Sinon, je pourrais eventuellement te citer ceci:
Citation:
J'ai énormément de bonnes idées, au point que j'envisage d'écrire un cycle de fantasy. Que me conseillez-vous?
Je te conseillerais de ne pas planifier l'écriture de plusieurs romans: cela ne sert à rien. Ecris-en déjà un, tu verras que ce n'est pas de la tarte je ne parle pas seulement de l'écrire, car tout le monde peut raconter une histoire correcte en griffonnant sur des feuilles de cours, je parle d'en faire quelque chose de potentiellement publiable, et là c'est une autre paire de manches.
Une fois que ce roman sera terminé, il ne sera pas trop tard pour entamer une éventuelle suite ou, plus vraisemblablement, de le relire avec un peu de recul, te rendre compte que tu as maintenant d'autres envies, d'autres projets, et de passer à autre chose.
La plupart des jeunes auteurs planifiant sur plusieurs années l'écriture d'un cycle au lieu d'un one-shot plus modeste semblent ne pas comprendre qu'à vingt ans, à vingt-cinq ans, à trente ans, ils n'auront pas forcément envie de poursuivre dans la voie qu'ils avaient prise à quinze ans. Cela me semble pourtant être la sagesse la plus élémentaire.
Citation:
On m'a dit que, vu le nombre de manuscrits reçus par les éditeurs, il était très difficile d'être publié... Devrais-je arrêter d'écrire?
Oui, et je suis catégorique: tu devrais arrêter d'écrire, car tu écris pour de mauvaises raisons. Si tu écris pour être publié, tu perds ton temps, entendu que tu as à peu près autant de chance de parvenir à tes fins que de remporter la grande cagnotte du Loto.
La publication doit être vue comme un bonus, une récompense pour son travail, et non pas comme une finalité. Si tu es publié, tant mieux, ce sera le début d'une nouvelle aventure passionnante pour toi et tes écrits; mais si tu ne l'es pas, cela ne doit pas remettre en cause ta passion pour l'écriture.
Si tu n'écris pas par besoin, mais uniquement pour devenir riche et célèbre, je suis désolé de te l'apprendre: tu t'es trompé de métier.
Citation:
Je ne suis pas très bon en français, notamment pour tout ce qui est grammaire et orthographe... Cela peut-il me jouer des tours dans ma quête d'un éditeur?
Encore heureux que les manuscrits truffés de fautes d'orthographe soient mal vus! Il y a déjà suffisamment de bons textes parfaitement clean, retravaillés sans cesse par leur auteur, pour que les éditeurs n'aient pas à s'encombrer de torchons plus ou moins bâclés. D'ailleurs j'ai du mal à comprendre que l'on puisse écrire sans maîtriser la langue, qui est l'outil numéro un de l'écrivain au même titre que le rabot l'est pour le menuisier...
Autrement dit, au lieu de passer ton temps sur ta Playstation pour trouver de nouvelles idées de monstres à intégrer à tes histoires, tu ferais aussi bien de plancher sur l'excellent ouvrage de monsieur Bescherelle, voire d'ouvrir un dico de temps en temps, je t'assure, ça ne mord pas!
Au pire, si vraiment la langue française t'est trop hostile, tu peux toujours te mettre à la couture, le paysage littéraire ne s'en portera pas forcément plus mal.
Citation:
On m'a proposé de répondre à des Appels à Textes, mais je préfère me consacrer à mon cycle de fantasy en sept tomes. Ai-je tort?
Oui. Enfin, tu fais comme tu le sens, mais dans une optique de progression, mieux vaut essayer de varier les techniques d'écriture plutôt que de patiner pendant des années sur le même projet.
De plus, participer à des AT peut permettre à tes textes de paraître dans des fanzines ou des anthologies, ce qui n'est certes pas aussi valorisant que la publication d'une trilogie chez Bragelonne, mais qui présente un avantage certain: au moins, c'est à ta portée.
