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Auteur Sujet :

"Ecriture d'un roman d'heroic fantasy" - histoire n°2

n°7535234
gui haume
un mec qu'a la tête dur
Posté le 28-01-2006 à 21:12:58  profilanswer
 

Reprise du message précédent :

cyfer a écrit :

Allez  [:yoyoz]  quoi!
 
C'est la période des fêtes, GB fait nous cadeau de la suite de ton roman :whistle:  
 
Je ne désespère pas de lire un jour la suite...


 
Moi si!! :pfff:  

mood
Publicité
Posté le 28-01-2006 à 21:12:58  profilanswer
 

n°7557443
nimrod
barbare papa
Posté le 01-02-2006 à 08:44:58  profilanswer
 

Désolé j'arrive un peu après les vendanges mais je voudrais te féliciter Grenouille Bleue pour le prologue merveilleux et terribeuL que tu as fais.  :D Bon je lis la suite


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...Une lame de mer ère telle l'âme amère d'une mère en larme...
n°9333339
TiTi786
Posté le 28-08-2006 à 05:11:18  profilanswer
 

Pas le meme style mais tout aussi coolos que le"Briseur d'Empires"!!!
Le retour de Barell incredibeulement mis en scene et plus en arriere le garde qui frappe Mahlin et voit sont coup sans effet:j'etais K.O!!
Cela dit pour en revenir au systeme de la magie, celui a deja été et par un auteur qui a mon tu doit apprecier:David Gemmell(paix a son âme) dans "Renégats" pr etre precis!!
Cela dit ta metaphore de l'Arc-En-Ciel est très bien pensée et la maniere dont ils s'immergent dedans et ressentent le pouvoir ..
argh sa donne envie!!
Comme pour les recits de Rek & co j'attends la suite avec impatience!!
+

n°9941543
docwario
Alea jacta est
Posté le 14-11-2006 à 14:29:27  profilanswer
 

Et la suite de cette histoire contre l'arrêt définitif du fumage de grenouille.
(coller une clope au bec d'une grenouille ... c'est pas bien mais .... :p )

n°11726974
Grenouille​ Bleue
Batracien Azuré
Posté le 04-06-2007 à 22:11:15  profilanswer
 

S’il y avait bien quelque chose que Mahlin ne supportait pas, c’était la prière du soir.  
Pourtant, c’était un garçon croyant, oui monsieur. Même qu’il avait présenté ses respects aux sept Couleurs pendant ses sept premières années, comme tout le monde. Et dans le principe, il ne voyait pas le moindre inconvénient à les célébrer comme il se devait. Après tout, la magie méritait bien quelques sacrifices, n’est-ce pas ?
 
Mais pourquoi fallait-il que ce soit tous les jours ? Et que cela prenne aussi longtemps ? Devant lui, Frère Salvan continuait d’annôner son sermon, les yeux fermés, le visage inspiré. En plus, le vieil homme ne semblait jamais se renouveler. Il s’agissait toujours de paraboles à peine déguisées sur les vertus du travail et les bienfaits de la magie. Il soupira.
« J’ai faim »
Shani posa sa main sur son bras.
« Tais-toi, c’est bientôt fini »
Voici quelques années, Mahlin se serait dégagé d’une bourrade et aurait protesté contre le côté sage et posé de la jeune fille. Mais ces derniers temps, il ne parvenait plus à retrouver cet esprit bon enfant. Son contact le faisait frissonner dans les moments les plus inopportuns, et lui donnait des idées étranges. Il baissa les yeux ; il osait à peine respirer. Puis elle retira ses doigts. Il se sentit vaguement floué.
« Peut-être, mais j’ai quand même faim. »
Une autre main se posa sur son épaule, plus grosse et plus poilue. Très grosse et très poilue.
« Chut.»
« Mais… »
« Chut. »
Et Mahlin se tut.
Il ne faisait pas bon contrarier Aarel, même lorsque le colosse était d’excellente humeur. Et à voir sa mâchoire serrée, ce n’était pas le cas ce soir. C’était un des plus croyants de l’assemblée – il prenait toujours comme une insulte personnelle la somnolence qui prenait l’assistance à chaque fois que Frère Salvan prenait la parole.
Mahlin soupira. Il était décidément bien entouré, entre un fervent croyant et une jeune fille bien élevée qui ne prononcerait jamais un mot de travers. Avec détermination, il enfonça les mains dans les poches de son ample tunique et se résolut à attendre que ça passe. Ca passait toujours. Il bailla. Devant lui, le Frère s’animait enfin.
 
« Récitons la prière que nous tenons de nos ancêtres, récitons ces premiers mots que nous avons appris avec ferveur, remercions les premiers Mages du don de leur vie, remercions-les pour la paix et la prospérité que nous connaissons désormais. Levons-nous et prions les Couleurs ! »
« Prions ! » répéta la salle en chœur.
Oh non. Il allait devoir se lever. Mahlin pensait y échapper, mais cette fois encore il y aurait droit. La prise d’Aarel sur son bras gauche ne lui laissait pas grand espoir. Il suivit le mouvement de la foule pour se tenir bien droit. Vu sa taille, la différence n’était pas très grande. Sauf que maintenant il ne voyait plus rien. Formidable.
« Prions le Rouge, Prions le Sang ! » chanta Frère Salvan de son baryton rocailleux.
« Prions ! » fit la salle.
« Pourquoi est-ce que j’ai toujours un grand devant moi ? Il me bouche la vue »
Shani ricana.
« Quelle importance, je croyais que tu t’ennuyais ? »
« Je m’ennuie encore plus quand je ne vois rien »
« Prions l’Orange, prions le Feu ! »
« Prions ! »
« Prions le Jaune, prions la Terre ! »
« Prions ! »
« Prions le Vert, prions la Nature ! »
« Prions ! »
« Prions le Bleu, prions l’Air ! »
« Prions ! »
« Ils pourraient varier un peu… ».
« Chut. »
« Prions l’Indigo, prions l’Eau ! »
« Prions ! »
« Prions le Violet, prions l’Esprit ! »
« Prions ! »
 
Mahlin se dévissa le cou pour voir la fin. C’était à peu près la seule chose intéressante dans cette cérémonie, autant qu’il puisse en profiter. Le prêtre joignit les mains, et un filet de couleur s’échappa de ses paumes sous les regards admiratifs de l’assistance. Un autre trait de lumière vint s’y mélanger, puis un autre, puis quatre autres, jusqu’à ce que toutes les couleurs de l’arc-en-ciel soient représentées. A chaque mouvement de main, la lumière venait chatouiller le plafond avec obéissance en un serpent lumineux de plus en plus épais. Le rouge venait se mélanger au bleu qui lui-même se fondait dans le vert, plus vite, de plus en plus vite.
« Bientôt… » murmura Mahlin.
« Tu penses au miracle ou à ton estomac ? » sourit Shani.
« Les deux. »
En haut, tout continuait à tourbillonner jusqu’à ce qu’il n’y ait plus qu’une seule Couleur, la seule, la vraie, l’unique, la Vie.
Le Blanc.
« Prions le Blanc ! » hurla le prêtre.
« Prions ! »
La lumière devint aveuglante. Remplit tout l’Eglise. Baigna les fidèles de son aura bienfaisante. Puis disparut doucement.
« Allez en paix » fit le prêtre.
« Enfin ! » fit Mahlin.
« Chut » fit Aarel.
« Chut » fit Shani.
« Venez » fit Barell Khorr.  
 
