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Absence de vision à long terme, artifices budgétaires, restructurations tardives et dérive des programmes: l'équipement des armées a été sacrifié depuis des années. Y compris par Chirac et Jospin. Revue de détail
Un porte-avions, le Charles-de-Gaulle, qui a failli arriver dans locéan Indien après la bataille, ses chasseurs nayant pu lâcher leurs premières bombes sur lAfghanistan que début mars. Un satellite dobservation, Hélios, qui fournit des images uniquement de jour, et par beau temps. Une poignée dagents de la DGSE (contre-espionnage) qui doivent se contenter de glaner, sur le terrain, des renseignements après tous les autres, au prix de mille astuces. Près de 650 « marsouins » et parachutistes que larmée est incapable de transporter avec ses propres aéronefs jusquen Asie centrale, le tout pour des missions limitées. « Les premiers ont surveillé laéroport de Mazar-e Charif. Maintenant, les autres nettoient les toilettes de celui de Kaboul, noble tâche ! » ironise un initié. Dans lopération « Liberté immuable », pilotée par les Américains en Afghanistan, la France est réduite aux utilités. Les faiblesses de son dispositif militaire apparaissent au grand jour. Et son statut de grande puissance sen trouve affaibli. « Nous payons le prix dune décennie de désarmement », tranche le député chiraquien Pierre Lellouche.
«Si l'on veut fidéliser les engagés, il faut bien leur offrir un salaire décent»
En décidant de polémiquer sur ce sujet délicat pendant la campagne, Jacques Chirac et Lionel Jospin se sont piégés eux-mêmes. Leur gestion est loin dêtre exemplaire. Tout dabord parce quils ont mal calculé le coût de la professionnalisation des armées. Les états-majors ont réussi à se passer de 200 000 appelés en recrutant 80 000 volontaires. Au prix fort : la solde dun militaire de base a, par exemple, été revalorisée de 60%, à 1 025 euros par mois. Les charges salariales des 436 000 soldats et civils de la Défense et les pensions des retraités coûtent désormais 25,2 milliards deuros chaque année, soit les deux tiers du budget de la Défense. Avec une tendance inflationniste : les manifestations réussies des gendarmes, en décembre, ont réveillé les revendications dans tous les corps darmée, obligeant Alain Richard à lâcher quelques sous dès la fin février. Cela ne suffira pas à calmer la grogne des casernes. « Si lon veut fidéliser les engagés, il faut bien leur offrir un salaire décent et autre chose que des baraques pour loger leurs familles », commente Eric de La Maisonneuve, ancien général de larmée de terre et auteur du livre Le Métier de soldat (Economica).
Le ministre de la Défense, le socialiste Alain Richard, se veut évidemment plus rassurant : « Nos moyens sont limités, mais il ne faut pas exagérer, nous tenons encore notre rang aux côtés des Britanniques et loin devant nos partenaires européens. » Il est vrai que lAllemagne ne consacre que 1,1% de son PIB (produit intérieur brut) à sa défense, quand la France y investit 1,8% et la Grande-Bretagne 2,3%. Cependant, nos voisins doutre-Manche ont maintenu leurs budgets militaires ces dernières années, tandis que la France, glissant de 2,4% à 1,8% du PIB entre 1996 et 2002, relâchait ses efforts : larmée britannique dépense aujourdhui deux fois plus dargent pour chacun de ses soldats que larmée française ! Alain Richard avance aussi que des crédits ont été ajoutés in extremis pour « tenir compte des événements du 11 septembre » : création de 200 postes supplémentaires à la DGSE, nouvelles commandes de sept ou huit gros hélicoptères de transport... qui ne seront pas livrés avant 2006. Maigre cadeau de dernière minute. « Il aurait fallu au moins 500 millions deuros supplémentaires dès cette année pour rattraper notre retard », plaide le député socialiste Jean-Michel Boucheron, rapporteur du budget de la Défense à lAssemblée. « Il manque au moins 1,5 milliard deuros pour revenir dans le modèle darmée 2015, qui a été défini en 1997 », corrige Pierre Lellouche.
