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Auteur Sujet :

La moyenne Encyclopédie du pro-fesseur Talbazar.

n°50872601
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 06-09-2017 à 14:43:08  profilanswer
 

Reprise du message précédent :
Salon littéraire.
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar.
 
Aujourd'hui : Biographie de Gaston Boudiou - extrait Numéro 32.

 

https://zupimages.net/up/17/36/ewbs.jpghttps://zupimages.net/up/17/36/xhgx.gif

 

Fin décembre 1967, pour Angèle Boudiou c’est le grand jour, ou plutôt le grand soir. En dépit du froid de canard ambiant qui mord les poumons, la sœur de Gaston décide, pour se rendre à son événement théâtral, de se la jouer Moon Girl de chez Courrèges, en revêtant minijupe jaune, bottes en cuir et larges lunettes. Janette Toyéstapi est venue en début d’après-midi la chercher avec son Aronde P60 au bleu-ciel délavé, elle, son frère et sa grand-mère. Dans la campagne terne, le véhicule aux phares ronds et à la couleur optimiste fonce comme un morceau de bonheur vers la salle des fêtes municipale de Troulbled, où va se jouer devant un parterre attentif de spectateurs la pièce « Bali-Balo est un salaud », d’Aphonso Planku. Par la vitre de la voiture, le ciel maussade se drape de nuages singuliers, mais dans la tête de la jeune fille, danse un carrousel d’étoiles scintillantes. Elle a pleinement confiance dans le jeu de Jean Micheton, qui va endosser le rôle de Bali Balo, mais également celui du père adoptif de ce dernier, affublé d’une énorme barbe grise. Elle sera Juanita, prête à enrichir le texte de vibrations vocales inédites et de bizarreries acoustiques, dont elle est certaine d’être la seule à posséder le secret. Bien entendu, le travail sur l’espace pour atteindre les applaudissements lui fiche un peu la trouille, mais elle est persuadée que son physique avantageux éloignera tout danger. Janette Toyéstapi est une femme joviale qui picole un peu et travaille au centre de retraitement des eaux usées de Bripue. Le théâtre amateur est sa passion, un dada qui cherche à mettre pleinement en valeur ses qualités d’organisatrice, sinon d’éclairagiste, un point névralgique qu’elle se montre toujours enthousiaste à déléguer. Une grande partie de la pièce va cependant se dérouler à la lumière de véritables bougies, elle se montre donc très confiante sur la force d’écriture de Planku et le jeu des jeunes acteurs locaux, pour faire sortir de l’ombre des dialogues savoureux. Après la pièce soigneusement chronométrée, viendra le discours à la population prononcé par Monsieur le maire et la remise des cadeaux de Noël aux enfants des pompiers bénévoles. Le coffre de la bagnole est rempli des costumes et des petits accessoires nécessaires à la représentation. Chandelles et allumettes se trouvent déjà sur place. L’autoradio grésille un peu, mais il fait résonner la douce voix de Françoise Hardy dans l’habitacle, Angèle est enchantée, elle l’adore, elle ne manquerait d‘ailleurs jamais d’écouter l‘émission d‘Europe n° 1 : « Salut les copains », pour rien au monde. Après la dernière chanson du fameux modèle pop franchouillard, le poste enchaîne ensuite en évoquant la ségrégation des noirs aux Etats-Unis.

 

En arrivant à Troulbled, la voiture s’arrête pour laisser passer une mère de famille qui pousse un landau démodé et traîne derrière elle deux autres gosses, affublés de cagoules grises tricotées par elle-même, par crainte des oreillons. Quand elle sera riche et célèbre, Angèle aussi aura pas mal d’enfants, puisqu‘en dépit de cette pilule contraceptive dont on parle tant, les années soixante qui se terminent sont encore favorables à la reproduction. Ils contournent le square et sa pelouse au banc unique, longent l’école primaire laïque, avant de se garer devant le bâtiment modeste construit récemment, pour montrer aux habitants de Bripue, de Peaumé le Coin et de Pleurotte-les-bois qu’à Troulbled, on n’y cultive pas que des choux. L’affiche artisanale et torturée de la pièce, dessinée en bichromie par Gaston, éclate sur les portes transparentes de l’entrée. Angèle tressaille, de nombreuses personnes sont déjà présentes pour assister aux vœux du Maire, il y a là tous les pompiers de la ville en grande tenue, accompagnés de leur famille respective. Le court spectacle des enfants de huitième de l’école privée est prévu dans une heure, sous la direction de leur instituteur, monsieur l’abbé Lamour, successeur au successeur du regretté l’abbé Julio. On raconte à mots couverts que l’autre d’avant tripotait les petits scouts, mais personne ne veut le croire. Dès que l’Aronde s’arrête, Angèle court vers Jean-Micheton lorsqu‘elle l‘aperçoit en train de garer sa nouvelle mob, avec une précipitation qui n’échappe pas à Gaston. Les quatre bises qu’ils s’échangent sur la joue sont finalement très chastes. Après avoir discuté un temps avec Madame la première adjointe, Janette enjoint ses acteurs à décharger rapidement la voiture, de manière à se rendre derrière l’amphithéâtre, dans la cuisine municipale qui servira à la fois de loges et de coulisses. Pendant ce temps-là, la directrice de la pièce ira passer l’aspirateur sur la scène. En raison de sa tenue extravagante, de ses cheveux longs, de son blue jean effrangé et de son air désabusé, les regards qui se tournent vers Gaston Boudiou sont dans l’ensemble peu amènes. Les hippies d’Amérique sont à présent tous repartis, mais les tragédies récentes sont encore dans tous les esprits. L’adolescent prolonge à lui seul l’esprit de folie mêlé de drames qui s’est abattu sur la ville l’été dernier. Au bar des Goélands, des rumeurs accablantes rampent au sujet de Marité Hissedru, restée à Paris chez sa cousine. L’épicerie est toujours fermée, cependant certains disent que la jeune femme aurait à son tour rejoint pour de bon le mouvement des drogués et ne reviendra plus tenir le magasin, lequel appartenait autrefois à son père. Deux ou trois chasseurs attablés devant leur Ricard n’hésitent plus à la traiter de pute, des aigris qui n‘ont jamais eu droit à ses faveurs, contrairement à pas mal d‘autres. Et puis on parle d’autre chose, ils se rappellent avoir connu les boches, d’eux d’entre eux ont fait l’Algérie. C’était vivement la quille, bon dieu ! Ils vénèrent De Gaulle et le remembrement récent des champs, Bérézina rurale qui efface à coup de bulldozer les talus ancestraux, en foutant la merde dans les terriers de renards, de sales bêtes qu‘on hésite jamais à gazer.
 
 Dans la vaste cuisine de la salle des fêtes, c’est l’effervescence. Les pièces du décor en carton sont rangées dans un coin, prêtes à être installées. L’espace théâtral devra figurer une gondole de Venise, alors qu’en arrière-plan, un pan incliné se voit peint de fausses marches. Ces artifices ont tous été réalisés en cours de travail manuel, par les élèves du CES de Bripue, où Janette Toyéstapi jouit de quelques relations. Cette dernière vérifie la bande-son du magnétophone figurant des cris de mouettes et le souffle puissant des cornes de brume. La passionnée a longuement tâtonné pour mettre au point ces trouvailles scéniques, mais sa meilleure invention est sans doute de faire interpréter Bali Balo par un Jean Micheton en bleu de travail. Une tenue adéquate qui devrait lui permettre de mieux jouer avec son corps. Il a fallu bien du mal au jeune apprenti mécanicien, au début, pour ne pas réciter tout haut les didascalies inscrites pourtant clairement en italique sur le manuscrit. Elle le sait mieux que quiconque, l’épaisseur des signes évoqués par « Bali Balo est un salaud » est conséquente, Janette prendra d’ailleurs place dans la salle au côté de son génial créateur, avant de finir à l’hôtel avec lui. Quand à Juanita, incarnée par la petite Angèle Boudiou, un certain degré d’intimité avec le personnage masculin n’empêchera pas qu’elle s’oblige à une prudente distance spatiale, tout le long de la représentation. L’adolescente pourrie de trac vient de passer son ample robe rose, elle est jolie comme un cœur. Le chant des enfants du curé qui viennent de rentrer en piste lui parvient aux oreilles, ça lui fait comme le chœur des anges venus la chercher pour la conduire au paradis. Plus encore que la déclinaison de son propre texte contemporain, lequel refuse par essence toute illusion réaliste, il lui faut se rappeler l’ordre d’apparition précis de ses mimiques et de ses mouvements. Quelle chance aura Jean, en se contentant souvent de lui flanquer des coups et des gifles. Elle espère ne pas mélanger les répliques, dont elle a longuement étudié dans sa chambre l’énonciation et les sonorités. Essentiellement un dialogue de quiproquo amoureux, surtout vers le dernier acte, révélant finalement la méprise tragique. Angèle se demande si Marilyn Monroe avait envie de vomir, elle aussi, avant de tourner les scènes du film Bus Stop.

 

Et puis, le cœur battant la chamade, Angèle Boudiou prend place derrière le grand rideau cramoisi, alors que trois pompiers finissent de mettre les décors en place et d’allumer les quarante bougies, judicieusement disséminées. Gaston est dans la salle à côté de sa mémé Ernestine, dont les yeux se mouillent un peu. Marie Tafiole est assise un peu plus loin devant, avec son nouveau fiancé, elle se retourne un moment pour échanger un geste de connivence avec Gaston ; leur expérience commune avec le groupe de hippies est encore à vrai dire bien fraîche. Mais contrairement à lui, l’infirmière que Gaston Boudiou avait autrefois confondue avec la vierge Marie a désormais banni les drogues de son existence. A présent, elle travaille essentiellement au dispensaire de Peaumé le coin, elle a hélas perdu l‘enfant qu‘elle portait. Trois coups résonnent comme le tonnerre, l’impressionnant rideau s‘écarte enfin, Juanita se regarde les ongles, Bali Balo s’approche vers elle en sifflotant.

 

JUANITA

 

– Bonjour, beau cavalier.

 

BALI BALO

 

– Bonjour.

 

JUANITA

 

– Que faites-vous là ?

 

BALI BALO

 

– Je chevauchais sur les quais. Je chevauche d’ailleurs beaucoup.

 

JUANITA

 

– Votre beau cheval fait honneur à votre âge. Je m’appelle Juanita.

 

Un cri goguenard est aussitôt jeté du fond de la salle, hurlant en moquerie le nom de Juanita Banana, histoire de faire référence à la chanson hilarante interprétée par Henri Salvador. Imperturbables, les deux acteurs enchaînent leurs répliques pour les spectateurs redevenus attentifs. Au milieu de la pièce, jouant magnifiquement son rôle, Juanita brise avec brio une bouteille vide sur le tabouret caché par la gondole, dans un silence énorme. La fin de la pièce est proche, Angèle est habitée, investie, transcendée, elle n’a que faire de s’être coupée le doigt, même si son annulaire saigne un peu. La lumière tremblotante des bougies lui compose un masque saisissant. Son ton est parfait, sa gestuelle explicite, elle forme avec Jean un duo merveilleux.

 

JUANITA

 

– Voilà donc votre secret. Merci de bien vouloir éclairer mes soupçons.

 

BALI BALO

 

– Et je le regrette, quand je vois de mes yeux votre chair vibrante si bien habillée.

 

JUANITA

 

– Il faut que je m’éloigne à présent. Ah méchant ! j’ai donc perdu tout ce temps ! Dois-je vraiment vous apprendre ce que vous savez déjà ? Bali Balo, vous êtes un beau salaud.

 

BALI BALO

 

– Non, Juanita, hélas, je suis le fils caché du président.

 

Un chut sévère fait taire l’aviné qui se fend à nouveau d’une allusion au grand Charles, puis un long silence accompagne au dernier acte le départ des acteurs. Avant qu’ils ne se voient offrir un long concert d’applaudissements, lorsqu’ils reviennent saluer la salle en se tenant par la main. Ils baissent plusieurs fois la tête, en appréciant comme de juste l’hommage vibrant des spectateurs. Derrière les jeunes gens, les pompiers balaient les morceaux de verre et s’empressent d’éteindre toutes les bougies, les néons se rallument violemment. Monsieur le maire s’impatiente d’occuper la scène à son tour, il tape doucement le micro et se racle la gorge en attendant de prononcer son discours. C’est un véritable triomphe qui vient d’avoir lieu et Angèle l’apprécie à sa juste mesure. Elle est positivement épuisée, lorsqu’elle rejoint la cuisine pour se déshabiller. Jean la retrouve, il est touché de constater quelques larmes au coin de ses beaux yeux. Sans calcul, il la prend dans ses bras pour l’embrasser, mais cette fois, il lui prend la bouche d‘autorité, d’une chaude étreinte qui achève de rendre Angèle parfaitement heureuse. Prévenant, son ami s’inquiète aussi de la coupure et s’en va quérir une boîte de pansements. Il revient, lui roule une pelle à nouveau, elle le laisse enrouler délicatement le petit adhésif stérile sur le doigt de sa main, qu’elle a encore bien tremblante. Elle découvre alors avec certitude le sentiment amoureux envers le meilleur ami de son frère, en plus d’avoir posé avec succès le premier jalon de sa future vocation d‘actrice. Tout comme une Janette Toyéstapi enchantée, Gaston la félicitera longuement de sa prestation honorable, disant qu’il avait été si impressionné, qu’il n’avait ensuite pas écouté un seul mot du maire en train de dégoiser ses vœux pour la nouvelle année, au milieu du décor vénitien resté en place.

 

Au début de l‘année 1968, l’ensemble du 36 rue du couvent, mais plus précisément l’appartement de Joseph Wronski, se fait l’écho de nombreux débats, parfois militants, uniquement pour le plaisir de discuter allongé par terre pendant des heures. C’est dans le manège enchanté de son salon à l’équipement spartiate que tous se réunissent pour regarder l’unique télévision des lieux. On y commente alors avec passion les images en noir et blanc de l’ORTF retransmises partout en France du haut de la tour Eiffel, mais la pub de marque ne sera autorisée que le 1er octobre, sur la première chaîne ; ce début d’année oblige donc toujours à lâcher l’émission en cours pour aller pisser. Le prof est content de l’avoir, son beau poste en bois Radiola, mais pas toujours content de le voir, le programme, il aurait parfois bien envie de péter le carreau. Malgré tout, comme tout le monde, il passe le soir 2h28 devant l’écran entre speakerines blondes et petit train rébus, en corrigeant ses copies ; alors qu’en plein conflit des générations, les jeunes qui l‘entourent ne se demandent pas, eux, si Antoine est un homme ou une femme. Par contre, au sujet de Polnareff, certains sèment le doute. On n’a pas encore le cynisme de se demander si les costauds du 101ème de cavalerie ont préféré palucher le jeune Rusty ou plutôt son chien Rin Tin Tin, en les recueillant à coups de trompette dans le Fort Apache. Le jovial Thierry la Fronde en moule-bite fait déjà presque suranné. Léon Zitrone commente le tiercé avec sa voix vibrante et les censeurs mentent à majorité de voix de leur sévère comité. Pas question de parler de colique à l’heure du dîner. La petite communauté cliente du Zanzibar combat en idée le capitalisme, pourtant tous estiment que la classe qui travaille et son armée de maçons n’aurait jamais dû construire le mur de Berlin. La liberté ne se bétonne jamais et l‘histoire n‘est souvent que le savant bricolage des vainqueurs. On est plus enfants-fleurs qu’embrigadés dans ce vieil immeuble de Bripue, au sein duquel Gaston Boudiou se trouve en quelque sorte une nouvelle famille. Mais si on se moque de savoir en regardant Alain Decaux si le roi Soleil a pris un seul bain depuis qu‘il est né, certains de ces jeunes en révolte pensent que De Gaulle devrait certainement recevoir un bon pain dans son gros nez.

 


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Message édité par talbazar le 17-01-2018 à 06:34:03
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Posté le 06-09-2017 à 14:43:08  profilanswer
 

n°50893191
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 08-09-2017 à 14:27:44  profilanswer
 

Salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : L'épilée du Nil. Extrait numéro 78.

 

https://zupimages.net/up/18/03/ao8b.jpghttps://zupimages.net/up/18/03/7um4.gif

 

De bon matin, le grand vizir et gouverneur Phimosis venait de calculer que la surface effective irriguée de l’Egypte, hors delta, équivalait au territoire de la Gallia Belgica, un pays où, d’après les romains, les tribus de Bellovaques et de Viromans se collaient constamment des gnons. Puisqu’il était également scribe royal, il traça à tout hasard le résultat de sa comptabilité sur un papyrus tout neuf, avant de se rendre sur la terrasse pour se faire caresser par le premier rayon lumineux de l’aurore. Au loin, la nudité impressionnante du désert suspendait le temps, alors qu’au pied du palais, le ruban vert du Nil plus animé s’offrait au soleil naissant, promettant cette année une crue exceptionnelle. Défiant la fièvre hémorragique, quelques types en contrat temporaire s’occupaient déjà sur la berge à stocker des cailles séchés dans de grandes amphores stérilisées. Alors que, sa tâche accomplie, le vizir retraçait ensuite patiemment, en piochant par petites touches dans sa « Palette de Narmer », le fil des traits noirs soulignant ses yeux bruns, une petite nubienne nattée vint le prévenir qu’Aménorée, secrétaire stagiaire à l’ONS, voulait lui parler. Comme il demandait à la gamine si le maquillage qu’il terminait était au point, elle persifla que sur sa peau noire, on voyait que dalle, avant de s’enfuir précipitamment pour éviter la beigne. A la façon prestigieuse des prêtres, dont c’était l’uniforme traditionnel, l’amant officiel de la reine s’attacha sur l’épaule une peau de fauve, en nouant les pattes serrées, de manière à paraître important. Il s’assura de sa mise parfaite en s’observant dans un miroir rouillé, puis, rassuré, il ordonna ensuite à la fille de Tépénib de se présenter devant lui, genoux par terre et tête baissée.

 

– Par Maat, déesse de la vérité toute nue, que me veux-tu, de si bon matin ?

 

– O grand vizir, fit l’autre en se relevant, les esprits du chaos sont tombés sur ma fiole, ce qui m‘empêche de faire mes nuits, car je suis enceinte d’un pauvre grec que ma mère ne veux pas que j’épouse et la pharaonne m’oblige en plus à remonter demain vers le nord avec mes parents.

 

–  Et alors, la vache ne suit pas son veau, c’est le contraire qui doit se produire.

 

–  Dites-donc, ce ne serait pas la peau du dernier guépard royal que vous portez sur le dos, d’une façon si admirable ? De part son job, elle portait aux fringues une attention toute particulière.

 

– Si.

 

–  Ce n’est pas pour flatter, mais elle vous va pas mal, même si vous n‘êtes pas prêtre.

 

–  Merci. Bon, le père du gosse est un grec, tu dis ? C’était pas très malin de ta part de t’immerger dans une autre culture que la tienne, t’es une touriste de l’amour, toi.

 

–  Je me suis laissée engloutir naïvement par un corps étranger, certes, mais j’étais un peu bourrée et maintenant je le paye assez cher, puisqu’à présent, un autre petit corps m’habite.

 

–  C’est un peu ton problème, pas le mien.

 

–  Je me demandais, vous ne pourriez-pas filer un job honorable à mon Lachedékess ? Du coup, ma mère calmerait sa colère, en plongeant grâce à moi dans la bonne société. Parce qu’aujourd’hui, ses yeux maternels m’écartèlent à chaque fois qu’elle me voit. Bonne comédienne, Aménorée s’efforça de composer sur son visage les traits d’une amoureuse tendrement aimée par son bonhomme. Par la déesse Neth, aidez-moi, je vous en supplie, je suis au désespoir. Elle retomba à genoux.

 

–  Hélas, j’ai bien peur que ton mec ne puisse correspondre au candidat type d’un haut fonctionnaire de l'administration publique égyptienne, catégorie A+. C’est un vulgaire esclave, qui plus est étranger, tout de même. Je le crois pas éligible. Par contre, je peux te filer gratuitement une défense d’hippopotame, ça protège les femmes en couches. Tu feras une bonne maman, j’en suis sûr. Est-ce que tu savais que la merde de mouche décollée du plafond empêche les bébés de crier, si on la mélange avec des graines de pavot ?

 

–  Alors vous refusez de m’aider. Vous-êtes bien devenu vizir uniquement parce que vous couchez avec la pharaonne, vous.

 

–  Ton père n’a qu’à faire de ton grec un gros bonnet de sa boîte, ça serait une solution plus simple pour l’enrichir et calmer ta daronne. Fais tout de même bien gaffe à ce que tu dis. Tu crois peut-être que l’État a les moyens de faire construire à ses frais des complexes pyramidaux pour le premier portefaix venu ? Il n’a même pas son BAC, ton chéri. Il lui lança un regard composant un méprisant défi, puis un autre qui s‘attarda longuement sur son décolleté. En revanche, tes charmes pourraient bien permettre à Lachedékess une belle ascension.

 

–  C’est à dire ?

 

–  Que la cote de ton mec pourrait bien monter en même temps que le zizi de vizir à bibi, si tu veux bien t’en occuper. A moi la formule, à toi le mode d’emploi.

 

–  C’est dégueulasse, au cas où vous ne l’auriez-pas remarqué, je suis enceinte, en plus.

 

–  On le voit pas encore de trop, je trouve. Ma petite, il faut parfois se faire violence, si on veux y arriver. Moi, sous les ordres de la reine, espoir et grandeur du pays, je dirige l’Egypte avec passion et autorité, à toi de savoir ce que tu désires vraiment.

 

–  Ce n’était pas ce que j’avais imaginé, tout ça prend une tournure un peu bizarre. Si je vous cède, Lachedékess pourra réellement diriger une prestigieuse institution ?

 

–  Je le nommerai gardien en chef du corps des nourrisseurs des crocodiles sacrés du palais Thébain, il en aura le titre de suite par écrit. Et puis, après sa période d’essai règlementaire, il occupera cette fonction prestigieuse dès que la pharaonne sera retournée chez elle, promis. La barrière de la langue le gênera peut-être au début pour diriger son service, mais en attendant, fais-donc un peu sauter celle de la tienne. Rappelle-toi quand-même que ce n’est pas tous les jours qu’un mec né au milieu des poubelles Athéniennes peut accéder à une telle responsabilité, avec un salaire qui lui permettra de se payer une litière germanique haut de gamme, ou même deux, hein. Il sera riche et toi aussi, on le traitera de flamboyant et de majestueux et ta mère fermera définitivement son clapoir.

 

D’accord, ce Kouchite parvenu était donc un foutu pervers. Aménorée en avait un peu plein le cul de ce monde créé par les dieux, plein de ces salopards qui gouvernaient à leur façon pour maintenir dans ses cordes l’ordre de l’univers. Elle se demandait quel dieu avait bien pu accorder autant de force et de puissance à un type tel que lui. Un coup de Sobek, le seigneur des eaux troubles à tête de saurien, à tous les coups. Elle caressa un instant l’envie d’aller tout raconter à la reine, puis elle fut plongée dans une vraie crainte, en pensant que Néefièretarée l’accuserait peut-être d’avoir voulu séduire son amant. La pauvre fille aurait alors droit à un aller simple vers le bassin aux crocos, à moins de servir d’en-cas gourmand au guépard royal. Quelle pitié, vraiment, de n’être faite que de chair et d’os.

 

–  On aura une baraque combinant espace et luxe pour élever les gamins ?

 

–  Oui.

 

–  Des jardins plantés d’arbres, des murs peints en blancs ?

 

–  Et des esclaves à la pelle, des tapis tissés à la main, ouais.

 

–  De la vaisselle en or, des parfums rares à profusion, des robes de lin fin, des bijoux luxueux, une tombe ornée de reliefs ?

 

–  Tout ce que tu voudras. Il voyait qu’elle craquait, le bout de son pagne aussi, puisqu’il durcissait déjà comme une longue tige de papyrus.

 

–  Bon, on fait ça où ? on va quand même pas se mélanger par contrat dans la cage d’escalier.

 

–  Suis-moi dans le dressing room, derrière le deuxième vestibule. Il était ravi, le projet lui était venu comme ça, en trente gouttes de clepsydre, rien qu’en voyant les formes agréables de cette petite michetonne éplorée. Et maintenant, il bandait comme un mésopotamien. Il allait lui faire sa fête, bien entendu, mais elle pouvait toujours se coller ses illusions quelque part ensuite, son grec même pas de souche noble recevrait par la poste un papyrus officiel du genre « La fonction est actuellement occupée, veuillez renouveler votre appel plus tard ». Rajouté à ce que lui allait lui boucher, la merveilleuse ne risquerait pas en revanche d’être la victime d’un appel d’air ! Il passa devant en prenant un air de vainqueur, elle le suivit docilement, en lui balançant mentalement un juron grec bien senti que Lachedékess lui avait appris sur l‘oreiller. Non, finalement, ce gars-là était plutôt sous l’emprise d’Anubis le chacal, sans parler qu‘il sentait plutôt fort le poireau et l‘oignon. Plus fils de garce que fils de Rê, celui-là, tiens ! Au moins, mais ça ne la consolait pas franchement, elle ne risquait rien, puisqu’elle était déjà enceinte. Elle s’efforça de ne pas penser à son bien-aimé Lachedékess, plus beau encore que Serapis, qu’elle allait scandaleusement trahir pour qu‘ils s‘offrent à l’avenir une meilleure existence. Pas besoin de consulter un oracle pour deviner tout ce qu’elle avait à gagner, en cédant malgré elle au chantage malsain du vizir. Cet enfoiré qui ricanait devant elle comme un gallus lover avait déjà la poutre, elle le voyait bien.

 

Dans le calme de sa chambre luxueuse au décor peint, Néefièretarée démaquillait sa couche de zinc nocturne, issue d’un échantillon gratuit offert par le représentant en cosmétiques Gémémébeline-Solucebôté. Pour terminer sa toilette, crachant dans une petite bassine d’albâtre, elle se nettoya avec vigueur les dents au sel gemme, un truc de dingue qui donnait envie de gerber dès le matin. Après un dernier guili-guili du doigt à sa petite chatte, cet animal divin, elle s’étira voluptueusement en vue de commencer la journée. Il y aurait ce soir-là au palais un souper dansant organisé pour fêter le départ de la caravane de l’ONS, une idée à elle pour faire passer la pilule de son petit complot. Elle comptait tout de même sur cette entreprise pour empoisonner sa belle-sœur, grâce à l’offre astucieuse d’une robe frelatée. Elle débarrassa son bureau du sceptre, de la couronne et du flagellum pour signer quelques chèques déposés la veille par son vizir. Elle consulta  pour finir les dernières nouvelles au sujet de son chantier de Larnak interrompu, loucha sur le montant des primes que ces salauds d’ouvriers en grève osaient réclamer, pour une fois les hiéroglyphes n’accordaient pas leur son avec ses idées. Les maçons refusaient de mourir à la tâche et de se transformer en énergie fossile. C’était quand même pas la fin du monde d’empiler 3 millions de blocs à 2 tonnes pièce ! Un peu courroucée, elle regarda longuement par la fenêtre les collines désertiques, cet inquiétant royaume des aspics. Et puis, habillée d’étoiles bleues, elle dirigea tranquillement ses pas menus vers le deuxième vestibule, afin de se rendre dans le dressing room.