Et ils vinrent, tous les trois, car ils étaient les disciples et c’était leur Maître.


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n°11863212
Grenouille​ Bleue
Batracien Azuré
Posté le 19-06-2007 à 00:20:25  profilanswer
 

La petite bougie se consumait près de la fenêtre. La nuit était tombée depuis longtemps et les moustiques s’agglutinaient contre la vitre, anxieux de se brûler les ailes. Leur bourdonnement était irritant, mais Mahlin ne leur prêtait pas la moindre attention. La langue tirée, il écrivait avec application sur le parchemin, recopiant les arrondis du vieux manuscrit. A en juger par l’état du papier, le texte devait dater de plusieurs centaines d’années et il le manipulait avec révérence. Il avait presque peur d’éternuer pour ne pas le déchirer en morceaux. Lorsque la poussière lui chatouillait trop le nez, il se détournait, se pinçait les narines, respirait à pleins poumons, puis reprenait son travail. Si la plume ne gouttait pas trop, il en aurait probablement terminé dans une ou deux heures. Il dissimula un baillement. Si au moins le sujet était passionnant – mais non. Un vieux traité sur la guerre. Comme si ça pouvait avoir le moindre intérêt. Des gens avec des armes qui tapent sur des gens avec des armures. Celui qui tape le plus fort gagne. Allez, plus que trente lignes et il allait pouvoir se coucher.
 
« Tiens ? Tu ne dors pas ? »
La voix le fit sursauter. La plume vint se briser au bout du mot en une cruelle tache sombre.
« Non ! » glapit Mahlin.
« Non ? Ca tombe bien, moi non plus, je n’arrive pas à dormir »
Le jeune homme ne tourna pas la tête. C’était Shani, évidemment. Il fixait avec des yeux troubles la page souillée. Une heure de travail perdue, et il n’arrivait pas à se mettre en colère.
« Qu’est-ce que tu fais là ? »
Elle haussa les épaules.
« Je te dis, je n’arrivais pas à dormir. Il fait trop froid, en bas. La cheminée ne porte pas jusqu’à ma chambre. C’est exaspérant. Et puis je n’ai pas sommeil. »
« Et Aarel ? Il dort ? »
Shani sourit.
« Comme un bébé. Il faut dire qu’il était épuisé. Maître Khorr lui a fait couper du bois pendant deux heures, ce soir. Même pour lui, ça devait être épuisant. »
Mahlin hocha machinalement la tête. C’était toujours pareil. Les tâches physiques pour Aarel, les tâches intellectuelles pour lui, les tâches ménagères pour Shani. Une saine répartition du travail dans le manoir. Oh, il y avait bien eu un moment de flottement au début lorsque la jeune fille avait fait valoir qu’elle avait beaucoup plus de travail que les autres, qu’ils pouvaient certainement faire leurs lits, et laver leurs bols, et ne pas répandre de l’encre ou des cendres sur le sol. Les filles étaient tellement contrariantes.
 
La seule personne qui ne travaillait pas était Barell Khorr. Mais c’était un Maître Mage, et cela suffisait. Le manoir lui appartenait, et cela suffisait. Il avait choisi avec soin ses apprentis, et cela suffisait. Son verbe était loi, et cela suffisait.
 
Simplement, Mahlin se demandait de temps en temps quand est-ce qu’ils allaient pouvoir enfin commencer à apprendre quelque chose. Cela faisait près de six mois maintenant qu’ils travaillaient avec acharnement, et Maître Khorr ne leur avait toujours pas appris la moindre chose. Il se contentait de sourire, et de réclamer de la patience.
 
« Tu crois que nous serons bientôt prêts à apprendre les Couleurs ? » relança Shani, comme en écho à ses propres pensées.
 
Mahlin se frotta les yeux. Il était fatigué, soudain, et la lueur de la bougie lui agressait les yeux. Il posa sa plume – de toute façon, le mal était fait, et il n’avait pas l’intention de recommencer ce soir. Il leva les mains, fit craquer ses articulations.
 
« Je n’en ai pas la moindre idée. Mais je suis comme toi, je commence à trouver le temps long. Je ne pensais pas que ça prendrait aussi longtemps »
Shani s’avança dans la pièce d’un pas hésitant. Ces discussions avaient toujours l’air de conciliabule secret. Elle hésita puis s’assit sur une des chaises libres. Elle leva les jambes et posa son menton sur ses genoux.
« J’ai discuté avec Aarel – avant qu’il dorme, je veux dire. Il pense que ce n’est pas normal. »
Mahlin grimaça intérieurement. Elle avait parlé au géant avant lui, elle avait partagé la même intimité avec lui. Il ne savait pas pourquoi, mais ça l’agaçait. Il leva une main apaisante.
« Maître Khorr dit qu’on n’a rien sans rien et qu’il nous faut gagner notre apprentissage » « Maître Khorr nous exploite ! Six mois, six mois sans rien ! D’habitude, quand on assiste un Maître Mage, on a, je ne sais pas, des leçons… des histoires, au moins. Des légendes. Des manuscrits à étudier. »
« …des pots à nettoyer, des sols à récurer, des livres à recopier, des mauvaises herbes à arracher… »
Shani se permit un léger sourire.
« Aussi. Mais pas seulement. Si j’ai abandonné une vie de servante d’auberge, ce n’est pas pour me retrouver en souillon dans un manoir, aussi magnifique soit-il. Je pensais vraiment que ça allait tout changer, tu sais, quand il est venu me chercher. Il était si grand, si… beau, si élégant avec sa cape verte et ses habits émeraude. Quand il m’a dit que j’avais les Couleurs en moi, j’ai cru que c’était une plaisanterie. » Elle se retourna vers Mahlin, soudain hésitante. « Tu penses que ça pouvait être une plaisanterie ? »
 
Mahlin regardait avec curiosité la jeune fille. Elle portait habituellement des robes amples, mais avait opté aujourd’hui pour des braies très masculines.  Etrangement, ça lui donnait encore plus de charme. Pour une fille de dix-huit ans, Shareen était décidément très bien formée. Elle n’était pas très grande mais mince, avec de longs cheveux sombres qui donnaient à son visage un air mutin et qu’elle repoussait d’un geste impatient lorsqu’une mèche venait lui voiler les yeux. Et puis ses yeux…
Mahlin adorait les yeux verts.
 