Ensuite, les deux têtes de lexécutif, en contradiction avec leurs propos daujourdhui, nont cessé de sacrifier les dépenses déquipement. « Diminuer les commandes davions, cest moins douloureux que de fermer des écoles et cela ne fâche que des soldats obligés dobéir en silence », explique Pascal Boniface, directeur de lInstitut des relations internationales et stratégiques. Le Premier ministre sestime plus crédible que le président, puisquil affirme avoir appliqué à plus de 90% la loi de programmation militaire 1997-2002, quil avait pourtant révisée à la baisse après son arrivée à Matignon. « Nous avons fait bien mieux que tous les gouvernements précédents, en respectant nos engagements », martèle Richard. Un satisfecit que critiquent les chiraquiens. « En réalité, il manque plus de 12 milliards deuros à larrivée, principalement à cause dannulations répétées de crédits, soit léquivalent dune année dinvestissements », explique le sénateur RPR Philippe Marini. Mais Jacques Chirac est mal placé pour donner des leçons : dès 1995, le gouvernement Juppé avait annulé 1,8 milliard deuros de crédits militaires. Et il avait retaillé 1,3 milliard deuros en 1996. Sans que le président sen émeuve.
Triste constat : théoriquement sanctuarisé par les lois de programmation, « léquipement des armées na cessé dêtre une variable dajustement budgétaire », dénonce Jean-Michel Boucheron. Voire une poche pratique pour des besoins urgents. Dernier exemple ? Le président de la République et le Premier ministre voulaient acquérir deux nouveaux Airbus A 319 pour leurs voyages officiels. Quà cela ne tienne : on a ponctionné les budgets de la Défense de 128 millions deuros, alors que cette dépense ny était pas inscrite !
«La France sera une puissance maritime à mi-temps !» A quelques jours du premier tour, le président-candidat sest réveillé, dénonçant les « restrictions imposées par le gouvernement » et réclamant la mise en chantier urgente dun second porte-avions. « Que ne sen est-il aperçu plus tôt ! » ironise Alain Richard. Jacques Chirac a en effet signé en juillet dernier, avec le gouvernement, le projet de la future loi de programmation militaire 2003-2007. Ce document, des plus minimalistes, ne prévoit pas la construction dun second porte-avions. Tout juste permet-il damorcer les études de ce géant, qui ne serait pas à la mer avant 2014. Dici là, compte tenu des contraintes dentretien du Charles-de-Gaulle, la France sera une puissance maritime à mi-temps ! « Le chef de lEtat, qui est aussi chef des armées, na pas fait de remarque à ce sujet durant toute la phase de préparation », confie le ministre de la Défense.
Ces chicaneries politiques de campagne ne peuvent masquer les cruelles réalités militaires. Début octobre, le chef détat-major des armées, le général Jean-Pierre Kelche, soulignait devant les parlementaires que « les retards déquipement accumulés [avaient] provoqué sinon des ruptures de capacité, en tout cas une lente érosion des matériels » et sinquiétait de la « cohérence des forces ».
Un budget qui repose sur de graves illusions
Au même moment, dans son scrupuleux document annuel sur le budget de la Défense, Jean-Michel Boucheron dressait un sombre état des lieux : faute dargent, les pilotes dAlphajet ou dhélicoptère neffectuent plus assez de vols dentraînement, et les équipages des navires, pas assez de sorties en mer. Lusure ou linsuffisance de pièces détachées rend inutilisables près de 40% des blindés, des avions et des navires de guerre. « Même les sous-marins, fers de lance de la dissuasion, ont perdu en capacité opérationnelle », sinsurge le député RPR Charles Cova. Et la plupart des programmes déquipement lancés ont pris plusieurs années de retard. « En général, les matériels ne seront pas livrés avant 2008-2013, et encore, si lon assure le financement de leur fabrication », sinquiète Philippe Marini. Cest, en effet, au mieux en 2008 que les missiles ASMPA devant armer les Mirage 2000 et les Rafale seront opérationnels, tout comme la première frégate antiaérienne de type Horizon et la frégate multimission. La mise en service du quatrième sous-marin nucléaire, équipé du missile stratégique M 51, dune portée de 6 000 kilomètres, a été reportée de 2008 à 2010. Pour ses hélicoptères NH 90 et Tigre, larmée de terre devra attendre 2011. Et la Marine, douze mois de plus pour le sous-marin dattaque de type Barracuda. Quant au satellite successeur de Syracuse II, il ne sera lancé quen 2013 !