 

https://zupimages.net/up/18/03/j61r.jpg


Message édité par talbazar le 16-01-2018 à 10:50:59
n°50903129
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 09-09-2017 à 16:06:34  profilanswer
 

Salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : La saga du trône de Fion. Tome 2 - Sus au sein royal. Extrait numéro 31.

 

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En sa place de sureté du donjon surplombant la ville de Poudkor férocement attaquée, Olbo Zgeg le Zgomatix savait qu’il ne devait attendre ni aides ni vivres de la part de Vazy Métoian. La guerre allait bon train, mais à vrai dire, la disette n’aurait sans doute même pas le temps de sévir. L’armée du Fion faisait grand siège et bataillait en menant aux murailles des assauts sanglants. La multitude des chafouins de la reine Amanda travaillait sur deux flancs, avec une férocité identique et une commune détermination, risquant à tout moment de faire brèche ; alors qu’au centre, la véritable marée des armures d’acier cherchait à conquérir la solide porte remparée de la cité. Comblant peu à peu les douves inondées, un grand pont de fascines entassées se dressait peu à peu, pour permettre aux échelles de bois de coller aux remparts encore âprement défendus. Olbo le grand Tarbouif savait ainsi qu’il ne pourrait trop longtemps lutter. Il avait bien lancé poulette coursière au début des combats, pour faire venir à lui le secours de la flotte de Mouyse, laquelle croisait sans doute quelque part sur la mer de Cybrine, mais les plages abordables étaient à présent solidement verrouillées. Gens de pied et de cheval ne mettraient guère longtemps à pénétrer en ville, dont le faubourg brûlait déjà en grands flamboiements, sans qu‘on puisse en éteindre l‘incendie. A chaque heure qui passait, Olbo Zgeg déplorait pour ses troupes la malchance d’une terrible avanie et les archers de sa compagnie étaient grandement découragés. Alors qu’en revanche, sur l’étroit guet qu’ils bricolaient, les hommes du sieur Vladimir Poustapine paradaient en riant, en faisant signe aux sapeurs obstinés de continuer à forer leurs tranchées. Ces gars-là du messire Richard Beurre de Fion avançaient fort l’ouvrage, tant et tant, que la tour ventrue qu’ils sabotaient avec acharnement menaçait presque de s’écrouler sur eux. Bien à l’abri d’un haut mantelet, Gaultier Quilamolle, comte de Septizémie, sénéchal de Fion et général en chef de l’armée de terre, avait franchement de quoi se réjouir, la place qu‘il taraudait ne mettrait plus longtemps à lui choir dans les mains. En prenant connaissance des avis de chaque capitaine, il pouvait être sûr de rentrer bientôt dans Poudkor, vu qu’elle tomberait certainement en soirée. Il était bien fâcheux que les bateaux de la reine ne soient point réunis pour assister à si belle victoire, obtenue sans leur aide d’aucune sorte, ni assistance bienvenue. On restait toujours sans aucune nouvelle des vaisseaux de l’amiral Gaëtan Maldemer de Posegalettabord. En attendant, on remplissait de bons barils de flèches incendiaires pour nourrir les scorpions pointés sur les créneaux. A chaque instant, de grosses boules en feu passaient dans le ciel rouge pour aller s’écraser sur la ville, qu’elles inondaient en grande pluie brûlante de flammes ravageuses. Saluant ces envolées destructrices, l’oriflamme du Fion, bientôt vainqueur, claquait plus que jamais dans cet air surchauffé. En dépit des lourdes pierres qui s’abattaient sur lui, un grand bélier de chêne avançait pas à pas, balançant sous sa chaîne comme l’index coléreux de Kramouille, chacun des porteurs tués qui tombait dans la boue se voyait aussitôt remplacé.

 

Sourd au son des trompettes et du bruit énorme qui courait sur ses murs, où l‘on comptait maintenant d‘énormes pertes humaines, Olbo Zgeg se retira doucement de la gueuse dans laquelle il traînait, car la guerre ne l’empêchait pas de se distraire un peu. Le toit aux ardoises déchaussées de son castel se voyait pourtant fort malmené. Coiffée d’un chapeau à nœud, la petite lavandière aux yeux doux, dont il venait de bagarrer joyeusement les chairs, n’était pas rassurée ; le chef des Zgomatix lui demanda de se rhabiller pour le laisser seul, car il avait à cogiter. Une tour de bois avancée roulant vers le donjon arrivait déjà presque à masquer sa fenêtre, il décida sur le champ de se rendre aux prisons. En descendant l’escalier à vis qui menait aux sous-sol, une chose cependant ne cessait de l’étonner, les navires d’Amanda auraient dû se montrer sur la grande mer, il s’étonnait donc de leur absence, en se demandant ce qui pouvait les retarder. Les événements rendaient les gardiens de la geôle en grande agitation, peu rassurés qu’ils étaient de voir chuter la ville qu’ils pensaient plus solidement fortifiée. Olbo se gratta son long pif en leur demandant comment allaient les prisonniers.

 

– Sois rassuré, mon chef, nous ne donnons à ces moines ni joie de vivre, ni raison d’espérer de manger autre chose qu’un vieux pain qu’ils doivent se partager. Nous exerçons avec zèle ta justice, car l’un des leurs est bel et bien en train de crever.

 

– Ouvrez la grille, je dois les voir, j’ai grand besoin de leur parler.

 

Le borgne qui détenait les clefs fit le rétif, mais il céda devant l’ordre impératif, pour conduire le chef de sa tribu devant les prisonniers. Robin qui boit se leva de sa paille pleine de pisse pour l’accueillir.

 

– Tiens donc, regardez qui voilà ! Alors, il paraît que l’on prend sa raclée ? On dit que la gésine d’une reine fabrique le roi, mais que seule la guerre parvient à sceller durablement son trône. Et toi, d’après nos gardes, simple chef de ta horde, tu es en train de perdre la bataille de Poudkor, que tu croyais si bien t’approprier.

 

– Cesse-donc ton ironie, je n’ai pas forcément perdu le combat que tu dis. Comment va ta copine Guy Bouyave, dont, d‘après ce qu‘on m‘a dit, la cotte fut vilainement vrillée d’un mauvais trou ?

 

– Le chevalier est mort, faquin ! hurla la triste Jeanne-Mireille, les larmes encore aux yeux, car il manquait des soins que tu n’a pas jugé bon d’ordonner ! Elle retourna de suite se lamenter sur la forme inerte de celui qu’on disait grand amateur de bœuf Bourguignon, mais qui gisait à présent sans vie dans la pénombre ; car effectivement, il venait de succomber au tir de la flèche qui l‘avait traîtreusement terrassé.

 

– C’est fâcheux, oui vraiment, vous m’en voyez navré. D’autant plus que j’ai peut-être solution pour vous remettre en liberté.

 

– l’Ovoïde Vazy Métoian LXIX au règne tumultueux vous aurait-donc payé ? questionna Yvan de Ladaupe, fort surpris d’une telle générosité de la part de l‘empaleur de Kiess.

 

–  Que nenni, ce n’est pas lui qui replacera dans vos narines le bon air frais de sainte Kramouille. Je vais proposer aux armées du Fion de vous récupérer vivants, sur une promesse de reddition, à condition de me laisser repartir sain et sauf au pays de la Godée, voir de retourner ma tunique pour devenir vos alliés. L’avare roi de Mouyse m’a trahis, qu’il en soit remercié !

 

– Que la reine Amanda te coupe les couilles et ton gros nez, railla le chevalier Braillard, nos vies importent peu.

 

–  Ah, Ah, lança chevalier Percevalve aux seins grêles, celui que tu sers ne t’as donc point payé, c’est assez confondant pour moi de me voir jugé si peu précieux.

 

– Kramouille aime les hommes de paix, vous-êtes moines, louez-moi donc de chercher le moyen de vous épargner. Il suffit à présent, gardes, enchaînez-les, je voudrais les monter aux créneaux.

 

–  La fille aussi ?

 

–  La maraude également.

 

C’est ainsi que les moines et Jeanne Mireille furent entravés sans dire d’avantage de mots, puis portés sur les murs où les longues échelles étaient enfin dressées. Un puissant son de cor demanda trêve à messire Gaultier. Protégé par les boucliers de son escorte, Olbo Zgeg attendit patiemment que le sénéchal veuille bien se découvrir. Quand ce fut le cas, il leur montra les captifs en leur expliquant qui ils étaient.

 

– Comte de Septizémie, sénéchal de Fion, voici devant vos yeux les bons moines de la Commanderie d’Aufesse, noble seigneurie de l'Ordure des Hospitalisés de Sainte Kramouille. Ils sont à vous vivants, si nous cessons le combat et que j’obtiens ensuite le droit pour les miens de sortir de Poudkor, en tenant sur l’épaule le ballot de leurs nippes.

 

– Soit, fit Gaultier, la mort à déjà largement prélevé son tribut et je n’ai point caprice à vous anéantir. Vous sortirez sans arme, mais Amanda ma reine exigera à l’avenir de vos gens, dans cette guerre qui l’oppose à Mouyse, un ferme neutralisme.

 

– Et si je vous donnais mes hommes, plutôt, croyez-vous que votre lady l’imburnée, reine des mandales, pleine des derniers hommes, l’amère des officiers dragons et calice de la grande merdeuse les accepterait volontiers  ? Venez donc en causer au logis, organisons banquet, puisqu’à présent nous n’avons plus besoin de ferrailler.

 

– N’allons pas dans ce piège, messire, ces nomades ne sont jamais fiables, firent de concert Vladimir Poustapine et Richard Beurre de Fion, en se rapprochant du sénéchal.

 

– Baillez-nous d’abord gentiment tous vos pieux et vos épées, en stricte observance de notre pacte, Olbo Zgeg au fort Tarbouif, puisque nous-mêmes sommes las de vous tuer.

 

Le chef des Zgomatix donna l’ordre, une abondante pluie de lames chuta en grand fracas vers les douves, puis le grand pont levis fut ouvert largement : le siège sanglant de la ville de Poudkor se voyait à présent terminé. Les rues brûlaient, mais le château lui-même était encore intact, les hommes du Fion et leurs barons chevauchèrent en grande pompe vers lui, montrant fièrement leurs doigts tendus à leurs ennemis, en manière de définitive réconciliation. Ceux-là faisaient en maugréant leurs bagages, contenant principalement les choses précieuses qu’ils avaient précédemment pillées, lors de leur propre conquête de la cité. A chaque endroit où il fut trouvé, on fit partout chuter le blason de Mouyse, pour lequel ils venaient de guerroyer. On hissa pour le remplacer celui du royaume de Fion, Montjoie-sainte-Kramouille ! puisque les hommes de Gaultier Quilamolle affirmaient ainsi prendre la petite ville de Poudkor en leur franche possession.  

 


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Message édité par talbazar le 16-01-2018 à 10:54:12
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Posté le 11-09-2017 à 13:20:23  profilanswer
 

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Aujourd'hui : Coup de chance dans l'hyperbole. Extrait numéro 51.

 

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Un bref et léger grésillement se diffuse sur sa gauche, pour indiquer qu’un système procède à une levée routinière ponctuelle gravimatrique. Bibeule, se dit l’Oberleutnant Franck Sonotrou en observant la longueur sans fin du couloir ténébreux et étroit auquel il fait face, ce vaisseau est absolument colossal ! En dépit des épaisses semelles de navigant en caoutex équipant la combi autorisée qu’il porte prudemment, le son de ses pas produit un bruit métallique régulier qui ne l’inquiète guère, il y a peu de chance qu’il soit entendu. Une sensation étrange lui indique que le Sharsherman Flash Space Patrol Z-01 est en train de faire doucement machine arrière. Cette version amirale à la masse imposante n’a rien d’un dôme de poupée, pourtant chaque déplacement spatial procure à son équipage une étonnante compréhension sensible de chacune de ses manœuvres. Une connaissance indispensable en situation de combat. Franck ferme un instant les yeux, oui, le monstre recule, mais il est probable qu’il va rapidement se stabiliser, en attente du Shaleclair qui doit descendre l’avocadoc Clark Goebbels sur Mars. L’autre vaisseau de guerre d’une taille largement plus modeste est d’ailleurs peut-être déjà là. L’agent secret compte naturellement être de ce voyage. Pour l’instant, il longe en courant les colonnes du déflagrateur S7 en direction des quartiers habitables. Dans le corridor technique, une note erratique lumineuse lui indique que le vaisseau vient de désintégrer une tonne de déchets, principalement des appareils usés, non recyclés. Ouais, pense-t-il, les ordures, ici, ce n’est pas ça qui manque ! En particulier le Tsar et le cénazteur Vlodim Pourichine qui veulent lui faire la peau. Il avance encore plus vite. De l’autre côté de la paroi en plastacier, il sait que se trouve le gymnase et la piscine dédiés au délassement des soldats. Il s’éloigne donc de plus en plus des postes de combat, son pas s’en trouve revivifié, mais il reste prudent. Lorsqu’il prend à droite, une longue barre de vision destinée aux astrotechnos s’illumine automatiquement devant lui, pour lui offrir entre autres les coordonnées de sa position sur une plaque de bornage. Il sait où il va, de toute manière, le robot qu’il a interrogé s’est montré très précis. Après avoir appelé une rampe rétractable, il s’engage dans un espace plus large et grimpe au deuxième niveau. Déverrouillant la porte du local technique assurant la maintenance des pompes nitroxydes, il s’enfonce alors dans un tunnel franchement trop sombre, un passage ardu et pénible qui débouche sur une vaste plateforme, cette fois violemment éclairée. Une menace immédiate le saisit d’un frisson glacial, deux mécas s’activent sur quelque conduite dans cet atelier. Pas de robot. Franck a été entendu et voit venir vers lui une minuscule cam de surveillance rapprochée qui se plante devant son nez. Ses doigts se crispent nerveusement sur la crosse de son Atomatic à canon cranté, mais il sait déjà qu‘il doit abattre sur le champ ces deux gars.

 

– Ho, t’es qui, t… ?

 

Un double rayon les frappe à mort, quasi simultanément. Un fumet de plasma rôde quelques secondes au-dessus des cadavres, aux chairs ouvertes roses et noires. La camera le suit toujours, il s’agit par chance d’un modèle utilisé uniquement pour offrir une assistance locale aux techs, dans les coins difficiles d‘accès. Connectée uniquement à ces mecs, elle n’est sans doute pas en relation avec quelque poste de commandement. En tout cas, Franck doit l’espérer. Il la cueille doucement entre deux doigts, alors qu’elle oscille devant lui, puis il s’empare du patch terminal placé sur le front d’un des macchabées. Il ne peut cacher les corps de ces pauvres gars de façon satisfaisante, il lui faut donc désormais se grouiller pour atteindre son but. Il s’élance aussitôt en galopant vers l’appartement occupé par Pourichine, lequel n’est heureusement plus guère éloigné. Là, ça va se corser, il doit forcément s’engager dans un coin habité, décuplant le risque d’être vu, il lui faut donc agir très vite. Tomber nez à nez avec quelques bidasses viendrait tout foutre en l’air. Le couloir dans lequel il lâche la cam est d’une blancheur immaculée, mais le visocoll le montre désert, pas de temps à perdre. En moins de deux, l’Oberleutnant est devant la cabine VIP du cénazteur d’Arsia Mons, dont l’entrée n’a pas été verrouillée par cet imbécile, lequel se croit sans doute un personnage trop important pour y songer. La pièce confortable dans laquelle Franck pénètre est vide, mais il distingue parfaitement sa cible dans celle qui la jouxte, le connard attentif est en blablavisio avec sa fille. L’holocast bleuté de celle-ci montre une jeune fille assez jolie, mais dont le visage fin est terni par l’excès de coïne, puisque, atteinte de fixation religieuse, elle ne manque aucune orgie dominicale et bénie de son éminence. Lorsque Franck pointe son gun vers le père de cette dernière, celui-ci est trop secoué pour s’exprimer tout de suite à haute voix. Il prend juste un air paniqué, les yeux agrandis par la surprise. Son problème est qu’il ne connaît pas l’agent et qu’il se demande qui peut être ce cinglé qui lui pointe un raygun sur la tronche. A deux doigts de la surchauffe cérébrale, il se ressaisit à grande peine :

 

– Qui êtes-vous ?

 

– Le type que vous vouliez éliminer sur Phobos.

 

– Sonotrou ! Comment est-ce possible que vous soyez ici ?

 

– Je suis là, c’est tout ce que vous devez comprendre. Si ce n’est pas un holo enregistré, dites à votre fille d’aller dormir. Vlodim éteint docilement l’holocast, après avoir fourni une explication bidon sur l‘incident qui vient de les interrompre. Et restez assis.

 

– Vous allez me tuer ?

 

– Ben ça dépend. Je veux savoir qui est la petite dame qui vous a renseigné sur mon compte. Si vous me le dites, je ferais un effort pour vous éviter le pire.

 

– Vous êtes dingue, je vous rappelle que nous sommes à bord du Sharsherman amiral de l’armée défédérée martienne.

 

– Ce qui prouve que je ne manque pas de style. Bon, je fais mon boulot, ce qui suppose que si vous tenez à rester muet, je vais devoir vous cramer, effectivement. Après m’être excusé pour avoir violé votre intimité, bien entendu. D’autorité, il s’empare d’une canette de Chalmp, sans cesser de menacer Pourichine. Soyez bavard, filez-moi ma petite pièce manquante, dites-moi qui vous a rencardé pour Phobos, ou je le jure, je vous démolis.

 

– Une blonde aristocrate, ça vous va ?

 

– Non, bien entendu. Il s’approche en visant la tête du créateur pour le faire blêmir. Je vous bute, vous, et ensuite plus tard votre femme et votre fille. J’insiste. Faites-moi confiance et filez moi-donc gentiment votre petite information capitale. Si vous sortez encore une énigme inutile par votre bouche, mon laser va suivre une trajectoire inverse et vous explosera les dents, je ne peux pas mieux dire. Et pas de déclaration fantaisiste, je veux bien être tolérant, mais je ne suis pas d’humeur à jouer. Vous, votre femme et votre fille, Vlodim, je le jure ici, j‘ai l‘esprit vengeur et je pratique à merveille l‘assassinat.

 

Franck ficelle bien son drame, l’autre réfléchit à la vitesse de la lumière. Ce salaud même pas invité, se dit Pourichine, n’a rien de l’observateur distancié. Ce type aguerri tiendrait sans doute sa folle promesse, alors que lui espère quand même un peu conserver le plus longtemps possible ses fonctions vitales. Il n’aime pas non plus l’idée qu’on aille saboter sa famille. Il sait également que tenter de lancer une alerte immédiate n’est qu’une pure et vaine illusion, la salope d’en face est visiblement déterminée. D’un autre côté, ils sont à bord du vaisseau amiral de l’armée, commandé par le général Digoule lui-même, il est peu probable que cet agent puisse s’en tirer vivant, de toute façon. Après avoir humecté de la langue ses lèvres calleuses, il crache le morceau presque en murmurant, en regardant l’autre jauger attentivement la crédibilité de son aveu.

 

– Jolie Goyette. Elle a voulu se venger du président Sirkisi, parce qu’il pornifie avec une autre.

 

– Ah bon ? La première dame joue tout à coup la grande stratège, je vois que s’agite du beau monde sur la ligne de front. Et qui donc l’énerve à ce point-là, au point de trahir son mari, vous le savez, vous ?

 

– La fille d’un administrant, Suzanne Magouine.

 

– La fille de Steve Magouine, le propriétaire armateur du Granny on pot ? Il joue l’innocent mais il le sait déjà, étant parfaitement au courant du petit pornifiage présidentiel illégal. N’a t-il pas vu la charmante se pavaner au balcon du riad de Nikos Sirkisi, dans la jungle du dômus présidentiel, avant de partir en mission ? Il avise tout à coup sur l’ikétable une pilule de yaourt-abricot qu’il gobe sans façon.

 

– Oui.

 

 L’Atomatic perce sur le front du cénazteur un troisième œil sanguinolent, Vlodim pourichine s’affaisse lourdement. Il a dit oui, après-tout. Sans plus s’inquiéter de son honorable victime, Franck décrispe ses mâchoires et se repasse un court instant les images de l’holocast qui vient d’avoir lieu, la petite affiche une bonne gueule, oui, elle est même vraiment jolie. Il termine sa canette en la regardant pincer les lèvres sur une moue de grand-mère fatiguée. Bien sûr qu’il n’aurait jamais liquidé cette gamine aux traits las, elle s’offre même, sans évidemment le voir, un chaleureux bonjour de l‘assassin de son père. Elle allait quand-même perdre un brin d’innocence à l’annonce de la mort de son vieux et connaître la tristesse du père qui va manquer. Bien, terminé le pathos, maintenant les choses pressent. Il faut repartir sans dommage, monter dans le Shaleclair et gagner Mars, sous peine de se retrouver sous peu dans le même état que le noble passager avachi qui git à ses pieds.

 

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Message édité par talbazar le 11-09-2017 à 18:01:07
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Posté le 12-09-2017 à 17:36:28  profilanswer
 

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Aujourd'hui : La jet larguée. Extrait numéro 24.

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Fort heureusement, aucun nouveau crabe ne se montra dans les jours qui suivirent la terrible alerte. Steven avait toutefois demandé que de grands foyers brûlent en permanence autour du village, dont la place centrale limitée par les différentes cases était plus éclairée la nuit qu’un stade de foot. Au lendemain de l’attaque du prédateur marin contre Steward, une vive altercation avait eu lieu à propos de l’araignée géante, entre le chercheur Pierre Simon Langevin et l’ouvrier en charcuterie Roparz Ouznavire. Le premier aurait souhaité l’étudier plus en détail, or la chose était devenue impossible, du fait que l’employé de la Kelien avait proprement éclaté l’énorme carapace pour mieux dépecer l’animal, avant de proposer son festin à la communauté. Depuis cette violente prise de bec, les deux hommes ne se parlaient plus. Ainsi, l’aventure commune et forcée éloignait les uns ou rapprochait les autres par affinité sélective, la position d’autorité de Steven se voyait de ce fait de plus en plus ébranlée. Des clans s’élaboraient peu à peu malgré lui et sans son gré. Eloi de Pouillet et sa secte, par exemple, devenaient chaque jour plus menaçants à l‘égard des rescapés, lorsque ceux-ci méprisaient ouvertement les dires et la conduite du guru. Le millionnaire Michel Tatol devint l’ennemi juré de Summer Undergodmitch, lorsqu’il lui suggéra de trouver le moyen de monnayer ses passes, par esprit libéral d’entreprise. Laetitia Doujouet se faisait régulièrement traiter de sex symbole aux dents pourries par l’une des Pinsonnettes. Brandon Poutrelle porta sur la magnifique Wanda Vasline, lorsqu’elle refusa vertement ses avances, les accusations de pétasse mijaurée et acnéique. Les facteurs de troubles pullulaient dans la plus infime des actions, même si l’obligation d’un destin communautaire liait encore impérativement le groupe des rescapés, en brassant au passage sans aucune pitié l’affreux timide à la grande gueule. Des rumeurs insidieuses, des sarcasmes blessants couraient sans retenue sur chacun, ouvrant quelquefois la page aux nuits blanches ; le séjour forcé sur cette terre providentielle ne ressemblait donc en rien à une escale reposante, ou a une attrayante cure de détente. Seule la grande mer houleuse exerçait sur tous sans exception son pouvoir de fascination, en étalant de façon magistrale un certain leurre de vacances tropicales. Dans cette atmosphère faussement enchantée, le délice d’un rêve de paradis lié à la joie d’avoir survécu au crash de l’avion occultaient cependant très mal les misères d’une existence obligatoirement collective.

 

De longues semaines passèrent encore dans cette île perdue de Badigooince, formidable jardin d’essences rares survolé par des milliers d’oiseaux extraordinaires et colorés, où dans la forêt proche des centaines de colibris verts et bleus tétaient en plein soleil le nectar de fleurs parfumées. Pour occuper ses journées ennuyeuses et d’une manière fort gratuite, Steward chassait ces derniers au lance-pierre, puisqu’il tenait ces minuscules bestioles entièrement responsables de son crash. Cette activité ludique n’était pas franchement du goût de Shirley, l’hôtesse ne se gênait donc pas pour le lui faire savoir, en haussant parfois le ton. De nombreuses anicroches explosaient d’ailleurs régulièrement le quotidien du couple, mais la jeune femme ne pouvait toujours pas se résoudre à rompre avec lui, puisque le beau gosse insufflait sans compter sa belle énergie dans leur relation. Il est vrai que Shirley n’était franchement pas chaude pour le regarder pleurer de désespoir, sur une nouvelle et intransigeante déclaration de rupture. En guise d'antalgique à son angoisse et sa morosité, elle optait donc le plus souvent en sa compagnie pour une sage politique du rire, s'offrant de cette façon un remède à son spleen affectif. Insouciant des pensées véritables et contradictoires qui tournoyaient dans l’esprit de son amie, lui pressait chaque nuit avec ardeur son corps comme une éponge, affichant avec un air béat son bonheur innocent, mais parfaitement visible. La bonhomie sans calcul du copilote lâchait tout de même bien souvent, pour être juste, des papillons merveilleux dans le ventre noué de Shirley, associés à quelques millions de spermatozoïdes. De ce côté là, elle bénissait au passage son stérilet dans la pénombre de leur case, en gratifiant son compagnon d‘un sourire charmant. Cette idylle n’était pourtant pas pleinement satisfaisante, puisque l’amour de l’hôtesse pour Steward s’était depuis longtemps émoussé, laissant juste la place à une amitié forte, au sein d’une tendre relation qui ne démontrait, pour Shirley Cebiène, qu‘une simple harmonie de façade. Elle s’efforçait de cultiver au mieux en sa présence la maîtrise de ses émotions coupables. Le couple en apparence uni se trouvait donc en réalité assez loin des joyeuses fiançailles épanouies tant désirées par Steward Steward.

