L'A380 aura un impact positif sur les comptes d'EADS dès 2006  
 
Fri May 7, 2004 3:01 PM par Jean-Michel Bélot
TOULOUSE (Reuters) - Le lancement du futur très gros porteur d'Airbus, l'A380, devrait avoir un impact positif significatif sur les résultats de sa maison-mère, le groupe EADS, dès l'année de son lancement en 2006, a déclaré vendredi Philippe Camus, co-président d'EADS.
 
L'A380, dont Airbus inaugurait ce jour le site d'assemblage à Toulouse, a fait pour le moment l'objet de 129 commandes de la part de 11 clients, pour un prix unitaire de l'ordre de 250 à 280 millions de dollars.
 
Airbus, contrôlé à 80% par EADS et à 20% par le britannique BAE Systems, compte bien obtenir de nouvelles commandes cette année.
 
John Leahy, directeur commercial d'Airbus, a déclaré qu'il espérait obtenir, d'ici à la fin 2004, une nouvelle commande de la part d'une compagnie asiatique. Noël Forgeard, le P-DG d'Airbus, avait pour sa part indiqué la veille, dans la presse, que quatre compagnies étaient intéressées par l'A380, notamment en Chine.
 
De fait, Airbus doit engranger au total 250 commandes pour ce super-jumbo de 555 places pour équilibrer cet énorme programme qui aura demandé 10,7 milliards de dollars d'investissements.
 
"En 2006, l'A380 va avoir un impact positif significatif sur les résultats", a déclaré Philippe Camus lors de la cérémonie d'inauguration.
 
Il a souligné que les premières commandes d'Airbus A380 - son premier vol est prévu en 2005 et ses premières livraisons en 2006 - avaient été conclues alors que le dollar était plus fort qu'aujourd'hui face à l'euro, ce qui aura un effet positif sur les marges.
 
La montée en cadence des A380 devrait par ailleurs être confortée à partir de l'an prochain par une reprise du transport aérien, qui a traversé au cours de ces dernières années la plus grave crise de son histoire en raison des effets combinés des attentats du 11 septembre 2001, du Sras et de la guerre en Irak.
 
Les dirigeants d'Airbus ont ainsi fait état de premiers signes de redressement après un début d'année qui s'est révélé très calme sur le front des commandes.
 
"Le marché est meilleur que ce que nous avions pensé au début de l'année", a déclaré John Leahy tout en observant que certaines compagnies aériennes ont demandé à ce que leurs livraisons prévues en 2005 et en 2006 soient honorées avec un an d'avance.
 
Pour construire le plus grand avion de ligne du monde qui, avec son autonomie de 15.000 kilomètres, viendra marcher sur les plates-bandes du B747 de Boeing, Airbus a investi dans de nouvelles installations à Toulouse sur un site d'assemblage de 490 mètres de long, s'étendant sur 10 hectares et représentant plus de 610 millions d'euros d'investissements. Sur cette structure seront assemblées les différentes parties de l'A380, fabriquées au Royaume-Uni, en France, en Allemagne et en Espagne. Les cadences de production pourront atteindre quatre appareils pas mois en vitesse de croisière, à l'horizon 2008, avec une durée de construction limitée à 90 jours pour chaque appareil.
 
Jean-Pierre Raffarin, venu inaugurer le Hall d'assemblage "Jean-Luc Lagardère", du nom de l'ancien président du groupe éponyme, décédé en 2003, a salué la réussite d'Airbus en qui il a vu "le visage de notre Europe nouvelle".
 
Le Premier ministre a également indiqué que l'Etat français, qui détient 15% du capital d'EADS, ne souhaitait pas remettre en cause sa participation dans le groupe.
 
"L'Etat français continuera de rester un actionnaire, certes minoritaire, mais de référence dans cette magnifique entreprise qui doit continuer de s'affirmer et d'évoluer", a souligné le Premier ministre. "Je l'annonce, il n'est pas question de céder, ni à court terme ni à moyen terme notre participation actuelle dans EADS. L'équilibre actuel est le bon", a-t-il dit.
 
Jean-Pierre Raffarin a par ailleurs invité les constructeurs européens de satellites, notamment EADS-Astrium et Alcatel Space, à se regrouper.