ictime de coupes et de dérapages en tout genre, le budget de la Défense repose, en fait, sur de graves illusions. Première dentre elles : la perception, naïve, de la fin des menaces. Après leffondrement de lUnion soviétique, les gouvernements ont cru toucher les « dividendes de la paix » en taillant dans le vif des dépenses militaires, naguère jugées intouchables. « Or les risques militaires nont pas disparu avec lenterrement de la guerre froide, affirme René Galy- Dejean, député RPR et spécialiste de la dissuasion. Au contraire, nous vivons sur une planète plus dangereuse. »
Depuis 1991, le monde a vécu successivement une guerre dans le Golfe, un génocide au Rwanda, de longs conflits dans les Balkans, une offensive au Kosovo, des attaques terroristes répétées. Sans parler de la prolifération nucléaire ou chimique, du conflit du Proche-Orient, des crises africaines ou de la tension indo-pakistanaise. « Nous navions peut-être plus besoin de milliers de chars pour contrer une offensive soviétique dans les plaines de lEst, mais il ne fallait pas baisser la garde pour autant », estime Pascal Boniface. En dix ans, les gouvernements, faute de vision à long terme, se sont contentés de réduire les budgets de 30%, mais sans remettre en question des armements conçus pour la guerre froide : char Leclerc, avion Rafale, hélicoptère Tigre. « Comme tous ces programmes ont dérapé en termes de calendrier et de coût, on continue den payer la facture aujourdhui », explique Jean-Paul Hébert, chercheur à lEcole des hautes études en sciences sociales.
Depuis le 11 septembre, le réveil est douloureux : les Etats-Unis, eux, ont déjà voté 48 milliards de dollars de crédits militaires supplémentaires pour lannée 2002, soit quatre fois les montants annuels des achats dun pays comme la France ! « On ne va pas faire la course aux armements avec nos alliés, mais il faut certainement renforcer nos capacités de communications et de renseignement, nos forces de projection lointaine et nos systèmes de commandement intégré », estime Alain Richard.
Deuxième faux-semblant : le montant des dépenses déquipement (présenté officiellement dans les titres V et VI du budget de la Défense) est trompeur, car artificiellement gonflé. Prenons la loi de finances votée pour 2002, qui prévoit théoriquement 12,4 milliards deuros dinvestissements. Elle inclut tout dabord 412 millions deuros de crédit, reportés de lannée précédente, votés en 2001. Si lon veut comparer strictement les budgets dune année sur lautre, il faut donc soustraire ces reports : la hausse officielle de 0,7% se transforme en recul de 2,5% !
Ensuite, il faut retirer ce que Jean- Michel Boucheron appelle des « bourrages denveloppe », autrement dit des dépenses qui nont rien à voir avec léquipement militaire. On trouve, notamment, 100 millions deuros de subventions annuelles accordées à la Polynésie française pour compenser, durant dix ans, la fin des expérimentations nucléaires dans latoll de Mururoa. « Cest lhéritage Chirac-Juppé », soupire Alain Richard. Avec cet argent, Gaston Flosse, patron du territoire de la Polynésie française, vient, par exemple, de commander des Airbus pour la compagnie locale Air Tahiti Nui. Au grand dam des ministères de la Défense et des Finances, qui ont dépêché une mission dinspection pour pister la destination de tous les fonds !
Eponger les dettes et les erreurs de gestion Autre curiosité : le budget de la Défense soutient, à hauteur de 190 millions deuros, le Centre national détudes spatiales (Cnes). Cette pratique ancienne, justifiée au nom des possibles retombées militaires des travaux du Cnes, a pourtant été formellement proscrite par la dernière loi de programmation militaire. Rien ny a fait. Lenveloppe permet également de subvenir à dautres besoins éclectiques : un fonds pour les restructurations de la Défense, les emplois de la direction des applications militaires du Commissariat à lénergie atomique, laugmentation des cotisations retraite des ouvriers des arsenaux dEtat.