 

Sur la plage ourlée de cocotiers, de petits cochons noirs parcouraient parfois le récif à la recherche de poulpes miniatures. Quand il n’allait pas couper du bois dans la jungle avec son pote et ancien collègue Meriadeg Euzenat, Roparz Ouznavire les chassait habilement à l’arc. Les bestiaux peu farouches et nullement habitués aux hommes ne s’éloignaient guère lorsqu’on les approchait. Les gars de la Kelien utilisaient alors leur savoir-faire pour constituer quelques terrines de sanglier maison afin d’enrichir au mieux la popotte quotidienne. Une certaine aubaine pour la communauté qui tentait de survivre ici, à l’exception des militants du Puppies rights Watch qui réclamaient qu’on laisse ces animaux en paix, mais également de Kim Kosanshian et Ines Deloncle, ouvertement végétariennes. Les kiwis qui poussaient à profusion fournissaient la vitamine C, la papaye la A, les bananes et les dattes celle du groupe B, les fruits secs la E. On se régalait régulièrement de beaux poissons frits au lait de coco. Grâce à l’amour de Karl Ashnigof, Louis de Bourvil, qui louvoyait dangereusement depuis le décollage autour de sa tombe, retrouvait un peu d’humanité et de joie de vivre, puisque le général l’avait de justesse retenu d’y tomber. En revanche, dans l’infirmerie que dirigeait le docteur Akim Zemblablek en compagnie de Loraine Careaway et les deux mannequins Cindy Laurel et Jenifer Hardy, l’ambiance n’était jamais au beau fixe. Ceux qui devaient mourir étaient morts depuis longtemps maintenant, mais beaucoup de pauvres patients, traumatisés par l’accident, souffraient d’hébéphrénie, avec pour fâcheuse conséquence une totale indifférence pathologique au monde extérieur. Plus volubiles, d’autres souffraient de graves hallucinations. Ces malheureux illuminés touchés dans leur raison racontaient voir passer des mirages en forme d’avions dans le ciel ; alors que d’autres, tout en sortant précipitamment de la case médicale pour agiter frénétiquement les bras sur la plage, assuraient voir croiser au large des yachts de quarante mètres. Les eaux bleus de l’océan n’offraient pourtant rien d’autre qu’une immensité vide, mouvante et perpétuelle. En dépit du secours immédiat qu’Ewin Talbaway lui porta, l’un de ces malheureux mourut noyé, victime d’un malaise au milieu des vagues. Moktar Bouif, le bras invalide, restait complètement mutique, son cerveau ne répondait plus. Tous auraient pourtant bien voulu savoir ce qu’au départ, il était censé surveiller. On comptait également dans les rangs des survivants quelques paraplégiques.    

 

La colonie comptabilisait un petit nombre d’enfants, dont trois boukistannais. Si le plus jeune des gosses était le nourrisson de Brigitte Rural, né au cours de l’accident, Brandon Courage, qui se révélait par ailleurs être un charmant garçon, en incarnait le plus âgé. Loraine Careaway et Ayesh Chfinid-koridgé Ltadkopï décidèrent un jour de construire une école et de leur servir d’institutrices, pour leur éviter le désœuvrement. La bibliothèque de Dominique Quenique fut donc ainsi largement mise à contribution pour enrichir cette mission pédagogique. C’est d’ailleurs sans doute ce projet louable qui mis le feu aux poudres dans les méninges contrariées d’Eloi de Pouillet.

 

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Message édité par talbazar le 16-01-2018 à 10:56:36
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Posté le 14-09-2017 à 10:30:47  profilanswer
 

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Aujourd'hui : Noeud coulant pour Martin Smith. Extrait numéro 44.

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On se marrait sec, dans le bureau de l’inspecteur-détective en chef de la police, Gilbert Tricard, remplaçant du toujours introuvable Barracuda N’Dyé. Acrobate, funambule et même trapéziste, Guy Ness jouait sur un dossier de chaise le génie de zoo pour amuser Angèle Deyord, en train d’applaudir comme un tendron de douze ans à ses amusantes prestations. Le perroquet au bec massif réclamait juste en paiement sa part de pistaches grillées, en hérissant fièrement les courtes plumes de son front gris.

 

– Bon, fit Gilbert au gabonais, c’est bien beau de filer à ma fliquette des frissons d’admiration active, mais quand tu arrêteras de faire le zouave, nous on pourra bosser tranquillement.

 

– Ok, ça va, Teddy la Fouine, arrête de crisser les dents, t‘es pas débordé et tu vas me faire mouiller le kleenex, avec ton soit disant manque de temps. Pas la peine de brandir la cartouchière ni d’enclencher les sirènes pour me couper les ailes, parce que je suis en train d’amuser ta collègue bien-aimée. En attendant, ce n’est pas en pensant à toi que notre petite Angèle va se remplir la tête de jolis rêves.

 

– Tu exagères quand même un peu, tempéra Angèle, Gilbert, c’est un virtuose du billard américain, il mérite ton respect.

 

– Merci ma jolie. Le roi des boules numérotées lui lâcha un clin d’œil entendu. Tu sais ma poulette, si jamais un jour tu perds les clefs de chez toi, je te propose le gîte et le couvert dans mon loft, en excellente compagnie.

 

– Tu crois peut-être que j’aurais pour autant l’envie d’atténuer les cals de ta main gauche, pour te remercier ? J’irais dormir à l’hôtel, plutôt.

 

– Comme tu veux, je paierai la note pour notre chambre, voilà tout. Il adopta un sourire narquois.

 

– De la malice de bon aloi, mais je préfère encore tomber dans le coma. Un jour, mon petit pote, tu recevras une carte postale d’un pays lointain avec juste marqué dessus « Angèle Deyord s’est mariée et vis à présent avec un mec super, qui lui convient complètement ». La vérité c’est que tu as du mal à me voir si parfaite.

 

– Tu plaisantes, moulée dans une robe en latex, t’aurais surtout l’air godiche.

 

– Dites-donc, vous-deux, les coupa Guy de sa voix rocailleuse, vous ne pouvez vraiment pas rester une heure sans dialoguer ? Je vous conseille une expérience non verbale, ça devrait libérer vos pulsions réciproques. A vous voir renifler les fesses sans arrêt, on se croirait dans une école d’acteurs. En tout cas, tous les deux, vous êtes mûrs pour les grands rôles.

 

Le téléphone sonna. Rupin se trouvait sur la liste des types pas clairs dans l’affaire Van Degaffe pavée de cadavres, on avertissait le couple de policiers que la belle baraque du sénateur, dans le midi, venait de brûler entièrement : il n‘en restait pratiquement rien. L’incendie criminel ne faisait aucun doute. Là-dessus, Gilbert reçut peu-après un appel sur son portable privé. Pas trop tôt, c’était pas faute d’avoir essayé de le joindre, celui-là. En effet, à l’autre bout de la liaison, Sisco avait l’air chamboulé, il leur donnait rendez-vous sans attendre à la Rose Noire, après leur avoir décrit succinctement sa déconfiture chez Rupin. Un souffle cyclonique, même, Gros Bill avait descendu Dédé et Totor. Matteï revenait les mains vides. La petite ballade sauvage chez le sénateur Rupin avait tourné au règlement de compte sanglant. Sans parler du cadavre congelé. Le  camion de Totor était resté sur place, Sisco venait de voler une bagnole pour rentrer, il avait perdu son téléphone dans la bagarre. Gilbert coupa la communication avec un rictus de fauve blessé. Il mit les autres au courant du Trafalgar. Si leur petite combine fuitait en haut lieu, Angèle et lui étaient bons pour faire du contrôle radar sur le bord de la route.

 

– Voilà ce que ça donne, Teddy, fit Angèle en sanglant son holster, de vouloir pactiser avec les suppôts du diable.

 

En se pointant chez le magnat du casino, ils constatèrent que le rideau métallique de la Rose Noire était baissé. Comtesse Monique était prévenue, inquiète et quasi muette, elle leur fit signe sur le trottoir, avant de les faire rentrer en toute hâte par une porte dérobée. Couché sur le flanc pour soulager sa jambe meurtrie, un énorme cigare à la bouche, Sisco les attendait à l’étage, dans le confort ouaté de son appartement. Le salon affichait un luxe outrageant et vulgaire du parvenu sans goût. On observait même deux véritables peaux de panthères flanquées sur l’énorme canapé en cuir.

 

–  Les choses se sont gâtées, fit-il simplement.

 

Dans un coin de la pièce, Angèle remarqua posées sur le parquet une serviette ensanglantée, une petite bouteille de désinfectant médicinal et une cuvette pleine d’une eau rougie. Elle afficha une mine dubitative.

 

– T’es blessé ?

 

–  Une éraflure à la cuisse, c’est rien, je m’en remettrai. Non seulement on a fait le déplacement pour rien, mais en plus Dédé la Taloche et Totor Rouquin s’habillent en linceul, à présent. Des gars pas franchement fragiles, pourtant. C’est pas faute d’avoir fait à cette ordure de Gros Bill, qui nous est tombé dessus à l’improviste, un accueil plutôt mitigé. Ce jobard graisseux qui vole le bonheur des gens malhonnêtes manie son calibre avec une aisance époustouflante. Faut qu’on fasse le point, maintenant, Teddy. Comtesse Monique et moi, on a besoin de ta protection. Rappelle-toi qu’on a fait au départ un arrangement spécial, toi et moi, sinon, je n’aurais jamais mis les pieds dans ce pétrin. Il toussa violemment et ravala un glaviot en prenant une mine dégoutée. Sa femme le regarda avec un air soupçonneux, mais elle semblait plutôt désemparée.

 

–  Je te l’ai déjà dit, Sisco, répondit Gilbert, tu ne m’es pas antipathique et je t’admire profondément pour ton sens de la discipline et de la parole donnée. Mais tu as merdé, franchement, reconnais le, tu as salement merdé.

 

–  Fous-toi de ma gueule, l’accrochage, ça n’était pas du tout prévu. C’est toujours pareil, on se retrousse les manches et ensuite faut se coltiner la défiance des décisionnaires.

 

– En attendant, les petits secrets de Rupin sont restés là-bas et sa villa vient de cramer, mais ce n‘est pas difficile d‘imaginer que Gros Bill a joué les incendiaires pour tout effacer. Quand à moi, je vais être dans de beaux draps vis-à vis du bureau, si jamais on remonte vers toi, ce qui ne sera pas difficile, à cause du camion et des braves gens que tu as dépouillés.

 

–  Je pouvais quand même pas appeler un taxi. C’était intense, tu sais, la rencontre avec cette merde de Gros Bill, mais franchement pas joyeux. En tout cas, comme je te le disais au téléphone, en visitant la villa, on a trouvé La Mouche dans le frigo, plus raide encore qu‘un british flegmatique. Evidemment, sans doute qu’elle n’y est plus.

 

–  Vous voulez boire un scotch ? demanda justement Comtesse Monique, en agitant ses paupières vertes sur-maquillées. Sa palette oculaire ne masquait pas le fait qu’elle avait encore beaucoup pleuré.

 

–  Ouais, on veut bien, fit Teddy en parlant pour Angèle et Guy. Une pute du Tripoli, tu m’as dit ?

 

– Oui. Le Rupin, quand tu lui mettras la main dessus, faudra entre autres embrouilles le cuisiner sur le sort mortel subi par cette petite chérie. Ce salaud l’a assassiné, en tout cas elle n‘est certainement pas morte de rire. Un gâchis consternant, elle damait le pion à toutes les autres filles du Tripoli, ça transforme le souvenir que j’ai d’elle en blessure douloureuse, vois-tu.

 

Affectée d’une certaine gaucherie naturelle, Comtesse Monique revint avec un plateau sur lequel elle avait installé des verres pleins et un pot de glaçons, puis elle le posa sur la table vitrée. Elle jeta à son homme un regard un peu torve, une manière à elle de mépriser par jalousie la dernière phrase de son julot. Celui-ci toussa à nouveau à se fendre les côtes.

 

– On va s’occuper du sénateur et élucider les circonstances de ce crime, mais ne t’inquiètes pas pour le futur, on va veiller sur vous deux. Le pire n’est cependant pas loin pour ton boxon, va falloir le fermer un bon moment. Lui, je ne peux pas le protéger. Il faudrait être cinglé pour imaginer que Gros Bill ne va pas s’en prendre prochainement à ton club. Ce cinglé et sa bande, il vont vouloir te faire la peau sans tarder et faire ensuite travailler les menuisiers pour vous bricoler un cercueil, à toi et ta charmante épouse. Voir à l’ensemble de ton personnel, qu‘il faut évidemment de suite licencier, tu viens de faire faillite, Sisco.

 

– T’es une vrai maman-poule, Teddy, mais tu n’es pas franchement drôle, la Rose Noire, c’est ce qui me donne à bouffer. Je suis justement sur un projet de rénovation des salles de jeux et je viens d’embaucher une certaine Carmen Tafraise au numéro de barre pole dance, en remplacement d’Holy Ghost. Et où veux-tu qu’on se planque, madame et moi, en attendant des jours plus calmes ? Enervé, il se leva en caressant sa cuisse endolorie.

 

– Soit pas idiot, l’orage est pas loin d’éclater, faut te mettre au vert très loin d’ici avec Comtesse Momo, sinon vous risquez la mort subite incessamment, toi et ta femme, par excès de confiance. Notre contrat officieux stipulait que tu me ramènes des infos sur Rupin et ses activités douteuses, mais avec la petite Mouche, on a désormais de sérieuses raisons de l’inquiéter, même si le cadavre a effectivement sans doute été enlevé. Notre amateur huppé de plaisirs raffinés est peut-être devenu tout d’un coup plus vulnérable, mais compte tenu de ses relations, il sera certainement impossible de l’extrader. Même avec le F.B.I au cul, je serai étonné qu’on nous le ramène pieds et poings liés. Puisque mon boss et le ministère le désirent déjà, Angèle et moi, on va se rendre à Hawaï pour aller le chercher, vu que les flics du coin le laisseront sans doute filer. Pourquoi ne pas unir nos solitudes à cette occasion ? Si tu veux qu’on te protège avec efficacité, tu n’as qu’à nous suivre sous les tropiques. Vu que tu possèdes des talents singulier, je peux même avoir besoin de ton aide en parallèle, hors de la lumière aveuglante des projecteurs officiels. Le dossier Van Degaffe est complexe et pas banal, il nous fait patauger dans un environnement hostile et hors-norme, mais moi, je ne suis pas obsédé par le péché, quand il le faut, je m’arrange avec lui. T’es une balance, Sisco, mais t’es surtout un tueur, ton passé parle pour toi. On vous fera des faux papiers, mais tu seras l’outil adéquat que j’emporterai dans ma valise pour taquiner et faire parler Rupin, lui et surtout son copain le taré de laboratoire. De toute façon, toi, faut que tu te tires et que tu te fasses oublier au plus vite, avec Comtesse Monique.

 

– Tu déconnes ! Je me faisais une autre idée des vertus de la police.  Mes paris sont quand-même réglementaires et je possède des revolvers en toute légalité. Mais bon, effectivement, si je dois venger Dédé la Taloche et Totor Rouquin et rendre son honneur de taulard à Pietro le Corse, sans parler des malheureuses Holy Ghost, Câline Grosby et Gypsy Sorrow, que ce soit sous les tropiques ou ici, faudra bien que je me bouge, hein ! J’imagine que je dois me faire pardonner auprès de toi de mon fiasco provençal, d’une manière ou d’une autre.

 

– Pause, fit Angèle à son collègue Gilbert, j’aurais besoin de vérifier ton état mental. On a pas besoin d’écumer Hawaï, qui plus est avec monsieur le bandit et sa dulcinée. Il suffit d’attendre qu’on nous ramène gentiment Rupin, puisqu’on a désormais la preuve que c’est un criminel.

 

– Et le regarder ensuite tranquillement se faire acquitter devant nos yeux ? On a la preuve de rien, je te signale. Gros Bill a certainement effacé La Mouche et puis le sénateur c’est un homme politique très puissant ici, avec une fortune personnelle inépuisable, ce n’est pas un simple caïd des ruelles que l’on veut inculper. Comment tu crois qu’il est devenu aussi influent, sans craindre qui que ce soit ? Avec lui, la République marche sur des œufs. Il magouille avec Van Degaffe, comme on le suppose, mais ce dernier reste introuvable, il a pourtant l’air bien loin de vouloir prendre une retraite anticipée, mais ça ne peut plus durer. Barracuda N’Dyé et Martin Smith se sont évaporés en se collant au dossier, sans parler de Gordon Strazdinovsky et de Vaya Condios, sans même compter Blanche Pearl et son staff presque entier du Tripoli. Beaucoup des amis de Gros Bill, qui court plus que jamais, se sont fait dessouder sans parler. Faut aller voir sur place. Le ministère, le grand patron et nous-mêmes on y comprend que dalle, mais on sait que la toute dernière trace de ce taré de savant mène à Hawaï, ou il a cherché du venin de méduse auprès d’un laboratoire spécialisé. Si on le trouve en même temps que Rupin, on fera d’une pierre deux coups. Je ne voulais pas encore t’en parler, mais j’ai déjà reçu l’ordre de partir vers Hawaï, j’attendais juste quelques petites confidences soutirées en douce du coffre-fort, mais elles ne viendront plus. En fait, un agent de notre gouvernement que je dois contacter à l‘arrivée, un certain Jesse Rosse, se trouve déjà là-bas. Après, ma bonne Angèle, tu peux toujours refuser de m’accompagner et m’attendre avec Guy, mais pour le reste, mon bon ami Sisco que tu vois là, c’est le piment que j’aimerai bien coller en catimini dans la gamelle de Rupin.

 

Comtesse Monique frissonnait, il venait encore en parlant de lui soutirer quelques larmes fugaces. Matteï expectora un truc dans un mouchoir, qu’il s’en alla ensuite jeter dans les chiottes en traînant un peu la patte. Quand il fut de retour, il donna son accord pour s’envoler.

 

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Message édité par talbazar le 16-01-2018 à 10:59:13
n°50972473
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 16-09-2017 à 11:18:35  profilanswer
 

Revue de presse.

 

La Gazette des éboueurs de la ville de Troulbled.

 

Aujourd'hui : Le fauve terrassé.

 

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Revue de presse.

 

La Gazette des éboueurs de la ville de Troulbled.

 

Aujourd'hui : Un clandé à la crèche.

 

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Message édité par talbazar le 16-01-2018 à 11:03:05
n°51032029
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 22-09-2017 à 13:32:08  profilanswer
 

Salon littéraire.
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar.
 
Aujourd'hui : Biographie de Gaston Boudiou - extrait Numéro 33.

 

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Un carré d’irréductibles qui refusent de se faire endoctriner par le système, notamment au lycée, tient ses quartiers au Zanzibar. Là, les jeunes buveurs attablés y commentent alors chaque bulletin scolaire en picolant beaucoup, dans un concert de rires indescriptible. Jonas, le patron truculent du bistrot, éprouve donc une certaine vénération pour l’Education Nationale, puisqu’elle entretient si bien la bonne humeur de ses jeunes clients fortement socialisés. Comme s’il s’agissait de problèmes purement hexagonaux, on débat avec plus de véhémence sur la ségrégation raciale aux Etats-Unis, les émeutes urbaines et la guerre du Vietnam, que personne dans le bar ne peut admettre. Gaston vient d’ailleurs de recevoir une lettre fleurie de Wendy, postée de Lima, au Pérou, qui lui annonce la mort de Crystal Plane à Saigon, pendant l’offensive du Têt. Le pauvre vannier n’ayant pu échapper à la conscription est revenu au pays en cercueil plombé. La bohème faisant loi, on décroche de l’école comme de beaucoup de choses, c’est entendu, mais jamais de l’envie de picoler. Plus souvent qu’à son tour, Gaston Boudiou, bien que largement mineur, s’enracine donc quelquefois au comptoir pour s’activer le suc pancréatique et y tenir de longs monologues incohérents ; il se demande alors sérieusement pour quelle raison les hommes naissent avec les cheveux courts, après neuf longs mois de gestation. A ces moments-là, sa puissante haleine de phoque tient tout le monde en respect. Tous, sauf une. Mineure également, puisqu’elle a 19 ans, la voisine qui s’installe sans façon sur le tabouret à ses côtés vit en éternel transit avec ses parents et ses deux sœurs, dans l’une des deux barres HLM nouvellement construites à Bripue. Véronique Taloche porte une minijupe orange, très courte, avec un teeshirt cool où s’étalent en tons rougeâtres le nom du groupe américain Buffalo Springfield. Si le mouvement hippie en train de grandir est typiquement U.S, la petite française revendique plutôt une vénération sincère au Swinging London, un esprit de mode légèrement excentrique régnant sur la City, pour venir clore la rigueur des années d’après-guerre. Parfaitement anglophone, Véronique a même occupé un temps un poste de serveuse dans un Fish & Chips du côté de Carnaby Street, point de départ, entre autres, de la diffusion de la minijupe sur la planète. Abreuvée de culture pop, Véro ne trouve rien à redire aux cheveux un peu trop longs de Gaston, puisqu‘ils dépassent de dix centimètres au-dessus du col de sa chemise débraillée. Lui se trouve en réalité grandement troublé par ce divin cadeau de zinc, une fille dont la plastique filerait la chair de poule au bras d‘un manchot. Il faut dire qu’elle est très attrayante, cette demoiselle-là au profil merveilleux, sublime transcendance féminine de la vie terrestre, avec ses longs cheveux bruns-roux et ses troublants yeux ronds d’écureuil. Elle est venue au monde avec un corps affublé des couleurs de l’automne, dont visiblement elle semble en plus apprécier de l’habiller dans leur flamboyance. Elle déplace un discret parfum de patchouli.

 

– Ouais, tout ça c’est bizarre, les cheveux poussent après la mort, mais pas avant la naissance. Ils sont très beaux, les tiens.
 
– Tu fais très jeune, dis donc. Tu loges au 36, à ce qu’on m’a dit ?

 

– Ben j’ai quinze ans. Normalement je suis pensionnaire au lycée Champollion, mais en fait, oui, je crèche le plus souvent là-bas. Jo Wronski, c’est même mon prof de maths ! Tu savais que les mathématiques sont nées des arpenteurs de l’Egypte antique, qui recalculaient les terres à distribuer après chaque décrue ? L’arithmétique, faut loucher sur les commerçants et les Grecs, qui jaugeaient leurs barriques. Tiens, Jonas, remet-moi donc un galopin. Tu fais quoi, toi ?

 

– Je reviens de Londres. Figure-toi que l’été dernier, j’étais sur la Tamise, à bord du bateau Galaxy qui diffusait Wonderful Radio London ! Ces bâtards du gouvernement l’ont fermée depuis, à cause de leur saleté de Marine Broadcasting Offences Act.

 

– Radio London, non, je le crois pas ! la radio pirate ?

 

– Ouais, un truc de malade. Je leur traduisais des trucs. Y’a plus que Radio Caroline pour émettre encore en offshore sur la mer du nord, mais eux, je les connais pas. Elle sort de son grand cabas un disque des Who. Tiens, faut que t’écoutes ça, c’est l’album The Who Sell Out, sorti l’année dernière, le concept tourne justement autour du sujet.

 

– On peut aller l’écouter à la piaule, si tu veux.

 

– D’accord.

 

Gaston termine sa bière et Véronique son thé citron, puis ils quittent le bar à l’ambiance joyeuse, pour se rendre ensemble rue du Couvent. Leur rencontre se montre immédiatement stimulante et leur hilarité sonore résonne tout le long du chemin en échos bienfaisants. Elle lui parle parfois en anglais, tout en s‘étonnant de son esprit vif, il répond en nyabwa et la trouve pour sa part de plus en plus séduisante. Le jeune garçon voudrait bien abandonner en elle une petite partie de lui-même. Envoûté par le bonheur imprévu de la rencontre, il savoure à loisir l’agrément de se balader dans le jardin automnal des grands yeux qu‘elle fixe de temps en temps sur lui en riant. Il lui parle avec emphase des atlantes, des extra-terrestres, des secrets de fabrication de l’Emmentaler Switzerland et du yaourt de brebis. Elle avale tout, en l’écoutant religieusement et puis, sans prévenir, comme ça, elle glisse sa main fine au cou de Gaston. Les paupières de la jeune fille tremblent un instant sur l’infini de ses prunelles brunes, il ne peut que l’embrasser en réponse à ce geste spontané. Véro aux couleurs chaleureuses vient d’aller droit au but, alors il remercie la vie qui vient de produire un tel miracle sur le trottoir. Il enlace à son tour la belle silhouette au drapeau de feu, elle sourit largement, il ne sait plus comment ils se retrouvent enfin à écouter les Who au 36 rue du couvent. L’amour est un traitement simple et efficace contre la noirceur des jours, Gaston en constate immédiatement les résultats. Par petites touches, allongé par terre, il chauffe la peau veloutée de sa nouvelle amie, jusqu’à ce qu’elle réponde d’une cambrure spectaculaire. Il dévore sans compter les lèvres d’un rouge pur. Véronique Taloche s’occupe à le raffermir, elle rayonne dans la pleine lumière de son désir en se laissant volontiers titiller les sens, elle est proprement irrésistible. Ils partent finalement à la conquête du plumard, en oubliant le papier-peint moche, les cartons écrasés et les chaussettes sales qui traînent sur le parquet. Avec un même appétit, ils vont faire l’amour très longtemps, heureusement sans être dérangés, même si du bruit s’entend quelque-part dans l’appartement. Le disque est arrêté depuis un bon moment lorsqu’ils émergent enfin de ces échanges délicieux.

 

– Ne t’inquiète pas, je prend la pilule.

 

Il la regarde sans rien dire, fasciné par la courbure admirable de son cou dans lequel il vient de plonger son nez comme un perdu. Cette fille pleine d’initiatives, dont la taille des pupilles se réduit à présent peu à peu, lui fait constamment parvenir un message explicite de bonheur. Il constate juste que le côté gauche de son visage se montre bizarrement plus expressif que le droit, un message émotionnel qu’il s’efforce rapidement d’oublier. C’est en tout cas ainsi, sans s’embarrasser de longues heures de séduction, que Véronique Taloche entre un jour dans l’existence de Gaston Boudiou. Fascinée par la vaste culture de Gaston, elle lui avoue en remontant les draps sur ses jolis seins ses propres problèmes de dyslexie dans son enfance, le son de sa voix est un constant et doux chant d’oiseau, c’est pour son copain l’audio-guide de la félicité. Un grave accident à transmué à dix ans sa passion de cavalière en haine des chevaux, son père boulanger a planté un arbre à sa naissance, elle se sait particulièrement sensible aux cycles lunaires. Elle déroule à loisir pour Gaston les méandres amusants, drôles ou tristes de sa courte vie, en insistant longuement sur son expérience la plus récente, à bord du rafiot pirate de Radio London. Elle est résolument contre la prise de drogue. Il la laisse s’épancher sans l’interrompre une seconde et puis il balance à son tour, tranquillement, pour lui raconter tout ce qu’il a vécu lui aussi : les ET, l’enlèvement de sa sœur, la vierge Marie, l’expérience de mort imminente, les hippies, les fantômes. Elle rigole franchement, puis elle le complimente pour son imagination débordante. Pour Gaston, cette moitié droite du visage un peu trop figée pose quand même réellement un petit problème. L’ambiance est cependant passionnée et le couple se révèle finalement sur la même longueur d’ondes, plongé dans un univers extatique sur fond d’avis de tempête épidermique exaltante, accompagné de nombreux câlins en perspective.

