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Auteur Sujet :

La moyenne Encyclopédie du pro-fesseur Talbazar.

n°51911018
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 21-12-2017 à 16:09:04  profilanswer
 

Reprise du message précédent :
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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Gilou Peltrou.

 

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Salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : Coup de chance dans l'hyperbole. Extrait numéro 54.

 

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L’oberleutnant Franck Sonotrou sait que le temps lui est compté et qu’il va se faire repérer sous peu, alors qu’il progresse à pas de loup dans le Sharsherman Flash Space Patrol Z-01 de l’amirauté. Rassuré cependant lorsqu’il trie les informations délivrées par le visocoll lâché dans la coursive, il avance tout de même résolument,  puisque son but est désormais d’atteindre au plus vite la cabine de l’avocadoc Clark Goebbels. L’assassin du cénazteur Pourichine est tout de même surpris de constater l’intrigante somnolence du vaisseau militaire, alors qu’il ose ouvrir une porte de service, puis longe un couloir de dégagement assez court censé l’amener précisément devant l’appartement de sa cible. Lorsque celle-ci va quitter son logement, elle devrait être équipée des pieds à la tête d’un scaphandre, Franck veut donc prendre sa place, visière obstruée, pour s’introduire dans le Panzig qui va descendre sur Mars. Une usurpation osée, mais nullement impossible s’il s’empare de l’implant du quidam. Il espère simplement que ce connard d’expert en boboloss-lobotomie judiciaire saura mourir avec grâce et dignité. En attendant, une fois planté devant l’ouverture visée et malgré tous ses efforts, Franck essaie de calmer les battements de son cœur un peu trop rapides, de juguler le flot de son sang charrié qui circule dans ses veines trop brusquement, en soulevant sa poitrine pour produire un souffle énervé. Et même pas une gélule d’alcobarbit pour calmer cette sarabande organique. D’un simple coup d’œil, l’agent s’aperçoit avec un brin de dépit que la cabine est fermement condamnée. Le détecteur mag du système d’alarme est en plus enclenché, l’avocadoc n’a pas l’air du type offrant d’emblée sa confiance aux types curieux de visiter son intimité. Manquerait plus qu’il soit fringué avec un pare-laser, mais il n’y avait pas d’autre solution que de rentrer chez lui pour s’en rendre compte. Impossible en attendant de rendre inopérant le petit système de gardiennage sophistiqué chargé de protéger la sphère personnelle du suspicieux, sans alerter l’immense vaisseau dans son ensemble sur une éventuelle intrusion. De ce côté-là, le passage en force n’est pas de mise. Franck n’a pas non plus le temps qu’il lui faudrait pour attendre que le résident sorte de lui-même de cette cellule sous haute surveillance. La puissance d’un espion réside plus souvent dans sa ruse que dans son lasergun, mais là, debout comme un con dans ce dangereux couloir blanc, Franck se voit tout bonnement à cours d’idée. Se faire passer pour un inoffensif visiteur en sonnant à la porte n’est en tout cas pas la meilleure qu‘il peut cogiter, le gars qui n’attend personne décoderait la supercherie en moins d’une seconde.

 

Alors qu’il est en train de pester sur les techniques de détection qui protègent son bonhomme, une rumeur soudaine l’alerte brusquement et l’oblige à faire marche-arrière sur le champ. Franck empoigne alors fermement son Atomatic à canon cranté, puisqu’en cas de rencontre, aucune des deux parties n’allait s’encombrer de négocier le moindre consensus. Trop tard. Un Sharshermankapitän en personne surgit au coin de l’allée, encadré d’une vingtaine de soldats brandissant de redoutables Metrallettas Nuetronicas. Une dizaine d’autres surgissent dans son dos pour lui bloquer la retraite, en pointant cette fois des Hydramatic Mark 4 Flame gun. Le gradé lui-même le menace d’un petit Atom Splitter Ray Gun suffisant pour couper un espion en deux, mais il ouvre juste la bouche, avec visiblement l’intention de débattre. Enfin, un minimum.

 

– Pose ton arme.

 

Bon, tirer et mourir ensuite d’un alignement bien ajusté de particules ne semble guère le bon choix, mais Sonotrou se rend compte qu’il devait être pisté depuis un bon moment et qu’un calcul précis de ses intentions vient d’avoir lieu. Il est tout bonnement tombé dans un piège enfantin, puisqu’on devait évidemment se douter qu’il chercherait à quitter le Sharsherman en prenant place sur le Panzig prêt à descendre sur Mars. Finalement assez malin de la part de l’ennemi de le coincer sans faire d’éclaboussures. Il jette piteusement son gun au sol, admettant son impuissance. Un feulement à peine audible débarre la porte fermant la cabine de l’avocadoc, où une trentaine de nouveaux soldats l’attendaient fermement, au cas il aurait tout de même trouvé le moyen de s’introduire dans la pièce. L’expert judiciaire renfrogné est visible derrière eux et de toute évidence, le tripoteur de cerveaux n’en mène pas large. Sévèrement empoigné après avoir vérifié qu‘il n‘est plus menaçant, l’intrus maîtrisé est ensuite conduit sans attendre devant le Général Digoule. Quittant les quartiers résidentiels, l’oberleunant menotté est animé d’un sentiment étrange, en parcourant l’immense véhicule pour une fois au grand jour. Lorsque encadré par sa foule de cerbères, il passe devant la baie en shellglas de la rampe d’abordage 023, il regarde même brièvement avec ironie le Panzig très proche, le nez du gros vaisseau luit à présent de ses feux de rendez-vous orbitaux. Le prisonnier comprend qu’il a loupé son transfert de peu. Il est cependant toujours vivant, ce qui constitue à vrai dire un beau cadeau de la providence. Indifférents au son discret des turbines Rastangaz, ils traversent l’énorme poste d’un canon blast qu’ils franchissent sans un mot, sous le regard morne de leurs occupants, puis ils bifurquent pour s’engager sur une large et sombre passerelle en graphyrolit conduisant au noyau. Sous la menace des lasers qui lui visent toujours les reins, on pousse finalement le captif dans le compartiment d’une simple infirmerie, où le devance et s’engage également à sa suite une bonne volée des gardes.

 

Digoule est là. Le chef de l’armée martienne lâche sur Sonotrou un regard peu avenant, avant de se fendre bientôt d’une espèce de moue méprisante, supposée sans doute imager la morgue du type investi du pouvoir de commander à des forces puissantes. La lueur activée de son casque connecté à son implant prouve d’ailleurs qu’il se trouve en liaison constante avec le centre opérationnel du navire. Il prend le temps de féliciter son Sharshermankapitän et adresse de la main un signe de remerciement global aux patrouilleurs pour leur fameuse prise. Juste derrière son dos, flottant dans le vide, puisque posé sur un sustentateur invisible, gît le corps enveloppé d’une grande cape blanche du cénazteur Vlodim Pourichine. Allongé à présent sur ses milliards d’eulars devenus bien inutiles. Franck s’octroie le pouvoir de prendre la parole en premier :

 

– Alors mon général, on a lâché ses chiens ?

 

– Que pensiez-vous, Sonotrou ? Dès qu’on m’a averti de la différence de masse de ce vaisseau, j’ai su que vous étiez à bord. Mais je reconnais avoir tardé à vous localiser, en tout cas trop tard pour ce pauvre Vlod. Mais je dois vous remercier, quand je vous aurais exhibé au congrès, Sirkisi avec son minable consensus négocié va sérieusement dérouiller, je dirais même qu’il est fini. La voie parlementaire va exiger ma force, quel qu’en soit le prix, sans plus de compromis pour pulvériser définitivement les rebelles. Je promets à ceux-là un bel enfer sous peu. Voilà qui fera regretter aux leaders marchands élus, comme ces salopards de civils de Jack Giriaque et Steve Magouine aux coups tordus, d’avoir voulu me couper les vivres, je vais leur apprendre que rien n‘est jamais assez cher pour l‘armée. Je vais secouer leur confort et leur petite santé, parce que ma vision personnelle et déterminante pour l’avenir immédiat de Mars, comprenez-moi, à présent c’est la terre brûlée.

 

– Comme elle l’a toujours été, à vrai dire. Vous finirez par faire sauter cette planète.

 

– Une clairvoyance que votre meurtre idiot vient pragmatiquement ajuster au mieux et je dois vous féliciter pour ça, puisque mon pari va pouvoir s‘appuyer dorénavant sur de solides arguments. Maintenant, vous allez tranquillement vous laisser faire, afin que je récupère cet imbécile traité de paix que vous comptiez offrir en secret à Yoland. Surtout laissez-vous faire gentiment, le symbole peint sur mon vaisseau n’est pas celui de l’hospitalité. Il s’autorisa un petit sourire aux lèvres. Inutile de préciser que vos capacités d’évasion sont nulles. Et naturellement, je vous conteste absolument la libre disposition du moindre de vos droits. On se passera je pense de la cour galactique pour statuer trop longtemps sur vous. Trahison et assassinat d’un cénazteur, votre sanction, que je n’ai pas de mal à imaginer, suivra le jugement de l’opinion du congrès et de son nouveau président-gouverneur, le temps qu’il soit élu en remplacement de Nikos Sirkisi, bien entendu.

 

– Une destitution colatérale que n’espérait toutefois pas franchement Jolie Goyette, en trahissant son mari simplement pour emmerder les Compagnies administrantes, j’imagine !

 

– Comment vous savez ça, vous ?

 

Franck patiente sur un siège au gris triste, alors qu’un petit gars frais émoulu de son universid s’occupe, en charcutant brièvement la veine de son poignet gauche, à le délivrer du nanotraité, preuve irréfutable de la magouille présidentielle. Un holocast bleuté du Sharshermankommodore s’affiche pratiquement sans prévenir devant la haute silhouette du Tsar.

 

– Général, un de nos espions installé dans une serre agricole du côté d’Agannippe Fossa nous y signale la présence de Fanch Yoland et de Karela Borounie. Il s’y trouverait même Flash Gourdin.

 

Probablement rendu trop enthousiaste par cette annonce, Digoule ne se gêne pas pour donner son ordre ouvertement. Passant la main dans ses cheveux cendrés, il jubile visiblement déjà de frapper à la tête les indépendantistes.

 

– Au chiotte les droits de la guerre et leurs foutus principes, je vais me passer d‘une autorisation de survol et je ne suis pas du genre, moi, à confondre un soc de charrue avec une épée. Faites immédiatement transmettre aux compagnies de Panzig ma volonté de voir un de leurs engins se placer en orbite à l’aplomb de cette ferme. Dès que j’en donnerai l’ordre, vous la pulvériserez.

 


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Message édité par talbazar le 10-01-2018 à 20:36:07
mood
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Posté le 21-12-2017 à 16:09:04  profilanswer
 

n°51920357
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 22-12-2017 à 15:00:15  profilanswer
 

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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Alain Farctus.

 
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n°51925398
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 23-12-2017 à 10:06:04  profilanswer
 

Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Natacha Sarobe.

 

https://zupimages.net/up/17/51/iyw2.jpg

 

Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Serge Gonomie.

 

https://zupimages.net/up/18/03/1lne.jpg


Message édité par talbazar le 16-01-2018 à 10:08:55
n°51930966
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 24-12-2017 à 11:04:03  profilanswer
 

Salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : La jet larguée. Extrait numéro 28.

 

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Pouillet s’était fait la malle avec sa clique armée, en lui enjoignant de faire vœu de silence jusqu’à leur arrivée au sommet de la montagne. Le mégalomane mystique ne manquait jamais de panache ni d’inspiration pour régler les questions de bonheur individuel, mais au campement, on l’oublia finalement très vite, parce que sans lui et ses fidèles, tout le monde respirait beaucoup mieux. La vie quotidienne sur l’île s’écoulait donc à présent sans heurt et n’eut été la menace des dangereux crabes géants, elle aurait même put paraître monotone à chacun, au point d’en être presque ennuyeuse. La recherche continue de la nourriture n’était pas si fastidieuse, puisque Badigooince la produisait en abondance, la fatigue provenait surtout d’un abandon moral des naufragés, déçus de se sentir largués par la civilisation. Mine de rien et malgré la nécessité de vivre en bonne entente, on sentait que la plupart des gens de la communauté avaient les nerfs à vif. Karl et Louis, Kim et Pierre-Simon, Cindy et Carl, Summer avec Dominique, Roparz, Akim et Woody, Dominique avec Laetitia et Ines, Shirley et Steward, ceux là croyaient se rassurer en réchauffant leurs nuits et certes, l’amour qu’ils s’accordaient pouvait avoir quelque chose de réconfortant, mais en fin de compte, ils étaient comme les autres très seuls au monde. Loana en voulait plus que jamais à Georges de l’avoir quitté pour partir dans la jungle en solitaire sans explication, elle paraissait tout de même en apparence résignée et Sandra ne semblait pas dénuée vis à vis de sa collègue danseuse d’une certaine compassion. Le conciliabule qui eut lieu ce matin-là balaya tous les autres ordres du jour, puisque devant le danger réel des monstres marins, que l’on voyait toujours surgir de l’océan et jamais de la forêt, le commandant Steven ne pouvait envisager une autre solution que de quitter la plage en urgence pour réorganiser le petit village au milieu de la jungle. En dépit de l’insalubrité proposée par l’ancienne base russicaine que tous avaient auparavant dédaignée, on comprenait à présent que les baraquements militaires ruinés pouvaient offrir une meilleure protection contre les crustacés que les pauvres cabanes en bambou construites sur le rivage.

 

C’est ainsi que s’organisa un long et laborieux déménagement vers l’intérieur des terres, afin de rejoindre ce qui n’avait été autrefois en réalité rien d’autre qu’un modeste aérodrome tropical de l‘armée. En dépit des efforts déployés par chacun pour ne pas le montrer, puisqu’il s’agissait une fois de plus d’un effort de survie collectif, il était évident que pour cette communauté en mouvement, une saine énergie manquait un peu. Shirley n’en pouvait plus de voir les manigances déployées par la maigrichonne Jenifer pour attirer insidieusement l’attention de Steward. L’hôtesse lui balançait sans arrêt qu’elle était fat, qu’elle avait pris sacrément du cul depuis le crash, enfin tous ces mensonges détestables que savaient sournoisement dégainer les femmes pour moucher à mort les fausses copines. Loraine et Steven, qui après tout avaient tant volés ensembles et se connaissaient si bien, affichaient insensiblement une relation beaucoup plus tendre en liant ouvertement leur quarantaine d‘années, ce qui n’empêchait pas le commandant de bord de se crever le cœur chaque jour et chaque nuit à la pensée de sa femme Océane, devenue si tristement lointaine. Tout comme Brandon Poutrelle semblait avoir conclu une heureuse complicité avec Ayesh, dans le feu de cette action commune qui visait à s’organiser un nouveau lieu de vie. Woody amusa tant Laetitia au cours de cette installation, qu’il finit par recevoir d’elle l’exclusivité de ses caresses, sinon sans doute d’un sentiment amoureux vraiment effectif. Mériadeg et Sandra finirent par craquer franchement l’un pour l’autre et même la jeune mère Brigitte ne semblait pas insensible au charme du docteur Akim Zemblablek, toujours prévenant pour elle et son bébé. Seuls Michel, Wanda, Ewin et Jack-André avaient l’air de se complaire avec résolution dans un chaste célibat volontaire, ce qui après-tout ne regardait personne. Les militants du Puppies Rights Watch et les reconduits boukistannais formaient quand à eux une masse imprécise, aussi docile que corvéable et qui suivait le mouvement en bon ordre, bien que cette dernière communauté ait exprimé avec insistance la volonté de se mettre à cultiver une ou deux parcelles, en employant des outils de fortune créés par leurs soins. Un choix déprimant pour les autres, sans doute, parce qu’il inspirait une certaine projection dans la durée. Si sa mise en couple avec Laetitia avait spectaculairement réveillé l’optimisme de Woody, Inès inquiétait toutefois le groupe en démontrant un comportement pour le moins dépressif, dont le député Dominique, qui la sautait tout de même quand elle le laissait faire, ne parvenait jamais à l’en distraire.

 

On s’engagea donc dans la consolidation sportive des baraques en élaguant à tour de bras l’énorme végétation exubérante qui les envahissait, en réparant leurs toits à demis effondrés, en s’attachant à effacer les cicatrices du temps sur le grand hangar, les anciens casernements et autres ateliers qui pouvaient encore redevenir des lieux de vie possibles. On espérait que les murs en bois, bien que passablement pourris, sauraient fournir des remparts efficaces aux redoutables pinces des crabes géants, si d’aventure ces horribles bestioles avaient l’idée de revenir se pointer. Mais cette fois, on s’égaya dans les abris avec un souci d’intimité neuf, sans qu’aucun des couples ne l’ai pourtant ouvertement exprimé. Il se forma donc mine de rien dans la base, en quelque sorte, de tacites cellules familiales autour de couples récents. Lorsque les travaux essentiels prirent fin et que chacun fut enfin installé dans ce nouveau village, redessinant infirmerie, école, maison commune et bibliothèque, on fêta dans la joie l’anniversaire du petit Brandon Courage, lequel venait de franchir ses onze ans, en organisant de joyeux jeux collectifs. Toujours inquiète et rétive, Ines resta dans son coin toute cette journée, fidèle à lui-même, Michel se contenta de se montrer hautain comme d’habitude et s’engueula plus que jamais avec Pierre-Simon. Mais dans l’ensemble, on donna de l’importance à cet événement somme toute anodin, parce que d’une certaine manière, il offrait à tous l’occasion symbolique d’inaugurer la petite agglomération. Les planches démantelées fournissaient un combustible facile, l’eau claire abondait, un premier champ fut tracé, Roparz et Mériadeg capturèrent deux cochons vivants et leur firent un enclos, un sentiment neuf et citoyen vint remplacer bizarrement l’angoissante frustration collective qui agitait auparavant les pauvres esprits échoués sur la plage. Un monde de travail permanent qui offrait son emploi à tous, une communauté tribale traumatisée posant avec résolution sa bannière déchirée sur la jungle étouffante de Badigooince. Un groupe désemparé qui prouvait dans ce lieu abandonné une volonté unique de prendre son destin en main, en se servant d’un potentiel de mobilisation formidable, une sorte de clan curieux censé ne laisser personne à l’écart du moindre projet, ni de la plus insignifiante organisation. On délaissa complètement l’océan, n’attendant plus rien de lui. La peur des crabes effaçait l’idée et la joie des bains, on termina peu à peu par ne plus trop s’éloigner de cet étrange village déployé autour de l‘ancienne piste défoncée, puisque finalement, il signait pour tous un sentiment d’appartenance terrienne propre à rassurer les plus craintifs. Cette base perdue plus ou moins retapée donnait enfin à tous le sentiment de transcender, par sa rénovation, l’impératif d’une simple survie, en retrouvant grâce aux efforts de tous sa première fonctionnalité humaine. Il ne fait aucun doute que cette réorganisation collective fut la cause d’une nouvelle inquiétude pour le sort de Georges Pinson, alors qu’auparavant, seule Loana Boudine sembla en être affectée. A l’issu d’un ébat collectif mené dans l’immense hangar, Wanda, Jack-André, Roparz, Mériadeg, Karl, Ewin et Steward décidèrent de partir en expédition pour retrouver sa trace, au grand dam de Shirley, qui craignait malgré tout pour son mec. En accord avec les autres, il s’efforça de la rassurer au moment de partir, ajoutant qu’ils se donnaient deux jours avant de revenir, avec si possible le chanteur avec eux.

 

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Bon dimanche à tous et joyeux noël.

 

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Message édité par talbazar le 25-12-2017 à 04:52:37
n°51935494
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 25-12-2017 à 10:56:11  profilanswer
 

Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Raphaël Assion.

 

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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Olivier de Saldo.

 

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Message édité par talbazar le 16-01-2018 à 10:06:13
n°51941114
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 26-12-2017 à 14:12:26  profilanswer
 

Salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : Noeud coulant pour Martin Smith. Extrait numéro 48.