« Hein ? » balbutia-t-il quand il vit qu’elle attendait une réponse.
« Le potentiel. Les Couleurs. Tu penses que nous les avons en nous ? »
« Hein ? » répéta-t-il. Puis il retrouva ses esprits. « Oh, les Couleurs ? Bien sûr, sinon il ne nous aurait pas choisi. Tu sais, c’est le seul Maître Mage de la région, il aurait pu demander à des centaines d’adolescents. Il y a bien une raison derrière son choix. »
« Peut-être… »  
Elle ne paraissait pas vraiment convaincue. Mahlin se dit confusément que c’était le bon moment pour la prendre dans les bras et la réconforter, mais il était comme collé à sa chaise et il avait l’impression d’avoir les membres en coton . Il haussa un sourcil. Pas tous ses membres.
« Qu’est-ce que vous avez décidé, avec Aarel ? »
Elle renifla.
« Rien pour l’instant. Mais j’aimerais que l’on finisse par se décider, et qu’on cesse de se laisser impressionner par Maître Khorr. Demain, il faudrait lui parler. Lui expliquer que ça ne peut pas durer. Lui demander de nous apprendre quelque chose, n’importe quoi. »  
« A commencer par la politesse, par exemple ? »
La voix glaciale les figea sur place. Mahlin se tourna lentement vers l’entrée, appréhendant déjà la scène qui allait suivre.
Barell Khorr se dessinait dans l’embrasure de la porte. Il portait les mêmes habits que toujours, cette longue cape verte et cette tunique de la même teinte qui indiquaient sa Couleur. Ses cheveux poivre et sel rassemblés en catogan étiraient son visage et rendait impossible de lui donner un age. Il avait les yeux profondément enfoncés, le nez cassé et les oreilles en chou-fleur d’un lutteur de foire. Pourtant, avec sa carcasse mince et dégingandée, personne ne pouvait l’imaginer affronter quelqu’un à mains nues. C’était un mystère que Mahlin s’était toujours promis de percer.
Comme toujours, une aura indistincte planait autour de lui, comme une force invisible qu’il aurait cherché à contenir. Tout en lui respirait la violence rentrée, la puissance sans limite. Il ne s’était jamais montré brutal, ni même cruel, mais sa simple vue suffisait généralement à réduire les jeunes gens au silence. Même le côté belliqueux d’Aarel disparaissait d’un simple regard.
 
Mahlin se rappelait très clairement leur rencontre, six mois plus tôt.  
 
Il était en train de pousser la charrette de son père, lamentablement embourbée dans une ornière. Il avait plu pendant deux jours et la route était traîtresse. N’importe qui aurait pu faire la même erreur mais son père n’était pas du genre à pardonner. Mahlin sentait une dent se déchausser, là où il s’était fait frapper d’un coup rageur. Un peu de sang coulait contre sa lèvre.
Arc-bouté contre le dos de la charrette, le Vieux poussait des imprécations comme pour s’encourager à mettre plus de force. La vieille mule de bat bronchait à peine. La charge était soudain trop lourde pour elle, voilà tout ce qu’elle avait remarqué, et elle avait donc décidé de ne plus bouger jusqu’à ce que la situation se résolve.
« Si ce maudit animal continue de nous regarder avec son air placide, je vais en faire de la colle ! » rugissait le Vieux en ahanant de plus belle. « De la colle, je te promets ! »
Mahlin ne répondait rien. Ca n’avait aucun intérêt, et il préférait garder ses forces pour pousser. Il avait beau appuyer de toutes ses forces, la roue refusait de ressortir. L’ornière était profonde, et il allait falloir creuser. Il ne manquait plus que ça.
« Pousse, par les Couleurs putrides, Arc-en-Ciel de catin ! Pousse plus fort ! Mais qu’est-ce que je t’ai appris ! »
« Sûrement pas la politesse » avait dit la voix à l’époque.
 
C’était une voix sombre et sépulcrale, sur le moment. Mahlin avait brusquement relevé la tête pour voir le nouveau venu qui avait ainsi tranché dans les gérémiades de son père. Il avait lâché sa prise juste à temps : dans un craquement de moyeu, la charrette s’était ébrouée avant de se soulever lentement, lentement, puis plus rapidement. Il y eut un bruit de succion et la roue s’était échappée de sa gangue de boue pour laisser flotter l’attelage à quelques centimètres du sol. La mule, tout aussi impavide, se balançait tranquillement dans l’air.
 
Devant eux, l’étranger en vert avait baissé la main et la charrette avait suivi le mouvement pour rejoindre le plancher des vaches, loin de l’ornière. Le Vieux s’était jeté au sol, face contre terre, empli de crainte révérentieuse.
« Maître Mage ! » avait-il balbutié.
« C’est une mauvaise idée d’insulter les Couleurs, même pour l’homme du commun. Elles ont une tendance désagréable à se venger »
« Je… il… c’était quelques mots, c’est tout… »
Barell Khorr avait hoché la tête.
« En l’occurrence, la sanction risque d’être plus rapide que prévue. Bouseux, je vais avoir besoin de ton fils »
Mahlin était resté bouche bée. De quoi pouvait-il bien s’agir ?
« Pardon ? »
« Ton fils a les Couleurs en lui. Je vais le prendre en apprentissage »
Devhlin avait protesté, torturé entre crainte et colère, mais on ne discutait pas avec Barell Khorr. D’un geste, il avait paralysé l’homme là où il était. Puis il s’était tourné vers Mahlin.
« Mon apprentissage n’est pas gratuit. Il est difficile. Mais tu as le potentiel. Veux-tu devenir mage ? »
Mahlin avait regardé son père. Il avait encore le goût du sang dans sa bouche. Il avait tourné les yeux vers la personne qui possédait tant de pouvoir. Un formidable appétit de vie grandissait en lui.
« Oui »  
 
« Alors comme ça, on complote dans mon dos ? » gronda le Mage.
La voix profonde vint trancher dans les souvenirs de Mahlin et le ramena brutalement au présent. Aujourd’hui, les mains douloureuses d’avoir trop écrit, les yeux brûlants d’avoir trop lu, frissonnant devant le regard froid de Barell Khorr, il se demandait s’il avait fait le bon choix.
« Je… » commença-t-il.
« Nous voulons savoir ce qu’il se passe, et pourquoi nous travaillons tout le temps pour vous sans contrepartie » fit Shani d’une voix claire.
Mahlin regarda dans sa direction ; elle s’était relevée, pas très assurée sur ses jambes, mais droite. Elle respirait avec peine. Il pouvait la voir déglutir. Mais elle tenait tête. Une bouffée de tendresse vint écraser la poitrine du jeune homme. Ce n’était pas à elle de s’exposer ainsi. Lui aussi pouvait se lever. Lui aussi pouvait la défendre. Il allait lui montrer !
Il se redressa, croisa les yeux de Maître Khorr, et retomba lourdement.  
« Oui, nous voulons savoir » parvint-il à dire. Shani lui jeta un regard d’encouragement ; il sentit la bile lui monter dans la gorge.
 
Lentement, Barell pénétra dans la pièce. Il détacha l’agrafe de sa cape puis la plia soigneusement sur une chaise. Il se redressa. Il leur fit face.
 