 

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Message édité par talbazar le 16-01-2018 à 11:05:40
n°51054514
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 25-09-2017 à 11:24:08  profilanswer
 

Salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : L'épilée du Nil. Extrait numéro 79.

 

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La splendeur de Rê était une chose tellement évidente qu’elle obligeait souvent les esclaves à rester planquer dans un coin d’ombre au lieu de bosser. Néanmoins, pour ceux qui semblaient décidés à s’activer à quelque tâche, la convention des temps les obligeaient à s’aplatir à plat ventre sur le sol au passage de leur pharaonne recouverte de plumes argentées, grandiose incarnation d’Isis, gloire d’Aton aux beaux tétons et parfaite princesse de beauté. Néefièretarée devait donc constamment faire un peu attention à ne pas leur marcher dessus, plutôt moins que plus, surtout si elle était pressée. Principalement pour s’éviter à elle-même de leur tomber dessus. La reprise du travail individuel des domestiques s’effectuait ensuite souvent avec leurs corps couverts de bleus. S’ensuivait alors pour eux un douloureux redressement effectué sans grogner, en attendant que les collègues viennent assurer la relève. Quelle soit haute ou basse, l’Egypte possédait toujours la même résolution, qui était de toujours satisfaire la reine dans chacun de ses désirs, sans masquer cette volonté louable par un inutile écran de fumée. C’est ainsi que, pour se rendre dans le dressing-room afin de choisir sa robe du jour, Néefièretarée piétina par mégarde d‘un pas svelte, mais toujours joyeusement, beaucoup de ces sacs à merde des classes inférieures ; puisque fouler les bides des bonniches et des serviteurs du palais n’entravait en aucune manière la constance de sa marche, ni le moindre changement qualitatif de ses trajectoires. Abandonnant l’un de ceux-là à sa solitude temporaire, pour le laisser enfin crier à loisir, elle grimpa pensivement quelques marches, l’esprit occupé à savourer quelques digressions sur les lois de l’hérédité. La femme intelligente et noble se mesure à ce qu’elle préfère ne pas comprendre, dans l’accomplissement des ses actes réels, c’est pour ça qu’elle marchait sans trop de regret sur les mains tatouées de ses servantes, et qu’elle ne réalisa pas tout de suite la nature des cris qu’elle entendait provenir du dressing-room. Non, ça n’était pas la récitation matinale de la prière des morts, ces hurlements qui fusaient de l’obscurité pour parvenir à ses oreilles intriguées. Les halètements rauques et réguliers ressemblaient plutôt à ceux du porc-épic mâle en train de baiser. Néefièretarée ne voyait pas vraiment ce qu’un couple de porcs-épics venait faire dans sa résidence. Des gazelles, des pigeons, des antilopes, des guépards, des poules ou des chats, certes, mais des porcs-épics, non, elle ne voyait vraiment pas. Glissant sans faire de bruit dans la pénombre sur ses pantoufles en raphia, elle tira brusquement les rideaux de la fenêtre pour faire entrer la pleine lumière du soleil.

 

Le spectacle qui s’offrit à ses yeux valait le coup d’œil. Le nouvel éclairage lui dévoila son amant Phimosis, grand vizir de l’Egypte, en situation navrante avec la petite Aménorée. Ces deux là faisaient preuve d’une sensualité scandaleuse, quand bien même la petite garce traçait sur ses lèvres une moue ennuyée en se regardant les ongles. Exprimant au contraire une extase et une excitation bruyante, l’amant de la reine lui perçait les fesses rythmiquement en hurlant, usant de pas mal d’ardeur, enfournant la petite salope de son bel engin tendu, transformé pour l’occasion en pic à brochette. Voilà donc l’origine des fulgurances vocales qui résonnaient partout dans l’appartement ! Hagard, Phimosis transperçait sa proie avec une sexualité animale, en lui balançant de grands coups de reins furibonds au son d’une mélodie confuse, laquelle prouvait qu’il était à deux doigt de connaître son petit bonheur éphémère. L’autre poule gestante remuait son cul tournant avec un surcroit d’effort efficace, pour hâter la retraite du besogneux. Mais la fille d’Amétatla n’avait quand à elle pas franchement l’air de prendre son pied. Avec une douleur muette, Néefièretarée resta un moment à fixer son Kouchite qui venait de se placer sur le champ en fin de carrière, puisqu’elle allait devoir licencier Phimosis de son gouvernement avec effet immédiat.

 

– Désolée de briser votre belle étreinte, mais je ne suis pas du genre femme au foyer désespérée, vous allez dérouiller.

 

Elle appela aussitôt ses gardes pour qu’ils s’emparent du couple fautif. Une dizaine de shardanes en uniforme accoururent sur cet ordre, afin d’envahir en ordre le dressing-room. Un peu piteusement, Phimosis se dégagea de la fille pour entériner le désastre, après avoir tout de même récolté dans la panique le fruit de son labeur. Le roi de la glisse n’en tira cependant pas la joie escomptée, sa grosse bite s‘éroda immédiatement, un garde qui faisait trois fois sa taille l‘attrapa méchamment par le cou. L’ancien vizir au corps ruisselant savait bien qu’il venait de se mettre hors-jeu.

 

– Non, Néefièretarée, je vais t’expliquer, ce n’est pas ce que tu imagines.

 

– Ben, je vais quand même faire ma souveraine, parce que je suis très pessimiste sur ton proche avenir. Elle lui balança avec dédain sa sandale dans la tronche, en le ratant d‘un chouïa trop à gauche, ce qui eut le don de l‘énerver davantage. Jetez-moi ce mec aux crocodiles et collez-moi sa petite pute en prison !

 

– Et pourquoi pas le contraire ? osa encore protester Phimosis, alors qu’en le tirant par les épaules, les sévères gardes royaux l’entrainaient sans ménagement vers la sortie.

 

Mais la pharaonne lui avait déjà tourné le dos. Tout de même un peu énervée, elle poussa du pied en passant un esclave en train de renouer effrontément devant elle les lacets de sa godasse. Certaines génuflexions irrévérentes méritaient bien un bon coup de pompe volontaire. Une fois dans son salon cossu, elle donna l’ordre d’annuler la surprise-partie prévue en soirée et convoqua devant elle tous les dirigeants de la caravane ONS, afin qu‘ils viennent immédiatement ramper devant son trône. En attendant qu’ils arrivent, la fille de Râ, l’œil brûlant du soleil, l’incarnation implacable de la puissante Sekhmet alla s’encadrer devant la large fenêtre, dont la vue donnait sur le bassin sacré situé dans une vaste cour à ciel ouvert. Trois crocodiles clapaient de la gueule dans l‘eau sanglante, ils venaient de s’offrir le vizir au petit-déjeuner, au cours d‘une cérémonie singulièrement abrégée. Au bord de la piscine, les prêtres faisaient certes un peu les malins, mais tous les autres dignitaires pétrifiés venus assister à la scène tremblaient des genoux. Non, Néefièretarée n’allait certainement pas se couper les tiffs pour faire le deuil de son mec. Elle allait plutôt avoir besoin de faire l’élégante à coup d’onguents parfumés pour s’en trouver un autre sans tarder. Elle demanda d’ailleurs à une de ses servantes de lui fixer sur la tête une plume d’autruche avec un petit ruban, pour paraître plus présentable. Pendant qu’on l’arrangeait, amère et même un peu triste, la reine jalousait la passion de Trêmouatoli et Mer-Amen Tesmich qui convolaient en justes noces du côté de Carthage. Elle allait les rappeler incontinent, puisque la jeune mariée aux robes rouges était sa dame de compagnie, après-tout. Elle ferait de l’ancien esclave son nouveau vizir dans la foulée, histoire de le faire ployer sous le poids des responsabilités, ce qui le décollerait de sa chérie en offrant ainsi au passage à la pharaonne l’occasion de lui gâcher un peu de son ciel bleu.  

 

En apprenant par la bouche de la pharaonne le sort fait à sa fille, Amétatla eut une réaction mitigée, parce que tout de même, se taper le vizir de l‘Egypte ce n‘était pas rien. La petite remontait d’un coup spectaculairement dans son estime. La mort épouvantable du notable tempéra toutefois quelque peu son enthousiasme, puisque le dieu Sobekh venait de se régaler, prouvant que la gamine avait finalement misé sur un perdant. Néefièretarée regarda la petite famille de la pétasse enceinte s’approcher, tout en suçant la paille qu’elle avait plongée dans un gros œuf d’autruche. Pour les égyptiens, tout était bon à prendre dans ces cruches d’autruches. Elle balança la coquille vide à son guépard allongé à ses pieds, lequel la broya d’un seul coup de ses longues dents. Les yeux de Tépénib brûlaient d’une interrogation anxieuse, puisqu’il se trouvait grandement préoccupé par le sort réservé à sa petite fille chérie. Il espérait que la pharaonne n’avait pas déjà donné l’ordre d’empoisonner les céréales de cette dernière. Naturellement, il aimait beaucoup sa fille, mais il aurait certainement préféré se voir eunuque plutôt que de manquer de secrétaire, fut-elle en stage temporaire.

 

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Message édité par talbazar le 16-01-2018 à 11:08:35
n°51104228
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 29-09-2017 à 16:04:49  profilanswer
 

Salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : La saga du trône de Fion. Tome 2 - Sus au sein royal. Extrait numéro 32.

 

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Clinfoc tout dehors sous les nuages ardoisés, la Tatie Nique fendait les vagues de la mer de Cybrine avec bonheur, mais à son bord, le sort de la clandestine inquiétait. Torturée par d’atroces douleurs ventrales, la malheureuse au corps embrasé fut transportée en cale et plongée dans un bain de vapeur, avant d’être purgée par le sieur Barnabé Pathobiliaire, le médecin du bord. La cale puait sec, car la gueuse avait une nouvelle fois rendu sa dernière toastée sur sa courtepointe ornée de fleurettes. La malade gisait sans chemise au milieu de ses draps souillés, puisqu’on l’avait couchée dedans complètement nue, sans souci de son intimité. Au chevet, offrant sa lumière sépulcrale dans l’étroite pièce, un gros cierge blanc fixé sur un flambeau de bronze venait d’être allumé. Le visage enfermé dans son masque d’oiseau, messire Barnabé tournait en rond, puisque son examen ne donnait pas de réponse à son questionnement sur l’origine du mal dont souffrait la catin. Il affirmait juste qu’une bonne sudation apporterait salut, car il soupçonnait fort quelques humeurs pierreuses. Il ignora la tuméfaction des lombaires provoquée par l’exercice du métier de la cliente. On apporta sur les conseils du maître une cuvette, un broc d’eau et un grand nombre de serviettes bouillies, pour qu’il puisse se laver les mains après avoir soigneusement tripoté sa patiente.

 

– Hum, bonne glycémie à 1,30 avec gentille glycosurie, nous avons là peut-être un diabète incipiens, ou bien encore un crack-up nerveux, si j’en crois la forte et continuelle oscillation des jambes. Rien à signaler sur le fond de l’œil, qui me délivre une urée à 0,60. L’état de délabrement physique me ferait pencher, sans être affirmatif, pour un possible empoisonnement aux champignons. Capitaine Gaëtan Manquedamour, à l’avenir, vous devriez porter plus de soins à votre cargaison, car cette chafouine que nous avons ici, je le vois bien, ne provient visiblement pas d’un famille régnante, vous me faites perdre mon temps et mon argent. Puisque je ne suis sûr de rien, appelons-donc mes collègues des autres navires, par libre exercice de la concurrence. Je souhaite qu‘ils viennent m‘assister, de façon à coordonner nos efforts pour établir de quoi souffre au juste notre discrète passagère, avant qu’elle ne soit, hélas, complètement effacée.

 

– Puis-je faire une timide suggestion ? fit l’amiral Gaëtan Maldemer de Posegalettabord, ne faudrait-il pas mieux la jeter dans les eaux et continuer notre voyage ? nous avons déjà pris beaucoup de retard pour aller guerroyer.

 

– Le silence sur cette connaissance ne serait que ruine de vos armes, je dois pour ma science et mon âme trouver de quoi au juste souffre cette sacripante et calculer au mieux sa durée de vie. Que l’on veille à présent à la laisser en chambre froide, afin de nous protéger des mouches importunes que je vois arriver.

 

Dans la cabine qui sentait plus fort qu’une cave de champignonnière, tout le monde se mit à babiller à la fois, pour approuver ou protester sur le sort que l‘on devait réserver à l‘alitée. S’ensuivit un brouhaha indescriptible que firent taire les regards injectés de sang de la vaurienne, car elle suppliait en haletant que l’on vide sur le champ l’un des plus gros de ses abcès. Avec un petit maillet, Barnabé piqua d’épingle la zone engorgée puis frappa la cliente sur ses joues flétries. Dix minutes plus tard, on grimpa toutefois les haubans pour hisser le signal de croix rouge, afin d’appeler à la rescousse les médecins des autres bateaux. Tous grimpèrent à bord en montant les échelles, puis ils descendirent aussitôt examiner la souffrante qu‘ils trouvèrent effectivement dolente, plaintive et sans entrain. Après l’avoir longuement tâtée sur son poitrail et son pissou soyeux, beaucoup jurèrent pour la cause d’un virus morbilleux, voir un cas exotique d‘une éventuelle gonococcie. Pour tout dire, personne ne pariait sur elle, on était sûr qu’elle serait bientôt morte. A tout hasard, l’un des médecins mesura la petite moribonde pour alléger le menuisier, elle faisait 4 pieds six pouces. Un autre craignait pour le paiement de ses honoraires car comme l’on sait, les filles de joie forment un fâcheux groupe sans gains.

 

– Mes chers confrères, si j’en croit la violente odeur sui generis que dégage cette literie, je pencherais fort pour une violente crise de scoreput, provoquée par une morsure de petite punaise, de sales bêtes qui goûtent fort les fluides humain et se déplacent sur les oreillers sans le moindre bruit.

 

– Que nenni, fit un autre praticien en refermant sa trousse, le nez est chaud et sec, les coliques sont spasmodiques, j’accuse ici la fièvre djeun, voilà ce qui arrive lorsque l‘on dort à plus de deux par lit. Je suggère en remède, pour commencer, une dépilation complète, puisque pour une fois nous n‘avons pas à subir les récriminations de la famille.

 

– Vous n’y êtes, céphalée et perte d’appétit : je vois parfaitement devant nous les méfaits d’un retour de piste turbonique, laquelle, comme on sait, vous fait devenir très pâlot.

 

– Diantre non, lâcha le médecin officiel de la Gabanne la Moule Radieuse, nous sommes ici en présence d’un cas manifeste de collédrap. Voyez-vous donc un peu partout sur ce corps frêle ces pétéchies et autres saletés de vésico-pustules ?

 

– Point, point, le coupa Barnabé dont l’embarras était toujours très grand, j’y avais pensé, mais cette affection oblige à se gratter les endroits inaccessibles, en particulier le méridien de la vessie, ce qui n’est pas le cas ici.

 

Ne parvenant point à se mettre d’accord, ils se jetèrent une fois de plus sur tous les éléments déjà rassemblés :  sérosités, larmes, urine, fèces, résidus de tétées, on se rassura à l’unanimité sur une absence évidente de catarrhe oculo-nasale. On passa au crible l’ensemble des viroses spécifiques aux filles de bordel, avant que chacun ne vienne soudainement à se gratter mine de rien à son tour. Cette fois, les médecins se lancèrent finalement un coup d’œil approbateur, ils affirmèrent enfin leur diagnostic, les bateaux de l’armada du Fion était sans doute atteints par la grande wérolerie. Sans prendre le temps de la laisser mourir, on remonta rapidement la fille sur la dunette, avant de la balancer lestée de pierres dans les eaux noires, car on avait tant débattu qu’à présent, la lune jouait avec les vagues ondulantes que perçaient sans relâche la proue des navires. La pauvrette bascula sur une chute qui pour une fois n’était point thermique. Leur voix couvrant le bruissement des agrès, les équipages poussèrent des cris d’alarme penchés sur chaque bastingage, de navire à navire. Il n’était plus possible de continuer le voyage, aussi Capitaine Gaëtan ordonna de rejoindre au plus vite la côte de l’Hyperbourrée, en virant brusquement de bord pour s‘accoster au vent. Maldemer de Posegalettabord cria qu’une poularde grasse soit lâchée du gaillard d’avant, afin d’avertir Gaultier Quilamolle sur la terrible épidémie qui menaçait la flotte. En réalité, lui se montrait secrètement heureux de rejoindre la terre, puisqu’il fourra sans attendre dans les plis de ses vêtements le beau brin de Pinette qu’il avait volé et qui le verrait sans nul doute devenir le maître de demain. Pour l’instant, le seigneur se réjouissait de garder bon aspect. Quant aux marins anxieux qui faisaient tournoyer à loisir le gouvernail d‘étambot pour garder bon cap, ils priaient sur le pont le Ciel des Cieux où demeure Sainte Kramouille, en l’implorant d’une voix déjà empâtée qu’elle veuille bien les sauver.
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Message édité par talbazar le 16-01-2018 à 11:11:12
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Posté le 29-09-2017 à 16:04:49  profilanswer
 

n°51116475
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 01-10-2017 à 07:49:50  profilanswer
 

Revue de presse.
 
La Gazette des éboueurs de la ville de Troulbled.
 
Aujourd'hui : Mois sans avions.

 

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Le congélateur muséographique

 

Aujourd'hui : The christmas hamper.

 

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Message édité par talbazar le 16-01-2018 à 11:14:20
n°51148203
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 04-10-2017 à 11:47:20  profilanswer
 

Salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : Coup de chance dans l'hyperbole. Extrait numéro 52.

 

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L’astéroïde encore lointain est énorme, noir et massif, il se présente à vive allure sur l’axe du Bad seed, dans le poste de pilotage duquel Alan Drelon le regarde venir. De toutes parts, autour du vaisseau endommagé, l’espace s’ensemence d’une multitude de ces roches de tailles inégales, mais celle qui arrive est absolument colossale. Une vive lumière stellaire éclaire son flanc droit poussiéreux, ce qui rend encore plus obscur, par effet de contraste, le côté gauche du menaçant bolide. Un diamètre d’une trentaine de kilomètres au bas-mot. Un de ces cailloux céleste en rotation rapide a déjà frappé le vaisseau, bousillant au passage les antennes relais du compartiment com en isolant le navire endommagé dans un silence pénible. Le pirate a observé avec colère et impuissance la formidable explosion partielle du Kitch d’Isa. Il distingue aussi les lueurs lointaines qui illuminent sporadiquement la soute ouverte du Suck my pony, dans laquelle les gars de son amie se battent encore avec énergie pour se rendre maîtres du transbordeur. Avec une fascination morbide, le pirate voit s’approcher le dangereux bloc minéral droit vers sa proue, alors qu’aux côtés de leur chef, les pilotes s’activent inutilement aux commandes pour tenter de dévier le vaisseau désemparé. Les stridents hululements des systèmes anti-collision inopérants ajoutent au sentiment de panique, face à l’impact imminent que le Kronenburg cruiser ne parviendra sans doute pas à éviter, en raison d’une avalanche de défaillances trop nombreuses. Un imbécile d’écran encore fonctionnel analyse le boulet creusé de cratères qui se présente, rhodium, platine, rhénium, tu parles qu’on s’en fout !

 

– Alan, cette mégascorie qui arrive droit devant va nous faire très mal. Elle va même nous écrabouiller proprement.

 

– Je sais, ce n‘est pas une boule de neige, hélas. Le Bad Seed est perdu de toute façon, faut l’évacuer maintenant, on a encore un peu de temps. Abandon, procédures d’urgences, tous aux capsules, vite !

 

L’ordre est donné instantanément à l’ensemble du cruiser. Déjà équipé de scaphandres pressurisés, tout son équipage file sans précipitation inutile vers les trois modules de sauvetage du bord, dans lesquels les pirates se répartissent au mieux. Se livrer au vide dans ces petites coquilles métalliques, qui plus est en plein champ de cailloux, n’est pour personne une décision plaisante à prendre. Habitués à bourlinguer et à combattre dans l’espace, les hommes rudes ont cependant d’excellents réflexes qui leur font exécuter, une après l‘autre, les bonnes manipulations relatives à leur survie. Alan n’a pas à s’arracher les cordes vocales pour se faire entendre d’eux. Huit minutes avant l’impact fatal, les capsules s’éjectent brusquement de leur alvéole et plongent en bon ordre au sein des ténèbres. Les trois taxis de secours se rajoutent à présent aux nombreux petits astres sournois coursant dans l’espace. Sur les à-coups de leurs dérisoires propulseurs sous-zionniques, ils parviennent à les éviter et s’accordent en formation serrée sur un trajet qui doit les rapprocher du House of shame disloqué d’Isa Djani. Le Kitch au ventre arraché est en vérité dans un état lamentable, cette attaque menée contre le cargo Suck my pony de la compagnie WWW constitue tout simplement pour les loups galactiques un véritable désastre. Une bagarre féroce et sanglante est en cours sur le transbordeur, mais Alan n’a pas de quoi pavoiser, la détermination des Águilas Negras vient de mettre un bon coup de frein à ses ambitions, en détruisant ses deux vaisseaux. Pour l’instant, les systèmes automatisés des capsules savent éviter le péril des pierres errantes, il va sans doute pouvoir rejoindre dans un instant le House of shame, mais ensuite ? Et puis baoum ! le Bad Seed au bouclier inopérant rencontre son destin en se faisant violemment impacter par l’astéroïde, au sein d’une collision brutale. Pas d’explosion, non, mais une coque massacrée par une formidable pression qui désintègre aux alentours autant de métal que de minéral. Un émiettement titanesque qui signe la fin du navire pirate et sa puissante machinerie. Dans les capsules à l‘éclairage limité, personne ne dit rien, l’échec n’est jamais honorable, il n’a guère besoin de se manifester verbalement. Ce putain de transbordeur vient magnifiquement de protéger son fameux pactole !

 

– Alan ? L’implant du chef des pirates résonne à nouveau correctement de la voix angoissée de sa femme. C’est foutu, hein ?

 

– Oui, Isa, désolé du silence, je ne sais pas ce qui s’est passé, même mon implant était muet, mais je suis heureux de pouvoir enfin t’entendre. J’arrive, on ne peut pas rejoindre les autres. Tu peux naviguer ?

 

– Difficile, le cyclotron est détruit, mais le champ mag nous protège encore des rochers. On n’est plus très nombreux à bord. Les miliciens du chaland utilisent des Wee Gee Ray Gun Gun, mes gars feront pas le poids contre ça. Approche, Alan, viens vite. Par l’intermédiaire de l’implant, le cerveau de son homme se blesse à ces mots d’un étrange et douloureux non-dit.

 

– Alan, jette rageusement dans son casque par ostéophonie ce vieux briscard de Brod Put, dont le scaphandre rapiécé témoigne de ses bourlingues, faut qu’on aille cogner ces fils de nonnes.

 

– Non, Brod, ils ont gagné, c’est fini. Il pointe son doigt ganté vers le hublot triangulaire pour appuyer sa certitude.

 

Les flashs se sont effectivement éteints sur le cargo, dont la soute béante présente les silhouettes groupées des miliciens qui semblent les observer attentivement en les désignant. La distance est grande, mais elle n’empêcherait pas le rayon des WGRG d’atteindre les minuscules capsules. Pendant que ces dernières se présentent contre une baie intacte du House of shame, afin qu’il absorbe en son sein cette petite flottille, la bataille engagée dans la soute ouverte du Suck my pony se termine au désavantage de ses agresseurs. Pour le brigadier général Vince London des mercenaires Águilas Negras, aucune victoire n’a jamais senti aussi bon. Il est évident que pour ce coup de maître, la Wilfrid/Wilbur/William Corporation reconnaissante va lui offrir une véritable montagne d’eullars. Sans oublier bien entendu son lot d’inutiles congratulations mielleuses. Lui et ses hommes viennent enfin de transformer la piraterie en acte de déraison et la lutte contre les pilleurs a franchi le palier qu’il fallait pour apporter une protection efficace aux transbordeurs isolés. La démarche d’armer lourdement les vaisseaux des administrants va remuer prochainement en gros bordel les congrès planétaires, mais ce développement à venir n’est pas pour l’instant le problème de Vince London. Des corps éparses de pirates et ceux de ses hommes flottent autour de lui dans leurs scaphandres sanglants, quelques-uns heurtent les containers aux parois fondues. Activant leurs dorsaux, des miliciens cherchent à les regrouper. Au centre de son groupe figé en lisière de la baie, le brigadier, dont les semelles activées sont au contraire solidement plantées au plancher, reconnaît détester les atmosphères de fin de combat. Il coupe l’énergie de son Thunderbird Special 100 shot, le replace tranquillement dans son étui, puis il aspire longuement l’oxygène confiné dans son casque, zoomant dans l’oculaire optronique de ce dernier les manœuvres des capsules qui cherchent à prendre refuge dans le vaisseau ennemi. Il vient d’endiguer l’abordage et sauver la cargaison, certes, mais le travail n’est pas encore terminé. Là-haut, sur le pont d’observation et par l’une de ses fenêtres transparentes qui n’a heureusement pas souffert des combats, le capitaine Sin Gonnery et son second pilote Sidrine Kiberline l’observent attentivement. Le souffle brûlant des Wee Gee Ray Gun Gun a été utilisé à bon escient, pointé du hangar ouvert vers l’espace, éliminant un grand nombre d’attaquants en offrant la victoire, mais tourné vers l’intérieur du vaisseau, il aurait pu ravager les entrailles du cargo. Vince sait que Gonnery ne manquera pas de l'harponner perfidement là-dessus dans son journal de bord. Peu importe l’avis de ces foutus civils qu’il doit protéger, le brigadier général constate seulement l’heureuse issue de son initiative. En dépit des risques pris pour le transbordeur, les gros perceurs de Panzigs ont tout de même singulièrement augmenté la capacité de combat contre ces cinglés de pirates. Vince n’est pas peu fier, c’est la première fois qu’ils sont mis complètement hors d’état de nuire. Il a reconnu leurs navires, il espère que le célèbre couple maudit va figurer dans les cadavres ennemis. Il ferait alors un fameux bond dans sa grille d’avancement. Voilà pourquoi, avant de rendre son légitime commandement au capitaine Sin Gonnery, le mercenaire voudrait bien être certain d’avoir vraiment dégommé Alan Drelon et Isa Djani.

