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Reprenons l'article de Libé :
Citation :
Il y a du Raymond Barre chez Thierry Breton. Comme l'ex-Premier ministre de Valéry Giscard d'Estaing, le titulaire de Bercy aime les formules qui culpabilisent les Français. Jusqu'à reprendre, trente ans après, un des aphorismes préférés de Barre : «La France vit au-dessus de ses moyens.» Hier, le ministre de l'Economie s'est voulu dramatique. La dette publique, avertit-il, ne se contente pas «d'absorber toutes les marges de manoeuvre de notre économie», elle menace aussi l'avenir du pays, puisque «chaque enfant naît avec une dette de 17 000 euros», qu'il faudra bien rembourser. Le diagnostic n'est pas nouveau : à force de déficits cumulés depuis vingt-cinq ans, l'endettement dépasse aujourd'hui les 67,5 % du produit intérieur brut. Un record, qui traduirait la propension de la génération du baby-boom à reporter le fardeau de ses dépenses sur ses enfants et petits-enfants. Le ministre ne l'a pas dit, mais tous les économistes redoutent que la dette devienne ingérable en cas d'augmentation des taux d'intérêt, aujourd'hui historiquement bas. Le renchérissement d'un point des emprunts représenterait une augmentation des remboursements de 10 milliards par an.
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Descriptif. Jusque-là, rien à dire.
Citation :
L'avertissement aurait plus de force s'il était accompagné d'un bilan des trois années de gouvernement Raffarin. Car s'il est une période où la dette publique a augmenté, c'est bien celle-ci. En 2002, elle représentait 58 % du PIB. Elle est donc montée de 10 points en trois ans. Et compte tenu des perspectives, elle devrait atteindre les 70 % lorsque Jacques Chirac rendra son mandat en mai 2007.
Le poids de la dette est évidemment relatif à la richesse produite. Avec 4% de croissance du PIB en 2000, le Gouvernement Jospin a pu faire illusion, comme si sa gestion était rigoureuse. Mais faute d'avoir fait des réformes strucurelles lorsque l'Etat en avait les moyens, la situation est redevenue très difficile dès 2001 et 2002, avec une croissance qui a chuté à repsectivement 2% puis 1%. Tandis que les dépenses engagées avaient été élevées. Négliger ces tendances lourdes est au mieux de la naïveté, au pire de la mauvaise foi.
[quote]Joli cadeau que l'actuelle majorité UMP laissera au pays. Il sera le résultat de sa politique économique : la seule baisse de l'impôt sur le revenu aura coûté, en cumulé, 43 milliards d'euros, soit les trois quarts d'une année entière de perception !
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Précisons bien : "d'une année de perception de l'IRPP". L'IRPP ne représentant qu'une petite part des revenus de l'Etat... Merci à Libé de ne pas l'avoir précisé.
Citation :
De même, chaque année, l'Etat consacre 17 milliards d'euros (51 milliards en trois ans) à la baisse des cotisations sociales patronales, sans demander en retour d'engagement aux employeurs en matière d'emploi.
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Que faudrait-il faire ? Instaurer un contrôle de toutes les entreprises ? Ce serait tellement coûteux que ça n'en vaudrait vraiment pas la peine. Le principe est que ces baisses de charge favorisent l'emploi tendantiellement. Obliger les entreprises à prouver, par des formulaires forcément nombreux, que ces baisses leur ont permis d'engager des salariés en plus, appelle 2 remarques :
- on rend inattractif un dispositif qui vise à l'emploi : si l'entrepreneur doit passer 30 h à remplir des formulaires pour bénéficier d'une baisse de charge lui permettant d'engager un salarié, autant qu'il passe son temps à accomplir le travail qu'il aurait donné à ce même salarié. Stop à l'inflation de paperasses. Vous êtes déjà allé demander à un chef d'entreprise de vous montrer les placards dans lesquels il range ses documents liés au passage aux 35 heures ? C'est assez édifiant, surtout pour les petites structures.
- le dispositif permet évidemment aussi à une entreprise de ne pas licencier, en lui donnant un ballon d'oxygène sous forme de baisse de charge. Comment prouver par des documents que sans cette aide, on aurait dû licencier ? On voit bien que Libé est dans une logique de soupçon. Vouloir obliger les entreprises à justifier des emplois consécutifs à ces baisses de charges, c'est finalement l'indice qu'on ne croit pas vraiment à l'efficacité d'une telle mesure.