« Je vous prends sous mon aile. Moi ! Moi, Barell Khorr, je vous arrache de la misère de votre quotidien pour faire de vous des gens qui comptent. Des gens importants. Des Mages. Moi, Barell Khorr, qui ai refusé de prendre en apprentissage les enfants de chevaliers et de grands-bourgeois du comté, qui ai refusé les honneurs et la richesse pour me tourner vers les meilleurs potentiels, voilà comment vous voyez les choses ? » Il grimaça. « Qu’est-ce que six mois de travaux face à une vie dévouée aux Couleurs ? Je vous vois là, discutant de la magie, de ses tenants et aboutissants, comme si vous y connaissiez quelque chose. Je comprendrais que des chiens brûlent de courir avec les loups. Mais vous n’êtes encore que des chatons ! »
 
Il leva une main impérieuse et traça un signe dans l’air. Ses doigts ondulèrent doucement, et soudain Mahlin se sentit happé par une main invisible. Un cri lui échappa, auquel Shani fit écho alors que leurs pieds quittaient le sol.
 
« Maitre Khorr ! » hurla-t-il au mépris de sa dignité.
« Est-ce que vous avez vu quelque chose lorsque j’ai manipulé les Couleurs ? Est-ce que vous avez vu le glyphe se former ? Non ? Pourquoi ? Parce que vous n’êtes pas prêts ! » Barell cracha sur le sol. « Vous n’êtes pas prêts, et vous ne le serez pas avant que je ne le décide. Ca prendra encore quelques jours, ou un mois, ou six si vous n’êtes pas doués. Nous verrons bien. Mais si vous voulez un jour maîtriser les Couleurs, il vous faudra apprendre la rigueur. Et la discipline ! Très important, ça la discipline. » Il hocha la tête, comme satisfait. « Eh bien, vous ne dites plus rien ? Mahlin ! » Il tendit un doigt osseux vers le jeune homme, qui flottait toujours dans les airs. « Une remarque ? Quelque chose à dire ? »
« Non, c’est… je… enfin… » balbutia le pauvre garçon.
Ces yeux. On aurait vraiment dit deux trous sans fond, deux ouvertures sur le néant. D’un autre côté, Shani était à ses côtés. C’était le moment de se montrer sur son meilleur jour. Aarel n’était pas dans la pièce et c’était toujours lui qui jouait les héros, d’habitude.
« En fait, nous voudrions apprendre quelque chose, même si c’est mineur, juste quelque chose, pour être rassurés, savoir que nous avons effectivement du pouvoir… quelque chose… » Une fois les premiers mots passés, le reste devenait plus facile. Il suffisait de penser à quelque chose d’agréable au lieu de se concentrer sur le visage du Maître. Le parfum de Shani rendait la chose plus facile. Avec un brin de perversité, il s’imagina qu’elle portait une de ses robes habituelles au lieu de ce pantalon beige. La tête en bas comme en ce moment, cela aurait pu être intéressant. « Je ne comprends pas pourquoi nous devons travailler pour vous comme ça, alors qu’un simple geste de la main, une formule, une incantation, pourrait vous permettre de faire la même chose beaucoup plus rapidement. »
 
Les yeux de Barell s’étrécirent pour ne plus être que des fentes. Pendant un moment, Mahlin crut qu’il allait trop loin. Puis le mage éclata de rire. Un vrai rire, un rire franc, un rire communicatif, qui éteignait la lueur mortelle au fond de ses pupilles.
« C’est bien, les chatons montrent les crocs ! Utiliser les Couleurs pour enlever la poussière des tapis ? Des applications aussi triviales sont le cauchemar de tout mage. Non, vraiment, vous vous débrouillez très bien par vous-mêmes. Mais… » Il secoua la tête. « Mais vous avez raison. Un peu de détente vous fera du bien et devrait même vous rapprocher des Couleurs. Demain, vous aurez un peu de répit. Je vais vous envoyer avec votre ami Aarel à Bois-Rivière pour visiter l’alchimiste et me rapporter quelques composants essentiels. L’air frais vous fera du bien. Je vous donnerai la liste demain. Et pour la magie… » Il sourit. « Nous verrons à votre retour. »
 
Il ferma les yeux, un simple battement de cils, et Mahlin se sentit tomber. Il se rattrapa de justesse et tendit la main pour amortir la chute de Shani. Lorsqu’il releva la tête, le Maitre remettait sa cape et sortait à grands pas de la pièce.
 
« Merci » murmura le jeune homme.
« N’oubliez pas. Vous partirez demain à l’aube »
Puis la porte se ferma, et il n’était plus là.  
Mahlin laissa fuser un soupir.
« Ouf. Je crois qu’on a bien fait de lui tenir tête, pour une fois »
Shareen le regarda avec un air indéchiffrable.
« Tu trouves que les choses ont changé ? Demain, nous allons devoir aller faire ses courses pour lui, et Bois-Rivière est à dix lieues d’ici. Je ne suis pas sûr que ce soit une amélioration. »
« Oh » fit Mahlin.
 


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n°11864031
dPca
J'aime pas Bora-Bora
Posté le 19-06-2007 à 06:36:39  profilanswer
 


En suivant ce lien, tu pourras améliorer la typographie de tes dialogues...
 
http://marcautret.free.fr/sigma/pr [...] /index.php
 
 ;)

n°11864622
tigrou_bis
Boing... Boing...
Posté le 19-06-2007 à 10:21:36  profilanswer
 

Toujours très beau tes récits, Granouille Bleue... :love:
 
Cependant, certaines phrases comme celle-ci :

Citation :

Ses cheveux poivre et sel rassemblés en catogan étiraient son visage et rendait impossible de lui donner un age.

me donnent une impression bizarre. Ce n'est pas très français je crois, même si on comprend ce que tu veux dire. La première partie de la phrase va très bien, c'est la seconde (après le "et" ) qui n'est pas très claire à mon sens...
 
D'autre part, il me semble que tu as changé les noms de tes personnages, mais il subsiste quelques "Shareen" qui n'ont pas été remplacés par "Shani"...


Message édité par tigrou_bis le 19-06-2007 à 10:22:35
n°14683862
Grenouille​ Bleue
Batracien Azuré
Posté le 24-04-2008 à 00:18:23  profilanswer
 

Putain, j'ai passé trois heures à pondre ce truc, j'y ai passé ma soirée, et je n'en suis toujours pas satisfait.
Je ne sais pas si c'est parce que je l'ai tellement ressassé, mais je n'arrive pas à être content du résultat.
 
Du coup, votre opinion: c'est agréable à lire ou bien désespérément ennuyeux ? Et ne me ménagez pas, c'est une question sincère.
Ca ferait office d'introduction au bouquin.
 
 
 
INTRODUCTION
 
 
L’enfance de Cleon, ainsi que son adolescence, sont bien moins documentées que les circonstances de la Grande Guerre et les événements qui l’ont entourée. Plusieurs historiens accréditent la thèse de ses origines modestes alors que d’autres encore, comme moi-même, pointent sur des indices troublants qui suggéreraient une naissance bourgeoise (cf chap.3). Cleon ne s’étant jamais prononcé en public sur ce sujet et aucune famille ne lui étant connue, ces considérations seront probablement à jamais sans réponse.
 
Il a cependant souvent laissé entendre, comme ce fut communément admis, que tout commença par une histoire d’amour. Elle, et Lui.
 
- Thaspeon d’Otocle, in Les Origines

 
 
 
Elle s’appelait Elenn, et c’était la fille du forgeron.
 