 

– Détruisez les nouveaux objectifs, ordonne t-il simplement à l’intention du major-chef proche de lui.

 

Obéissant au commandement, trois miliciens répondent à la demande opérationnelle, avec l’idée de croiser les puissants rayons de leurs WGRG sur les capsules des pirates, avant qu’elles ne soient avalées par le House of shame. Le trio de véhicules en convoi l’est juste à temps, au moment même où un gigantesque astéroïde fait un écran salutaire au tir des laserguns. Une partie de la roche explose en myriade de débris, Isa pousse en puissance la seul propulseur d’appoint de son vaisseau qu’elle peut encore utiliser et décroche au moment opportun pour se mettre hors de portée. Elle reçoit malgré tout en partie la projection d’un formidable rayonnement au niveau d’une des plaques déflectrices de poupe, dont le trapèze vole en éclats. Malgré la terrible onde de choc ressentie dans le cockpit, la pirate chute cependant convenablement et parvient à fuir. Elle s’éloigne ce faisant du champ d’astéroïdes, avec cette mystérieuse planète 8495SK-Rolling Stones en ligne de mire de son Kitch. Sous le coup d’un soulagement indicible, Isa observe le transbordeur activer ses propulseurs zionniques en dépit de sa soute grande ouverte, pour se barrer en un éclair dans une direction opposée. La pauvre épave à peine contrôlable du House of shame n’a donc heureusement plus rien à craindre de ce salaud.

 

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Message édité par talbazar le 16-01-2018 à 11:18:25
n°51171832
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 06-10-2017 à 14:46:28  profilanswer
 

Salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : La jet larguée. Extrait numéro 25.

 

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Un groupe d’iguanes impassibles se prélassait sur l’asphalte brûlant près de la queue brisée de l’avion, dans laquelle le chanteur Georges Pinson avait trouvé un relatif refuge, pour se protéger de la chaleur excessive. Des six danseuses de sa prochaine tournée qui l’accompagnaient sur le vol avorté, seules Sandra Poblanc et Loana Boudine avaient survécues. Peut-être pour s’offrir un peu de dignité dans la carlingue dévastée, l’artiste de variété se passa un soigneux coup de peigne. Ce geste machinal contrait sans doute l’horrible sentiment qu’il ressentait d’être devenu sur cette île un simple loser à la chevelure huileuse. En réalité, la solitude qu’il cherchait dans l’épave lui était à cet instant plus nécessaire que l’ombre. L’horreur lugubre des sièges tordus et tachés que l’on avait débarrassés de leurs cadavres le laissait à cet instant indifférent, c’était pourtant là que ses copines aux chorégraphies glorieuses avaient trouvé la mort. Il les revoyait bien sagement assises pendant le vol tragique, chacune à sa place, détendues et souriantes, en train de manger avec une heureuse insouciance des caramels qui collent aux dents. Elles avaient toujours eu en réserve des tonnes de compliments à son égard, elles lui disaient qu’elles se voyaient bénies des dieux de lui servir d’arrière-plan lors de ce prochain tour de chant au Boukistan, probablement parce que la maison de disque les payait bien. Lui les avait toutes choisies sur un critère de guiboles audacieuses et il pardonnait à Loanna Boudine d’avoir joué un matin dans son dos la carte solo, pour monnayer très cher dans une revue des photos d’elle dénudée. De toutes ses danseuses, la survivante comptait parmi celles dont il connaissait le mieux l’intérieur de la bouche et c‘était d’ailleurs lui-même qui les avait prises un jour à l‘hôtel, ces fameuses photos. A présent, si Sandra paraissait vouloir faire un peu table rase de son passé de Pinsonnette, Loana grimpait encore souvent à califourchon sur son Georges dans le fouillis herbeux de la jungle toute proche, en lui susurrant qu’elle l’aimait. Elle n’était pas seulement douée pour la danse, mais elle faisait preuve en amour d’une sympathique curiosité créative.

 

Pour conjurer l’oppression qu’il sentait l’envahir malgré lui, née de cette carcasse saturée du souvenir des morts violentes qu’elle avait engendrée, le chanteur claqua d’abord dans ses doigts en cadence, puis il murmura tout haut son dernier succès. De la bouche de Pinson assis sur le fauteuil rose 87E Economy à l‘accoudoir escamotable, la mélodie triste d‘ « une barrette pour tes cheveux » s’égrena tranquillement dans le tube d’acier malmené. Une histoire douloureuse, exprimée en mode mineure, de shemale eurasienne anorexique, encensée par son public dès sa sortie, mais Georges doutait de pouvoir encore écrire la moindre chanson, le crash semblait avoir éteint en lui la moindre étincelle créative. Sa disparition présumée avait sans doute excité fortement son label et provoqué dans l’urgence le déterrage de ses plus vieux titres. Entre compilations bâclées bricolées en studio et hommages posthumes nostalgiques, l’occasion affirmée de faire passer le message aux télés, pour engranger à chaud quelques bénéfices inespérés. Avant que les spectateurs ne passent à autre chose, laissant la star disparue plonger pour longtemps dans les abysses du silence médiatique. Si les filles vous sautaient habituellement dessus, on n’était pas toujours suffisamment respecté pour être un chanteur charismatique, on payait même parfois très cher de sa personne le fameux ticket d‘entrée à la célébrité. Il y aura toujours dans l’existence de sombres cons toujours prêts à monnayer enfants et parents aux plus offrants, voir même l‘air que tout le monde respire. Des types dans le genre de Michel Tatol, qui voulait à tout prix que la gratuité cesse d’exister sur cette île, pour qu’au contraire on puisse fixer quelques privilèges basés sur le mérite. Le seul talent qu’il pouvait vraiment revendiquer, lui, Georges Pinson, s’éteignit sur un dernier refrain de son tube, décliné sans musique.

 

Ses cordes vocales cessèrent finalement de rouler des mécaniques, il se racla la gorge, le soleil asséchait ses muqueuses. En proie à une douce indolence dans la queue de l‘avion surchauffée, il se leva pour regarder par un hublot crasseux le lointain village sur la plage. En dépit de la distance, il distinguait Roparz, Summer et Loraine en train de s’activer autour du feu de bois à la préparation d’un repas, sous le soleil vertical de midi. D’une certaine manière, ces cabanes et cette agitation tranquille prouvaient qu’on avait renoncé à être sauvés. La vedette avait pris sa décision la veille, il voulait juste s’engager dans une action qui l’éloignerait des autres. Beaucoup de choses séparaient les survivants en apparence liés, travail, âge, habitudes quotidiennes, les repas collectifs étaient parfois troublés de ces différences. Ils vivaient tous ensemble et pourtant beaucoup s’ignoraient. Ayant opté pour le repli sur soi, lui avait besoin de changer de décor, de s’évanouir vers de nouveaux territoires pour renaître ailleurs, partir seul pour mieux apprécier ses découvertes, enivré par une curiosité irrépressible qui occultait le risque d’avancer vers l’inconnu. Le tour de l’île en solitaire qu’il projetait allait lui offrir un lot de consolation honorable ; il se pencha vers sa sacoche qu’il ajusta sur ses épaules, le sac à dos ventru rempli de vivres, de sirop de canne à sucre et d’eau n’était pas si lourd. Il sauta sur le béton fissuré du tarmac en prenant une direction opposée au campement. Au centre de l’île, un voile de brume enserrait le sommet de la montagne, mais cet endroit représentait-il réellement le centre ? En tout cas, ce n’était pas demain la veille que Badigooince allait souffrir des défrichements intempestifs du fait de l‘humain. En marchant sur la plage, le crooner de ces dames croisa le chercheur Pierre Simon Langevin qui sortait de la forêt en quittant une frange ajourée de cocotiers aux doux bruissements. Lorsque l’autre vint vers lui en affichant un sourire jovial, le chanteur le gratifia d’un morne salut. Sous le bob gris et sans forme à l’écusson de Porsche, le profil au rasage douteux de ce type du CNRS restait balafré depuis l’accident.

 

– Rendez-vous compte, Georges, depuis qu’on est scotchés ici, j’ai au moins recensé plus de 20 espèces d’insectes inconnus ! Il lui tendit sous le nez une petite boite en plastique transparente, où s’agitait une minuscule bestiole brune désespérée. Vous savez, vous devriez mettre un chapeau, savez-vous que la réverbération des rayons du soleil atteint 25% sur la plage et même 30% sur la mer ?

 

– Non, je l’ignorais. Peut-être pour échapper aux yeux de l’autre, il tourna machinalement son regard vers la mer qui étincelait d’éclats aveuglants.

 

– Vous pouvez me croire, l’insolation est sournoise et vous allez vous flinguer les yeux. On a plein de casquettes, servez-vous, ce n’est pas ça qui manque.

 

Devant l’indifférence manifestée par son interlocuteur, Langevin ne rajouta plus rien, il tourna simplement les talons pour rejoindre la communauté. Pinson hâta le pas en foulant péniblement le sable pâle à grandes enjambées, puis, après deux kilomètres de cette marche harassante, il bifurqua brusquement pour s’enfoncer dans la jungle au milieu des flamboyants.

 

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Message édité par talbazar le 16-01-2018 à 11:21:04
n°51186030
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 08-10-2017 à 13:17:29  profilanswer
 

La ferme !

 

Aujourd'hui : Bien démarrer son élevage d'acariens.

 

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Alors que l’on s’urbanise de plus en plus, quitte à dormir parfois sur les trottoirs, les Français conservent la nostalgie de la campagne et de ses bestioles. Le bonheur en famille est alors souvent lié à l’élevage de bêtes familières. Mais avec le budget serré que la plupart des amateurs de whiskys connaissent, il leur devient de plus en plus difficile de ruiner leur famille pour acheter des animaux de compagnie. Heureusement, certaines espèces se montrent très prolifiques en captivité et les acariens sont bien évidemment du nombre. Leur élevage nécessitera toujours peu de frais pour l’entretien et l’alimentation de ces charmants et discrets pensionnaires. Nul besoin de faire appel à un vétérinaire ou un spécialiste de l’hygiène aux visites coûteuses pour limiter leur prolifération, lorsque vous la jugerez indésirable, les plus gros d’entre eux seront écrasés sur place. Pour rester en bonne santé, vos acariens chéris aux regards pleins de mystères doivent surtout avoir une bonne alimentation, on lavera donc ses draps pleins de squames avec parcimonie, mais quel bonheur de s’endormir chaque soir avec sa mignonne colonie lovée à ses pieds ! Des arpions qu’il serait d’ailleurs souhaitable de ne pas trop nettoyer non plus. Une inflammation de votre surface plantaire et de la face intérieure de vos doigts de pieds profitera en effet admirablement aux variétés carnivores. Faites toutefois attention, les acariens trop gâtés par une alimentation trop abondante (poils tombés, peaux mortes, crottes de nez) de votre élevage peuvent présenter un certain nombre de troubles, tels qu’une inappétence soudaine, un embonpoint exagéré, une odeur fétide, de la constipation et souvent la grande tristesse de vos animaux. Vous aurez alors bien du mal à les extraire des boules de vos poils qui traînent sur la moquette, on évacuera alors sagement les acariens concernés vers le carrelage de la salle de bain, afin de mieux les identifier. Une période de jeûne de cinq jours en boîte hermétique et stérile rétablira en général leur équilibre métabolique perturbé.

 

Si posséder un tatouage, en particulier le portrait de Jhonny, n’est pas obligatoire, la bonne santé d’un élevage se vérifie aisément par la pullulation de vos amis sous les ongles et sur la base de vos poils, où on veillera particulièrement à surveiller le bon déroulement des nombreuses pontes quotidiennes. Vous veillerez donc à éliminer sans pitié de votre élevage tout risque de gale folliculaire, due au demodex follicularum, un acare sauvage impossible à apprivoiser qui siège au niveau de vos follicules pileux et de vos glandes sébacées, puisqu’il aura sur vous une trop grande action dépilatoire. On utilisera alors contre ces indésirables indomptables un insecticide chloré, une fois les avoir séparés de votre acariculture et après une sévère isolation en boîte hermétique. On peut également les y laisser 45 ans pour les faire périr d’asphyxie. Sachez en revanche que vos nouveaux copains d’élevage montreront toujours une préférence à votre tête si elle leur revient, à vos lèvres (non peintes), à vos joues lisses et autour de vos yeux. On évitera dans ce dernier cas de leur infliger une lumière trop vive, beaucoup d‘acariens domestiques préfèrent l‘obscurité. Visitez souvent vos paupières pour les rassurer sur votre bienveillance. Lors des phases de jeux, ne grattez jamais l’intérieur de vos oreilles trop violemment, les compagnons à huit pattes du conduit auditif détestent ça, cet excès de palpation leur est très douloureuse, ils peuvent être sujets à de véritables crises épileptiformes, avec même une tendance à mordre. En général, un malaxage trop brutal de votre peau risque souvent de supprimer les chaleurs des femelles et la disparition de phénomènes érotiques chez les mâles. Il vaut toujours mieux éviter à ne pas trop manipuler vos quatre cent milliards d‘amis, mais en revanche leur parler doucement et beaucoup. On veillera à leur laisser dans chaque pièce des biscottes écrasées, ainsi que des résidus de jaune d’œuf qui leur donneront beaucoup d’énergie. L’alimentation industrielle couvrira heureusement une bonne partie des besoins qu’on leur laissera dans les toilettes de la voisine. De la fausse fourrure malodorante recouvrant la lunette est à cet égard une installation confortable facile à salir.

 

Dans un enclos pavillonnaire ou une cage T3 bien conçus, trois secondes suffiront pour observer votre microfaune envahir votre domaine et deux minutes lui suffira pour adopter votre silhouette. Vous la laisserez donc vous grimper dessus et s’installer dans la zone humide de votre slip d’autorité, sans tiquer. L’acarien est un animal curieux qui aime explorer son environnement, laissez donc les vôtres évoluer en liberté dans la maison. Sans concurrence, ces charmants animaux très diversifiés se développeront harmonieusement dans les endroits les plus reculés, surtout si l’ambiance des tapis se montre cosy. L’important pour une heureuse infestation massive synonyme de détente et d’affection est de savoir recréer au mieux un environnement proche de leur milieu naturel. Grâce aux peluches offertes aux animaux, la toux chronique de vos gosses allergiques occupera longtemps les petits chérubins, elle se montre alors, comme on le voit, un formidable modificateur de l’ambiance familiale. Comme le dit si justement Allain Bougrain-Dubourg, les enfants doivent s’approprier la nature. Quel plaisir de réunir vos amis dans la biocénose de votre chambre à coucher poussiéreuse ou doit régner en permanence 80% d‘humidité, afin d’observer à la loupe votre petite chatte couleur noisette, pour se perdre à loisir dans une amusante étude systématique. A cette occasion, vous noterez les habitudes précieuses de chacun de vos microscopiques animaux, avec la place qu’ils occupent dans la classification de chaque acarien élevé, sur ses liens de parenté et surtout ses descendants de pleine race. Une sérieuse étude du pro-fesseur Talbazar conclue que 24% des français préfèrent leurs acariens à leurs conjoints, qu’ils abandonneraient sans remord en cas de choix ! L’acarien n’est cependant pas une machine. S’il est le meilleur des antistress, il faut, on l’a vu, éviter de se curer les pieds ou de rentrer le ventre, par crainte de l’écrasement. Leur rencontre dans un frigidaire constituera toujours, à deux heures du matin, un moment fort et inoubliable.

 

Le lieu de vie influence cependant beaucoup la possession de tel ou tel arachnide : Les caravaniers se montrent majoritairement possesseurs de Tyrolichus casei, contre seulement 22 % des Parisiens. Il est à noté que Pidoglyphus destructor est plutôt prisé par les milieux aisés. Nous dirons donc pour conclure que la relation homme-acarien se modifie peut-être en même temps qu’évolue notre société et nous vous laisserons méditer là-dessus.

 

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Envoyez à la Moyenne Encyclopédie les photos de vos acariens les plus émouvantes, un microscope électronique récompensera le meilleur cliché !

 



Message édité par talbazar le 16-01-2018 à 11:24:10
n°51203784
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 10-10-2017 à 13:02:54  profilanswer
 

Salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : Noeud coulant pour Martin Smith. Extrait numéro 45.

 

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En dépit de ses protestations véhémentes, Guy Ness fut collé dans la soute de l’avion pour le voyage vers Hawaï, avec tout de même une bonne provision de pistaches dans son clapier solidement sanglé. Cette procédure habituelle valable pour tous les perroquets n’eut pas pour autant l’air de le réjouir. L’endroit était sombre et vibrait comme quinze, le confort n’était assurément pas le même qu’en cabine. Manquerait plus qu’il fasse le trip avec des aras de contrebande brésiliens ! Cette supposition semblait toutefois peu probable sur un vol Europe-Amérique. Il y avait là profusion de chats apathiques, de chiens placides et pour tout dire, le coin sentait plutôt fort la ménagerie. En face de lui, une toute petite armoire noire métallique siglée au logo de la Samsara Foundation dévoilait sur sa façade grillagée une dizaine de cages. Une seule cependant semblait habitée par un unique rat de laboratoire au crâne rasé et un peu neurasthénique, qui n‘arrêtait pas de couiner. Les lamentations de ce rongeur portaient un peu sur les nerfs de Guy qui l’interpella au bout d’un moment.

 

– Hé mec, t’as peur en avion ? C’est ton premier voyage sur cette ligne ? Il essaya de ne pas affecter l’attitude arrogante du railleur. Monsieur… monsieur ?

 

– Merci de me faire l’hommage de la conversation, je m’appelle Echo 16, cobaye de labo, mais je suis une dame. Et vous ?

 

– Guy Ness, je suis de la police. Après-tout, en s’insérant dans les enquêtes de Martin Smith, de Gilbert Tricard et d’Angèle Deyord, est-ce que ce n’était pas un peu sa profession ? Et ben ta Samsara Foundation, là, elle mégote pas sur la chandelle pour trimballer ses précieux assistants à travers le monde. T’envoyer vers Hawaï, ça fait tout de même une sacrée distance !

 

– La SF a les moyens, mon gars, tu ne peux même pas l’imaginer. Pour masquer ses larmes, la petite gamine blanche mis la patte en abat-jour devant ses grands yeux à la chaleur fiévreuse. Mon brave bonhomme vient de mourir, c’est pour ça que je pleure, il s’appelait 50 Cal/h.

 

– Je suis désolé. En amour et dans le crime, c’est pareil, ce n’est pas quand on vous flanque un poignard dans les tripes que ça fait mal, c’est quand on le retire. Il voyait qu’elle souffrait réellement, il arrêta de la considérer simplement pour une simple bêcheuse larmoyante.

 

– Merci de l’attention, mais c’est le risque du métier, on sait bien qu’on termine tous comme ça un jour ou l’autre, nous autres. Elle jeta un regard pitoyable vers ce poulet gris à la tête hirsute, la pénombre de la cale d’avion dessinait par moment au gabonais une vraie gueule d’oiseau de proie. Les types en blouse ont inoculé un truc dans le sang de mon 50 Cal/h, la semaine dernière. Et puis salut, au candidat suivant ! Ah bonne mère, les barrières de notre immunité sont si fragiles ! Elle s’efforçait de faire bonne figure devant le perroquet, mais il voyait bien qu’elle était à nouveau à deux griffes de pleurer. Peut-être pour surmonter sa peine, elle sauta malgré tout prestement dans sa roue pour la faire tourner et prendre un peu d’exercice. Un petit écran lumineux connecté au tourniquet indiquait sa vitesse, le nombre de calories brûlées et les pulsations du pouls de l‘agitée. Son riche employeur penché depuis deux semaines sur une étude qualitative de ses lipides n’avait pas rechigné à lui fournir pour le voyage de quoi satisfaire une bonne hygiène physique. En général, les expérimentateurs respectaient moins les rats qui faisaient du bide.

 

– Ton crâne tondu là, demanda Guy, c’est juste un effet de mode ?

 

– Non, c’est pour poser les électrodes, mais c’est pas très sexy, je l’avoue.

 

– Dis-voir, Echo 16, ton labo, là, il aurait pas quelque chose à voir avec la mafia de la coke ?

 

–  Je suis bourrée de médocs, c’est certain, mais ce n’est pas de la cocaïne, si ça peut te rassurer. Si c’était le cas, la SF aurait loué un avion privé, tu n’es pas très perspicace, pour un flic.

 

– Tu sais sur quoi tu bosses en ce moment, au moins ?

 

– Ho c’est plutôt secret, je crois qu’il s’agit d’une histoire d’adénoplastie moléculaire et de greffes de cadavres, commandée par un génie médical docteur en manipulations génétiques, mais je n’ai pas vraiment accès aux infos qui me concernent personnellement, tu sais. Tout comme les collègues, je vis habituellement en Suisse dans un bunker enterré du Biological Research Organization de la Samsara Foundation. Des murs énormes où règne une température constante de 10 à 12 °, été comme hiver. La scientifique lissa ses poils blancs en arrière d’un coup de patte. Ravie de te rencontrer, en tout cas, mec.

 

– Pareillement, mademoiselle.

 

– Et toi, qu’est-ce que tu vas foutre à Hawaï ?

 

– Je suis sur la trace d’un sénateur véreux. Un lascar criminel que mes collègues voudraient récupérer. Guy ne put s’empêcher de prendre sur son perchoir une pose avantageuse.

 

Tout en lui parlant, il se demandait en réalité si cette gosse malheureuse avait été la victime d’une stérilisation forcée. Il imaginait sans peine sa pauvre vie vouée au médical dans une salle aseptisée enfouie au fond d’un immense cube de béton, sous un plafond bas allumé de néons tremblants. Le programme de recherche qu’elle venait de citer lui disait vaguement quelque chose. En tout cas, avec son copain décédé, les expérimentateurs avaient tapé à côté de la cible. Le pauvre rat défunt 50 Cal/h cramé dans l’incinérateur du labo, après avoir été placé dans une solution de pénicilline et congelé à - 70°, n’était plus rien d’autre à présent qu’un simple sujet de conférence. Les théories de la science menaient à une réalité quelquefois sordide, les modèles s’inventaient dans les ordinateurs et on gardait bien au chaud les sujets employés pour les vérifier, comme cette gracieuse ratte éplorée qui lui faisait face, tant qu’elle pourrait servir. La biologie du futur ne pouvait se confondre avec des études prêtes-à-porter. Pour les cobayes condamnés à une éprouvante roulette russe et constamment soumis à parier leur vie, pas question de réclamer plus de bouffe, moins d’heures supplémentaires, voir de créer un syndicat pour défendre le moindre acquis. Vingt quatre heures sur vingt quatre à jouer son existence sur un coup de poker dangereux, injecté par une seringue aux gouttes insidieuses et tenue sans trembler par un clampin prétentieux aux lunettes d‘écaille, avec un résultat toujours aléatoire. On n’envoyait certainement pas vers Hawaï cette courageuse gamine blanche pour aller s’y pavaner en reine d’un gala de variétés ! Il avait pour le coup bien envie de la libérer sur le champ, la petite Echo 16, même si elle ne faisait après-tout que son boulot. Le perroquet se prit pour cette ratte encagée d’une foudroyante sympathie. Elle s’en rendit compte et s’arrêta brusquement de tourner en rond en tortillant des pattes comme une dingo.

 

– Faut pas t’inquiéter pour moi, Guy. D’après le dernier bulletin, mon cœur est bon et je ne crois pas avoir de réaction inflammatoire en vue. J’ai du bol plus que d’autres, j’échappe à l’autopompe et ce n‘est pas une petite opacité floue détectée à la dernière scopie qui va me foutre la trouille. Ce qui me fait le plus mal, en fait, c’est que ces salauds de toubibs m’ont arraché le seul amour de ma vie, d’une simple dose de phénylbutazone par voie rectale.

 

– Encore une fois, toutes mes condoléances, vraiment. Un tic nerveux agita les plumes de son aile gauche qu‘il déploya brièvement, la pensée de Vaya Condios l’attrapa de plein fouet, le souvenir de la jeune femme introuvable le froissa durablement, en l‘emplissant d‘une cruelle nostalgie. La soute obscure plongea ensuite pour un bon moment dans un profond silence ; pour assurer leur calme, la plupart des animaux confinés là-dedans avaient été drogués.

 

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Message édité par talbazar le 16-01-2018 à 11:27:00
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talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 12-10-2017 à 18:42:49  profilanswer
 

Salon des inventions.

 

Les machines essentielles du pro-fesseur Talbazar.

 

Aujourd'hui : L'extracteur d'idées creuses.

 

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Avec 66,62 millions d’extracteurs d’idées creuses vendus dans l’hexagone en 2015, Talbazar Product est l’incontestable leader dans ce domaine et offre une large gamme d’appareils non-modulaires, figés et déconnectés du réel. Toujours sensible à l’abandon d’une brillante idée, elle présente avec résolution un système qui vous obligera à lever bien haut un pouce par poing afin de déclarer forfait, pour faire comprendre aux collègues qu’ils feraient mieux d’en éviter la concrétisation future. Notre extracteur offre une grande rigidité d’action avec 8 idées creuses cadencées par minute (20 000 idées nulles extraites chaque mois, par moi et par toi ). C’est le haut de gamme de la machine qui satisfera vos désirs universel de néant. Les idées creuses vous arrivent une après l’autre et sont immédiatement repérables, c’est l’occasion pour n’importe quel penseur de les appeler enfin par leur nom. Cet appareil novateur relie enfin brillamment les hommes à leur expérience professionnelle habituelle, en leur offrant un équipement au service d’une entreprise très exigeante : la transmission de données inutiles quand elles se pointent dans les cerveaux qualifiés, sur une base logistique complètement appropriée par les incompétents. Tout diplôme n’étant par ailleurs rien d’autre qu’un élément-clé de la dictature des inaptes, puisqu‘il leur permet d‘accéder à un poste par principe. Nul besoin d’un certificat pour affirmer que les études seront toujours primaires, on l’a si bien entendu que justement, le certificat d’études primaires a disparu en 1989 faute de candidats, sans doute trop doués.

