Bonjour à tous amis cyclistes,
j’ai découvert ce topic il y a peu et je tenais à participer étant donné que j’ai réalisé cet été mon premier « voyage » à vélo.
Avec mon frère Matthieu on s’est mis au vélo il y a 2 ans environ et on avait envie de partir une semaine avec nos bécanes. On avait jamais fait ça avant, on ne savait pas où on allait partir ni avec quel équipement à mettre sur nos vélos.
Après des heures de recherches sur internet sur le matériel et les itinéraires, on avait déjà une idée un peu plus claire de ce qu’on allait faire. On a opté pour le Jura pour plusieurs raisons : on voulait rester en France, bon compromis entre la plaine et la haute montagne, on n’y était jamais allé
Pour le logement ça sera auberge, chambre d’hôte, Airbnb et hôtels, du coup pas besoin de portes bagages avec de grosses sacoches, on prendra une grande sacoche de selle, une sacoche de cadre et une sacoche de guidon.
Reste à planifier les 7 étapes (du dimanche au samedi). Et comme à vélo on peut aller partout, pas facile de choisir des étapes… Je choisis comme point de départ Oyonnax, je cherche des itinéraires d’environ 80km et des villes étapes où on peut loger.
Après quelques semaines de travail l’itinéraire est bouclé, les gpx sont créés et importés dans Komoot (super appli au passage).
Voici un aperçu du trajet qui était prévu :
Concernant le matos (je sais que vous adorez ça ) : Je roule sur un Verenti Substance de 2016 que j’ai bien modifié depuis que je l’ai, cadre Reynolds 520, fourche acier, 2x10 vitesses 50x34 & 11-34, freins TRP Spyre, selle Brooks Pro, pédales Shimano XT mixtes, pneus Hutchinson Overide 700x35. Mon frère roule sur un Croix de fer que je lui ai monté cette année; kit cadre 2017, transmission 3x10 vitesses 105/Ultegra avec une k7 12-30, freins TRP Spyre, pédales SPD Btwin, roues JPRacing, pneus Schwabe G-one 700-35 en Tubeless.
Pour les sacs on a pris chacun une sacoche de selle KTM 18L que j’utilise toute l’année en vélotaf, une sacoche de guidon btwin 2,5L, mon frère a pris une sacoche Blackburn Outpost et moi j’ai pris une Apidura.
On avait avec nous que le strict minimum pour une semaine avec du beau temps de prévu quasiment chaque jour. Voici tous ce que j’ai pu mettre dans mes sacs :
- une tenue de ville (short, caleçons, chaussettes, tee shirt, pull, basket légères)
- 1 collant chaud
- 1 serviette compact
- 1 kway
- trousses de toilettes light
- nécessaire de réparation (outils, pièces det’, caa)
- 1 carte IGN topo 100
- barres énergétiques Clif bar, pastilles High5
- électroniques (smartphone, batterie externe, liseuse électronique, enceinte bluetooth, câbles, écouteurs)
et sur le vélo, 2 bidons de 750ml avec porte bidons Zefal à extraction sur le côté bien plus pratiques avec la sacoche Apidura, un U Abus, une mini pompe, éclairage, sonnette, petite sacoche devant la potence (pour les papiers, monnaie et batterie externe) et un support smartphone Zefal pour Galaxy S7.
Mon frère avait à peu près la même chose, il avait la pharmacie en plus et au lieu des bidons il avait fait le choix d’une poche à eau de 2L dans la sacoche de cadre.
Samedi 1er Juillet, dernier chargement des vélos pour être sur que tout rentre bien et qu’on a rien oublié.
Nos têtes avant de partir :
Jour 1 : Oyonnax - Cuiseaux 71km/1100m D+
https://www.strava.com/activities/1244713855
Dimanche 2 Juillet, notre père nous emmène sur un parking à Oyonnax, préparation du picnic pour midi, changement de tenue, bouclage des sacoches et nous voilà partis pour une semaine d’aventures à vélo. Le bonheur.
Première journée fraîche mais tranquille, le but est de se mettre en jambe. On suit le tracé prévu mais on s’arrête quand on veut pour faire des photos, une sieste,un vide grenier, trouver un bon spot pour le picnic… ce sentiment de liberté est vraiment agréable.
Petite boulette de la journée, j’ai laissé les clés de chez moi à mon père me disant que j’en aurai pas besoin et que ça fera toujours ça de moins à trainer… sauf que la clé de mon antivol était dessus. Je vais donc trainer le kilo de mon U pendant une semaine sans pouvoir m’en servir.
