

La fortune va et vient quelquefois sur un air de chantefable. En entendant ces derniers mots et la raison qui poussait ce groupe d’inconnus à gravir le Mont Chauve, Daenerysk Lémésté s’efforça de calmer Poussie Morbac, puis elle ordonna à ses guerrières de délivrer les prisonniers, sous réserve qu’ils veuillent bien se tenir tranquilles.

 

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Message édité par talbazar le 25-10-2018 à 11:47:25
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