 

Pas de panique, l’extracteur d’idées creuses est précisément là pour venir rétablir l’équilibre entre le petit génie et le glandeur, en offrant à ce dernier le moyen de savourer comme les autres les congés payés. Qu’il s’agisse de venir à bout des embouteillages en doublant la quantité d’air disponible dans les chambres à air des camions, voir inventer des automobiles pliantes, ou de limiter la surpopulation des plages en les transformant en plantations de maïs, l’extracteur propose avec méthode, mais comme vous le dira lui-même votre supérieur hiérarchique, ensuite vous pouvez disposer. Las de pratiquer constamment l’auto-élitisme, avec l’aide de notre machine vous changez avec bonheur de casquette en un tour de main, puis vous croisez finalement les doigts dans votre coin ou par chance, tout le monde vous laissera dormir tranquille. Fini les masturbations intellectuelles pour trouver la bonne idée, avec le risque de se prendre un gadin sur un pitoyable succès d’estime. Et chouette, bonjour les masturbations normales dans les chiottes de l‘usine ! Avec l’annonce d’une bonne idée creuse, vous aplanirez durablement votre indice d’écoute auprès de votre entourage sans la moindre culpabilité. Nous irons même plus loin, pour vous, l’édition d’un ouvrage à compte d’auteur pointera son nez dans les plus brefs délais. Soyez l’élite de la déconstruction en faisant le ménage au milieu de vos idées brillantissimes, puisqu’elles vous mettent constamment en danger d’en évaluer la pertinence, soyez zen une fois pour toutes et soyez parfaitement rassurés, une idée creuse se réalise rarement en dehors des réformes politiques.

 

Votre fierté, c’est de dormir au bureau jusqu’à midi, l’extracteur d’idées creuses respecte avec brio ce rythme qui est le vôtre en vous permettant à loisir de temporiser. Pour vivre bien rassuré, il faut être informé. Notre machine, en affichant quantités d’idées nulles, va donc vous permettre de vivre mieux en vous permettant de donner astucieusement le change, afin de cogiter avec rigueur cette fameuse idée bancale que vous déclinerez ensuite à votre patron avec la dernière des élégances. L’idée pleine étant cette fois de gagner du temps pour aller se recoucher près de la photocopieuse. Vous ne tarderez pas à faire un bilan positif pour vous regarder avec complaisance dans la glace, la sérénité d’une existence vouée au calme ne sera pas remise en question par une terrifiante idée enthousiasmante. Vous restez vous-même, pas de tromperie sur la marchandise, l’effort découlant de l’utilisation de notre extracteur n’est pas vain, il n’aura simplement pas lieu. Coiffé du casque de l’extracteur, les idées creuses partent et viennent, le séquenceur permet de les identifier rapidement. Grâce à sa merveilleuse bobine d’allumage à l’uranium 33 et son splendide bol trisomique 21, une fois enclenché le commutateur du bloc électronique en aluminium,  les idées creuses s’inoculent à vous temporairement et votre volonté ne freinera pas leur extension. Dans les chemises amovibles sèches, elles s’empilent ensuite les unes sur les autres, sans le moindre effort d’imagination, ce qui est le but recherché. La question des origines de l’homme est source de conflits ? vous répondrez qu’il est né dans un chou, il y a six mille ans, avec déjà une parfaite conscience de ce qu’il allait devenir. On va vous contredire, n’ayez crainte, en 7 millions d’années, l’homme de science n’a jamais cessé d’évaluer, laissez-le donc faire et donnez-vous la chance d‘évoluer dans un autre milieu. Enfin bref, une idée creuse sélectionnée pour sa bêtise est rapidement calibrée par l’extracteur et comme par magie, au fin fond de votre cerveau, d’acquise elle deviendra certainement innée. La science n’a pas résolu toutes les énigmes ? Qu’elle aille se faire foutre, grâce à notre outil révolutionnaire, nous nous le faisons d‘une façon magistrale ! Franchement, nous l’affirmons sans crainte, vous serez étonné et l’essai d’une heure pour les lecteurs de la Moyenne Encyclopédie est presque gratuit.

 

Merci, pro-fesseur Talbazar !

 

PS : article rédigé sous l’influence de notre machine.


Message édité par talbazar le 16-01-2018 à 11:28:49
n°51235909
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 13-10-2017 à 10:44:03  profilanswer
 

Salon des inventions.
 

 

Les machines essentielles du pro-fesseur Talbazar.
 

 

Aujourd'hui : L'effaceur de visage.

 

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Délit de sale gueule, discrimination à l’embauche, contrôle au faciès, tronche qui ne revient à personne, vous êtes en rogne, alors que vous fonciez la tête haute vers un succès express, il y aura toujours un vis à vis pour vous rogner les ailes en vous regardant bien en face. Vous lorgnez votre agenda mirifique rempli de rendez-vous vers la gloire, pendant que l’autre vous dévisage en ricanant et vous fait replonger sans appel dans l’underground, au milieu des anonymes reconnaissables et malheureux. Votre façon de vous fringuer n’est pas en cause, votre corps malingre non plus, votre brillante startup ne décolle pas pour une unique raison : votre figure, celle que vous ont offerte vos saloperies de parents, ne suscite aucun engouement de la part de vos interlocuteurs. Notre matériel génétique et la cinquantaine nous donnent trop souvent une apparence de poubelle humaine, mais nous savons qu’après une opération de chirurgie esthétique, le résultat est tellement pire que le rendu délivré sur nos godasses par ceux qui nous regardent est trop souvent un fleuve débordant. Le rappel à l’ordre d’un visage bouffi et pour le moins quelconque est sans appel, tenter de l’effacer par un acte pyrotechnique est certes envisageable, mais affreusement douloureux, prenons ici au passage pitié des grands brûlés qui n‘ont rien demandé. Avant de retourner vivre pauvrement dans votre garage insalubre, par urgence et obligation, portez plutôt attention à la nouvelle invention que le centre d’études associé au salon du pro-fesseur Talbazar vient de développer, pour vous aider à réintégrer au mieux votre merveilleuse carapace. L’effaceur de visage vient en aide à toute personne désireuse d’en finir une fois pour toute, à égalité, avec la beauté et la laideur. Rien n’empêche ensuite de rester chevelu ou de conserver une voix enchanteresse, il s’agit juste de gommer les traits qui vous particularisent si sournoisement. Pour les sauvages méprisants et dédaigneux qui vous entourent, il faudra se pencher sur d’autres critères que votre frimousse devenue lisse pour déterminer si vous êtes homme ou bien femme. Plus besoin de lunettes noires, ce genre de prothèses bien encombrantes à porter au cours d’un été sans soleil, pour se fondre enfin admirablement dans la masse des anonymes heureux. Un visage aussi plat et poli qu’un cul de bébé est la récompense surfacique offerte par notre appareil, lequel va donner aux autres l’occasion inespérée d’essayer de vous comprendre au mieux de façon intuitive, vous, le sans-visage à la beauté nue que grâce à nous, vous êtes tout d’un coup devenu. Votre pauvre gamin, auparavant injustement harcelé pour son acné tenace ou sa petite gueule de lampadaire, va enfin pouvoir retrouver le chemin de l’école en chantant tout haut. Plus jamais ses petits copains n’oseront changer de trottoir en croisant la prunelle de ses yeux.

 

Grâce à l’effaceur de visage, votre figure décapée de ses traits devient un hommage ambulant à la boule de billard, vous allez faire fureur sur les sites de rencontre, ce sordide marché de l’amour qui exige souvent votre photo pour entrer en contact avec de jolies blondes. Elles n’étaient pas pour vous, mais après l’usage de notre machine, elles seront toutes à vous, vous allez recueillir à la pelle les louanges escomptées. Comment pourrait-elle savoir avec certitude que vous ressembliez plus à Quasimodo qu’à Georges Clooney, avant l’usage de notre précieux matériel ? Le doute vous profitera toujours, à vous les coups de cœur d’excellente qualité. Votre sourire permanent et débile, d’ailleurs impossible à retoucher sur vos portraits, agaçait auparavant les imbéciles, les voici revenus à de meilleurs sentiments, confrontés qu’ils seront au réel de votre bouche inexpressive et ouverte sur un rictus que personne ne parviendra plus à décoder. Avec notre machine, vos oreilles encadreront un mur. Au placard à jamais, l’expression non verbale. L’effaceur de visage, c’est la traduction immédiate de l’alphabet de vos rêves, à l’usage des connards qui vous observent d’abord et vous jugent ensuite. La crise viendra d’une autre cause, surtout si en tant que prof vous bandez comme un cochon devant une inspectrice de l’Education Nationale. En attendant, faites table-rase de votre tronche bien rasée pour raser les raseurs et pariez sur l’esthétique de l’effacement, puisque c’est désormais possible avec notre trouvaille.

 

L’effaceur de visage rechargeable n’est qu’un simple vaporisateur rempli d’un soluté liquide dont la formule secrète est constituée d’un brevet exclusif, c’est bien évidemment la solution liquide à tous vos problèmes, puisqu’une simple pression sur votre petite poire fait que votre figure devient temporairement un paysage flouté, pour une durée variable entre cinq heures et vingt cinq ans. Excellent antiride, cet appareil qui allie le plaisir esthétique à la délivrance des contraintes aliénantes d’avoir été toute sa vie le sosie du Che Guevara ou de Brigitte Bardot va révolutionner votre existence. Notre effaceur de visage en main, assis dans votre salle de bain grouillante de vermine et de cancrelats, vous voici libre de l’épouvantable contrainte de ressembler à vous-même, d’une simple impulsion matinale de l’index et du pouce. Une invention salutaire qui va vous délivrer entre les deux yeux, d’une façon magistrale, le magnifique et bienfaisant nuage de l’oubli.


Message édité par talbazar le 16-01-2018 à 11:29:36
n°51240117
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 13-10-2017 à 15:44:52  profilanswer
 

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Message édité par talbazar le 16-01-2018 à 11:31:04
n°51246018
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 14-10-2017 à 11:20:42  profilanswer
 

Revue de presse.

 

Aujourd'hui : Un tracteur dans le ciel.

 

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Message édité par talbazar le 16-01-2018 à 11:38:26
n°51291315
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 19-10-2017 à 07:49:41  profilanswer
 

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Message édité par talbazar le 16-01-2018 à 11:40:40
n°51296554
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 19-10-2017 à 16:15:41  profilanswer
 

Salon littéraire.
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar.
 
Aujourd'hui : Biographie de Gaston Boudiou - extrait Numéro 34.

 

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La poignante correspondance échangée entre Véronique Taloche et Gaston Boudiou au cours des heures chaudes de cette année 1968 nous prouve que le monde se trouve bel et bien à l’aube d’une véritable rupture culturelle. Le collectif démocratique du 36 rue du couvent nous en offre d’ailleurs l’illustration saisissante, avec l’idée phare de replacer l’humanité au centre de chaque réflexion. Les livres  « La société du spectacle » de Guy Debord et le « Traité de savoir-vivre à l’usage des jeunes générations » de Raoul Vaneigem trainent sur les tables de chevet, on commente avec véhémence l’occupation de la faculté de Nanterre et Gaston et Véronique inventent un jeu épatant qui consiste à rester au lit. Ils s’abandonnent ainsi aux plus joyeux fous-rires, en s’attachant à résoudre l’un dans l’autre l’équation du bonheur parfait. Un chassé-croisé de gestes tendres et conséquents, par devoir de plaisirs partagés. Si Boudiou attrape sa petite Véro pour la combler à cette époque-là d‘un amour exclusif, nous pensons pouvoir dire qu‘il réalise en sa compagnie une sorte de seconde révolution sexuelle, à coup de gentilles claques sur les fesses de cette rousse qu‘il aime tant. Ils se trainent ensuite bras dessus, bras dessous en riant vers le Zanzibar pour y retrouver la jeunesse complice de Bripue, afin de communier tous ensemble au sein d’une oisiveté sympathique. Sous l’action conjointe de sa copine et de son pote l’apprenti mécanicien Jean Micheton, Gaston Boudiou renonce peu à peu aux drogues et à leurs transes miraculeuses. Il se lance par contre souvent au fond du bar dans de vifs débats passionnés avec Joseph Wronski, concernant la fusion des pronucléi et les possibilités d’arriver un jour à cloner l’humain. Alors que Gaston est à deux doigts d’en imaginer un processus fiable, il renonce à le développer plus avant, dégouté d’être à l’avenir tenu pour personnellement responsable de la fin de toute reproduction sexuée. Il aime trop chatouiller sa Véronique, tout en appréciant hautement ce qu’elle lui apporte chaque nuit, puisqu’à l’instar des autres hommes, il est principalement animé de désirs, même si dans les bras de la jeune fille, il a beaucoup de mal à se différencier de l‘animal. Le juke-box du bar de Jonas égrène donc ce jour-là le fameux « Good vibrations » des Beach Boys, lorsque Gaston se lève et se dirige vers les toilettes afin d’éliminer sa dernière bière. En chemin, titubant soudainement entre les tables, il a le curieux sentiment de se diriger dans le dédale compliqué d’un fantastique labyrinthe. Il est toutefois résolu à voir où sa marche hésitante va bien pouvoir le conduire. Il referme enfin la porte des chiottes où règne une extraordinaire senteur de vase et de putréfaction, créant plus que jamais une atmosphère étrange, puis il discerne au sein d’un étrange brouillard le point focal de la cuvette floutée qu’il s’efforce de viser d‘une façon malhabile. Nous connaissons cette foule de détails grâce au carnet écrit de sa main toute de suite après l‘évènement, dans lequel il a bien voulu relater avec émotion cette expérience unique. Un fantastique phénomène qu’il a tracé au propre en 1983, pour rédiger un livre fort bien vendu intitulé « 1968, grogne et manifestation d’incarnation en moi, mais de lui-même ».

 

En effet, au moment où il se penche sans méfiance sur la cuvette à la propreté suspecte et d’où semblent émaner à présent de menaçants nuages de souffre, Gaston Boudiou est victime d’un étonnant paradoxe temporel, doublé d’une curieuse fatigue paralysante. Une main cruelle et froide qui cherche à l’étrangler se pose brutalement sur son cou, il sent qu’une entité invisible tente de prendre possession de son corps soumis. L’âme de l’adolescent comprend juste à temps l’erreur de résister, il s’abandonne à la force maléfique qui vient de transformer le siège des WC, sur lequel il doit s’asseoir pour ne pas sombrer, en formidable porte astrale. Dans le secret du cabinet maudit aux murs recouverts de graffitis plus ou moins drôles, ses jambes flageolent et la cuvette résonne de déflagrations démoniaques, le ventre de Gaston se transforme en brasier géant, ses lèvres se tordent et ne sont plus tout à fait au centre de ses joues. Il pousse un terrible cri d’épouvante, alors qu’il s’enfonce peu à peu dans une obscurité menaçante. L’ampoule du plafonnier s’éteint subitement. Si, suite à l’incident, les toilettes du Zanzibar sont bien entendu devenues depuis ce jour pour beaucoup de gens un lieu de culte sacré par les aficionados du style directoire, le jeune Boudiou redoute vraiment à ce moment-là la noirceur absolue qu’il distingue au bout du tunnel, dans lequel un démon invisible s’efforce de l’engager. La musique du bar couvre ses hurlements, mais la tête harcelée du pauvre Gaston entend dans ses oreilles, qui se mettent à saigner, de sombres chuchotements, lesquels lui annoncent que son essence mortelle atrocement dilatée et brillante est en train de traverser les siècles à rebours, aussi rapide que la lumière. Un effort de volonté chasse pour un temps la peur et sa cohorte de vapeurs noires et sinistres, mais il n’est guère possible de pouvoir lui échapper très longtemps, la chose immonde sortie du trou d’en bas va finalement parvenir à ses fins. Gaston le sait et surtout il le sent. Il vient soudainement d’intégrer une nouvelle anatomie, faite d’épaules plus larges, de bras plus volumineux et d’une poitrine plus puissante, gage entre autre d’une meilleure vitalité. Dans le secret des petits coins du Zanzibar, il comprend finalement que lui, Gaston Boudiou, né le 6 Août 1953 à Troulbled, fils d’Emile Pertuis et de Caroline Cocominute de Givenchy, élevé d’abord par René Boudiou puis par sa grand-mère Ernestine, il est en réalité la réincarnation bien vivante de Nicolas Hyacinthe Roubignolle, né le 5 Nivôse de l’an 3 à Calydon, voltigeur dans un bataillon de la garde impériale, 5e régiment de la 4e compagnie, par conséquent ancien grognard dans la Grande Armée de Napoléon, bien entendu décoré de la médaille de Sainte Hélène, hélas mort en tombant de son lit le 6 août 1853. De quoi espérer recevoir de la France, s’il sait s’y prendre, une pension substantielle majorée du temps écoulé, relativement aux subventions accordées aux anciens militaires de la République et de l'Empire en application de la loi du 5 mai 1869.

 

Dans le calme revenu, Gaston rallume l’ampoule et termine désormais calmement sa pissette en songeant avec une nostalgie touchante au pape pie VII, lorsque ce dernier a placé d’une main tremblante la couronne sur la tête de l’empereur. Lui, Nicolas Roubignolle, se souvient parfaitement avoir eu l’oreille pincée par Napoléon 1er un beau jour de Floréal, parce qu’il le valait bien, avant de se prendre ce soir-là cinq bleus sur la même cuisse. N’a-t-il pas combattu avec discipline et sauvagerie dans les retranchements de Fuentes de Onoro, en observant ensuite sa troupe recevoir une bonne branlée ? Il se souvient, oui, de ce pitoyable 3 décembre 1812 et du sinistre 29e bulletin annonçant le désastre de la Bérézina. Tout est limpide en lui, c’est parfaitement clair, il fut bien cet autre que, fusil à la main pointé sur son front, l’arrière-garde s’efforçait de galvaniser admirablement, et surtout constamment. La seule chose que l’on conserve avec certitude en nous, n’est-ce pas ce que l’on sait avoir à tout jamais perdu, ce que la psychologie appelle réviviscence ? Si Gaston est si certain de coïncider avec Nicolas, puisque après-tout, on ne se souviens que de soi-même, il faut bien avouer que la pauvre Véronique aura bien du mal à se dépêtrer avec la mémoire ambiguë de son copain, surtout les nuits où il se mettait à revivre dans leur lit un passé qu’elle savait passé. Les jours qui suivront la révélation de son incarnation, il faudra beaucoup de patience à Gaston Boudiou pour lui faire admettre que la mémoire pure s’affranchit sans doute, comme nous le dit Bergson, de toute mécanique nerveuse.

 

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https://www.youtube.com/watch?v=9muzyOd4Lh8
https://www.youtube.com/watch?v=N-aK6JnyFmk
https://www.youtube.com/watch?v=WANNqr-vcx0
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talbazar
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Posté le 28-10-2017 à 13:13:34  profilanswer
 

Merchandising.

 

Sous-section de Médecine et barres parallèles.

 

Ajourd'hui : L'eau de flaque du jardin de Talbazar.

 

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De source commune, à laquelle sait toujours puiser le pro-fesseur Talbazar pour innover, les pollutions planétaires seront vaincues dans leur totalité l’année prochaine, le trou dans l’ozone sera comblé à la fin de cette année, le climat va se refroidir et vers Noël, l’agriculture intensive ne sera plus qu’un cauchemar oublié, triste objet de curiosité pour les nouveaux historiens du 21è siècle. Eh bien disons-le tout net, la dangereuse transition écologique qui semble vouloir mener le prochain monde nous mène en cascade vers la chute inévitable de l’humanité. la Moyenne Encyclopédie ose affirmer qu‘il s’agit ni plus ni moins d‘un crime contre elle. Nous osons dire ici que cette nouvelle vague purificatrice nous mène en bateau, puisqu’en exigeant de permettre aux clients de respirer de l’air pur et de manger bio, elle fragilise en fait nos organismes, devenus incapables de muter correctement. Ce miracle programmé d’un retour rapide au naturel est pour l’auteur de cet article la goutte immaculée qui fait déborder son vase de nuit. Oui, tous ces prophètes dangereux qui manœuvrent pour nous faire retrouver une planète telle qu’elle était il y a 300.000 ans menacent nos fantastiques opportunités d‘adaptation, freinent notre évolution artificielle et nous, pauvres petits citoyens fragiles de la voie lactée désormais privée de tout lactose, nous allons probablement tous en mourir à brève échéance. Il en va tout simplement de notre immunité. Voilà pourquoi nous exigeons que les autocollants « Nucléaire ? Oui merci ! » fleurissent plus que jamais à l’arrière de nos gros 4x4 propulsés au diesel à fortes émissions. Il est plus que jamais urgent de renouer au plus vite avec la croissance et l’hyperconsommation, c’est ainsi que nous pouvons bénir les multinationales qui exploitent les mines d’or, car elle font sur ce point un travail d’orfèvre en polluant l’Amazone au mercure. Que toutes les espèces soient menacées, si l’on veut justement sauver la nôtre, plongeons sans hésitation le nez dans le ruisseau charriant sa multitude de poissons crevés, comme le mauvais sauvage suggéré par Rousseau. Nageons avec résolution dans la bonne eau boueuse enrichie de pétrole liquéfié, gonflée de ses salutaires résidus industriels. Le pro-fesseur Talbazar vous dira même mieux, pour votre santé et celle de votre entourage, buvez-là.

 

Oui, oui, nous entendons déjà les voix naïves qui hurlent pour nous contredire, mais c’est nous qui irons bientôt leur porter des oranges traitées à l’hôpital ! Nous répondrons simplement que par rapport à ceux qui se contentent de boire de l’eau minérale, les écrivains alcooliques vivent en général plus vieux que les autres. Parce qu’un organisme attaqué par des substances nocives en vaut deux. Pas question de donner du grain à moudre aux gens qui vont se planter, ni de surfer sur la vague atrocement purificatrice, encore moins de jouer sur cette espèce d’autofiction en cours, laquelle voudrait nous faire croire qu‘un poumon sain peut avaler sans crainte l‘air des grandes villes. Nous affirmons qu’une ingestion rationnelle et programmée de pesticides permet à nos corps fragilisés par la bouffe bio de redevenir enfin cette mécanique totalement huilée qui va nous redonner l’espoir de résister convenablement à l’environnement tel que le système marchand nous l’offre. La saine pratique culturelle, que nous approuvons, se trouve toute entière conditionnée dans l’Eau de flaque issue du jardin de Talbazar, laquelle ne vous empêche pas pour autant, et pour cause, de satisfaire aux enjeux industriels offerts par une surconsommation de médicaments. L’eau de flaque, certes vendue beaucoup plus cher qu’une eau libérale classique embouteillée, n’est pas un subterfuge, elle est la solution rêvée pour renforcer enfin votre organisme. Cette eau sale bourrée de poisons est tout simplement géniale pour pratiquer l’automédication ; en ce sens on peut parler à son sujet de potion magique. Potable par persuasion, elle devrait trôner sur toute les tables des cuisines, tant ses bienfaits son grands, une fois passées les premières nausées. Cette eau directement pompée à la bouche par nos employés courageux, chargée des éléments nocifs que vous allez être obligés de combattre devient, d’une simple gorgée responsable, l’eau neuve de vos cellules en crise d’adaptation. Nul doute que les bienfaits de notre eau de confort salutairement polluée ne vienne à susciter les plus vives discussions dans les cabinets, fussent-ils médicaux. Certes, la cure quotidienne de cette eau de flaque dont nous poussons le bouchon n’est pas forcément gourmande, mais elle se montre salutaire. Loin des sirènes, ces chantres de la fragilité qui veulent nous amollir au son des sirènes d’ambulance avec leur eau pure, on dîne en s’abreuvant avec notre nectar de la mare sans grenouilles, pour enfin plonger dans le grand bain du monde industrialisé. Ainsi astucieusement mithridatisé par la fraîche Eau de flaque du jardin de Talbazar, notre corps devient peu à peu insensible aux agressions multiples. La flotte polluée au Glyphosate que nous proposons à la vente pourrait même provoquer chez vous une bienfaitrice accoutumance. Malade, mais plus jamais coupable. Quand à nous, aidé par une poignée de dévots, si notre désir de bénéfices est de faire fortune avec ce produit admirable aux vertus si clairement thérapeutiques, c’est parce que nous voulons enfin prendre aux Seychelles de longues vacances en bronzant aux U.V, cette fois-ci réellement du bon dieu. Des vacances paradisiaques bien méritées, comme celles de monsieur Hulot, astucieusement sponsorisé par TFI, L’Oréal, EDF, Hôtels Ibis, Procter and Gamble, Autoroutes du Sud et les piles Duracell, celles qui ne s'arrêtent jamais.


Message édité par talbazar le 16-01-2018 à 11:43:44
n°51385160
talbazar
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Posté le 29-10-2017 à 14:42:04  profilanswer
 

Salon des inventions

 

Fiches mémo des grands inventeurs.

 

Aujourd'hui : Philibert Nation.

 

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Posté le 29-10-2017 à 15:54:09  profilanswer
 

Salon des inventions
 

 

Fiches mémo des grands inventeurs.
 

 

Aujourd'hui : Hector Partageay.

 

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n°51401953
talbazar
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Posté le 31-10-2017 à 10:58:30  profilanswer
 

Salon des inventions

 

Fiches mémo des grands inventeurs.

 

Aujourd'hui : Adol Evita.

 

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Salon des inventions

 

Fiches mémo des grands inventeurs.

 

Aujourd'hui : Philippe Ophise.

 

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Salon des inventions

 

Fiches mémo des grands inventeurs.

 

Aujourd'hui : Léon Dy.

 

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Salon des inventions

 

Fiches mémo des grands inventeurs.

 

Aujourd'hui : Thérésa Tiszekouaistion.

 

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Message édité par talbazar le 31-10-2017 à 11:31:44
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Posté le 01-11-2017 à 15:43:33  profilanswer
 

Salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : L'épilée du Nil. Extrait numéro 80.