Et si certains auteurs ont su faire leur trou dans le monde de l'édition sans passer par les Appels à Textes et les concours, il serait absurde de nier que ceux-ci constituent d'une part un entraînement efficace, et d'autre part une bonne porte d'entrée dans le Milieu. C'est un fait: n'importe quel éditeur sera plus enclin à examiner avec attention le manuscrit d'une personne déjà un tant soit peu réputée dans le Milieu, que le manuscrit d'un parfait inconnu.
Citation:
Mes idées sont tellement géniales que j'ai peur d'être plagié. Comment m'en protéger?
Ah, le plagiat! Vaste sujet qui fait couler beaucoup d'encre, et notamment l'encre à bêtises. Chacun a son avis sur la question, mais personnellement j'ai tendance à penser que cette hantise du plagiat n'est qu'un fantasme de jeune écrivain, persuadé que ce qu'il a écrit est littéralement génial et totalement inédit au point d'attiser toutes les convoitises.
Si cela peut t'aider à trouver le sommeil, tu peux toujours protéger tes oeuvres auprès d'organismes spécialisés attention aux arnaques, tout de même mais je le répète: de mon point de vue, cela ne sert à rien.
Aucun particulier n'ira te piquer tes textes pour les proposer à un éditeur, puisque publier un texte est un véritable parcours du combattant et qu'il est donc plus simple, quitte à faire dans le grand banditisme, de trafiquer des armes ou de la drogue.
Quant au fantasme du méchant éditeur qui volerait les textes du gentil auteur, soyons sérieux: si ce que tu lui as envoyé l'intéresse, pourquoi se priverait-il d'une collaboration avec toi? Ou alors, seconde possibilité, ce que tu lui as envoyé ne l'intéresse pas, auquel cas il n'ira pas te voler une oeuvre dont il ne saura que faire.
Citation:
Un éditeur m'a renvoyé mon premier roman en me disant qu'il n'était pas publiable. J'avais pourtant passé six mois dessus. Ai-je perdu mon temps?
Non, malheureux! On ne perd jamais son temps en écrivant. Tu connais le dicton "C'est en forgeant qu'on devient forgeron"? Cela est particulièrement vrai dans le cas de l'écriture.
Tu espérais quoi, qu'il te suffirait de t'armer de deux ou trois idées prétendument révolutionnaires, de la lecture de l'intégrale de Gemmell et de quelques bonnes notes en rédaction au collège pour pondre le chef-d'oeuvre qui mettra tous les éditeurs à tes pieds?
Tu fais fausse route, l'ami. Mis à part quelques contre-exemples du genre "Eragon" presque intégralement réécrit par l'éditeur sous le nom du gamin qui avait commis la base du roman, afin de faire croire aux ados du monde entier qu'eux aussi peuvent écrire un roman publiable à leur âge, ce qui est faux un écrit de jeunesse n'aura jamais le niveau suffisant pour trouver grâce auprès d'un éditeur, pour des questions évidentes de maturité du style, des idées et, globalement, de technique littéraire.
En bref, deux solutions s'offrent alors à toi: ou bien tu te décourages à l'idée de ne pouvoir rien écrire de valable avant de fêter tes trente ans, ou bien tu te remets au boulot, en espérant qu'une pratique assidue de l'écriture pourra faire redescendre le seuil fatidique aux alentours de ton vingt-cinquième anniversaire.
Citation:
Je sais que le roman que j'ai écrit est loin d'être parfait, mais je souhaite l'envoyer à un éditeur pour savoir ce qu'il vaut, qu'en pensez-vous?
J'en pense que tu te trompes. Ce n'est absolument pas le boulot de l'éditeur. Certains, comme Cinquième Saison, prennent effectivement le temps de commenter en détail les manuscrits qu'ils refusent, mais c'est un service exceptionnel qu'ils rendent là, et non un dû.