 

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Le porte-flingue du gouvernement disait vrai, le bar situé sur le boulevard Ala Moana avait de la gueule. Un grand espadon empaillé à l’œil rond volait harmonieusement au-dessus du zinc brillant finition époxy et tout là-dedans évoquait le charme kitsch des eaux du Pacifique. Une jeune sirène blonde aux énormes boucles d’oreilles en faux saphirs vint prendre les commandes en tortillant du cul, puis ramena son joli sourire en plaçant sur la table des coupes remplies de breuvages mirifiques et colorés. Comfort Julep, Rum‘Cola, Grasshopper et bien évidemment, Honolulu Cooler, sans parler d’une coupelle surmontée d’un terril de pistaches décortiquées pour Guy. Les hautes fenêtres pigeaient Kewalo basin aux eaux immobiles, avec son décor de yachts blancs à quai et de palmiers en pot. L’Amérique des cartes-postales, mon pote, avec des bateaux modernes en train de filer jolis sur l’eau, dans un quartier propre et calme. Un coin de verdure qui combinait harmonieusement la plaisance et le business faiblement agité des pêcheries. Sauf que Guy Ness disait mal supporter l’accent nasillard des mouettes obèses qu‘il avait croisées. Comme il était posé sur son épaule, Angèle le charria sur sa mauvaise foi et puis tout le monde trinqua haut à la santé du sénateur Rupin, qu’on était venu gauler dans ce paradis urbain. En sueur, Sisco Matteï et Comtesse Monique jouaient les classieux en touillant leurs glaçons, sous l’œil toujours aussi méprisant de Jesse Rosse. Quand à Gilbert, il essayait tant bien que mal de faire du pied sous la table à sa collègue, laquelle jouait exprès à ne pas s’en apercevoir, rien que pour l‘emmerder. En revanche, elle s’attardait fortement à mater une femme installée sur une table à côté, parce que cette donzelle à lunettes encore très jeune devait totaliser une bonne vingtaine d’opérations de chirurgie esthétique et le résultat la rendait proprement hideuse. Un faciès de dingue qui coupa même la chique à Guy, lorsqu'il osa se retourner vers elle.

 

– Alors comme ça, fit Gilbert en s‘adressant à Jesse, c’est ici qu’on a perdu la trace du docteur Van Degaffe ?

 

– Apparemment, on sait seulement qu’il cherchait à se procurer du venin de méduse et qu’il est venu dans le coin à bord d’un cargo appelé l’Ex-Stasi, un vieux rafiot de commerce loué par Rupin. Les Ricains l’ont loupé et depuis, le toubib semble s’être évaporé, plus aucune info. On suppose juste qu‘il doit toujours se trouver dans le secteur.

 

– En tout cas, le sénateur est bien là, c‘est une certitude. Mais on peut penser que ce n’est pas le simple fruit du hasard.

 

– Ouais, à l’Aston Waikiki Beach Tower. Je vous y conduirai, mais c’est vous qui l’arrêterez. Je vous le dis tout de suite, il doit se méfier un peu et notre action va forcément sentir le pugilat. D’après mes infos, il se la coule douce dans une belle suite, avec une minette du nom de Simone de Boulevard. Je serais étonné qu’à l’heure actuelle, monsieur soit gravement préoccupé par les doléances d’un éleveur de veaux confronté aux collègues argentins.

 

– C’est pas toi qui m’offrirais un week-end là-dedans, avec pleine vue sur l‘océan, lança Angèle à Teddy la Fouine. Tu sais, je suis comme les plantes des marais, faut pas mal de liquide pour m’arroser.

 

– Ben faudrait que tu sois quand même nettement plus gentille avec moi pour que je te sacrifie ma paye, ma beauté.

 

– Commence par écarter ton pied des miens, mon petit poulet, j’en ai marre de me faire piétiner. Si la chose peut te calmer, je n’ai pas fais puériculture en faculté, mais j’adore les enfants et j’en voudrais au moins six, si jamais je me marie.

 

– Mais c’est bien naturel, il n’y a jamais de petits litiges entre époux. Ceci-dit, pas de problème de mon côté, je suis justement équipé d’un beau détonateur à mouflets et je sais parfaitement pousser les landaus, chère princesse dorée. Si tu crois qu’il n’y a que la perceuse à pouvoir me rendre marteau !

 

Depuis un moment, Sisco matait un type assis au bar, un beau gaillard du genre sportif d’une trentaine d’années vêtu d’un pull en acrylique démodé, occupé à les regarder lui-même avec une insistance déplacée. Le genre de mec traqué qui prouvait une éducation peut-être un poil compliquée. En tout cas, ce grand bellâtre bien rasé ne perdait pas une miette de leur conversation depuis leur arrivée, ce qui avait machinalement déclenché l’intérêt de Matteï à son égard. Le patron de la Rose Noire attira du coup l’attention du groupe sur l’inconnu :

 

– Hé vous voyez ce type assis là-bas, c’est complètement dingue, c’est le sosie plus que parfait de Cheebe Surger, un champion de Monopoly mort depuis longtemps. A s’y méprendre.

 

– Comment as-tu dit ?

 

– Cheebe Surger, une vieille gloire des années cinquante. Je suis fan de Monop.

 

Gilbert regarda le bonhomme pensivement. Son petit système neuronale lui disait qu’il avait déjà enregistré ce nom-là. Parce que le monozygote temporel qu’il était en train de regarder maintenant avec attention le ramenait vers un vieil article de presse collé dans le dossier de ce cher Barracuda N’Dyé disparu. Un entrefilet froissé confié par Martin Smith, qui disait l’avoir trouvé dans la bagnole de Bonno Landru et Carlos Glaçon. Il semblait juste saugrenu que Sisco vienne faire allusion à l’ancienne gloire californienne en cet instant-là, alors qu‘on était en train de se détendre. Seulement, lorsqu’il entendit prononcer à haute-voix le nom de Surger, le gars en question se leva brusquement de son tabouret, avec un semblant de panique dans les yeux. Un comportement si précipité et si bizarre qu’il alerta Gilbert malgré-lui.

 

– Hey, hello Cheebe ! Lança Sisco d‘un ton rigolard, à l’adresse de la silhouette alerte et soudainement pressée en train de quitter le bar. Agitant un salut de la main, le mari de Momo rajouta en plus un truc sympa dans un anglais à couper au couteau, mais la phrase fit plutôt l’effet d’un aiguillon sur l’intéressé, lequel hâta le pas sans répondre à la blague et surtout sans sourire.  

 

Si perturbé qu’il ne vit pas la moto lui foncer dessus, alors qu’il s‘engageait sur la chaussée pour filer vers le parc. Un accrochage en règle qui désarçonna méchamment le motard, lui fit défier dramatiquement la gravité en slalomant et envoya le distrait se vautrer sur place sur le bitume. Les quais étaient déserts et le coin peu animé, mais deux ou trois personnes se précipitèrent aussitôt vers le lieux de l’accident. Si le pilote n’avait rien, le piéton semblait souffrir et restait allongé. Comme tous les clients du bar aux premières loges, le couple de policiers, Jesse Rosse, Sisco, Monique et Guy s’élancèrent à l’extérieur pour aller voir. Ce n’était pas une question de vie ou de mort, non, mais le gars sonné avait sévèrement morflé du bras gauche et son thorax paraissait touché également : il respirait mal. Le flot de curieux s’épaississait à présent autour de la victime. Après avoir redressé sa machine, le jeune biker s’épandait plus loin en jurons bien sentis, avec la gouaille d‘un ennemi de récré. Ouais, seulement Gilbert ramassa sur le trottoir le portefeuille du blessé en train de vivre un calvaire, l’ouvrit par réflexe de flic et tomba sur un article jauni du L.A Times daté de 1962, avec la photo en noir et blanc du fameux Cheebe Surger brandissant un trophée. C’était bougrement vrai que l’étourdi en train de geindre figurait la réplique du vieux champion décédé, lorsqu’il avait le même âge. Il trouva en plus un minuscule article récent découpé dans une revue, sur une dernière avancée de la neurochirurgie. Le gars s’appelait Elliot Goldmind. Gilbert tira aussi la photo glacée d’une belle poulette rousse, un petit carton qui indiquait son groupe sanguin, mais également une carte de visite de l’Aston Waikiki Beach Tower, avec tracé à la main un numéro de téléphone, au-dessus duquel s‘inscrivait le nom de Rupin.

 

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Message édité par talbazar le 26-12-2017 à 19:12:41
n°51946612
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 27-12-2017 à 10:17:16  profilanswer
 

Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Paul Emain.
 

 

https://zupimages.net/up/17/52/n49w.jpg

 

Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Sam Féchié.
 

 

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Message édité par talbazar le 27-12-2017 à 10:19:01
n°51953762
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 28-12-2017 à 08:44:19  profilanswer
 

La Moyenne Encyclopédie du pro-fesseur Talbazar : des revues spécialisées pour les experts en tout :

 

https://zupimages.net/up/17/52/d1m0.jpg

 

https://zupimages.net/up/17/52/h28b.jpg

 

Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Luc Resborgia.

 

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https://zupimages.net/up/18/03/nyxn.jpg


Message édité par talbazar le 16-01-2018 à 10:03:54
n°51960943
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 29-12-2017 à 05:15:53  profilanswer
 

Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Cedric Omplet.

 

https://zupimages.net/up/18/03/l0mk.jpg

 

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Le congélateur muséographique.

 

Aujourd'hui : Louis le Nain.

 

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Le congélateur muséographique.

 

Aujourd'hui : Piloty-Seni at the Dead Body of Wallenstein.

 

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Message édité par talbazar le 16-01-2018 à 10:03:14
n°51971257
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 30-12-2017 à 16:42:31  profilanswer
 

Après le succès planétaire de :

 

https://zupimages.net/up/17/52/h05s.jpg

 

Le professeur récidive avec :

 

https://zupimages.net/up/17/52/en6i.jpg

 

Le congélateur muséographique.
 
Aujourd'hui : 1901.

 

https://zupimages.net/up/17/52/nnef.jpg

 

Le congélateur muséographique.
 
Aujourd'hui : The Doctor 1653 Gerard Dou

 

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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Friedrich Enstyle.

 

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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Martin Gale

 

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Message édité par talbazar le 16-01-2018 à 09:58:33
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Posté le 30-12-2017 à 16:42:31  profilanswer
 

n°51976070
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 31-12-2017 à 13:08:45  profilanswer
 

Salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : Biographie de Gaston Boudiou . Extrait numéro 37.

 

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Au petit cimetière de Troulbled, la tombe de grand-mère Ernestine Boudiou est une véritable roseraie blanche, en ce jour pluvieux où elle rejoint sa dernière demeure. Anéantis par un choc inaltérable, Gaston et Angèle se cramponnent les phalanges en tâchant de rester dignes, mais ce n’est pas facile. Tant de choses remontent du fond de leur mémoire commune à l’occasion de ce triste événement arrivé si soudainement ; alors que la sœur de Gaston venait une nouvelle fois de tutoyer la gloire, en magnifiant avec tant de superbe le chandail populaire tricoté à la main. Droits comme des i dans ce temple du deuil ouvert à tous les vents, ils regardent plus qu’il ne l’écoutent le curé Lamour en train de faire son office sur un ton grave. Le public présent pour faire son adieu à Ernestine est en majorité âgé et composé d’une grosse partie de ses amis de Troulbled, venus là en dépit de leur propre difficulté à se mouvoir sans souffrir. La vie, la mort, le malheur et le bonheur des gens, quel endroit peut mieux résumer toutes ces choses que ce champ poignant parsemé de ses minuscules résidences éternelles ? Puisqu’ils sont encore mineurs tous les deux, la société ne permettra pas au frère et à sa sœur de vivre leur existence seuls à la ferme, mais Emile, qui n’a pu se déplacer, les a informés qu’ils pouvaient les prendre en charge et qu’ils devaient venir habiter chez lui. Une bourrasque plus violente emporte jusqu’aux étoiles les derniers mots d’Enerstine et puis Gaston, Véronique, Jean, Angèle, ainsi qu’une bonne partie des résidents du 36 rue du Couvent pilotés jusqu’ici par la 4L de Joseph Wronski sont repartis vers la ferme, dans une ambiance tout sauf joyeuse. Les larmes aux yeux, Angèle a rangé ses affaires dans sa chambre en compagnie de Jean Micheton, avec qui elle verra enfin le loup avant le départ, comme elle s’en confiera plus tard à son frère. Gaston tourne en rond dans la pièce commune, bizarrement obsédé par la vielle boîte en fer blanc illustré d’un chaton et où mémé rangeait ses petites affaires de couture. Ce petit chat blanc aux grands yeux bleus tout mignons qui a dû largement vivre sa vie de chat et mourir depuis belle lurette, lui aussi, sans savoir qu’une boîte à biscuits allait d’une certaine manière l’immortaliser, jusqu‘à ce que la photo ne s’efface et que la boîte ne vienne à rouiller à son tour au fond d‘une décharge. Tout passe et rien ne dure. Cette simple boîte à la sérigraphie éraflée et au pouvoir immense n’abrite pas seulement la pauvre âme de sa grand-mère, mais semble surtout contenir à elle seule toute l’enfance de Gaston Boudiou, puisqu’il l’a toujours vu trôner à la même place, près de l’antique machine Singer noire aux belles lettres d‘or. Il est de ces objets en apparence insignifiants qui détiennent une formidable faculté de réminiscence, cette persistance mémorielle si chargée d’émotions et qui pourtant échappera toujours complètement aux chats. Tant d’anecdotes renfermées par ce modeste clou du souvenir ! Gaston ne sait ce qu’il fera d’un tel talisman, pourtant il vide soigneusement les petites bobines de fils colorés et les aiguilles, puis il colle la boîte vide au fond de ses bagages.

 

Ainsi va se terminer l’histoire provinciale des gosses Boudiou, après un ultime au-revoir à la bande illuminée du Zanzibar. Ils ont digéré Troulbled et Bripue, il va leur falloir avaler Paris, où sonnent plus que jamais les heures de la révolte. Emile Pertuis et son amie Antigone Inseouine de la Nouille sont venus chaleureusement les chercher à la gare, où immobile face aux piétons agités fume encore une sombre et monstrueuse locomotive à vapeur en survivance, pour les conduire dans le 16ème et les installer dans leur résidence à hautes grilles du quartier de la Muette. Dans les larges rues marquées par les immenses pubs pour les Levi’s, les voitures des jeunes permis se promènent avec leur 90 collé au derrière. La présence proche du bois de Boulogne se montre très rassurante, pour des gamins un poil sauvageons qui ont poussés jusque-là dans l’immense verdure. La baraque blanche est grande et cossue et son propriétaire semble faire d’emblée son possible pour que les jeunes gens puissent s’y sentir à l’aise. Il ne fait aucun commentaire sur la dégaine négligée de son fils qu’il ne connaît pas mais semble finalement satisfait de découvrir enfin. Une bienveillance que Gaston assimile tout de suite, car il devine dans cet inconnu un type plutôt brave et dévoué, un médecin honnête bien à l’aise qui souhaite peut-être tout simplement rattraper le temps perdu. Sa copine Antigone qu’il n’a pas épousée est également une femme cordiale, mais elle fait tout de même preuve par moment d’une certaine austérité, adoptant une posture franchement raide devant l’évier, lorsqu’elle fait la vaisselle, puisque le couple estime ringard d‘avoir du personnel. D’un caractère un peu narquois, cette fille d’un marquis de l’aluminium porte en elle la marque de sa bonne éducation, comme on dit, mais elle fait preuve dans le foyer qu’elle partage avec Emile d’une simplicité qui saura tout de suite trouver le chemin pour atteindre le cœur d’Angèle, une connivence réciproque qui donnera à cette dernière le sentiment de faire partie d’une véritable famille. Toutes les deux, elles sauront développer pendant les années qui suivront une véritable et étonnante relation mère-fille et Antigone cessera du jour au lendemain d‘aller voir un psy pour y pleurnicher le spleen de sa vie, à coups de gros billets. Antigone soutiendra toujours Angèle dans son rêve d’actrice et saura proprement fasciner la jeune fille en retour, en lui dévoilant bien de ses petits secrets, comme par exemple ce jour où elle va lui montrer en riant un body noir en l‘étalant sur le lit, une belle lingerie innovante qui moule le corps d’une femme avec un chic incomparable. Bien qu’âgés de seize ans, Gaston et sa sœur ont donc d’emblée l’impression de venir combler un vide immense dans l’existence de ce couple sans enfant, alors qu’eux-mêmes, sans venir renier la mémoire de leurs biens aimés grands-parents disparus, vont partir à la conquête de véritables parents, sur fond de magie parisienne. Si Gaston et Emile s’apprécient, il existera tout de même toujours plus de distance entre le jeune homme et Antigone, bien que leur relation dans cette nouvelle vie commune fut toujours très cordiale. Il faut bien dire que la femme d’Emile a tout de suite sentie que ce fameux fils retrouvé s’imprègne en continu d’une horrible odeur de shit. Antigone Inseouine de la Nouille qui n’aimait pas le gros-rouge sera toujours l’antithèse absolue d’une hippie déglinguée. La prospérité insolente des temps ne devrait pas être pour elle le prétexte d’un bannissement en masse de tous les interdits, une chose qu’une nombreuse jeunesse de cette génération blue-jean semble pourtant à présent vouloir réclamer. Les nouveaux arrivés sont naturellement reconnaissants envers le couple d’avoir chacun leur chambre à l’étage de cette coquette demeure, par ailleurs équipée d‘un téléphone et de la télévision couleur. Gaston lit tous les soirs les grands auteurs au fond de son lit, jusqu’à minuit passé, avant de fermer les yeux sur une dernière pensée pour Youri Gagarine, le fameux pionnier et cosmonaute russe qui vient de mourir dans le crash de son avion. Normalement inscrit au lycée Jean de la Fontaine, près de la porte Molitor, Gaston n’y mettra en réalité presque jamais les pieds, sauvé de ce calvaire inutile par le jeu d’une astucieuse dispense médicale concoctée par Emile, par ailleurs souvent absent de chez lui. Quand à Angèle, soucieuse d’indépendance, elle a trouvé quelques heures de boulot dans une boulangerie et se réfugie dans ses rêves, puisqu’elle n’attend plus que de monter sur le podium où doit s’élire le concours de la Miss Blonde 1968. Est-ce qu’elle n’a pas lu ce slogan étrange sur une affichette placardée sur un mur, en allant au boulot : « On ne nait pas femme, on le devient ». Et bien elle, puisque son corps est à elle, c’est exactement ce qu’elle compte devenir en se trémoussant dans son bikini rouge.

 

https://zupimages.net/up/17/52/hndc.jpg

 

https://www.youtube.com/watch?v=TSP0e5rXUl8
https://www.youtube.com/watch?v=izQB2-Kmiic
https://www.youtube.com/watch?v=7rtdQTHZBK8

 

Bon dimanche à tous.

 

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Message édité par talbazar le 31-12-2017 à 13:33:08
n°51981115
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 01-01-2018 à 11:34:27  profilanswer
 

Grosse flemme généralisée de qualité nulle dans les bureaux de la Moyenne Encyclopédie, qui s'étirent tout de même pour vous souhaiter à tous, aux imbéciles comme aux autres, une excellente année 2018.
 
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Le congélateur muséographique.
 
Aujourd'hui : Aouane.

 
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Le congélateur muséographique.
 
Aujourd'hui : Atou.

 
https://zupimages.net/up/18/01/126s.jpg
 
Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Louison Dissa.

 
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Message édité par talbazar le 01-01-2018 à 11:35:26
n°51988581
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 02-01-2018 à 14:17:09  profilanswer
 

https://zupimages.net/up/18/03/34wu.jpg

 

Le congélateur muséographique.
 
Aujourd'hui : Night Scene ~ Peter Paul Rubens 1616.

 

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Le congélateur muséographique.
 
Aujourd'hui : Portrait of the Misses Mary and Emily McEuen, by Thomas Sully, after 1823.

 

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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Hector Tueux.

 

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Message édité par talbazar le 16-01-2018 à 09:56:31
n°51996993
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 03-01-2018 à 10:21:29  profilanswer
 

Le congélateur muséographique.
 
Aujourd'hui : Gustave Jean Jacquet.
 

 

https://zupimages.net/up/18/01/sbf5.jpg

 

Le congélateur muséographique.
 
Aujourd'hui : Whisperings of Love by William-Adolphe Bouguereau, 1889.
 

 

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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Edgar Lacaisse.

 

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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Joséphine Mouche.

 

https://zupimages.net/up/18/01/jgf7.jpg

 

un petit truc avec lequel je me marre trop et que j'ai envie de partager. Il suffit d'une photo prise de face pour en avoir un aperçu 3D assez bluffant !

 

http://cvl-demos.cs.nott.ac.uk/vrn [...] f92a2d60d9

 

https://zupimages.net/up/18/03/k5ne.jpg


Message édité par talbazar le 16-01-2018 à 18:22:33
n°52008485
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 04-01-2018 à 10:13:49  profilanswer
 

https://zupimages.net/up/18/01/4vgf.jpg

 

Le congélateur muséographique.
 