 

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L’oasis de Bangasirup était le genre d’endroit que ses habitants préféraient quitter pour aller vivre dans une grande ville. La présence de nombreux pèlerins venus se recueillir au petit temple d’Amon compensait à peu près le manque de natifs, puisque beaucoup de fidèles étrangers allaient se recueillir en couple à côté, à l’ombre d’un grand mastaba au jardin en jachère planté de cyprès. Un trou circulaire creusé dans le sol du sanctuaire faisait jaillir une eau lourde, censée être curative d‘après le rite égyptien de Cagliostro, guérissant par exemple la mauvaise humeur. On voyait donc s’entasser près de l’entrée un grand nombre de cannes et de béquilles. Depuis son arrivée, la pauvre nourrice Keskiya, qui fréquentait assidûment l’endroit, se voyait hélas régulièrement retournée comme un gant par les pèlerins, pour subvenir à ses besoins comme à ceux du petit Moisi dont elle avait la garde. Elle avait depuis longtemps vendu sa bague de Ré en grès noir, gravée des puissantes « formes de Louxor » aux bénéfiques ondes de forme, lesquelles promettaient à son porteur protection, forme physique et psychique, mais aussi une intuition sans faille. Elle l’avait commandée par correspondance et chèque postal à un orfèvre de Gizeh qui les importait de la Chine, contre une forte somme et une autre pour les frais d’envoi. Plus rien à présent ne la protégeait des attaques astrales, voilà pourquoi une ribambelle de salopards avinés lui versait sur les seins des corbeilles de fleurs en même temps qu‘un peu de monnaie pour survivre, en la laissant au petit matin informe et frigide, avec rien d’autre qu’une forte surcharge négative pour affronter la journée. Elle cherchait devant l’entrée du temple un signe d’espoir dans le ciel bleu, ou sous la lune et les étoiles, mais les dieux ne semblaient pas disposés à faire sur elle un travail magique, ou même prendre ses suppliques en considération. Les prêtres lui demandaient seulement de se retourner en paix. Seul le petit Moisi aux dents d’une dimension étonnante, qui sentait le bouc comme le Pan des grecs et qu’elle regardait souvent d’un œil attendri jouer avec sa poupée dans une mangeoire à foin, lui laissait dans le cœur une merveilleuse saveur. Las de chercher en elle l’assistance d’un esprit rédempteur, toute de noir vêtue, elle se rendait chaque matin sur la route auprès d’une baraque en bois isolée, pour lever le pouce et faire de la litière-stop afin de quitter l’oasis au plus vite. C’est ainsi qu’elle vit s’approcher, se dirigeant vers elle à marche réduite, la belle Simkâ royale dirigée par Amékel-Vachar. Celui-ci donna l’ordre aux porteurs de stopper la litière en arrivant devant la nourrice.

 

– Alors comme ça, tu fais du stop aux aurores qui chantent, pour aller où ?

 

– Je sais pas trop, du moment que je dégage d’ici. Elle s’éventa pour combattre la chaleur du climat sub-tropical, pleine d’appréhension que le thébain puisse reconnaître Moisi.

 

– Je vais vers Larnak, vas-y, monte.

 

Soucieuse ne de pas éveiller les soupçons, elle s’exécuta malgré-elle en prenant place au côté du chef des porteur sur les coussins brodés. Collé sur ses genoux elle cramponnait Moisi, contre le visage déformé duquel elle avait rabattu son petit bonnet de Phrygie.

 

– Te fatigue pas, fit Amékel-Vachar en la regardant faire, alors qu’ils croisaient une patrouille de soldats qui frappaient leurs lances sur les boucliers en chantant « c‘est nous, les gars de la légion, en vainqueurs nous défilerons… ». Je sais qui c’est, le môme.

 

Keskiya failli sauter en marche, mais la présence des militaires l’en dissuada. Involontairement, un terrible cri de panique s’échappa néanmoins de sa bouche, ce qui provoqua brièvement les vagissements de l‘enfant.

 

– Allons, allons, vois plutôt en moi un allié objectif. On va lui préserver son règne, à ce gamin. Faut juste que Schrèptètnuptèt ne retrouve pas son fils, ni sur la terre, ni dans le ciel, ni sur la mer. Elle est devenue cinglée.

 

Le seul énoncé du nom de la mère légitime de Moisi fit frissonner Keskiya, mais il était encore trop tôt pour qu’elle fasse pleinement confiance à son voisin. Elle imaginait pourtant assez bien tout l’intérêt qu’elle pouvait tirer de leur communauté, puisque comme tous ceux qui travaillaient pour le palais de Thèbes, cet homme était puissant, à défaut d’être populaire. La plupart des dignitaires étaient par principe hostiles aux humbles, la nourrice se méfiait donc grandement de la bonne volonté affichée par le fonctionnaire. La patrouille s’éloignait à présent au son de « Car le diable marche avec nous, ah, ah, ah… ». Sur le bord de la route, un fellah terminait le canal d’irrigation qu’il avait passé son existence à creuser. Amékel-Vachar tira les rideaux jaunes pour protéger la cabine, à la fois du soleil matinal déjà ardent et de l’importune poussière soulevée par les sandales des porteurs, chaussés spécial désert.

 

– Dis-donc, le petit Moisi, il a une belle capacité de front, hein ?

 

– Ho ça va, c’est un gros céphalique et il a la base du nez au milieu de l’œil, ok, mais faut pas se moquer, il a juste une prédominance de la deuxième zone, celle de la spiritualité. Ce sera un type cérébral et un futur pharaon qui contrôlera ses instincts par son intelligence.

 

Le gosse avait surtout une tête de dauphin. La moue que rendit Amékel-Vachar prouvait son avis mitigé, mais son adaptation élastique transforma son rictus en sourire. Toutefois, en imaginant le gamin en train d’escalader un escalier, il pouffa de rire malgré-lui. Comme toute sagesse disparaissait en lui, il s’appliqua la technique ancestrale égyptienne du développement interne de la compassion, par dissociation des idées et de l’intention. En fin de matinée, ils s’arrêtèrent devant une auberge cossue et accueillante. La lumière inondait la pièce unique et les yeux de la patronne pétillaient de malice, en dépit de ses onze enfants en difficultés d‘apprentissage. Sur l’un des murs beiges autrement nus, les hiéroglyphes criards d’une petite affiche invitaient à se rendre à un prochain congrès de Psychosynthèse près de la deuxième cataracte. Trop de gens se sentaient en effet méchamment humiliés par les dimensions hors-normes du Sphinx et des pyramides qui pigeaint à 140 m, décontenancés par leur immobilité immuable, ils avaient parfois besoin de se sentir rassurés dans leur modeste humanité, face à ces monuments justement surhumains. La philosophie religieuse de l’Egypte ancienne ne convenait probablement qu’à son clergé. En fouillant les tombes, on trouvera sans doute un jour les preuves d’une extermination systématique par les prêtres de millions de gens qui préféraient plutôt adorer l’oignon en dehors des dogmes établis. Amékel-Vachar invita Keskiya à s’attabler devant lui pour déjeuner, ils badinèrent un moment sur la sclérose en plaques et de la dernière apparition d’Isis dans une grotte d’Edfou. Le chef porteur cracha sur le sol le noyau de l’olive qu’il venait d’avaler.

 

– Schrèptètnuptèt est introuvable, mais j’ai la naïveté de croire que même après l’avoir examiné et forcément analysé, Néefièretarée aura pitié du gosse de son époux, surtout si on lui prouve que c‘est pas un faux. On dit qu’elle est consternée par les horreurs entendues sur sa belle-sœur.

 

Peu rassurée malgré tout par les dires du chauffeur de litière, Keskiya demanda à monter dans sa chambre pour coucher le petit. Sollicitée d’un claquement de doigts par Amékel-Vachar, la patronne vint leur apporter l’addition enroulée dans une petite jarre d’albâtre. Elle enguela au passage son plus jeune, qui jouait aux quilles près de la table avec des momies de chat réformées.

 

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Salon des inventions

 

Fiches mémo des grands inventeurs.

 

Aujourd'hui : Les frères Derien.

 

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Salon des inventions

 

Fiches mémo des grands inventeurs.

 

Aujourd'hui : Gabin de Lachance.

 

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Message édité par talbazar le 04-11-2017 à 05:35:14
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Posté le 02-11-2017 à 09:45:13  profilanswer
 

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Salon des inventions

 

Fiches mémo des grands inventeurs.

 

Aujourd'hui : Jules Lepirzavani.

 

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Message édité par talbazar le 03-11-2017 à 11:08:01
n°51423268
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Posté le 02-11-2017 à 13:56:22  profilanswer
 

Salon des inventions

 

Fiches mémo des grands inventeurs.

 

Aujourd'hui : Lucas Deledire.

 

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Message édité par talbazar le 03-11-2017 à 11:08:18
n°51438956
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 03-11-2017 à 19:18:24  profilanswer
 

Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Adam Carié.

 
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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Ernestine Edcon.

 
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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Gaspard Kipète.

 
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n°51450607
talbazar
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Posté le 05-11-2017 à 13:27:24  profilanswer
 

Salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : La saga du trône de Fion. Tome 2 - Sus au sein royal. Extrait numéro 33.

 

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Détachée sur le contre-jour brumeux, la communauté de la gnôle arpentait le Mont Chauve dans un climat de relative insouciance. Couvertes de sapins trop maigres en raison de la dureté du vent, les crêtes de pierre solide donnaient à cette montagne au sommet abrupt l’allure d’une colonne vertébrale de dragon, selon l’image édifiante qu’en évoqua Mirlen pour les autres. En contre-bas, on distinguait toujours la gigantesque et profonde vallée de Bogland, que les glaciers avaient percée au temps jadis de l’enfance de Kramouille. Belbit le Huelabit se voulait d’une étourdissante drôlerie, dans le but d’amuser la courageuse Mélisende Byzenet, tout en la suivant pas à pas en reluquant ses fesses par harcèlement discret de nain frustré. Les chevaliers Erald, Hivalanoué et le seigneur William marchaient en silence, jurant qu’il ne prendraient repos qu’en paradis. Jean-Marie trottinait derrière la troupe en grognant sourdement.

 

– Tout de même, fit William de Bochibre, couche de foin n’est point lit.

 

– Eh donc, beau cher seigneur, le rabroua gentiment Mirlen, stoppant bien planté sur ses deux pieds comme un vieux chêne, partir en quête de la Pinette est plus que valeureux.

 

Un javelot le frôla et quatre des dix bandits qui avaient brûlé la cabane de Mélisende débouchèrent brusquement du bois. Sous le ciel ouvert, les chevaliers dégainèrent aussitôt leurs lames luisantes. Kanar Laquay, Kouyu le destructeur, Pulfrik Salrouj et Kanon le Berbère se révélèrent entièrement, ivres d’une rage meurtrière, car Jean-Marie avait, dans la précédente bataille, blessé à mort leurs autres compères. Ce dernier baissa le groin pour porter coup, mais déjà sa maîtresse Mélisende se lançait en avant pour affronter l’ennemi.

 

– Ah p’tain, viens t’en donc voir un tssi peu de là, gros tas de marde d’enfants de mouffette. On va clairer nos dettes, nous autres, à va t’faire pisser dans tes shorts, ouais. j’en ai plein le casse de vo’t bande de criminels en maudit !

 

L’audacieuse fonça sans crainte en pointant son épée sur un Kouyu surpris, lequel fut le premier tué. L’arme roide de l’adolescente trancha tour à tour les trois autres à la volée, alors que Jean-Marie épinglait férocement Kanar par l’entre-jambe. En quelques minutes d’une violente et ahurissante entreprise, l’affaire était réglée, sans même que les chevaliers n’aient avancé d’un seul pas. Prenant son temps, la jeune sauvageonne piqua chacun des quatre morts comme on perce un rôti, pour être sûre qu’ils étaient bien occis. Belbit ne pouvait détourner ses yeux du beau visage courroucé, aux grands yeux comme dévorés d‘une flamme ardente, il n’avait plus guère envie de s’attarder à contempler l’ovale parfait du derrière de la belle, dont aucun sang des autres ne coulait en effet sur la chemise.

 

– Diantre Kramouille, lâcha Hivalanoué en contemplant le spectacle, il fait bon voir une telle audace, je serais menteur à moi-même de ne point mesurer la valeur de son prix. Bravo demoiselle Mélisende, ce fut bataille rondement menée !

 

–  Rien que des câlisse de baveux puants de leur yeule, on va pas y passer la soirée ! Croyaient ptêt qu’ils allaient me barouetter pendant mille ans ? Mange les pas, Jean-Marie, ben manque qu’ils sont bourrés de boissons, manquerait pus que tu prennes ta cuite à les croquer, on a de la route à faire.

 

Obéissant, le lourd sanglier abandonna Karnak qu’il était justement en train d’éviscérer. L’incident avait cependant fait sur le groupe une forte impression. Mélisende en gagna un regain de considération, tous se félicitaient bien évidemment de l’avoir pour amie, mais Belbit redoublait tout de même ses efforts pour ne pas qu‘elle le vit s‘obnubiler de ses totons. Il n’aurait cependant pas craint de souffrir pour elle du froid, du manque d’air ou de la faim. Son puissant désir d’elle le tourmentait tellement qu’il en perdait presque l’appétit, la soif et le sommeil. Il s’écorchait pour elle les joues jusqu’au sang en lui cueillant des baies. Toujours, il était le premier à partager avec elle les brugnons dodus qu’il ramassait au pied de l’arbre, sans omettre d’en donner au passage à son cochon, car l’animal la suivait partout sur le modèle d’ un gentil chien fidèle. On se levait au jour levant, on se couchait tard dans la nuit sous la lune perçant les nuages et sans répit, on avançait. La piste ardue ne se montrait point carrossable, les corbeaux dérangés croassaient et la fatigue rendait la compagnie ployant sous ses paquetages plus terrassée que mule morte ; ils produisaient sur le chemin pentu un effort tel que jamais il ne fut exigé d’aucune créature humaine. Mais aucun perdait l’idée fixe et certes, ils ne faisaient pas leur lessive tous les jours. A force de robuste courage, Mélisende qui les guidait les amena vers un endroit qu’elle appela la « Goule aux fayes », une grotte ouverte dans la montagne qu’elle observa avec prudence, car elle déclarait ce lieux possiblement enchanté.

 

– Faisons gaffe à nous autres. Y’aurait là-dedans du bonhomme sept heures et du trésor miraculeux, d’après toutes les cibouères de légendes bozobites. Pas le moment de canter, surtout si la fée qui vit là est dans ses crottes en ce moment. Faudra ben plus que mon épée pour en venir à bout, cré moué, bon sang de vingt dieux.

 

– Voilà bien sans nul doute les élucubrations que l’on chante en province, fit Erald, sur un ton d’ironie.

 

Mais à peine avait-il terminé sa phrase qu’une étrange femme bien faite se présenta devant eux, au cœur d’un splendide halo lumineux. La demoisele estoit tant blance et bele riens sans faille que çou estoit une fiere vremeille que de remirer sa biauté. Elle avait le teint frais, les sourcils carrément courbés, le sourire un peu trop flatteur et de longues jambes masquées dans une belle robe blanche immaculée, à l‘ourlet brodé d‘or. Elle portait en collier la grande griffe d’un fœtus de dragon. Mélisende était certaine qu’elle allait leur ordonner de mourir. Jean-Marie leva la patte en arrêt, mais lui aussi semblait impressionner. L’étrange personnage daigna enfin parler :

 

– Pour tous ceux qui me connaissent, je signe de mon nom dame Mélfeualusine, suzeraine des nuages et de la pluie, la fée de ces eaux et de ces bois perdus, beauté parfaite à qui aucun imprudent n’a jamais dérobé de baiser. Puisque je fus autrefois belle princesse qui refusait les prétendants.

 

– Un bien regrettable gâchis, lança aussitôt Mirlen le tchatteur, prenant bien garde de rester très poli dans ses paroles. Nous voilà bienheureux qu’une fille aussi splendide se manifeste à nous, car point n‘avez trois yeux. Il faudrait aligner cent belles dames pour espérer seulement vous imiter. Vous habitez-donc la contrée ?

 

– Oui et mon métier sème les cailloux du dur chemin que vous êtes en train d’arpenter. Je mène une vie bien monotone, je crois bien que vous allez m’amuser. Il y longtemps que personne n’a osé venir voir ma goule au fayes, que personne normalement n’ose approcher. D’ailleurs, pour tout dire, le dernier en date a connu une fin bien édifiante, que je n’ose par pudeur raconter.

 

– Allons-nous en, hurla William, lequel dans son effroi se préparait déjà à fuir comme l‘alouette devant l‘épervier. Cette femme qui hante ces lieux est belle par tromperie grossière et assurément de nature diabolique, une horrible serpente, ni pacifique, ni généreuse, certainement plus fléau qu’un troupeau de rats envahissant la cave d‘un fromager !

 

Il agitait sans arrêt son bouclier poli, parce qu’on disait qu’il fallait faire ce geste pour vaincre les gueuses transformées en monstre. Mais à vrai dire, le regard ensorceleur de cette femme n’avait pas l’air d’être de cette espèce à pétrifier les pauvres gars dans son genre. L’air de rien, pendant ce temps-là, Erald creusait le sol autour de lui avec le bout de son épée au manche de cornouiller, de manière à dessiner un cercle susceptible de le protéger de cette méchante goule, qui n’était pourtant pas laide, ni bossue, ni borgne, ni boiteuse. Il murmurait au passage bonne contrition et sincère confession.

 

– Toi la fée de marde, là, cria Mélisende avec un grand sang-froid, fais ben gaffe à tes ciboires de miches d‘acré pucelle, pasque moué, les gars pas clairs ou les blondes de leur gang, je les abats deux par deux, t’sais pas donc tssa ?  Fous moué le camp dans ton ermitage et laisse-nous tranquilles, grosse tarla.

 

Sans répondre à l’invective, Mélfeualusine esquissa un sourire cruel avant d’agiter sa baguette devant la troupe ébahie, puis de l’abattre droit devant elle pour viser Jean-Marie. Atteint de belle furie, le goret aux poils d’or se mit à gratter le sol, couinant et tournant du cul en imitant la biture effrénée d’un beau comte en mariage, comme si la fée venait de le frapper subitement d’une plaie vive et particulièrement empoisonnée.

 

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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Fanny Soiki-Malypens.

 

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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Alphonse Osoldes.

 

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Bon dimanche à tous.

 

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Message édité par talbazar le 16-01-2018 à 11:51:32
n°51491904
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 09-11-2017 à 12:24:19  profilanswer
 

Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Eric Rimination.

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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Jules Dédéboires.

 
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Salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : La jet larguée. Extrait numéro 26.

 
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 Au bout du monde, Steven revenait en quelque sorte aux origines du vrai voyage, au cœur d’une aventure où tout semblait possible. Ceci-dit, il payait d’un effort physique intense la bonne organisation du camp des survivants, car les cases installés sur la plage formaient désormais plus qu’un simple bivouac. Gorgé de nature tropicale sauvage, le commandant passait la plupart de son temps avec Steward, en s’abandonnant en sa compagnie à de longues parties de pêche sous le soleil ardent. Mais il entamait également avec Eloi de Pouillet un bras de fer sournois, chaque matin plus tendu, car le guru remettait constamment en cause son autorité. Ses potes s’entassaient en communauté dans l’immense case de son église, occupés toute la journée à des trucs qu’ils ne divulguaient à personne. Sous l’autorité de leur meneur, ils vivaient entre eux et uniquement pour eux. Mais ils avaient apparemment cessé de traquer les singes, devenus d’ailleurs plus rares. Comme ceux qui refusaient de se faire endoctriner par ce taré, le pilote était passé avec ce mec de l’amabilité fluctuante à la haine bien sentie. Dans la pénombre crépusculaire de sa maison de bambou au sol sableux, éclairée d‘un pauvre feu, la main placée en coupelle sous son menton mal rasé, Steven chassa la pénible évocation de l’illuminé et de ses ouailles pour observer Steward en train d’enlacer tendrement Shirley. Il regardait aussi Kim et Pierre Simon, puis Dominique, silencieux et comme lui très pensif, car les deux couples et le député étaient venus dans la longue paillote de fortune pour dîner en sa compagnie. Wanda et Loraine vinrent ensuite les rejoindre une heure plus tard, pour leur offrir le dessert d’un simple fruit. Si la première présentait le tableau habituel de sa stupéfiante beauté, Loraine en particulier incarnait une apparition grandiose. L’hôtesse avait fait main basse sur un grand nombre de bijoux, du colifichet en simple toc à l’ornement de grand prix. Ce soir-là, elle les portait tous en même temps dans une débauche de colliers et de bracelets, comme un luxe implicite qui chassait sa propre angoisse de vivre en condition précaire, sur cette île perdue au milieu de l’océan, cette saleté de mer immortelle qui ne vieillirait jamais. Personne ne l’avait rabroué sur ces vols éhontés, on admirait simplement l’éclat de ses parures miroiter sur sa poitrine généreuse et sa peau naturellement basanée. Ils discutèrent un moment tous ensemble pour savoir si la grande montagne du centre de l’île était un volcan ou non, on estima que oui, probablement, mais il était après-tout difficile de l’affirmer vraiment. On évoqua Georges Pinson, qui courrait à présent la jungle en solitaire, personne ne s’inquiétait vraiment pour lui, sauf peut-être Loana Boudine, mais elle-même ne l’avait pas suivi. Et puis les conversations s’isolèrent, chacun se trouvant un interlocuteur privilégié. Steven fit passer son bol de faux thé à son copilote, ce dernier le reçut en esquissant un geste vaguement fraternel, ce qui l’obligea à abandonner le bras de Shirley avec sans doute un peu de regret.
 
– Tu te rappelles, Tintin, les six jours de grève pour faire reconnaître par la Petro l‘aviophobie en tant que maladie professionnelle ?
 
– Tu parles si je m’en souviens ! Tous les vols A/R annulés, cancelled à tous les étages ! L’intersyndicale des agents de piste avait envoyé chier les représentants de la direction générale de la Petro Jelly, lesquels préféraient botter en touche pour parler d’aérodromophobie et noyer le poisson, alors qu’en fait c’est la même chose, mais ce nom perche moins haut dans les nuages.
 
– En tout cas, la grève avait été adoptée à l’unanimité par le PNC, Bobby Fiermongol et Marithé Konerie avaient parlé dans la presse de conflit-test qui suspendait scandaleusement tous les vols en pleine haute-saison, faut dire que les passagers avaient été bien excédés.
 
– Pour une fois aussi, balança perfidement Shirley en se mêlant de la conversation, que les pilotes soutenaient le petit personnel en effaçant leur méprisant corporatisme, hein Steven?  
 
– Hé, ça nous arrive de faire grève pour les autres, pas souvent, mais ça arrive. On avait pas gagné sur la maladie en occupant le tarmac, mais la dernière assemblée générale s’était terminée sous les applaudissements du personnel, à cause de la nouvelle prime et de l’augmentation mensuelle, de quoi rendre jaloux ceux de la Crash Airways et de la Well Transit.
 
– Ouais, fit Shirley en conclusion, ça nous fait une belle jambe, aujourd‘hui, cette ancienne petite querelle. Le seul truc cool ici, c’est qu’on a tous le même salaire, c’est à dire aucun.
 
– Bon, lança Dominique pour tout le monde, j’ai étudié les docs secrets que Ayesh a bien voulu me traduire. Les crabes ont bien été modifiés génétiquement par la Russique et ça fait froid dans le dos, surtout les autres pages déchirées d’un rapport intitulé King crab expériment, un machin qui raconte en gros que les bestioles géantes ont bouffé tous les militaires présents dans la base, avant qu‘on l‘abandonne. Ils devaient se trouver bien peinards, ici, mais les réjouissances sont devenues bien sinistres pour les pauvres bidasses.
 
– Alors, fit Wanda, un brin sentencieuse, jamais personne ne viendra nous chercher, la Russique doit faire une farouche obstruction là-dessus.  
 
– Hélas, approuva Loraine, s’il ne s’agissait pas d’un avion, je dirais que les amarres sont bel et bien larguées. Et moi qui voulais être hôtesse de l’air pour être au maximum au contact des gens !
 
– Ah mais tu en as autant que tu en veux, ici, des rapports humains, non ? Shirley sirotait lentement un peu du breuvage de Steward.
 
– Ben franchement, c’est pas du tout pareil.
 
– Bon, lâcha Wanda en se levant, il se fait tard, moi je vais me coucher. Elle arrangea l’une de ses longues mèches blondes et bailla en se dirigeant vers l’entrée.
 
– Elle est vraiment très belle, reconnu Dominique lorsqu’elle fut sortie.
 
– Oui, approuva également Shirley, elle est plus que jolie.  
 
 A l’extérieur, les grands feux alimentés par de véritables troncs lançaient de hautes flammes dans la nuit, mais Wanda ne rencontra personne sur son chemin. Elle frissonna cependant en longeant la frontière de la jungle enfermée dans la plus extrême noirceur. Le cri d’un singe insomniaque perça au loin en provenance de ce mur ténébreux. Les vagues sonores imposaient leur présence habituelle, mais Wanda percevait aussi insensiblement un étrange bruit de soufflerie, très diffus, qui contribua à la mettre mal à l’aise. Alors qu’elle allait atteindre la case qui devait l’abriter, Moktar Bouif se planta tout à coup devant elle, sa tête portait toujours les stigmates d’une atroce blessure. Wanda fut saisie de crainte en observant le regard de cet homme d‘où perçait une folie criminelle. Le bras perdu de l’agent Boukistanais était ballant, mais de l’autre, il pointa vers l’hôtesse un doigt accusateur :
 
– Où est mon pistolet ?
 
 Les lueurs d’un foyer pianotaient sur sa figure démente étrangement torturée, son expression résolue tétanisa la jeune femme sur le champ.  
 
– Il est à moi, vous me l’avez volé ! Il s’avança encore, nul besoin d’un dessin pour comprendre qu’il avait totalement disjoncté.
 
 Le gros crabe apparut dans son dos sans prévenir. Contournant une case, il se jeta sur Moktar qui n’eut même pas le temps de se retourner. Avec horreur, Wanda vit une énorme pince se projeter vivement en avant pour lui sectionner le corps en deux, laissant sur la plage une débauche de tripes sanglantes. L’autre patte du monstre s’empara aussitôt du tronc pour commencer à le dévorer, complètement indifférente à son autre victime potentielle. Cette dernière hurla de toutes ses forces, avant de trouver la force de reculer au milieu des fumées lâchées par le feu le plus proche. Réveillé soudainement par l’anormalité de ce tapage nocturne, tout le campement se trouva instantanément sur ses pieds. Un deuxième crabe sortait de la mer, au moment où Steven et les autres prenaient conscience du danger engendré par celui qui venait d’occire Moktar Bouif. Alors une pluie de flèches mortelles s’abattit en grand nombre sur la chose en train de suçoter son immonde repas. Bien que coriace, la carapace en fut traversée de toutes parts, aussi facilement que du carton-pâte, car les arbalètes des chasseurs de singes d’Eloi de Pouillet se montraient très efficaces dans leur action meurtrière. D’autres de leurs amis couraient pendant ce temps vers la mer pour encercler le second crabe, chacun tenant les bords de l’immense filet lesté de pierres qu’il avaient tressé. Lorsque ce piège fut courageusement jeté sur la bête incapable de s‘en dépêtrer, en dépit de ses fortes pinces, une averse de traits l’éradiqua à son tour. Les deux crabes étaient morts. Cette double-action couronnée de succès laissa Steven pantois, car l’arme au poing, il n’avait même pas eu le temps de s’en servir. Eloi de Pouillet se tenait à présent devant lui, alors que ses fanatiques s’agenouillaient dans son dos pour psalmodier brièvement devant les crabes qu’ils venaient de tuer.  
 
– Vous voyez, Steven Eight, grâce à dieu nous étions préparés, mais vous, comme toujours, vous tardez à prendre les décisions finales. Vous n’avez plus le commandement de cette île, j’en prend les rênes, donnez-moi cette arme ou j‘ordonne de tuer vos amis.  
 