L'éditeur est une structure pro, chargée de choisir entre plusieurs manuscrits de haut niveau, celui qui méritera d'entrer dans leur catalogue. Si tu as conscience de ne pas encore avoir le niveau pro, ne perds pas ton temps avec les éditeurs, et surtout ne leur fais pas perdre leur temps.
Pour avoir un avis sur tes écrits, essaie les forums, crée-toi un réseau de bêta-lecteurs compétents, et une fois que tu auras suffisamment progressé, une fois que tu te sentiras prêt à tenter l'aventure du professionnalisme, va frapper à la porte des éditeurs. Mais pas avant.
[MAJ du 07/08/06]
Citation:
Je n'ai pas pu me retenir: à peine terminé, mon premier roman vient d'être envoyé à mon éditeur préféré. J'en ai parlé a un ami et, au lieu de me féliciter, cet idiot m'a dit que j'aurais mieux fait de le proposer à un ou plusieurs bêta-lecteurs. Qu'est-ce que c'est que ce truc, encore?
Malheureux! Tu as osé envoyer ton chef-d'oeuvre à un éditeur sans le soumettre au regard acéré d'au moins un bêta-lecteur? J'espère que tu ne comptes pas bosser dans l'aéronautique: tu serais du genre à lancer une fusée dans l'espace sans aucun essai préalable.
Tu me demandes ce qu'est un bêta-lecteur? Il s'agit tout simplement d'une personne qui lira ton texte et qui, en plus de te donner son avis de lecteur car tu écris pour être lu, n'est-ce pas? te proposera des pistes d'amélioration, voire des corrections si cette personne est douée en orthographe, grammaire, syntaxe, etc.
Mais attention: en règle générale tu dois bannir de ton équipe de bêta-lecteurs tout ce qui est parents, meilleur pote, petit(e) ami(e) et autres proches, qui auront une tendance prononcée au "waouh, trop génial!", certes toujours agréable à entendre mais pas forcément constructif. Privilégie des lecteurs plus "neutres" qui, eux, sauront juger ton oeuvre en toute objectivité et n'hésiteront pas à recadrer ce qui ne va pas.
Citation:
Je n'avance pas: ces six derniers mois, je n'ai écrit qu'un chapitre de dix pages, ce qui est embêtant puisque je comptais avoir terminé ma trilogie en un an pour pouvoir l'envoyer à Bragelonne. Mais vous comprenez, en ce moment je suis très occupé, entre les sorties avec les copains, les révisions pour mes exams, mes clubs d'aïkido, de danse, d'équitation, de tir à l'arc, et mes vacances consacrées à l'apprentissage du japonais et du coréen... Comment faire pour trouver le temps d'écrire?
Tu veux un vrai bon conseil? Arrête immédiatement d'écrire, puisque tu n'as pas de temps à consacrer à l'écriture. Oui, c'est aussi simple que cela. De deux choses l'une:
Ou bien tu as réellement besoin de toutes ces activités, auquel cas tu ferais mieux de sacrifier celle qui demande le plus d'investissement pour arriver à un bon résultat. Exit l'écriture, donc. En plus, avouons-le, c'est tout de même la moins glamour de toutes, la plus mal considérée, et celle qui a le moins de chance de t'apporter gloire, reconnaissance, argent et filles faciles. Tu n'auras donc pas fait une mauvaise affaire en privilégiant le snowboard.
Ou alors, seconde hypothèse, tu pourrais trouver le temps d'écrire mais tu cherches, plus ou moins inconsciemment, à t'accabler de choses à faire afin de ne pas te retrouver devant cette maudite feuille blanche. Tous les moyens sont bons pour ne pas écrire. Au final, tu te retrouveras donc avec une "idée géniale de roman" en tête, et qui restera à l'état de rêve, voire à celui de projet vaguement ébauché sur quelques feuilles volantes. Ne t'en fais pas, tu ne seras pas le premier dans ce cas: ils sont des millions avant toi à avoir emprunté la voie commode du "si j'avais pu, j'aurais fait ceci". Les seuls qui auront réussi seront ceux qui s'en seront donné les moyens, des moyens qui correspondent notamment au temps que l'on aura bien voulu y consacrer.