Aujourd'hui : Greuze Jean-Baptiste -The Spoiled Child.

 


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Le congélateur muséographique.
 
Aujourd'hui : Annunciation - Tissot 1886-1896.

 

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Revue de presse.

 

Aujourd'hui : Le montreur de médailles.

 

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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Olaf Témain.

 

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Message édité par talbazar le 04-01-2018 à 10:15:01
n°52020376
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 05-01-2018 à 10:44:43  profilanswer
 

Le congélateur muséographique.
 
Aujourd'hui : Mihaly von Zichy, 1827-1906.

 

https://zupimages.net/up/18/01/klfk.jpg

 

Le congélateur muséographique.
 
Aujourd'hui : Banditti Fishing. 18th.century. John Hamilton Mortimer. British 1740-1799

 

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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui :Bertrand Sandance.

 

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Salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : L'Epilée du Nil . Extrait numéro 83.

 

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 En manque sévère de bonhomme, Néefièretarée soumise à quelque besoin sensoriel se sentait vraiment trop femme pour être tout à fait dieu. Elle signa distraitement, tout en tenant son calame d’une main de fer, un papyrus qui scellait plus ou moins un traité de paix avec l’Assyrie et un autre par lequel elle engageait son Egypte au renoncement d’une éventuelle revendication pour taxer à l’import les stores phéniciens. Trêmouatoli et Mer-Amen Tesmich étaient rentrés de Carthage le matin-même et se reposaient du voyage dans la chambre d’amis du palais. Tous les garçons et les filles de son âge se promenaient dans la rue deux par deux et savaient bien ce que c'était d'être heureux. Les yeux dans les yeux et la main dans la main, ils s'en allaient amoureux sans peur du lendemain, oui mais moi, se disait la pharaonne, je vais seule par les rues, l'âme en peine, oui mais moi, je vais seule, car personne ne m'aime.

 

– Ah ! disait-elle à son guépard presque apprivoisé, mes jours comme mes nuits sont en tous points pareils, sans joies et pleins d'ennuis, car personne ne murmure "je t'aime" à mon oreille.

 

Et naturellement son guépard connaissait le refrain chanté par cette yéyé et s’en foutait totalement, du moment qu‘on lui donnait chaque jour des poules à dévorer. Des gauloises de la Bresse sélectionnées selon le standard de la Société centrale d'aviculture de la Gaule chevelue, c’était celles qu’il préférait. Néefièretarée décida de se rendre sur le port, vu qu’il s’agissait d’un site de rencontre qui en valait un autre. Elle avait surtout les nerfs d’entendre les cris d’amour de Trêmouatoli surgir derrière la cloison qui séparait la chambre d’amis de cette pièce où elle-même languissait. Avec une gourmandise d’esthète, la pharaonne colla dans sa chevelure un truc pour la faire briller, puis un coup de gloss en stick sur sa bouche et descendit les escaliers qui menaient aux quais encombrés. Là s’agitait une multitude de beaux esclaves à peine vêtus en train de repeindre ses bateaux. Leurs torses d’ambre et leurs muscles de bronze provoquèrent chez la reine une indéniable gourmandise. Une sensation grisante, peut-être comparable à celle éprouvée par des pilotes de litière de course lancés dans l’immensité du désert. Autour de son escorte en mouvement chargée de la suivre et de la précéder, les hurlements stridents des saxons transportant quelque noble au milieu des denrées étalées sur le sol participaient d’ailleurs à renforcer cette image. Le port regorgeait en effet d’une activité fébrile, avec de gros bédouins roublards venus de lointaines bananeraies pour vanter leurs régimes, des mégères qui appelaient haut et fort les badauds attroupés à venir déguster leur soupe de poisson, mais également des guides gauloiphones expliquant à leurs cohortes de touristes lutéciens le chemin de gargotes fameuses, sans aller trop loin ni se ruiner ; alors que des scribes installés sous la fraîcheur paisible des auvents de toile comptaient une à une les nombreuses marchandises descendues des navires. Dans les ruelles adjacentes, de belles hellènes tarifées exhibaient leurs seins en poire à des marins bourrés, qui mangeaient sur des nappes trop blanches des poissons ruisselants. Ils vous montraient des dents à croquer la fortune, à décroisser la lune, à bouffer des haubans. Et ça sentait la morue jusque dans le coeur des frites, que leurs grosses mains invitaient à revenir en plus. Puis se levaient en riant dans un bruit de tempête, refermaient leur braguette et sortaient en rotant. Dans le port toutes ces dames trinquaient avec leurs clients sur des airs de bouzouki, puisqu’elles officiaient dans le quartier grec. Et justement, en approchant du lieu où se trouvait amarré son grand navire amiral le Pamalrâssé, Néefièretarée repéra Lachedékess qui était debout sur le pont avec un pot de peinture à la main. L’esclave journalier avait probablement trouvé un emploi en intérim dans le chantier de carénage supervisant l’entretien des bateaux royaux. Avec sans doute garantie en service pour l’employeur, au cas où l’ouvrier supporterait mal les coups de fouet. L’amant d’Aménorée répondait justement à une remarque d’un surveillant en lui tendant le doigt.

 

L’insolente beauté de ce fils d’Aphrodite éclipsa aussitôt dans la tête finement nattée de la reine l’animation du rivage ensoleillé et la procession bruyante de chars fleuris surmontés par des prêtres de Thouéris, en train de vénérer une nana vivante déguisée en lionne-hippopotame. D’un claquement de doigt à son chambellan Tâtsamoul le suprême, Néefièretarée lui exprima sa volonté de grimper à bord. Un troupeau de vaches placides en vadrouille au milieu des vases géants et des amphores de bière empilées posa quelque difficulté à cette manœuvre, sans parler des portefaix insolents qui descendaient les passerelles avec leurs énormes sacs en jute sur l’épaule. Tâtsamoul fit jeter à l’eau par les shardanes des types cramponnant leur panier de poissons pour approcher de l’embarcadère et parvenir enfin à faire monter la reine et ses courtisans sur le navire. On balança encore sans ménagement dans le Nil un petit berger transportant un veau sur ses épaules, parce qu’il refusait obstinément de céder le passage à la suite royale. Lachedékess baissait la tête, faisant mine de gratter le plancher avec une spatule en cuivre. Suant sous sa couronne, la maîtresse des deux terres s’approcha de lui, enivrée par l’odeur virile et alléchante de ce grec bien roulé.

 

–  Hé toi, relève toi, je sais qui tu es. T’es au courant que ta mousmée croupit dans ma prison ?

 

–  Majestueuse déesse aux multiples personnalités et particulièrement la déesse cobra Ouadjet qui en jette, splendeur de Nekhbet la pas bête, Amonérée ne m’est plus rien, elle ne vaut pas mieux que les trainées grecques maquillées que vous voyez se trémousser là-bas au son du bouzouki.

 

–  Oui, enfin, c’est surtout qu’elle s’est faite scandaleusement harcelée par mon cochon de vizir, on peut la comprendre et se demander si elle avait vraiment le choix. Quoi qu’il en soit, Phimosis a payé son ignoble trahison. Mais toi, tu es quand même le père de l’enfant qu’Aménorée attend, après-tout, ça te rend responsable. Les hommes, des fois, ils peuvent dire pardon.

 

–  Des clous. Il recommença à gratter furieusement le sol en bois pour se donner une contenance. Tâtsamoul lui botta le cul pour qu’il arrête et regarde une reine dans les yeux quand elle te parle.

 

–  Tu t’intéresses aux affaires du royaume de l‘Egypte, Lachedékess ?

 

–  Ben je sais que votre général Merdenkorinnanâr est parti aux frontières mater des bandes d’Hyksos un peu trop proches.

 

–  Mon sphinx marche sur l’ennemi, en effet. Ta peinture pue, elle a pas l’air bio. Si tu le souhaites, je t’offre un boulot au palais moins salissant.

 

–  Et pourquoi vous feriez une chose pareille pour un pauvre immigré grec dans mon genre ?

 

–  Je ne suis pas sculptée dans la roche et je ne souffre pas de sécheresse intime, si tu vois ce que je veux dire.

 

La vache, c’était un truc énorme ! Lachedékess faillit en renverser illico son pot de bleu sur ses pieds. Il se redressa pour se mettre debout, les pattes bien parallèles, en se frottant son arrière-train malmené par le pied du chambellan. Puis il laissa longtemps perdre son regard sur les lointains chadoufs et les roues à eau que la position élevée du bateau permettait d’apercevoir à l’entrée de la ville. Le ballet des voiles carrées circulant sur le fleuve lui donna tout à coup le tournis. Il traina des yeux sur le bas du menton et le cou gracieux de la pharaonne, ne pouvant s’imaginer l’embrasser de ses propres lèvres. Elle avait de son côté l’air de s’amuser beaucoup. Le pire, c’est qu’elle n’avait pas formulé un ordre, mais une proposition. Il renoua le bandeau de lin crasseux qui retenait ses cheveux noirs et se frotta les yeux tout autant irrités par les émanations de peinture que par les rayons aveuglants du soleil. Ce sont toujours les autres qui choisissent de votre beauté ou de votre laideur, mais pas besoin d’un lavage oculaire pour se faire une idée de la splendeur de la reine, elle était bien entendu hautement désirable. Ce qu’elle manigançait pouvait en plus ouvrir fort bien au chanceux quelques ouvertures inespérées et faciles pour venir l‘enrichir. Un changement de filière assez radical, pour lui qui s’était toujours senti nul, en fin de compte, en dépit du fait qu’il travaillait beaucoup. Il semblait temps qu’il puisse enfin œuvrer pour lui-même et ne voyait pas le mal à se servir de son propre physique, puisqu‘il avait l‘air de plaire à cette princesse. Il avait de toute façon balayé Aménorée et son enfant en gestation du centre de ses décisions. A présent, il se voyait parfaitement capable de combler la reine d’Egypte d’un trésor de bienfaits charnels qu’elle ne pouvait sans doute même pas imaginer. Mais il était tout de même, en lui répondant, un peu estomaqué par son propre culot.

 

–  C’est d’accord.

 

–  Alors laisse tomber tes outils et rentre au palais avec moi.

 

La dimension excitante de la situation faisait que Néefièretarée se donnait beaucoup de mal pour maintenir en elle un semblant d’harmonie et faire preuve devant les autres d‘un  peu de sérénité. Du fond de sa cellule, la petite Aménorée s’était confiée à celle qui la maintenait prisonnière, en lui révélant naïvement que son ex avait au pieu de réels talents de masseur professionnel et qu‘il savait parfaitement quoi faire de ses dix doigts pour varier les plaisirs. L’air de rien, la reine tourna une fois de plus sa gracieuse tête vers lui. Ce mec issu du peuple était franchement pas mal et bien que ni noble, ni lettré, il n’avait pas l’air trop con. Elle allait se doper à l’amour en s’écrivant avec cet esclave un plaisant carnet de voyage intérieur. Parce qu’au contraire de la fille de Tépénib et d’Amétatla, Néefièretarée pouvait se targuer d’une bonne expérience dans ce domaine. Tout en balançant exprès devant lui savamment de la cuisse, de la fesse et de la hanche, elle éprouvait même un petit plaisir sadique à vouloir le soumettre au rapport de force, et se satisfaisait finalement de trouver en ce beau grec le type idéal pour la guérir de son barbant ascétisme actuel. Lui n’avait pas l’air de vraiment digérer ce qui était en train de lui arriver. Malgré tout, d’ici une heure à peine, oui, se jura la pharaonne avec un sourire amusé, ce n’est pas seulement sa propre respiration qui passerait en elle, mais également tout l‘attirail coquin de cet esclave qu‘elle comptait complètement épuiser en le collant d’abord dans un bain brûlant, avant de le plaquer en riant dans ses draps richement brodés.

 

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Message édité par talbazar le 16-01-2018 à 09:53:16
n°52030341
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 06-01-2018 à 09:15:13  profilanswer
 

Le congélateur muséographique.
 
Aujourd'hui : Paul Rieth for Jugend Magazine 1925.

 
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Le congélateur muséographique.
 
Aujourd'hui : Raphael Kirchner -  Impassive Mask.

 
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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Christophe Unkado et Jack.

 
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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Les faux jumeaux Coït.

 
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n°52038136
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 07-01-2018 à 11:09:31  profilanswer
 

Le congélateur muséographique.
 
Aujourd'hui : Frederic Leighton Painters Honeymoon 1864.

 

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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Anatole du Pacifique.

 

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Salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : La saga du trône de Fion. Tome 2 - Sus au sein Royal. Extrait numéro 36.

 

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Croisant belle mer, bon vent, l’armada du Fion fendait les vagues de ses proues, mais les collines de l’Hyperbourrée ne se voyaient nullement. A bord des puissants vaisseaux, les dents meurtrières de la terrible épidémie croquaient les marins les uns après les autres, les plus jeunes qui haussaient en pleurant leurs bras fatigués vers le ciel de Kramouille, comme les plus vieux blanchis en mer que l’on voyait hoqueter en tremblements navrants dessous les filins de misaine. La grande wérolerie décimait peu à peu l’escadre pressée par ses voiles en accomplissant son œuvre mortelle, mais l’on avait dépassé le sentiment d’alarme pour ne plus croire à sa survie. Gaëtan Manquedamour, ancien capitaine de la Rondelle et à présent celui de la Tatie Nique fit ses adieux sur le pont de son navire en levant à peine la main, les joues brûlantes en dépit de la froide brise de mer qui les fouettait. La plupart des bâtiments n’avaient d’ailleurs plus de maître et les gabiers encore valides couraient dans les cordages pour conserver l’allure, mais soudain pris de fièvre, leurs corps tombaient brutalement sur le tillac ou le gaillard d’arrière, où se trouvait déjà un grand nombre de cadavres amoncelés. Plus personne n’avait encore la moindre force pour les jeter en mer, car la totalité des équipages en deuil se perdait de vigueur. On murmurait d‘une voix atone, quelques rares matelots décidés décrochèrent les chaloupes pour se sauver, préférant la mort des noirs abîmes et la dérive hasardeuse à l’atroce déchéance. Ce grand mal inguérissable qui terrassait devant leurs yeux leurs pauvres camarades. En dépit de son manteau ciré, de son masque au long nez et de sa paire de gants, le médecin Barnabé Pathobiliaire mourut lui aussi dans de pénibles souffrances, peu étonné d’être frappé lorsqu’il apprit dans son délire que le bateau qui le portait avait été construit un vendredi. Tous les signaux envoyés par les voiles des autres navires ne disaient pourtant qu’une seule chose : on n’arriverait jamais à rejoindre les côtes et l’on était pour ainsi dire foutus.

 

Selon le droit fait à son rang, le Capitaine Gaëtan Maldemer de Posegalettabord qui gouvernait la marine du Fion s’était résolument enfermé dans sa cabine et ne voulait plus voir personne. Pour l’instant, il était épargné par le mal et priait fermement Notre Dame de Kramouille pour que la chose puisse perdurer. Il se trouvait satisfait par la solidité de ses nerfs et notait son registre avec un certain calme, donnant ses ordres à travers la porte pour manier les vergues, puisqu’il était à présent le seul à pouvoir commander son navire. On ne l’informait plus du malheur des autres bâtiments qui suivaient tant bien que mal la course de l’amiral et peu lui importait, du reste. En parfaite vanité, il voulait juste s’échouer sur une plage avec son brin de Pinette bien camouflé et repartir sur le champ vers le royaume de Fion, si possible en parfaite santé. Il avait à tout hasard composé quelques vers pour la reine Amanda, un message passionné dont la sincérité ne saurait être mise en doute. Surtout quand elle aurait goûté l’instrument efficace qu’il avait entre les jambes et que la fleur magique l’aurait spectaculairement guérie de sa frigidité. Le contentement parfait n’est-il pas le souhait de tous les hommes et les femmes ? Il avait grande hâte de s’agenouiller pour baiser la terre Hyperbourréale, avant de faire pareille avec sa majesté, qu’il marierait sans doute avant printemps, pour devenir lui-même roi bien-aimé du Fion. En s’attirant, il l’espérait bien, la jalousie des autres souverains. Et pourquoi ne pas songer sous sa couronne à établir une parfaite unification du Minouland, dont tant de contrées mystérieuses restaient encore à explorer ? La seule chose qui comptait en politique était de toute façon de trouver un trésorier vraiment discret et fiable. Tant que les voiles blanches se gonflaient à ses mâts sous le soleil glorieux, il gardait bon espoir de rentrer chez lui sain et sauf. Sa propre maison deviendrait régnante, puisqu’il possédait à présent bonne paire de couilles et fameuse médecine, ce brin de fleur qui deviendrait moderne instrument de puissance et qu’il saurait parfaitement utiliser. S’il ne s’était pas cloîtré lui-même dans sa cabine pour éviter la maladie, il aurait presque voulu bastonner ses marins pour forcer ces misérables à faire courir son vaisseau deux fois plus vite. Sa Majesté très-fidèle Maldemer de Posegalettabord, époux glorieux de la resplendissante Blair du Fion. Tire-boudin de merdasse : dans sa tête, ça claquait vachement bien ! Ebloui par son aveuglement d‘or et de trône, il ne pouvait penser qu’il vivait en ces heures sa dernière croisière, en dépit des affreux râles d’agonie qu’il entendait s’élever à chaque instant du fond des cales et qu’il ne pouvait quand-même pas ignorer.

 

Il y eut un horrible fracas. Gaëtan vit par la fenêtre la « Sardine enchantée » heurter la « Cuisse d’Amanda », une caraque et une caravelle en difficulté de manœuvre qui se percutèrent violemment sur la mer ridée. Si durement que les deux nefs allaient sans doute sombrer. Maldemer assista au spectacle effroyable en jurant mortecouille, mais autre chose attira en plus son attention, puisqu’une multitude de cadavres gonflés flottaient en foule inerte sur les vagues et tous portaient des vêtements à la mode pleugaphiotte. Ainsi ces malheureux qui avaient voulus quitter leur île de Godapat pour échapper à la pestilence dérivaient à présent offerts aux mouettes devant ses yeux, tombés de quelques barquettes en provenance de leur terre maudite. Associé à la collision, un tel tableau livrait une terrifiante vision des enfers, aussi le capitaine refusa fermement qu’on aille secourir les naufragés de sa propre flottille, ordonnant plutôt qu’on força l’allure pour fuir au plus vite vers la côte. Il poussa un soupir de soulagement lorsque de la guette du hunier fut enfin crié « terre, terre ! » ; alors que poussés en bonne brise on apercevait enfin la bande sombre des côtes désolées et rocheuses de la baie des Gogs. Aucun pilote ne connaissait cependant suffisamment ces eaux dangereuses qu’il n’était pas prévu d’aborder et dans leur hâte à s’échouer, la plupart des naos se perforèrent en jouant de guignon sur les récifs invisibles. Beaucoup furent stoppés net et s‘arrêtèrent sur place, leurs œuvres vives durement harponnées par les griffes minérales. Cette fois, la flotte du Fion frappée de mortaille semblait pour de bon anéantie. Comme les autres, la coque de la Tatie Nique fut à son tour éventrée et Gaëtan se jeta prestement dans la mer écumante en échappant par miracle à la noyade. Nageant comme un forcené dans la houle glacée, il se félicitait d’avoir eu le temps de coller sa Pinette en poche et priait à chaque brasse notre bonne Kramouille qu’elle le porte à présent sans couler sur la plage, heureusement de plus en plus proche. Lorsque, le souffle rare, il fut étalé sur la sable mouillé, il vit avec une horreur renouvelée qu’il y avait là aussi un grand nombre de Pleugaphiotes wérolés qui l’avaient précédés et qu’il voyait en partie hideusement dévorés par les crabes. Cette écœurante compagnie l’obligea à retrouver ses forces pour fuir dans la contrée, laissant derrière lui les survivants de sa compagnie que les vagues délaissaient à leur tour. Il était vivant, en bonne santé et courait sur la lande, bénie sois-tu Kramouille, car peu importait à présent la guerre de Mouyse et le sort de ses camarades. Longtemps toutefois, il tourna une tête effrayée vers le terrible désastre des épaves éparpillées que la mer au loin lui montrait, avec sa foule de pauvres hères qui flottaient encore, cramponnés pour leur salut aux espars brisés.