– Vous fumez trop de moquette, Pouillet, il va falloir se calmer l’esprit.  
 
 Le pilote tempéra difficilement son souhait de tirer une balle dans ce con pour lui brûler les ailes. Mais sa bande aux nombreux visages fermés s’était maintenant relevée, une vingtaine d’hommes et de femmes qui menaçaient à présent les autres spectateurs de leurs terribles arbalètes, dont la puissance venait de se démontrer si brillamment. Summer et Sandra étaient proprement livides. Steven obtempéra malgré lui. Il céda le pistolet au guru, lequel s’en empara en exprimant une satisfaction à peine masquée. Le grand gaillard de Roparz tenait son arc en main. A contre cœur, il le lâcha également.
 
– Toutefois, reprit Pouillet, en ordonnant à l’un de ses sbires d’aller chercher les munitions dans la case du commandant de bord, je suis un apôtre de la tolérance et je ne cherche la mort de personne ici. Nous allons partir dans la montagne et vous, enfin, tous ceux qui ne désirent pas me suivre, vous resterez ici. Nous n’allons pas souffrir plus longtemps l’horrible cohabitation avec vos âmes impures. Cela vous convient-il ?
 
– C’est ça, casse-toi avec tes tordus, bougonna Steward, aussitôt fermement mis en joue par deux patibulaires. Ils ne montraient pas la gueule sympathique de beach-boys bronzés.  
 
– J’approuve le plan, fit simplement Steven, fichez le camp avec vos chasseurs de bestioles. Nous y sommes enfin, il n’y a plus de place pour nous deux ici, de toute façon. Il jeta quand même un coup d’œil rageur à l’artillerie moyenâgeuse, aux flèches de vrai bois, déployée devant lui.
 
– Allons mes bien-aimés frères et sœurs, voici venu l’exode que je vous avais promis. Vous avez vaincu les démons comme je l’avais annoncé. Nous allons accomplir ensembles de grandes choses sur cette île, quittons cette nuit-même sans regret le village des serpents.
 
– Merde, murmura Shirley en se calant contre Steward, ce mec est vraiment flippant.
 
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Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
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Message édité par talbazar le 09-11-2017 à 14:30:34
n°51505879
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 10-11-2017 à 15:36:52  profilanswer
 

Salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : Noeud coulant pour Martin Smith. Extrait numéro 46.

 

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Sous la bonne garde des tapeurs au grand complet, Martin et Vaya, affublés d’un bandeau sur les yeux, furent baladés un temps par ces drôles de navigants dans les entrailles du cargo, à l‘ambiance si particulière. En poussant ses pas dans les couloirs étroits, la jeune brune se demandait quel genre de vrac illégal ce bateau pouvait bien trimballer, elle aurait payé cher pour consulter le vrai journal de bord. Au niveau où ils se trouvaient, on oubliait un peu que le navire affrontait en surface les bons paquets de mer de l‘océan Pacifique. Comme ils n’étaient pas bâillonnés, Martin expliquait à sa chérie la hiérarchie respectueuse des taulards, stratifiés plus ou moins clairement sur une échelle de sept.

 

– Au plus bas y’a le pointeur sexuel, le plus méprisable. Et puis viennent le narco, le maquereau, le branleur des rues, le braqueur de banque ou de casino, le politique magouilleur et enfin, tout au sommet, le mafieux organisé, voir intelligent. Ben tu vois, les larbins qui nous accompagnent, là, ils rentrent pas dans les cases que je viens de te dire, c‘est juste des paumés, même pas des rebelles par vocation. C’est pour ça qu’ils se promènent encore sur ce bateau en liberté.

 

– Arrête de faire le malin et ferme ta maudite bouche, fit Grand Tonio, en le poussant durement dans le dos avec son canon.

 

– Oui, renchérit Vaya, je crois que tu as raison, même pas des courageux.

 

– Fais un peu gaffe, lui répondit Cannibal Cult, parce que tu viens de passer pas loin de la claque.
 
– Des gus qui ont appris l’art d’être une grosse merde bien avant l’école primaire. Mais c’est bizarre, j’ai pas pitié d’eux. Enfin faudrait surtout pas leur confier le quart de veille, si on ne veut pas couler. La mer exige les meilleurs, pas les pauvres types comme eux ! Vaya supposait qu’elle ne risquait pas la gifle en présence de Van Degaffe, lequel les précédait d‘un pas vif. Le séquençage de leur génome doit les apparenter aux choux-fleurs, n’est-ce pas, docteur ?

 

– Avec mes trois milliards de bits d’informations, en tout cas j’ai l’ensemble du vôtre au complet, mademoiselle. Vous savez, ce qu’il me ferait plaisir de collecter, à présent, c’est la totalité de votre mémoire, ma petite chérie. Il est vrai qu’avec une mise à jour tous les matins, je n’ai malheureusement pas l’espoir d’être exhaustif ! Bien, cessons les échanges de bons mots et enlevez-leur les bandeaux, nous sommes arrivés. Allez, on entre tous là-dedans, mais sans précipitation, toutefois.

 

Cette cabine-là avait une fois de plus l’aspect d’un labo. Deux nouveaux loufiats se rajoutaient là-dedans à l’essaim de guêpe, Riton Tape-Dru et Le Barbouilleur, ils portaient des blouses blanches un peu sales, mais ils n’avaient pas l’air armés. Martin ne se faisait pourtant aucune illusion sur la double-nature de leur job. Tout comme leurs copains, faire le point sur leur force semblait aisé, mais il faudrait sans doute patienter un bon moment pour en découvrir les faiblesses. Il se tourna vers le prof, c’était presque étrangement la figure la plus rassurante dans ce lieu.

 

– Alors Degaffe, du mauvais principe au bricolage, comme toujours ?

 

– Ne soyez pas trop ironique, Smith, l’impasse de l’expérience que je prépare aurait pour vous de fâcheuses conséquences.

 

– Désolé de briser vos rêves en cherchant à faire un humour réprobateur, Van Degaffe. Vous êtes un criminel dangereux, mais vous avez un certain degré de génie, hélas. La stupidité en a heureusement sauvé bien d’autres de la folie.

 

– Les règles établies sont bourrées d’angles morts, c’est assez pratique pour quelqu’un qui cherche à éclairer pour lui-même pas mal d’incertitudes.

 

– En massacrant de pauvres gosses, sans doute ?

 

– La réussite d’une innovation réside dans sa faculté à faire sens aux yeux de celui qui la met en œuvre, en fonction du bénéfice qu’elle génère. Ces gamins étaient là pour reproduire cette innovation, je suis bien désolé pour eux, mais ils ont été très utiles.

 

– Je porte quand même un regard incisif sur ta science, saloperie.

 

Le Barbouilleur voulait sans doute se présenter et dire bonjour, il balança son poing dans l’estomac de Martin qui roula sur le lit unique. Vaya poussa un cri étouffé, mais Van Degaffe ordonna aux autres d’allonger et de sangler soigneusement le privé.

 

– Il n’a pas tort, Smith, restez poli. Enfin, je constate que l’énergie de l’insurrection ne vous quitte jamais, c’est fort regrettable.

 

– Tant que tu travailles pas sur la castration, je ne m’en fais pas trop, à vrai dire. Mais nom de dieu, Van Degaffe, de quoi vous vengez-vous ?

 

– Je ne vous ais pas autorisé à me tutoyer. Bien, veuillez conduire mademoiselle dans la pièce à côté, messieurs.

 

Cannibal Cult, El Barbudo, Pizza Gigante et Grand Tonio quittèrent la cabine en emportant Vaya. Sans qu’on lui dise, Riton Tape-Dru s’empara d’une seringue remplie surtout d’un mélange d’endothéline et d’adénosine et la planta sans chichis dans le bras droit de Martin. Celui-ci reçut un sacré bouillon qui lui brûla les veines instantanément, il n’aurait certes pas fait un éloge inconditionnel sur l’effet immédiat ressenti. Obéissant, le Barbouilleur procédait pendant ce temps-là aux réglages de l’oméga-cam. Et puis le prof et ses deux acolytes discutèrent à voix basse entre eux. Ensuite, le prof s’installa sur un grand fauteuil qui ressemblait à celui d’un dentiste. Suivant chacune de ses instructions, les autres le coiffèrent avec le massif casque du scan 5d, puis le câblèrent au détecteur posé au-dessus de Martin. Un étrange rayon de lumière bleue semblait virtuellement découper ce dernier en tranches. Le clonage cellulaire de la bi-transmutation du prof provenant de la décorporation génétique du privé, cette fois dans les pommes, pouvait commencer. Une expérience plus que stimulante, sans doute, car le corps de Van Degaffe en fut rudement secoué. Une chronologie précise de l’opération en cours l’informait, sur un écran proche, du déroulement du processus, mais il était à vrai dire trop malmené pour s’y intéresser. Il se noyait dans l’apparence physique de Smith en échangeant à toute vitesse avec lui des valeurs communes qui rendaient ses propres traits de plus en plus flous. Dans la tronche de Martin au corps inondé de sueur, les images qui traversaient son inconscience n’avaient pas la beauté fastueuse du dôme de Florence. Un machin détestable était en train de lui trianguler les cellules du derme et de l’épiderme pour les copier chez le doc. Une véritable tempête malmenait son crâne au fur et à mesure de la recombinaison tissulaire et de la duplication à l’identique des polymères glucidiques. Si Martin n’avait pas été plongé dans le coma, nul doute qu’il aurait dégusté. Et puis, la dynamique des forces en action se calma d’un coup. Le Barbouilleur retira une à une les électrodes implantées dans le cerveau de l’ancien policier, provoquant un dernier choc spectaculaire dans l’aire cérébrale 25 du cortex préfrontal. A côté, Van Degaffe avait décalqué son apparence dans les moindres détails et lui ressemblait trait pour trait. Après avoir vérifié la pompe accrochée à sa taille, il plissa le front sous le coup d’une douleur passagère, liée à un court problème auditif, puis l’oreille interne se mit à retransmettre correctement l’information sonore. Une sourde pulsation désagréable heurtait ses lobes temporaux, il ordonna à ses sbires d’enlever le casque au plus vite, puis il consulta avec la plus grande attention les données de l’agrégateur biologique auquel il était toujours relié.

 

– Bravo patron, dit simplement Riton Tape-Dru, tout en brassant la jungle des connexions pour l’aider à se relever, vous lui ressemblez comme deux gouttes d’eau.

 

– Mieux que ça, en fait, Riton. Mais cette expression est franchement ridicule, aucune goutte ne ressemble à une autre. Vous pouvez bien croire le contraire, mais lui et moi ne sommes pourtant pas tout à fait pareils, il va falloir que j’y remédie. Une mauvaise similitude de densité osseuse me déçois et je note aussi que ses cils ont une longueur de 8,5, les miens font 10,5. Cette infime différence, voyez-vous, me chagrine beaucoup.

 

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Message édité par talbazar le 10-11-2017 à 15:48:29
n°51519183
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 12-11-2017 à 14:49:41  profilanswer
 

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Bon dimanche quand même.

 

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Message édité par talbazar le 16-01-2018 à 11:55:44
n°51519795
Homerde
Gonadoclaste apocryphe
Posté le 12-11-2017 à 16:17:28  profilanswer
 

Waouh !  
Comme j'ai pas tout lu, je ne sais pas si le tragique destin de Modeste Icule a été abordé [:copepresident:3]
Une sombre histoire d'allergie à l'argent et de bourses qui démangent à se les arracher, rien d'important :D
Très beau topic [:bierman]

n°51522395
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 12-11-2017 à 20:49:41  profilanswer
 

https://zupimages.net/up/18/03/7txw.jpg
https://zupimages.net/up/18/03/dxch.jpg


Message édité par talbazar le 16-01-2018 à 11:59:15
n°51524407
Homerde
Gonadoclaste apocryphe
Posté le 13-11-2017 à 08:15:40  profilanswer
 

:D
 
:jap:
 
C'est lundi, j'ai la gueule dans le pâté Hénaff et je pédale avec allégresse dans la choucroute Williams Saurien, celle là même dont raffole les grenouilles qui ne demandent qu'à redevenir Prince de Bavière pour piquer la recette à défaut d'Alsace et de Lorraine.
 
:hello:

n°51524439
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 13-11-2017 à 08:22:00  profilanswer
 

De nouvelles mises en boîte sont à l'étude, conserve la forme et rendez-vous à l'étuve. :hello:

n°51527701
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 13-11-2017 à 13:59:19  profilanswer
 

Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Madame et monsieur Néaire.

 

https://img4.hostingpics.net/pics/927716Ficheinventeur25.jpg

 

Salon des inventions
 
Fiches mémo des grands inventeurs.
 
Aujourd'hui : Emanuelle Pratique.

 

http://zupimages.net/up/17/46/qjzh.jpg


Message édité par talbazar le 13-11-2017 à 22:45:25
n°51540869
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 14-11-2017 à 14:57:08  profilanswer
 

Salon littéraire.
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar.
 
Aujourd'hui : Biographie de Gaston Boudiou - extrait Numéro 35.

 

http://zupimages.net/up/17/36/ewbs.jpghttp://zupimages.net/up/17/46/0scz.gif

 


 Nous n’avons, hélas, que le seul livre très bien vendu écrit sur le sujet  par Gaston Boudiou pour poser une certitude sur sa propre réincarnation de Nicolas Hyacinthe Roubignolle. Nous regrettons donc qu’ils ne soient plus là aujourd’hui pour travailler des mémoires moins fragmentées. Cependant, les descriptions extrêmement détaillées de la Moscowa et du village de Sminskoe tel qu’il devait l’être à l’époque, précisions que traça à chaque fois Gaston pour ses quatre épouses, ne laissent cependant guère de place au doute. Moyennant quelques euros, sa dernière veuve a aimablement bien voulue nous recevoir à l’occasion de la réédition de « 1968, grogne et manifestation d’incarnation en moi, mais de lui-même - Gaston Boudiou - éditions Pour le Normal - 2017 ». Les propos qu’elle a alors tenus en nous regardant bien dans les yeux ont assurément quelque chose de troublant. N’oublions pas que Gaston et elle dormaient dans le même lit. Elle ne fut pas surprise par nos questions, oui, tout comme Roubignolle, Boudiou aimait les lavandières, les duels judiciaires (on se souvient des nombreux procès qui jalonnent sa vie), les ceinturons, les écharpes et les pipes. Oui, nous aussi, nous l’affirmons, en vaillant petit grognard œuvrant dans les pas du général Latour-Maubourg, Gaston Boudiou, renversant dedans au passage douloureusement tout ce qui se trouvait en lui, fut bien le réincarné de Hyacinthe dans ces toilettes du Zanzibar occupées par l’ennemi qui fuyait de tous côtés, tout comme ces WC. Le résultat de cette bataille fut le rappel d’un feu roulant, lorsqu’il chargea sans doute cette redoute, comme à Borodino. N’a-t-il pas déclaré dans son livre qu’un énorme boulet, noir et fumant, avait failli faire exploser la fragile cuvette ? Cette charge héroïque ne pouvait s’inventer, elle a en tout point inspirée en nous l’accent de la vérité. Le rapport de cette journée mémorable laissa à Gaston le rappel de ses bivouacs odorants dans les bergeries, n’écoutant plus que l’obligation de vaincre sous l’œil de l’empereur, réincarné peut-être lui aussi dans le corps de Jonas, le patron du bar, allez-donc savoir ? En tout cas, celui de Roubignolle-Boudiou criant comme quinze mille braves a flotté pendant cette bataille, insensible aux pertes sanglantes que pleurait sans doute à ses côtés la duchesse de Raguse. Simple soldat, Nicolas Hyacinthe Roubignolle, alias Gaston Boudiou, aurait presque pu gagner son bâton de maréchal au fond de ces cabinets ébranlés, avec tous les avantages de la position. Des lors, nos deux hommes imbriqués ont sagement conquis leur retraite en dessinant pour nous une singulière destinée, racontée pour nous au départ sur un simple billet noirci au crayon. Une confession édifiante hélas perdue, en raison d’une dégradation du papier due à l‘acidité ambiante. Comment ne pas croire Boudiou, lorsqu’il raconte en détail à sa femme fascinée par son bonnet à poil, le frugal repas du camp, les alliances politiques concoctées dans le secret d’un obscur cabinet, alors que l’ennemi en mouvement recommence le combat, encore et toujours ? La réincarnation de Gaston Boudiou laisse en nos convictions les mêmes traces indélébiles que les roues ferrées des canons, nous n‘aimerions pas commettre à la mémoire de celui dont nous traçons la vie une sourde trahison. Cramponnant dans son poing sa cartouche déchirée en hurlant « vive l‘Empereur », il a bien connu personnellement Blücher et Bernadotte et tiré par mégarde sur les alliés. En dehors de son livre fort bien vendu, dont la deuxième partie est exclusivement consacrée à la description minutieuse des chiottes du Zanzibar, lequel traite donc de son extraordinaire réincarnation, Gaston fut cependant moins loquace dans la société de notre temps ; il avouait simplement que le canon ne grondait plus en lui, qu’il était las de décrire toute les merveilles de la campagne et qu’il souhaitait à présent simplement mettre fin au carnage.

 

Oublions donc la Saxe-Meinungen de 1812, pour retrouver Gaston Boudiou célébrer son flirt à Bripue envers Véronique Taloche, au cours de l’année 1968. Au 36, les jeunes esprits qui vivent loin des parents s’échauffent, Christine Baraguoin veut la révolution féministe pour tout de suite, elle a brûlé son soutien-gorge dans la salle de bain et n‘en porte plus jamais, heureusement pour elle, sa poitrine est minuscule. Jean Micheton, en conflit avec son patron du garage Fina, Gabriel Gromanche, pour un vol de carburateur, préconise avec force l’autogestion salariale pour couper l’herbe sous le pied des capitalos. En tant qu’ancien serviteur de l’Empire nouvellement révélé, le hippie Boudiou est plus partagé, sans que l’on puisse pour autant le considérer comme un sale réac au service de l’idéologie gaulliste. L’immeuble sent tellement la Marie-Juana que Joseph Wronski déclare ouvertement redouter un de ces quatre une intervention policière. Pour les joyeux étudiants de la communauté fraternelle de la rue du couvent, la ville de Bripue est envahie par les tristes zombies du boulot-dodo, alors qu’eux représentent ce qu’il reste d’humains authentiques. On ne devrait travailler qu’une heure par jour. La suite d’appartements forme à vrai dire un univers cocasse, où se combat avec force la moindre autocensure. Là, autour des lits défaits, s’alternent parfois sans distinction, entre beuveries au Zanzibar et la dénonciation virulente de l’ignominie des colonies européennes, la grandiloquence politique avec les badineries adolescentes. On fustige la brutalité de la police et sa mentalité, mais on invective aussi la chasse et l’armée, en trouvant des points communs aux représentants fascisants de ces deux dernières traditions, aussi séculaires que meurtrières. Un vent de révolte contre les institutions sclérosées souffle d’ailleurs un peu partout dans le monde, on observe avec une fascination parfois craintive une Amérique en proie aux violences et aux émeutes. Mais rien ne peut calmer ce souffle brûlant chargé des poussières du rêve et du renouveau, lequel attise les esprits de ceux qui souhaitent couper les vénéneuses tentacules d’une société mercantile composée de simples figurants. Ce qui n’empêche pas de rêver au progrès, le nez en l’air, en regardant le ciel traversé par les nouveaux jets qui remplacent les derniers avions à hélice, comme le Superconstellation du Paris-la Réunion mis au placard en 67. Les garçons et les filles réunis autour de Wronski se racontent enfin, en souriant des peurs viscéralement ancrées chez les vieux cons, qui ne comprennent rien à rien. Au 36 de la rue du couvent, aucun des jeunes locataires ne saurait souffrir des pincements provoqués par le doute. Ils ébauchent sérieusement des actions de résistance active, notamment au sein du lycée Champollion. Véronique à toujours un peu de son cœur de l’autre côté de la Manche. Les autres se marrent sans réserve des grivoiseries bêtes et méchantes du mensuel Hara Kiri. Gaston peint des tableaux surréalistes et dessine après ses cours, ses amis l‘encouragent, car il n‘est pas dénué de talent. Il prépare d’ailleurs une exposition dans le salon de coiffure de Troulbled. Porté par un amusant chaos créatif, il réalise sa première bande-dessinée au crayon-feutre, une histoire de mérou anarchiste et aquaphobe, dont le scénario déjanté aux multiples rebondissements enchantera Véronique. On n’avait pas encore à cette époque l’idée de coller sur le marché des BD autobiographiques pour raconter en détails passionnés le cancer de maman.

 

Cette année là, Gaston reçoit une nouvelle lettre de son père disant qu’il l’attend avec Angèle à Paris pour les vacances de pâques. Sa sœur vient tout juste de décliner une proposition de l’abbé Lamour, lequel aurait voulu l’intégrer afin de jouer Marie-Madeleine dans sa troupe de Troulbled pratiquant l’évangélisation par le théâtre. Le jeune Boudiou aime Véronique et réciproquement. Elle l’écoute religieusement, lorsqu’il lui explique comment tracer un angle droit parfait sans équerre, en appliquant simplement le théorème de Pythagore. Une révélation parmi d’autres qui fait singulièrement grimper en elle son taux de progestérone. Il la charrie sur sa folle passion anglaise, parlant d’un pays qui autorise de battre légalement ses gosses, mais « dans un contexte familial affectueux ». Elle se fâche vraiment lorsqu’il approche de trop près Christine Baragouin, cette intrigante du Women’s Lib aussi plate qu’une limande. Car Véro a elle aussi décidé d’intégrer pour de bon l’habitat tumultueux, en partageant la chambre et la couche de Gaston. Lui planche tard dans la nuit sur les effets naturels des molécules de la félicité générées par le cerveau, notamment l’anandamide, molécule de structure comparable au haschich. Boudiou, au quotient intellectuel flashé un jour à 200, aura toujours une longueur d’avance sur n’importe quelle recherche. Mais il gratte aussi de temps à autre en poète sur la guitare empruntée à François Laminche et cuisine pour tout le monde de bons petits plats, principalement des nouilles accompagnées d’œufs sur le plat. Mais ce qui passionne surtout Joseph Wronski, c’est l’acharnement dont fait preuve Gaston Boudiou pour mesurer le temps avec un élastique.

 

http://zupimages.net/up/17/46/looa.jpg

 

https://www.youtube.com/watch?v=g1cuQF8sEGA
https://www.youtube.com/watch?v=GrM2fxnkxjA
https://www.youtube.com/watch?v=qzpPy9hJYA8
https://www.youtube.com/watch?v=8Lh [...] OTsqFCdwc9


Message édité par talbazar le 14-11-2017 à 15:29:07
n°51550133
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 15-11-2017 à 10:12:55  profilanswer
 

c'est bientôt Noël, je commande le dernier miroir magique parlant de chez Disney, à qui la Moyenne Encyclo fait un doigt honorable
https://zupimages.net/up/18/03/x2vx.jpg

 

autrement pour maman, on a ça en stock

 

http://zupimages.net/up/17/46/fedu.jpg

 

http://zupimages.net/up/17/46/k6h5.jpg

 

et ça pour papa  [:oh-la-vache-eh:4]


Message édité par talbazar le 16-01-2018 à 12:03:46
n°51555278
Homerde
Gonadoclaste apocryphe
Posté le 15-11-2017 à 16:30:43  profilanswer
 

Tu causes tout seul :o
 
Allez, je me lance et t'envoie mon meilleur, mon précieux :o
 
Un peu d'indulgence je demande, je suis WTFucker débutant [:copepresident:3]  
 
Les vipérines aventures de Sarah Tonga :
 
Née sur un lit de paille comme on pondrait un œuf, un beau matin Printanier de 1957, Sarah tient de sa frustre parturition un goût certain pour le bling-bling de poulailler et les œufs de Fabergé. C’est bien ce que je disais [:homerde:3]
 
Son enfance encadrée par Joe-Wilfrid son père, un triste tripoteur de Bâle, et Ursula REDRESSE sa mère, dont le seul talent consistait à faire lever les drapeaux (mais pas queue ! NDLA) se passe de commentaires. Tout au plus dirons-nous que Sarah y gagna un physique de butor ou les seins plantureux dont elle aurait pu légitimement rêver auraient poussé dans ses biceps. Elle était plate comme une limande et forte comme un bœuf comme en atteste cette photo d'identité prise entre deux crises d'épilepsie par le photographe local d'Ouellènay, où elle naquit entre deux veaux https://pbs.twimg.com/media/ClfRBPqUkAEWBJ4.jpg
 
Cette poulette voulait être un coq et c’est ce qu’elle fit en intégrant le corps des Marines d’élite de l’USS SARATOGA à l’âge de 18 ans. Aussitôt engagée, aussitôt envoyée en corps expéditionnaire dans le South Pacifique du Sud, vers les riantes îles paradisiaques où poussent les kiwis et les Japonais dégringolant.
 
Au cours d'une permission et dans le cadre des activités confraternelles avec les populations locales pour envoyer du rêve à mes ricains, Sarah finit sur une plage pour jouer au foot avec les autochtones et le GI Joe. Pas civilisés pour deux sous, les papous du coin n'ont pour seul ballon qu'une noix de coco bien trop dure pour les pieds tendres de nos deux ruminants. Bah oui, ils mâchent du chewing-gum pour se donner un style et une autorité naturelle qui stupéfait d'emblée tous les faibles d'esprit.  
 
Le ballon est trop dur donc, qu'à cela ne tienne s'exclame Sarah, il suffit de l'écraser un peu. Sous les forces combinées de ses biceps Herculéens (et deux et trois Zéro ! ) et des amphétamines de combat, voilà notre noix soumise à rude épreuve, tant et si bien qu'à la fin, de sphérique elle devient fusiforme.  
 
"Mais ça ne roule plus !" enrage Jean-Pierre PAPOU ! "On a qu'à faire des passes à la main, le nain, ou sinon je te le carre dans l'cul, c'est toi qui choise..." objecte Sarah qui l'avait mauvaise. Jean-Pierre, qui tenait à son anus comme à la prunelle de ses yeux vairons, ne moufta pas plus, et passa ainsi sans l'savoir à côté de l'invention du suppositoire :o Des passes à la main ils se firent et ainsi naquit le sport de rugby !
 
Mais qu'on t'elle de "vipérines" ces aventures au raz du gazon vous interroge-je ? Cette histoire véridique me fut inspirée quand Perrine, ma muse, apparut devant moi, je vis Perrine et puis voilà !


Message édité par Homerde le 15-11-2017 à 16:31:37

---------------
J'ai les bonbons qui collent au papier :/
mood
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