Citation:
Je me suis rendu compte, en lisant le résumé d'un roman écrit par je ne sais quel auteur anglo-saxon, que certaines de mes idées que je croyais inédites avaient déjà été utilisées par cet auteur. Cela m'a un peu découragé. Comment faire pour écrire quelque chose de vraiment original?
Tes interrogations sont légitimes. Quand on débute dans l'écriture, ou tout simplement quand on ne s'est jamais penché sur le problème, on croit souvent qu'il reste de nombreuses pistes non-explorées, de nombreuses idées jamais développées, de nombreux thèmes jamais abordés. C'est évidemment une erreur. Je te renvoie pour cela au concept d'intertextualité, qui consiste grosso modo à dire que toute oeuvre se nourrit de celles qui l'ont précédée.
Autrement dit, oublie l'idée-géniale-jamais-vue qui te consacrera auteur le plus inventif de ta génération. Tout ce que tu écriras pourra être rapproché d'un autre texte ou d'un autre auteur. Mais est-ce une raison pour ne pas écrire ou, pire, chercher à "révolutionner l'écriture"? Certes non. Un musicien ne va pas refuser de composer une nouvelle partition sous prétexte que toutes les notes ont déjà servi un jour ou l'autre. À toi d'appliquer ceci à l'écriture.
En quoi peux-tu te démarquer des "concurrents", dans ce cas? Tout bonnement en traitant les mêmes idées, les mêmes thèmes, mais d'une manière qui te sera propre. Tu peux raconter une énième version du combat du Bien contre le Mal, tu peux même faire appel à un jeune Élu de la Prophétie affublé d'une épée magique, si tu arrives à entraîner ton lecteur dans ton univers, il ne devrait pas trop renâcler à l'idée de lire une histoire qu'il a déjà lue / vue / entendue cent fois auparavant.
Citation:
Je pense avoir de bonnes idées, mais au niveau du style, ce n'est pas encore tout à fait ça. Mais ce n'est pas très grave, le plus important dans un roman c'est l'histoire qu'on raconte, n'est-ce pas?
Tu t'enfonces le doigt dans l'oeil bien profond, mon petit. Oui, l'histoire que tu veux raconter est importante. Non, la manière dont tu la raconteras n'est pas un détail.
Retiens cela une bonne fois pour toutes: on ne peut pas dissocier forme et fond. Un texte mal écrit, quelles que soit ses autres qualités, restera un texte indigne d'être lu. Tu peux avoir de l'imagination et de la créativité à revendre, si tu ne maîtrises pas parfaitement le vocabulaire, si la construction de tes phrases est bancale et si tu racontes ton histoire comme si c'était un clip de M6 ou un reportage nocturne d'ARTE, arrête de croire que ton texte va intéresser d'autres personnes que ta mère qui, de toute façon, ne lit jamais rien d'autre que Télé 7 Jours.
Attention, quand je parle de l'importance de la forme, je ne milite pas nécessairement pour un style "littéraire" autrement dit, un style plus ou moins pompeux et chiant. Non! Je suis personnellement favorable aux styles simples, clairs, précis, directs... Mais "simple" ne veut pas dire "simpliste". Tu peux être efficace même en connaissant plus de cent mots de vocabulaire et en faisant des phrases dépassant la longueur d'une ligne. Il s'agit juste de savoir comment s'y prendre, et cela s'apprend: c'est ce que l'on appelle maîtriser son style.
Pour conclure, si tu continues à écrire des romans comme tu écrivais tes rédacs au collège, ne t'étonne pas que les lecteurs ne te suivent pas. Dans ce cas, je te conseille de lire, tu verras, le contact des grands auteurs ne peut pas faire de mal à ta propre manière d'appréhender l'écriture. (Écrit par Oliv)
Bon bon, inutile de me remercier