 

Gaëtan Maldemer de Posegalettabord courut ainsi seul à travers les terres une bonne partie de la journée, car la baie des Gogs était très peu peuplée. Il aperçut enfin une chaumière isolée et s’en approcha, mais vaincu par les émotions et pétri de fatigue mortelle, il tomba évanoui sur le seuil. Un peu plus tard, il se réveilla dans un lit de chaudes plumes, après avoir semble-t-il beaucoup déliré. Une gente fille de loudier l’observait attentivement, mais le capitaine vit bien à sa tenue modeste qu’elle était gueuse et fort probablement la déshéritée maîtresse de ce pauvre lieu. Les lèvres gercés par le sel et les yeux brûlés, il la laissa lui porter en bouche une infusion brûlante qu’elle partagea tour à tour avec lui, puisque dans sa misère, la bachelette pauvrement accoutrée avait appris en toute chose l’économie. Elle lui toucha son front fiévreux en souriant, il lui en fut reconnaissant, mais son propre merci fut prononcé avec le plus grand mal.

 

– Ah, ah, fit la jouvencelle, les mors as mors, les vis as vis ! Bravo mon chef des chevaliers, vous me voyez ravie de l’encontre, puisque vous en êtes revenu. Elle s’efforçait de placer humblement sur ses mots toute la pompe respectueuse que méritait sans doute en privilège le rang de l’alité.

 

– A la bonne heure, madame, c’est bien bonne souplette et chaude à mon gosier que ce jus-là que vous me proposez, articula faiblement Gaëtan en lui montrant son bol et la remerciant d‘un signe de tête. Ma damelette qui me sauvez, vous avez bien raison de le jaser en aussi bonnes paroles qui jamais ne furent dites : que les morts restent tranquilles avec les morts et que les vivants ripaillent en joie avec les bons vivants ! Car si je suis en vie, cent mille meilleurs de mes braves notoniers sont hélas partis de ce monde aujourd’hui.

 

– Mon bon messire, Kramouille veuille que ma tisane vous plaise et vous rende heureux. Buvons-donc, j’aurais ensuite deux ou trois lèches de pain frais pour vous rassasier.

 

Kriemild Euze, laquelle vivait seule depuis la mort de ses parents, gardait ce jour-là son bœuf roux dans son pré. Elle avait bien vu approcher ce sergent affolé qui courait dans la bruyère pour se diriger vers sa maisonnée. Accourant à son tour, lorsqu’elle vit ce houlier fol dingo inanimé sur son seuil, sa première réaction fut de baratter le galapiat d’un bon coup de dur cailloux dessus sa gueule pour l’occire et le rapiner ; mais à ses riches affublements, ses pentacols d‘or et ses bagues de gemmes brillantes, la pauvresse vit bien que l’inconnu était de très noble naissance. Dès lors, elle entonna crédo et oraisons puis se mit en grande charité à vouloir le réanimer à tout prix, espérant de cet homme forte récompense et peut-être même que ce capitaine agonisant voudrait bien voir à l’épouser, pour la remercier. Kriemild se rêva aussitôt avec plaisir en belle demoiselle tournoyant au bal dans une splendide et large robe de soie d’azur à doux jupons. Ce qui évidemment la changerait de la défroque raide, déchirée et crasseuse qu’elle portait chaque jour pour nourrir ses cochons. Alors qu’elle déshabillait puis essayait de coller avec peine ce lourd messire au fond de son lit en paille, en fermant chastement ses beaux yeux bleus sur la coquine arbalesterie dévoilée, elle entendit plusieurs fois le déhaité s’enquérir en fièvre d’une plante sorceresse de magie souveraine qui guérissait les reines. En oyant cette prière insistante prononcée plusieurs fois en boucle, Kriemild en train de réanimer sa flambée devant laquelle elle avait placé les brodequins mouillés, se disait à part elle : diantre Kramouille de la mer, voilà une tête et un esprit fort barbouillés. Pourtant, en fouillant soigneusement les poches de l’égaré, elle trouva effectivement le fameux brin de la fleur de Pinette qu‘il désignait, sans pour autant en connaître les précieuses vertus qu‘il offrait en breuvage. A donc, je m’en vais voir si vous dites vrai, monseigneur, car je vais vous soigner. Ainsi, elle avait doctement plongé la petite panacée dans un pot bouillant et c’était donc cette fabuleuse décoction qu’il buvaient maintenant tous les deux fort gentiment.

 

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Bon dimanche à tous.

 

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Message édité par talbazar le 16-01-2018 à 18:21:58
n°52049928
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 08-01-2018 à 13:47:12  profilanswer
 

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Le congélateur muséographique.
 
Aujourd'hui : Lydia Timoshenko (1903-1976) Eugene Onegin.

 

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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Les soeurs Bigotte.

 

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Message édité par talbazar le 16-01-2018 à 09:52:05
n°52057978
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 09-01-2018 à 08:59:23  profilanswer
 

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Courrier des lecteurs.

 
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n°52069520
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 10-01-2018 à 07:07:22  profilanswer
 

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Le congélateur muséographique.
 
Aujourd'hui : Statue en bois de l'intendant Ka-Aper - Egypte (sycomore).

 
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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Jhon Epapété.

 
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Message édité par talbazar le 10-01-2018 à 07:10:27
n°52083495
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 11-01-2018 à 11:10:33  profilanswer
 

Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Lucien Kchapitres.

 

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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Lewis Patiné.

 

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Salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : Coup de chance dans l'hyperbole. Extrait numéro 55.

 

 

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Secteur martien d’Agannippe Fossa, où la production agricole ne cesse pas en dépit de la présence des rebelles dans leurs serres. L’écoulement habituel des stocks de plantes se trouve cependant durement freiné depuis le durcissement du conflit et chaque convoyage marchand représente un gros risque pour les négociants à la solde des administrants. Voilà pourquoi l’arrivée sans prévenir à l’horizon de la ferme d’une lourde barge civile T 24/7, baptisée The Lure of leather, constitue un véritable événement. Le gros véhicule de convoyage au sol n’a pas prévenu de son arrivée, mais Zona la fermière et son mari Manu Mekton n’ont pas besoin de reconnaître ses couleurs, ils le connaissent déjà et savent qu’il est la propriété privée de l’administrante Vaness Parada, avec qui ils ont déjà eut maintes fois affaire. La richissime propriétaire n’est évidemment pas à bord de ce transporteur, mais le couple connaît également bien celui qui le dirige et le commande pour elle, un vieux routier nommé Jhon-Jhon Lidé. Au loin, l’énorme engin arrache le sable rouge de ses huit roues coniques et son état général poussiéreux prouve qu’il est en route depuis un bon moment. Il vient de loin, probablement vide, en crapahutant lentement. Dans le domus principal, quelques nonnes adolescentes-chanteuses de cantiques de son éminence se maquillent et se préparent déjà pour accueillir dignement dans la joie le nouvel arrivant. Quelques jeunes prêtres sous coïne et chargés de les accompagner accordent également leurs guitares à leur côté. Ils ont eux-mêmes tressé les guirlandes de fleurs odorantes qu’ils passeront au cou des nouveaux-venus. Alors qu’ils vont rejoindre le couple de fermiers à la tête de cette communauté, Fanch Yoland et Karela Borounie s’amusent de constater les usages de la nouvelle bibeule épicurienne si vivaces chez les producteurs martiens qui les hébergent. Des traditions provinciales venues du temps où les échanges entre dômes représentaient encore de véritables expéditions. Jorg Glooniais, Jeff Coupé et Phil Martinet les précèdent, mais Siguiline Oryal est restée au chevet de Flash Gourdin qui ne va toujours pas bien, c’est peu de le dire. Le colosse manchot marche tellement à côté de ses pompes que tous se demandent s’il retrouvera un jour ses esprits.

 

Au-dessus de la gigantesque verrière bombée, le ciel de Mars se colore d’un violet pâle, mais très pur. La barge avançe en ligne droite sur la plaine et se rapproche, Zona se tourne vers les indés :

 

– Le routier qui pilote cette machine est d’ascendance vénusienne, une défédération pas trop peuplée, mais qui engendre généralement des gars avec pas mal de nerfs. Les mecs qui accrochent le sol comme Jhon-Jhon sont pourtant carrément snobés par l’élite des captains de transbordeurs spatiaux, moi je ne vois pas pourquoi. Finalement, à part les distances et l’environnement, ils font le même boulot, après-tout.

 

– On a pas le contact, évidemment.

 

– Désolé, fait Fanch, puisque c’était ses troupes qui brouillaient la région.

 

La cérémonie d'accueil est brève mais intense. Lorsque Jhon-Jhon Lidé et son équipage en scaphandre obligatoire descendent du véhicule en franchissant une écoutille latérale et s’immiscent dans le dôme, la troupe des frères de son éminence leur passe aussitôt les colliers parfumés. Juste après, ils font monter l’adrénaline avec de la vraie cosmic music bien rageuse en infusant dans leurs guitares de la haute énergie bien hard-rock, que les nonnes peintes en fluo illustrent de vocaux et de chouettes mouvements de bassin. Les parois du cerveau bien ébranlées, le routier est ensuite invité à rejoindre les appartements de Zona et de Manu pour parler des affaires et des raisons de sa venue. Un rob Liliput N.P. 5357 vient leur proposer des canettes de skyola et des pilules de bouffe. Jhon-Jhon se débarrasse alors de sa couronne fleurie et s’installe comme les autres sur un sustentateur invisible. Ce type bien charpenté porte fièrement de beaux cheveux bruns d’aspect soyeux qui lui tombent sur les épaules, une constante chez ceux de sa corporation. Un trentenaire effectivement fier au yeux bleu-gris qui chérit probablement sa grosse barge plus que tout au monde. Une petite cicatrice au coin de la bouche à gauche lui donne un air de sévérité probablement exagéré. On peut tout de même y voir le résultat d’un ancien baston, la chose ne saurait être exclue. Son type dermique accuse effectivement la mutation d’une pâleur extrême toute vénusienne.

 

– Alors, balance Manu en s’adressant à lui, Parada est dans le besoin, j‘imagine. D’où viens-tu ?

 

– D’une base d’Alba Mons. Si vous le permettez, je charge chez vous en escale physique 150 000 t de végétaux sélectionnés et je les confie au cargo Ladies no shirts free drinks du côté de Marte Vallis, qui les enverra ensuite sur la terre. Une barre de São Paulo vient de se hausser là-bas de 225 mètres et c’est ma boss qui a décroché le contrat pour l’aménagement de ses jardins.

 

– Quand je pense, fait Zona en posant ses beaux yeux dans ceux de Jhon-Jhon, que leurs colonnes prennent pied dans une véritable jungle et qu’il font venir leurs plantes de Mars, quelle blague !

 

– Sans doute, mais les rampants et la merde polluée qu’ils surplombent ne les louperaient pas, il y a bien longtemps que la verdure terrienne n’est plus exploitable. Une aubaine en tout cas pour Vaness Parada, laquelle entre parenthèse doit pouvoir continuer à me payer pas trop mal. Elle est tellement futée que votre guerre pour l’indépendance l’affecte à peine et ses deux transbordeurs se baladent d’une galaxie à l’autre le ventre plein, c’est pas comme d’autres qui crèchent entre Phobos et cette planète, vous voyez bien qui je veux dire.

 

– Ouais, intervient Manu, on murmure surtout que Parada n’est pas la dernière sur le marché noir et que les pirates sont au final ses grands amis. Elle magouille avec l’armée défédérée aussi, aparrement, le ciel de Mars est verrouillé par la loi martiale.

 

– Pas mon problème. Au fait, ajoute encore Jhon-Jhon sur un ton jovial, j’imagine que vous n’êtes pas au courant, mais Alan Drelon et Isa Djani se seraient fait démonter du côté d’Orion, on les donne pour éliminés. Un transbordeur de la WWW se serait bien défendu et sa milice aurait bousillé les vaisseaux pirates. Et moi qui croyait que les légendes étaient faites pour durer !

 

– Vous avez des couilles, lui lance Karela, le territoire de Pavonis est parcouru par nos mines traçantes, elle font pas trop la différence avec des engins civils.

 

– J’en ai observé deux, inactivées, sinon je ne serai pas là. Trois Panzigs de l’armée m’ont survolés et j’ai traversé une tempête locale du côté d’Olympica Fossae, trop brève pour être naturelle, je pencherai pour un Sharsherman en très basse orbite. J’en sais rien, j’étais sourd et muet. En tout cas, j’ai pas croisé les vôtres, Yoland. Vous savez, vous vous bagarrez ici, mais le business intersidéral continue quand même. Vaille que vaille.

 

– Un Sharsherman, répéte Jorg Glooniais pour lui-même, ah bon.

 

– Nous on l’a pas repéré, ajoute Jeff Coupé, la loi de la guerre interdit aux engins de ce type d’approcher, une tornade isolée, peut-être.

 

– En tout cas, ajoute Phil Martinet pour le routier, je vous souhaite la même chance pour le retour. Vous serez bougrement chargé.

 

Le lendemain est consacré à la visite des immenses serres pour sélectionner les lots destinés à l’embarquement. Jhon-Jhon possède avec lui une liste précise des variétés et des quantités commandées. Le massif The Lure of leather a roulé vers le quai de chargement désigné par Zona et n’attend plus que de remplir sa gigantesque soute de sa cargaison de containers, sustentés pour leur mise à bord, puis ensuite immobilisés dans la barge par un accorage solide sur les slots pour leur éviter de riper. Le routier a déjà réglé la routine de paiement, notamment la prévision d’acceptation à 1464 heures de Vaness Parada, qui va également prendre en charge les frais de chargement. Leur errance aux milieu des cultures agitées par une fausse brise n’est donc qu’une simple ballade de vérification, alors que les robs en mouvement procèdent au tri rigoureux des plantes désignées, recensées rapidement et sans difficulté. En dépit du dispositif d’assourdissement, les bruits sont amplifiés à l’intérieur de la cloche et Jhon-Jhon doit un peu élever la voix pour se faire entendre de ses interlocuteurs.

 

– Le transbordeur Ladies no shirts free drinks prendra en charge les containers dès mon arrivée à Marte Vallis, la patronne veut s’éviter des frais de démurrage trop importants.

 

– Capitaine, fait Fanch Yoland en s’approchant de lui, m’autorisez-vous à sonder la mémoire de votre barge ?

 

– Vous voulez jeter un œil sur les transmissions de bord auxquelles j’ai échappé, puisque vous n’autorisez aucune communication en dehors des vôtres, c’est-ça ?

 

– Votre cargo ne les a pas oubliées et les garde en mémoire, si un Sharsherman a rôdé dans le secteur, j’aime autant le savoir !

 

Abandonnant Zona la fermière et son mari, les indés ont donc suivis leur chef pour grimper à bord du transporteur à la suite de Lidé. Le kiosque de pilotage aux volets fermés est évidemment d’une taille respectable, mais l’espace volumineux se noie finalement dans les proportions hors-normes de la bête en plastacier. Jorg Glooniais s’installe aussitôt près des commandes de gouvernail où se trouvent situées les radios rendues muettes lors du dernier trajet. Via l’implant de Jhon-Jhon en permanence connecté à son véhicule, le rebelle dénoue aussitôt les codes afin de les restituer clairement aux auditeurs assis mais attentifs. Les heures suivant le départ d’Alba Mons n’égrènent que de longues corrections d’attitude, de vitesse, de serrage gyro, rien d’autre que des indications de déplacement internes au cargo. Aucune com extérieure, sauf un moment une saleté de message volatile issu de la propagande de la SLG (Sanchez, Lopez, Gomez) corporation appelant une fois de plus les indés à la redition. Et puis, effectivement, à la frontière de l’efficacité du brouillage com, la voix parasitée d’un Sharshermankommandeur se fait entendre, l’appel reconnaissable, court et insistant, d’un control cabin de Sharsherman anonyme. Sans aucun doute possible une suite de paramètres de guidance dédiés à Grand Contrôle martien, mais interceptée incidemment par le cargo de Jhon-Jhon, alors qu’il prenait le cap d’Ulysses Fossae. Un coup de bol, une fusion fréquentielle inespérée, mais qui alarme aussitôt Fanch et Karela. Un lourd croiseur militaire spatial rôde bien dans le secteur. Ils ne sont pas au bout de leur surprise, lorsqu’un holocast s’anime cette fois brièvement devant leur yeux. La silhouette bleutée s’est également connectée à l’intrus en orbite, déjouant le brouillage environnant. Le tablier du bonhomme est parfaitement explicite, il prouve qu’il s’agit d’un paysan de la ferme dans laquelle ils se trouvent. L’envoi d’un tel message devrait pourtant être complètement impossible, le gars doit donc être équipé d’un holocasteur particulièrement sophistiqué. Ce n’est certainement pas un foutu de fermier de sueur aux petits bras. Jorg se met à jurer, cette pourriture d’espion qui discute tranquillement avec le Sharsherman n’envoie qu’un seul message, mais il est dramatique.

 

– Appel unité, appel unité, ici base agricole Fossa, présence Fanch Yoland, Karela Borounie et Flash Gourdin vérifiée et effective. Attendons vos ordres pour agir.

 

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Message édité par talbazar le 11-01-2018 à 11:25:21
n°52094152
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 12-01-2018 à 10:24:13  profilanswer
 

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Le congélateur muséographique.
 
Aujourd'hui :1920 illustration by Leyendecker, A Christmas Prayer.

 

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Le courrier des lecteurs.

 

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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Laurent Barre.

 

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Message édité par talbazar le 12-01-2018 à 10:26:54
n°52104853
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 13-01-2018 à 13:57:22  profilanswer
 

Alerte et communiqué : HostingPics qui hébergeait jusqu'à présent les images de la ME du PT va cesser de fonctionner. Il est donc clair que la Moyenne Encyclopédie va perdre les trois-quart de ses images et qu'elle sera bientôt plus trouée qu'une meule d'Emmental (le vrai) ![:oh-la-vache-eh:4]

 

Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Emma Kuicédu-Poulet.

 

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Message édité par talbazar le 17-01-2018 à 14:27:00
n°52110767
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 14-01-2018 à 11:41:14  profilanswer
 

Salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : La jet larguée. Extrait numéro 29 .

 

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Au dernier moment Steven avait décidé de rejoindre la petite expédition, en dépit de la réprobation véhémente de Loraine. La vérité était que le commandant se plaisait à une action qui allait le sortir du cadre habituel et lui fournir une petite expérience exaltante, en partant à l’aventure vers un territoire jusque-là inconnu. Un sentiment qui peut-être avait pareillement commandé son geste d’isolement à Georges Pinson, le chanteur que l’on espérait bien rejoindre d’ici peu en parfaite santé. En cas de souci au village, le pilote pensait bien que tous s’entendraient sur la mise en place d’une efficace stratégie collective. A l’enthousiasme qui précéda le départ, on voyait bien que les membres de l’équipe cultivaient eux aussi la même satisfaction de briser un certain cercle routinier, en allant s’enfoncer quelques heures dans la forêt vierge. Shirley, Summer et Loraine accompagnèrent le groupe avant qu’il ne s’enfonce dans la jungle et puis après un dernier baiser mâtiné malgré-tout d’appréhension, les épaisses frondaisons les séparèrent, puis les trois hôtesses retournèrent en silence vers le camp. Certainement les plus enthousiastes du groupe, Roparz et Mériadeg ouvraient la marche en conquérants, sabrant de leurs machettes bricolées avec des bouts de tôle les lianes et les hautes herbes en moulinets résolus, les yeux rivés au sol par crainte des serpents venimeux. On avança ainsi pendant quelques heures mécaniques dans l’épaisse verdure vers le nord-ouest sans échanger le moindre mot, comme si chaque pas engagé délitait le temps et puis on fit une première halte, bercés par le bruit d’un torrent. Wanda semblait soulagée de s’arrêter un peu, elle enleva ses chaussures pour se tremper les pieds dans l’eau fraîche qui baignait également en passant les mousses et de belles fougères triomphantes.

 

– C’est beau ici, hein ! Avez-vous remarqué comme les nuits sont toujours claires et limpides ? Quel dommage que cette île soit complètement ignorée des tour-opérateurs.

 

– Ben tu sais, lui répondit Jack-André, l’océan est finalement mal connu, certaines parties du monde comme celle-ci ne voient jamais passer un seul navire.

 

– Oui, ajouta Steven, sur les routiers de la marine, les cartes se remplissent encore parfois des lettres ED, PD ou PA, des abréviations qui signifient respectivement : Existence douteuse, Position Douteuse et Position Approximative. Le ciel est plus bavard, finalement.

