Énormissime BoraBora !! T'as un sacré talent !
t_faz a écrit :
voter blanc c'est voté con, c'est dire haut et fort que tu n'a rien à dire ....
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Non. Démocratiquement, ça a un effet. Ça donne moins de légitimité au pouvoir.
Pas spécialement, t'as raison. Mais dans les faits, on sait tous que Mélenchon n'est pas capitaliste...
Il fait cavalier seul parce qu'il ne veut pas s'allier au PS, et parce que les autres partis communistes ne veulent pas s'allier à lui. C'est un communiste modéré, mais un communiste quand même.
W0r1dIndu5tri35 a écrit :
L'instruction ne sert à rien pour savoir quel parti politique représente la meilleure option pour l'intérêt général.
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Ah non mais bien sûr que si !
Bon je passe le débat sur l'intérêt général, qui n'existe à proprement dit pas.
Si je ne suis pas communiste par exemple, c'est justement à cause de mon manque de confiance envers le programme économique qu'ils proposent. Je doute en effet de leur capacité à respecter leurs engagements, et plus encore de leur capacité à gérer les effets de leurs engagements. Ce doute découle directement de l'instruction dont je dispose: plus j'en sais, et plus je sais que je ne sais rien.
D'une manière générale, quelqu'un qui deviendra instruit par des études en économie par exemple, aura des chances non-négligeables de changer d'orientation politique au cours de ses études. On est par défaut généralement en accord avec les parents. C'est lorsqu'on se construit, qu'on réfléchi et qu'on apprend, que l'on forme une attirance vers ce qui nous paraît au final être le meilleur compromis entre le moins risqué et le plus souhaitable. L'expérience forge ; elle nous fait évoluer.
Pour rendre mes propos plus concrets, prenons l'exemple de J.-L. Mélenchon tiens, qui propose de couper les salaires au dessus d'un certain niveau (15 fois le revenu médian de l'entreprise considérée), de façon à ce que l'argent soit utilisé autrement et que la justice sociale soit rétablie. Je vais essayer de faire clair pour ceux qui souhaiteraient suivre sans avoir les connaissances suffisantes en économie.
En analysant cette mesure qui paraît à première vue toute légitime et fondée, on se rend compte qu'elle n'est en fait sûrement pas bonne à long terme pour nous citoyens relativement pauvres. Je veux dire par là que ce pourrait être non seulement inutile, mais également néfaste.
En effet, si une telle loi passait, les chefs d'entreprise réorganiseraient la première année les salaires au sein de l'entreprise qu'ils dirigent de manière à ce qu'aucun ne dépasse le seuil préalablement fixé. Les revenus seraient évidemment tous ré-agencés afin de conserver une homogénéité proche de celle de départ. Les dirigeants auraient une marge temporelle de manœuvre confortable pour réorganiser tout ça, car les lois ne rentrent en vigueur en France qu'à la suite d'un certain délai après la promulgation par le Président de la République, justement pour laisser le temps aux parties concernées d'en prendre connaissance et de s'y préparer. Du coup, premier effet négatif: les recettes fiscales de l’État relatives à l'impôt sur le revenu diminueraient considérablement, car au lieu de récupérer un pourcentage sur un revenu très élevé, on ne récupèrerait plus qu'un pourcentage sur un revenu volontairement diminué. À partir de là, on se dit que les effets positifs de cette mesure ont intérêts à être intéressants.
Mais en plus de ça, puisque l'effet direct de cette révision à la baisse des salaires les plus élevés serait tout simplement une diminution des charges salariales, les entreprises, toutes choses égales par ailleurs, disposeraient d'un résultat à distribuer plus important à chaque fin d'exercice. Jusque là, tout va bien, sauf que la force syndicale étant ce qu'elle est, la part de la valeur ajoutée reversée en excédent brut d'exploitation augmenterait, comme elle augmente chaque fois que les résultats sont supérieurs d'une année sur l'autre (pour info et avant de continuer, la valeur ajoutée peut se partager en excédents bruts d'exploitation, en revenus, et en taxes). Alors certes, un pourcentage minoré sur une somme plus grande pourrait permettre une hausse générale des revenus les plus bas, mais par expérience, si ce devait être le cas, ce le serait comme toujours d'une manière bien négligeable. Là n'est de toute manière pas le but fixé par J.-L. Mélenchon.
De l'autre coté, puisqu'il n'y a pas de raison que la conjoncture économique ne se développe après l'entrée en vigueur de cette loi, les capacités d'autofinancement engrangées iraient directement alimenter le marché financier, le temps qu'une nouvelle opportunité d'investissement ne se dévoile à l'entreprise (le marché financier est en effet une source de revenu pour les entreprises disposant d'un certain niveau de trésorerie temporairement inemployé). Ceci se ferait évidemment au détriment du système bancaire qui en est le parallèle, et qui deviendrait de ce fait plus concurrentiel (licenciements dans le secteur bancaire, baisse du taux d'intérêt et donc inflation, etc.). Les défauts du système libéral s’exerceraient naturellement: les actionnaires mettraient comme maintenant la pression pour que la part de la valeur ajoutée allouée en excédent brut d'exploitation augmente, en plus du résultat, au détriment direct de la part allouée aux salaires, qui tendront au final à stagner. Car si l'excédent brut d'exploitation augmente, ce sont les dividendes qui augmentent également, et le titre qui est valorisé.
On voit ici clairement que la mesure permet au libéralisme de tirer profit de la situation, impliquant les conséquences négatives que l'on connait, avec en plus aucun effet ou presque sur les salaires, et avec également des recettes fiscales en baisse. Et je ne vous parle pas des répercutions futures et bien considérées des économistes sur le taux des futurs hauts diplômés (dont on a pourtant considérablement besoin en France puisqu'on produit relativement aux autres pays développés beaucoup de biens à haute valeur ajoutée), sur la fuite massive des capitaux, etc. Le capitalisme est certes bourré de défauts, mais le communisme pourrait selon moi nous en apporter encore plus, cet exemple n'étant évidemment pas isolé. Je me contraint alors de choisir le moindre mal des systèmes économiques, selon des critères communs mais personnellement définis.
Bref, cet exemple rapide aura permis de montrer que même si la mesure politique proposée par J.-L. Mélenchon semble désirable à première vue, elle peut ne plus le paraître après avoir sollicité des connaissances.
L'économie est une science qu'on ne maîtrise pas assez à mon goût, d'où ma propension à éviter les risques, et à approuver plutôt les petites avancées qui, cumulées, nous feront constater à terme l'avancée économique et sociale qu'on aura produit.