Le vieux Ben n’était pas n’importe qui. Sa renommée s’étendait sur des dizaines de lieues ; c’était lui, personne d’autre, que les seigneurs environnants venaient voir pour une épée d’apparat, une armure damasquinée ou tout autre travail de précision. Ils payaient grassement, suffisamment pour que le forgeron puisse agrandir sa forge, puis y adjoindre une maison,  un manoir, et plusieurs acres des terres environnantes. Or Ben, malgré les efforts de son épouse et les prières répétées aux temples des Dieux des Moissons, n’avait jamais eu d’héritier.
 
Tout le monde savait qu’épouser Elenn serait le meilleur moyen de s’enrichir rapidement.  Des jeunes gens d’aussi loin que Fondruisseau se bousculaient aux fêtes des moissons ou des semailles pour attirer son attention ou conquérir son cœur à grands renforts de prouesses physiques, de poésie ou de promesses extravagantes. Lorsqu’ils la croisaient pour la première fois, ils perdaient souvent de vue leur objectif premier.  
 
A dix-sept ans, elle était grande et élancée, les cheveux blonds, les yeux brillants, les seins lourds et les hanches larges. Elle promettait de beaux bébés et le plaisir de leur conception. Mais elle ne se mariait toujours pas. Ceux qui s’avançaient se voyaient repoussés d’un sourire contrit, et les insistants battaient précipitamment en retraite sous la menace du marteau paternel. Le vieux Ben approchait des cinquante ans, mais il travaillait encore son enclume comme personne et aucun des fiers-à-bras qui gonflaient leurs muscles devant sa fille n’avait le courage d’affronter ses sourcils froncés.
 
 
*
 
Lui s’appelait Cleon, et ne connaissait pas ses parents..
 
Peu de gens appréciaient les orphelins dans les royaumes. Pas d’argent, pas de relation, pas de métier à transférer de père en fils. Il avait rapidement appris à se rendre utile, travaillant aux champs quand on le lui demandait, sciant les branches des arbres que l’on abattait, assistant le rebouteux quand il le fallait. Jamais il ne se plaignait ou ne rechignait à la tâche, car il savait que la patience du village ne tenait qu’à un fil, et que la nourriture qu’on lui abandonnait dans sa cahute en bois pourrait un jour cesser de lui parvenir. Quand il se prenait à rêver, il espérait qu’une quelconque famille l’adopte. Ca n’était pas si rare, et cela lui donnerait la respectabilité qui lui manquait,. Peut-être cesserait-il alors d’être la risée des filles du village.
 
Tout le monde savait que Cleon n’avait aucune fortune, aucun avenir, aucun soutien. Comment pouvait-il alors espérer passer une adolescence heureuse ? A chaque festival, on lui refusait toutes les danses. Même Katinga du canton de Blancrameau, avec son nez porcin et ses boutons innombrables. Même Doria, la catin du village, qui avait couché avec tous les jeunes gens pendant qu’ils étaient aux champs. Tous, sauf lui.
 
A dix-sept ans, il était maigre jusqu’à paraître émacié, avec un long cou de vautour et des cheveux déjà clairsemés. Ses yeux trop clairs se remplissaient de larmes sous une trop forte lumière, et la lueur du soleil lui brûlait la peau. Personne n’avait discuté avec lui de ses parents ou des circonstances de son arrivée ici. A bien y réfléchir, personne ne lui avait jamais tout simplement parlé.
 
Le décor était en place. Il n’y avait plus qu’à lever le rideau.
 
*
 
La bourrasque tirailla le manteau de Cleon, écartant la laine épaisse pour venir caresser sa peau. Il frissonna. C’était un vent venu tout droit des glaciers du nord, un vent chargé de froid, d’hiver et de promesses de neige. D’une main rageuse, il rabattit les pans de sa pelisse et continua son chemin. La nuit n’allait pas tarder à tomber et il lui fallait rentrer avant s’il ne voulait pas de problèmes avec le boucher et les chasseurs. On lui avait indiqué avec précision où se trouvait la carcasse du cerf qu’ils avaient abattu, et c’était désormais sa tâche de ramener les quartiers qu’ils avaient dû abandonner sur place.
 
Oh, il n’avait pas eu de souci pour trouver l’endroit exact. La pluie avait rendu le sol boueux, et les traces de pas se suivaient facilement. Mais la viande pesait lourd, et il n’était pas très athlétique. Malgré tous ses efforts, il avait été contraint d’en laisser en haut d’un arbre, à l’abri des prédateurs de tous poils. Les seuls morceaux qu’il ramenait avaient suffi à rendre sa démarche hésitante et à transformer la promenade de l’aller en un véritable calvaire.
 
Ses bottes s’enfonçaient dans la boue épaisse avec un atroce bruit de succion et il pouvait sentir l’eau putride se faufiler parmi les morceaux mal rapiécés. Il buta sur un caillou, tituba, jura tout haut puis reprit de justesse son équilibre. S’il laissait imprudemment tomber son chargement, sa journée serait complète. Il secoua la tête pour se débarasser de la fatigue qui lui embrouillait l’esprit, puis reprit son chemin, les yeux obstinément baissés vers le sol pour suivre au mieux la piste. Il ne remarqua donc pas la fille qui courait dans le sens inverse jusqu’à ce qu’elle le heurte avec brutalité.  
 
Cleon battit des bras, lâcha les quartiers de viande, parut récupérer un instant son équilibre puis, vaincu, s’effondra dans une flaque en un tas de vêtements informes.  
 
Sa première pensée fut pour son manteau. Maintenant, il était trempé et ne pourrait plus le protéger efficacement du vent qui reprenait de l’ampleur. Puis il aperçut la viande éparse et un gémissement lui échappa. Une partie avait disparu sous les buissons épineux, et il allait lui falloir du temps et des efforts pour tout récupérer.
 
Enfin, il s’intéressa à la raison de sa chute, prostrée dans un coin, aussi sonnée que lui par la collision. Oubliant ses propres bleus, il se leva d’un bond.
« Mademoiselle… euh, mademoiselle ? » Il avança une main inquiète. « Vous n’avez rien ? »
 
La jeune fille eut une sorte de frisson. Elle ignora son aide et se mit péniblement debout. Son capuchon tomba, révélant les cheveux blonds bien connus des gens du coin.
« Ellen ? »
De nouveau, elle l’ignora. Ses épaules étaient secouées de spasmes, et Cleon réalisa soudain qu’il s’agissait de sanglots. Un regard plus appuyé le confirma : la fine bruine qui coulait sur son visage s’entremêlait aux larmes.  
« Ellen ? » répéta-t-il, se sentant stupide.
 
Que pouvait-on dire à une fille en pleurs ? Il n’était déjà pas capable de leur parler lorsqu’elles étaient de bonne humeur, alors comment trouver les mots ? Elle ne répondait toujours pas, et maintenant ses reniflements se succédaient. Par ce vent glacial, elle allait prendre froid. Dans un réflexe protecteur, il s’avança d’un pas et la prit dans ses bras. Elle s’y raidit d’abord un instant, puis s’y abandonna totalement. Aussi grande que lui, sa tête vint se poser sur son épaule et les sanglots devinrent sonores.
« Là, là… » murmura-t-il doucement.
 