 

– Pas trop douteuse pour nous, en tout cas, intervint Karl qui scrutait sans arrêt par réflexe de militaire les frondaisons obscures. Il planta fortement son bâton dans le sol tendre, comme pour confirmer par ce geste sa propre existence dans ce paradis. Une manière inconsciente d’en prendre possession.

 

– Pour ma part, le coin manque franchement de café branché, ironisa Steward. Il regarda le général avec un petit air ironique en ajoutant : mais personne ne va regretter de ne pas y entendre le fracas des bombes.

 

Sans qu’il l’ait voulu, sa remarque nostalgique sur les petits plaisirs urbains jeta toutefois un peu de mou dans les pensées des autres qui se mirent à rêver d’électricité, de téléphones et de tout à l’égout. Il y eut soudain un cri de bête, trois singes rapides à peine visibles glissèrent sur les branches les plus hautes d’un arbre au tronc démesuré, dont les racines qui labouraient le sol évoquaient des formes étonnantes. Les arbalètes de Pouillet avaient donc laissées quelques-uns de ces bestiaux en vie. L’observation du bruyant manège des primates aux poils clairs occupa un temps les esprits ravis de cette diversion. Près du fil de l’eau rapide poussaient de charmantes fleurs mauves que le botaniste Pierre-Simon aurait certainement voulu consigner dans son herbier. On pensait à ce qu’il avait dit de la méfiance dont ils devaient faire preuve sur les plantes inconnues qui poussaient sous ces tropiques, de ses histoires menaçantes sur les écorces épineuses ou empoisonnées. On se demandait aussi comment tous ces végétaux si variés avaient bien pu arriver là un jour. Des graines accrochées aux plumes d’oiseaux eux-mêmes transportés sur une distance incroyable par des radeaux naturels ? Les noix de cocos avaient certainement dérivées en flottant sur la mer. La conversation se voulait plus amicale qu’un rigoureux débat d’experts.

 

– J’ai discuté avec Langevin une fois, avoua Ewin, il me disait que la flore des îles contient souvent plus de graines à fruits charnus que sur les continents, tout simplement parce qu’elles voyagent dans les bides des oiseaux.

 

Ailes, crochets, glue, insectes, ressorts, les graines les plus variées s’accrochaient à la vie en employant d‘étonnantes stratégies, bien le cas de le dire. Tout comme les naufragés du vol PJ 612 Paris-Kilapile de la Petro-Jelly apportaient leur humanité dans ce coin perdu sans l’avoir pour autant cherché et devaient à présent s’arranger pour la faire perdurer. Quand bien même Wanda semblait ignorer tout contact sexuel, pratiquant peut-être comme la vanille l’autofécondation, elle était trop belle pour qu’on la perde dans les méandres de l’évolution, comme le déclara en plaisantant Jack-André, en s’attirant même un sourire reconnaissant de l’intéressée. Même en plein cœur de cette moiteur verte qui n‘altérait pas sa beauté, l’hôtesse aux pieds nus conservait intacte la magie savoureuse de sa plastique envoûtante. D’ailleurs Steward s’approcha d’elle pour lui coller une des larges fleurs violettes dans ses cheveux blonds, une parure naturelle qu’elle accepta cette fois en riant franchement. Outre sa beauté singulière qui charmait autant les hommes que les femmes, Wanda, bien que d’origine modeste, mariait style et bonne éducation en s’attirant de tous une incontestable sympathie. Jamais aucun passager, même le plus mal embouché, ne lui avait jamais manqué du respect qui lui était dû. Les singes avaient fuis. Le sac à dos singulièrement plus léger sur les épaules, on repris la marche une fois refait le plein des gourdes. Mériadeg s’y était finalement mis, à la flotte, alors que d’habitude, il ne la consommait qu’avec du café très fort. Quand au café, il l’accompagnait souvent d’un petit remontant bien de chez lui. C’est ainsi que Badigooince avait le don de mettre les vies en miroir, en obligeant chacun à faire le grand plongeon dans sa propre histoire. Son pote Roparz le tira tout à coup brusquement par la manche.

 

– Ecoute !

 

Depuis une minute ou deux Karl tendait l’oreille également. Pas plus consistant qu’une simple hallucination auditive, un grondement diffus parcouru le ciel un court instant. Un ronronnement que le général attribua sans pouvoir en être certain à un bruissement d’hélicoptère. Le silence s’installa aussitôt, effaçant l’illusion sonore que certains avaient entendue et d’autres non.

 

– Merde fit le gradé, on aurait dit un hélico.

 

Longtemps, très longtemps, on observa les nuages avec des yeux gonflés d’espoir. Seuls répondaient à cette attente fébrile de cruels chants d’oiseaux. Deux gros nuages passaient lentement dans le ciel bleu autrement vide au dessus de la montagne et c’était tout. Pendant qu’elle avait levé la tête, la fleur était tombée des cheveux de Wanda. Elle marcha dessus en repartant.

 

– Allons, fit Steven qui n’avait pas perçu le son presque inaudible, vous avez sans doute rêvé.

 

On oublia ce formidable incident sans faire plus de commentaire, parce qu’en continuant d’avancer dans la jungle, Jack-André qui s’était un instant arrêter pour pisser contre un arbre interpella les autres afin qu’ils viennent le rejoindre. Lorsqu’il s’approchèrent, ils virent que le copilote brandissait une chaussure dans sa main. Une basket que Wanda jura avec certitude appartenir au chanteur Georges Pinson, lequel, bon de dieu de merde, comme le sentencia aussitôt Mériadeg, avait tout de même deux pieds.

 

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Bon dimanche à tous.

 

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Message édité par talbazar le 14-01-2018 à 21:01:29
n°52129860
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 16-01-2018 à 09:20:50  profilanswer
 

Pas bien :

 

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Bien :

 

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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Alix Igreczed .

 

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Message édité par talbazar le 24-01-2018 à 08:56:51
n°52146861
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 17-01-2018 à 14:25:20  profilanswer
 

Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Monica Dodadieu.

 
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 Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Honorine Oceros.

 
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n°52176902
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 20-01-2018 à 14:10:34  profilanswer
 

Salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : Noeud coulant pour Martin Smith. Extrait numéro 49.

 

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 Une ambulance arriva avant les flics et la chose valait franchement mieux. Glibert fit tourner ses trouvailles à la ronde, avant de cogiter rapidement pour tout le monde. Selon lui, le plus urgent semblait que Jess accompagne cet Elliot à l’hôpital pour le cuisiner, quand à Angèle, Guy et lui, ils allaient tout de suite rendre la visite qu’il projetaient au sénateur. Sisco et Momo devaient bien sagement poser les bagages à l’hôtel en attendant les ordres. A peine arrivés, le hasard les faisait danser joliment au son d’un gentil big band tropical et naturellement, on allait attendre un peu pour avertir les autorités locales. Gilbert et Rosse discutèrent un moment, pour arriver à la même conclusion. Si ce suspect était bien arrivé dans le bar après eux, il s’était certainement pointé là dans l’unique but de les surveiller, on semblait tous d’accord là-dessus. Mais il ne s’attendait sans doute pas à être repéré à son tour par Sisco.  Jesse raconta un charabia aux infirmiers et s’installa d’autorité à côté du blessé dans le véhicule des secours, se prétextant le frère du gars qui ne moufta pas, pour la bonne raison que le regard de son voisin lui suffit d’explication et qu’il vit parfaitement le canon du 45 pointé sur lui. Sisco et sa moukère prirent le large en jouant nonchalamment les touristes et le couple de policiers fut enfin libre d’agir. Une équipe légère prête à coller du plomb partout, sauf dans leurs semelles. Tout en se rendant vers la cible, Angèle et Guy se joignaient à l’étonnement de Teddy puisqu’au vu de la photo, si on rajoutait un dentier à ce Goldmind après l’avoir bien vieilli, on pouvait tout à fait le prendre pour le Cheebe Surger d’aujourd’hui, sauf que d’après ce qu’en avait dit Sisco, ce dernier était mort il y douze ans. Seulement voilà, on savait depuis le raid sanglant sur la maison de retraite des Flocons d’argent que Van Degaffe redonnait une spectaculaire jeunesse apparente aux vieillards qui le payaient grassement. Compte tenu des indices troublants contenus dans le portefeuille, Jesse Rosse ne devait en aucun cas laisser filer ce quidam, avant que l’on ne mette tout ça au clair. Dans le taxi en train d’avaler Ala Moana Boulevard, Teddy serrait Angèle de près, elle le poussa des hanches en lui délivrant un regard faussement courroucé.

 

– Profite-pas. Déjà qu’on crève de chaud !

 

– Pardon ma suffocante, je suis un type charnel mais ça doit t‘échapper.

 

– Tu connais Spinoza ?

 

– Une tronche, à ce qu’on dit.

 

– « L’illusion de la liberté vient de la conscience de notre action et de l’ignorance des causes qui nous font agir ». La vérité, c’est que t’as une sacrée envie de me tripoter et que ma liberté à moi, c‘est de me contenter de regarder le paysage quand je suis dans un taxi. Sans subir la compression de mon collègue, surtout quand je suis en train de fondre en sueur.

 

– Hey, les coupa brusquement Guy, en voyant un fourgon blanc les croiser en contresens et qui roulait d’ailleurs un peu trop vite, je reconnais ce logo, c’est un minibus de la Samsara Foundation !

 

– Et alors ?

 

– C’est pour ce labo que bosse ma copine, vous savez, la petite ratte triste rencontrée dans l’avion et dont je vous ai parlé.

 

Un terre-plein cacha le véhicule à la vue du couple lorsqu’il se retourna par réflexe. On arrivait de toute façon vers du plus urgent. En plein triomphe de l’architecture moderne d’Honolulu, puisque l’hôtel se présentait comme une sacrée tour, elle-même cernée de hauts bâtiments imposants et similaires. Un ghetto moderne et chic du farniente touristique s‘enracinant dans des rues peu encombrées, à deux pas de l’océan turquoise. A leur demande, le taxi les déposa dans la Koa Avenue aux trottoirs bordés de palmiers. Ils marchèrent sous le soleil généreux et tous les piétons décontractés en robes courtes et bermudas qu’ils croisèrent avaient l’air de revenir de la plage ou de s‘y rendre. Angèle et Gilbert les jalousèrent un peu, en se marrant par dépit des grosses bouées colorées trimballées dans la ville. Eux, ils n’étaient pas venus ici pour bronzer, mais pour arrêter Rupin et le cuisiner. Une perspective qui forcément masquait un peu de ce ciel trop bleu. Ils marchèrent encore un moment dans ce décor propre et bien ordonné. En arrivant au niveau du parking du gratte-ciel, Guy repéra tout de suite la petite voiture de la Samsara garée près du trottoir à l’extérieur. Avec deux de ses véhicules rencontrés en moins de dix minutes, décidément, on pouvait conclure que cet institut s’affairait pas mal dans Waikiki.

 

– Allez-y vous autres, fit le perroquet, je vais attendre ici, ces gars-là me donneront peut-être des nouvelles d’Echo 16.

 

– C’est toi qui vois Guy, mais nom d’un chien, tu serais pas un peu amoureux de cette ratte ? je croyais que Vaya Condios était l’amour de ta vie.

 

Le gabonais claqua du bec sans répondre et voleta pour prendre de la hauteur, il n’avait pas l’intention d’amuser les gosses en glandant dans la rue. Pendant ce temps-là, le couple s’engouffra dans le bâtiment à la couleur sableuse. Un peu après qu’ils eurent disparus, un corps nu chuta brutalement sur le trottoir en émettant un bruit sourd, pile devant Guy. Un grabuge de première qui tétanisa l’oiseau et forcément les passants horrifiés. D’un coup d’aile, le perroquet survola l’événement, la femme brune étalée sur le sol avait perdu une godasse, mais pour le reste elle ne portait rien et sa jambe gauche se repliait sous la droite en faisant un angle bizarre. Ses bras frêles étaient repliés sur son torse et ses doigts qui venaient de palmer en vain dans les airs semblaient supplier. Un mince filet rouge s’échappait de ses narines. Tuée sur le coup, tu m’étonnes. Avec surprise, Guy vit qu’il la connaissait bien, sans pouvoir se tromper, il voyait là le corps brisé de Wanna Toktouyou, une petite pute qui œuvrait au Tripoli avant la fermeture du boxon de Blanche Pearl. Du coup, l’événement était en train de bloquer la rue que la police n‘allait pas tarder à investir, le perroquet se voyait dans l’urgence de prévenir ses collègues, il s’envola le long de la tour en scrutant chaque fenêtre, pour arriver pensait-il au niveau de la suite occupée par Rupin. Déjà rencardés par Jesse Rosse sur le numéro de la chambre, Angèle et Gilbert se passèrent des services de la réception pour prendre l’ascenseur, afin de se présenter directement par surprise devant le sénateur. Au chiffre indiqué, ils trouvèrent la porte entrouverte, ce qui leur fit partager un même sentiment d’étrangeté ; mais sur un seul regard résolu et partagé, ils décidèrent de pénétrer d’office dans la pièce. Oui, le sénateur était bien là, allongé à poil sur un canapé, mais tout le côté gauche de sa tronche soit disant respectable n’était plus qu’une horrible bouillie sanglante. Le résultat probable d’une bastos de gros calibre prise en pleine poire, à bout portant, impossible de confondre avec une crise de psoriasis. Le coussin sur laquelle cette figure démolie et terrifiante était posée avait absorbé une grande partie du sang qui venait de s’écouler, mais ça suintait encore abondamment, le meurtre venait tout juste d’avoir lieu. Angèle se précipita vers la fenêtre grande ouverte et vit le corps étalé de la femme sur le sol entouré de badauds, il n’était pas saugrenu de lier les deux événements et penser que cette ouverture venait de servir de plongeoir à cette malheureuse nana, à présent statufiée dans une position grotesque. Guy arriva à point nommé pour apporter sa précision sur l’identité de la macchabée. Sans doute animé d’un sentiment d’échec et de déception, Teddy accusa le coup et laissa tomber l’inspection du cadavre de Rupin pour fouiller toute la pièce, au mépris des ricains qui viendraient à leur tour visiter la scène du crime. Mais la Fouine ne trouva rien qui puisse l’intéresser, ceux qui venaient d'appuyer sur la détente avaient aussi fait scrupuleusement le ménage. Ou alors Rupin s’était bien gardé de s’environner de ses petits secrets, ce qui semblait d‘avantage probable. Gilbert Tricard retourna une fois de plus autour du corps en surmontant le dégoût que lui inspirait cette gueule ravagée, le poing droit du sénateur était fermé, le policier le déplia et vit qu’il renfermait un minuscule pin’s métallique sans doute arraché à l‘agresseur dans un ultime geste désespéré pour le repousser. Après avoir constaté avec stupeur qu’il figurait le logo de la Samsara Foundation, le policier agita triomphalement son trophée devant les deux autres. Cette mystérieuse organisation venait subitement d’occuper le haut de l’affiche. Il fourra donc précieusement la petite broche dans le fond de sa poche, pas question d‘en faire cadeau aux enquêteurs locaux.

 

– Bon dieu, Angèle, on redescend ! Guy, file le train de la bagnole garée en bas si jamais elle démarre, c’est celle de ceux qui ont provoqué tout ce bordel.

 

Les types venaient d’agir avec pas mal de précipitation, mais ils n’avaient peut-être pas pris trop de large. On referma tranquillement la porte sur la scène macabre avant de courir vers l’ascenseur, les corps prenaient subitement le pas sur l’esprit. Il était encore possible de coincer les assassins alors que, rampes allumées, deux voitures de police bouclaient à présent le secteur pour laisser l’ambulance embarquer le corps de la morte, entièrement masqué par une couverture blanche. Cette petite pute dont la trace crayeuse était à présent dessinée sur le bitume ne s’était donc jamais appelée Simone de Boulevard, comme le pensait Rosse, mais bien Wanna Toktouyou. Alors qu’ils plongeaient vers le rez-de-chaussée, une seule pensée agitait Teddy, il se disait que cette énigmatique Samsara Foundation ne sacrifiait peut-être pas que des rats dans son laboratoire et l’abattage du Sénateur qu’elle venait de signer lui chantait finalement la même chanson. Trop tôt pourtant pour se faire sereinement un exposé des faits. Ils déboulèrent dans la rue, la voiture blanche n’avait pas bougée et Guy posait fièrement sur son capot. Comme les portes de l’ambulance claquaient et qu’un cop zélé leur ordonnait sans ménagement de dégager, ils lui présentèrent leur cartes de la brigade en le mettant au parfum pour Rupin. Le jeune flic roula des billes en hélant son supérieur et l’embrouille semblait partie pour durer, mais Angèle vit deux mecs surgir du parking avec un air pas clair, en train de presser plus ou moins discrètement le pas pour filer à pied vers Koa Avenue. Elle alerta Gilbert et Guy sur ces types qu’elle trouvait louche, surtout parce qu’un des deux portait un uniforme étrange, le perroquet s’envola vers eux. L’oiseau les vit rejoindre un autre parking à ciel ouvert qui bordait le Waikiki Resort Hôtel, puis l’un des mecs dégagea un petit émetteur de sa poche et l’actionna. La bagnole de la Samsara s’enflamma aussitôt d’elle-même sur le trottoir, créant une panique et une confusion au sein de la foule amassée que les flics eux-mêmes eurent bien du mal à gérer. Craignant l’explosion, ils hurlèrent à tout le monde de s’éloigner rapidement de la voiture en feu, alors que Teddy et Angèle profitaient de la diversion pour abandonner cette vision enflammée et courir après les suspects à leur tour.

 

Trop de bruit, trop d’évidences et en les voyant arriver Guy leur cria « c’est bien eux ! ». On tenait les bonhommes. Des connards pas discrets du tout et qui démontraient un surprenant mélange de projet défini et d‘improvisations, mais des loufiats bien décidés pourtant, puisqu’il venaient de braquer un pauvre quidam afin de lui voler sa voiture. Angèle dégagea son flingue, alors que les autres s’engouffraient avec précipitation dans le véhicule. Son propriétaire tenta de faire le malin sur une ultime protestation, il s’en prit une en plein cœur, s’écroula et sa propre caisse lui roula sur une jambe. Le poing secoué par la puissance du recul, Angèle tira au jugé, deux fois, s’attirant sur le champ une réponse de feu. Heureusement pour la policière, les fuyards cherchaient plus à s’échapper qu’à se défendre efficacement, les balles volèrent au-dessus de sa tête alors que la voiture percutait la fragile barrière blanche, somme toute très symbolique. Resté sur le trottoir, Gilbert tira à son tour avec son Beretta 92 inox sur cette cible très proche et sans chercher l‘économie, visant le pare-brise qu’il éclata, avant de faire mouche sur les occupants, soudainement incapables de riposter. Le véhicule le dépassa malgré-tout puis stoppa plus loin en plein milieu de la voie, moteur toujours en marche. La portière droite s’ouvrit, mais le passager à l’uniforme ensanglanté bascula en avant sur la route sans se dégager complètement de son siège, avant de se figer. Méfiant, Gilbert à la respiration rapide marqua un long temps d’arrêt, alors qu’Angèle se rapprochait de lui prudemment. Et puis brusquement, cette foutue bagnole crissa des pneus avant de filer en trombe vers la Kaiulani, conduite par un type sans doute très gravement blessé. Sous l’effet de ce départ fulgurant, il s’était finalement débarrassé de son pote dont le corps inerte glissa un court instant sur le macadam, avant que la voiture ne disparaisse à vive allure avec la porte toujours ouverte. Angèle aux cheveux défaits et encore haletante leva haut son pétard, son collègue l’arrêta, elle pouvait blesser du monde, vu que les gens affolés par les tirs galopaient justement dans tous les coins à la recherche d’un abri.

 

– Merde, fit Gilbert, je croyais tout de même les avoir refroidi tous les deux. Ce satané barouf allait lui flanquer sous le nez un copieux tas de feuilles administratives à signer. Enfin, on en tenait toujours un, mort, mais on le tenait. Un gars qui venait de buter le sénateur Rupin. Cet inconnu allongé sur la route figurait en réalité le premier quidam que le flic abattait en service, le premier type qu’il ait d’ailleurs jamais tué, mais Teddy la Fouine se trouvait surtout fortement impressionné d’avoir affronté en quelques minutes brûlantes sa propre mortalité. La souffrance au travail et toutes ces choses, quoi.