Jour 2 : Cuiseaux - Poligny 77km/1600m D+
https://www.strava.com/activities/1119621681
Très belle journée avec picnic à Lons le Saunier, descente dans les gorges pour aller à la cascade des Tufs, la remontée était vraiment hard. Nuit au gîte.
Chemin prometteur mais bouché 500m après…
On est monté par la route qu’on voit à droite. Horrible.
Jour 3 : Poligny - Saint Claude 77km/1300m D+
https://www.strava.com/activities/1119621693
Encore une belle journée mais mon frère a mal au genou, on ralenti un peu et on grimpe tranquillement. La route entre Clairvaux les lacs et St Claude est vraiment belle, on voit les gens préparer la venue du Tour de France avec de belles installations. L’arrivé à St Claude se fait par une très longue descente, je n’avais pas prévu que la ville était aussi enfoncée et l’idée de remonter tout ça le lendemain matin nous met un coup au moral… A l’hôtel on traine un peu notre misère, Matt a toujours mal au genou et moi j’ai mal au c*l (irritations). On réfléchi à un plan B pour le lendemain et on décide de sortir de la ville en train jusqu’à Champagnolle et de faire une mini étape jusqu’à Arbois.
Jour 4 St Claude - Arbois Train & 30km/200m D+
https://www.strava.com/activities/1119621486
On charge les vélos dans le TER, on descend à Champagnolle. Après avoir acheté le picnic on se cale dans un champ à l’ombre des arbres pour quelques heures.
Dans l’après midi on prend la route pour rejoindre notre logement pour la nuit (un studio dans une grande ferme trouvé sur Airbnb) et là c’est le drame…
500m avant d’arriver on hésite entre 2 chemins parce qu’il y a 2 fermes pas très loin l’une de l’autre. On s’arrête, on regarde la carte et on fait demi tour et à ce moment là ma mon pédalier se bloque et j’entend un bruit bizarre. Je me retourne et je vois mon dérailleur à 180° la tête dans les rayons et ma patte de dérailleur complètement tordue
Tout va très vite dans me tête, je me dis qu’il va falloir abandonner, rentrer au bout de 4 jours, tout ça pour ça, je ne vois pas comment réparer ça, pas de patte de rechange et encore moins de dérailleur…
Mon frère me dit qu’il faut aller jusqu’à la ferme et faire le point là-bas.
Donc pour résumer à cette instant je n’ai plus de patte de dérailleur (qui est loin d’être standard), mon dérailleur est complètement mort, et évidemment je n’ai pas de dérive chaîne (je voulais vraiment en prendre un avant de partir mais je me suis dis que j’avais déjà bien dépensé pour ce voyage et que sur la route et les quelques chemins qu’on allait prendre ça ne servirai à rien…).
Le premier magasin de vélo est à 40km mais c’est 18h et au téléphone il me dit qu’il n’aura rien pour me dépanner. Décathlon Pontarlier est à 60km.
Le 1ère chose à faire est d’ouvrir la chaîne (merci les maillons rapides), je démonte la patte, le dérailleur et je réalise que la seule chose à faire est de raccourcir la chaîne d’essayer de la mettre sur un plateau et un pignon pour repartir en mono vitesse.
Dans la ferme où on était le proprio avait plein d’outils mais rien pour le vélo, il va falloir improviser un dérive chaîne. Le mec prend un vieux tournevis qu’il coupe et usine à la meuleuse pour qu’il fasse la taille d’un rivet de chaîne, un étau et un marteau et voilà ma chaîne ouverte.
Après quelques essais la chaîne est pas trop mal sur le petit plateau et sur le pignon de 23 (va falloir mouliner), je rajoute un maillon rapide et mon vélo pouvait reprendre la route.
Mais jusqu’où ?
C’est grave docteur ?…
Jour 5 Arbois - Les Fourgs 70km/1000m D+
https://www.strava.com/activities/1119621699
On prend la route le matin sans savoir vraiment comment ça va se passer, il nous reste 3 jours, du dénivelé et je suis en Singlespeed avec une chaîne pas assez tendue…
En roulant je sens que la chaîne veut descendre sur le pignon d’en dessous. Ca arrive au bout de 15km ce qui a pour effet de tellement tendre la chaîne que je peux plus pédaler… Obligé de descendre et d’essayer de faire remonter la chaîne. J’essaie de pédaler en faisant pencher le vélo sur la gauche pour que le chaîne reste en place mais après 30km et 3 ou 4 blocages, la chaîne casse alors que j’essayais de la remettre en place.
Toujours pas de dérive chaîne.