Les quartiers de viande étaient oubliés à ses pieds. Qu’est-ce qui avait bien pu mettre la jeune fille dans un tel état ? Cleon était lucide. Pour qu’elle accepte ainsi de se laisser bercer, il avait du se passer quelque chose d’incroyable, d’extraordinaire, de terrifiant. Mais il serait bien temps de comprendre plus tard. Pour l’instant, il se contentait de savourer égoïstement le moment.
 
Rapidement, pourtant, la jeune fille reprit une contenance. Elle se détacha de lui, l’air embarassée. Sa pelisse en laine richement brodée pendait pitoyablement d’une de ses épaules, les larmes creusaient des sillons sur ses joues, pourtant il ne l’avait jamais trouvée aussi belle.
 
« Cleon… » balbutia-t-elle avant que sa voix ne se brise. Il se garda bien de l’interrompre, attendant patiemment qu’elle se reprenne. « Cleon… c’est ma mère. »
« Ta mère ? »
« L’orage… le vent… » Ellen déglutit.  « Une poutre s’est effondrée et l’a écrasée… » De nouveau une pause. « Cleon… elle est mourante ! »
 
Le jeune homme haussa un sourcil, lui-même peu affecté. Cette nouvelle expliquait les larmes et la détresse d’Ellen, mais moins son irruption soudaine dans les bois.
 
« Et tu me cherchais ? »
Elle hocha la tête, essuya la morve qui lui coulait sur le menton.
« Le rebouteux est parti dans les villages voisins, il ne sera pas là avant une semaine. Tu as souvent travaillé avec lui, tu connais ses remèdes, les plantes qu’il utilise, les potions qu’il prépare. Viens avec moi, dépêche-toi, il faut absolument que tu sauves ma mère ! »
 
L’orphelin connaissait bien la femme du forgeron, une grosse dame joviale qui distribuait des sourires à tout le monde et des taloches à lui. C’était une avare de première, trop heureuse de rester à la maison pour gérer la fortune de son mari et s’engraisser du travail des autres. La nouvelle de son agonie ne lui procurait aucune tristesse, mais il ne pouvait résister au désarroi de la jeune fille devant lui. S’il y avait quelque chose à faire, il le ferait. Peut-être que cela lui permettrait de gagner les bonnes grâces de sa famille et, à travers eux, de tout le village ? Peut-être même que… il coula un regard vers Ellen puis détourna les yeux, honteux. Ce n’était pas le moment de penser à cela.
 
« Allons-y alors » décida-t-il. « Le plus vite sera le mieux. Tu peux courir ? »
Elle hocha timidement la tête et il lui prit la main, commençant à trotter à travers la boue et la pluie. C’était beaucoup plus agréable de tenir une fille qu’un quartier de viande, et le trajet sembla passer comme dans un rêve. Une dizaine de minutes plus tard, les lueurs du village commencèrent à se faire jour au loin. Toutes les cheminées crépitaient pour repousser le froid de l’hiver, et leur lumière filtrait à travers les larges fenêtres comme pour guider les deux jeunes gens.
 
Cleon était trempé de la tête aux pieds, ses bottes ne le protégeaient plus, ses orteils se recroquevillaient de froid mais il ne ralentit pas l’allure pour autant. Il se contenta d’un détour par la maison du rebouteux pour s’emparer des quelques potions qui pouvaient aider en cas de choc ou de contusion, s’empara des vieux instruments de médecine qu’on lui avait légués puis remonta vers la maison du forgeron, Ellen sur ses talons. Ce ne fut qu’au pas de la porte qu’il hésita soudain, la main sur le lourd heurtoir en bronze.
 
« Ton père est d’accord pour que je tente de soigner sa femme ?  Je veux dire, il ne m’a jamais vraiment porté dans son cœur ».
« En fait… » La jeune fille hésita. « Il n’est pas vraiment au courant. Il n’est même pas là »
« Pas là ? Comment ça ? »
« Il est parti à cheval dès qu’il a vu ce qu’il se passait pour joindre la ville la plus proche et y trouver un médecin. Il a les moyens, il trouvera le plus compétent des docteurs pour elle, je le sais, j’en suis sûre. »
Cleon se pinça l’arète du nez, comme toujours lorsqu’il était contrarié.
« S’il n’est pas au courant et qu’il va chercher de l’aide, pourquoi es-tu allée me chercher ? »  
Tout d’un coup, la viande délaissée lui revenait à l’esprit. S’il n’arrivait pas comme sauveur, les chasseurs lui en voudraient certainement pour cet abandon. Il plongea ses yeux dans ceux de la jeune fille, la colère lui donnant du courage. Mais elle soutint son regard sans ciller.
« Le temps qu’il trouve quelqu’un et revienne, ma mère sera peut-être morte ! Je n’y connais rien mais ça a l’air grave, tellement grave… il faut que tu fasses quelque chose. J’ai besoin de toi, Cleon. J’ai vraiment besoin de toi. » Elle baissa enfin les yeux. « Je te fais confiance, Cleon. »
Le garçon déglutit. Comment résister à une telle prière ? C’était sans doute le pire moment pour ressentir ce genre d’émotions, mais le bonheur de se sentir ainsi valorisé lui donnait envie de crier. Il prit la main d’Ellen dans la sienne et la serra doucement.
« Je ne te promets rien, mais je vais faire ce que je peux »
« C’est tout ce que je te demande ».
Elle produisit une grosse clé et poussa la porte sans lâcher sa main. Pour la première fois de sa vie, Cleon pénétrait dans le saint des saints.
 