 

Guy s’envola aussitôt entre les façades blanches qui resplendissaient au soleil, il aperçut la voiture vide environnée de nombreuses traces de sang, mais en dépit de sa vigilance et de ses battements d‘ailes acharnés, il n’arriva pas à retrouver la trace de cet enfoiré, lequel s’était sans doute planqué dans un coin discret, soit pour y crever d‘une agonie très solitaire, soit pour y attendre quelques potes chargés de lui procurer des heures meilleures pour lui.  

 

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Message édité par talbazar le 06-02-2018 à 08:02:29
n°52189996
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 22-01-2018 à 07:37:42  profilanswer
 

https://zupimages.net/up/18/04/xs5l.jpg
 
Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Ted Deku.

 
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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Jean-Paul Inise.

 
https://zupimages.net/up/18/04/s1cf.jpg

n°52212739
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 24-01-2018 à 07:44:49  profilanswer
 

Salon des inventions.

 

Les machines essentielles du pro-fesseur Talbazar.

 

Aujourd'hui : L'amplificateur des bruits de couloir.

 

Rappelez-vous de notre précédente invention et profitez-en, il nous en reste 2034 pièces disponibles sur un simple clic et probablement quelques claques :

 

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Nous vous offrons désormais le moyen de contrer les effets de la débineuse lorsqu'ils sont par malheur dirigés contre vous.

 

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Pareille aux sources du Zambèze qui naissent en minces filets jaillissant d’une terre asséchée, la rumeur nait d’un simple et faible murmure fusant entre les lèvres gercées par la rancœur de Gisèle Vendôme, grande garce blonde et technicienne en méthodes de livraison. Lentement, le racontar colporté par cet enfoiré de Jean Cartier, chargé de l’hygiène des ressources humaines, percole presque silencieusement du work cube 03 vers le 04 pour s’écouler tranquillement en direction des oreilles grandes ouvertes de cette salope de Nadine Chanel, assistante crédit et postée dans le work lounge ouest. A ce stade, on entend presque rien, le bruit glisse en peu de mots d’un work desk à l’autre, s’enfle de vagues d‘infos et de rajouts odieux, relayés entre autre à voix basse par ce connard de Julien Chopart, animateur sécurité, puis légèrement amplifiés par cette pute de Claudia Bulgari, prototypiste cheminant elle-même en direction de la conférence room. Bien que toujours presque inaudible, le bruit de couloir est cependant devenu rapidement un fleuve rapide qui s’épanche soudain avec tumulte d’une work suite à une autre, ricoche d’un tympan à l’autre, fait des remous et contourne habilement l‘electrical room, longe et stagne longtemps dans les toilets blocks, bouillonne enfin en flots énormes vers la kitchenette de la cafétéria, puis tombe puissamment en chute libre au premier-étage grâce au lift que va prendre Philippine Chaumet, 45 ans, ingénieur chef du contrôle qualité, petite garce brune qui l’amplifie dangereusement lorsqu’elle croise ce sale con de Raymond Buccellati près du hall. Vous, pauvre et sympathique directeur supply chain, vous n’avez toujours rien vu, rien entendu et pourtant ce flot immonde vous concerne directement, vous allez d’ailleurs le prendre en pleine poire vers la copy area par le déversement des navrantes confidences assurées par votre pote Jérémie de Grisogno, expéditionnaire. Tout le monde autour de vous est ainsi à présent au courant de votre rapport aussi torride que rapide, le matin même, dans les lavatory du troisième avec Nelly Piaget, aide-comptable, alors qu’elle est mariée avec Joe Meller, président-directeur général. Inutile de penser vous sauver de cette noyade, vous viviez heureux et caché, vous allez à présent préparez votre petit carton de départ et vider votre bureau sans préavis.

 

Tout ça parce que vous ne possédiez pas le bon équipement, nous oserons dire la bonne bouée, pour rester dans les termes de notre allégorie. Nous vous offrons enfin le moyen de continuer comme avant à faire la fête entre bons collègues. Et surtout à profiter comme d’habitude des pipes de Nelly par consentement mutuel, sans craindre l’inondation. Ne dites pas si j’avais su, puisque précisément, vous n’étiez pas au courant de ce que Gisèle Vendôme diffusait dans les couloirs. Auquel cas il vous était loisible de clore l’amorçage en la poussant à temps dans les escaliers pour lui offrir 3 mois d’AT et sauver in extrémis, en lui claquant son bec, tickets resto, primes et treizième mois. Assez d’incarner la douleur face à l’inaudible, grâce à l’amplificateur des bruits de couloirs les justes seront sauvés et les vipères de corridor seront terrassées, aussi vrai que la lance de saint Georges a percé le dragon. Puisqu’au départ nous l’avons vu, la rumeur est toujours pratiquement silencieuse, il faut se munir d’un outil puissant pour parvenir à l’amplifier correctement, mais cette fois-ci à votre plein avantage. Vous en avez rêvé, le pro-fesseur Talbazar l’a fait. Grâce à nos grandes oreilles à la sensibilité très élevée, l’odieuse bande-son de la délation n’aura bientôt plus d’emprise sur votre destin, ce qui va vous permettre d’éviter à l’avenir catastrophes et bêtises, pour déambuler enfin peinard sur l’air de « circulez, y’a rien à voir ». L’amplificateur air motion transformer à large bande des bruits de couloir aux doubles méga-pavillons catalyse et trie simplement les rumeurs, vous tient à chaque seconde au courant de chaque mot malveillant prononcé, en supprimant tout risque de fragilisation psychologique née d’un débinage audio, lorsqu’il n’est pas en votre faveur. D’une clarté incomparable dans les graves comme dans les médiums, notre soundsystem génial apportera son décryptage en direct des chuchotements désobligeants. Il devient haut-parleur, lorsque l’auto reverse coaxial est actionné, vous pouvez ainsi diffuser autour de vous, grâce au micro intégré, votre réponse standard préenregistrée en plein dans la gueule de vos chuchoteurs, avec une puissance de 150 db. De plus, compte tenu de son encombrement conséquent, il agira également de manière préventive lorsqu’on vous verra le porter. Plus personne n’osera vous casser du sucre sur le dos, en vous apercevant de loin affublé de vos fantastiques oreilles d’éléphant : vous aurez ainsi parfaitement le droit de vous la péter un peu, en ajoutant le rictus méprisant du mec au parfum. File d’attente, couloir, chambre d’ami, à chaque instant de votre vie vous garderez le parfait contrôle de votre vie privée, face au tourbillon des mots durs qui s’échappent de la joyeuse clique composant généralement votre voisinage public ou privé.

 

Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Stéphane Natique.

 

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Message édité par talbazar le 24-01-2018 à 08:12:07
n°52225018
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 25-01-2018 à 10:39:30  profilanswer
 

Courrier des lecteurs.
 
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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Julie Schopenhauer.

 
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n°52233670
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 26-01-2018 à 09:14:44  profilanswer
 

Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Nicolas Sonpoindanlpif.

 
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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Le baron de Vin.

 
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Message édité par talbazar le 26-01-2018 à 09:15:24
n°52244863
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 27-01-2018 à 12:26:30  profilanswer
 

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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Alexandre Dupoëlabois.

 

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Message édité par talbazar le 28-01-2018 à 06:16:58
n°52251837
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 28-01-2018 à 10:53:11  profilanswer
 

Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Jacques Cordmagratte.
 

 

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Salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : Biographie de Gaston Boudiou. Extrait numéro 38.

 


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On en fait parfois des tonnes sur la difficulté d’écrire ne serait-ce qu‘une simple lettre, mais que dire sur le désarroi qui prend le lecteur lorsque le texte qu’il est en train de déchiffrer se trouve pour lui aussi douloureux que déstabilisant ? Les mots tracés entrent alors dans son cerveau avec le fracas d’une bataille navale, un Trafalgar de la raison, un sinistre désastre intime qui débranche temporairement son circuit émotionnel, avant de le détruire petit à petit en s’engouffrant par la brèche innocente offerte par ses yeux. Jugeons-en par nous-mêmes en découvrant la lettre reçue par Gaston et signée par Véronique Taloche à son attention :

 

Bripue, le 27 Avril 1968

 

Mon cher Gaston,

 

J’espère que toi et Angèle vous allez bien et que votre nouvelle vie s’annonce sous les meilleurs auspices. Ici tout va très bien et je suis très heureuse. Je ne suis pas retournée à Troulbled depuis la mort de ta grand-mère. Il y a des choses importantes que je dois te dire et j’ai bien peur que ça t’en bouche un coin, mais tant pis. Tu me dis être impatient que je vienne te voir à Paris, mais tu dois comprendre que notre relation ne sera plus jamais la même, puisque je suis enceinte de ton copain Jean Micheton et que nous allons certainement nous marier cet été à Bripue. Naturellement, ta sœur et toi vous serez cordialement invités, je te communiquerai la date dès que je l’aurai. Prenez bien soin de vous tous les deux. En attendant de se revoir bientôt je t’embrasse très fort, mais seulement sur les joues, mon petit minou.

 

Véronique.

 


 Une seule phrase vient donc brusquement de provoquer la saturation de l’espace mental de Gaston. Véronique attend un enfant de Jean, il va l’épouser. Sa petite rousse adorée avec ses collants Dim oranges et son meilleur ami de toujours. Le monde n’est tout d’un coup qu’une hideuse plaisanterie, il n’est même pas secoué par un sentiment de trahison, mais par la sensation soudaine d’être inutile et de faire battre le cœur d’un autre. « J’aimerais simplement faire l’amour avec toi », chante Polnareff à la radio, Gaston fait l’effort de se lever pour l’éteindre. En quittant Troulbled il ne se doutait de rien, lui, le chantre de l’amour libre qui découvre brutalement la part d’ombre réfrigérée des passions, les effets néfastes de la pulsion qui s’organise, le coup de poignard dans ses rêves qui voudrait l’éborgner par la volonté d’une tyrannie jalouse, il va pourtant lui falloir effacer coûte que coute de sa mémoire son désir ardent pour Véronique. Quand à Jean, il ne sera plus jamais le jalon sympathique de ses tranches de vie, il le salue une dernière fois en pensée, c’est dur de perdre dans le même instant un amour brûlant et une profonde amitié. Pourtant, alors qu’il relit encore cette maudite lettre à neuf heures du matin, l’avenir de Gaston ne veut pas aller plus loin que le soir de cette sinistre journée. Cette séparation officielle inattendue ne lui laisse rien d’autre à éprouver pour le moment qu’un immense chagrin et il en perd un peu la notion du temps. Il a peut-être un peu de colère en lui également, mais à vrai dire, à quoi bon tenter de scier de la sciure, quand tout est terminé ? Il sait déjà que Véro ne viendra jamais le voir à Paris, mais la page qu’il doit tourner est lourde comme une feuille de plomb. Il lutte en réalité  pour ne pas s’écrouler en larmes. Dans la rue, un long cortège braillard à majorité de jeunes vient de passer en agitant des banderoles, un de plus, court camarade, le vieux monde est derrière toi. Gaston entend sa sœur qui se lève dans la chambre d’à côté pour fermer sa fenêtre. Il frappe à sa porte et lui montre la lettre. Angèle la lâche ensuite d’un geste méprisant sur son lit, les yeux un peu mouillés, parce c’est tout de même Jean qui a pris sa virginité. Elle sait aussi très bien que Micheton va se marier avec Taloche par obligation en raison de l’enfant et sa réponse ne laisse filer qu’un simple murmure d’amertume, une injure dérisoire qui surmonte à peine la voix du chanteur de Procol Harum en train de s‘échapper du tourne-disque.

 

– Les salauds.

 

Gaston Boudiou vit là sa deuxième déception amoureuse, ce qui le ramène vers Marité Hissedrue et l’envie de revoir l’insouciante épicière de Troulbled, laquelle n’est jamais revenue au pays. Il va frapper chez elle, ils vont fumer un joint et elle aura les mots qu’il faudra dire pour lui redonner le moral, les retrouvailles seront formidables et la jolie jeune femme est assurément la personne qu’il doit voir à présent pour dissiper la douleur de cette journée.

 

– Je vais rendre une visite à Marité Hissedrue, tu m’accompagnes, Angèle ?

 

– Si tu veux, puisque j‘ai ma journée.

 

C’était si simple. Dans le métro en marche Gaston tente d’évacuer sa pensée insistante tournée vers Véronique, puis il se demande pourquoi il a tant attendu avant de revoir son ancienne et joyeuse amie. Baignant dans une odeur d’œuf pourri, des types pas très jeunes regardent Angèle à la dérobée, les gens s’affairent sur les quais bondés, le frère et la sœur descendent à Odéon. Le temps est lourd et les rues sont chargées d’un climat social pareillement orageux, matérialisé par quelques slogans encore timides peints hâtivement sur les murs. Les colonnes pierreuses et blondes du théâtre lui-même ne sont pas épargnées. L’art c’est de la merde. La lourde porte en bois de couleur verte qui donne sur la cour est en face d’eux et Gaston l’ouvre, il n’y a pas encore de code à entrer, ce sera pour une autre époque ; mais dans sa loge ténébreuse, la concierge ordonne rageusement à son ridicule petit clébard de cesser d’aboyer. La matrone ne dit rien mais se plante sur le pas de sa porte et les fusille d’un regard chargé d’une interrogation explicite. Elle ne désigne pas ensuite l’escalier en pierre situé dans l’axe, mais un autre en bois plus modeste, situé juste sur la droite.

 

– Ah, celle-là. Plusieurs jours que je l’ai pas vue, mais elle est bien chez elle, j’en suis certaine. Vous me donnerez de ses nouvelles en repartant, parce qu’elle a pas très bonne mine, je trouve.
 
 En grimpant silencieusement l’escalier interminable qui s’enroule sur lui-même, Gaston et Angèle frôlent les murs lépreux, leurs narines inhalent un mélange de moisi et d’encaustique fraîchement déposé. Ils ne croisent personne et seul le bruit de leurs pas vient rythmer cette escalade qui les essouffle un brin. Ils débouchent sous le toit du bâtiment devant un long couloir à l’allée tapissée d’un tapis crasseux. Si de l’extérieur le bâtiment se donnait une allure imposante, le corridor qu’il empruntent à présent n’a rien de reluisant. Sur le mur, quelqu’un a punaisé en nombre quelques dessins colorés d’enfants, à côté d’un message lapidaire d’adulte tracé sur un feuillet : Ou va t’on quand on meurt ? Il y a du bruit derrière la première porte qui doit donner sur deux pièces minuscules au plus, peut-être même une seule et dedans, un couple joyeux est en train de rigoler, mais ce n’est pas la bonne, la deuxième non plus, ils arrivent finalement tout au bout de l’allée, c’est là, avec Marité Hissedrue écrit en tout petit au-dessus de la sonnette. Le bruit de la sonnerie déclenchée par Gaston fait taire un instant les éclats de rire, ils attendent un long moment avant de recommencer, attendent, recommencent. Elle est sûrement chez elle leur a dit la concierge. Quand la porte s’ouvre enfin, Gaston et Angèle Boudiou ont presque un mouvement de recul, tant la femme atrocement amaigrie au teint hâve qui se présente à eux n’a plus de ressemblance avec la beauté rayonnante qu’elle fut. Elle regarde ses visiteurs d’un regard perdu et semble avoir beaucoup de mal à mettre de l’ordre dans ses idées. La petite pièce au lit défait dans laquelle elle vit ne sent pas très bon et propose au regard un désordre indescriptible. Lorsque qu’elle laisse rentrer le couple, presque à regret et sans même leur dire bonjour, Gaston voit très bien la seringue qui traine sur la table de chevet encombrée.

 

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Bon dimanche à tous.

 

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https://www.youtube.com/watch?v=4vaIBZCLUQU
https://www.youtube.com/watch?v=r4emLYfb9rA


Message édité par talbazar le 28-01-2018 à 13:10:52
n°52271562
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 30-01-2018 à 11:00:08  profilanswer
 

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Le congélateur muséographique.
 
Aujourd'hui : Briggs advertisement.

 
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Le congélateur muséographique.
 
Aujourd'hui : Harvey Kurtzman, Elder and co.

 
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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Marcel Mensexuel.

 
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n°52307542
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 02-02-2018 à 16:42:01  profilanswer
 

Activités ludiques.

 

Aujourd'hui : Je taille un costard au président Macron.

 

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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : David Ité.

 

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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Jessica Trisé.

 

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Message édité par talbazar le 03-02-2018 à 07:21:18
n°52318568
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 04-02-2018 à 11:07:17  profilanswer
 

Salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : L'épilée du Nil. Extrait numéro 84.

 

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Les chameaux affublés du sigle de l’ONS se déhanchaient en longue file sur la piste sableuse qui remontait vers le nord. Juché sur le sien aux milieu des énormes ballots de linge qui constituaient sa raison sociale, Tépénib balança la boite de loukoums roses et verts en direction de son voisin Valisansoùth qui l’attrapa sur un merci poli. Si ce dernier était sans contestation le président de cette entreprise de tissus ambulante, les deux hommes amis d'enfance et copains d'école se trouvaient liés par une solide complicité qui expliquait probablement le succès incontestable de leurs affaires. La main-d’œuvre avançait à leur suite, grimpée sur des ânes ou trottinant à petites foulées en portant les lourds piquets de tentes, tout en pestant à voix basse sur la préconisation de modération salariale affichée ouvertement par le PDG. On sentait bien que les esclaves de ce commerce textile itinérant en avaient ras le pagne de la pensée économique dominante. Tépénib bu largement au goulot sa gourde en peau de chèvre pour faire passer les gâteaux puis il arrêta son chameau, afin de ne pas trop distancer la caravane.

 

– L’inflation, fit Tépénib, ça rend les prix flous et ça dévalorise l’épargne et moi je te dis qu’aujourd’hui, l’Egypte n’est plus protégée. Il balança sa gourde vers le président.

 

– Relativise, lui fit son associé et ami en s’abreuvant à son tour, parce que les dettes se déprécient dans ce cas là et puis c’est de l’inflation bien de chez nous, pas le fruit de l’importation asiatique ou même romaine, encore moins celte.

 

– On en reparlera plus tard en CA, lorsque Mer-Amen Tesmich sera enfin disponible. Parce qu’à l’ONS, on devra peut-être bientôt supprimer quelques CDI d‘esclaves.

 

– Il faudra aussi qu’on cause de cette nouvelle technique du sablage à haute pression des robes en coton qui leur donne un aspect délavé fashion, du genre anar chic. Les médecins et les prêtres du travail nous disent que ça file la silicose aux ouvriers et que…

 

Floc, floc ! presque sans prévenir, son chameau était en train d’avancer avec les pieds dans l’eau, alors qu‘une énorme flaque barrait le chemin, juste devant ses yeux.

 

– Ah merde, le Nil est en crue, déjà.

 

– Ben non, répondit Valisansoùth, on est en juin, c’était prévu. Par contre, je trouve que le climat se réchauffe, depuis deux ou trois ans. Les dattiers fleurissent en avance.

 

La caravane s’amassa devant la mare boueuse et peu profonde qui rendait la route inondée impraticable, en contrariant l’itinéraire prévu. Amétatla dégagea la tête par l’ouverture de l’énorme œuf en toile colorée que portait son chameau, alors que la comptable Katikèlsalop assise en face d’elle était en train de lui faire respectueusement les ongles pour passer le temps, avec un beau rouge issu de « la palette de narmer » vendue en promotion par Gémémébeline-Solucebôté :

 

– Hey les gars ! la ville d’El-Amarné est pas trop loin d’ici, alors tant qu’à faire un détour autant s’y rendre, puisque de toute façon on devait au départ aller vendre un peu de notre marchandise sur ce marché  important. Le deal va nous soulager, on remontera plus légers et c’est une bonne occasion de fourguer en masse du kilt et du tissu picte, à mon avis.

 

– Oui, c’est pas bête, fit Tépénib en regardant sa femme qui soufflait sur ses doigts pour faire sécher le vernis. D’emblée, il approuvait l’idée. Business is business.

 

– En tout cas faut pas trainer, ajouta Valisansoùth, parce que si on reste là en train de discuter entre nous trop longtemps, les chameaux auront bientôt de l’eau jusqu’aux rotules. La vase, c’est bon pour les courges, pas pour nos bêtes.