Sans ces « bourrages denveloppe », il reste à peine 11 milliards deuros consacrés aux nouveaux équipements militaires. Or les gouvernements peuvent encore réduire cette somme, en annulant des crédits en cours dexercice. Et, traditionnellement, seulement 90% de ces crédits votés sont finalement consommés durant lannée, à cause du décalage de certains programmes. Or, craignant de se faire subtiliser son reliquat par Bercy, le ministère de la Défense lutilise pour des dépenses courantes. Les surcoûts occasionnés par les opérations à létranger des militaires, lorsquils sont envoyés au Kosovo ou en Afghanistan - soit environ 450 millions deuros chaque année - sont ainsi discrètement épongés par le titre V du budget. « Cest totalement anormal ! Proteste Philippe Marini. Il faudrait prévoir un financement spécial pour les opérations extérieures. »
Troisième illusion : au lieu dêtre investi pour préparer lavenir, le budget de la Défense sert dabord à régler les ardoises du passé, notamment celles des arsenaux. Entre 1997 et 2002, le ministère de la Défense a dû verser 550 millions deuros pour financer la préretraite des ouvriers de la Direction des constructions navales (DCN). Il a également fallu éponger 200 millions deuros que la DCN avait perdus lors de la fabrication dune plate-forme pétrolière et de la vente de sous-marins au Pakistan !
Le budget est surtout siphonné par Giat Industries, le fabricant de chars et de munitions, en pleine déconfiture : selon un rapport de la Cour des comptes paru en octobre 2001, le cumul des pertes de ce constructeur atteint 3,7 milliards deuros en dix ans, dont plus de la moitié à cause derreurs de gestion. Et le calvaire nest pas terminé, avec au moins 1,5 milliard deuros de pertes dici à 2005. Avec cet argent, la France aurait eu de quoi construire deux porte-avions supplémentaires... « Vous ne le saviez pas ? Le ministère de la Défense finance un gigantesque programme darmes ultrasecrètes : il sagit des plans sociaux de Giat ! » ironise un parlementaire.
«Dans certaines divisions blindées, la moitié seulement des chars sont opérationnels»
Il est vrai que, en réduisant de 1 200 à 406 sa commande de chars Leclerc, monstre de technologie conçu en 1982, larmée de terre a précipité Giat Industries dans le mur. « Notre marché sest effondré de 70% et les gouvernements nont pas eu le courage dassumer des mesures douloureuses que je proposais pour adapter notre outil industriel », raconte Pierre Chiquet, président entre 1989 et 1995. Contrats export désastreux, diversifications hasardeuses, décisions tardives : le pilotage chaotique de lentreprise a ensuite alourdi la note. Giat Industries, dont les effectifs ont déjà été réduits de 10 300 à 6 700 salariés, névitera pas « un plan conséquent de resserrement des capacités industrielles », tranchait la Cour des comptes.
Le bilan est terrible : non seulement lEtat actionnaire a renfloué Giat Industries en pompant dans ses crédits déquipement, mais, en plus, larmée de terre a payé ses 406 chars Leclerc au prix astronomique de 16 millions deuros lunité, au lieu des 2,3 millions prévus à lorigine ! Or les 17 premiers chars étaient inutilisables. Les suivants ont fait merveille au Kosovo. Mais la plupart restent souvent dans les hangars, en panne ou en attente de pièces détachées. « Dans certaines divisions blindées, la moitié seulement des chars sont opérationnels », confie un haut gradé de larmée de terre.
Lexemple des chars nest pas unique. Cest la quatrième illusion des dépenses militaires : on croit quen étalant les programmes on fera des économies. Or cest le contraire qui se produit. « Pour la plupart de ses armements, lEtat a réussi lexploit davoir finalement moins de matériel que prévu, livré avec dénormes retards et pour beaucoup plus cher ! » commente un conseiller de la Cour des comptes. Lancé en 1988, le programme des hélicoptères NH 90 prévoyait la commande de 160 appareils à 10,7 millions deuros lunité. A larrivée, cest-à-dire entre 2005 et 2011, il y aura seulement 95 appareils, dun coût compris entre 19 et 30 millions deuros, selon les versions (marine ou armée de terre).