La maison du vieux Ben était la plus belle et la plus riche du village, mais l’intérieur traduisait encore plus la richesse de son propriétaire. Des dalles de marbre sur le sol, des tentures épaisses aux murs, plusieurs statues, des vasques d’argent, des meubles en bois précieux… Cleon en avait le tournis, lui qui vivait entre quatre murs branlants à l’orée du village. Mais il n’avait pas le temps de s’attarder pour visiter – d’une démarche impérieuse, Ellen le traîna dans une succession de couloirs pour enfin pénétrer dans une chambre faiblement éclairée.
« Elle est là » précisa-t-elle inutilement.
Cleon laissa échapper un sifflement de surprise. Elle était là, en effet – ou ce qu’il en restait. Il ne savait pas exactement ce qui avait pu lui tomber dessus, mais ce n’était certainement pas une poutre unique. Le corps secoué de spasmes qui reposait sur le lit n’avait presque plus rien d’humain tant les membres étaient tordus à des angles impossibles. Une odeur écoeurante d’urine et d’excréments vint lui assaillir le nez. Il s’avança, souleva doucement le drap et resta quelques instants à regarder le corps. Lorsqu’il recula, son expression restait indéchiffrable.
« Ellen, je… »
Il croisa ses yeux implorants et ne put continuer. Que pouvait-il dire ? Il n’y avait pas besoin d’y regarder à deux fois. La pauvre femme avait eu la cage thoracique défoncée, et seule sa volonté devait la retenir à la vie. Certains os étaient brisés en de multiples endroits et, s’il ne se trompait pas, l’un d’eux avait percé un poumon. Il n’y avait rien à faire. Aucun des remèdes du rebouteux ne pourrait améliorer les choses. Au mieux, il pouvait lui administrer un puissant narcotique pour adoucir ses souffrances. Mais rien, rien ne prolongerait sa vie – sans même parler de la sauver.
Mais dire cela ? Sa gorge se serra, empêchant les mots de sortir comme il l’aurait voulu. Ellen le suivait des yeux avec un espoir presque douloureux. Personne ne l’avait jamais regardé comme ça. Elle était tellement belle dans la semi-pénombre, tellement pleine de confiance. Comment pouvait-il briser cela ?
« Alors ? Qu’est-ce que tu peux faire ? Comment est-ce que je peux t’aider ? » demanda-t-elle, se penchant en avant pour remettre tendrement le drap en place.
« Ellen… »  
« Tu veux que je t’apporte de l’eau ? Le rebouteux en demande souvent, lorsqu’il travaille. Tu veux y tremper les instruments ? C’est comme ça qu’on fait, non ? Il te faut quoi, de l’eau froide, de l’eau chaude ? »
Elle parlait de plus en plus, les mots se bousculaient pour repousser l’inévitable, elle avait déjà compris à son hésitation, mais elle refusait l’évidence, elle cherchait une solution, elle insistait, elle insistait.
« Ellen… » répéta-t-il doucement. « Je suis désolé. Je suis vraiment désolé. Mais il n’y a rien que je puisse faire. Ta mère a subi un accident bien trop grave pour moi. »
Elle baissa les yeux, se boucha les oreilles pour ne pas l’entendre. Il resta les bras ballants, dans cette maison qui n’était pas la sienne, désagréablement conscient de son inutilité, incapable de décider quoi faire.  
Mais elle choisit pour lui.
« Pars » fit-elle.
« Pardon ? »
« Pars d’ici. Tout de suite. » Elle releva les yeux, et il y avait de la haine dans son regard. « Dire que j’avais confiance en toi. Dire que j’ai couru sous l’orage pour aller te chercher. Dire que je pensais que tu pourrais servir à quelque chose, pour une fois. » Elle secoua la tête, refusant toujours d’y croire. « Tu sais que je te défendais lorsque les filles disaient du mal de toi, je pensais que tu avais un bon côté, que tu étais toujours là pour nous aider. Mais pas toujours visiblement. Pars d’ici, je ne veux plus te parler ».
« Mais… »
Ellen lui tourna le dos. La conversation était terminée et, à ses yeux, il n’existait tout simplement plus. Comme d’habitude lorsqu’il ne servait plus à rien, Cleon se retrouvait dans l’obscurité. C’était l’histoire de sa vie.
Mais cette fois-ci son cœur se brisa. Il avait connu une proximité plus grande avec cette fille qu’il ne l’avait jamais eu de sa vie. Qu’elle soit née de l’angoisse et de la détresse n’avait aucune importance pour lui – c’était réel. Pour conserver sa tendresse, il aurait fait n’importe quoi.
Oui, même ça.
 
Cleon prit une grande inspiration et s’avança de nouveau vers le lit et la pauvre femme agonisante. Doucement, il lui prit le poignet d’une main et attrapa une bougie de l’autre. La flamme dansait devant ses yeux. Il se força à se concentrer dessus jusqu’à ce que ses yeux le brûlent et commencent à pleurer..
 
« Cleon ! Je croyais t’avoir dit de filer ! » siffla Ellen, la voix tremblant de colère. « Qu’est-ce que tu fais ? »
« Chut ! » fut la réponse.
 
Cela faisait des années que Cleon n’avait plus fait ça. Cela lui donnait l’impression d’être différent, encore plus que d’habitude. Il avait entendu des hommes du village parler des sorciers, des magiciens, des enchanteurs en termes sans équivoque. Il avait toujours dissimulé son don à tout le monde, ne l’utilisant que sur lui-même lorsque les jeunes le battaient ou les adultes le fouettaient. Et encore, avec parcimonie, pour que personne ne pose de question. Mais il n’avait plus le choix, maintenant. Ses yeux le brûlaient, il les ferma donc. Et les Couleurs explosèrent en lui.
 
Elles étaient toutes là, tourbillonnant autour de lui, aussi vivaces qu’au premier jour. Il leur sourit avec complicité, cherchant sa Couleur propre, le Blanc, le Blanc immaculé. Il écarta les autres progressivement. Sa respiration se fit laborieuse.
 
Il buvait Blanc, il vivait Blanc, il était Blanc. Plus rien ne comptait que cela et il s’accrocha avec détermination à la puissance qui montait soudain en lui. Sous sa main, la femme blessée tressaillit en ressentant la chaleur qui se dégageait maintenant de lui. Il plongeait toujours plus profond, toujours plus loin à la recherche de plus de puissance. La lumière se faisait de plus en plus intense en lui. Du Blanc, rien que du Blanc. Il ouvrit les yeux et le Blanc perdurait dans ses pupilles.
 
« Je vais soigner ta mère » murmura-t-il, les dents serrées de devoir retenir autant de pouvoir en lui. « Je vais la soigner mais il faudra me promettre d’oublier tout ce que tu vas voir »
 
Sans attendre la réponse, Cleon abandonna la bougie sur une commode et posa sa main libre sur le front de l’agonisante. En un éclair, le Blanc prit vie entre ses doigts et commença à s’infiltrer en elle. C’était comme s’il voyait son corps de l’intérieur, toutes les blessures, toutes les fêlures. Là où le cœur allait lâcher, il insuffla plus d’énergie. Là où les os s’étaient brisés, il les ressouda. Là où le poumon s’était perforé, il le répara. La Couleur lui dégoulinait dans les mains et fuyait son corps à une vitesse impressionnante. Il pensait qu’il avait pris assez de temps et assez de puissance mais cela ne serait pas assez finalement, pas assez pour tout. Sa respiration s’accéléra de nouveau alors que les dernières miettes de Blanc disparaissaient de son esprit pour se fondre dans sa patiente.
 