 

Et comme en effet ils pataugeaient maintenant tous vraiment, la décision fut rapidement prise de prendre vers l’ouest, en suivant les panneaux indicateurs pour se rendre vers El-Amarné, la ville aux deux portes, capitale internationale du lotus qui affichait d‘ailleurs un festival annuel dédié à cette belle fleur, avec une abondance de massifs bien garnis. Ils dépassèrent en arrivant un grand sanctuaire d’Apopis construit récemment et franchirent l’enceinte par la rue principale nord-sud Tétoumousisi, ignorant les ruelles latérales animées par un grouillement de potiers, d’ânes chargés de grains, de porteurs sacs sur le dos, de portés, d’épouses de scribes et de conseillers fiscaux. La caravane longea l’immense verger d’un grand domaine composé de dattiers et de sycomores, ils virent de loin le riche propriétaire penché sur son épouse elle-même penchée sur l’eau transparente d’un bassin. Elle avait un corps de déesse et piochait mine de rien dans un panier de fruits avec l‘air de s‘ennuyer, en dépit des coups de burin dans ses reins déployés par son mec buriné par le soleil. La proximité du Nil apportait limon et eau en abondance, aussi toutes les maisons d’El-Amarné se trouvaient intégralement construites en briques de boue et de paille pilée, tels les bâtiments administratifs, les entrepôts et l’hôtel Royal Livingstone trois étoiles Isis, qui possédait une cour suffisamment vaste pour y dételer les chameaux. Une fresque peinte sur le mur en adobe de l’entrée proposait des stages de rafting en eaux vives près des cataractes. Le cadre était délicieusement raffiné et promettait sur ses affichettes en papyrus d’excellents petits-déjeuners. Des artisans installés dans le hall vendaient une profusion de paniers tressés, de bijoux de malachite et de sculptures votives en bois d‘érable. Amétatla loucha méchamment sur la concurrence qui proposait à la vente des lots immaculés de bandages funéraires, mais elle proposa à son mari de déballer là quelques robes, si elle obtenait plus tard l’autorisation du directeur. L’hébergement de toute la caravane en chambre-double ne posa aucun problème et les romains Veuquetum Fourlanus et Tampax Nostrum ne résistèrent pas à se promener ensuite en ville pour soumettre leur papilles asséchées à la bière locale, servie par une belle esclave au comptoir. Valisansoùth, Amétatla et Tépénib s’en allèrent quand à eux dérouiller leur swing sur le parcours de golf situé à proximité de l’hôtel. C’était si bon d’aller perdre quelques balles après la longue course à travers le désert qu’ils venaient d’effectuer. Un accord fut conclu avec Melamousofret, « general manager » de l’établissement, pour étaler à côté des icônes anciennes quelques tuniques en lin six fils et autres tissus de qualité, tout près de la piscine squattée par des touristes gaulois à la peau rougie. Le jardin s’ornait d’une merveilleuse profusion de ces grands lotus qui donnaient sa célébrité à la ville. On était à peine dérangé par les incessants bruits de chantier aux alentours, puisqu’un temple de Ptah tout proche se trouvait en réfection complète.

 

Alors que les gens de l’ONS prenaient un peu de repos, Lâchetessous-Mécétrocher, organisateur évenementiel issu de la cour thébaine de Schrèptètnuptèt pestait dans une taverne située à l’autre bout de la ville sur les patates farineuses et le vin aigre que venait de lui servir une serveuse avec un piercing au nombril. La raison de sa mauvaise humeur prenait cependant racine ailleurs, puisqu’il s’en voulait d’avoir perdu la trace de Keskiya et du précieux môme qui l’accompagnait. Son goût des femmes l’avait perdu, alors qu’il prenait du bon temps dans l’oasis de Bangasirup. Il avait passé la nuit en pleine zénitude dans les bras de deux petites nubiennes et s’était réveillé fort tard, avant de partir à la recherche de la nourrice et du petit Moisi, qu’il n’avait pas retrouvés malgré tous ses efforts. Et puis un marchand l’avait informé du passage en trombe de la litière royale quelques heures plus tôt dans la matinée. La belle Simkâ royale dirigée par Amékel-Vachar ne pouvait avoir prise qu’une seule direction, celle de la ville d’El-Amarné et il était du devoir de Lâchetessous-Mécétrocher d’opérer sa jonction avec le véhicule de la belle-sœur de la pharaonne, pour le cas où elle serait à l’intérieur. Il ignorait si la patronne avait finalement été retrouvée par les shardanes. Mais en arrivant dans la cité, il n’avait trouvé nulle trace de la Simkâ, voilà pourquoi il pestait à présent devant son propre égarement, une défection à sa fonction qui pouvait l’envoyer sur le champ dans le bide d’un crocodile, pour avoir quitté et perdu le cortège. Il se leva pour aller jouer aux fléchettes avec un client, mais sans conviction. Les murs de la taverne étaient couverts de boucliers et de haches et six poussins pour une bière pétillante ça faisait la boisson un peu cher, mais l’ambiance était conviviale. Une bande de soldats démobilisés braillaient leurs exploits, en racontant comment l’armée commandée par le général Merdenkorinnanâr venait de mater quelques Hyksos aux frontières. Un scribe solitaire et bourré écrivait des poèmes dans son coin. Le fonctionnaire quitta enfin l’endroit pour rejoindre sa litière garée devant, près du trottoir, une ultrasportive orange portée par un moteur six syriens en ligne de 1,6 l à cons pressés, des boules de nerf toujours collés à la piste et animés par un fouet à rapports manuels. Après s’être installé sur les coussins, il ordonna à ses porteurs de filer vers l’hôtel Royal Livingstone trois étoiles Isis, où il avait décidé de prendre provisoirement pension jusqu’à nouvel ordre.

 

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Bon dimanche à tous.

 

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Message édité par talbazar le 04-02-2018 à 21:39:21
n°52332338
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 05-02-2018 à 15:43:30  profilanswer
 

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Salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : La saga du trône de Fion. Tome 2 - Sus au sein Royal. Extrait numéro 37.
 

 
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Le seigneur Gaëtan Maldemer de Posegalettabord eut tout à coup la bite plus raide et forte que le mât d’un bateau. Il semblait fort étrange qu’il puisse émerger des affres de la pire agonie et se mettre à bander sur l’heure au fond de son froc, aussi durement qu’un cerf bramant entre les troncs forestiers de l’épaisse Kounass. Kriemild Euze assise en face de lui sur le bord du lit n’avait pas l’air moins gaillarde, quelque chose dans son œil brillant la rendait même fort hardie. Point n’était gargouille de sa face et de ses attributs, cette facinière qui l’avait réveillé du royaume des morts avec une simple tisane. Il voyait bien qu’elle n’irait pas opposer un esconduisement effarouché, s’il venait à crocher les douces mamelles qu’elle massait à présent sans vergogne de sa main devant lui. Elle se passait en invite le bout de sa langue rose au bord de ses lèvres jumelles. Bon lit, boisson chaude et réconfort de la chair, il voyait bien qu’il caressait l’espoir de s’en sortir. Au diable cette épidémie de grande wérole qui venait de décimer sa flotte, la fin du monde serait pour le lointain.
 
– Holà ma belle croustilleuse, vois-ça : j’ai à présent le pinou aussi dur que bûche en brasier !
 
– Bon messire, voyez-donc : j’ai là de même nombreux et doux frissons dans le bas tout mignon sur lequel je me trouve séante. Avec tant de griserie que je crois bien déjà par mes suintements inonder la literie.
 
– Aïe, aïe, m’auriez-vous essorcelé, gentille aberite ? Mon chibre est si costaud que je pourrais l’utiliser dans l’instant pour planter quelques clous !
 
– Oye, oye, voilà qu’on s’acagnarde, mon coquin, je le vois bien, mais toi vois-donc, j’ai le cul en vérité si accueillant que ce misérable pleure qu’on l’habite à plusieurs !  
 
– Chipie d’angélique, celui que vous voyez-là n’est certainement pas enrugni et j’ai promesse pour vous de rythmes bien balancés, car à cette heure je ne siège point sur un lit de mort.  
 
 La chair fiévreuse de cette fille voulait de l’os à ronger, lui ne pouvait lutter contre son bon plaisir sexuel, car il avait les boules qui ordonnaient à leur copain de surgir à l’air libre sur le champ. Kriemild hurla qu’il bouche son trou et même l’autre, car elle disait qu’elle menaçait de se noyer. Les deux étaient dans cette situation étrange où il fallait impérativement et sans flirter se jeter sans attendre l’un sur l’autre. Elle déballa ses beaux seins du giron, tout en fouillant dans la braguette pour en sortir la trique qu’elle agita en vas et viens triomphalement. Ils semblaient tout à coup pris de folie, poussés l’un vers l’autre par une force centrifuge indomptable et très surprenante, un désir de caresses réciproques presque incurable. Elle se vautra sans lâcher pour autant l’organe vital de Gaëtan pris en délire, il se colla durement sur elle en fouillant fébrilement dans ses jupons. Pleins de sang neuf, leurs voix n’était plus souffle mais violents cris d’amour et la fermière colla le gros bâton en bouche afin de l’échauffer, tout en pressant la main, encore et encore. Lui couinait comme lièvre blessé en effleurant ses beaux cheveux, cherchant de ses doigts la poitrine pour en toucher les mamelons et pour tout dire, Kramouille était en train de les rendre complètement fous, en ces circonstances étonnantes où ni l’un ni l’autre ne s’appartenait plus. Il la délaça, l’enlaça, la délassa, sans jamais la délaisser, elle tailla, détailla, sans jamais détaler, il semblait de première urgence de mener la dépravation à son comble, car ils étaient poussés par une force érotique démentielle qui leur donnait une envie folle l’un pour l’autre. Il stimula longuement de la langue l’entre-jambe de  la fermière prise en joie de sensations fort agréables, il avait pour la faire jouir la tronche profondément enfouie dans son ventre humide. Il lécha son visage, elle enfonça sa langue dans sa bouche, il fallait qu’elle soit comblée, il s’allongea sur elle de tout son poids. Elle noua ses pieds dans son dos, il se colla bien à fond dans ses reins. Dès lors, ils ne firent plus qu’un, il la pénétra à fond. Pendant des heures brûlantes il lui fit l’empalée, la croupade, la négresse, ah oui bourre moi, vois que je te défonce, le tourniquet, la louve, le missionnaire et la demi-cuissade. Pendant trois jours et trois nuits sans s’arrêter. Ils mangèrent en cinq minutes une omelette de bons œufs et quelques fruits, burent un peu de vin frais et puis ils recommencèrent, pendant encore deux jours et deux nuits, sans s’arrêter. Il dormirent enlacés quelques heures, puis il recommencèrent, la cavalière, les ciseaux, la cuillère, mais vas-y donc, pendant cinq jours et cinq nuits, sans s’arrêter. Ils prirent leur ultime jouissance debout, plaqués l’un contre l’autre, mais à la vérité, ils n’étaient ni l’un ni l’autre vraiment rassasiés. Chose incroyable, ils n’étaient même pas atteints de lassitude.  
 
– Par Kramouille, fit Gaëtan, voilà curieuse magie, car jamais je n’ai joui aussi fort !
 
– Et moi donc, mon bon prince, personne ne m’avait aussi brillamment magnifié mes entrées, ni offert avec une telle ardeur autant de merveilleux.  
 
– Il se fait que j’ai grand soif, à présent, voulez-vous bien nous refaire de votre tisane qui fut si bonne à mon gosier ?
 
– Grand hélas, doux ami, je n’ai plus, je l’avais concoctée avec cette herbette guérisseuse que vous aviez au fond de votre poche.  
 
 Gaëtan se mit à blêmir devant l’horreur de ces mots lâchés par l‘innocente. Il ne comprenait que trop bien ce qui venait de se passer. Un acte aussi irrémédiable que  méprisable, qui méritait pour le moins l’odieuse charrette des pendus.  
 
– Ah catin, ah fieffée, ah margouline, saloperie ! Tu m’as ruiné l’avenir en cuisinant ma fleur de Pinette, ma justice ne te fera pas de cadeau, bougre de raclure, je vais te tuer ! Oui, tu va payer de ta vie misérable une telle forfaiture.  
 
– Qu’est-ce donc, baron, auriez-vous respiré un peu trop de vinaigre ? Qu’elle est-donc cette fameuse pinette dont vous parlez tant ? Calmez-vous je vous prie, je sais bien que vous me ferez un époux riche et puissant qui saura me défendre. Un amant vigoureux qui donne joie sans pareil, n’est-ce pas pour toute femme un rêve éveillé ? Et moi je ferais votre linge et ne négligerai rien pour vous être agréable.
 
– Ah l’odieuse, ah la garce, ma Pinette envolée, ah maudite saleté !
 
 Il se jeta sur elle pour l’étrangler. Elle hurla assistance et secours, mais il était bien décidé à l’occire en la privant des sacrements, esto domine, tu peux toujours courir ! Tous deux se mirent à combattre dans la chaumière, mais l’amiral dont la sueur perlait goutte à goutte était sans pitié, car sa rage démentielle ne pouvait se calmer. Il serra le cou de cette fille, car à cause d’elle, il n’avait plus aucune chance de devenir roi du Fion. En la privant du bon air de Kramouille, il faisait butin de l’âme de cette gueuse qu’il venait pourtant de combler cinq minutes auparavant. Elle pleurait à chaudes larmes, le cœur fade, n’y comprenant rien, mais rien n’y fit, cet homme tombé de la mer à présent transformé en loup sanguinaire était en train de l‘assassiner. Une seule pensée traversa son cerveau avant qu’elle n’expire sous la poigne intraitable de son bourreau : or doint Kramouille tant digne d’estre amée qu’en gré la reçoeve. Gaëtan lâcha son col, la pauvrette était morte, elle tomba et s’affaissa lourdement sur le sol. Lui se mordit les poings tour à tour pratiquement jusqu‘au sang, il avait préféré la cajoler. Mais néanmoins, il s’estima vengé, avant de choir lui-même au pied du lit, terrassé par ses heures de joutes viriles, puisque son cœur explosa subitement dans sa poitrine, alors qu’il basculait sur le corps de sa victime pour ne plus respirer. Comble de malchance, lorsque son âme s’envola vers le paradis après qu‘il fut subitement tombé en défaillance, il trouva devant lui la porte de la demeure des guerriers morts soigneusement fermée pour lui. Or chacun sait que sainte Kramouille ne change jamais d‘avis lorsqu’elle l‘a donné.  
 
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talbazar
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Posté le 07-02-2018 à 11:25:22  profilanswer
 

Salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : Coup de chance dans l'hyperbole. Extrait numéro 56.

 

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Dans le House of shame, les loups des confins galactiques sont en piteux état. 63% de perte énergétique et un oxygène en diminution drastique, il leur faut sans tarder atterrir sur 8495SK-Rolling Stones, cette planète habitable, verte et lumineuse n’est heureusement pas si éloignée, elle forme déjà avec ses trois soleils relativement proches un spectacle grandiose. Les unes après les autres, les données du navire en perdition se font alarmantes et Alan Drelon et Isa Djani les enregistrent sans broncher. Elle s’est amoureusement calée en lui dans le poste de commande, une canette de sod à la main. La mélodie incessante des alarmes et des systèmes assoiffés d’une puissance qui leur manque résonne lugubrement autour d’elle et lui tape sur les nerfs. 01338.99 px^2, une misère. Elle pianote néanmoins sur un clavier virtuel pour confirmer l’approche, puis le délaisse pour se tourner vers son compagnon.

 

– Alan, tu te rappelles la prise du Big titty  ?

 

– Tu parles, un fameux raid ! C’est nous qui le tenions, alors, le Wee Gee Ray Gun Gun. Il tape à son tour quelques corrections - LAT 0.0G, LON 7,5, VRT 2,5.

 

– C’est toi qui le tenait, nuance. L’existence devrait n’être qu’un cri, au lieu de n’être qu’un simple murmure.

 

– Oui. Les compagnies minières pillent ouvertement les planètes sous couvert de la loi galactique, mais nous, nous volons leurs cargaisons avec la seule protection de notre cran et de notre témérité.

 

– Des cargos affrètent constamment, on prendra notre revanche.

 

– Mais oui. Avec une attention toute particulière pour ces salopards d’Águilas Negras à qui je promet à leur tour de leur faire subir une claque mémorable.

 

– Il faudrait contacter Vaness Parada, elle pourrait nous renflouer et nous obtenir un vaisseau. Après tout, elle a toujours été notre meilleure acheteuse.

 

– Ne te fais aucune illusion, c’est une armatrice et pas une des moindres, ses accointances avec le monde politique ne font pas d‘elle notre amie. Même si elle nous doit une partie de sa richesse, officiellement elle est censée nous combattre. Après le flop phénoménal que l‘on vient de subir, les administrants de toutes les défédérations vont se sentir pousser des ailes dans le dos. Le marché noir continuera bien entendu, mais Parada se fera certainement plus discrète. Le vaisseau qui remplacera le Bad seed, on le prendra nous-mêmes !

 

– Dis pas de bêtises, le cyclotron de mon Kitch est bousillé. Pour le moment on va s’échouer comme des cons sur une planète à peine connue apparemment peuplée d’humains archaïques, Alan, ce n’est pas là-bas que je désire mourir.

 

– On va s’en sortir, Isa, comme toujours. On trouvera le moyen de réparer et de se refaire.

 

La porte blanche et cintrée de la colonne centrale ascensionnelle coulisse sans bruit pour libérer la silhouette massive de Brod Put, lequel s’imisce dans le poste et vient s‘installer sans façon à leur côté. Né sur un astéroide industriel, ce type solide qui suit le couple depuis leur premier combat est un vrai dur, un galonné du meurtre et un pirate sans pitié au corps complètement recouvert de tatoos fluorescents. De la pire engeance, dirait de lui un cénazteur. Il ne semble vivre que pour combattre et l’appât du gain, qu’il dépense ostensiblement sans compter quand il le peut dans les endroits les plus chicos, bien qu’en réalité et tout comme Alan et Isa, son vrai domicile soit la fusée qui le transporte. Arborant un étrange complément capillaire synthétique, Brod s’est mis à la colle avec Maria Cotillond, une grande rousse à frisotis aussi dingue que lui et qui ne peut pornifier qu’avec deux gars à la fois. Intraitable quand il s’agit de partager le butin, Put se montre étonnamment conciliant sur la libido gourmande de sa copine, mais il faut dire que cette fille aux yeux limpides ne lui laisse pas vraiment le choix. En attendant, le goût du sang s’ancre chez ce forban aguerri d’une façon quasiment charnelle ; sa vie de hors-la-loi constitue d’ailleurs une fresque épique, depuis ce jour où il s’est évadé pendant son transfert au pénitencier stellaire, où il aurait dû subir la boboloss-lobotomie judiciaire qui lui aurait débranchée le cerveau. Le juriste galactique capable de faire à son sujet un plaidoyer convaincant ne naitrait sans doute jamais. Depuis cette carapate mouvementée, il décharge son raygun sans aucune pitié sur les équipages de cargos après avoir rejoint le célèbre couple de pillards dans l’illégalité. Il a aussi exécuté pas mal de mercenaires avec un simple coup de manivelle sur le crâne et fait un jour sauter sans broncher un transbordeur avec ses 358 occupants, en dépit de la modération opposée par Isa, qui n‘estimait pas cet acte nécessaire. Il est en vérité le seul a prendre quelques libertés avec le commandement de Drelon et Djani, lesquels l’absolvent de ce manque de respect par simple réalisme. Brod Put qui déteste perdre est pour l’heure d’une humeur massacrante, parce qu’il vient de perdre deux de ses meilleurs potes sur le champ de bataille du Suck my pony. Sous l’effet de cette colère larvée, ses tatouages luisent d’une intensité renouvelée. Comme ses chefs, il regarde l’énorme boule de la planète vers laquelle le kitch malmené pointe à présent sa proue. Ses yeux verts de rapace redoutable louchent méchamment sur l’orientation d’azimut, le roulis, le tangage, puis sur l‘écran mesurant l‘oxygène dramatiquement appauvri.

 

– C’est moi qui devient frileux ou on commence à se cailler les miches dans ton foutu rafiot, Isa ?

 

– Patiente un peu, Brod, l’incorporation orbitale est confirmée, on va poser.

 

De fait, les larges tampons d’atterrissage sont déjà déployés, alors que le House of shame traverse en rugissant l’atmosphère turquoise de la planète forestière qui scintille sous eux de toutes ses étranges brillances naturelles. Trois soleils, planète stable, aucune activité volcanique, atmosphère respirable, faune et flore spécifique extrêmement variée. Cerise sur le gâteau, le système détecte les signaux automatiques envoyés par un petit vaisseau posé sur ce monde de merde, c’est donc logiquement vers cet écho incongru qu’Alan décide d’atterrir. En dépit des villes qu’ils ont parfaitement aperçues. Lorsque Brod aperçoit enfin la Marie-Jeanne trônant en pleine forêt, il ne peut réprimer une exclamation de surprise.