On pousse sur 1 km jusqu’au premier village venu. On demande de l’aide mais personne n’a de quoi réparer un vélo, on nous indique un mecano moto qui prépare des bécanes dans son garage pour des courses. Il est midi et on sonne chez lui alors qu’il mange en famille… il nous fait patienter seulement 10 minutes et descend nous ouvrir son garage de pro de la moto, et après quelques coups de meuleuse, de pinces et de marteau il arrive à enlever le maillon cassé.
Nouveau maillon rapide et on profite du stop pour échanger nos pédales car Matt a toujours mal au genou et il veut utiliser le côté plat de mes pédales (merci la clé de 8 du mécano).
On fait le point et on se dit qu’on ira pas bien loin comme ça et qu’il nous faut une solution, et un dérive chaîne… Decathlon Pontarlier est à 30km, c’est presque sur notre route et c’est assez plat pour y aller.
On repart mais maintenant quand ma chaîne se bloque, je retourne mon vélo, je débloque le roue arrière et je remets la chaîne sur le bon pignon, ça évite de tirer dessus et si j’avais fait ça avant ma chaîne n’aurai surement pas cassée.
On arrive chez Decath (je tiens à préciser que je travaille moi-même chez Decathlon à Beynost), je me présente à l’atelier et je tombe sur 2 filles très sympa, on les fait bien rire avec nos tenues de touristes à vélo et elle m’appelle leur responsable pour s’occuper de mon vélo. Stéphane. Et Stéphane s’’est mis en quatre pour réparer ma transmission; il a travaillé une patte Btwin pour qu’elle rentre sur mon cadre, m’a monté un dérailleur Shimano 11v neuf et une chaîne neuve. Je suis reparti avec un vélo sur lequel je pouvais de nouveau passer des vitesses et pédaler normalement; je suis aussi reparti avec un dérive chaîne, des maillons rapide et une chaîne au cas où…
Il nous restait 10km de côte jusqu’à notre destination et je pense que j’aurai jamais réussi sans réparation.
Decathlon a sauvé nos vacances et notre voyage.
Super soirée dans un gîte très agréable avec un très bon repas et un moral reparti à la hausse. Plus rien ne peut nous arrêter maintenant.
Jour 6 Les Fourgs - Bellefontaine (par le lac de Joux) 67km/1200 D+
https://www.strava.com/activities/1119621700
Certainement la plus belle journée, des routes et des chemins incroyables. Les chemins qui mènent au lac de Joux ressemblent au Canada, c’est vraiment beau.
Aucun ennui mécanique à reporter
Une bonne crêpe au bord du lac a fait notre bonheur le midi et une grosse fondue le soir à clos cette magnifique journée.
Jour 7 Bellefontaine - Châtillon en Michaille 64km/950m D+
https://www.strava.com/activities/1119621671
Dernier jour. On doit partir tôt car le tour passe par la station des Rousses dans la journée et nous aussi.
Le GPS veut nous faire éviter le grand route et nous emmène dans les bois quelques kilomètres après le départ, on se retrouve au pied d’une montée d’au moins 15% recouverte de feuille humide et de grosses pierres (même en VTT j’aurai poser pied à terre). On a du pousser nos vélos de 23kg pendant plus de 30 minutes sur ce terrain glissant. Je pense que mon frère a du me détester à cet instant. Belle récompense en haut de cette obstacle car il y avait un beau single dans les bois qui descendais gentiment.
A partir des Rousses on a croisé des dizaines et des dizaines de cyclistes tous bien habillés avec leurs vélos qui pèsent le tier des nôtres, on passait un peu pour des extra terrestres avec nos tenus bien crades et nos vélos surchargés.
Arrivée un peu après Nantua où notre père est venu nous récupérer.
Bilan de cette semaine :
Environ 460km et 7500m de D+. Météo parfaite.
Cette première expérience de randonnée à vélo fut une vraie découverte pour moi. Malgré le fait qu’on ai prévu beaucoup de choses à l’avance (tracés, hôtels réservés…) le sentiment de liberté qu’on ressent est incroyable, on peut aller où on veut (si un chemin te plait, prends le, si tu veux aller voir la vue d’un belvédère, vas-y…) et surtout à vélo on prend le temps de voir les choses, les paysages défilent bien moins vite qu’en voiture, on a plus le temps d’en profiter et de s’imprégner de l’ambiance d’une région. Le rythme aussi est agréable; ça peut se résumer par rouler, manger, bien dormir. La base.
Je suis parti uniquement une semaine dans le Jura et j’ai autant de choses à raconter que si j’étais parti un mois à l’autre bout du monde, chaque kilomètre est une aventure…
Bref ce fut une expérience inoubliable et on a qu’une envie c’est de recommencer.
N'hésitez pas si vous avez des questions ou si vous voulez des infos sur la route.