Même dérive pour le Rafale, conçu au milieu des années 1980. De reports en étalement budgétaire, ce chasseur polyvalent a pris dix ans de retard. En 2000, larmée aurait dû disposer de 137 Rafale. Fin 2002, elle nen aura que 13 ! « Cest un incroyable dérapage de lEtat, qui a failli couler notre société », dit-on, rageur, chez Dassault Aviation, son constructeur. Les livraisons devraient monter en puissance, au rythme de 15 avions par an à partir de 2006. « Il est fort probable quil y aura encore des glissements », murmure un ponte de larmée de lair. La facture des 294 chasseurs prévus au total devrait frôler les 30 milliards deuros.
Fonds de tiroir et choix déchirants Rien détonnant que la France manque cruellement dargent pour pallier ses autres faiblesses, comme celle de ses moyens de transport. Pour coller au modèle darmée 2015 et au projet de force de réaction rapide européenne, larmée française devrait être capable de déployer 20 000 soldats et une centaine davions de combat sur une base située à 7 000 kilomètres. Seul problème : la France na pas les appareils nécessaires à la logistique. Nos 66 antiques avions-cargos Transall, usés jusquà la carcasse, devront même être retirés du service à partir de 2005. Or la livraison des 50 gros-porteurs européens A 400 M sétalera entre 2008 et 2015. « Dici là, nous devrons affronter, dès 2005, un trou capacitaire important », constate Jean-Michel Boucheron. Piteuse solution : il faudra notamment louer des Antonov aux Ukrainiens.
La France fait également les fonds de tiroir pour financer ses projets de satellite (Hélios 2, Syracuse) et peine à investir dans les drones, ces appareils sans pilote capables despionner ou de frapper un territoire ennemi. « Malgré les efforts récents, nous manquons doutils pour surveiller les théâtres dopérations par tout temps et de capacités découtes militaires », estime le député socialiste Bernard Grasset, spécialiste des questions de renseignement. Sans parler des retards pris pour constituer une armée de réserve de 100 000 hommes, encore dans les limbes, ou des crédits quasi inexistants consacrés à la défense civile.
Personne nose encore en parler ouvertement. Mais le prochain président et son gouvernement devront remettre tout à plat dans une nouvelle loi de programmation militaire 2003-2007, en tentant, cette fois-ci, de la respecter. « Il faudra bien refaire de la défense une priorité budgétaire si lon veut tenir nos engagements », estime Pierre Lellouche. Mais son projet - remonter les dépenses militaires à 2,5% du PIB le plus rapidement possible - est contesté dans le camp chiraquien, où lon évoque seulement un « rattrapage progressif ». « Plutôt que de rajouter de largent, il faudra plutôt revoir tous nos programmes pour en abandonner certains et en simplifier dautres », réplique Jean-Michel Boucheron.
Les révisions risquent dêtre déchirantes. Certains experts socialistes évoquent labandon possible du futur quatrième sous-marin nucléaire. Dautres ont dans le collimateur le programme, jugé faramineux et inutile, de missile balistique M 51, évalué à 4,5 milliards deuros. Au RPR, certains caciques évoquent lidée de lâcher la composante aérienne de la force de dissuasion - Super Etendard, Mirage 2000 N et Rafale armés de missiles ASMPA - au profit de la seule force océanique stratégique, les sous-marins basés à lIle-Longue, dans le Finistère. De quoi faire trembler les états-majors ! Malgré laccouchement difficile du gros-porteur européen, lA 400 M, le ministre de la Défense, lui, préférerait miser sur une coopération européenne, rêvant notamment de partager la facture du deuxième porte-avions français avec les Britanniques. Illusions ? LEurope, en tout cas, simpose comme la solution davenir, en matière de défense et darmement plus que dans tout autre domaine. Mais larmée et lopinion sont-elles prêtes à ce que la Défense ne soit plus « nationale » ?
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