Il commençait à se concentrer de nouveau lorsqu’elle lui bondit dessus. Ses ongles étaient devenues de véritables griffes alors qu’elle lui déchiquetait le visage, à moitié hystérique.
« Qu’est-ce que tu fais à ma mère, espèce de démon ? Monstre ! Sorcier ! Qu’est-ce que tu lui fais ? »
« Arrête ! » protesta Cleon, tentant de se protéger tant bien que mal. « Je suis en train de la soigner, mais il ne faut pas m’interrompre en plein milieu. Laisse-moi tranquille un moment »
« Pour que tu lui voles son âme ? Jamais ! » Les coups redoublèrent. « Arrête, espèce d’abomination ! Je ne veux pas de toi ici ! Va-t-en ! »
« Mais… »
 
La concentration de Cleon vacilla devant l’avalanche de coups et d’insultes. Les liens laiteux qui maintenaient son œuvre en cours commencèrent à se dénouer. Il essaya de repousser son attaquante mais rien ne semblait pouvoir la calmer.
« Arrête ! » siffla-t-il de nouveau. « Si jamais tu me stoppes en plein milieu du rituel, je vais… »
« Tu vas quoi ? Tu vas quoi, hein démon ? Tu vas m’arracher le cœur, c’est ça ? Essaie, essaie seulement ! » ulula Ellen.
« Mais tu es folle ! C’est pour ta mère que je dis ça, si jamais… »
Trop tard. Dans un grand cri psychique, les liens se brisèrent et les Couleurs disparurent en lui. Sous le drap, la femme prit une grande inspiration, se redressa à moitié – puis retomba.
Ellen s’arrêta de hurler.
Cleon s’arrêta de protester.
Les deux jeunes gens regardèrent stupidement le corps désormais sans vie.
« C’est ta faute, en même temps » grimaça Cleon. Il se sentait soudain fatigué, tellement fatigué. Il aurait aimé que la jeune fille reconnaisse son erreur et que tout redevienne comme avant.
Evidemment, il se trompait. Le premier coup de point l’atteignit au menton, le second à l’estomac, alors qu’elle lui sautait dessus avec encore plus de violence qu’avant., hurlant comme le démon qu’elle l’accusait d’être. Il tenta de résister, entendit des bruits de bas qui s’approchaient, et décida finalement de jouer la prudence.
 
La fenêtre n’était pas loin. En quelques enjambées, il atteignit son embrasure et se jeta à l’extérieur.
« Hey ! Que se passe-t-il ici ? » hurla une voix courrroucée.
Cleon n’entendit pas la réponse de la jeune fille mais il n’en avait pas besoin. Comment avait-il pu être assez stupide pour lui faire confiance et croire qu’elle ne trahirait pas son secret ? Il avait voulu l’aider et le résultat était là, devant ses yeux. Par la faute d’inconscients qui ne comprenaient pas la magie, ses pouvoirs bénéfiques avaient provoqué la mort d’une femme.
 
Il ne se blâmait pas pour cet accident – seule la fille était coupable. Mais les autres villageois ne le verraient pas du même œil et, le cœur lourd, Cleon réalisa qu’il était désormais un fugitif.
 
Dans le lointain, un éclair zébra le ciel. La pluie tombait de plus belle, et il s’enfonça dans la nuit sans que les hommes partis à sa poursuite ne parviennent à le retrouver.
 
Plus personne n’entendrait jamais parler de Cleon.  
Jusqu’à la Grande Guerre.
 
 
A ce sujet, toutes les versions concordent. Lorsqu’au sortir de la Grande Guerre, les seigneurs vinrent lui prêter allégeance, tous lui demandèrent ce qui lui avait donné une telle force de caractère. Il se contenta de sourire et de répondre « une fille ». Les écrivains sont encore partagés sur l’idéntité de cette heureuse élue, même s’il est avéré qu’il prit plus de cent concubines durant sa longue vie. Pour une liste exhaustive, consulter l’annexe III en fin de volume.
 
 
- Thaspeon d’Otocle, in Les Origines


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Ma chaîne YouTube d'écrivain qui déchire son père en pointillés - Ma page d'écrivain qui déchire sa mère en diagonale
n°14733560
tigrou_bis
Boing... Boing...
Posté le 29-04-2008 à 18:00:41  profilanswer
 

:hello: Grenouille Bleue, ça faisait longtemps :D
 
C'est sympa, ton intro, il y a quelques passages qui me font tiquer, en particulier le passage en italique du début, qui amène le sujet de façon un peu laborieuse. Surtout le "voir chap. 3", ça fait bizarre, je trouve.
 
Une phrase aussi est en trop selon moi : "Le décor était en place. Il n’y avait plus qu’à lever le rideau." On a vu que tu as planté les personnages, on sait que tu vas raconter l'évènement déclencheur, pas besoin de le dire aussi ouvertement.
 
Et si tu pouvais ajouter un lieu, dès le départ. On ne comprend pas, au début, que Ellen et Cleon sont d'un même village. Je ne sais pas comment l'indiquer, mais rien ne le signale. Peut-être ajouter un détail dans la description des personnages ? Là, j'ai eu l'impression qu'ils vivaient à des lieues l'un de l'autre.
 
Ta description de la magie est parfaite, j'ai beaucoup aimé ! Cette description des Couleurs est beaucoup moins abstraite que celle dont je me souviens, où tu fais intervenir les trois apprentis...
 
Une dernière tournure qui me choque (c'est un détail, mais dans une lecture fluide, ça surprend) : "une grosse dame joviale qui distribuait des sourires à tout le monde et des taloches à lui". C'est la partie "des taloches à lui" qui ne me parait pas très naturelle, comme tournure... Cependant, je n'ai pas trouvé d'équivalent qui fasse une phrase légère... "des sourires à tout le monde, sauf à lui qui ne récoltait que des taloches" ? ou simplement une virgule : "des sourires à tout le monde, des taloches pour lui" ?
 
Merci Grenouille Bleue :jap:

mood
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Posté le 29-04-2008 à 18:00:41  profilanswer
 

n°14789921
deidril
French Geek Society Member
Posté le 06-05-2008 à 15:52:26  profilanswer
 

Honnètement, pas mal, voir même bien. Je trouve le texte très bien construit, les descriptions bonnes, tout y est quoi ...
 
Il y a 1 ou 2 petites imperfections sur la forme ou grammaticale, qui, à mon sens mériteraient que je les relève et les explicite, mais rien que tu ne puisses trouver par toi même après une relecture et rien que tu n'auras tant que nous n'aurons pas la certitude qu'il ne s'agit pas d'une soirée d'inspiration singulière mais le début du Grenouille Revival.
 
Et maintenant je reprendrai cette phrase que nous n'avons pas vu sur le forum depuis plusieurs années :
 
Et la suite ???!!!!


Message édité par deidril le 06-05-2008 à 15:54:31
n°24047148
wolverine_​serval
fonctionnaire
Posté le 23-09-2010 à 08:13:59  profilanswer
 

Bjr :) je ne savais pas où poster mon msg donc voilà sa fait un an que j'ai commencer à écrire une histoire et j'ai besoin d'aide sur certaine scène  ...
La première scène ce passe dans un ville du moyen age ou l'on vois des chevalier rentrer dans un chateau , on entend des cris provenant de ce chateau et les paysants qui en sourise ...
A notre époque on envoie des soldats faire une reco dans ce chateau et tombe sur les mêmes villagois ...
Ils rentrent dans le chateaux et ce font attauquer par es chauve-souris et là le héro et séparer des restes du groupe ...
Les deux scènes ou je bloque sont que le héro assiste à une scène de conversion ( des femmes humaines sont transformer en démons) et la 2 ème scène et le héro face au seigneur maléfique du chateau qui envoi une ou des femmes démon pour séduire le héros ...
La fin ce conclu par la mort du héro et du seigneur maléfique ainsi que par l'arrivé d'un autre groupe de soldat ...
pouvez vous me donner des idées de "conversion maléfiques" et de "séduction" pour ces scènes car je n'en ai aucune ...
Merci d' avance ....

mood
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