Citation :
Vouloir mettre les citoyens devant leurs responsabilités est louable. Cela n'empêche pas de chercher où sont les erreurs.
Reste aussi à trouver un chemin pour sortir du piège de la dette. Breton écarte une solution à la Barre : couper dans les dépenses jusqu'à les amener au niveau des rentrées. Pour l'actuel ministre, la France «doit aller chercher la croissance». «Ce n'est qu'avec une croissance d'au moins 3 % que nous pourrons traiter le problème de la dette», argumente-t-il. L'intuition est logique et l'ambition rationnelle. Mais alors, c'est la méthode qui pèche. Toujours dans la lignée de la majorité UMP, Thierry Breton reprend la politique de l'offre : les Français ne travailleraient pas assez. Et d'appeler à l'allongement de la durée de vie au travail, au motif que la France est le pays où le taux d'activité au-delà de 54 ans est le plus faible des pays développés. De même, comme Nicolas Sarkozy appelle-t-il de ses voeux une «immigration choisie», destinée à compenser la baisse de la population active qui commencera à faire sentir ses effets dès 2006.
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Relativement descriptif, allons à la suite.
Citation :
Réserves. C'est mettre la charrue avant les boeufs. Car avec 10 % de chômeurs, et un taux d'emploi féminin assez bas, la France a des réserves de main-d'oeuvre conséquentes : plusieurs millions de personnes, alors que les fameux «emplois non pourvus» sont au plus 500 000. Le fait est simple et massif : c'est d'emplois dont manque, pour le moment, le pays, pas de bras. Et plutôt que de chercher à faire travailler plus longtemps, le gouvernement devrait s'attacher à faire travailler plus de monde.
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Très fort : en 5 lignes, le journaliste nous sort "il y a 500 000 emplois non pourvus" et "c'est d'emplois dont manque le pays". Il ferait mieux de regarder la réalité en face : ceux qui ne travaillent pas sont ceux qui ne peuvent pas travailler (pas assez qualifiés, pas assez productifs pour qu'un entrepreneur les embauche ne serait-ce qu'au SMIC, qui est élevé en France) et ceux qui ne veulent pas travailler (personnes "mal qualifiées" : leurs diplômes et leurs études en correspondent pas à un besoin de la société, et on ne leur propose que des postes pour lesquels ils se trouvent surqualifiés).
Libé reste sur le vieux concept socialiste jospiniste-aubriste : le travail n'est disponible qu'en quantité limité, la richesse est limitée, il faut donc tout partager.
Le gros problème de ce raisonnement, c'est qu'il n'est juste que dans une société figée, une société où le niveau de vie ne progresse pas. Si on avait appliqué cette méthode il y a 2 siècles, on serait tous en train de travailler la terre 2 heures par jour. Et on mourrait à 45 ans. Et on se marierait avec la fille du village d'à côté. On n'aurait ni scanners, ni téléphones portables, la Lune serait toujours aussi inaccessible, etc.
On ne peut pas vouloir raisonner ainsi, en figeant le niveau de vie des gens. Il augmente sans cesse, et si on peut diminuer un peu le temps de travail, il est non pas utopique (éthymologiquement "non lieu", mais qui renvoit quand même à un idéal régulateur, c'est-à-dire un but à atteindre) mais pire, il est absurde : c'est penser qu'un jour, l'homme pourra se contenter de ne rien faire et de profiter de tout, parce que tout aura été atteint et sera disponible sans que personne fasse d'effort.
Bisounours land.
Oui, on peut améliorer les conditions de vie et de travail de tous ; mais penser que ça peut se faire autrement que par la création de richesse, c'est risible. Surtout lorsqu'on rajoute par dessus ça un monde où nous sommes actuellement les plus riches et les jouisseurs, mais dans lequel les autres peuples désirent ardemment profiter eux aussi des loisirs que nous nous octroyons -il faut bien s'en rendre compte- en profitant d'eux grâce à ce différentiel d'éducation et de développement. Demain, quand ils nous aurons rattrapé, voire dépassés, le réveil sera dur pour les socialistes français. C'est bien pour ça que tous les autres partis de gauche gouvernementale en Europe sont devenus socio-démocrates. Le socialisme est mort. Et c'est tant mieux. Chez nous, son dernier fantôme erre du côté de l'île de Ré. Message édité par Profil supprimé le 22-06-2005 à 17:17:59
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