 

– Par exemple, une fusée de particuliers, ici ! Terrienne, on dirait.

 

– On va en avoir le cœur net, on va se mettre à côté. Et on endosse les scaphandres, c’est bourré de bestioles inconnues.

 

Le Kitch pirate confirme l’excellence de sa manœuvre sur l’affichage, ils sont désormais stationnés sur le sol rouge et spongieux de 8495SK-Rolling Stones. Une pluie de météores traversant subitement le ciel vert semble saluer leur arrivée sur ce monde. Lorsqu’ils descendent enfin, il pleut en abondance, mais le paysage est conforme aux prédictions, avec des arbres immenses et d’étranges créatures diaphanes qui volent autour d’eux avant de disparaître rapidement. Brod Put ramasse un cailloux fluorescent par curiosité pour l’examiner et lâche ensuite trois sondes vers les sous-bois lumineux, alors qu’Alan entraine la troupe vers la Marie-Jeanne. La marche dans l’herbe écarlate n’est pas contraignante et ils arrivent rapidement vers la fusée, auprès de laquelle ils découvrent également avec stupeur un étrange engin de métal noirci équipé d’une cheminée fumante. Une construction humaine, à n’en pas douter. Un groupe de matriarches en toges blanches et qui se protège de l’averse sous de larges ombrelles se découvre tout à coup puis se présente pour le confirmer. Un bestiaire que les forbans ne jugent pas trop redoutable, pas de danger immédiat pour eux. C’est alors que la Goween Amygdala en personne s’approche sans crainte des laserguns pointés vers elle et les siennes. Après avoir levé pacifiquement la main, elle s’exprime dans sa propre langue que traduisent immédiatement les implants des pirates.

 

– Bienvenue, gens des étoiles.

 

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Message édité par talbazar le 07-02-2018 à 11:39:04
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talbazar
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Posté le 09-02-2018 à 11:10:15  profilanswer
 

Salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : La Jet larguée. Extrait numéro 30.

 

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Figé comme un bloc de béton derrière son bureau carré de la Maison Rouge, le président de la Russique Bronislav Enjoyourself observait les huiles et la crème suprême de son Etat-major des trois armées, dont il essayait en fait de se rappeler correctement les noms. Pas de problème pour ce crétin de général Ruskoff Dream, l’homme du renseignement militaire supérieur qui l’avait rencardé sur l’affolant King crab expériment, ni pour le Chef de la diplomatie Jhon Kennechkine et encore moins pour celui du GBT, le Général Bureau des Triturations, sous la férule de Derek Boututsov. En revanche, pour nommer les autres, les bidasses, voir leur attribuer la bonne fonction, c’était moins clair. Il n’avait que les uniformes, les barrettes et les médailles pour se repérer dans les attributions de ces militaires susceptibles et il savait qu’il marchait sur des œufs avec ce sévère comité des deux sexes hautement gradés. Ce salopard de Tom Walkerlouditski, le ministre de la défense qui l’aurait certainement aidé n’était pas présent, retenu ailleurs. Une étape majeure venait d’être franchie dans l’affaire du vol PJ 612 Paris-Kilapile de la compagnie Petro Jelly, c’était donc pour en débattre qu’avait lieu à huis-clos cette réunion ultra-secrète dans le salon de travail exigüe de Bronislav. En quinze ans de pouvoir, ce dernier n’avait jamais réuni autant de beau monde, avec cet outil de défense quasiment au complet en train de picoler de l’alcool glacé servi par une soubrette muette comme une carpe. La jeune fille discrète s’éclipsa en fermant doucement la porte capitonnée pour que ces messieurs et madame puissent entrer dans le vif de leur sujet, alors que Ruskoff Dream et Derek Boututsov installaient dans leur coin de quoi visionner quelques vidéos. Evidemment le Dream ricanait sec, parce que son acolyte des services secrets venait de se planter en effectuant un branchement. Sans moufter, le type du Bureau laissa l’autre paon réparer son erreur. Bronislav loua sa vieille secrétaire Sabrina, par ailleurs une féroce déconneuse, parce qu’elle le connaissait si bien qu’elle avait, avant la réunion, posé sur le bureau une chemise bien en évidence, qu’il ouvrit pour en tirer une unique feuille volante. Il parcourut ainsi rapidement un trombinoscope salutaire permettant de coller enfin un nom sur les trois militaires. Zoya Kachevbowman, une blonde impeccable en uniforme bleu, chef d’état-major des forces aériennes, l’amiral tout en blanc Timothy Maxwellgadeïev commandant la flotte maritime et le général Pavlov Chivovitchardson, chef d’état-major de l’armée de terre. Des têtes neuves que le président n’avait pas pris la peine de connaître depuis sa récente réélection. Il se sentit soulagé devant ce panel prestigieux interarmées qui bouffait allègrement  le budget de l’Etat pour poser les bases de la défense russicaine. Lorsque ces messieurs des services spéciaux estimèrent leurs câblages au point, ils vinrent rejoindre les autres pour s’asseoir sur une simple chaise en face d’Enjoyourself. Kachevbowman fut la première à prendre la parole. Avec son chignon sans défaut, elle affichait la beauté solide des russicaines et avait probablement passé la moitié de sa vie à piloter des avions variés au-dessus des nuages internationaux.

 

– Monsieur le président, dans le cadre de l’opération intitulée toc-toc force russicaine, nous avons selon vos ordres envoyé le porte-avion Krav Méga, en coordination avec l’amiral Maxwellgadeïev et moi-même, en direction de l’île de Badigooince, tout en prenant la précaution de croiser bien au large de ce territoire. L’intervention héliportée d’un seul appareil nous a toutefois confirmée la présence de la queue d’une épave sur la piste de notre ancienne base. Sans nul doute, il s’agit d’après notre identification des restes du  PJ 612 qui nous préoccupe. Le survol des lieux nous a aussi permis de constater la présence d’un camp de survivants. L’avion de la Petro Jelly s’est donc bel et bien crashé là-bas et plusieurs de ses passagers seraient toujours en vie.

 

Les visages se montraient graves, le seul qui avait l’air de s’amuser et de trouver cette information drolatique, en affichant sur ses lèvres un espèce de rictus débile, était Ruskoff Dream. Décidément, pensa Bronislav, le courant ne passerait jamais entre lui et ce type-là. Il accusa réception d’un signe de tête des informations délivrées par la chef de l’armée de l’air.

 

– Merci Zoya. C’était un vrai plaisir de pourvoir l’appeler par son prénom. Autre chose, messieurs ?

 

– Oui, monsieur le président, fit Maxwellgadeïev, le survol d’une plage située au nord de l’île a montré la présence effective d’un crabe géant. Je crois nécessaire de vous informer que les naufragés courent un grand danger, du fait de la présence de ces créatures marines.

 

– Des monstres que nos scientifiques ont créés, je vous le rappelle, le coupa Dream, ce que le monde entier doit impérativement ignorer, il va sans dire. Je crois nécessaire à présent de vous montrer quelques images récoltées à l’issue de nos observations. Il se tourna vers Boututsov, pour qu’il mette en branle une première vidéo.

 

Tout le monde s’installa devant l’écran, afin de découvrir en plan large des vues aériennes de Badigooince. Le grand volcan au centre de l’île s’imposait majestueusement en couronnant la jungle épaisse. Effectivement, un passage bas dévoila la queue en partie calcinée du long-courrier rose échouée sur le tarmac défoncé. Virant plus au nord, l’hélico avait filmé les bungalows de l’ancienne base militaire, dévoilant son occupation par toute une communauté qui levait les bras et faisait de grands signes en agitant du linge vers l’appareil. Les traces d’un camp de fortune abandonné, de deux énormes carapaces de crabes et d’un gigantesque S.O.S tracé sur une plage au sud furent également établies, avant que, sans se poser sur l’île, l’hélicoptère ne rejoigne le Krav Méga. Un grand silence ponctua le visionnage, avant que Kennechkine ne prenne enfin la parole.

 

– C’est embêtant.

 

– Pour bien comprendre les enjeux qui nous préoccupent, lâcha Dream, je tenais à vous montrer quelques images d’archives ultra-confidentielles, naturellement toujours rigoureusement opacifiées par le sceau du secret-défense.

 

De nouvelles images en noir et blanc, cette fois anciennes, s’animèrent sur l’écran. On y voyait des unités sanitaires de l’armée équipées de tenues étanches qui s’agitaient autour de civières étalées à leur pied. Des centaines de Gouroungourous étaient en train d’y expirer atrocement d’une épidémie mortelle améliorée de rhynite des bananiers. Ni plus ni moins qu’un crime contre l’humanité. La base secrète russicaine et notamment ses laboratoires en étaient alors aux prémices de leur construction. Le projecteur laissa la place à l’écran blanc, occultant les traces visuelles de l’ancien génocide. Un nouveau film explicite et souffrant d’une colorisation ancienne montra cette fois plusieurs crabes géants qui couraient sur une plage, les mouvements saccadés de caméras prouvaient que l‘opérateur n‘était pas du tout serein. Derek Boututsov confirma ensuite à tous que le visionnage édifiant était à présent terminé. le général Pavlov Chivovitchardson se racla longuement la gorge.

 

– On ne peut porter assistance aux naufragés sans révéler au monde les agissements passés de notre armée sur cette île perdue.  

 

– Il en va bien entendu de notre réputation, ajouta Jhon Kennechkine, alors que nous collons actuellement la pression sur la Mochkomkudite pour dénoncer son régime dictatorial. La Gerbique ne manquerait pas non plus de nous tomber dessus, posant notre déchéance de droit en réclamant la jouissance territoriale de Badigoince à son avantage.  

 

– Le mieux, fit Derek Boututsov, reste donc de déclarer cet avion comme étant définitivement perdu en mer, que Badigooince reste dans l’ignorance internationale et faire porter tout le chapeau de la catastrophe sur la compagnie aérienne. Il y a cependant un hic, l’avocate Sonja Sweet Peticoeur, porte-parole officiel des familles des victimes, agite en ce moment bougrement les médias pour connaître toute la vérité. Son enquête minutieuse remontera à un moment donné fatalement jusqu’à nous, mais il est bien entendu hors de question que nous lui rendions le moindre compte. Nous n’avons cependant pas à craindre le survol de l’île par d’autres que nous, Badigooince a été déclarée depuis longtemps « No fly zone ».

 

– Que suggérez-vous ? demanda Bronislav, mais il craignait de connaître déjà la réponse. C’est finalement Ruskoff Dream qui lui répondit en faisant miroiter ses médailles.

 

– L’arrestation par Paris de Bobby Fiermongol, le président de la Petro Jelly et l’élimination physique de Sonja Sweet Peticoeur, sous couvert d‘un tragique accident.

 

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Message édité par talbazar le 09-02-2018 à 14:52:44
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Posté le 10-02-2018 à 13:24:05  profilanswer
 

Salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : Noeud coulant pour Martin Smith. Extrait numéro 50.

 

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220 tours les moteurs, à bâbord 10, mer bonne. Le vieux rafiot Play boy of the sea gouverna sagement sur l’océan vide pour rejoindre le point de rendez-vous. A son bord, le crâne de Martin tambourinait comme si une armée de macaques venait de le bombarder de noix de cocos. Vaya était venue le rejoindre dans l’étroite cabine où il s’efforçait d’émerger et elle faisait de son mieux pour le réconforter. Ils n’avaient pas rejoint Strazdinovsky, toujours enfermé dans leur première cellule. La cage thoracique du privé menaçait d’explosion imminente, toutes ses chairs brûlaient d’une fièvre qui déchirait la moindre de ses fibres, son cœur battait la chamade et il était pour le moment incapable du moindre effort physique, mais ni Vaya ni lui ne savaient ce qu’il venait de subir. Quand à elle, Van Degaffe l’avait juste placée sous une grosse lampe ronde et étrange émettant des flashs de dix microsecondes, tout en observant l’image de la jeune femme terrifiée renvoyée par un miroir de référence. Le cinglé chaussant d’épaisses lunettes parlait dans sa barbe d’acquisition volumique et d’examen de la densité des tissus cibles. Ensuite, il avait quitté la pièce pour la laisser tranquille, sanglée solidement sur son siège pour un temps semble t-il infini, sous la surveillance lascive de Grand Tonio, avant qu’elle n’aille retrouver un Smith fort mal en point. Dans le couloir extérieur, juste en face de leur porte, Cannibal Cult, El Barbudo, Pizza Gigante et Riton Tape-Dru tapaient la belote autour d’une caisse figurant une table de fortune. Leur discussion tournait sur un ton banal autour du Sea Fox qui annonçait avoir corrigé son cap et venait de confirmer son approche rapide. Smith se leva en chancelant et colla son oreille contre la porte, il ne capta clairement qu’une seule phrase prononcée par Cannibal, lequel informait les autres que le sénateur Rupin venait d’être dessoudé. Deux heures plus tard, le boss descendit l’échelle et les salua à son arrivée, dans son dos Grand Tonio balança une vanne pas drôle en l’imageant dans l’air avec ses bras de poulet et le toubib se présenta en face du couple captif. Entre-temps, Martin Smith avait finalement récupéré, bien que toujours vaseux.

 

– Je vous invite à dîner et je compte sur vous pour rester courtois. Je vous demande évidemment ne rien tenter de fâcheux qui pourrait vous nuire, mais vous ne prisez pas les actions inutiles, n’est-ce pas ?

 

– Allez vous faire foutre, Van Degaffe, s’efforça de lâcher Smith d’une voix pâteuse.

 

– Allons, nous arriverons bientôt au terme de notre voyage, inutile de se montrer gratuitement impoli. Je vous offre simplement un repas cordial en ma compagnie et dans ma propre cabine. Mais naturellement, dois-je préciser qu’au moindre geste déplaisant, votre nana et vous-même connaitront une mort instantanée. Soyez-donc bon joueur, que diable !

 

– Ok, fit Martin, mais je veux que Gordon Strazdinovsky soit présent avec nous. Il voulait en réalité s’assurer que leur ami était toujours en vie.

 

– Si vous voulez, promettez-moi juste de vous tenir tranquille.

 

Tenu en respect par les flingues de Pizza Gigante et Grand Tonio, le couple fut conduit dans la cabine privée du toubib, laquelle dessinait en réalité un vaste appartement luxueusement aménagé. L’endroit était plein de monde, avec le reste de la bande de flingueurs au complet vautré comme des otaries sur les larges banquettes rouges, avec à leur côté une brochette de nanas que Vaya et le privé reconnurent aussitôt. Accusant son âge mûr sur ses traits fatigués ultra-maquillés, Blanche Pearl s’entretenait debout avec ses anciennes employées du Tripoli, Maria Goulue, Vénus Jade, Nicotine Queen et Baby la mèche. Manquaient juste à l’appel La Mouche et Wanna Toktouyou pour compléter le tableau des prostituées. Holy Ghost, Câline Grosby et Gypsy Sorrow n’étaient pas non plus présentes, mais tout comme Vaya Condios, ces dernières n’étaient pas des filles de joie et occupaient dans le boxon des fonctions bien différentes. La barmaid toisa ses anciennes collègues avec mépris, avant de se rendre compte qu’elles étaient toutes salement défoncées. Il semblait dès-lors inutile d’entamer avec elles la moindre conversation. Son ancienne patronne avait en revanche la tête froide, son vieux visage n’exprima qu’une sévérité glaciale à la vue de Vaya et sans rien dire, elle s’éclipsa promptement. La copine de Smith aurait plutôt souhaité que cette vieille salope tombe instantanément en poussière devant elle. Posée sur une table basse encombrée de verres vides, Martin distingua une petite plaquette brillante en papier couché à la gloire d’un institut nommé Samsara Foundation. Sur un ordre de Van Degaffe, Riton Tape-Dru et Le Barbouilleur s’extirpèrent non sans regret des profondeurs du grand canapé, avant de revenir en compagnie de Strazdinovsky, sur lequel ils croisaient consciencieusement leurs canons. Si les gonzesses étaient parfaitement démolies et riaient comme des oies, aucun des gangsters présents ne paraissait drogué, service oblige. Comme convenu, ils feraient payer cher un gigotement des prisonniers qui n’irait pas dans le bon sens ; toutefois, si Van Degaffe avait verbalement menacé de faire périr sur le champ les imprudents, en vérité ses sbires avaient reçus la consigne de ne les tuer à aucun prix. On pouvait à la rigueur leur tirer dans les jambes, un acte bien entendu regrettable, mais tout de même autorisé.

 

– Allons les petites putes, ordonna Degaffe, laissez-nous à présent.

 

Péniblement, elles cessèrent de jacasser et se levèrent à leur tour, l’esprit perdu dans une navrante torpeur. Lorsque Vénus Jade passa près de Vaya, celle-ci lui cramponna le bras, elles avaient été autrefois liées par une amitié sincère, au sein du Tripoli.

 

– Vénus, ça rime à quoi, tout ça ?

 

– Je suis désolée, Vaya, désolée. Le regard perdu, l’eurasienne menue se décramponna fermement de l‘emprise qui cherchait à la retenir, avant de tourner le dos et de suivre les autres sans se retourner.

 

– J’espère que vous avez apprécié de revoir vos anciennes amies, mademoiselle Condios, hélas, depuis le début de cette traversée, elles se complaisent à se vautrer dans un certain brouillard de l’esprit, fit Van Degaffe. Mais je vous en prie, passons donc à table à présent.

 

Le corps de Martin souffrait de crampes affreuses, mais il prenait sur lui pour ne pas le montrer. On l’installa à droite de Vaya, elle-même voisinant avec Strazdinovsky, alors qu’un Van Degaff particulièrement détendu leur faisait face.

 

– Nous arrivons dans les eaux hawaïennes, nous serons bientôt chez moi, j’espère que l’endroit saura mieux vous satisfaire que ce bateau puant. Le prof ordonna à Riton de leur servir du vin. Buvez doucement, Smith, il se peut que vous soyez pris de nausées. Je vous offre gracieusement un nectar fameux, il serait toutefois dommage d’en abreuver mon tapis, un Bakhtiari ancien, tout de même.

 

Non, le pinard passait bien et donna un coup de fouet salutaire à Martin qui termina son verre avec délectation. Un château truc du meilleur tonneau et de la meilleure année. Il venait certainement de s’enfiler le mois de salaire d’un balayeur de rues.

 

– Vous croyez savoir vivre, Van Degaffe, mais nous savons bien qu’amasser du fric n’est pas votre motivation.

 

– Exact. Je compte juste humblement améliorer les chances pour ceux qui le méritent de se décharger du fardeau inéluctable de leur existence en la renouvelant selon leur demande. Un projet qui n’est certes pas modeste, mais que je maîtrise davantage chaque jour, voyez-vous. Dans les siècles à venir, on parlera de moi comme le sauveur d’une humanité inutilement dégradée.

 

– Je vais vous éviter le tracas d’un procès, Degaffe, je vous tuerai avant et croyez-moi, l‘humanité dont vous parlez ne s‘en portera pas plus mal.

 

– Une telle éventualité peut attendre encore longtemps. Laissez-donc tomber pour l’instant votre obsession de prise mortelle en combat rapproché, je vous offre une pause amicale, ne venez pas la ternir avec votre lubie. Merci beaucoup, Le Barbouilleur. Servez-vous copieusement mes amis, je vous en prie, mangez donc ce homard à la crème prometteur, vous allez sans doute vous régaler !

 

Comme s’il s’agissait effectivement d’un simple souper entre amis, le reste du repas se perdit dans une conversation consensuelle et anodine qui n’apporta rien ni à l’un ni aux autres, on se contenta tout juste de complimenter au dessert le cuistot sur son travail effectivement louable. Et fort heureusement pour le climat ambiant, le taré ne laissa rien transpirer au sujet de ses satanées expériences. Alors que les verres se remplissaient de Cognac, l’attention de Van Degaffe fut un instant captée par une messe-basse d’El Barbudo venu lui glisser quelques mots à l’oreille. Le doc s’essuya aussitôt la bouche avec sa serviette et ordonna aux gorilles de conduire les prisonniers sur le pont. Il était question de leur faire réintégrer le container médical dans lequel ils avaient embarqués au départ de cette foutue croisière.

 

– Merde, fit Vaya, ça recommence.

 

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Bon week end à tous.

 

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Message édité par talbazar le 10-02-2018 à 16:11:15
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